Diagramme des chakras du corps subtil a1820 - Kangra, Himachal Pradesh, Inde |
Affichage des articles dont le libellé est VARENNE La Kundalini *. Afficher tous les articles
Affichage des articles dont le libellé est VARENNE La Kundalini *. Afficher tous les articles
VARENNE La Kundalini *
LA KUNDALINI
Jean Varenne
(Extrait de l'article Yoga écrit pour l'Encyclopédie Universalis)
Des innombrables « rivières » (nadi) qui irriguent le corps
subtil, trois retiennent l'attention : l'une se dresse de la
base du tronc à la tête (comme fait la colonne vertébrale), les
deux autres s'entrelacent autour d'elle à la façon des deux
serpents du caducée. Ces deux-là sont appelées Ida et Pingala ;
la première est jaune, diffuse une lumière semblable à celle de
la lune et joue le rôle du Gange dans cette géographie
symbolique ; la seconde est rouge, brille comme le soleil et
équivaut à la Yamuna (moderne Jumna, affluent de rive droite du
Gange). Quant à la nadi centrale, elle porte le nom de Susumna ;
de couleur blanche, elle a l'éclat du diamant : c'est la
Sarasvati (moderne Sutlej, affluent de l'Indus), la rivière du
Paradis. Ida et Pingala se croisent six fois sur la Susumna et
chacun de ces points de rencontre est appelé chakra (cakra, «
roue, cercle »). On verra plus loin qu'il existe un septième
chakra, distinct des six autres.
La fonction d'Ida et de Pingala est de conduire les souffles
jusqu'à la base de la « rivière de diamant », où dort un feu à
demi éteint. Grâce au yoga, la flamme de ce « Feu-de-la-Base »
est avivée et éveille la Kundalini, énergie mystérieuse,
semblable à un serpent femelle lové (c'est le sens du mot
sanskrit kundalini) à la base du tronc : « Puissance divine,
l'Énergie-lovée resplendit pareille à la tige d'un jeune lotus ;
telle un serpent, enroulée sur elle-même, elle tient sa queue
dans sa bouche et repose, assoupie, dans le Centre-de-la-Base »
(Kundalini Upanisad, I.82). Éveillée (ou « réalisée », de
virtuelle qu'elle était chez l'homme ordinaire), la « puissance
du serpent » se dresse en sifflant et commence de monter dans la
Susumna vers le haut de la tête. Chaque fois qu'elle rencontre
l'un des chakras elle doit le percer (ou le briser, le trancher,
à la façon d'un nœud gordien) et simultanément faire fleurir le
lotus en bouton qui se cache en chacun d'eux.
Ces différents centres sont situés en quelques points
importants du corps subtil : dans la région de l'anus est le
muladhara (« soutien de la base »), en lequel les trois canaux
ont leur origine commune ; le svadhisthana (« fondement de
l'individu») est situé près du sexe; le manipura («cité des
joyaux»)
correspond au nombril ; l'anahata («[tambour] non battu») est à
la latitude du cœur, le visuddha (« purifié ») à la hauteur de
la gorge ; l'ajña (« commandement »), enfin, se place à la
hauteur du front, là où les trois nadis se croisent pour la
dernière fois. Le septième et dernier chakra (brahmarandhra, «
ouverture vers le brahman »), pareil à un lotus à mille pétales
(sahasrarapadma), occupe la place de la fontanelle au sommet de
la tête, ou, selon certains textes, se trouve même au-dessus de
la tête, semblable à un oiseau aux ailes déployées, diffusant
des rayons.
L'ouverture des chakras constitue une ascension spirituelle
(une sorte de « montée du Carmel ») en six étapes nécessaires,
la septième étant en même temps la dernière : celle qui permet
d'ouvrir la porte pour libérer l'âme captive. Chaque fois, il y
a analogie avec des éléments cosmiques (dans l'ordre : la Terre,
l'Eau, le Feu, l'Air, l'Éther, l'Intelligence cosmique, le
brahman) et avec des divinités : Brahma, Siva, Visnu, Agni...
Dans chacun de ces centres, l'adepte « voit », au fur et à
mesure que la Kundalini les ouvre, des figures symboliques (dans
l'ordre : un carré, un demi-cercle, un triangle, un « sceau de
Salomon », un cercle, etc.) ; il y a également des couleurs
(rouge, orange, bleu, or, etc.) et, sur les pétales des lotus
épanouis, s'inscrivent des lettres de l'alphabet sanskrit.
Il s'agit donc là de tout autre chose que d'une simple
présentation de l'influx nerveux, en liaison avec la moelle
épinière et les plexus. Le yoga, répétons-le, ressemble à
l'alchimie : comme cette dernière, il use de symboles empruntés
aux réalités observables et exécute des opérations ressemblant à
celles que pratique le profane, mais il en transpose la
signification, puisqu'il les situe en dehors du monde des sens ;
c'est à ce prix seulement que l'individu pourra prétendre être
effectivement transformé, et de façon si radicale qu'il
échappera définitivement aux conditions de l'existence
phénoménale.
Inscription à :
Articles (Atom)