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ANONYME La Parabole de Mars de Busto Nicenas (1619).*





La Parabole de Mars de Busto Nicenas


Demütiges Sendschreiben, an die Hocherl. Gottselige und Heilige Frat. des R.C. Neben einer angehengten Parabola und Entdeckung seines hierzu veranlassenen Studii, abgehen lesset. Mars de Busto Nicenas 14 juni 1619.

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La constellation de la Grande Ourse est rendue caractéristique par ses sept plus brillantes étoiles, qui semblent former l'image d'un chariot. En astrologie hindoue, elle porte le nom de "Sapta Rishi", les Sept Sages.

Elle tourne autour de l'Etoile Polaire toute proche, astre principal de la constellation de la Petite Ourse, caractérisée également par sept étoiles principales qui rappellent l'image de la Grande Ourse.

L.A.T.


* * *

« Certain jour, j’ai entrepris un long voyage vers un lieu très éloigné, voyage que beaucoup ont commencé avant moi, et aussi de mon temps. Mais, pour l’accomplir, il faut un homme sain de corps et d’esprit, qui ne connaisse ni la crainte ni le doute, mais qui soit constant et puisse supporter maint malheur et difficulté ; car il ne s’agit pas seulement de l’éloignement du lieu, mais aussi des nombreux obstacles que l’on peut rencontrer au cours de ce voyage. C’est pour cela que le partant doit se munir du nécessaire, afin qu’il ne soit pas obligé de revenir soit peu après son départ, soit à mi-chemin, où il ne peut guère espérer un secours. Si quelqu’un ne veut point agir ainsi, qu’il s’abstienne entièrement de prendre cette voie.

« Or, j’entrepris également ce voyage, cependant sans réfléchir à toutes les circonstances relatées ci-dessus, mais que j’ai reconnues plus tard en recommençant à plusieurs reprises ce voyage ; j’ai appris surtout combien il est insensé d’entre­prendre quoi que ce soit sans réfléchir et sans peser la fin. Mais je ne m’en suis jamais lassé et, au contraire, mon esprit s’embrasait de plus en plus, et il me semblait que je marchais plutôt sur des émeraudes, des saphirs, des hyacinthes, des diamants et des rubis que sur de la mauvaise terre. Mais par cela beaucoup ont été trompés, la rudesse de la voie leur était inconnue. »

« De plus, le fond de ce lieu changeait de couleur suivant les circonstances, le temps et le rayonnement du soleil, ce qui m’émerveillait grandement et excitait encore mon envie. Et, bien que ce fût en hiver et que la planète dominante manifestât puissamment son action par le froid, je trouvais encore ça et là de belles prairies, des prés verdoyants et des fleurs de couleurs variées ; mais je ne pensais qu’aux délices du lieu vers lequel tend la voie rebutante, surtout parce que cela avait été commencé pour l’honneur de Dieu tout-puissant et pour le bien des hommes. »

« Comme je n’ignorais aucunement que je devais ou renoncer entièrement à contempler ce lieu de délices, ou supporter avec une grande patience toutes les difficultés que je rencontrerais sur ma route, je me décidai à souffrir plutôt, avec l’aide de Dieu, tous les malheurs que d’y renoncer, car il était impossible de modérer mon esprit enflammé et plein de désir. Surtout parce que ce chemin paraissait au début très beau et agréable, tel un miroir, et en majeure partie couvert de fleurs bleues appelées héliotropes ou sol sequium ; je pense, toutefois, que ce lieu devait être plein de sang, parce que les Grecs y ont livré de très grands combats aux Troyens, ainsi que me l’apprenaient les habitants de ce pays. »

« Je remarquais, en outre, que de telles prairies ondoyantes et ces fleurs variées apparaissaient surtout quand le soleil était masqué par des nuages opaques, de sorte qu’il ne pouvait émettre sa clarté avec une force suffisante ; mais, quand le soleil luisait par ses rayons sans obstacle, le sol devenait noir comme du charbon ou de la poix luisante, qui m’aveuglait presque. Ce voyage (le terme ou le lieu très éloigné ne m’étant pas encore connu) me convenait fort bien, car l’hiver persistait dans sa rigueur, ce qui me donnait un grand désir ; et, ce qui l’augmentait encore, c’est qu’au lever du soleil, malgré le froid intense, le fond, le sol ou la terre était partout humide, comme s’il devait en être ainsi naturellement, ou comme si la nature avait enraciné toute son humidité en ce lieu, ou si le marais salant y prenait son origine. »

« Mais divers embarras me retenaient, ainsi que je l’ai rapporté plus haut ; et, comme j’estimais que le voyage m’était impossible par manque de nourriture, je m’en retournai, tout en observant avec soin à quel endroit je quittai le sol humide, ce dont j’avais un signe certain, car c’était le lieu où Fortuné reçut sa bourse de la Fortune ; Fortuné y était encore peint avec l’aimable Fortune, comme si cette image venait d’être achevée le jour même ; je gravai de mon mieux ce lieu dans ma mémoire. »

« Mais je dois exposer aussi la cause qui m’incitait à ce voyage, car elle est importante. J’avais appris que sept Sages ou Philosophes devaient habiter dans sept capitales différentes de l’Europe, et que tous ces Sages, plus que tous les autres, étaient instruits dans tous les arts et dans toute sagesse, et, en particulier, dans la médecine. Comme tout homme possède le désir naturel de vivre longtemps et en bonne santé sur cette terre, je conçus également un grand désir de visiter tous ces lieux, pour voir ces Sages, espérant obtenir aussi d’un de ces Sages une médecine parfaite pour la conservation de ma santé jusqu’au terme prédestiné par Dieu. Je délibérai donc en moi-même à quelle ville je devrais me rendre en premier lieu, puisqu’il dépendait de ma bonne fortune que quelqu’un parmi ces sages voulût ou même pût me satisfaire. Aussi ai-je appris à maintes reprises, à mon détriment que les propos sont vains si la prospérité et la bénédiction de Dieu font défaut ; de même, je présumai facilement que, quoique ces sept Sages eussent été vantés comme les plus sages dans tous les arts du monde entier, l’intelligence ne devait pas être pareille pour tous, mais différente pour chacun, parce que Dieu doue constamment un homme de plus d’intelligence, de vertus et de sagesse qu’un autre, de sorte que l’un surpasse beaucoup l’autre en qualité et en vertus ; je pensai donc qu’il devait en être de même pour ces sages. Je priai donc avec ardeur Dieu le Tout-Puissant de me conduire sur la voie véritable à l’homme véritable qui surpassât les autres par sa sagesse, pour qu’il fût favorable à ma volonté et m’accordât ma demande. »

« C’est ainsi que j’eus pendant la nuit un rêve ou une vision qui me dit à haute voix : Dirige tes pas vers le pôle qu’observent les marins et qu’ils appellent étoile polaire ; c’est là que ton désir sera exaucé. »

« Quand je m’éveillai de la nuit sombre, je méditai si je devais ajouter foi à ce songe ou non. Enfin je me décidai, pénétré du désir et dans la pensée d’entrer dans la bonne voie, à entreprendre le voyage ; et, comme c’était sans doute un bon ange qui m’en avait indiqué la direction dans le songe, je me mis en route, à la grâce de Dieu. »

« Mais, dès que je voulus avancer, je vis devant moi des rochers hauts et pointus, un chemin dur et rude, des crevasses profondes, des gouffres de fumée où l’eau produisait par sa chute un tel bruit que j’en fus effrayé ; et je m’arrêtai brusquement dans la terreur qui me saisit, en m’interrogeant si je devais oser ou m’en retourner. »

« D’une part, le grand désir m’incitait à atteindre ce que j’avais devant moi ; d’autre part, l’aspect terrifiant du lieu très rude me repoussait et, à vrai dire, j’eus une grande peur en voyant devant moi un chemin si difficile. Je restai donc dans une grande peine, ne voyant aucun homme près de moi qui pût me conseiller ou me consoler dans cette alternative. »

« Me trouvant ainsi sans aide ni consolation, je pris mon courage à deux mains, surtout en me rappelant mon songe, et je m’avançai à la grâce de Dieu d’un pas joyeux, tout en étant obligé de me reposer fréquemment avant d’avoir accompli l’ascension du lieu. Mais, quand j’eus atteint la hauteur ou le sommet, je ne vis rien devant moi qu’une vaste étendue ; j’étais donc obligé de recourir à ma petite boussole que j’avais emportée à tout hasard ; et celle-ci me montra bientôt de son doigt la ville qui était plus proche que je ne l’avais pensé. »

« J’entrai donc dans la montagne, et je parvins à la véritable capitale, dont j’ai oublié le nom. Je questionnai aussitôt les habitants de cette contrée au sujet du sage et, comme la situation et le lieu de sa demeure me furent indiqués, j’allai m’entretenir avec lui. »

« Mais voici que je trouvai un homme extraordinaire, qui ressemblait à un voleur, à un brigand, ou à un grossier artisan passant ses jours devant une forge, à brûler du charbon, bien plus qu’à un savant physicien. Mais, en vérité, dans la conversation, je trouvai tant de raison et d’habileté en lui, que je n’aurais pas voulu le croire et que mille autres ne le croiraient pas, sans l’avoir entendu. Car tous les sages des six autres capitales étaient obligés de prendre conseil de lui seul quand il s’agissait d’une chose très importante. »

« C’est donc une grande sottise que de vouloir juger d’après l’aspect des personnes, ainsi que le dit le poète : Sœpe latent humili, fortes sub corpore vires, ce qui s’applique également à cet homme. »

« Cet homme grossier et étrange, mais très savant selon l’esprit, occupait un lieu et une demeure singuliers ; en outre, il possédait des qualités et des mœurs extrêmement étranges, et dont je m’étonnais grandement. »

« Car, de même que Diogène demeurait dans un tonneau qu’il préférait aux plus beaux palais, de même la nature avait implanté également dans la nature de cet aventurier, par d’étranges influences et incidences, la détermination d’élire comme demeure un lieu pareillement étrange ; il ne se souciait d’aucune pompe ni ostentation au sujet de beaux palais ni de beaux vêtements ; mais il faisait grand cas de sa sagesse et de ses vertus qu’il aimait plus que tous les trésors du monde. »

« Sa résidence se trouvait dans un roc grossier et dur, où ni la chaleur ni le froid ne pouvaient l’atteindre ; mais, à l’intérieur, ses chambres étaient peintes avec de si belles couleurs naturelles, qu’elles paraissaient édifiées avec le plus précieux jaspe, ou peintes par l’artiste le plus habile qui y eût dépensé tout son art et toute son habileté. »

« De même, il ne souffrait jamais ni de la soif ni de la faim ; mais, selon les us et coutumes ordinaires, il obéissait aux flèches de Cupidon ; c’est pourquoi il s’inquiétait souvent, en cherchant à sortir, ce que ne lui permettaient pas toujours ceux qui habitaient avec lui. Il appelait donc les voisins, leur disant : Amis, aidez-moi un peu à sortir à la lumière, alors je vous aiderai à mon tour. Quand les voisins entendaient cela, ils étaient fort satisfaits, car ils savaient qu’il ne les laisserait pas sans récompense. »

« Dès qu’il était libre, ils devaient lui préparer un bain, pour lui donner du passe-temps. Mais il s’en trouvait fort mal. Car le cher homme se mettait à transpirer et devenait la proie d’un malaise, de sorte qu’il criait et tempêtait comme un possédé, au point de s’évanouir. Alors le musicien commis à ce soin saisissait son instrument pour lui chanter son chant habituel que les pâtres chantent communément au dieu Pan. »

« Dès qu’il percevait ce chant, il revenait à lui ; mais, contre toute attente, en toute hâte, il mettait au monde un fruit vivant, non sans grande peine et douleur, à vrai dire ; ce fruit ne lui ressemblait d’aucune manière, ainsi que l’on put s’en assurer quand il eut atteint l’âge mûr. »

« Ce fruit devait être quelque chose de merveilleux, car il venait d’une nais­sance étrange, telle que l’on ne peut en trouver une pareille. Il comportait deux natures, c’est pourquoi il fallait le nourrir du lait d’une chèvre qui donnait du lait et du sang. »

« Et là encore il y avait des difficultés à vaincre, car la chèvre ne voulait se laisser traire que par une seule accoucheuse qui portait le nom d’une sorcière ; elle s’appelait Urganda. Celle-ci se servait d’un verre étrange composé de pièces merveilleuses par l’artiste le plus habile ; il paraissait plutôt naturel qu’artificiel, et il me semblait que c’était un morceau de la Table d’Hermès et signé du même seing pour que les vapeurs subtiles du lait ne pussent s’éventer. »

« Et Urganda faisait bouillir le lait au point qu’il paraissait incandescent par la chaleur, et en nourrissait le merveilleux nouveau-né qui, en raison de son alimentation régulière avec ce lait, croissait de jour en jour, de semaine en semaine, de mois en mois, d’année en année, et augmentait en grandeur, en force et en vertus, à tel point qu’il surpassa de beaucoup les vertus de son père et eut une grande renommée. Des enfants royaux ont de même été engendrés. »

« Quant à Urganda, la vieille sorcière, elle pouvait, malgré son grand âge, se changer journellement, au point que ses cheveux mêmes, quand ils n’étaient pas tressés et qu’un léger courant d’air froid les touchait, s’étendaient, tels les plus beaux et longs fils d’or, ou les rayons du soleil ; c’est ainsi qu’ils voltigeaient et ondoyaient. »

« Voilà, ô très illuminés serviteurs de Dieu, ce que j’ai voulu porter à votre connaissance, concernant ma seconde préoccupation, en vous priant et suppliant encore humblement de ne point me refuser, mais de m’admettre et de m’accueillir de grâce. Avec l’aide du Seigneur, je me montrerai humble, soumis et obéissant dans tout ce dont vous me chargerez, en tant que je pourrai le supporter et l’accomplir dans ma faiblesse humaine. Je vous recommande ardemment et humblement, ô très illuminés serviteurs de Dieu, ainsi que moi-même, à la toute-puissance et à la protection divines. »

Fait à N., le 14 juin 1619.


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