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FM - Rituel de Rose-Croix au Rite Ecossais Philosophique. (1784)


Médaille de la R.°.L.°. Saint Jean d'Ecosse du Contrat Social 
à l'Orient de Paris



RITUEL DE ROSE-CROIX

au Rite Ecossais Philosophique


Loge Saint Jean d'Ecosse du Contrat Social à l'Orient de Paris
Mère Loge Ecossaise de France


L’allumage des feux de cette loge eut lieu le 30 mars 1766 à Paris, sous le nom de «Saint-Lazare», au sein de la Grande Loge de France. Elle fut agrégée au Grand Orient de France (ex Grande Loge de France) le 21 janvier 1773. Elle devient « L’Equité » en 1775, puis « Le Contrat Social » en 1776 (par référence à l’œuvre de Jean-Jacques Rousseau), et enfin « Saint-Jean d’Ecosse du Contrat Social »  le 21 mai 1776.

Le 2 avril 1776, elle se déclare « Mère Loge Ecossaise de France » et affilie une trentaine d’autres loges à son rite, le Rite Ecossais Philosophique. En concurrence avec le Grand Orient de France, elle est momentanément radiée du tableau des loges de ce dernier le 18 mai 1778. Après la Révolution, au cours de laquelle ses membres seront régulièrement inquiétés pour leurs prises de positions royalistes, puis dispersés, elle est absorbée, en 1801, par l'une de ses loges affiliées, "Saint-Alexandre d'Ecosse" (qui initia notamment Simon Bolivar, le héros des guerres d'indépendance sud-américaines; "Saint-Alexandre d'Ecosse" se singularise également par le fait qu’elle recueillit les archives du Régime des Philalètes, diverses archives intéressant le Rite Ecossais Philosophique, mais aussi la presque totalité des archives de l’Ordre des Elus-Coëns institué par Martinès de Pasqually et perpétué par Jean-Baptiste Willermoz sous le nom de Régime Ecossais Rectifié). En 1805, les membres du "Contrat Social" ayant reparu pour la plupart, il y eut une réunion des deux loges sous la dénomination du "Contrat Social et St Alexandre d'Ecosse réunis"

Le Rite Ecossais Philosophique est institué à Paris en 1776 par l’alchimiste Boileau, lui-même disciple de Pernéty. Ce rite est né quelques années plus tôt à Marseille, pour passer ensuite en Avignon (Comtat Venaissin), avant de connaître un important succès dans la capitale. Dans cette dénomination, le mot « philosophique » signifie essentiellement « alchimique » (référence faite à la "pierre philosophale" des alchimistes, qui constitue en somme la "pierre angulaire" des rituels de ce régime)... Ce rite est encore actuellement pratiqué par quelques loges, notamment dans la Maçonnerie dite "régulière" de Belgique. On trouvera dans l'annexe en fin d'article, à la page 113, la liste des loges françaises et belges agrégées à la Mère Loge Ecossaise de France sous le 1er Empire.

On trouve, dans "Histoire pittoresque de la franc-maçonnerie et des sociétés secrètes" par François-Timoléon Bègue Clavel (Paris, 1844, 3ème édition), une liste des grades du Rite Ecossais Philosophique :

1. 2. 3. Chevalier de l'Aigle noir, ou Rose-Croix d'Hérédom de la Tour (divisé en trois parties).
4. Chevalier du Phénix.
5. Chevalier du Soleil.
6. Chevalier de l'Iris.
7. Vrai maçon.
8. Chevalier des Argonautes.
9. Chevalier de la Toison-d'Or.
10. Grand-inspecteur parfait initié.
11. Grand-inspecteur grand écossais.
12. Sublime maître de l'anneau lumineux.


Bien qu'ils ne soient pas mentionnés dans cette liste, les trois grades symboliques, Apprenti, Compagnon et Maître, forment - comme c'est le cas pour la majorité des systèmes maçonniques dits de Hauts-Grades - la "base" du Rite Ecossais Philosophique. Ajoutons encore que le Rite Ecossais Philosophique est à peu près identique au Rite Hermétique de Montpellier.

Les membres de Saint-Jean d'Ecosse du Contrat social  furent, entre autres,  le marquis de La Fayette, Théophile-Malo Corret de La Tour d'Auvergne (surnommé « premier grenadier de la République » par Napoléon Bonaparte), Antoine Court de Gébelin, Jean Bretagne de La Trémoille (Chevalier de l'Ordre Royal et Militaire de Saint-Louis), le marquis Auguste de Grasse-Tilly (dont on sait le rôle qu'il joua, depuis Charleston en Caroline du Sud, dans l'établissement du Rite Ecossais Ancien et Accepté en France), le comte Stanislas de Clermont-Tonnerre (partisan de l'accession des Juifs à la citoyenneté),  le marquis Louis-Pierre de Crillon, le vicomte André-Boniface de Mirabeau (dit Mirabeau-Tonnerre), le marquis Guy-Félix de Pardieux, le marquis Arnail-François de Jaucourt, l'abbé Nicolas Roze (compositeur), le baron Thomas de Treil de Pardailhan (député du département de Paris en 1791), Étienne-Joseph Floquet (compositeur), Jean-Benjamin Laborde (compositeur), Claude-François-Marie Rigoley d'Ogny (l'un des fondateurs de l'Orchestre de la Société Olympique, souché sur la loge parisienne l'Olympique de la Parfaite Estime, loge-fille de Saint-Jean d'Ecosse du Contrat Social), le comte de Chambrun (qui participa à la Guerre d'Indépendance des Etats-Unis), John Paul Jones (marin américain, héros de la Guerre d'Indépendance des Etats-Unis), le vicomte de Riccé (participation à la Guerre d'Indépendance des Etats-Unis), le marquis de Casteras (participation à la Guerre d'Indépendance des Etats-Unis), le vicomte de Rochambeau (participation à la Guerre d'Indépendance des Etats-Unis), le comte de Ségur (participation à la Guerre d'Indépendance des Etats-Unis).

Le rituel présenté ci-dessous, daté du 21 février 1784 (21e jour du 12e mois 5783) est signé : 
La Rochefoucauld-Bayers, Brommer, Lafisse, Grant de Blaërfindy, Bertolio, 
de Leutre et Laborde.

On y remarquera l'assimilation d'Hiram à la matière morte à revivifier, ainsi que le rôle important joué par le soleil et la lune...


L.A.T.

       




Médaille de la Mère Loge Ecossaise de France



RITUEL DE ROSE-CROIX

au Rite Ecossais Philosophique


Le grade de Rose-Croix est conféré en chapitre. Le chef du chapitre s'appelle souverain GM; son premier surveillant prince grand prieur ; le second, prince grand surveillant. Les officiers, tels que l'orateur, secrétaire, trésorier, économe, sont qualifiés princes commandeurs, et les autres frères simplement princes ou chevaliers.
 
Le but du chapitre en ce grade est, pour tous les chevaliers, d'attendre l'arrivée du soleil dans les douze maisons ou figures du zodiaque et de tirer des quatre éléments et des trois règnes de la nature, alliés ensemble, le fameux Alkaest des alchimistes.
 
La salle où l'on tient chapitre est un carré long, plus étendu de l'Orient à l'Occident que du Midi au Nord, à cause du soleil qui éclaire plus de ce côté. Dans le centre, on figure un grand cercle, autour duquel sont représentées les douze figures du zodiaque, lesquelles renferment le cadavre d'Hiram-Abif, symbole de la nature morte que le Grand Oeuvre doit faire revivre. Au-dessus se trouve la grande pentacle de Salomon, lame d'or de forme triangulaire capable de tout vivifier par sa vertu divine ; d'un côté une clef, de l'autre une balance. Le zodiaque est entouré de nuages. On y voit d'un côté un grand aigle qui désigne un gardien terrible et de l'autre un soleil qui marque le but du grade de Rose-Croix et la recherche du soleil de vie. A l'Occident est le Mont Ebron, où est censé être le corps d'Hiram. La planche à tracer de maître y est figurée ; c'est l'image du premier travail des philosophes qui opère la vie en produisant la vraie pierre cubique, dite pierre bénite ou des philosophes.
 
A l'entrée deux grandes colonnes, Jackin et Booz, symbolisent l'apprentissage dans le Grand Oeuvre ; un coq représente la vigilance et la force dans les opérations ; une étoile flamboyante indique le commencement de l'oeuvre prenant couleur ; la lune est le symbole des sacrés mystères de l'Ordre. Une pierre brute désigne la matière informe et une pierre cubique pyramidale cette matière développée par le sel et le soufre. De plus, une équerre, un niveau, un fil à plomb et un maillet. On remarque encore un grand autel enflammé par le feu élémentaire tiré du ciel ; un grand bassin pour purifier les trois règnes de la nature ; un castor, image du travail continuel du vrai philosophe, et enfin une chouette, emblème du secret et du silence dans lequel on doit opérer.
 
Pour procéder à la réception d'un Rose-Croix, la salle du conseil doit être tendue de noir et décorée de douze colonnes corinthiennes de marbre blanc veiné de noir, avec des chapiteaux et des socles en or (deux à l'Orient, deux à l'Occident, quatre au Nord et quatre au Midi). Sur le milieu de chaque colonne est suspendu un cartouche entouré de festons et de guirlandes de feuilles, de fleurs et des pierres précieuses attribués à chaque mot dans le Grand Oeuvre. Ces douze cartouches représentent les douze maisons célestes correspondant aux douze noms de Dieu n'en composant qu'un seul. On écrira aussi sur les cartouches en lettres d'or les douze noms de l'Être suprême et des esprits qui sous sa puissance président à chaque mois de l'année, enfin les douze signes du zodiaque qui y correspondent. Le tout sera disposé de la façon suivante :
 
1° A l'Orient du côté du Nord : Marchidiel, Jehova, Mars, le Bélier ;
2° A l'Orient du côté du Midi : Asmodel, Emmanuel, Avril, le Taureau ;
3° A l'Occident du côté du Nord : Ambriel, Tétragrammaton, Mai, les Gémeaux ;
4° A I'Occident du côté du Midi : Mariel, Jeha, Jesas, ou Jesus, Juin, le Cancer;
5° Au Midi du côté de l'Orient : Verchiel, Messias, Juillet, le Lion ;
6° Au Midi : Kormaliel, Orpheton, Août, la Vierge ;
7° Au Midi : Zuriel, Anasbona, Septembre, la Balance;
8° Au Midi : Barbiel, Erigion, Octobre, le Scorpion;
9° Au Nord du côté de l'Occident : Adnakiel, Jersemon, Novembre, le Sagittaire;
10° Au Nord : Hamdel, Eloym, Décembre, le Capricorne ;
11° Au Nord : Gabriel, Agla, Janvier, le Verseau ;
12° Au Nord : Acchiel, Meleck, Février, les Poissons.
 
Le trône du souverain grand maître est placé entre les deux colonnes de l'Orient et élevé sur trois marches. Le dais aux tentures rouges galonnées d'or est surmonté d'un grand aigle d'or becqué, membré et couronné en noir, tenant dans ses serres d'un côté une balance, de l'autre une clef d'or. Le trône est noir et or. Au fond du dais, une étoile flamboyante d'or ornée du Yoth. A gauche du trône un autel triangulaire en or portant une Bible, un compas, une clef et un maillet. Au milieu du plancher la balance kabbalistique de Salomon et au-dessous une balance réelle.
 
La salle du conseil est éclairée sur les quatre faces par dix bras de métal doré, ayant chacun trois branches et placés entre les colonnes deux à l'Orient, deux à l'Occident, trois au Midi et trois au Nord.
 
Le pavé est également éclairé à l'Orient du côté du Midi et de chaque côté de l'Occident par un chandelier à deux branches, au centre par un chandelier à une branche. Toutes les bougies sont jaunes et n'ont servi qu'une fois, parce que tous les matériaux employés au Grand Œuvre doivent être vierges, non mixtes. Pour les allumer, il faut autant que possible employer de l'amadou enflammé au soleil et, à son défaut, la pierre et l'acier, mais jamais le feu commun et ordinaire.
 
Le prince grand prieur et le prince grand surveillant sont assis dans de petits fauteuils d'or élevés sur un degré, ayant devant eux une petite table triangulaire couverte d'un tapis d'or pour pouvoir frapper du maillet.
 
L'orateur et le secrétaire sont assis de la même manière, niais avec des ornements proportionnés à leurs charges.
 
Tous les princes sont assis sur des chaises bleues filetées de noir ; chacune d'elles porte les armoiries de son titulaire. On devra faire usage de maillets noirs filetés de jaune.
 
Les princes sont vêtus de noir, chapeau uni à plumet blanc sur la tête, l'épée au côté, garde ornée d'un ruban feu au lieu de l'écharpe ordinaire. Leur tablier blanc est bordé et doublé de rouge ; une broderie ou un dessin, représentant sur son milieu un grand aigle noir pareil à celui qui orne la salle ; sur sa bavette, renversée pour la circonstance, la lettre J est figurée en noir. Ils portent à la troisième boutonnière de leur habit une rosette de ruban rouge à laquelle pend un aigle d'or. Les gants doivent être bordés et doublés de rouge ; sur le dessus de la main droite est brodée en noir une balance et une clef au-dessus de la gauche.
 
Les princes sont décorés de trois bijoux : un compas couronné appuyé par son ouverture sur un quart de cercle portant au milieu une croix tirée de la balance kabbalistique de Salomon, à ses pieds un pélican avec sept petits et de l'autre côté un aigle les ailes éployées. Une branche d'acacia circule entre ces ornements. Ce bijou est l'emblème des trois règnes de la nature qui entrent dans le travail de la vraie science. Le second bijou est un triangle équilatéral, autrement dit pentacle du roi Salomon. Ce bijou renferme toute la science kabbalistique dont chaque lettre renferme une puissance dans l'opération du Grand Oeuvre ; le dernier bijou est l'aigle noir dont nous avons déjà parlé. Il est le symbole du rang suprême de l'Ordre où on l'emploie.
 
Pour être à l'ordre dans le chapitre, on porte les trois doigts du milieu de la main droite sur le coeur, en tenant le pouce et le petit doigt dans le creux de la main.
 
Pour la réception d'un aspirant Rose-Croix, la chambre de réflexion est dépouillée de tout ornement ; aussi obscure que possible, elle sera éclairée seulement par une petite lumière posée sur une table noire sur laquelle on a placé un pot d'eau, du sel, un pain et du soufre. Au-dessus de la table est pendu au mur un tableau représentant un coq et un sablier, portant écrit au-dessus en gros caractères : Patience et Persévérance. Devant la table, un trépied percé par le fond sert de siège au récipiendaire.
 
Le rituel de l'ordre du Chevalier de l'Aigle noir ou Souverain prince Rose-Croix débute par un aperçu historique :
 
« Tout bon maçon instruit des mystères de l'Ordre, possédant les hauts grades, doit s'être imaginé que la maçonnerie a un but qui doit encore exister, que le travail ne portait pas seulement à élever des édifices au vrai Dieu, qu'il ne se bornait pas non plus aux seules vertus morales ; quelque autre motif avait donné naissance à un ordre aussi sublime ; oui, mes TT. CC. FF., la vraie philosophie connue et mise en pratique par le roi Salomon, c'est la base sur laquelle la maçonnerie est bâtie ; cet homme doué de sapience et le plus sage des rois de son temps, ne pouvant travailler seul, choisit dans ses États un nombre de sujets selon son coeur; il se les attacha par les bienfaits en les regardant comme ses FF et les initia dans les secrets les plus cachés de l'art kabbalistique ; qu'il serait à souhaiter, mes TT. CC. FF que cet art nous fût parvenu dans toute sa clarté; mais nos anciens maçons, soit par prudence ou par d'autres raisons, nous ont caché les points les plus importants de cet art divin sous des types qui ne présentent que des énigmes ; heureux celui d'entre nous qui sera assez laborieux pour faire, par ses recherches et son travail, la découverte de ces sublimes vérités, il pourra être assuré d'avoir trouvé la vraie félicité à laquelle un mortel puisse aspirer, car sa santé sera conservée, ses jours prolongés et ses moeurs exemptes d'être corrompues par les vices où l'indigence et l'infirmité ne conduisent que trop l'espèce humaine. Réfléchissons, mes TT. CC. FF sur tous les objets qui vous auront affectés dans les différents grades par où vous aurez passé, et vous verrez que c'étaient autant de signes et de mystères dont vous deviez un jour avoir la clef, c'est-à-dire apprendre au vrai à quoi ils devaient s'appliquer.
 
« Cet éminent grade les renferme tous, il en fait l'analyse, il vous présente du travail à entreprendre; c'est à vous, TT. CC. FF à entrer dans sa carrière munis de l'amour de la vérité et de la persévérance. Ce grade, qui compte un ordre de parfaits maçons, a été mis en lumière par le F qui l'a tiré du trésor kabbalistique du Docteur et Rabbin Néamuth, chef de la synagogue de Leyde en Hollande, qui en avait conservé les précieux secrets et le costume ainsi qu'on va voir les uns et les autres dans le même ordre qu'il les a mis dans son Talmud mystérieux. »
 
Plus loin on explique que si les Chevaliers de l'Aigle noir sont appelés Rose-Croix ,c'est parce que « Raymond Lulle grand maçon et philosophe hermétique, ayant trouvé par la science kabbalistique le vrai salut de vie par le mariage des six métaux, il en composa un parfait appelé or ; il le présenta au roi d'Angleterre qui en fit fabriquer de la monnaie, où d'un côté était une croix symbole des quatre éléments, et de l'autre une rose, symbole du triomphe du Travail et le prix des sages, l'épine n'appartenant qu'aux vrais trompeurs et aux sots.
 
Raymond Lulle fut fait chevalier et, depuis lui, tous ceux qui travaillent à la science kabbalistique ou art royal sont appelés Chevaliers Rose-Croix.
 
« Ce sublime grade est en vénération dans toutes les cours du Nord et en Prusse, où le souverain en est le protecteur et le Grand Maître. C'est pour cela qu'il lui a même donné le nom d'Aigle noir comme roi des oiseaux et le seul fait pour voler au devant du soleil et en fixer la lumière.
 
« Le but de ce grade est la science sublime des connaissances de la nature et d'en tirer un travail utile au genre humain, soit dans la purification des métaux imparfaits pour les transmuer en or, seule production parfaite de la nature et comme telle l'emblème de la divinité qui n'a en soi ni impuretés, ni commencement, ni fin ; aussi l'or se trouve-t-il toujours en même poids et valeur dans tel feu que vous puissiez le mettre ; c'est aussi le fond du mystère de la salamandre qui vit dans le feu et du phénix qui renaît de ses cendres. Il n'est point ici compris parmi les six autres impurs parce que physiquement il est tout esprit et par ce moyen est incorruptible. De ce métal pur et rendu potable vous en tirez magnétiquement la médecine universelle, dont l'existence ne peut se nier, attendu tout ce qui est dit dans l'Écriture sacrée et dans tous les philosophes hermétiques et notamment (Le diadème des sages, 1782), par le premier but de l'association des chanoines de Paris et autres officiers ecclésiastiques qui sont venus après les druides ou prêtres des anciens Gaulois, desquels ils tenaient cette science par tradition, ce qui se trouve aisément dans les annales de Paris.
 
« Ces ecclésiastiques qui, suivant les anciens apôtres, étaient médecins des corps et des âmes, soignaient les malades et les traitaient avec beaucoup d'humanité et de charité. Ce qui était admirable, c'est qu'ils guérissaient toutes les maladies et infirmités (si Dieu n'en ordonnait autrement) par des remèdes naturels, dont ils avaient la connaissance philosophique acquise par l'usage et l'étude de la sage nature qui les fournit en profusion à ceux qui sont ses scrutateurs, sans qu'il soit besoin d'avoir recours à des secours étrangers, impuissants et destructeurs. C'est pourquoi ils avaient leur école de médecine près de leur église, rue de la Bûcherie, laquelle existe encore aujourd'hui. Et comme l'amour de Dieu et du prochain faisait tout leur devoir et leur mérite, en ces temps de sagesse et de simplicité, ils obtinrent de faire construire près d'eux un hôtel de charité, où l'on apportait, recevait et traitait les infirmes et malades avec tous les soins et secours dont par esprit d'institution et d'état ils étaient capables, et s'en faisaient un point essentiel de religion. Ils opéraient des cures et guérisons miraculeuses et si surprenantes que cet hôpital d'infirmerie fut alors appelé Hôtel de Dieu et par corruption Hôtel Dieu, ainsi qu'on peut le voir dans Nicolas Flamel ».


Réception d'un Aspirant Rose-Croix 

Le souverain GM après s'être fait assurer des portes et de la valeur maçonnique des FF présents, frappe un grand coup de maillet sur l'autel. Aussitôt tous les princes se tiennent debout et à l'ordre. Lorsque les deux surveillants ont à leur tour frappé un coup de maillet, le souverain GM prend la parole :
 
- Princes Chevaliers de l'Aigle noir, Prince grand prieur, Prince grand surveillant et officiers dignitaires, aidez-moi à ouvrir le chapitre .
 
On échange alors le signe, puis le prince grand prieur et le prince grand surveillant présentent la pointe de leur épée au souverain GM, et tous les princes se mettent à l'ordre ; le souverain G.M reprend alors la parole.
 
D. Prince grand prieur, quelle heure est-il ?
R. Souverain GM l'étoile du matin paraît.
D. Prince grand prieur, que devons-nous faire ?
R. Nous devons reprendre nos travaux.
D. Prince grand surveillant, quel est votre devoir ?
R. SGM c'est de voir si le chapitre est scellé hermétiquement, si les matériaux sont prêts, si les éléments se distinguent, si le noir fait place au blanc et le blanc au rouge.
D. Prince grand surveillant, voyez si tout est prêt.
R. SGM, tout est prêt, vous pouvez commencer l'oeuvre ; tout est prêt, le feu prend couleur, tout est prêt.
D. Prince grand prieur et prince grand surveillant, quittez le fer, prenez vos maillets et disposez les princes dans leurs postes.
R. Princes chevaliers qui habitez le zodiaque, observez dans vos travaux d'être exacts à nous procurer les trois règnes de la nature, c'est-à-dire : les animaux, les végétaux et les minéraux, subordonnés à chaque signe et à chaque mois de l'année, et renfermez tous vos métaux dans la maison du soleil.
D. Princes, que le bruit de vos outils retentisse d'un pôle à l'autre et que l'Orient et l'Occident dirigent désormais le cours des planètes.
(Le Souverain GM frappe ensuite trois fois deux coups de maillet, les deux surveillants font de même).
D. Princes chevaliers, le chapitre est ouvert ; faisons notre devoir.
 
Les deux surveillants répètent ces paroles, tous les assistants font les signes ; on applaudit sept fois (six et un) en disant trois fois Vivat, puis chacun prend sa place et l'on procède à la réception.
 
Le parrain, assisté d'un chevalier préparateur, va chercher le récipiendaire dans la chambre de réflexion et lui demande s'il désire toujours avec ardeur se faire recevoir chevalier de l'Aigle noir. Sur sa réponse affirmative, le préparateur, après lui avoir bandé les yeux, l'introduit en le prenant par la main dans un appartement tendu de noir dans lequel se trouve étendu sur une table le dernier chevalier reçu, couché sur le dos, contrefaisant le mort ; on fait toucher le corps au récipiendaire, et pendant qu'on lui fait faire des voyages autour de la chambre, le chevalier étendu sur la table se retire sans bruit et l'on met à sa place un coeur de boeuf ou de mouton, une tête de mort et une lumière.
 
On demande au récipiendaire s'il est toujours décidé à poursuivre sa course et à anéantir tout ce qu'on lui ordonnera. Dès qu'il a répondu affirmativement, on le conduit armé d'un poignard près du coeur de boeuf et on lui dit :
 
- Frappez et n'hésitez pas ; malheur à vous si vous vous repentez du coup que vous aurez porté.

L'aspirant perce le coeur et y tient le poignard plongé.
 
- Savez-vous ce que vous venez de faire? lui demande le préparateur,
 
- Je ne sais rien. Tout ce que je puis croire, c'est que j'ai frappé quelque corps, mais je ne m'en repens pas, et pour preuve de ce que j'avance, je suis prêt à recommencer.
 
On retire le bandeau qui couvrait les yeux de l'aspirant, afin qu'il puisse contempler la lumière, le coeur et la tête de mort. Au bout d'un instant, le préparateur reprend :

- Emportez ce coeur au bout de votre poignard et suivez-moi.
 
Arrivé à la porte du chapitre, le parrain frappe deux coups irréguliers, auxquels le prince grand surveillant répond par une batterie semblable, et s'adressant à son collègue ;
 
- Prince grand prieur, on frappe en profane à la porte du chapitre.
 
Celui-ci en prévient le souverain GM, qui ordonne au prince grand surveillant qui frappe de lui en rendre compte. Après avoir parlementé avec le préparateur, le prince grand surveillant assure au souverain GM que le trophée que l'aspirant va lui présenter sera une garantie suffisante en sa faveur.
 
On demande au parrain le nom, l'âge du candidat, les grades par lesquels il a passé pour oser prétendre au sublime grade de Rose-Croix.
 
On l'introduit ensuite à l'Occident du Chapitre, le parrain et le préparateur remettent le récipiendaire au souverain GM et vont reprendre leurs places.
 
Après avoir posé à l'aspirant des questions sur son passé maçonnique, le souverain GM lui explique que le trophée représenté par le coeur a pour objet de lui rappeler que lorsqu'il a été reçu apprenti il a prêté le serment solennel, et qu'il a consenti à avoir le cœur arraché s'il devenait parjure à ses engagements. Comme, de plus, dans le grade de Rose-Croix, il faut des hommes résolus sur lesquels on puisse compter dans le besoin, on a voulu éprouver son courage. L'aspirant profite de la circonstance pour assurer qu'il est prêt à exécuter les ordres du souverain GM de quelque nature qu'ils soient.
 
Lorsqu'il a reçu cette assurance, le souverain GM autorise l'aspirant à venir jusqu'au pied de son trône en exécutant la marche des quatre éléments, qui se fait par les quatre points cardinaux en partant par l'Occident passant par le Centre, allant au Nord, traversant de nouveau le Centre pour arriver au Midi, puis à l'Orient et enfin aux pieds du souverain GM, devant lequel il se met à genoux en posant la main droite sur le plat de la Bible.
 
Le récipiendaire prête alors son serment.
 
- Je promets et jure, devant le Suprême et Grand Architecte de l'Univers et devant le souverain chapitre ici assemblé, de sceller, garder et ne jamais révéler les secrets des chevaliers de l'Aigle noir, dits Rose-Croix, à aucun des profanes ou maçons inférieurs à ce grade, sous quelque prétexte que ce puisse être ; de n'en parler qu'en chapitre et lors du travail. Si j'y manque et que je devienne parjure, je consens et je pardonne ma mort à ceux des chevaliers qui me la donneront de quelque manière que ce soit, par le fer, le feu ou le poison ; que ma mémoire soit en horreur parmi les Rose-Croix et les maçons répandus dans le monde entier ; priez pour moi, mes frères, que Dieu me soit en aide et me préserve de manquer à mon obligation.
 
Le serment prêté, le grand prieur fait relever le candidat, le présente au souverain GM qui le fait passer à sa droite et le décore sur-le-champ des bijoux, gants et tablier de l'ordre ; puis il lui donne les signes, mots et attouchements.
 
- Le signe se fait dans l'appel en portant l'index de la main droite sous le nez, ensuite sur la joue jusqu'à l'oreille, puis en le descendant le long du cou jusqu'à la clavicule afin de former l'équerre. On répond par le même signe, mais avec la main gauche.

- L'attouchement se donne en s'embrassant réciproquement : chacun avance son pied droit et se donne un coup de talon. Le mot sacré est Messias, qui veut dire trésor des philosophes. Celui de passe ou d'entrée est Och, qui signifie semence de tous les métaux.

Le candidat va se faire reconnaître par tous les princes, puis est reçu par le souverain GM qui lui dit :
 
- Par le pouvoir que j'ai reçu et du consentement unanime de cette auguste assemblée, je vous reçois prince maçon par le TP grade de Chevalier de l'Aigle noir de Rose-Croix d'Allemagne dont vous êtes revêtu et devenu membre.

L'orateur lui dévoile alors en ces termes les mystères du grade :
 
- La figure de cette loge tracée est un carré long plus étendu de l'Orient à l'Occident que du Midi au Nord, parce que le soleil éclaire plus le globe terrestre dans le premier sens que dans le second, puisqu'il ne sort jamais au delà des tropiques.
 
Vous voyez ici, dans le centre, un grand espace circulaire composé de nuages renfermant les cercles du zodiaque où sont contenues les douze maisons du soleil, gardées chacune par un des douze mois de l'année ; chaque mois vous devez rentrer dans la chambre qui le représente pour y travailler et attirer la visite de l'astre lumineux vivifiant toute la nature et toute la matière.
 
Le soleil doit être reçu par les quatre éléments que vous inviterez à vous tenir compagnie, car sans eux la maison serait triste ; vous ferez banqueter le soleil des mets tirés des animaux et des fruits, qui sont nourris dans l'intérieur de chaque maison céleste. Si vous observez toutes ces choses, vous opérerez avec fruit.
 
Dans le cours de notre travail, il faut considérer la matière comme morte ; le cadavre d'Hiram en est l'emblème. Il faut le vivifier et le faire renaître de ses cendres, ce que vous obtiendrez par la végétation de l'arbre de vie représenté par la branche d'acacia ; mais vous ne saurez opérer avec fruit, si vous vous écartez de l'équerre et du compas qu'il faut sans cesse avoir devant vous.
 
Ces deux bijoux ne sont pas les seuls dont vous devez faire usage ; ils sont accompagnés des deux instruments indispensables : la balance et la clef. Vous ne pouvez non plus vous passer de la pentacule, qui renferme toutes les vertus célestes.
 
Abandonnons pour un moment, TT. CC. FF le centre mystique de notre loge, traversons la lune qui doit couvrir nos sacrés mystères et parcourons l'espace qui l'environne. A l'Occident nous trouverons le mont Ebron, sur le sommet duquel on éleva les deux grandes colonnes Jackin et Booz, c'est-à-dire Force et Beauté, premier principe du grand oeuvre que vous allez entreprendre. La force est représentée par les matériaux que vous devez employer et la beauté par l'ouvrage qu'ils nous produiront.
 
La colonne Jackin était dédiée à Dieu, tout venant de lui ; c'est ce que vous êtes présentement, puisque vous allez commencer à travailler. Vous deviendrez compagnons quand vous commencerez à connaître la beauté de la matière élémentaire ; enfin, vous deviendrez maîtres quand vous aurez placé dans votre planche la route fixe du soleil.
 
A l'Orient, nous voyons un grand aigle, roi des animaux de l'Air, le seul qui puisse fixer l'astre radieux, car la matière de sa nature n'a point de forme; c'est la forme qui développe la couleur ; le noir, c'est la matière hors d'oeuvre. Change-t-elle de couleur ? elle reprendra une forme nouvelle, et un soleil des plus brillants en sortira. De même que la naissance du soleil est annoncée par l'étoile du matin, l'étoile flamboyante dans sa rougeur est accompagnée par la fraîcheur argentine de la lune.
 
Dans le plan de la loge, vous découvrirez une pierre brute, matière informe qu'il faut préparer, une pierre cubique à sommet pyramidal, et la matière développée : le sel et le soufre.
 
L'équerre, le niveau, la perpendiculaire et le maillet vous serviront à construire les maisons du soleil par où vous devez faire passer la matière informe. Aussi faudra-t-il les construire avec règle et préparation ; sans cela l'esprit de vie ne saurait s'y loger.

Avec tous ces instruments vous construirez le grand autel sur lequel brûlera le feu tiré du ciel, et le grand bassin servira à vous purifier les mains, le corps et tout ce que vous toucherez pour opérer avec fruit. Soyez laborieux comme le castor et cachez-vous comme la chouette, afin de bien travailler à l'abri des regards des curieux.
 
Le souverain GM ajoute :
 
- Chevaliers, princes nouveaux reçus dans l'ordre des chevaliers de l'Aigle noir, lorsqu'on vous mit en réflexion, vous aperçûtes du pain, de l'eau, du sel, du soufre, un coq et un sablier, avec ces mots : Patience et Persévérance ; matières symboliques et faciles à expliquer.
 
Par le pain et l'eau, on vous marque la sobriété dans vos repas ; par le sel, les bonnes moeurs que vous devez avoir pour vous conserver parmi les hommes ; par le soufre, l'ardeur secrète que vous devez avoir de parvenir à la science kabbalistique en formant votre esprit à savoir promptement tous les instants où la lumière vous éclairera ; par le coq, la vigilance dans toutes vos oeuvres, et le sablier désigne le temps que l'on doit employer au travail qui doit être compté par heures et par minutes. Aidons donc les nouveaux chevaliers à découvrir le principe de vie renfermé dans le coeur de la matière première connue sous le nom d'Alkaest.
 
Puis le souverain GM fait l'instruction du grade par un dialogue avec les surveillants. De ce dialogue il résulte que le souverain GM se tient à l'Orient pour y attendre l'arrivée du soleil et l'accompagner dans ses douze maisons célestes dont les honneurs sont faits par le Grand Architecte de l'Univers lui-même, sous douze noms sacrés, tirés chacun des douze lettres du grand nom de Dieu en hébreu: Getimoaljeam. Les douze maisons sont partagées en quatre parties égales qui sont les quatre saisons de l'année, qui expliquent l'utilité du travail.
 
Dans ce travail on doit employer les quatre éléments et les trois règnes de la nature qui, pour être utilisés convenablement, doivent être pris dans leurs vraies saisons, pour que le genre humain puisse y trouver d'immenses trésors.
 
Adonaï, le plus puissant nom de Dieu, met tout l'univers en mouvement ; le chevalier qui serait assez heureux pour le prononcer kabbalistiquement aurait à sa disposition les puissances qui habitent les quatre éléments et les esprits célestes ; il posséderait aussi toutes les vertus utiles à l'homme et parviendrait avec leur concours à la découverte du premier des métaux qui est le soleil, qui provient de l'alliance intime des six métaux  inférieurs, dont chacun contient la semence, et la fournit dans le lit nuptial.
 
Les six métaux inférieurs, le plomb, l'étain, le fer, le cuivre, le mercure et l'argent, sont symbolisés par Saturne, Jupiter, Vénus, Mercure et la Lune ; l'or soleil, le premier des métaux, est placé en leur centre, bien que physiquement il ne soit point un métal, car il est tout esprit et par là incorruptible, et c'est pour ces raisons qu'il est l'emblème de la Divinité, incapable d'aucune altération .
 
Pour parvenir à allier les six métaux et à n'en faire qu'un seul qui ne soit point un métal, on se sert de la règle et de la balance que Salomon a laissées dans son traité précieux de ses Clavicules kabbalistiques. La Kabbale est la pratique secrète des hautes sciences ou connaissance des secrets de la nature et de la grandeur de Dieu.
 
Pour sa balance, Salomon se servait de 25 nombres sous-divisés de la façon suivante : 1, 2, 3, 4, 5, qui contient 25 fois l'unité ; 12 fois 2, 8 fois 3, 6 fois 4 et 5 fois 5.
 
Sept philosophes ont donné la clef de cette balance : Albumasaris, Pythagore, Ptolémée, Antidonis, Platon, Aristote et Hali. Chacun d'eux s'est attaché à un métal, ils en ont fait un traité et en ont donné la mesure, la règle et la balance pour les mettre en oeuvre, et chaque traité est sous la domination d'un génie élémentaire. Les métaux et les génies correspondants sont: Plomb, Aratron ; Etain, Retor ; Fer, Phalech ; Or, Och ; Cuivre, Hagit ; Mercure, Aphiel, et Argent, Hali.
 
Pour fabriquer l'Alkaest, esprit ou dissolvant, inventé par Van Helmont, il faut commencer par travailler à l'alliance des quatre éléments simples dont tous les êtres sont composés et les trois règnes de la nature chacun dans leur saison, renfermés dans chacune des maisons du soleil en commençant par celle de Mars, parce que c'est par elle que commence l'année dans la philosophie hermétique et en astronomie. On prépare mystérieusement les trois productions de la nature avec le feu élémentaire tiré de la matière première par attraction et force centripète des mixtes, mises en digestion dans le fourneau économique allumé par les quatre vents.
 
Ce trésor produit des trésors immenses pour l'humanité et qui dureront autant que le monde. Il n'y a que les vrais maçons qui puissent participer au Grand oeuvre, et encore bien peu y parviennent-ils...




*


ANNEXE


ANNUAIRE MACONNIQUE

A L'USAGE DES LOGES ET CHAPITRES
agrégés
A la Respectable Mère Loge du Rit Ecossais Philosophique
en France, siégante à l'Orient de Paris
(Mère Loge Ecossaise de France)

Pour l'année 1811


































































































































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