TAROT SICILIEN
TUZZOLINO
1730
Suivi de "Tarot sicilien" par Thierry Depaulis (in "Tarot, Jeu et Magie", 1984)
ARCANES MAJEURS
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La Povertà (La Miseria) |
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1 - I Picciotti o I Bagotti |
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2 - L'Imperatrice |
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3 - L'Imperatore |
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4 - La Costanza |
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5 - La Temperanza |
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6 - La Forza |
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7 - La Giustizia |
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8 - Gli Amanti |
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9 - Il Carro |
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10 - La Ruota della Fortuna |
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11 - L'Impiccato |
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12 - L'Eremita o Il Tempo |
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13 - La Morte |
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14 - La Nave (Il Vascello) |
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15 - La Torre |
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16 - La Stella |
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17 - La Luna |
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18 - Il Sole |
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19 - La Palla o Atlante |
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20 - Giove |
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Il Fuggitivo (U Fujutu) |
10 DE DENIER AVEC ENSEIGNE
LE TAROT SICILIEN
Jusqu'à ces dernières années nul ne soupçonnait l'existence d'une forme sicilienne du tarot. C'est le mérite de quelques collectionneurs intrépides et de l'érudition de Michael Dummett que d'avoir fait sortir de l'ombre un jeu toujours vivant dans l'île, mais qu'aucune règle imprimée ne venait conforter.
Aujourd'hui nous sommes mieux renseignés sur le tarot sicilien. Quoiqu'aucun exemplaire ancien n'ait survécu, les témoignages littéraires affirment que le jeu à 78 cartes et le minchiate furent introduits simultanément dans l'île à la fin du XVIIe siècle. Le dernier ne survécut pas, mais le jeu classique prit pied, non sans subir de profondes modifications.
Il semble que quelques atouts aient même été changés avant d'arriver en Sicile: le Monde et le Jugement ont laissé la place à Atlas et à Jupiter, la Papesse a donné naissance à la Constance (Costanza), tandis que le Pape, devenu mystérieusement Miseria, émigrait en tête de la série. Un peu plus tard, en Sicile, le Diable devint le Navire (il Vascello) et la Maison-Dieu une simple tour.
Puis, vers 1760, on réduisit le nombre de cartes à 63, par suppression des 1, 2 et 3 de Deniers et des cartes 1 à 4 dans les autres couleurs. Même le Fou est allé jusqu'à changer son nom en « il Fuggitivo ».
Deux « portraits » semblent s'être succédé, tous deux illustrés ici : un premier type, nettement influencé par le minchiate est représenté par quelques bois de moulage ainsi que par les cartes de la Collection Mann-Dummett. Le deuxième type, apparu au début du XIXe siècle), est celui toujours en vigueur aujourd'hui. Ce qui caractérise aussi le tarot sicilien c'est l'aspect « espagnol » – ou plutôt « portugais» – de ses cartes de points, avec leurs bâtons en forme de massues et leurs épées droites et entrelacées.
Malgré une affinité certaine avec le minchiate et, surtout, avec les cartes lucquoises « Orfeo », notamment pour ce qui est de l'ordre des atouts, le tarot sicilien reste une énigme. Peut-être est-il l'unique survivant d'un type de jeu (à 78 cartes ?) courant en Italie au XVIIe siècle, mais dont aucun exemplaire n'aurait subsisté.
LE TAROT DE TUZZOLINO
Ces cartes sont les plus anciennes connues à ce jour d'un tarot sicilien. En effet, bien que les sources littéraires attestent la présence du jeu en Sicile depuis la fin du XVIIe siècle, on n'a conservé aucun témoin de cette période. Le type ainsi représenté forme un premier « portrait », antérieur au type actuel qui semble s'être fixé vers 1810.
On notera la forte parenté de ces cartes avec celles des minchiate populaires du XVIIIe siècle. Ici, les numéros des atouts sont encore en chiffres romains et la carte aujourd'hui dénommée Miseria s'appelle La Povertà. Le mendiant qui l'illustre tient une boîte sur laquelle on lit INI. En outre, un certain nombre de détails diffèrent des jeux plus modernes, notamment sur l'atout XX « Giove » (Jupiter).
On connaît de ce même modèle des cartes dues à Felice Ciminode Palerme, datées 1802 et 1805, ainsi que des bois et des épreuves conservés dans les musées siciliens. Ce type de cartes n'a pas dû survivre au-delà des années 1820.
Extrait de "Tarot, Jeu et Magie", par Thierry Depaulis (1984)
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