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J. MARCUS DE VEZE La transmutation des métaux (1902)


Dollar mexicain


J. MARCUS DE VÈZE

La Transmutation des métaux

L'OR ALCHIMIQUE, L'ARGENTAURUM

Divers procédés de fabrication avec lettres et documents à l’appui


PARIS
LIBRAIRIE DORBON AINÉ
45, Quai des Grands-Augustins

1902



AU LECTEUR

Depuis des siècles et des siècles, les vulgaires humains se demandent, s'il est possible de faire de l'or par transmutation ; si par exemple, on peut changer du cuivre en argent et de l'argent en or.

Par suite, ils se demandent également, si la Pierre Philosophale a existé, ainsi que l'Or Potable ou Elixir de vie.

Dans le présent opuscule, nous allons étudier la question et démontrer que la Pierre Philosophale ou Poudre de Projection, l'Or Potable ou Elixir de vie, enfin la Transmutation ont existé, il y a déjà des milliers et des milliers d'années.

Les Egyptiens par exemple, connaissaient dès une Antiquité très reculée, le moyen de faire de l'Or alchimique, et jamais les modes d'opérer la transmutation n'ont été perdus; ils ont même été utilisés chez un grand nombre de peuples.

Nous ajouterons, comme nous le disons du reste dans le courant de cette étude, que le métal est un animal véritable, ayant sa vie propre, ce qui aide à sa transformation et, par suite à sa transmutation ; seulement ce que la Nature ne peut accomplir qu'à l'aide de nombreux siècles, l'homme lient l'effectuer en bien moins de temps : en quelques mois à peine, et même aujourd'hui secondé par l'Électricité; par de puissantes Dynamos, l'homme peut réaliser en quelques jours des transmutations.

Ajoutons que bien des Alchimistes ont cru que la limite du progrès des métaux s'arrête lorsque le métal est arrivé à l'état, d'or et même d'argent car il a atteint alors à l'état de métal noble, et il y reste à perpétuité. D'autres écrivains hermétistes croient au contraire que la modification des métaux est continue, qu'elle se poursuit sans cesse de telle sorte qu'un métal, après avoir atteint le terme de sa perfection, revient à un état imparfait, de façon que le processus de ses transformations moléculaires se poursuit incessamment à travers les siècles.

C'est Emil Rudolf Glauber qui a le premier émis cet aperçu qui a été adopté par bien des alchimistes.

Paracelse allait plus loin encore, il affirmait que sous l'influence des astres et du soleil, non seulement tous les métaux vils se changeaient en or ou en argent, mais qu'ils pouvaient se transformer en pierre et les minéraux se développer à la manière des plantes par une sorte de graine (les ferments de Tiffereau); on voit par là, qu'il n'y a rien de nouveau sous le soleil.

Paracelse mentionne le principe du dissolvant Universel, de l'Alcaest l'idéal des menstrues, de l'argent enfin, qui peut amener tous les corps à l'état liquide ; mais il ne parle de ce dissolvant par excellence, que dans un seul passage de ses ouvrages et d'une manière assez vague encore ; c'est dans son Traité de viribus membrorum, voici le passage en question que noms traduisons : « il y a aussi la liqueur Alcaest qui agit d'une manière très efficace sur le foie. Elle le soutient, le fortifie et le préserve des maladies qui peuvent l'atteindre. Tous ceux qui s'appliquent à la médecine, doivent savoir préparer l'Alcaest ».

Donc d'après Paracelse le grand dissolvant. « L'alcaest » peut amener des transformations radicales et par suite tout transmuer.

Cette constatation du grand Alchimiste est pour nous des plus précieuses et peut faire préjuger que la transmutation n'est pas une utopie, mais une chose très réelle, tout à fait objective.

C'est ce que pourront constater les lecteurs qui voudront bien lire la présente étude.

Nous sommes convaincu, qu'après avoir parcouru cet opuscule, ils ne pourront plus mettre en doute l'existence de la Pierre philosophale ; et ce sera lit la seule récompense que nous ambitionnions pour notre travail.

J. X. de V.



L A TRANSMUTATION DES MÉTAUX

I

Sommes-nous arrivés au temps prédit par le docteur Girtanner de Gœtingue (1) ?

La transmutation des métaux sera généralement connue au XIXe siècle, car tous les Chimistes sauront faire de l'or (2).

C'est-à-dire que l'homme ne rechercherait plus l'or natif dans les entrailles de la terre, puisqu'il aurait à sa disposition l'or alchimique.

Qu'est-ce que l'Or Alchimique ?

C'est l'or créé par la science humaine ; c'est-à-dire par l'art de la transmutation des métaux ; autrement dit, par le changement d'un métal vil, en un métal précieux, le plomb et l'argent par exemple, en or.

Le fait est-il possible ?

C'est ce que nous allons étudier ici, avec pièces et documents à l'appui, et nous espérons bien que le lecteur, après nous avoir lu, partagera entièrement notre opinion à savoir que la transmutation des métaux a été connue et pratiquée dès la plus haute antiquité, que c'est là un fait incontestable, appuyé sur trop de preuves certaines pour pouvoir être mis en doute un seul instant par les hommes de science qui ont étudié sérieusement et de bonne foi la question.

Que des esprits superficiels aient dénié le fait, rien d'étonnant à cela; il en a toujours été ainsi, mais qu'on puisse le dénier aujourd'hui, au XXe siècle, cela paraît assez surprenant avec les moyens d'investigation que nous possédons et avec ce que l'un sait en chimie, bien que cette science soit relativement peu avancée encore, à côté de ce qu'elle sera le jour prochain où elle proclamera l'Unité de la matière ; ce jour-là ce ne sera pas seulement la transmutation des métaux qu'elle opérera, mais la, transformation de tout, elle pourra faire des substances alimentaires avec toute sorte de matières : on voit donc par là, quel changement s'opéra dans la situation économique de l'humanité ; ce que quelques écrivains ont déjà voulu étudier en supposant vraie la transmutation des métaux ; ils ont prévu, bien à tort, des transformations radicales dans notre organisation sociale ; ce qui est faux, absolument faux, car l'or serait-il, demain, aussi commun que le fer, que ce fait ne dérangerait pas beaucoup notre situation économique. Mais là n'est pas la question que nous voulons étudier ; nous plaçant il un point de vue plus élevé, nous ne voulons examiner la question de la transmutation, qu'au point de vue de la démonstration de l'Unité de la matière.


II

Dans ces derniers temps, on a fait grand bruit autour d'une découverte américaine ; nous voulons parler de l'Or alchimique, dénommé aussitôt : Argentaurum, car ce nouveau métal renferme beaucoup d'argent sur 125 grammes, il aurait fourni après sa fusion 33 0/0 d'or et 26 0/0 d'argent, autrement dit, de l'argent transmuté en or, n'aurait plus contenu que 26 0/0 de l'ancien métal et aurait fourni 33 0/0 d'or, de sorte qu'en poursuivant les opérations, on arriverait finalement à ne posséder que de l'or, d'une quantité donnée d'argent puisqu'une fois l'or extrait de l'argent, on peut toujours transformer celui-ci en or.

Par quel procédé obtient-on ce résultat, c'est encore un secret de l'inventeur, du Dr Emmens. Nous devons ajouter que, comme toujours, les procédés de laboratoire sont longs et très coûteux, mais là n'est pas la question : que cette transmutation coûte plus ou moins, peu nous importe. Nous nous plaçons, nous le répétons, à, un point de vue plus élevé, au point de vue philosophique, et nous disons : la transmutation des métaux est-elle un fait réel ? Et si ce fait est réel, comme il y a lieu de le croire, après avoir étudié toutes les pièces du procès, l'Unité de la matière serait absolument prouvée.

Or, la chimie officielle se refuse aujourd'hui encore à accepter, même à l'état d'hypothèse, cette Unité. Cependant des découvertes modernes tendent à démontrer cette unité, et cela par des faits positifs, et non par simple théorie ; notre grand chimiste Berthelot, bien qu'un savant des plus officiels, n'est pas éloigné d'admettre cette Unité.

D'après la théorie de l'Unité de la matière, tous les corps ne sont que des composés atomiques homogènes empruntés à l'Aether (3) et soumis à des forces qui peuvent les influencer par des combinaisons diverses, d'où la diversité des corps formés par la matière Unique.

Dans une lettre de M. Fittica, Directeur de l'Université de Marbourg à M. Tiffereau (4), nous lisons : «Que les métaux soient des composés, n'est plus pour moi une hypothèse, mais une théorie que j'espère confirmer par mes recherches futures.

Chaque corps puise donc son autonomie spéciale, son autonomie caractéristique, si l'on peut dire, dans ses agrégats atomiques ; les corps sont différenciés par des forces diverses, sous la dépendance desquelles est placée la matière unique. C'est même de l'étude de ces forces que devra s'occuper notre science moderne, pour arriver à la transmutation des métaux d'abord et à d'autres produits organiques ensuite. C'est du reste la transmutation, ne l'oublions pas, qui a créé notre chimie moderne ; nous l’avons dit bien souvent, et on ne saurait trop le redire; elle a donc rendu à l'humanité un très grand service.

Comment expliquer maintenant la théorie de la transmutation; c'est bien difficile dans l'état actuel de la science, parce que l'interprétation des phénomènes de matérialisation et de dédoublement à jusqu’ici échappé aux savants. Il est bien évident que le jour où ils pourront expliquer la quatrième dimension ou l'interpénétration de la matière solide (5), ils pourront nous révéler aussi la théorie de la transmutation.

Nous venions d'écrire ce qui précède, quand nous avons lu dans la Revue Générale des Sciences (6) l'entrefilet suivant, qui prouverait que, d'après la savante revue, 1'argentaurum ne serait guère encore qu'un mythe ; notre bonne foi nous fait un devoir d'insérer cet entrefilet.


L'ARGENTAURUM

« Nous connaissons aussi peu que possible la structure interne de ce que nous appelons les atomes ou les molécules des corps simples. Aussi nul ne perd affirmer qu'il soit un jour impossible d'abaisser un instant les atomes d'argent à l'état de fragments, afin de les élever ensuite à la dignité de lingots d'or. On n'est pas davantage autorisé à dire avec certitude que le soleil brillera l’an prochain. Quoi qu'on suppose des préjugés des savants officiels, leur esprit, est parfaitement prêt à recevoir avec joie la révélation d'une «transmutation des métaux » sérieusement démontrée.

« La Démonstration est pour le savant de nos jours, plus magique que la pierre philosophale (elle est la plus magique des choses) aucun obstiné n'y résiste. Si le Dr Emmens avait converti une notable quantité d'argent en or, ce que je ne crois pas, faute de preuves, il aurait pour quelque temps jeté le trouble dans la représentation de la richesse.

« Le capital, ce travail potentiel recevrait un autre signe déjà connu. L'équivalence des produits, des besoins, des capacités et des travaux accomplis retrouveraient bientôt sa preuve dans des billets en papier qui sont, en somme, des petits contrats entre les hommes. Le Veau d'or changerait de nom d'une façon quelconque. Une telle découverte serait pour la science une étoile de plus dans la nuit qu'elle contemple toujours. L'esprit public aime le merveilleux, la découverte de vagues trésors antiques et l'Astrologie.

Dans un milieu plis élevé, la théorie possible de l'unité de la Matière, ressuscite de temps à autre des Alchimistes. Pour le moment, il n'y a rien à penser, ni à croire au sujet de l’Argentaurum, car rien de précis ne nous a été dit.

JOSEPH GODFROY.


Cet article très fin, aussi fin que l'or alchimique n'est peut-être pas le dernier mot sur la grave question ; il n'infirme pas, du reste, la découverte du savant américain : il attend de nouveaux lingots, quant à nous, nous persistons à croire que l'Or alchimique a existé dans le passé, donc il existe. Nous n'oublierons jamais que notre excellent et regretté ami Auguste Cahours, de l'Institut, Directeur des laboratoires de chimie de la Monnaie, qui avait été chargé de suivre à notre grand établissement, des travaux de Tiffereau, nous a déclaré qu'il avait trouvé de l'or dans de l'argent transmué par Tiffereau, mais que la quantité était cependant trop faible pour pouvoir conclure à la transmutation certaine.

Ayant demandé alors à notre cher maître et ami, pourquoi il n'avait pas renouvelé l'expérience, il nous répondit, qu'il avait autre chose à faire et que cette transmutation n'amènerait à rien, car l'or obtenu ainsi conterait plus cher que l'or natif ; dès ce jour (1871), nous avons pensé qu'il y avait, quelque chose de vrai dans la transmutation !

Sans cela, Auguste Cahours n'aurait pas ainsi parlé. Il n'y a pas de fumée sans feu !

Passons, maintenant, à un autre savant, à M. de Rochas.

Voici ce qu'il écrit dans le Cosmos, n° 653, page 132 : « Le Cosmos a déjà signalé la découverte du chimiste américain Emmens, qui dit être parvenu à produire l’interchangeabilité de l'argent et de l'or, et qui le 6 avril 1897 a vendu au Bureau d'essai des Etats-Unis, établi à New-York, le premier lingot d'argent transformé en or dans le laboratoire du Syndical de l'Argentaurum.

Voici les chiffres fournis par le Bureau d'essai pour établir le prix d'acquisition de ce lingot par le Gouvernement des Etats-Unis :

POIDS AVANT FUSION ........ 7,06 onces

Poids après fusion ...................... 7,04 onces

Poids de l'or ................................65,80%

Poids de l'argent ......................... 26,00%

Valeur de l'or contenu dans le lingot 95,76 dollars

Valeur de l'argent ........................ 1,11

Frais d'analyse ............................ 1,22

Valeur net payée au Syndicat....... 95,65 dollars

(Note L.A.T. : vers 1897, un dollar américain est à peu près équivalent à 25 euros de 2011)

Nous rappellerons que le Docteur Stephen Emmens est un savant bien connu dans le Nouveau-Monde, membre de la Société Américaine de chimie, de l'American lnstitute of Mininq Engineers, de la Société internationale des Electriciens, inventeur de l'Emmensite, explosif adopté par le Gouvernement pour la défense de ses côtes, et d'une méthode de traitement des zincs sulfureux, auteur d'un volume intitulé : Argentaurum papers, où, à propos de sa découverte, il expose ses vues sur la composition des corps.

M. Emmens n'y dévoile pas ses procédés, qui sont aujourd'hui la propriété d'une société financière (7) constituée pour en tirer parti, mais les lettres suivantes qu’on nous a communiquées permettent jusqu'à un certain point de voir de quel côté se sont orientées ces recherches.


Lettre du Docteur EMMENS à M. WILLIAMS, CROOKES, membre de la Société Royale de Londres.

New-York, 21 Mai 1897.


Cher Monsieur,

Je réponds avec plaisir aux questions que vous voulez bien me poser.

1° Je regarde le diamant et le graphite comme interchangeables au point de vue moléculaire, ce qui veut dire que je les regarde comme composés d'une mime substance présentant des conditions différentes d'arrangement moléculaire. Lorsque le diamant est converti en Graphite, vous pouvez correctement appeler le changement ainsi survenu Transmutation, mais ce mot ayant par un long usage, toujours impliqué un changement de substance, peut par son emploi causer de fausses interprétations.

2° Par l’interchangeabilité de l'or et de l'argent à un point de vue moléculaire, je n'entends ni plus, ni moins que ce que je viens de dire il propos du diamant et du graphite. Ainsi que vous, je suppose (avec la plupart des chimistes), je crois que l’Univers est formé d'une seule matière (8). Les éléments chimiques sont des modes de cette substance universelle combinée avec une plus ou moins grande quantité de ce que nous appelons énergie. En changeant le mode, nous changeons l'élément, mais non la substance. Nous ne transmuons donc pas dans le sens du terme conventionnellement adopté par les alchimistes.

3° Mais ces opinions et toutes les opinions analogues, qu'elles soient orthodoxes ou hétérodoxe, sont simplement provisoires, temporaires. Vous, lord Kelvin, et moi, sommes très ignorants. Nous vivons lui milieu de merveilles journalières autrement transcendantes que le passage de l'argent a l'étal d'or et les acceptons comme des faits, sans les comprendre.

Qu'est-ce que la pesanteur qui fait tomber une pierre ?

Comment se fait-il que ma volonté dirige mon doigt ? Etc., etc. Une philosophie qui est obligée de s'arrêter aux atomes, à l'énergie, à l'Aether ne découvrira pas grand chose de l'Univers.

4° Les lettres que j'ai publiées dans Engineering and mining journal (of New-York) en septembre1896, vous expliqueront la position dans laquelle je suis placé, et le caractère nécessairement singulier des remarques que je vais vous exposer.

5° La production de l'or dans notre Argentaurum laboratory a quelque ressemblance avec la conquête de la Toison d'or. Elle ne se poursuit pas en vue de la science ou par esprit de prosélytisme. On ne cherche pas à faire des disciples, ni à former des croyants.

Cependant je suis assez heureusement doué sous le rapport de la camaraderie pour me faire un plaisir de répondre aux questions de mes frères en science, mais seulement dans la mesure où mes communications ne sauraient porter préjudice aux intérêts que je représente.

6° Notre façon de procéder a, été modifié depuis ce que nous avons fait connaître en septembre 1896. Dès que le travail commencé sur une échelle microscopique, est arrivé à prendre une importance commerciale, nous avons vu qu'il était possible de nous dispenser de l'ennuyeuse et coûteuse préparation de l'argent allotropique, qui avait constitué jusque-là, la première de nos opérations. Maintenant, nous employons les dollars mexicains que nous soumettons aux cinq manipulations suivantes :

a) Traitement mécanique ;

b) Action d'un fondant et granulation ;

c) Traitement mécanique ;

d) Traitement, par les composés oxygénés de l'azote (oxyde of nitrogène ; c'est-à-dire par l'acide nitrique modifiée) ;

e) Affinage.

Nous regardons le traitement mécanique comme la cause causante (causa causans).

L'action du fondant et la granulation servent tout simplement, croyons-nous, à rendre les agrégats moléculaires capables de décomposition et de recomposition.

8° Ce que je disais du professeur Dewar, dans ma lettre du 25 août qui a paru à la page 221 de l'Engineering, and mining journul du 5 septembre 1896, avait trait à la question du traitement mécanique. Si, vous ou lui, voulez essayer l'effet combiné de la compression et d'une température très basse, vous produirez aisément un peu d'or, toute la question du prix de revient mise à part. Prenez un dollar mexicain (la Monnaie des Etats-Unis certifie que cette monnaie, telle quelle est frappée maintenant, ne contient pas d'or, ou n'en contient au plus que des traces) ; prenez donc un dollar mexicain et mettez-le dans un appareil qui empêche ses particules de se répandre au dehors lorsqu'il aura été divisé. Alors, soumettez-le à un battage puissant, rapide, continu et, dans des conditions frigorifiques telles, que les chocs répétés ne puissent produire même une élévation momentanée de température. Faites l'essai d'heure en heure, et à la fin, vous trouverez plus que des traces d'or.

9° Que cette expérience puisse réussir avec de l'argent pur ou alliage d'argent autre que celui du dollar mexicain, c'est ce que je ne saurais dire. A mon avis, il est fort possible qu'il y ait des variétés d'argent différent, quant à l'arrangement moléculaire.

10° Je ne veux pas assurer que le métal obtenu par cette expérience ou produit par notre laboratoire à des conditions d'économie bien plus avantageuses soit réellement de l'or.

Pour moi, je me plais à le considérer comme tel, mais, je me garde bien de vouloir vous obliger, vous ou un autre, à partager mon opinion. Tout ce qui importait aux membres de l'Argentaurum Syndicate, c'était de savoir si la Monnaie des États-Unis achèterait au prix de l'or, leur métal quel qu'il pût être. Or, ils n'ont plus rien à désirer à ce sujet, puisque la Monnaie leur a acheté déjà trois lingots. Nous sommes en train de préparer le quatrième (*).



*Actuellement il y a 6 lingots acceptés dans les conditions qu'indique le tableau ci-dessus.

Lorsque ma machine de force, maintenant presque finie, sera en état de fonctionner, elle nous permettra aisément de produire des pressions de 800 tonnes par pouce carré et de réaliser de véritables merveilles. Je ne doute pas que la production en or de l'Argentaurum ne soit porté jusqu'à 50.000 onces par mois d'ici à un an.

J'ai peut-être été bien long dans cette lettre, mais je n'ai pas cru pouvoir être moins explicite en écrivant à un homme dont l'autorité scientifique s'impose à tout le monde.

Je suis etc.

STEPHEN H. EMMENS.


La lettre ci-dessus de M. S. H. Emmens prouve donc que le chimiste américain Emmens, s'il n'a pas opéré la transmutation de l'argent en or, a tout au moins inventé un procédé qui donne à l'argent, la valeur de l'or puisque la Monnaie des Etats-Unis achète les lingots fabriqués, au poids de l'or.

Mais en somme, c'est une véritable transmutation., seulement comme on a dit sur tous les tons et dans toutes les langues que la transmutation était une opération impossible, fausse, une imposture. Aujourd'hui Emmens dénomme son procédé Interchangeabilité qui exprime presque la même idée, car transmuer est changer au-delà, c'est-à-dire changer une substance à tel point qu'elle en devient une autre, or, le terme interchangeabilité signifie échange moléculaire de deux substances, c'est-à-dire transformation d'une chose en une autre, de l'argent en or, par exemple, dans l'espèce ; ce qui est une véritable transmutation, car s'il n'en était pas ainsi, qu'il n'y eût qu'un simple échange moléculaire, il faudrait que l'opération fit passer les molécules argent en molécules or, par une disposition, par un arrangement moléculaire particulier ; ce qu'on pourrait obtenir par un simple battage, sous une haute pression ; tandis que notre transformation s'obtient aussi et surtout par un procédé chimique qui donne aux molécules d'argent les propriétés des molécules d'or et cela, sans qu'il y ait changement de substance, mais seulement changement d'état de la substance.

Ce que nous venons de dire et nous ajouterons, c'est que M. Tiffereau obtient sa transmutation, lui, par de simples procédés chimiques, ce qui prouve que dans la nature, tous les chemins peuvent conduire à Rome, c'est-à-dire à un même résultat, ce qui serait aisément démontrable ; nous ne mentionnerons pas de nombreux cas pour ne pas sortir de notre sujet ; nous nous bornerons tout simplement à donner ici le procédé chimique de M. Tiffereau, procédé qui remonte déjà à l'année 1847.


III

Voici comment il le décrit page 77 de son opuscule (9):

« Après avoir exposé, pendant deux jours à l’action, des rayons solaires de l'acide azotique pur, j'y projetai de la limaille d'argent pur, allié à du cuivre pur dans la proportion de l'alliage de la monnaie. Une vive réaction se manifesta accompagnée d'un dégagement très abondant de gaz nitreux ; puis la liqueur abandonnée au repos, me laissa voir un dépôt abondant de limaille intacte agglomérée en masse.

« Le dégagement du gaz nitreux continuant sans interruption, j'abandonnai le liquide à lui-même pendant douze jours, je remarquai que le dépôt agrégé augmentait sensiblement de volume. J'ajoutai alors un peu d'eau à la dissolution sans qu'il se produisit aucun précipité, j'abandonnai la liqueur au repos pendant cinq jours. Durant ce temps, de nouvelles vapeurs ne cessèrent de se dégager.

• Ces cinq jours écoulés, je portai la liqueur jusqu'à l'ébullition, je l'y maintins jusqu'à cessation du dégagement des vapeurs nitreuses, après quoi je f s évaporer à siccité.

• La matière obtenue par la dessiccation était sèche, terne, d'un vert noirâtre; elle n'offrait aucune apparence de cristallisation ; aucune partie saline ne s'était déposée.

« Traitant alors cette matière par l'acide azotique pur et bouillant pendant dix heures, je vis la matière devenir d'un vert clair, sans cesser d'être agrégée en petites masses ; j'y ajoutai une nouvelle quantité d'acide pur et concentré ; je fis bouillir de nouveau ; c'est alors que je vis enfin la matière désagrégée prendre le brillant de l'or naturel.

• Je recueillis ce produit et j'en sacrifiai une grande partie pour le soumettre à des essais comparatifs avec de l'or naturel pur ; il ne me fut pas possible de constater la plus légère différence entre l'or naturel et l'or artificiel que je venais de produire.

« Ma seconde expérience, du même genre que la précédente, eut lieu à Colima ; les phénomènes se produisirent comme à Guadalajara (expérience ci-dessus), sous l'influence de la lumière solaire, qui ne cessa d'agir pendant toute, la durée du premier traitement, et l'acide que j'employai fut assez étendu d'eau pour que l'action solaire seule ne put produire le dégagement des vapeurs nitreuses. Or, comme celles-ci ne cessèrent point de se dégager, j'attribuai ce fait à un courant électrique dû à l'espèce de fermentation dont l'azote me parait être le principe. Le gaz nitreux continua à se dégager constamment, tant que la liqueur ne fut pas portée à l'ébullition. Je terminai cette opération, comme la précédente; néanmoins dans cette seconde expérience, j'employai, vers la fin de l'opération, plus d'acide concentré, pour amener la désagrégation de la matière et l'amener à prendre la couleur brillante de l'or.

« Je fis une troisième expérience à mon retour à Guadalajara, elle réussit complètement comme les deux précédentes, sans présenter aucun phénomène extraordinaire digne d'être noté ; la quantité d'alliage que j'avais mise en expérience se transforma tout entière en or pur, ainsi que je l'ai dit dans mon second mémoire. »

Ainsi, voilà un brave homme qui affirme avoir obtenu par trois fois, à trois reprises différentes, la transmutation des métaux, et personne en France n'a voulu le croire, et c'est un honnête homme ; voici ce qu'en dit M. de Rochas (Op. citat.) :

« M. Tiffereau se hâta alors de se rembarquer pour la France, afin de tirer parti de sa découverte, en en faisant bénéficier d'abord son pays ; mais il ne put jamais reproduire sous notre climat les réactions qui avaient eu lieu sous l'action du soleil brûlant du Mexique et peut-être aussi sous l'influence de ferments particuliers répandus dans l'atmosphère d'une région riche en mines d'or (10) ; ses modiques ressources ne lui ont pas permis de retourner dans le Nouveau Monde.

« Tous ceux qui le connaissent ne sauraient douter de sa bonne foi ; l'inaltérable confiance de ce vieillard simple et modeste, et les sacrifices qu'il fait, près depuis d'un demi-siècle, pour réaliser de nouveau sa découverte, ce père de famille qui subvient d'une façon très régulière à ses charges en exerçant la profession de photographe, sont des preuves que l'on ne se trouve en présence ni d'un mystificateur, ni d'un illuminé. »

Et l'honorable savant fait suivre les lignes qui précèdent des suivantes :
« On conçoit parfaitement que l'Etat, que les Sociétés savantes ne veuillent point admettre la réalité d'une réaction chimique affirmée par un inconnu qui ne peut la reproduire à volonté ; mais l'histoire des sciences est là pour montrer que dans presque toutes les grandes découvertes, il y a eu ainsi des faits précurseurs qui restaient isolés, parce qu'on n'avait pu saisir toutes les conditions de leur réalisation. J'ai entendu dire que Ruolz avait ainsi produit, par hasard, du carbone cristallisé dans une opération de laboratoire et qu'il était ensuite resté quarante ans sans pouvoir reproduire ce diamant artificiel. En tous cas, les affirmations de M. Emmens donnent un poids sérieux à celle de M. Tiffereau, et il paraît difficile d'admettre que le grand chimiste américain prenne part à une affaire véreuse, n'ayant d'autre but que de lancer des actions et de soutirer l'argent d'un public crédule, en vendant à la Monnaie des alliages fabriqués avec de l'argent et de l'or préexistants.

Aux lignes qui précèdent, nous ajouterons que des détracteurs du grand chimiste n'avaient pas craint de répandre que tout le bruit qu'on faisait autour de l'Argentaurum n'était que pour faire un coup de bourse sur les mines d'or du Transvaal.

Inutile de dire qu'on ne doit ajouter aucune créance à une pareille calomnie ; du reste, ne savons-nous pas que c'est le plus clair des revenus des grands inventeurs, de récolter toujours en première ligne : la calomnie.

Quant à nous qui avons étudié la question depuis longtemps, nous sommes absolument convaincu que la transmutation des métaux est possible ; que la chose sera prochainement démontrée d'une façon indiscutable.

Cette conviction nous l'avons depuis longtemps déjà ; voici en effet ce que nous écrivions dès 1889 dans une revue d'Occultisme (11) et qui se trouve reproduit dans un de nos ouvrages sur l'Egyptologie (12) :

« Nous sommes intimement convaincu que les Pharaons et les Grands Prêtres Egyptiens connaissaient la pierre philosophale, cela seul peut expliquer l'énorme profusion d'or que possédaient ces souverains orientaux.

« A l'appui de notre conviction, nous mentionnerons les écrits d'un homme, de P. Kircher, qui a toujours combattu l'opinion accréditée que les Hermétistes du moyen-âge possédaient la pierre philosophale. En ce qui concerne la question, ce même auteur prétend (13) qu'ils faisaient de l'or sans le secours de cette pierre, mais par une quintessence cachée dans tous les mixtes, imprégnée de l'Esprit Universel (14).

Comme ce passage a une grande importance, nous allons le consigner ici.

« Les Egyptiens n'avaient pas en vue la pratique de cette pierre (philosophale), et s'ils touchaient quelque chose de la pratique des métaux et qu'ils dévoilaient les trésors les plus secrets des minéraux, ils n'entendaient pas pour cela, ce que les alchimistes anciens et modernes entendent ; mais ils indiquaient une certaine substance du monde inférieur analogue au soleil; douée d'excellentes vertus et de propriétés si surprenantes, qu'elles sont fort au-dessus de l'intelligence humaine, c'est-à-dire une quintessence cachée dans tous les mixtes, imprégnée de la vertu de l'esprit universel du monde, que celui qui, inspiré et éclairé de ses divines lumières, trouverait le moyen d'extraire, deviendrait par son moyen exempt de toutes infirmités et mènerait une vie pleine de douceur et de satisfaction.

Il est constant, que ces premiers hommes (les Egyptiens) possédaient l'art de faire de l'or, soit en le tirant de toutes sortes de matières, soit en transmutant les métaux ; que celui qui en douterait ou qui voudrait le nier se montrerait parfaitement ignorant en histoire.

Les prêtres, les rois, les chefs de famille (des prêtres et des rois) en étaient seuls instruits. Cet art fut toujours conservé dans un grand secret, et ceux qui en étaient possesseurs gardèrent toujours un profond silence à cet égard, de peur que les laboratoires et les Sanctuaires les plus cachés de la Nature étant découverts au peuple ignorant, il ne tournât cette connaissance au détriment et à la ruine de la République (15).

Nous avons cru curieux de rapporter ici, ce passage du savant jésuite, qui reconnaît parfaitement que les Egyptiens pouvaient faire de l'or artificiel par un moyen quelconque et peu nous importe que ce fut avec une pierre, (poudre de projection) ou Elixir (liqueur) ; aussi, en manière de conclusion, nous dirons que ce qu'ont pu faire les Egyptiens, nous devons pouvoir l'accomplir et il est absolument certain que les prêtres de l'Egypte connaissaient l'alchimie et la transmutation des métaux ou tout au moins le moyen de faire de l'or. L'histoire même vient corroborer ce fait, puis qu'elle nous apprend que Dioclétien, abusant de sa victoire sur l'Egypte, y fit rechercher et brûler tous les anciens papyrus qui traitaient de la fabrication de l'or, afin d'appauvrir les rois Egyptiens qui ne soutenaient la lutte contre Rome qu'à cause du secret qu'ils possédaient de faire de l'or (16).

Nous savons aussi par les philosophes hermétiques que Symandrius, roi d’Egypte, fit entourer son Palais d'un immense cercle d'or massif dont la circonférence ne mesurait pas moins de 365 coudées.

Sur un des bas-reliefs qui ornaient ce cercle d'or, on voyait représenté ce roi, offrant aux Dieux l'or et l'argent qu'il avait faits et dont le montant annuel s'élevait à plus de 130 millions de mines.

Il nous semble avoir suffisamment insisté pour convaincre le lecteur de la possibilité de faire de l'or artificiel.


IV

Dans un discours prononcé par M.Maxwell à l'audience solennelle de la rentrée de la Cour d'appel de Bordeaux, l'honorable substitut du Procureur Général faisant l'éloge du Président d'Espagnet, a terminé son discours en disant : « Cependant ces mystérieuses opérations ont un but dont il affirme énergiquement la réalité. Je vous avouerai que j'ai quelque peine à voir un mystificateur dans un homme de la valeur du Président. » (17)

Citant une partie du fort beau discours que nous venons de mentionner, M. de Rochas fait une remarque très judicieuse (18) à laquelle nous nous associons de tout cœur, car pour nous, comme nous le disions au commencement de cette étude, nous ne voyons dans la transmutation prouvée, que l'affirmation de l'Unité de la matière. Cette remarque est celle-ci : Si, comme on le prétend, le Président d'Espagnet a réellement obtenu des transmutations, je comprends qu'il ait donné des recettes symboliques pour n'être compris que des initiés ; mais j'avoue ne pas comprendre l'état d'âme d'un groupe d'alchimistes modernes qui publient à Paris une revue mensuelle où ils donnent tous les détails des opérations du Grand Œuvre, accompagné de conseils hygiéniques et moraux à l'adresse de ceux qui s'y livrent, comme si la fabrication de l'or était une affaire certaine, moyennant la mise en oeuvre de certaines forces qu'ils disent parfaitement connaître.

« Mais alors pourquoi ne produisent-ils rien?

« Il ne s'agit plus, dans leur cas, d'une affaire industrielle où la question principale est le prix de revient d'un métal ou d'un alliage pouvant remplacer l'or dans la fabrication de la monnaie ; pour eux l'intérêt est surtout théorique et quelque minime que fut la quantité d'or produite, ils seraient largement récompensés de leurs efforts par la gloire d'avoir démontré l'unité de la matière ! »

Nous ne pouvons que joindre notre faible voix à celle de l'honorable savant, qui a porté un coup droit aux hyperchimistes; riposteront-ils ?

Ce n'est guère probable ! Car eux croient avec raison, à l'Unité de la matière et possèdent diverses formules de transmutations, comme nous allons le voir ; aussi ne tiennent-ils aucun compte des attaques contraires à leurs convictions.

Le coup droit porté par M. de Rochas aux Hyperchimistes, paraissait d'autant plus justifié que ceux-ci disent dans leur programme (19).

• Il peut sembler oiseux, en cette époque de littérature et de journalisme à outrance, que nous mettions à notre tour en circulation une revue nouvelle, alors que tant d'autres existent et progressent.

• Il est cependant une excuse à notre tentative : le vain désir de fonder une feuille ne nous a point guidé, non plus que l'ambition d'égaler ces profonds périodiques d'occultisme que le public commence enfin, à apprécier.

• Mais nous avons voulu essayer de combler une lacune très manifeste Si la Magie, l'Astrologie. L’Esotérisme général et le Psychisme, possèdent des organes consciencieux, l'Alchimie, cette vieille science sublime basée sur les principes de la philosophie hermétique, semble éloignée de ses sœurs, demeure encore reléguée dans l'ombre. On aperçoit l'idée théorique de l'Unité de la Matière, de la Substance, mais l'on en néglige les conséquences importantes, diverses et pratiques. Raillé par les uns, négligé par d'autres, l'Hermétisme doit cependant accuser sa renaissance parmi celle des multiples branches de la Gnose.

« L'heure est venue aujourd'hui, de lutter sans cesse en faveur de la doctrine de l'Unité de la Substance et de l'Hylozoïsme, doctrine appelée à transformer de fond en comble les théories scientifiques, philosophiques et chimiques de notre temps.

« La chimie actuelle apparaît routinière, insuffisante en ses conclusions, sans réelle portée métaphysique, parce que exclusivement analytique et trop timide , les scientistes tournent sur eux-mêmes et semblent fort étonnés de s'apercevoir qu'après de longs ou de vains tâtonnements, ils n'ont fait que tracer ou suivre un cercle. Or, c'est de ce cercle, pour eux encore sans issue, dont il faut sortir. La chimie doit devenir, s'affirmer : l'Hyperchimie. Elle planera au loin, toujours plus haut, plus hardie, plus téméraire, science médiane entre la Métaphysique et la Chimie classique, branche intermédiaire et féconde.

« Le programme de notre revue apparaît donc bien net et très vaste, bien trop au-dessus de nos faibles moyens ; mais nous avons confiance en le Temps, ce grand adjuvant, et en nos remarquables collaborateurs. Indépendants, nous ne luttons que pour la Vérité, sans nous soucier du qu'en dira-t-on, convaincus que l'Avenir donnera raison à la plupart de nos affirmations, car elles s'appuient sur d'immuables principes.

« Cette revue de l'Hyperchimie arbore donc le programme de lutte suivant : amener le public, le public intellectuel, cela va sans dire, et il se trouve en minorité - encore hélas ! – à l'idée de l'Unité de la Matière et à la preuve nettement expérimentale de cette vérité ; à prouver la Transmutation des corps, fouiller ce problème par la mise au jour des méthodes anciennes et modernes ; en résumé donc le but bien net et bien clair de ce journal est de propager surtout l'Alchimie.

« En un mot, nous voulons nous élever au-dessus des routines de la science cataloguée et officielle, et c'est pourquoi l'Hyperchimie se trouvera toujours à la tête du mouvement de la Nouveauté. »

L'occasion était par trop belle de s'élever au-dessus des routines de la science officielle, de s'expliquer et de se prononcer sur la question de l'or alchimique, aussi les Hyperchimistes, ont-ils, sans répondre directement à M. de Rochas donné de nombreuses recettes pour la transmutation des métaux en or.

Ainsi dans le n° 10 d'octobre 1897, on peut lire colonne 8, Recette pour l'or artificiel. (Serait-ce une réponse indirecte à M. de Rochas ?); prenez parts égales de limaille de fer, soufre sublimé, antimoine cru ; mêlez et portez au rouge dans un creuset pendant huit heures. Pulvérisez le lingot, calcinez jusqu'à ce que le souffre soit évaporé. Mêlez deux parties de cette poudre avec une partie de borax; calcinez et refondez. Pulvérisez, dissolvez dans l'acide chlorhydrique du commerce, laissez pendant un mois à une chaleur modérée. La liqueur doit être distillée trois fois ; on trouve alors une poudre rouge dans la cornue, sans doute un mélange d'oxyde d'antimoine et de chlorure de fer; cette poudre sera dissoute dans une solution concentrée de chlorure d'antimoine ; évaporez, mêlez à poids égal avec du sublimé recommencez jusqu'à ce qu'une huile rouge passe; il faut imbiber du chlorure d'argent frais, de cette huile ; dessécher, pulvériser et mêler avec 5 parties du plomb fondu ; les coupez et vous trouverez un tiers d'argent, transformé en or.

Et la Revue ajoute : « d'après un ancien Manuscrit. »

Voici donc une nouvelle recette et elle a beau être compliquée, elle a du moins le mérite d'être claire, c'est-à-dire, on ne peut moins alchimique.

Dans la Revue Générale des Sciences, M. Alexandre Elard, une de nos vieiles cnnaissances, donne une méthode pour retirer de l'or, de l'eau de mer.

Depuis un éminent Ingénieur en chef des Ponts et chaussées aussi savant que modeste, M. Clavenad ne met pas en doute la synthèse des métaux. Ce fait est devenu évident par la correspondance qu'il a publiée dans l'hyperchimie, correspondance que nous ne pouvons donner ici puisque cette revue interdit formellement la reproduction de ses articles.

Pour nous du reste, la transmutation n'a jamais fait l'objet d'un doute ; et nous ajouterons qu'il n'y a pas un seul procédé pour obtenir cette transformation ; aussi, ce qui nous étonne, c'est qu'on ait pu perdre les procédés du XVIe siècle et ne pas les avoir retrouvés plutôt.

Si comme tout l'indique la matière est Une, la nature a des procédés divers pour faire de l'or ; M. Tiffereau a indiqué le sien. M. Emmens un autre, dans sa lettre à E.W. Crookes ; enfin, le même savant, en a un autre qui jusqu'ici paraît le meilleur puisqu'il a trouvé des financiers pour le lui acheter et fonder une Société pour l'exploiter.

Nous venons d'énumérer trois ou quatre procédés qui permettent la transmutation et après cela, il se trouvera encore des gens pour douter de celle-ci, de la fabrication artificielle de l'or et traiter de naïfs ceux qui comme nous ont cru à la transmutation et l'ont consigné dans leur ouvrages, comme je l'ai fait dans Isis Dévoilée. (20).

En ai-je reçu des tuiles sur la tète à propos de celui-ci.

Du reste il en a été toujours ainsi des grandes découvertes ; la première chose dont l'homme gratifie l'inventeur, c'est du doute, de la négation.

Vapeur, électricité, télépathie, téléphonie, utopies ! Hier encore ne nous est-il pas tombé sous la main la brochure d'un pauvre diable qui se plaignait, il y a 25 ou 30 ans de ce que l'Académie de médecine n'avait pas voulu l'entendre au sujet d'un procédé permettant de voir au travers des corps opaques. Qui pourrait nier aujourd'hui un fait qui crève les yeux. Or, pour la transmutation des métaux que M. Emmens ne trouve pas plus extraordinaire que la pesanteur des corps, l'incrédulité est encore absolue.

Nous en étions arrivés ici de notre étude, quand nous avons reçu la visite de M. Tiffereau. C'est un vieillard de 87 ans, vert et frais comme un jeune homme ; il nous a remis en nous quittant, des documents dont nous allons reproduire ici une partie, ainsi que l'entretien que nous avons eu avec lui : c'est d'abord une nouvelle lettre de M. Emmens, lettre datée du 7 septembre, et qui communique l'annonce qu'il fait insérer dans un journal scientifique Anglais The Nature et par laquelle il met au concours quatre sujets assez inattendus.

M. Emmens prouve ainsi qu'il a avant tout, à cœur, l'intérêt de la science et que loin de faire un mystère de ses procédés, il s'efforce d'attirer l'attention générale vers les travaux tendant à la transmutation.

Ces quatre prix sont de cinq cents dollars chaque, c'est-à-dire de 2.500 francs.

Nous ne donnerons pas ici le programme de ces concours pour ne pas surcharger notre étude.

Voici l'autre document que nous a communiqué M. Tiffereau.

M. Emmens à la date du 27 août 1897 m'annonçait qu'il venait de porter à la Monnaie son dixième lingot d'or. De plus, il me proposait de fonder une Société ayant pour objet tout ce qui se rapporte à l'or et notamment la construction d'un Pavillon de l'or à l'Exposition de 1900, ainsi que le remboursement des capitaux engloutis dans la catastrophe de Panama.

Des deux lettres écrites le 31 août, nous croyons devoir extraire ce qui suit, parce que cela constitue une actualité considérable au moment des krachs des mines d'or et de la guerre du Transval.

« Je ne m'inquiète pas, dit M. Emmens, des erreurs de toutes sortes paraissant de temps en temps dans les journaux, au sujet de mon entreprise qui saura bien se défendre d'elle-même.

« Un premier dividende a déjà été distribué aux membres de l'Argentaurum Syndicale et il sera suivi de bien d'autres, dût le grand public rester incrédule où se figurer que je travaille à perte. Nous avons le bonheur d'être complètement indépendant de l'opinion des journaux et aussi de celle des savants.

« ... Nous venons de déposer notre onzième lingot, ce qui porte notre production totale d’Argentaurum Gold à 150,42 onces (soit 4 kilogr 958 gr.) Le profit net à ce jour, est de 522.95 dollars ou 2.700 fr.

Ma machine (récemment livrée) est maintenant en train de travailler ; elle est très petite, parce que j'ai désiré faire des essais et perfectionner tous les détails avant de construire un appareil à grand rendement.

L'opération par laquelle une charge d'argent est convertie en or, demande en tout, une dizaine de jours ; mais des résultats appréciables se constatent facilement au bout de quatre heures. Quelques-uns de mes amis ont déjà eu le plaisir de visiter l'Argentaurunn Laboratory et produire eux-mêmes un peu d'or, qu'ils portent maintenant comme breloques à leur chaîne de montre. « Cette production, réduite ainsi à des proportions minuscules, pourrait au besoin être une attraction additionnelle au Pavillon de l'or. « Je joins à ma lettre un document qui non seulement vous intéressera, mais qui pourra encore vous être utile ; c'est le bordereau délivré par le bureau d'essai de la Monnaie, au sujet de notre dixième lingot. Vous verrez ainsi, comment procède ce bureau lors des achats de nos lingots.

« Je fais maintenant mes préparatifs, pour répéter votre expérience du Mexique. Quelques essais préliminaires m'ont déjà donné des résultats qui m'autorisent à croire que, d'ici à deux ou trois semaines, j'aurai le plaisir de vous envoyer un spécimen authentique d'or Tiffereau.

« Une autre nouvelle vous intéressera aussi. Je viens de recevoir une offre d'un important affineur anglais, qui s'engage à prendre toute la production de l'Argentaurum Laboratory, jusqu'à concurrence de 50.000 onces par semaine (soit 4.500.000 fr.), et à la payer régulièrement en espèces et d'avance. Cela indique assez le cas que des gens sérieux font de notre Société. Les hommes d'Etat et les financiers anglais réussissent d'ordinaire à capter, à leur profit, les nouvelles sources d'or, tandis que les savants, les politiciens et les banquiers des autres nations attendent, avec circonspection, d'avoir la preuve en main.

Dans le présent cas, mes amis et moi, nous ne dépendons de personne : nous pouvons parler en maîtres ; nous ne descendrons pas au rôle de suppliants. Nous avons donc répondu aux offres de l'affineur anglais que nous étions décidés à exécuter ses ordres, mais que nous réservions toute liberté de les refuser, lorsque cela nous conviendrait. »

Votre dévoué.

STEPHENS H. EMMENS.


M. Tiffereau, après communication de cette lettre ajoute : Inutile de vous dire, Monsieur, que je tiens à la disposition de ceux que cela pourrait intéresser cette lettre ainsi que le bordereau de la Monnaie de New-York.

Je vous ferai remarquer maintenant, ajouta-t-il :

1° Que l'Argentaurum Laboratory, après avoir mis quatre mois à produire ses premiers cinq mille francs de lingots d'or, a produit la même somme pendant le mois d'août seul ;

2° Que l'affineur anglais a assez de confiance en M. Emmens et dans son procédé pour espérer qu'il ne saurait tarder à produire 4.200.000 francs par semaine, soit plus de 200 millions par an ;

3° Que M. Emmens en répétant mon expérience du Mexique va prouver la vérité de mes affirmations, renouvelées depuis de longues années et donner à entendre que j'en serais, moi aussi, à la période d'exploitation industrielle, si mes concitoyens m'avaient accordé l'aide que je n'ai cessé de demander. Voulez-vous me permettre de vous raconter quelques faits curieux de transmutation et de production de métaux précieux qui tendent à confirmer mon expérience de Guadalaxa ? Je n'abuserai pas de vos instants

- Mais je vous en prie, dis-je à M. Tiffereau.

Eh bien voici ; un de vos confrères, M. N. H. architecte à Paris, me signale un fait sur lequel il est bon d'appeler l'attention des métallurgistes.

- Ayant eu, me dit-il, à faire un payement à une époque ultérieure, j'avais mis le montant de la somme de côté, dans un tiroir. Cette somme était constituée en pièces de 20 francs et de 2 francs formant toutes ensemble un rouleau.

-Quant il défit ce rouleau, dix-huit mois après, il s'aperçut que les pièces de 2 francs avaient pris la teinte jaune de l'or, que cette teinte était peu sensible sur la partie des pièces d'argent correspondant au disque même des pièces d'or, tandis qu'elle était très accentuée sur le pourtour (la tranche) des pièces d'argent et sur la partie non recouverte par l'or. Cette couleur jaune n'était pas due à du cuivre ou à une oxydation comme on s'en est assuré par expérience.

Si on juge par l'épaisseur de la pellicule d'or formée pendant ces dix huit mois, il faudrait plusieurs siècles pour que la transmutation de la monnaie d'argent en or fût complète.

Ce phénomène doit être attribué au ferment de l'or sur l'argent. Il est à regretter que le papier imprimé qui avait servi à envelopper cette monnaie n'ait pas été conservé, car il est probable que ce papier contenait des microbes producteurs d'or qu'on aurait pu recueillir.

Il y a quelques années du reste que des journaux ont fait mention d'un fait qui s'est produit sur des bijoux d'or et d'argent entourés de coton et enfermés dans des bottes.Ces bijoux expédiés dé Paris en Espagne furent trouvés tout ternes à leur arrivée à destination ; ils furent soumis à des chimistes qui les virent recouverts de deux espèces de microbes, auxquels, ils n'hésitèrent pas à attribuer l'érosion des métaux précieux.

En Allemagne, on a constaté l'attaque des caractères d'imprimerie par des ferments qui, transportés sur des caractères neufs, les ont corrodés.

Puisque des ferments attaquent ainsi les caractères d'imprimerie, composés d'un alliage de plomb et d'antimoine, on peut admettre que le papier imprimé qui formait l'entourage du rouleau d'argent, de l'architecte dont nous avons parlé, contenait des microbes, dont l'action s'était fait sentir sur l'or et sur l'argent empilés l'un sur l'autre.

C'est d'autant plus probable que les minerais de plomb et d'antimoine contiennent de l'or dont on peut attribuer la production à des ferments spéciaux agissant sur les deux métaux inférieurs.

Je vous ferai remarquer en passant que les Alchimistes se sont beaucoup occupés du plomb et de l'antimoine et qu’ils n’ont cessé d'affirmer l'action continue de certains ferments.

La couche d'or à l'état naissant ainsi formé n'a pas de consistance; c'est ce qu'explique fort bien M. Le Brun de Virloy dans ses expériences sur la matière métallique. Le métal provenant de l'accroissement parait d'abord, dit cet auteur, être à l'état naissant et ne possède pas encore toutes les propriétés du métal adulte, pas plus qu'il n'accuse les mêmes réactions ; il est même si instable qu'il peut disparaître en tout ou en partie ; mais il finit par parvenir à l'état adulte, sous l'influence de certains réactifs.

- Vous croyez donc comme moi à la vie du métal, lui dis-je.

- Mais très certainement, me répond M. Tiffereau, puisque certains microbes ou ferments agissent positivement sur sa constitution, comme nous venons de le voir.

- Je poursuis mon idée ; la nature nous offre des exemples de ces transformations graduellement opérées.

Dufrénoy dans sa Minéralogie (Tome III, page 22) parle d'un alliage d'or et d'argent désigné par Klaporth sous le nom d'Electrum. Le minerai, nous dit-il, est constitué, par place, les lamelles couleur d'or juxtaposées à d'autres lamelles d'un blanc jaunâtre. Ne faut-il pas conclure de ce fait que certaines parties de ces minerais d'argent commencent leur évolution vers l'or, évolution que d'autres parties ont déjà terminée.

Ne peut-on dans ce cas, attribuer à des microbes de pareilles transformations ?

(Le reste de notre conversation ayant eu un caractère tout à fait privée, nous la passons).


V

Des renseignements qui précèdent fournis par la fin de la conversation rapportée avec l'alchimiste Tiffereau, il résulte donc que le métal a une vie propre.

Mais soutenir que le métal est une sorte d'animal, ne serait-ce pas soulever des tempêtes Et cependant dussions-nous passer pour paradoxal, nous dirons que le métal, le fer par exemple, a une vie propre ; nous allons le démontrer.

Tout le monde sait aujourd'hui que si après avoir déterminé la force, la puissance d'un aimant, on l'arrache violemment de son armature, cet aimant est affaibli, il ne peut plus porter un poids aussi considérable qu'avant cet arrachement. Ce fer aimanté est donc fatigué, et pour le remonter et lui donner sa force normale, il faut lui réappliquer son armature et y suspendre d'abord des poids légers, qu'on peut augmenter progressivement tous les jours. Au bout d'un certain temps, on peut constater que l'aimant s'est renforcé, s'est amélioré, s'est nourri pour nous servir du terme consacré dans les laboratoires de physique ; aussi peut-il supporter alors une charge beaucoup plus considérable que celle qu'il pouvait porter primitivement. La raison nous la connaissons, c'est affaire de Polarité : l'acier aimanté ayant un pôle positif et un pôle négatif attire l'électricité de l'espace et, traversé par ce courant, il s'aimante de plus en plus fortement.

Donc pour donner de la vie, pour vitaliser l'acier, comme disent les métallo-thérapeutes, il faut le relier par son armature à un grand courant magnétique de la nature.

Ceci admis, disons que les molécules du fer, qui sont tantôt grains, tantôt chair, forment des agrégats infinitésimaux qui animent le métal d'une vie propre ; ces molécules constituent dans le minéral, de véritables globules de vie, des boulets vitaux dirait le Physiologiste ; d'où il s'en suit que lorsqu'une pression ou une traction exagérée est exercée sur une solive en fer, celle-ci est fatiguée, énervée, les nerfs de sa chair (21) sont chargés en grains, ce qui produit un trouble profond dans la cohésion du métal, d'où diminution de vigueur, de vitalité; le fer a perdu de sa rigidité, et si la pression persiste avec plus de puissance, elle amènera la rupture, c'est-à-dire la mort de la dite solive.

Voilà ce que savent à peu près tous les techniciens (architectes, ingénieurs, serruriers, etc.) mais ce que beaucoup ignorent, c'est que si cette solive, un peu avant le moment de sa rupture, si cette solive, surmenée et partant convalescente, est laissée en repos un certain temps elle se restaure ; sa force première lui revient peu à peu; on dirait que ses molécules, ses petits organismes vitaux se reconstituent et reprennent leur potentialité première; c'est du moins ce qu'affirme le savant professeur Kennedy, ingénieur américain.

Ce savant a établi, en effet, par suite d'expériences, qu'une barre de fer qui, dans un premier essai avait exigé un certain degré de flexion pour être forcée, fléchissait quelques heures plus tard et même le lendemain sous une charge moindre. Aussi s'imagina-il de mettre au repos, pendant plusieurs jours, des barres de fer surmenées et de faire sur celles-ci de nouveaux essais à des intervalles de temps de plus en plus espacés. Il put alors constater, non sans une certaine surprise, que le retour progressif de la force perdue était en rapport direct avec la durée du repos.

On peut activer la revivification, la restauration, si l'on peut dire d'une barre de fer, et cela presque instantanément, par la recuite, c'est-à-dire, par le chauffage du métal au rouge suivi de la trempe ; mais l'opération ne donne pas toujours les résultats espérés.

La fatigue et la restauration des métaux ne peuvent exister que parce que leurs molécules sont des organismes véritablement vivants, pénétrés peut-être de l'intelligence cosmique; dès lors, ils sont capables de modifier leur état, afin de pouvoir s'adapter aux conditions de l'ambiance !...

Autrefois, tout était matière pour les matérialistes ; Carl Vogt, n'a-t-il pas dit que La pensée était une secrétions du cerveau !

Aujourd'hui, pour une Ecole spiritualiste, la matière elle-même a une partie spirituelle ; c'est ce que m'affirmait il y a longtemps déjà, le Dr H. Baraduc. Bien que peu éloigné d'admettre ce fait, je n'en suis pas encore entièrement convaincu, mais j'admets sans peine que les métaux : le fer, l'acier, l'or, ont une vie propre, aujourd'hui encore inconnue, mais qu'on pourra constater peut-être dans un avenir prochain ; dès lors leur transformation, leur transmutation devient non seulement admissible, mais possible, si l'on admet, comme nous, l'Unité de la matière.

Dans une lettre de M. Clavenad au Directeur de l'Hyperchimie, ce grand alchimiste prétend que le métal n'a de vie que quand il n'a pas, de forme, nous venons de dire lecontraire et de le prouver.

Il existe, nous l'avons vu, de très nombreux procédés pour faire de l'or, l'un des plus simples est celui de l'alchimiste Auguste Strindberg, le frère du malheureux aéronaute qui fit partie de l'expédition Andrée, au pôle Nord.

Voici ce procédé qui n'exige pas de dépenses considérables ; il faut employer seulement une dissolution de sulfate de fer (couperose verte du commerce), un flacon d'ammoniaque et un cigare.

Pourvu de ces ingrédients, on prend une bande de papier, on la trempe dans la dissolution de sulfate de fer, on la maintient ensuite, au-dessus des vapeurs ammoniacales, que dégage le flacon d'ammoniaque Ceci fait, on laisse sécher la bande dans la fumée produite par le cigare qu'on fume pendant l'opération ; dix à douze minutes au plus, d'exposition à la fumée et l'or apparaît. - Tout d'abord le papier s'est coloré en vert sous l'action du sulfate, puis en séchant, il se colore en brun marron, comme le deutoxide d'or, et finalement des paillettes d'or métalliques se sont formées et constituent un or non fixe, lorsque le sulfate de fer a produit une autre fécondation en le précipitant lui-même.

Pour expliquer l'expérience de Strindberg, cet alchimiste admet la formation d'une sulfate de fer ammoniacal, dont le poids moléculaire correspondrait au poids moléculaire du chlorure d'or, et il ajoute que la nicotine a la propriété de réduire les sels d'or. D'où l'utilité indispensable du cigare pour opérer la transmutation.

M. Strindberg a par ce moyen obtenu ce qu'il nomme son livre d'or sur lequel apparaissaient sur les pages blanches des sortes de taches brillantes à reflet métalliques qui ne sont que de l'or pur.

Combien est simple cette opération, à côté de l'énorme travail qu'il fallait accomplir pour obtenir la pierre philosophale, dont voici là recette d'après les vrais alchimistes; dévoilons le Grand Arcane hermétique.

« Pour obtenir la Pierre, il faut tout d'abord dissoudre l'or et l'argent dans le dissolvant Universel que les alchimistes nomment l'azoth ; et l'azoth des sages ou mercure des sages. - De l'or, on tire le soufre, de l'argent, du mercure, plus encore du sel de mercure. Quand la matière est ainsi préparée, on peut alors entamer le Grand Œuvre. Le soufre et le mercure étant intimement unis dans l'œuf philosophique (le matras) hermétiquement clos (luté) on place l'œuf sur l'Athanor (Fourneau). Alors commencent les innombrables opérations de la coction « au feu d'Egypte ».

La série des travaux de cette coction obstinée solennelle, commence par la conjonction, puis la putréfaction pendant laquelle la matière devient noire comme la plume de corbeau; après vient la 3e opération dite déalbation (de alba, blanche) pendant laquelle la matière devient blanche ; enfin la 4e opération la plus difficile est la fixation, qui amène la couleur rouge. Cette apparence obtenue, l'alchimiste opère une dernière fermentation qui a pour but d'augmenter la puissance de la pierre et c'est pourquoi, on nommé parfois cette dernière fermentation : l'accroissance.

Après cette série d'opération, qui durait de longs mois, suivant l'inexpérience plus ou moins grande de l'alchimiste, on brisait l’œuf philosophique et l'on pouvait recueillir une matière rouge friable brillante ayant assez l'apparence du verre pilé, ayant l'odeur du chlorure de calcium (sel marin) calciné. C'était-là, le grand Magistère, la pierre philosophale, l'élixir rouge ayant le pouvoir de transmuter les métaux en or. Si au contraire l'alchimiste arrêtait son opération après la déalbation et n'obtenait ainsi que la poudre blanche; la Pierre blanche, on ne possédait que le Petit Magistère n'ayant que le pouvoir de transmuter les métaux en argent.

Arrivons à la Projection. Celle-ci consistait à jeter un grain de la Pierre englobé dans de la cire vierge, au milieu du métal en fusion : étain, plomb, mercure et après le refroidissement, on trouvait une: quantité d'or égale au poids du métal employé. Avec quelques modifications successives, on pouvait obtenir l'or Potable ou Elixir de vie, sorte de Panacée (22) qui permettait de prolonger la vie bien au-delà du terme accordé au commun des mortels comme à Artéphius, à Cagliostro, au Comte de Saint-Germain et tant d'autres encore.

Par les lignes qui précèdent, on voit quel immense labeur demandait l'accomplissement total de la Pierre Philosophale.

Aussi qui fabrique encore de nos jours, cette pierre, cette chimère diront beaucoup de lecteurs, chimère si recherchée par Raymond Lulle, Arnaud de Villeneuve, Paracelse, Albert-le-Grand, Roger Bacon et tant d'autres ?

Or le nombre de Alchimistes contemporains est considérable et justifie le mot de J. K. Huysmans dans Là-Bas : « Il s'allume chaque jour plus de cinquante fourneaux pour l’œuvre de Chrysopée, pour la transmutation, pour la pierre Philosophale ! »

Par ce qui précède, nos lecteurs peuvent voir que le vieil art sacré, l'art spagyrique est loin d'être mort; il est au contraire plus vivace que jamais et que si de nos jours, il existe des souffleurs, il y a aussi également de vrais alchimistes ; l'un des plus remarquables est certainement M. Moissan, dont nous devons mentionner ici les découvertes qui éclairent d'un jour nouveau la transmutation, qui devient un fait palpable, incontestable; les procédés de M. Moissan amèneront certainement la transmutation dans une voie industrielle.

L'Académie des sciences a depuis fort longtemps rangé au nombre des choses absurdes, la transmutation, aussi est-il interdit d'entretenir la vénérable assemblée de la chose et M. M. les Secrétaires perpétuels, ont toujours jeté impitoyablement au panier, tous les mémoires qui traitent de la transmutation.

Malgré ce dédain, un éminent chimiste M. Henry Moissan a transformé devant MM. Les membres de l'Académie, quantité de métaux, et cela dans des creusets officiels, au Conservatoire National des arts et métiers, avec l'aide de puissantes Dynamos ; car M. Moissan emploie comme pierre philosophale artificielle des machines pourvues d'un ou de plusieurs électro-aimants, et les courants électriques utilisés par le savant transforment (transmutent) les métaux et remplacent ainsi les opérations tentées par les Alchimistes du Moyen-âge, alchimistes accusés de sortilèges et de magie ! ...

La méthode de notre chimiste diffère il est vrai essentiellement de celles des Maîtres du Grand Art. Au lieu de dissoudre et de coaguler à l'aide de sels, il met en action, en mouvement sa Dynamo qui comporte une force de 150 à 460 chevaux-vapeur.

Qu'auraient obtenu avec une pareille énergie, les Raymond Lulle, Albert Le Grand, d'Espagnet, Van-He1mont et autres alchimistes du moyen-âge ? Nous l'ignorons, mais ce que nous savons bien, c'est que M. Moissan, grâce à son idée géniale de brasquer les creusets au .moyen de l'oxygène a pu préparer un chrome et un aluminium résistants, homogènes, ductiles, sonores, faciles à laminer et à passer à la filière, susceptibles en outre de s'allier en très grandes proportions avec tous les métaux connus.

Des échantillons de plusieurs kilogrammes soumis à l'Académie des sciences ont démontré hautement que dès aujourd'hui, l'industrie peut absolument compter sur de nouveaux métaux, qui se distinguent à la fois par leur légèreté et leur ténacité et nous ne doutons pas que l'industrie Parisienne si active, si chercheuse, secondée par l'art ne produise avec ses nouveaux métaux de véritables merveilles, en attendant qu'elles puissent transmuter en or ou en argent les plus vils métaux ou ceux encore inconnus, dont tous les jours, on trouve de nouveaux types.


CONCLUSION

Arrivés à la fin de toute étude, il y a lieu de tirer des conclusions ou tout au moins une conclusion de l'exposition des faits présentés aux lecteurs.

Ici une conclusion est inutile, car dans le courant de notre travail, nous avons démontré que la transmutation n'est pas un mythe, une utopie, mais une opération scientifique, une réalité tangible, comme nous l'avons dit en commençant.

La transmutation a du reste été réalisée par quantité d'alchimistes et de personnages connus parmi lesquels nous nous bornerons à mentionner seulement les suivants : Louis de Neuss, Ed. Kelley, Nicolas Flamel, l'impératrice Barbe, seconde femme de l'empereur Sigismond, Van Helmont, Helvétius, Bérigard de Pise enfin un alchimiste tout contemporain Cyliani, dont les expériences ne remontent qu'à 1832.

Nous savons que beaucoup d'auteurs ont contesté la bonne foi des alchimistes ou personnages que nous venons de nommer, entre autres M. Louis Figuier. Cependant dans ce dernier auteur nous relevons cette narration de Bérigard de Pise (23) : «Je rapporterai, nous dit Bérigard ce qui m'est arrivé autrefois, lorsque je doutais fortement, qu'il fut possible de convertir le mercure en or. Un homme habile, voulant lever mon doute à cet égard, me donna une poudre assez semblable à celle (des graines) du pavot sauvage et dont l'odeur rappelait celle du sel marin calciné. Pour détruire tout soupçon de fraude, j'achetai moi-même le creuset, le charbon et le mercure chez divers marchands, afin de n'avoir pas à craindre qu'il y eût de l'or dans aucune de ces matières sur dix gros de mercure, j'ajoutai un peu de poudre, j'exposai le tout à un feu assez fort et en peu de temps, la masse se trouva toute convertie en près de dix gros d'or, qui fût reconnu comme très pur par les essais de divers orfèvres. Si ce fait ne me fût point arrivé sans témoins, hors de la présence d'arbitres étrangers, j'aurais pu soupçonner quelque fraude ; mais je puis assurer avec confiance, que la chose s'est passée comme je la raconte.»

Ce récit nous parait empreint d'une trop grande véracité pour ne pas y ajouter foi.

Nous avons vu de plus, que la transmutation a existé dans l'Antiquité et au Moyen-Age, ainsi que de' nos jours pour de rares privilégiés (24). Aussi, nous ne doutons pas que secondée par l'électricité, la transmutation ne fasse pendant le XXè siècle d'énormes progrès, qui démontreront l'UNITÉ de la matière, ce qui constituera certainement la plus grande découverte du siècle !...


FIN



NOTES

1. Le Dr Girtanner médecin et publiciste distingué naquit à Saint-Gall (Suisse) le 7 décembre 1760 : il mourut à Gœtingue, ville du Hanovre le 17 mai 1800, âgée seulement de 40 ans, ce qui ne l'a pas empêché d'avoir beaucoup produit, il n'a écrit qu'en allemand sur la médecine et sur la Révolution Française, pour la combattre naturellement, au point de vue de la nationalité allemande, car le bon Docteur trouvait qu'elle pouvait compromettre la Royauté en Allemagne et par suite être pour ce pays un grand danger.

2. Philosophie magique. T. VI, p. 383.

3. Nous écrivons ce mot, ainsi, pour le distinguer du liquide nommé éther. - Cf. Dictionnaire d'Orientalisme, d'Occultisme et de Psychologie : V° AITHER. - 2. - vol. in-12, Paris. Librairie Dorbon aîné.

4. In L'Hyperchimie, n° 8, août 1901, p. 3.

5. Voir à ce sujet les sept dimensions de l’espace par Ernest Bosc dans la Revue L'initiation n° 10 juillet, 1901.

6. G. Carré et C. Naud, éditeurs, 3, rue Racine.

7. Quand une société financière achète à beaux deniers comptant, il est clair que l'objet de l'achat a une valeur, les financiers ne faisant généralement pas du sentiment. J. M. de V.

8. La Théosophie et l'Occultisme ne mettent pas en doute ce fait et appellent cette matière: Akasa. J. M. de V.

9. L'or et la transmutation des métaux par G. Tiffereau, l'alchimiste du XIXe siècle. Paris, Chacornac, 1889.

10. On remarquera que dans sa, lettre à M. Crookes, M. Emmens dit qu'il n'a réussi jusqu'à présent qu'avec des dollars mexicains et que, dans une lettre adressée à une autre personne, il parle de l'action des rayons du soleil. Dans cette dernière, il fait également allusion à l'action possible d'une substance que ne décèle pas l'analyse chimique et qui rappelle la poudre de projection des alchimistes ou le ferment de M. Tiffereau.

11. Dans l'INITIATION.

12. Pages 54 et suivantes d'Isis dévoilée ou l'Egyptologie Sacrée, 1 vol. in 12, Paris. 1891. et pages 59 et suivantes de la 2e édition in-12. Paris, Librairie Académique Perrin et Cie, 1897, et Librairie Dorbon aîné.

La première édition est aujourd'hui introuvable.

13. OEdipus AEgyptiacus, tome II, p. 2, de alchymia, C. I.

14. Les procédés de M. Emmens et ceux de M. Tiffereau donnent raison au Père Kircher.

15. Voir à ce sujet notre Isis DÉVOILÉE, Passim et notamment dans un chapitre spécial. (CH. VII). 1 vol. in-12, 28 Edition, Paris, Perrin et Cie et Librairie Dorbon aîné.

16. Cf. - Lexique de Suidas, vo Chimie.

17. Page 27 : Un magistrat hermétiste, in-8°, Bordeaux, 1896.

18. Ut Supra.

19. L'Hyperchimie, Revue mensuelle d'alchimie et d'hermétisme 1ère année, n° 1.- Le bureau se trouve aujourd'hui 4, rue de Savoie.

20. Librairie Dorbon ainé, Paris.

21. Voir dans DICTIONNAIRE RAISONNÉ D'ARCHITECTURE de Ernest Bose, l'article CHAINE, CHAINAGE.

22. La véritable Panacée Universelle, c'est la gymnastique pulmonaire ; le bon fonctionnement des poumons, tout est là. Aussi conseillons-nous à nos lecteurs de lire, le LIVRE DES RESPIRATIONS ou l'art de respirer; un vol. in-12. Paris, Dorbon aîné.

23. In FIGUIER, L'Alchimie et les Alchimistes, 2ème éd., page 214.

24. Voir les travaux de Clavenad, Decrespe, Guymiot, Marc Haven, Jolivet-Castelot, Papus, Sedir, S. Selva et d'autres encore. - Nous signalerons plus particulièrement à nos lecteurs, une brochure de Papus : La Pierre philosophale, Paris, Georges Carré, 1889.


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