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PERNETY Dictionnaire Mytho-Hermétique E à L.





DICTIONNAIRE MYTHO-HERMÉTIQUE

Dom Pernety


E à L


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E
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Eacus ou Eaque. Un des Juges des Enfers, fils de Jupiter et d'Egine, fille du fleuve Asope, obtint de son père le repeuplement de son pays dénué de sujets, qui étaient morts de la peste, en changeant des fourmis en hommes. Voyez l'explication de cette fiction dans les Fables Egyptiennes et Grecques dévoilées, liv. 3, ch. 14, § 5.

Eau. Les Philosophes chymiques se servent souvent de ce terme, non pas pour signifier l'eau commune, mais leur mercure. Ils y joignent ordinairement quelques adjectifs, comme :
EAU ANTIMONIALE-SATURNIALE-MERCURIELLE. Parce que l'antimoine participe beaucoup du plomb, appelé Saturne par les Chymistes, et qu'ils disent que leur Mercure est petit-fils de Saturne.
EAU ARSENICALE. Lion vert des Philosophes. Voyez ARSENIC.
EAU BENITE. Parce qu'ils disent que le secret pour faire ce mercure est un don du Ciel, et que c'est celle que Jacob souhaitait à Joseph dans la bénédiction qu'il lui donna. Enchyridion Physicœ.
EAU CELESTE. Aqua Cœlestis. C'est l'eau-de-vie rectifiée, non l'eau-de-vie ordinaire, mais leur quintessence mercurielle.
EAU CELESTE et ELEMENTAIRE. Parce que le mercure est, selon les Philosophes, le fils du Soleil et de la Lune, et la quintessence coagulée des éléments.
EAU CORRODENTE. C'est le vinaigre et toute liqueur corrosive.
EAU D'ALREGI. C'est l'eau de chaux.
EAU D'AMOUR. Nom que Béguin, dans sa Chymie, a donné à une eau extraite du sang humain, au moyen de laquelle il prétendait composer un philtre propre à concilier et conserver l'amour entre les époux.
EAU DE BLANCHISSEMENT. Parce que c'est leur azoth, avec lequel ils disent qu'il faut blanchir le laiton, et lui ôter son obscurité.
EAU DE CELESTE GRACE. Parce que la science qui apprend à extraire ce mercure de sa minière est un don de Dieu et une faveur céleste.
EAU DE CHASTETE. Eau composée dont se servent ceux qui veulent garder la continence avec plus de facilité. On en trouve la recette dans le livre d'Adrien Mynsicht, p. 286.
EAU DE FEU ou IGNEE. Parce que ce mercure contient le feu de la nature, lorsqu'il est animé, et qu'il a alors tout ce qui est nécessaire pour être cuit, digéré, et pour communiquer ensuite à l'or une vertu multiplicative que ce métal n'aurait pas par lui-même.
EAU DE LA MER SALÉE. Voyez URINE.
EAU DE LIS. Aqua Lilii. C'est l'eau d'orpiment.
EAU D'ELSABON. C'est le sel commun réduit en eau par l'humidité de l'air.
EAU DE MEGI. Voyez EAU ROUGE.
EAU DE MER ou EAU SALEE DES SAGES. Voyez MERCURE CHYMIQUE. Quelques Chymistes prenant ces termes à la lettre, ont cru que la matière d'où les Sages tirent leur mercure était l'eau de la mer proprement dite; mais ils doivent avoir appris que les Philosophes ne s'expriment dans leurs Livres que par similitude et par énigmes.
EAU DE MERCURE. C'est le mercure même des Philosophes.
EAU DE NITRE. Les Chymistes entendent par ces termes, tantôt l'esprit de nitre, tantôt le sel alkali, et tantôt l'eau-forte.
EAU DE NUEES. Voyez MERCURE.
EAU DE PLUIE. Aqua Pluvialis. C'est l'eau douée commune.
EAU DE SANTE. Est une eau distillée du sang humain, des fleurs de chélidoine, du miel vierge, et de plusieurs aromates. Paracelse appelle cette eau, Baume sur tout autre baume; et le recommande beaucoup dans la Médecine.
EAU DES DAMES OU DE FARD. Est une eau qui adoucit la peau, la blanchit, et donne un teint frais. Voyez Mynsicht, p. 189.
EAU DES DEUX FRERES EXTRAITE DE LA SŒUR. C'est le sel armoniac philosophique.
EAU DES EAUX. Parce qu'elle est en effet une eau principe qui contient la substance des quatre éléments.
EAU DE SEGI. Voyez EAU ROUGE.
EAU DES EQUINOXES. C'est proprement la rosée du printemps et celle de l'automne, dont les propriétés sont admirables pour la guérison de beaucoup de maladies, lorsqu'elles sont travaillées par une main habile dans la Spagyrique. Les Philosophes ont donné ce nom à leur mercure pour tromper les ignorants; quelques-uns d'entre eux ayant pris ces expressions à la lettre, ont cru que c'était la matière d'où il fallait extraire le mercure des Sages, et ont perdu leurs peines et leur argent.
EAU DES FECES DU VIN. C'est l'huile de tartre par défaillance.
EAU DES MICROCOSMES. C'est l'esprit de nitre. Dict. Herm.
EAU DES PHILOSOPHES. Voyez MERCURE DES PHILOSOPHES. Quelques Chymistes ont cru mal-à-propos que c'était du vinaigre distillé, d'autres l'eau-de-vie du vin, ou l'esprit-de-vin rectifié, sur ce que Raymond Lulle dit que leur quintessence est tirée du vin, et qu'il l'appelle quelquefois Vin;
mais ils auraient vu leur erreur, s'ils avaient fait attention que Raymond Lulle lui-même dit qu'il ne faut pas l'entendre à la lettre, et que quand il dit que les Philosophes tirent leur mercure du vin, il ne parle que par similitude; et que ce mercure ou eau philosophique s'extrait de la mer rouge des Philosophes. Voyez le Testament de Raymond Lulle, et son traité de la Quintessence.
EAU-DE-VIE. C'est le mercure même des Philosophes, leur quintessence, et non Peau distillée du vin. Quelquefois ils donnent ce nom à des eaux composées d'esprit de vin et de plusieurs drogues propres à guérir diverses maladies.
EAU-DE-VIE DES PHILOSOPHES. Quelques-uns, trompés par les expressions de Jean de Rupe Scissa, et de Raymond Lulle, qui parlent de leur mercure comme s'il était extrait du vin, ont cru mal-à-propos que le mercure philosophique en était une quintessence, ou un sel de tartre; mais ils auraient dû faire attention que les Anciens ne connaissaient peut-être pas l'esprit-de-vin, qui se fait par des distillations qui leur étaient inconnues, et qui n'ont été cependant inventées depuis que sur les recettes malentendus et répandues ça et là dans leurs écrits.
EAU-DE-VIE DES SAGES. Se dit aussi de leur élixir parfait, et dans l'état qu'il doit être pour servir de médecine soit au corps humain, soit aux métaux imparfaits.
EAU DISTILLEE. Les Philosophes Hermétiques entendent souvent par ces termes, tantôt de l'eau simple distillée de quelque matière que ce puisse être, tantôt des eaux-fortes et de dissolution. Sous les eaux simples distillées, ils comprennent certains secrets spécifiques pour dissoudre les corps sans corrosion; elles ont plus de feu et moins d'acrimonie que les eaux-fortes; telles sont les eaux ou esprits de miel, de la corne de cerf, des animaux, des plantes mêmes, comme le vinaigre distillé, l'esprit-de-vin rectifié. Les eaux-fortes sont ordinairement composées de minéraux corrosifs, et ne font jamais une dissolution radicale. Ce sont des espèces de limes qui réduisent les corps en poudre, mais non en leur première matière.
EAU DOREE. Lorsque le mercure est parfait au rouge.
EAU DOUCE. A cause de sa propriété pour dissoudre l'or et l'argent sans corrosion.
EAU DU CERVEAU. Aqua Cerebri. En termes de Chymie, c'est de l'huile de tartre par défaillance.
EAU DU CIEL. Aqua Cœlestina. C'est leur mercure même. Quelquefois ils entendent par ce mot l'esprit de vin bien rectifié, parce qu'il est d'une nature si légère et si facile à se sublimer, qu'il semble participer de celle du Ciel. Rulland.
EAU DU MONDE. C'est le mercure dans l'opération de la médecine du premier ordre, ou la première préparation pour le magistère, de même que les eaux suivantes :
EAU ARDENTE.
EAU DE L'ART.
EAU DE FONTAINE.
EAU DE SANG.
EAU ELEVEE.
EAU EXALTEE.
EAU MONDIFIANTE.
EAU PREMIERE.
EAU SIMPLE.
Lorsque les Philosophes ont donné le nom d'Eau à ce mercure dans le temps de la seconde préparation ou la médecine du second ordre, ils l'ont appelé :
EAU AZOTHIQUE.
EAU DE TALC.
EAU DE VIE.
EAU-DE-VIE MÉTALLIQUE.
EAU D'URINE.
EAU ETOILEE.
EAU FEUILLEE.
EAU PESANTE.
EAU PONDEREUSE.
EAU DU STYX.
Dans les opérations de la médecine du troisième ordre, ils l'ont nommé,
EAU DES NUEES.
EAU DIVINE.
EAU D'OR.
EAU SULFUREUSE.
EAU VÉNÉNEUSE.
EAU DU PHLEGETON. Préparation alchimique du tartre. Planiscampi.
EAU EPAISSIE. Mercure des Philosophes, dans son état de conjonction de l'esprit avec le corps, ou tel qu'il est lorsque les Sages disent que le mercure renferme tout ce que cherchent les Philosophes. Quand l'esprit et le corps sont réunis, et qu'ils composent ce mercure, on ne les distingue plus par des noms différons, et l'on ne leur donne plus qu'un et seul nom de Mercure, parce qu'il est alors proprement le mercure animé, ou mercure des Sages.
EAU FETIDE. Aqua Fœtida. C'est le mercure philosophique.
EAU-FORTE. Aqua fortis. Les Philosophes Hermétiques n'entendent pas par ces termes l'eau-forte commune, ni l'eau régale des Chymistes ordinaires, mais leur mercure, qui dissout tous les corps d'une dissolution naturelle, sans corrosion, et sans détruire la semence germinative des métaux et des autres corps sublunaires; parce qu'ils prétendent que ce mercure est le principe de ces mêmes corps.
EAU-FORTE OU DE SÉPARATION. Lorsque les Chymistes Hermétiques disent dans leurs écrits, qu'il faut dissoudre tel ou tel corps dans l'eau-forte, ils entendent leur vinaigre très aigre, leur eau pontique, leur mercure, et non les eaux-fortes composées par la Chymie ordinaire; parce que les Sages demandent une dissolution radicale des corps, et non une dissolution imparfaite, telle que celle des eaux-fortes ou eaux régales dont on se sert communément.
EAU HOLSOBON. C'est l'eau du sel extrait du pain.
EAU MARINE. En termes de science Hermétique, signifie leur mercure; parce qu'il est extrait de ce qu'ils appellent leur Mer rouge.
EAU MINERALE. Parce qu'elle est tirée du règne minéral, et qu'elle est métallique.
EAU MONDIFIÉE DE LA TERRE. Parce que le mercure en est la plus pure partie. Mais ce nom lui est particulièrement donné lorsque la matière est parfaite au blanc.
EAU PALESTINE. C'est la fleur d'airain, ou le vert-de-gris.
EAU PERMANENTE. Nom que les Philosophes Hermétiques ont donné à leur mercure.
EAU PHILOSOPHIQUE. C'est, selon quelques-uns, le vinaigre sublimé;
selon d'autres, l'esprit-de-vin circulé, enfin leur eau permanente et mercurielle, qui ne mouille point les mains.
EAU PONTIQUE est encore un des noms du mercure des Sages, qu'ils ont appelé ainsi à cause de sa ponticité, qui l'a encore fait nommer Vinaigre très aigre.
EAU PUANTE. Parce qu'elle a en effet une odeur de pourriture comme l'assa fœtida.
EAU PURIFIEE. Magistère au blanc.
EAU QUI BLANCHIT LA PIERRE INDIENNE. Magistère au blanc.
EAU RADICALE DES METAUX. Parce qu'elle en est la racine et le principe.
EAU ROUGE. C'est l'eau de vitriol ou de leur soufre, qu'ils appellent aussi Aqua magi, Aqua segi.
EAU ROUGE, EAU SAFRANEE, EAU MORTE. Eau du soufre des Philosophes.
EAU SALMATINE. C'est l'eau de mer.
EAU SATURNIENNE. Aqua Saturniana. C'est celle qui contient la nature des trois premiers principes, telle que celles des bains chauds, les eaux minérales, qui sont naturellement médicinales. Quelques-uns entendent par Eau Saturnienne, celle qui se filtre par les pores de la terre, et dont se font les pierres précieuses transparentes. Rulland.
EAU SECHE, qui ne mouille point les mains. A cet égard il faut faire attention que ceux d'entre les Sages qui donnent ce nom à leur mercure, suivent la voie sèche dans l'opération du magistère; parce que ceux qui suivent la voie humide, comme Paracelse, Basile Valentin, etc. appellent leur mercure Lait de vierge, à cause qu'il est en liqueur blanchâtre et qui mouille les mains; au lieu que l'autre est un mercure coulant, de la nature du mercure vulgaire.
EAU SECONDE. Parce que le mercure est une espèce d'eau-forte, mais douce, et qui dissout les métaux sans corrosion.
EAU VEGETABLE. C'est l'eau-de-vie, ou esprit-de-vin rectifié.
EAU VENIMEUSE. Lune des Sages.
EAU VENIMEUSE. Parce qu'elle semble tuer les métaux par son venin, en détruisant leur configuration extérieure et en les réduisant à leur première matière; ce qu'ils ont dit par similitude avec les venins qui tuent le corps humain, après la mort duquel ils le réduisent à ses premiers principes, qui est la cendre.

Ebdanic. Le Mars, ou le fer.

Ebel. Semence de la sauge suivant quelques-uns; et les baies de genièvre, si nous en croyons Rullandus.

Ebisemet. Randeric.

Ebisemeth. Matière des Chymistes Hermétiques dans le temps de sa putréfaction.

Echel. Matière de l'œuvre au noir très noir, ou en putréfaction parfaite.

Echeneis. Petit poisson de la forme d'une grande limace, lequel, si nous en croyons Pline le Naturaliste, a la vertu d'arrêter subitement les plus gros vaisseaux qui voguent à pleines voiles, dès qu'il s'y attache. Cet Auteur dit que Marc-Antoine à la bataille d'Actium, et Caligula en éprouvèrent malheureusement les effets. Liv. 9, ch. 25 et liv. 32, ch. 1.
Quelques Philosophes Hermétiques ont donné le nom d'Echeneis à leur matière fixe, parce qu'elle fixe celle qui est volatile, en se réunissant avec elle, pour ne faire plus qu'un corps inséparable. Voyez la Parabole ou Enigme du Cosmopolite.

Echidna. Femme de Typhon, et mère du dragon Python, qui n'est autre que l'anagramme de Typhon; elle engendra aussi le dragon qui gardait le jardin des Hespérides, celui qui défendait l'entrée de la forêt de Mars, où était suspendue la Toison d'or. Typhon et Echidna n'ont engendré que des dragons ou des serpents; ce qui a fait croire aux Philosophes Hermétiques que toutes les fables que l'on rapporte sur le compte des uns et des autres, ne sont que des allégories des opérations de la pierre philosophale. Echidna, selon eux, dénote la substance froide et humide qu'ils emploient, et qu'ils nommément la Lune, la Sœur, la Femme, la Femelle, Beïa, etc.; et Typhon est l'autre partie de leur matière qu'ils appellent leur Soleil, le Mâle, le Feu, Gabritius, Kibrik, etc. mais dans le temps de la putréfaction des ingrédients ou principes philosophiques de l'œuvre. Voyez les Fables Egypt. et Grecques dévoilées.
ECHIDNA est aussi un nom de la vipère femelle.

Echis. C'est la vipère mâle.

Eclipse du Soleil et de la Lune. Les Philosophes Chymistes disent que le Soleil et la Lune sont éclipsés, lorsque leur matière est dans une entière dissolution, et qu'elle ressemble à de la poix fondue; parce qu'ils appellent leur matière Soleil et Lune, et que dans l'état de putréfaction, qui est un état de ténèbres, leur matière a perdu son éclat.

Ecorce de la Mer. C'est le vinaigre antimonial saturnien Artéphius, le vinaigre très aigre des Philosophes, ou leur mercure.
ECORCE NOIRE. C'est l'écorce de mer en putréfaction.
Ecume de la Mer rouge. Matière des Philosophes préparée pour l'œuvre, ou minière de leur mercure. Flamel est le premier qui ait donné ce nom à cette minière.
ECUME DES DEUX DRAGONS. C'est la matière au noir. Quelques Chymistes ont donné ce nom au beurre d'antimoine.
ECUME DE VERRE. Sel de foudre, ou sel qui surnage le verre pendant sa fusion.

Edes. Or des Sages.

Edetz. Or vulgaire préparé hermétiquement.

Edic et Edich. Le Mars, ou le fer.

Edir. L'acier philosophique, et l'acier fin.

Edulcorer. Laver une matière salée, jusqu'à en ôter tout le sel. Ce terme vulgairement pris, signifie aussi adoucir l'âcreté et la propriété corrosive des sels, esprits ou autres matières. Raymond Lulle a employé plus d'une fois ce terme pour signifier la cuisson ou digestion du mercure des Philosophes jusqu'à sa fixation.

Effervescence. Terme de Physique, qui signifie l'action de deux mixtes, qui, en se pénétrant, produisent de la chaleur, comme il arrive dans presque tous les mélanges des acides et des alkalis, et la plupart des dissolutions minérales. Homberg.

Effusion. Première purification de la pierre des Sages, ou la médecine du premier ordre.

Effydes ou Effides. Céruse.

Egée. Fils de Pandion, Roi d'Athènes, père de Thésée qu'il eut d'Ethra. Pour remplir les conditions d'un traité que les Athéniens avaient fait avec Minos, Roi de Candie, Egée y envoyait tous les ans sept jeunes gens qui y devaient combattre le Minotaure renfermé dans le labyrinthe; le sort échut sur Thésée à la quatrième année. Il partit avec des voiles noires, suivant l'usage; et en cas qu'il revînt victorieux, Thésée devait substituer des voiles blanches aux noires lorsque son vaisseau serait parvenu à la hauteur de l'Attique. Thésée oublia de faire ce changement de voiles, dont il était convenu avec sou père; celui-ci ayant aperçu de loin les voiles noires du vaisseau de Thésée, crut qu'il avait péri comme les autres dans le combat du Minotaure; le désespoir le prit, et il se précipita du haut du rocher où il était, dans la mer. Voyez l'explication de cette fiction dans les Fables Egyptiennes et Grecques dévoilées, liv. 5, ch. 22, et liv. 6, ch. 3.

Egeon ou Briarée. Géant d'une grandeur énorme, fils du Ciel et de la Terre. Les Poètes ont feint qu'il avait cent bras et cinquante ventres; qu'il combattit contre les Dieux, et les mit en déroute; ce qui les obligea de faire la paix avec Jupiter contre lequel ils avaient conspire. Homère, Iliade, liv. 1.
Les Dieux lui donnaient le nom de Briarée, et les hommes celui d'Egeon. Voyez BRIAREE, GEANS.

Egialée. Frère de Médée, autrement nommé Absyrthe, dont voyez l'article.

Egilops. Fétu.

Egîne. Fille d'Asope et mère d'Eaque. V. EAQUE.

Egisthe. Fils de Thyeste et de Polo-peie sa fille, tua son oncle Atrée, devint amoureux de Clytemnestre, et fit mourir Agamemnon son époux. Oreste, fils de ce dernier, vengea sa mort par celle d'Egisthe et de Clytemnestre. Voyez ce que signifient ces crimes prétendus, dans les Fab. Egypt. et Grecq. dévoilées, liv. 3, ch. 14, § 4.

Eglé. L'une des Hespérides, filles d'Hesper. Voyez les Fables Egypt. et Grecq. dévoilées, liv. 2, ch. 2.

Elais. Voyez DORIPE.

Elanula. Alun des Philosophes.

Elaquir. Couperose, ou vitriol vert.

Eieagnon. Arbrisseau appelé Agnus Castus.

Electre. Les Philosophes ont ainsi appelé une de leurs matières; Paracelse la nomme Electre immeur. C'est la même Artéphius nomme moyenne substance entre la mine et le métal. Elis est une chose ni tout-à-fait parfaite, ni tout-à-fait imparfaite. Elle était en voie de perfection; mais la Nature ayant trouvé des obstacles dans ses opérations, l'a laissée imparfaite; c'est pourquoi les Philosophes disent qu'il faut commencer où la Nature a fini. Cet Electre est de race de Saturne, c'est pourquoi quelques-uns l'ont appelé Vénus qui a été surprise par Vulcain en adultère avec Mars. D'autres l'ont nommé Diane, parce qu'il a un bois qui lui est consacré. C'est dans cette forêt qu'était suspendue la Toison d'or. Il est nommé Electre, parce qu'il est composé de deux substances; et Electre immeur, parce qu'il doit venir à sa maturité par les opérations de l'Artiste. Cet Electre est proprement la Lune des Philosophes, qu'ils appellent quelquefois Eau, quelquefois Terre, Plante, Arbre, Dragon, Lion vert, Ombre du Soleil, etc.
ELECTRE est aussi un des noms que les Philosophes Hermétiques ont donné à leur magistère parvenu à la Couleur blanche.
ELECTRE. Mélange des sept métaux fondus ensemble pour n'en faire qu'un même composé. Théophr. C'est d'une semblable composition qu'était faite la clochette de Virgile du temps du Roi Artus, par le son de laquelle l'histoire rapporte qu'il précipitait du haut d'un pont dans la rivière, tous ceux qui passaient sur ce pont, coupables d'adultères, hommes ou femmes. Rull. Paracelse rapporte qu'il a vu un Espagnol ayant une clochette semblable, sur laquelle il y avait divers caractères gravés, et qu'au son de cette clochette l'Espagnol faisait paraître et disparaître des spectres, et d'autres prodiges, à sa volonté.
ELECTRE. Fille d'Atlas, l'une des Pleyades. Voyez ATLAS.
Il y eut une Nymphe de ce nom, fille de l'Océan et de Thétis; celle qui fut fille d'Atlas, devint mère de Dardanus, par le commerce qu'elle eut avec Jupiter. Voyez le liv. 6 des Fables Egypt. et Grecq. dévoilées.

Electrum Succinum. C'est, suivant Planiscampi, une espèce d'ambre artificiel, ou matière métallique composée de quatre parties d'or le plus fin, et d'une cinquième d'argent le mieux coupellé. Les vases qu'on en forme, dit le même Auteur, manifestent le venin ou poison qu'on y aurait versé, mêlé avec quelque liqueur que ce soit : cette matière fait alors un bruit comme si le vase craquait et éclatait, et forme une espèce d'arc très visible.

Elei ou Eleixir. Médecine Hermétique, ou or potable.

Eleisir. Elixir Philosophique parvenu au blanc.

Elément. On a disputé longtemps sur le nombre et les qualités des éléments. Les Péripatéticiens en admettaient quatre, le feu, l'air, la terre et l'eau, auxquels ils attribuaient des qualités sèches ou humides. C'étaient, selon eux, des corps simples, et néanmoins principes de tous les êtres composés, selon la diversité de leur mélange.
Les Chymistes prennent ce terme en quatre sens différons. 1°. Dans le sens d'Aristote, pour un corps simple, principe constituant avec le ciel toute la masse du monde. 2°. Pour le principe des mixtes, existant en puissance ou en acte dans tous les corps sublunaires. 3°. Suivant son existence physique, ou mathématique. Physiquement, en tant qu'ils produisent les corps, les nourrissent, les conservent, ou les détruisent. Ils les considèrent mathématiquement, en tant qu'ils servent aux usages mécaniques, comme à brûler le bois, aux impulsions, à la navigation, au mouvement. 4°. Ils le prennent souvent pour l'essence et la substance même des individus, et pour leur forme; comme l'élément de Vénus est la substance du cuivre, c'est-à-dire, les principes; de même que l'on dit les Eléments d'une Science, pour dire les Principes de cette Science.
Il n'y a point d'élément simple; la terre, par exemple, est un composé de
terre, d'eau, d'air et de feu. Il en est de même des autres trois; et on donne à chacun le nom de celui qui y domine. L'excès y cause de l'altération, et la proportion due du mélange y occasionne du repos. Ils agissent tous les uns sur les autres; et si c'est directement, ils s'altèrent. Le feu agit sur l'eau par le moyen de l'air, sur la terre au moyen de l'eau; s'il y agit immédiatement, il la brûle. L'air est la nourriture du feu, l'eau sert d'aliment à la terre, et tous agissent de concert pour la formation et la composition des mixtes. Voyez le Traité de Physique générale, dans la première partie des Fables Egypt. et Grecq. dévoilées.

Elemptis. Or ou Soleil des Sages.

Eléphas spagyrique. Eau-forte.

Elerna. Mine de plomb.

Elesmatis. Plomb brûlé.

Eleusis. Roi d'une Ville de même nom dans l'Attique, accueillit très gracieusement Cérès dans le temps qu'elle cherchait sa fille Proserpine, que Pluton lui avait ravie. Cérès, par reconnaissance, facilita les couches d'Ione, épouse d'Eleusis, et se chargea de nourrir Triptolême qu'Ione mit au monde. Pendant le jour elle lui donnait de l'ambroisie, et pendant la nuit elle le cachait sous le feu allumé. Ayant été découverte, Cérès se retira et apprit à Triptolême l'agriculture, qu'elle lui ordonna d'enseigner aux hommes. C'est dans cette Ville que furent instituées les fêtes célèbres de Cérès, appelées Mystères Eleusiens. Voyez les Fables Egypt. et Grecq. dévoilées, liv. 4, ch. 2.

Elidrion. C'est le mercure.

Elidrium. Mastic.

Elios ou le Soleil. Un des huit grands Dieux de l'Egypte, suivant Hérodote. Voyez APOLLON.

Elixir. (Sc. Herm.) L'élixir n'est autre chose, selon le bon Trévisan, que la réduction du corps en eau mercurielle, et de cette eau on extrait l'élixir, c'est-à-dire un esprit animé. Le terme Elixir vient étymologiquement de E et lixis, c'est-à-dire, de l'eau; parce que dans l'œuvre tout se fait avec cette eau.
L'Elixir est la seconde partie, ou la seconde opération de l'œuvre des Sages, comme le Rebis est la première, et la Teinture la troisième. D'où l'on doit conclure que l'azoc n'est point requis pour l'élixir, puisqu'il se tire de l'élixir même. Il y a trois sortes d'élixirs dans le magistère. Le premier est celui que les Anciens ont appelé Elixir des corps. C'est celui qui se fait par la première rotation, qui est poussée jusqu'au noir. Le second se fait par sept imbibitions, jusqu'au blanc et au rouge. Le troisième, appelé Elixir des esprits, se fait par la fermentation. Ce dernier se nomme aussi Elixir du feu. C'est avec lui que se fait la multiplication.
ELIXIR PARFAIT AU BLANC. Termes dont les Chymistes Hermétiques se servent pour exprimer l'état de leur matière cuite, digérée et calcinée à blancheur. Lorsqu'elle est jointe à son ferment et qu'elle a atteint ce degré de perfection, elle convertit en argent tous les métaux imparfaits sur lesquels elle est projetée. Elle est alors également médecine pour les végétaux et les minéraux; elle est propre à faire les pierres précieuses, les perles. C'est la vraie huile de Talc tant vantée des Anciens. Quelques Philosophes ont prétendu qu'elle était aussi médecine pour le corps humain, mais particulièrement pour les femmes; parce qu'étant moins ignée que lorsqu'elle est parfaite au rouge, elle est plus tempérée, et plus propre aux maladies du sexe féminin.
ELIXIR PARFAIT AU ROUGE. Ouvrage de la pierre poussée à sa perfection. Les Philosophes lui ont donné le nom d'Elixir, terme arabe qui signifie ferment, parce que dans la transmutation des métaux imparfaits il se fait une fermentation causée par la poudre de projection, qui y sert comme de levain à la pâte, et y occasionne ce changement subit qui du plomb, mercure, cuivre, etc. fait un or vrai, et même plus parfait que l'or des mines.
Cet Elixir est aussi médecine pour le corps humain; Raymond Lulle s'étend fort au long sur les propriétés de cette panacée, et dit avoir été tiré des portes de la mort par son secours. Hermès l'appelle la Force de toute force, et les Alchymistes Or potable, dont voyez l'article.
ELIXIR COMPLET. Teinture corporelle extraite des corps parfaits métalliques, au moyen d'une vraie dissolution, et d'une naturelle et parfaite congélation. D'autres le définissent un composé des espèces limpides et les plus pures des choses, d'où il en résulte un antidote ou médecine qui purge et guérit les animaux de toutes leurs maladies.
Cet Elixir est composé de trois choses; savoir : de la pierre lunaire, de la solaire, et de la mercurielle. Dans la lunaire, est le soufre blanc; dans la solaire, le soufre rouge; et la mercurielle contient l'un et l'autre.

Elkalei. Marais, étang, mer des Sages.

EIinantes. Vers de terre.

Eloanx. Orpiment.

Elome. Orpiment.

Elopitinum. Vitriol.

Elos-Maris. Plomb brûlé.

Elpis. Scorie d'argent.

Elposilingi. Ecume ou écaille de fer.

Elqualiter. Vitriol vert.

Eisabon. Voyez HELSEBON.

Eitz. Fleurs d'airain.

Elurus ou le Dieu Chat. Dieu des Egyptiens. Voyez CHAT.

Elysées (les Champs). Lieu de retraite et de délices que les âmes des justes allaient habiter après la mort, pendant que celles des médians allaient subir dans le Tartare les tourments et les supplices auxquels Minos, Eaque et Rhadamante les condamnaient. Les Poètes Grecs et Latins ont tâché de nous donner des Champs Elysées l'idée la plus flatteuse, la plus attrayante, et la plus aimable. La description qu'ils en font est à peu près la même que celle de l'île de Nisa, où ils disent que Bacchus fut nourri, et celle-ci est très conforme à la description que les Philosophes font de l'île des Sages Hermétiques. Virgile entre autres en a fait un détail très circonstancié dans son récit de la descente d'Enée aux Enfers. On peut voir l'explication que j'en ai donnée à la fin du 6e livre des Fables Egypt. et Grecq. dévoilées.

Elzaron. C'est le sel des Sages qu'ils appellent leur corps, leur gomme. Pre-nez le corps clair, pris sur les petites montagnes, qui ne se fait point par la putréfaction, mais par le seul mou-vement. Broyez ce corps avec la gomme EIzaron et les deux fumées. Car la gomme EIzaron est le corps qui saisit l'esprit. Marie, Epît. à Aros.

Eizimar. Fleurs d'airain.

Ema. Sang.

Emblegi. Mirabolans.

Emblème. Les Philosophes Hermétiques se sont expliqués plus souvent par emblèmes et par énigmes que dans des discours suivis et à la portée de tout le monde. D'Espagnet prétend même qu'il est plus aisé de pénétrer leurs pensées et de dévoiler leurs sentiments dans leurs emblèmes que dans leurs écrits. Michel Majer a fait un traité entier d'Emblèmes Hermétiques, qui a pour titre : Athalanta fugiens. Ce même ouvrage est connu sous le titre : Secretissimorum Naturœ secretorum scrutinium. D'Espagnet dit qu'on y voit les secrets des Adeptes presque aussi clairement représentés que dans un miroir. C'est aux amateurs de cette Science à décider si ce témoignage est mérité.

Embryon. Les Philosophes chymiques donnent aussi ce nom à leur mercure avant qu'il soit extrait de sa minière, et à leur soufre lorsqu'il n'est pas encore manifesté. Michel Majer dans ses Emblèmes chymiques les représente sous la forme d'un enfant placé au nombril d'un homme qui a les bras étendus, et dont les doigts et les cheveux brûlent et exhalent une épaisse fumée, avec ces termes au-dessous : le vent l'a porté dans son ventre. Dans un autre emblème, une femme ayant un globe au lieu de poitrine, sur lequel s'élèvent deux mamelles, allaite un enfant, qu'elle soutient de la main droite, avec ces paroles : la Terre est sa nourrice, le Soleil est son père, et la Lune sa mère.
Toutes ces expressions doivent être prises à la lettre, et ne sont point énigmatiques. Mais lorsqu'ils parlent de leur soufre, ils ne le font que par allégories. C'est lui que la Fable nous représente sous le voile de la naissance de Bacchus, d'Esculape, d'Achille; et la manière de le faire, par le récit de l'éducation que Chiron le Centaure leur a donné. Apollon et Diane frères jumeaux, enfants de Jupiter et de Latone, sont cet embryon devenu enfant, puis en âge d'homme; et lorsque la Fable ajoute que Diane servit de sage-femme pour mettre au jour Apollon, c'est que le soufre rouge ne doit jamais paraître avant le blanc : ce dernier s'appelle le règne de la Lune, et l'autre celui du Soleil. Ainsi la Fable s'explique fort aisément suivant les interprétations des Philosophes chymiques, comme on peut le voir dans les articles Jupiter, Esculape, Apollon, etc.

Emeraude des Philosophes. Nom qu'ils ont donné au flos cœli, et quelques-uns à la rosée des mois de mai et de septembre. Ils regardent cette dernière comme le mâle, parce qu'elle est plus cuite et digérée par les chaleurs de l'été; et l'autre ils l'appellent femelle, parce qu'elle est plus froide, plus crue, et qu'elle participe plus de l'hiver.
Quelques Chymistes prenant ces paroles à la lettre, ont cru que la rosée était la matière dont les Philosophes Hermétiques tirent leur mercure, parce qu'ils disent souvent dans leurs livres que le mercure est mâle et femelle; et se sont imaginés en conséquence que l'union de la rosée de mai avec celle do septembre formait le mariage si recommandé par les vrais Chymistes. Mais ils auraient dû faire attention que la matière de leur mercure doit être minérale, parce que d'un bœuf il ne naît qu'un bœuf, d'un homme un homme, et que l'on se tromperait lourdement si d'un arbre ou d'une plante on voulait faire un métal.

Empâter. Congeler, fixer la matière volatile de l'œuvre des Sages.

Encarit. Chaux vive; mais c'est celle des Philosophes, et non la chaux avec laquelle on bâtit.

Encélade. Géant que l'on a souvent confondu avec Typhon. Il fut foudroyé par Jupiter dans le combat des Géants contre les Dieux. Voyez GEANTS.

Encre. Matière de l'œuvre dans le temps de sa parfaite dissolution, ainsi nommée de la noirceur extrême qui lui survient dans cet état de putréfaction.

Endéide ou endéis. Mère de Pelée, père d'Achille. Voy. PELEE.

Enée. Fils de Vénus et d'Anchise, fut un des principaux Héros qui défendirent la Ville de Troye contre les Grecs, qui ne s'en rendirent maîtres qu'au bout de dix ans de siège. Enée se réfugia en Italie, et pendant son voyage il fit sa descente aux Enfers, accompagné de la Sibylle, qui lui servit de guide. Voyez à la fin du 6e livre des Fables Egypt. et Grecq. dévoilées.

Enestrum. C'est, dit Planiscampi, le firmament perpétuel aux éléments quadruples, ou l'esprit prophétique, qui par des signes précédons, présage assurément le futur.

Enfant. Les Chymistes Hermétiques donnent assez souvent ce nom à leur soufre, et quelquefois à leur mercure. Les quatre enfants de la Nature sont les quatre éléments, desquels elle se sert pour former tous les êtres sublunaires. Les Alchymistes disent que deux de ces éléments sont mâles et deux femelles, deux pesants et deux légers. Les Philosophes chimistes trouvent cet enfant formé par la Nature, et tout leur secret consiste à le tirer de sa matrice ou minière; ils le nourrissent ensuite d'un lait qui lui est propre, le même que Thétis donnait à Achille, et ils en forment leur soufre. Cet enfant est, selon eux, plus noble et plus parfait que ses père et mère, quoiqu'il soit fils du Soleil et de la Lune, et que la Terre ait été sa première nourrice.

Enfer. Les Philosophes Hermétiques appellent de ce nom le travail inutile, et pour ainsi dire éternel, des faux Alchymistes, qui sont continuellement au milieu des fourneaux allumés, et qui ne voient jamais Dieu, quoiqu'ils le désirent sans cesse; c'est-à-dire, qui ne parviennent point à la perfection du grand œuvre, qui leur donnerait tout ce qui peut satisfaire le cœur humain dans cette vie. Quelquefois ils appellent du nom d'Enfer leur matière en putréfaction, parce que le noir est l'image des ténèbres, et que l'Enfer est un lieu de ténèbres et d'horreur.

Enflamber. Vieux mot que l'on trouve dans les ouvrages de Flamel et du Trévisan, pour signifier donner trop de feu, en augmenter le degré outre mesure. On y voit aussi le terme Afflamber, dans le même sens.

Engendrement et Noces. C'est le temps où le volatil et le fixe de la matière de l'œuvre se dissolvent ensemble, et se réunissent pour n'être plus séparés. De ces deux il s'en forme par conséquent un troisième, qu'on dit engendré, parce que les Philosophes donnent le nom de mâle au fixe, et celui de femelle au volatil.

Engendrer. Voyez l'article précédent.

Enigme. Discours allégorique, qui, sous une enveloppe de mots ambigus et équivoques, renferme un sens vrai. Les anciens Philosophes ont enseigné leur Philosophie naturelle et chymique sous des emblèmes, des figures hiéroglyphiques et des énigmes, afin que le vulgaire et même les savants, qui ne seraient pas initiés dans leurs mystères, n'y comprissent rien. Les Alchymistes modernes suivent en cela les anciens.

Enna. Prairies où Proserpine cueillait des narcisses dans le temps que Pluton l'enleva. V. PROSERPINE.

Ennemi. L'un des noms que les Philosophes ont donné à leur matière au blanc; mais en général ils ont appelé Ennemis le fixe et le volatil, parce qu'ils semblent se combattre perpétuellement, au moins jusqu'à ce que l'un des deux ait absolument vaincu l'autre, et l'ait rendu de sa propre nature. Quand le fixe a fixé le volatil après avoir été lui-même volatilisé, les Adeptes disent qu'ils ont fait la paix entre les ennemis, parce qu'alors ils deviennent tellement unis, qu'ils sont inséparables.

Entali. Alun de plume.

Entrant. Qui pénètre, qui a de l'ingères. Les Philosophes disent que leur poudre de projection est parfaite, lorsque par la cuisson elle est devenue entrante, fondante et tingente; parce qu'alors elle a toutes les propriétés requises pour la transmutation.

Envie. En fait de science Hermétique, ce terme ne signifie pas jalousie du bien d'autrui, et désir de le lui enlever, mais une discrétion poussée à outrance à l'égard du secret de la pierre, c'est-à-dire, de sa matière et des procédés qu'il faut tenir pour la faire.

Envieux. Terme fort usité dans les ouvrages de science Hermétique. C'est un reproche que les Philosophes se font les uns aux autres sur le style énigmatique, les sophistications et les allégories qu'ils ont répandues dans leurs livres pour tromper les ignorants. Ce terme doit s'entendre dans le sens que l'on dit : un homme est jaloux de son secret, il le tient caché. Il est à remarquer que ceux qui font de tels reproches aux autres Philosophes, méritent très souvent ce nom à plus juste titre, et dans les endroits mêmes où ils paraissent parler avec la plus grande ingénuité; c'est alors qu'il faut se défier le plus de leurs discours. Car toutes leurs recettes sont communément ce qu'on appelle de la graine pour les sots; c'est dans les endroits les plus obscurs et énigmatiques que la vérité est cachée. Il faut d'ailleurs savoir qu'ils n'ont presque jamais tout dit de suite, et que le plus grand nombre n'a parlé que de la seconde opération.

Enur. Vapeur de la terre qui sert de semence et de nourriture aux pierres.

Eous. Un des chevaux du Soleil.

Epaphus. Fils de Jupiter et d'Io, eut dispute avec Phaëton sur la vérité de sa race; celui-ci piqué, voulut lui prouver qu'il était véritablement fils du Soleil, et pour cet effet demanda avec beaucoup d'instances à son père de lui laisser conduire son char un jour seulement. H l'obtint; mais malheureusement pour lui, il le mena si mal qu'il aurait incendié toute la terre, si Jupiter ne l'avait précipité dans le fleuve Eridan. Voyez ce que signifie cette fiction dans les Fables Egypt. et Grecq. dévoilées, liv. 3, chap. 12 et suivants.

Epar. Plusieurs Chymistes ont donné ce nom à l'air. Johnson.

Epée. C'est le feu des Philosophes, de même que la lance, le cimeterre, la hache, etc.

Epervier. Oiseau de proie carnassier et d'une nature chaude et ignée. Les Egyptiens l'avaient en conséquence consacre à Osiris, et les Philosophes Hermétiques l'ont employé dans leurs hiéroglyphes, pour signifier leur matière fixe solaire, qu'ils ont aussi appelée Minière de feu céleste.

Ephese ou Bain. Seconde opération de la pierre, dans laquelle le feu humide dissout le feu sec.

Ephialte et Otus. Deux frères géants, fils de Neptune; ils firent la guerre aux Dieux. Voyez GEANS.

Ephodebuts. Quelques Chymistes ont donné ce nom à leur pierre parfaite au rouge, à cause de la couleur de pourpre du vêtement qui portait autrefois ce nom. La Fable dit qu'Apollon en prit un semblable, quand il chanta sur sa lyre la victoire que Jupiter remporta sur les Géants.

Epipolapsis. Sublimation philosophique.

Eposilingi. Mâchefer.

Eposilingua. Ecume de fer.

Epouse. Mercure ou eau mercurielle et volatile des Philosophes, qu'ils ont aussi appelée Sœur, Femme, Beja, etc.
EPOUSE ENRICHIE DES VERTUS DE SON EPOUX. (Sc. Herm.) Expressions dont Solomon s'est servi dans le Code de Vérité, pour signifier la pierre au blanc. Solomon ajoute, que la puissance, l'honneur, la gloire, la force et la royauté lui ont été donnés; que sa tête est ornée d'une couronne rayonnante de sept étoiles, et qu'il est écrit sur ses habits : je suis la fille unique des Sages, entièrement inconnue aux fous.
Epouser. Action par laquelle le fixe et le volatil de la matière des Philosophes se réunissent inséparablement. Ces noces se font dès le temps de la dissolution, et l'union s'achève dans le temps de la fixation.
Epoux. C'est l'or philosophique.

Equivoque. Les Chymistes Hermétiques se sont appliqués à embrouiller le sens de leurs paroles, en choisissant les termes qui sont susceptibles de divers sens, non pas pour tromper et induire en erreur, puisqu'ils en avertissent le Lecteur, mais pour rendre leurs pensées plus difficiles à pénétrer.

Erebe. Dieu né du Chaos et des Ténèbres, épousa la Nuit, et en eut divers enfants. Voyez ENFER.

Erichtonîus. Fils de Dardanus, Roi de Troye. Voyez le livre 6, des Fables Egypt. et Grecq. dévoilées.

Eridan. Fleuve d'Italie dans lequel Phaëton fut précipité, pour avoir mal conduit le chariot du Soleil son père. Voyez PHAËTON.

Erymanthe. Montagne d'Arcadie sur laquelle Hercule prit un sanglier furieux, qu'il porta tout vivant à Eurysthée. Voyez l'explication de cette fable dans l'article EURYSTHEE.

Erypile. L'un des Héros Grecs qui firent le siège de Troye, eut pour sa. part des dépouilles de cette Ville un coffre dans lequel était une statue de Bacchus de la main de Vulcain, que Jupiter avait donnée à Dardanus. Erypile ayant ouvert ce coffre et jeté les yeux sur cette statue, devint furieux. Dans un de ces moments d'intervalle que la fureur lui laissait, il alla consulter l'Oracle de Delphes, qui lui répondit qu'il devait s'arrêter dans un lieu où il trouverait des gens prêts à offrir un sacrifice barbare, y déposer le coffre, et y établir son domicile. Erpile se rembarqua, se laissa aller au gré des vents, et aborda à la côte de Patras, où étant descendu dans le temps qu'on allait immoler un jeune garçon et une jeune fille à Diane Triclaria, il se présenta avec son coure; on interrompit le sacrifice, et on ouvrit le coffre, persuadé qu'il y avait dedans quelque Divinité. Ils reconnurent Bacchus, et instituèrent une fête annuelle en son honneur, et le nommèrent Bacchus Esymnete. Erypile guérit de sa fureur, et fixa sa demeure dans ce pays-là. Voyez les Fables Egypt. et Grecques, liv. 3, ch. 14, § 2 et liv. 6.

Eryx. Fut vaincu par Hercule. Voyez le livre 5 des Fables Egypt. et Grecq. dévoilées.

Es ou AEs, ou Airain. Voyez CORPS ou TERRE DES PHILOSOPHES. Laiton.

Esculape. Fils d'Apollon et de la Nymphe Coronis, fille du Roi Phlegyas, fut tiré par Mercure du ventre de sa mère après qu'elle eut été tuée par Diane, et consumée sur le bûcher où elle avait été mise. Il fut nourri par Trigone, et élevé par le Centaure Chiron, qui lui apprit la Médecine dans
une perfection si grande, qui par son moyen la Fable dit qu'il ressuscita Hyppolite dévoré par ses propres chevaux. Esculape, selon quelques-uns, eut pour femme Epione, et pour enfants Machon et Podalire, Jason et Hygiée. On le représentait un bâton à la main, avec des serpents qui l'environnaient, et il fut toujours honoré par les Païens comme le Dieu de la Médecine. C'est pourquoi les Alchymistes prétendent que toute son histoire fabuleuse n'est qu'une allégorie des opérations et de la matière de la Médecine universelle. Sa naissance seule suffirait pour le prouver; car il est dit qu'il fut tiré des cendres de sa mère par Mercure, et que le père de Coronis s'appelait Phlegye, du grec Phlegein, en français Brûler.
D'ailleurs la Fable dit que Jupiter eut affaire avec Latone, d'où naqui-rent Diane et Apollon, et d'Apollon Esculape; parce que la blancheur précède toujours le rouge, après lequel vient Coronis ou le noir, d'où sort ensuite Esculape ou cette médecine dorée et universelle dont les effets sont si surprenants tant sur les corps humains que sur les métaux. Voyez une explication) plus étendue de cette fiction dans le 3e livre, chap. 12, § 2 des Fables Egyptiennes et Grecques dé-voilées.

Esebon ou Alsabon. Sel commun.

Eson. Fils de Crethée, et frère de Pelias qui le détrôna. Eson étant devenu vieil et caduque, fut rajeuni par Médée que Jason avait amenée avec lui à son retour de la conquête de la Toison d'or. Voyez les Fables Egypt. et Grecq. dévoilées, liv. 2, ch. 1.

Esprit. Les Philosophes Hermétiques n'entendent pas par ces termes une substance immatérielle, mais une substance extrêmement ténue, subtile, pénétrante, répandue dans tous les mixtes, et spécifiée dans chacun d'eux suivant sa nature, ses qualités, et le règne de la Nature auquel il appartient. Ils reconnaissent aussi un esprit universel physique, igné, répandu dans tout l'Univers, qu'il vivifie par son action continuée sans interruption : ils lui donnent le nom d'Archée de la Nature, et le regardent comme le principe indéterminé de tous les individus. Voyez les Principes généraux de Physique dans les Fables Egypt. et Grecq. dévoilées.
Quelquefois les Chymistes Hermétiques appellent aussi Esprit leur mercure, à cause de sa volatilité. Ils donnent encore ce nom à leur matière parvenue au blanc. Mais communément ils joignent une épithète à ce terme Esprit, comme on peut le voir dans les articles suivants.
ESPRIT FUGITIF. Nom que les Philosophes Hermétiques ont donné à leur mercure, quoiqu'il soit un corps métallique; mais ils appellent esprit tout ce qui n'est pas dur, compacte, solide; et corps tout ce qui forme une masse coagulée et fixée, dont les parties sont difficiles à séparer. Tout ce qui est liquide et volatil est esprit, quand il participe du mercure commun. Tout ce qui est compact et fixe est corps. Tels sont les métaux parfaits, et le fixe des imparfaits, les sels fixes des trois règnes. L'âme est le milieu ou le lien qui lie le fixe avec le volatil.
Les Chymistes ont aussi appelé leur mercure :
ESPRIT DE MERCURE.
ESPRIT CRUD, ESPRIT DU CORPS CUIT signifient la même chose que Mercure dissolvant des Philosophes.
ESPRIT DE VIE. Parce qu'il vivifie les métaux qui sont comme morts dès qu'ils ont perdu, en sortant de la mine, cet esprit qui les y vivifiait, et leur donnait une vertu multiplicative.
ESPRIT DES PHILOSOPHES. Parce que les Sages seuls ont le secret de le rendre esprit en le délivrant de la prison ou corps dans lequel la Nature Pavait renfermé.
ESPRIT UNIVERSEL. C'est proprement le nitre répandu dans l'air, imprégné de la vertu des astres, et qui, animé par le feu de' la Nature, fait sentir son action dans tous les êtres sublunaires. Il est leur aliment, il leur donne la vie, et les entretient dans cet état autant de temps que son action n'est point empêchée par le défaut des organes, ou par la désunion des parties qui les composent.
ESPRIT VEGETABLE. En termes de Chymie, signifie soufre.
ESPRIT PUANT. Terme de science Hermétique, qui signifie la même chose que soufre philosophique. C'est aussi la matière au noir et le mercure en putréfaction.
ESPRIT SUBLIME. Mercure des Sages extrait de sa minière et purifié.
ESPRIT DE L'OR, OU OR EN ESPRIT. Mercure des Philosophes Hermétiques.
ESPRIT DE MIEL. Glazer dit qu'il réduit tous les métaux en vitriol, c'est-à-dire, en mercure; mais la chose est fausse.

Essatta. Art de tirer les essences des mixtes.

Essatum essentiel. Vertus, propriétés essentielles aux mixtes particuliers de chaque règne de la Nature.
ESSATUM VINUM. Esprit de vin rectifié, au moyen duquel on extrait les teintures, les odeurs et les essences des corps.

Essence. Matière des Philosophes parvenue à la couleur blanche. Les Adeptes lui ont aussi donné le nom d'Essence blanche. Voyez QUINTES-SENCE.

Essensifier. Cuire, digérer la matière de l'œuvre pour en faire l'essence des Chymistes Hermétiques.

Estibium. Antimoine.

Estomac d'autruche. Les Philosophes Chymiques donnent ce nom à leur dissolvant, ou mercure philosophique; et les Chymistes ordinaires l'interprètent de l'eau-forte commune.

Etain. Métal blanc, auquel les Chymistes ont donné le nom de Jupiter, fils de Saturne. En termes de Philosophie Hermétique, c'est la couleur grise, qui dans les opérations de l'œuvre, succède immédiatement à la couleur noire appelée Saturne, ou Laiton qu'il faut blanchir, Plomb livide, etc.
ETAIN CALCINE. C'est la pierre parvenue au blanc, que les Philosophes. appellent aussi Chaux d'étain, Lune dans son plein, Diane nue, etc. L'étain vulgaire a une propriété qu'on ne remarque pas dans les autres métaux,. c'est d'augmenter de poids quand on le calcine, au lieu que les autres métaux diminuent. On dirait qu'il absorba les parties ignées des charbons, ou que sa chaux est un aimant de l'esprit universel qui se corporifie avec lui.
ETAIN DES PHILOSOPHES, ou leur Plomb blanc. C'est leur mercure dépouillé de sa noirceur, avant qu'il soit parvenu au blanc parfait.
Eté. Madère au blanc ou régime du feu du troisième degré. Sa complexion est ignée. Ce troisième degré fixe le mercure, et sa chaleur est semblable à celle du soleil dans le signe du Lion. Il faut le continuer jusqu'au rouge. Lorsque ce rouge est absolument digéré, il est si fixe qu'il ne craint plus le feu. Notre Dragon, dit Philalèthe, est alors décoré de toutes les vertus célestes et terrestres. Souvenez-vous aussi que chacune de ces chaleurs doit être le double de l'autre. C'est dans ce régime que les fruits apparaissent, et qu'il monte au Ciel sur un char de feu;
car alors paraîtra la rougeur, qui sera permanente dans toutes les révolutions faites par cinq cuissons après la vraie blancheur.

Etheb. Terme de Science Hermétique, qui signifie parfait; ainsi lorsque les Philosophes disent que leur poudre convertit tant ou tant de parties de plomb, étain, etc. en étheb, il faut entendre en or ou en argent, qu'ils regardent comme des métaux parfaits.

Ethel. Est un des noms que les Philosophes ont donné à leur vase ou œuf des Sages. Lorsque le corps sera réduit en poudre impalpable, il faut le sublimer dans l'éthel, avant de le mêler avec notre airain; et ce qui empêcherait la teinture et Pingres, demeurera au fond de l'éthel. Auriga Chemicus.

Ethelia. Est, selon les Philosophes Spagyriques, cette âme cachée et métallique, ou ce soufre de nature concentré dans les métaux imparfaits, que leur eau mercurielle extrait et sépare des impuretés terrestres qui l'enveloppent, et qui la tiennent comme en prison.
ETHELIA est aussi un des noms qu'ils ont donné à leur matière en putréfaction qui forme ce qu'ils appellent leur Saturne, leurs métaux imparfaits, leur corps immonde, leur laiton qu'il faut blanchir.

Etoiles des philosophes. Ils donnent communément ce nom aux couleurs qui surviennent dans le vase pendant les opérations du grand œuvre. Mais ils prennent ordinairement les termes de Planètes et d'Etoiles pour signifier leurs métaux; ou les planètes terrestres, c'est-à-dire les métaux vulgaires.
ETOILE AU COUCHANT. Sel armoniac.
ETOILE DE LA TERRE. Talc.

Evan. Surnom de Bacchus.

Evaporation. Séparation des esprits ou matière spirituelle des corps, par l'action de l'air ou du feu. Le mercure des Sages a deux taches originelles, dit d'Espagnet; la première est une terre impure, sulfureuse que l'on en sépare par le bain humide; la seconde est une humidité superflue qui s'est nichée entre cuir et chair, et qui le rend par le bain sec du feu doux et bénin hydropique; il faut la faire évaporer de la Nature.

Eudica. Matière du grand œuvre des Philosophes Chymiques. 0 bon Roi ! dit Morien, vous devez savoir parfaitement avant toutes choses, que la fumée rouge, et la fumée blanche, et la fumée orangée, et le lion. vert, et Almagra, et Pimmondice du mort, et le limpide, et le sang, et l'Eudica, et la terre fétide, sont des choses dans lesquelles consiste tout le magistère. Morien explique dans la suite ce que c'est qu'Eudica. Eudica, dit-il, est la chose la plus secrète de toutes celles que je viens de nommer. On l'appelle autrement Moszhacumia, ce qui signifie fèces ou immondices du verre. Il ne faut cependant pas s'imaginer que Morien entende par ces termes, les excréments ou superfluités hétérogènes qui se trouvent dans les creusets des Verreries : c'est la base de tous les êtres, et par conséquent du verre. C'est la pierre au blanc.
EUDICA. (Sc. Herm.) Eau mercurielle des Philosophes, faite pour défendre le corps de la terre de combustion, ce qui lui a fait donner par Morien le nom de fiel ou fèces de verre, parce que les fèces de verres mêlées avec les métaux en fusion, empêchent qu'ils ne soient brûlés. C'est cet Eudica qui accoutume la matière aux atteintes du feu. C'est ce serviteur rouge qu'il faut marier avec sa mère odorante; ce Pyrrhus, fils d'Achille, aux cheveux rouges, aux yeux noirs, et aux pieds blancs. Ce Chevalier armé pour combattre le Dragon, et lui arracher la vierge intacte Beja, ou blanche; Per-sée qui en présentant la tête de Méduse, défend Andromede, fille de Cassiope et de Céphée Roi d'Ethiopie, contre le Monstre matin, la délie des chaînes qui la retenaient, et la prend pour épouse.
EUDICA. Quelques-uns croient qu'il faut entendre ce terme de la matière au blanc; d'autres, avec le Philalèthe, l'expliquent de la matière en putréfaction.

Eve. Magistère des Sages, lorsqu'il est parvenu à la blancheur.

Euphemus. L'un des Argonautes, et leur Pilote. C'est à lui que Triton donna une motte de terre, dont la signification est expliquée dans le liv. 2, chap. 1 des Fables Egypt. et Grecques dévoilées.

Euphrate. Est un des noms donnés par les Chymistes Hermétiques à la matière du grand œuvre parvenue à la couleur blanche.

Europe. Sœur de Cadmus, et fille d'Agenor, fut enlevée par Jupiter changé en Taureau blanc. Il en eut Minos et Rhadamanthe. Voyez l'explication de cette fiction, liv. 3, ch. 14, § 5.

Eurydice. Voyez l'article d'ORPHÉE.

Eurysthée. Roi de Mycenes, ayant obtenu le pouvoir de commander à Hercule, il l'obligea d'aller tuer un Sanglier furieux qui ravageait toute la montagne d'Erymanthe; Hercule y fut, s'en saisit et le porta tout vivant à Eurysthée. Cette fable, selon l'explication des Alchymistes ou Philosophes Spagyriques, est le symbole du grand œuvre. Le mont Erymanthe signifie le vaisseau philosophique, qu'ils appellent assez communément Montagne. Le Sanglier est le mercure philosophique, dont les esprits corrosifs détruisent tout ce qu'on leur donne à dissoudre. Hercule est l'Artiste qui travaille ce mercure, le lie en le fixant; et après l'avoir animé de son soufre, en fait la pierre philosophale, et la médecine universelle représentée par Eurysthée.
Fabri dit que cette fable dévoile ce que les Philosophes se sont toujours efforcés de cacher, c'est-à-dire la matière de leur pierre, et l'endroit où l'on doit chercher cette matière. Voici comment il s'explique dans son livre intitulé : Hercules Piochymicus. Sous cette fable, dit-il, est caché le plus excellent et le plus admirable secret de la Chymie; car elle nous découvre ce que les Philosophes ont enveloppé du ténébreux voile de l'énigme. Elle nous montre quel est, et en quel lieu l'on trouve ce Sanglier d'Erymanthe, qui est le vrai mercure des Philosophes; car de la fleur de Vénus et du mercure vulgaire, préparés comme il faut, l'on tire cette vapeur onctueuse dont les Philosophes font tant de cas. On le voit par le terme d'Erymanthœus, qui ne signifie autre chose que fleur de Vénus; car Erycine était un surnom de Vénus, et Anthos en grec, signifie Fleur en français. Je laisse au Lecteur savant dans la Philosophie Spagyrique à juger si Fabri était Philosophe, ou s'il en donne à garder, comme ces Messieurs ont coutume de faire. On trouve cette fable et les autres travaux d'Hercule expliqués dans le 5° livre des Fables Egypt. et Grecq. dévoilées.

Eurythus. Roi d'Œchalie, avait une fille vierge qu'il refusa de donner en mariage à Hercule. Celui-ci ravagea toute l'Œchalie, tua Eurythus, et se maria avec lole sa fille. Eurythus, selon les Alchymistes, signifie l'esprit minéral et les parties hétérogènes qui noircissent et corrompent la matière chymique qui renferme cette terre vierge dont lole est le symbole. Hercule ou le mercure philosophique cherche à s'unir avec cette terre vierge, mais Eurythus s'y oppose par ses parties hétérogènes. Le mercure philosophique putréfie Eurythus, le tue, pour ainsi dire, et par ce moyen obtient lole par force, s'unit avec elle, et en la sublimant, l'élevé au haut du vase, que les Alchymistes nomment le Ciel, et en fait une terre feuillée, d'où doit naître ce fils admirable qui fait la joie de l'Univers, et sa félicité.

Exaltation. Voyez SUBLIMATION.
EXALTATION D'EAU. C'est la fixation du mercure des Sages en pierre; parce qu'alors l'eau mercurielle est exaltée en perfection, comme dit Hermès dans la Table d'Emeraude.
EXALTATION. Les Philosophes Hermétiques comptent l'exaltation entre les sept opérations du grand œuvre; c'est la sublimation philosophique prise dans le sens de sublimation ou perfection.
EXALTER. En terme de Science Hermétique, sublimer, perfectionner. Lorsque les Philosophes disent que leur matière est exaltée, il faut entendre, ou qu'elle est subtilisée par la sublimation, ou qu'elle a déjà acquis le degré de perfection qu'elle doit avoir pour être élixir au blanc ou au rouge.
EXALTER. Perfectionner; ce qui se fait non par les opérations de la chymie vulgaire, mais par la simple digestion à l'aide du feu philosophique. Lorsque l'œuvre est parfaite, ils donnent à leur poudre le nom de Pierre exaltée.

Excrément du suc du plan de Bacchus. C'est le tartre.

Extraction. En termes de Chymie Hermétique, ne signifie pas, comme dans la Chymie ordinaire, une expression du suc de quelque plante, ou de quelque animal, etc. mais une continuation du régime du feu philosophique, au moyen duquel une couleur succède à une autre. C'est dans ce sens qu'ils disent, qu'il faut extraire la rougeur de la blancheur, parce que la blancheur doit toujours précéder la rougeur de la matière; c'est pourquoi la Fable dit que Diane, sœur d'Apollon, servit de sage-femme à sa mère, pour lui aider à mettre au monde Phœbus, qui est le même qu'Apollon ou le Soleil, et que les Philosophes Chymiques appellent Diane nue, Lune, Or blanc, leur matière au blanc parfait; et qu'ils nomment Soleil, Apollon ou leur Or, la matière parfaite au rouge. Quand on dit qu'il faut commencer l'œuvre par l'extraction du mercure, on doit entendre ce terme dans sa signification vulgaire.

Extraire le suc de la Saturnie végétable. C'est tirer le mercure de sa minière.
EXTRAIRE LES ELEMENS. Continuer le régime du feu pour les opérations. Si vous ne savez pas extraire l'eau de l'air, la terre de l'eau, et le feu de la terre, vous ne réussirez pas dans l'œuvre, dit Aristote le Chymiste. C'est-à-dire, qu'il faut continuer les opérations du magistère de manière que vous réussissiez à voir le régime des couleurs dans leur ordre; d'abord le noir, qui est une preuve de la dissolution de la matière en eau; ensuite le blanc, qui est la terre feuillée des Philosophes; enfin la couleur rouge, qui est le feu des Sages ou la minière de leur feu, c'est-à-dire, leur soufre vif et animé.

Extrêmes. Les extrêmes de l'œuvre sont les éléments principes de tout, et l'or, perfection de l'œuvre. Il ne faut point prendre les éléments ni l'or pour la matière de l'œuvre mais une matière qui participe des éléments principes, ou matière féconde des mixtes métalliques. De même que pour faire du pain, on ne prend ni du pain cuit, ni l'eau et la terre qui sont les principes du froment; mais la farine même du froment.

Extrémités de la pierre. Philalèthe les appelle dimensions, et dit que le mercure en est une et l'élixir complet l'autre. Les milieux sont les corps ou métaux philosophiques imparfaits. Les deux extrémités dans l'œuvre sont la trop grande crudité de la matière avant qu'elle soit préparée, et sa parfaite fixation; c'est-à-dire, le mercure crud et la poudre de projection.

Eyeb. Or.

Ezeph. Soleil des Philosophes.

Ezimar. Fleurs d'airain.



F

Faba. Le tiers d'un scrupule.

Faba agrestis. Lupins.

Fabiola. Fleurs de fèves.

Fables. On s'est beaucoup tourmenté l'esprit pour trouver des systèmes au moyen desquels on pût expliquer les Fables anciennes qu'Homère, Hésiode et plusieurs autres nous ont transmises. Les Mythologues les ont regardées comme des leçons de morale, d'autres comme des explications de physique; quelques-uns n'y voient que des traits de la politique la plus raffinée, quelques autres pensent y trouver l'histoire entière des temps qu'ils appellent néanmoins fabuleux; et, malgré toute la torture que tous ces Savants ont donnée à leurs esprits, ils n'ont pu réussir à les expliquer de manière à satisfaire les gens sensés et les moins difficiles. Il ne fallait, pour y réussir, que remonter jusqu'à la source des Fables, suivre leur naissance et leurs progrès; on aurait vu que les Fables Grecques n'étaient qu'une imitation de celles des Egyptiens. Les plus anciens Auteurs ont eu même soin de nous avertir que Musée, Orphée, etc. les avaient puisées en Egypte, et les avaient transportées dans la Grèce.
Le lieu de leur naissance une fois trouvé, il ne s'agissait plus que de découvrir le père de tant d'enfants; on aurait vu que ce fut Hermès Trismégiste, ce grand homme, cet homme célèbre dont la mémoire sera éternellement en vénération. Examinant ensuite quel but il pouvait se proposer en les inventant, on aurait trouvé qu'il avait rassemblé un certain nombre d'hommes choisis de sa main comme capables d'être instruits des sciences qu'il voulait leur apprendre, et de garder le secret sur cet art Sacerdotal, qu'il se proposait en conséquence de leur enseigner par des énigmes, des paraboles, des allégories et des fables qu'il inventa pour cet effet. Presque tous les Auteurs anciens ont parlé de ce secret qui était recommandé aux Prêtres sous peine de la vie à celui qui le révélerait. On sait d'ailleurs qu'ils se le transmettaient sous le voile des fables et des hiéroglyphes. En fallait-il davantage pour fixer les idées sur l'objet des fables ? Je crois avoir prouvé, je dirais même démontré que les fables n'en avaient point d'autre, dans mon traité des Fables Egyptiennes et Grecques dévoilées et réduites au même principe. C'est donc dans la matière et les procédés de cet art Sacerdotal ou Hermétique qu'il fallait chercher et puiser les explications de ces fables, et non dans l'histoire, la morale ou la politique. Je l'ai fait dans le Traité que je viens de citer, et dans les différons articles de Mythologie insérés dans ce Dictionnaire, où, pour abréger, je me contente le plus souvent de renvoyer au Traité ci-dessus.

Facca de Malaqua. Anacardes.

Facinum. Airain.

Faction. Action de faire, manière de procéder à une chose. Faction de notre divin œuvre. Zachaire.

Fada. Matière de l'œuvre parvenue à la blancheur.

Faim des Philosophes. Désir ardent d'apprendre tout ce qui regarde l'art Hermétique, et les connaissances que l'on peut acquérir par son moyen.

Faisant d'Hermès. Nom que quelques philosophes Chymiques ont donné au mercure des Sages, tant à cause de sa volatilité, qu'à cause des différentes couleurs qu'il prend dans le cours des opérations du grand œuvre.

Falcanos. Arsenic.

Falex. Fer.

Fasdir ou Sasdir. Etain, Jupiter.

Faufel. Aréca et Catechu.

Faulex. Acier.

Faunes. Qu'on appelle aussi Satyres, Sylvains. Ils habitaient les bois et les forêts. Voyez ce qu'ils signifient dans l'article de BACCHUS.

Favonius. Vent qui souffle de l'endroit du ciel où le soleil se couche au temps des équinoxes. Les Anciens l'appelaient le Vent de génération et de production, le Zéphyr ou Porte de vie, parce qu'il souffle plus communément au printemps, lorsque la Nature semble se renouveler et prendre une nouvelle vie. Les Philosophes Hermétiques ont donné le nom de Favonius à la matière de l'œuvre parvenue au blanc, qui indique le printemps philosophique; parce que la couleur noire qui la précède, annonce la mort du sujet, et le froid de la matière qui semble alors dans l'inaction, comme la Nature paraît y être pendant l'hiver.

Faux de Saturne. Qui coupe les ailes et les jambes à Mercure. Expressions des Philosophes, par lesquelles ils entendent la partie fixe de la matière de l'œuvre qui fixe la volatilité du mercure des Sages. Nicolas Flamel nous a conservé une figure symbolique d'Abraham Juif, où Saturne est représenté sous la figure d'un vieillard caduc, la bouche béante et une faux à la main, poursuivant Mercure.

Feblech. Fer ou acier des Philosophes.

Febus. Enfant vierge.

Fèces. Terme de science Spagyrique, pris du latin fœces. Il signifie crasse, lie, impuretés, limon, ordure, excrément, et les parties les plus grossières, impures et étrangères qui se précipitent au fond des vases, et que l'on appelle autrement résidence, particulièrement lorsqu'il s'agit des liqueurs quand elles se purifient d'elles-mêmes, comme le vin.

Fèces du Nitre. Salpêtre.

Fecla. Lie de vin.

Fedeum ou Fedum. Safran.

Felda. Argent, Lune des Philosophes.

Fel Vitri. Ecume de verre.

Fel Draconis. Mercure de l'étain.

Femme. Les Chymistes Hermétiques ont donné communément le nom de Femme ou de Femelle à leur Lune, ou mercure des Philosophes; quelquefois aussi à leur matière volatile dans tous les états où elle se trouve pendant le cours des opérations du magistère. C'est ce qui la leur a fait personnifier pour en composer les anciennes fables tant Grecques qu'Egyptiennes, dans lesquelles on lui a donné les noms de Cybele, Cérès, Isis, Latone, Coronis, Europe, Léda, etc. Quand ils l'ont appelée Femme blanche, ils avaient en vue la circonstance où cette matière est parvenue au blanc.
FEMME DES PHILOSOPHES. C'est le mercure; et l'homme, ou le mâle, est le soufre.

Femelle. Les Philosophes Chymiques disent que leur mercure est mâle et femelle, ou androgyne; mais lorsqu'ils parlent en particulier de femelle, ils entendent leur mercure, et par mâle le soufre.
FEMELLE BLANCHE. C'est le mercure au blanc.

Fer des Philosophes. Magistère parvenu au rouge couleur de rouille de fer, parce qu'alors sa couleur approche de celle du Crocus Martis. On appelle cette circonstance de l'œuvre le Règne de Mars. Voyez REGNE.

Ferment. En termes d'Alchymie, est une matière fixe, qui, mêlée avec le mercure, le fait fermenter et lui donne sa propre nature, comme le levain fait à la pâte.
FERMENT. (Sc. Herm.) Il y a plusieurs sortes de fermens; les uns sont simples, les autres composés. Les simples sont ceux qui sont homogènes et sans mélanges, tels que les éléments et les âmes extraites de leurs corps. Les composés sont ceux qui ont été mêlés avec d'autres, tels que les corps réduits en nature de soufre, et joints avec leur huile, n y a aussi des ferments sulfureux des corps imparfaits; on les appelle ferments moyens. Mais si l'on ignore la façon de réduire les métaux parfaits en leur première matière, c'est-à-dire, en leur mercure, on tentera en vain de parvenir à la fin de l'œuvre, parce qu'on ne pourra faire ni ferment simple, ni ferment composé, en quoi consiste le secret de l'élixir.
Il faut observer de plus qu'il y a deux sortes de matière première : l'une est prochaine, l'autre éloignée. La prochaine est l'argent-vif, l'éloignée est l'eau; car l'argent-vif a été premièrement eau, puis terre, ensuite eau, et enfin eau sèche. La réduction des corps parfaits en mercure, ou en leur première matière, n'est qu'une résolution d'une matière parfaite, fixe, blanche, rouge et congelée.
Les ferments doivent être très bien prépares avant de les employer pour la fermentation. Cette préparation consiste à les faire passer par tous les principaux régimes du magistère; c'est-à-dire, qu'ils doivent premièrement ressembler à de la poudre calcinée au moyen de la liquéfaction, ensuite devenir une poudre dissoute, puis une poudre congelée, et enfin une poudre sublimée et exaltée.
Tout le secret consiste à mortifier et à endurcir; car sans cela on ne pourrait la fixer. La cendre d'argent est ferment dans l'œuvre au blanc, et la cendre d'or dans l'œuvre au rouge. L'or et l'argent des Philosophes est leur eau, et cette eau est le ferment du corps; ces corps sont leur terre; le ferment de cette eau divine est une cendre, parce qu'elle est ferment du ferment.
Il faut donc joindre l'argent avec l'argent, et l'or avec l'or, c'est-à-dire, l'eau avec la cendre, ou le ferment avec le ferment. Tout cela s'entend de la médecine du second ordre, qui consiste à joindre l'humide avec le sec, d'abord après leur préparation. L'humide est l'esprit liquide purgé de toute impureté, et le sec est le corps pur et calciné.
Lorsque le magistère est parvenu à un certain degré de perfection, il faut y ajouter un ferment, qui est l'or, afin qu'il change toute la matière en sa propre nature, et détermine le magistère à la nature métallique, qui avant ce mélange était indéterminé. Apres que ce mélange a fermenté, toute la pierre est tellement fixe, qu'elle devient ferment, et principe de fixité pour tous les métaux sur lesquels elle sera projetée. Quand on veut s'en tenir au blanc, il faut prendre la Lune pour ferment, et bien prendre garde à ne pas s'y tromper.
Quelques-uns donnent le nom de ferment au mercure, quand on en fait les imbibitions pour la multiplication de la pierre. La pierre philosophale parfaite n'est proprement qu'un ferment qui se mêle et s'insinue dans toutes les parties des métaux imparfaits sur lesquels on la projette en très petite quantité, à proportion du degré de perfection qu'on lui a donné par les opérations réitérées sur la même matière. Elle en sépare tout l'impur et l'hétérogène, et s'appropriant tout ce qui est de sa nature, en fait de l'or si le ferment est or, de l'argent si le ferment est argent. C'est donc mal-à-propos qu'on dit que les Alchymistes cherchent à faire de l'or; la première intention des vrais Philosophes est de trouver un remède contre les maux qui affligent la nature humaine; la seconde est de trouver un ferment, qui, mêlé avec les métaux imparfaits, puisse manifester ce qu'ils contiennent d'or, qui avant la projection était renfermé dans ces métaux, et confondu avec des parties hétérogènes et terrestres diversement combinées entre elles, de manière que la différence des combinaisons faisait la diversité des métaux, dont le principe est le même, mais la cuisson et la digestion différentes. Ce ferment ne fait qu'achever et perfectionner en peu de temps cette cuisson, que la Nature n'aurait pu faire que dans la durée de plusieurs siècles; et qu'elle n'aurait même jamais fait dans les métaux imparfaits, faute d'un agent assez actif pour en séparer l'impur qui s'y mêle sans cesse par le défaut de la matière où ils sont renfermés.

Fermentation. En terme de Physique, est une séparation naturelle de la matière sulfureuse d'avec la saline dans un corps, ou lorsque par la jonction de ces deux matières il se compose naturellement un mixte.
FERMENTATION. Action de l'air sur les mixtes, qui en s'y raréfiant, en altère la forme, en désunit les parties sans y produire une dissolution entière comme la putréfaction. La fermentation tient le milieu entre la liquéfaction et la putréfaction. Toutes trois sont des effets de la raréfaction; mais la putréfaction introduit des parties aqueuses dans les pores des mixtes, la fermentation des parties aériennes, et la liquéfaction des parties ignées. Il y a trois espèces de fermentations; celle qui se fait par enflure, gonflement, tuméfaction, ébullition, et inflammation ou échauffement interne du mixte; la seconde est proprement la fermentation; et la troisième est l'acétification ou aigreur survenante au mixte. La première se voit dans toutes les enflures qui surviennent aux parties molles des animaux, quand ils ont pris du venin, ou qu'ils ont reçu quelque coup un peu violent, ou qu'elle est occasionnée et causée par quelque maladie; tels sont les boutons avant qu'ils soient purulents, les bubons, les pustules de la petite vérole, des maux vénériens, etc. On dit alors que le sang fermente, et il faudrait plutôt dire qu'il y a ébullition dans le sang. Becher. Cette ébullition ou gonflement se fait aussi remarquer dans les viandes qu'on appelle venteuses, ou flatueuses, telles que les pois et autres légumes semblables; lorsqu'on les fait cuire, on les voit se gonfler à mesure que l'air, qui y est renfermé, s'y raréfie. On voit aussi cette ébullition ou gonflement dans les mélanges des matières minérales; lorsque, par exemple, on verse de l'huile de tartre sur de l'alun. La même chose arrive, si après avoir fait sécher la chaux des métaux faite à l'eau forte, on jette un peu de cette chaux dans de l'huile de tartre. Glauber.
Les gens qui ferment le foin avant qu'il soit bien sec, ont, malheureusement pour eux, une funeste preuve de cette ébullition ou échauffement; le fumier de cheval s'échauffe aussi par lui-même. Cette ébullition qu'on appelle aussi effervescence, est comme une préparation à la fermentation et à la putréfaction.
La fermentation proprement dite, est la raréfaction d'un corps dense, par l'interposition de l'air dans ses pores. Le trop grand froid, la trop grande chaleur, et l'empêchement de l'accès libre de l'air ou de son action, sont des obstacles à la fermentation. Elle doit donc se faire dans un vase ouvert, ou dans lequel il y ait assez de vide pour que l'air puisse s'y raréfier. Au commencement de la fermentation le mouvement du vaisseau y est contraire; sur la fin il y aide, pourvu qu'il ne soit pas trop violent. Lorsque la fermentation se fait dans un vase ouvert, le corps fermenté a beaucoup moins de force que lorsqu'elle est faite dans un vase fermé ou bouché, ce que l'on remarque dans les vins qu'on appelle fous. Le levain fait fermenter la pâte.
L'acétification ou aigreur est le commencement de la fermentation, comme elle en est une espèce quand elle est complète; et cette aigreur a la raréfaction pour cause. L'élévation et évaporation des parties subtiles et sulfureuses des liqueurs est la cause de l'aigreur; et si la fermentation se fait dans un vase clos, elle sera beaucoup plus longue; par cette raison l'aigreur en sera plus forte, et ne succédera à la fermentation, que lorsque les parties grossières auront enveloppé et condensé les parties subtiles. Les vins les plus violents sont les meilleurs pour faire le vinaigre.
FERMENTATION. (Sc. Herm.) Philalèthe définit la fermentation Hermétique, dans la médecine du second ordre, l'incorporation de celui qui anime, la restauration de la saveur, l'inspiration de l'odeur, et le supplément des êtres. Et tout cela ne signifie que la réduction de puissance en acte du corps qui donne la teinture et de celui qui la reçoit.
Si vous ne savez donner le feu au feu, le mercure au mercure, vous ne réussirez jamais; c'est en quoi consiste toute la perfection du magistère et la médecine du second ordre. Il faut aussi savoir que tous les termes ci-après se rapportent à cette médecine : inspirer, vivifier, semer, mettre, mêler, joindre, infuser, incorporer, marier, donner, épouser, fermenter, tuer, mortifier, congeler, fixer et teindre.
La fermentation est une des opérations que les Philosophes ont tenue des plus secrètes, et n'en ont parlé que par énigmes et paraboles fort obscures, afin de ne point en découvrir le secret, lequel si on l'ignore, on travaille en vain. Hermès dans le 7° livre de ses Traités, en parle plus clairement qu'aucun autre Philosophe, lorsqu'il dit que les ferments sont composés de leur propre pâte; il ajoute ensuite que les ferments blanchissent le composé, l'empêchent d'être brûlé, retardent le flux de la teinture, consolident les corps, et en augmentent l'union. Ceux qui cherchent le ferment dans les minéraux sont dans l'erreur.
Ce que les Philosophes appellent proprement fermentation est l'opération de l'élixir. Il ne suffit pas, pour parfaire le grand œuvre, de pousser le magistère au rouge. La pratique de la pierre, dit d'Espagnet, s'achève par deux opérations; l'une consiste à créer le soufre ou magistère, l'autre à faire l'élixir, et ce dernier se fait par la fermentation. En vain tenterait-on la projection, si la pierre n'est fermentée. Le magistère au rouge est un soufre ou une terre très subtile, extrêmement chaude et sèche; elle cache dans son intérieur un feu de nature très abondant, qui a la vertu d'ouvrir et de pénétrer les corps des métaux, et de les rendre semblables à elle; ce qui lui a fait donner le nom de père et de semence masculine. Mais de ce soufre il faut en créer un second, qui pourra ensuite être multiplié à l'infini. Ce soufre se multiplie de la même matière dont il a été fait, en y ajoutant une petite partie du premier, et fermentant le tout avec le ferment rouge ou blanc, selon l'intention de l'Artiste. La fermentation se fait ainsi, suivant Philalèthe : prenez une partie de ce soufre igné et trois parties d'or très-pur, faites fondre le soleil dans un creuset neuf, et quand il sera liquéfié, jetez-y votre soufre, prenant bien garde qu'il n'y tombe aucun charbon. Quand ils seront fondus ensemble, jetez le tout dans un vase de terre, ou dans un autre creuset, et vous aurez une masse très rouge et friable. Prenez une partie de cette masse en poudre fine, que vous mêlerez avec deux parties de mercure philosophique. Mêlez bien le tout, et l'ayant mis dans l'œuf, recommencez la première opération, avec le même régime; vous pourrez réitérer cette fermentation, si vous le voulez.

Fermenter. Les Philosophes recommandent très souvent de fermenter la matière; mais ils n'entendent pas toujours la même chose. Quelquefois ils parlent de la fermentation pour la confection de l'élixir, et quelquefois de la continuation du régime pour passer d'une couleur à une autre; c'est dans ce dernier sens qu'il faut les entendre, lorsqu'ils disent qu'il faut épaissir, teindre et fermenter la première composition. C'est la même chose que semer l'or dans la terre blanche feuillée. Philalèthe l'explique ainsi dans son traité De vera Confectione Lapidis Philosophici. Semez votre or, dit-il d'après Hermès, dans une terre blanche feuillée. Semez, c'est-à-dire, joignez, fermentez votre or, c'est-à-dire, l'âme et la vertu tingente, dans une terre feuillée, c'est-à-dire, dans votre matière dépouillée de toutes ses superfluités.

Fermer. Coaguler, remettre en corps, fixer une matière liquide ou volatile.

Feru. Jupiter, ou étain.

Feu. En termes de Physique, matière de la lumière. C'est le feu proprement dit. Le feu ordinaire, tel que celui de nos fourneaux et de nos cheminées, est un liquide composé de la matière de la lumière et de l'huile du bois, du charbon, ou des autres matières combustibles et inflammables.
Le feu du soleil n'est que la simple matière de la lumière répandue dans l'air, sans le mélange d'aucune matière huileuse du bois, ou semblable, poussée par le soleil. Cette matière étant réunie par un verre ardent, et poussée en assez grande quantité contre quelque corps que ce soit, le pénètre, le traverse, et en désunit les parties à peu près de la même manière que nous voyons agir le feu ordinaire. Ces deux feux n'agissent pas par le même moyen. Le feu du soleil agit par lui-même, il est poussé par cet astre seul, il agit également dans le vide comme dans l'air libre. Notre feu ordinaire n'agit que selon les lois de l'équilibre des liqueurs. L'air plus pesant que la flamme la pousse, selon ces lois, sans quoi elle serait sans mouvement, et peut-être sans action; car elle ne saurait subsister ni agir dans un lieu vide d'air. Les effets de ces deux feux sont en conséquence un peu différons. Un métal fondu avec un verre ardent, et coagulé après, a les pores et les interstices plus serrés que le même métal qui aurait été mis en fusion par notre feu ordinaire, parce que les parties de celui-ci qui se sont engagées et qui ont pénétré dans les interstices de ce métal, sont plus grossières et ont laissé des passages plus ouverts. Dé-là vient aussi que les dissolvants ordinaires des métaux agissent moins sur ces métaux mis en fusion par le feu du soleil, que sur ceux qui l'ont été par le feu commun.
FEU. En termes de Chymie, se dit également de tout ce qui fait l'office du feu élémentaire. Ils le réduisent cependant à plusieurs sortes, qui sont :
Le feu naturel inné dans la matière, dont chaque individu a une portion, qui agit plus ou moins, selon qu'il est excité par le feu solaire, ou le feu de cendres, qui consiste à mettre des cendres dans un vase, où l'on met le vaisseau qui contient les matières sur lesquelles on fait des opérations, et l'on entretien le feu vulgaire dessous, qui échauffe les cendres, et les cendres le vaisseau avec la matière contenue. Le feu de cendres a une chaleur moyenne entre le feu de sable et le bain-marie.
Le feu de sable n'est autre que le sable substitué à la cendre. Sa chaleur tient le milieu entre le feu de sable et le suivant.
Le feu de limailles, que l'on met au lieu de sable, quand on veut avoir une chaleur plus vive. Ce feu approche beaucoup de celui qu'on appelle feu ouvert ou feu libre, c'est-à-dire, qui agit immédiatement sur le vase qui contient la matière sur laquelle on opère; tel est le feu de fusion, qui est de deux sortes :
Le feu de charbons et celui de flammes. L'un et l'autre servent aux fusions, cémentations, épreuves, calcinations, réverbères. Celui de flammes se nomme feu vif; il sert particulièrement pour le réverbère.
Quelques-uns emploient aussi des mottes de Tanneurs pour avoir un feu doux et égal.
Les Philosophes Hermétiques ont aussi leur feu, auquel ils donnent des propriétés tout-à-fait opposées au feu élémentaire dont nous venons de parler.
Riplée distingue quatre sortes de feux : le naturel, l'innaturel, le feu contre nature, et le feu élémentaire. Raymond Lulle ne le divise qu'en trois : le feu naturel, le non naturel, et le feu contre nature; mais tous dissent que le feu qu'ils appellent philosophique n'est pas le feu vulgaire; et que tout le secret de l'art consiste dans la connaissance de la matière de l'œuvre et dans le régime du feu.
Pontanus dit qu'il ne se tire point de la matière de la pierre; qu'il est ingénieux, et qu'il a travaillé trois ans sur la vraie matière, sans pouvoir réussir, parce qu'il ignorait le feu philosophique, dont il a été instruit par la lecture du livre Artéphius (Clavis major). Christophe Parisien, dans son traité de Arbore Solari, fait un parallèle du feu vulgaire et du feu philosophique, où il en marque toutes les différences.
Bernard, Comte de la Marche Trévisanne, connu sous le nom du bon Trévisan, dit dans son traité de la Parole délaissée : faites un feu non de charbons, ni de fient, mais vaporant, digérant, continuel, non violent, subtil, environné, environnant, aëreux, clos, incomburant, altérant.
Pontanus dit que ce même feu est métallique et qu'il participe du soufre.
Il faut distinguer chez les Sages deux sortes de feu, le feu inné de la matière, et le feu externe et excitant. Ils donnent aussi le nom de feu à leur mercure ou eau céleste; et quand ils parlent de ce dernier, ils disent comme Van-Helmont : les Chymistes vulgaires brûlent et calcinent avec le feu, et nous avec l'eau. C'est ce feu en puissance qui ne brûle pas les mains, et qui manifeste son pouvoir lorsqu'il est excité par l'extérieur.
Ce feu est celui qu'ils ont appelé naturel, parce qu'il est dans la matière; et contre nature, parce que c'est une eau qui fait de l'or un esprit, ce que le feu vulgaire ne saurait faire. Les Philosophes nomment aussi feux contre nature toutes les eaux-fortes vulgaires, par opposition à leur eau qui vivifie tout, au lieu que les eaux-fortes détruisent la nature.
Le feu des Sages gradue comme celui des Chymistes vulgaires, mais d'une manière bien différente. Le premier degré est celui du soleil en hiver; c'est pourquoi ils disent qu'il faut commencer l'œuvre sur la fin de l'hiver; le second est celui d'Aries ou du printemps; le troisième est celui du mois de juin; et le quatrième celui du mois d'août. Ils ont donné divers noms à ces degrés de feu : Feu de Perse, Feu d'Egypte, Feu des Indes, etc. Ils semblent même se contredire ouvertement entre eux. Lorsque l'un dit, il faut augmenter le feu à chaque mutation de couleurs (Arn. de Villeneuve); l'autre dit, il faut toujours un feu du même degré. Mais on doit savoir que l'un parie du feu extérieur, et l'autre du feu interne.
Chaque règne de la Nature a son feu analogue, dont il faut faire usage dans les opérations philosophiques. Lorsqu'ils se servent du terme Popansis, ils entendent la coction qui mûrit la matière par la chaleur naturelle; Epsesis ou Elixation, c'est par leur mercure et leur chaleur humide; Optesis ou Assation, c'est la coction qui se fait par la chaleur sèche. Gaston le Doux.
FEU DE SUPPRESSION OU AZOTIQUE. C'est celui qui environne tout le vaisseau.
FEU MATERIEL. C'est celui de cendres.
FEU VEGETAL. C'est le tartre.
FEU INFERNAL. C'est un lieu médiocrement chaud.
FEU AZOTIQUE. Voyez FEU DE SUPPRESSION.
FEU SECRET. C'est celui du mercure des Sages.
FEU HUMIDE. C'est l'azot.
FEU DIT SIMPLEMENT. C'est le soufre.
FEU ET EAU. C'est le soufre et le mercure.
FEU CENTRAL. C'est le soufre de la matière.
Après avoir rapporté quelques-uns des feux dont parient les Philosophes pour s'accommoder à la manière de penser et d'agir des Chymistes vulgaires, il est bon d'avertir qu'il ne faut pas se laisser tromper par leur ingénuité apparente sur cet article, et quoique Basile Valentin nous dise que le feu des Philosophes est le feu vulgaire, on ne doit cependant l'entendre que du feu commun à tout le monde, c'est-à-dire, du feu de la Nature qui est répandu dans tous les individus, et qui leur donne la vie. Il est aisé de s'en convaincre quand on suit les Philosophes pas à pas, et qu'on les lit avec attention; deux exemples suffiront pour cela. D'Espagnet dit, en parlant de l'extraction du mercure des Sages : Plusieurs ont cherché notre mercure dans le vitriol et le sel, quelques-uns dans la matière du verre, parce qu'elle a une humeur radicale si opiniâtrement attachée et adhérente aux cendres, qu'elle ne cède qu'à la plus grande violence du feu; mais notre mercure se manifeste par le doux feu de la Nature, qui, à la vérité, agit beaucoup plus lentement. Il ajoute même : fuyez le fractricide, fuyez le tyran du monde, de qui il a tout à craindre dans tout le cours de l'œuvre. Philalèthe s'explique ainsi, dans son ouvrage qui a pour titre : Enarratione methodica trium Gebri medi-cinarum, seu de vera Lapidis philosophici confectione. Après avoir parié des différons régimes qu'on doit ob-server pendant les quatre saisons philosophiques, on voit clairement par ce que nous venons de dire, que quoi-qu'il n'y ait qu'une seule opération pour la confection de notre pierre, savoir, une seule décoction avec le feu naturel, l'état de la chaleur varie cependant de trois manières.
Il est bon de remarquer qu'il y a un feu extérieur excitant, c'est-à-dire, que la matière doit être conservée dans un degré de chaleur continuelle; mais que ce feu ne doit être, comme le dit le Trévisan, qu'un garde froidure; et l'Auteur du Grand Rosaire recommande un feu extérieur d'une chaleur si tempérée, qu'elle ne doit point excéder la chaleur intérieure de la matière.
Que l'on fasse donc un feu administré proportionnellement à celui de la Nature, un feu subtil, aérien, clos, environné, persévérant, constant, évaporant, digérant, humide, pénétrant, altérant, propre à mêler les matières et à exclure le froid.
FEU ARTIFICIEL. C'est le mercure dissolvant des Philosophes.
FEU CORRODANT. Mercure dissolvant des Sages.
FEU CONTRE NATURE. C'est le même que Feu corrodant.
FEU HUMIDE. Voyez FEU ARTIFICIEL.
FEU. Très souvent les Chymistes donnent ce nom aux huiles, et aux liqueurs fortes, ardentes et brûlantes. Le Feu de Vénus est l'huile extraite du soufre du cuivre. On l'appelle aussi Etre ou Essence de Vénus.
FEU. (Sc. Herm.) Mercure des Sages. II faut l'entendre aussi de la matière au noir. Feu étranger. Feu de charbons. Feu de fumier. Feu innaturel, Feu de putréfaction. Toutes ces expressions sont allégoriques, et Philalèthe dit qu'elles ne signifient autre chose que la matière des Philosophes poussée au noir.
FEU SAINT-ANTOINE. Quelques Chymistes se sont encore servi de ces termes pour exprimer la chaleur naturelle. Johnson.
FEU ETRANGER. Mercure des Sages après la réunion du corps et de l'esprit.
FEU INNE. Voyez
FEU ETRANGER. FEU HUMIDE. S'entend aussi de la chaleur du fumier et du bain de vapeur. Il se prend quelquefois pour le Bain-Marie.
FEU DE PUTREFACTION. V. FEU HUMIDE.
FEU DE FIENT OU DE FUMIER. C'est lorsqu'on enterre le vase où est la matière dans du fumier chaud de cheval. Cette chaleur est d'un grand usage pour la digestion des matières, et leur putréfaction.
FEU DIGERANT. Chaleur douée, soit sèche, soit humide, à laquelle on expose la matière qu'on veut faire digérer, renfermée dans un vaisseau clos ou non.
FEU DE CHARBONS. C'est lorsqu'on met la matière seule, ou dans un vase, sur des charbons allumés.
FEU DE FLAMMES. Chaleur la plus violente de toutes, particulièrement si on l'excite avec des soufflets. C'est lorsqu'on expose la matière nue, ou dans un vase, à l'ardeur de la flamme. Elle est d'usage pour les calcinations, fusions des matières dures et compactes. Elle est la plus usitée pour le réverbère.
FEU DE ROUE. C'est lorsqu'on ensevelit le vase dans du charbon, de manière qu'il en soit environné dessus, dessous et par les côtés. On l'allume peu à peu dessous, et on l'entretient lorsque les charbons sont tous enflammés, en y ajoutant de nouveaux, à mesure que les autres se consument, si l'opération le demande.
FEU LIBRE. Est celui dont la chaleur frappe immédiatement la matière ou le vaisseau qui contient cette matière. C'est en quoi il diffère des bains.
FEU EMPECHE OU DE MILIEU. Est celui qui ne se fait sentir à la matière, ou au vase qui la renferme, qu'au moyen d'un autre vase dans lequel celui-ci est contenu. Les bains de sables, de cendres, etc. sont des Feux de Milieu, ou empêchés.
FEU DE NATURE. Racine ou principal ingrédient du composé philosophique. Riplée l'appelle Père du troisième menstrue. C'est proprement le soufre mûr et digéré de l'or des Sages.
FEU DE LA TERRE. C'est le soufre ou phlogistique.
FEU CONTRE NATURE. C'est un des principes matériels du composé des Philosophes. C'est par la réunion de ce feu avec celui de nature, qu'il en résulte un troisième appelé Feu innaturel.
FEU INNATUREL. Résultat de la réunion du feu de nature et du feu contre nature des Philosophes. Ce feu innaturel est la cause de la putréfaction, de la mort du composé, et de la vraie et parfaite solution philosophique. Ces feux ne sont donc point, comme les Philosophes l'assurent avec raison, un feu de charbons, de cendres, de sable ou de lampe, et ce sont proprement ce feu de nature, etc. qu'ils appellent leur Feu secret, leur Feu philosophique. C'est de ces feux qu'il faut entendre tout ce qu'en ont dit Artéphius, Pontanus, Riplée et tous les autres Philosophes; et lorsque Pontanus dit qu'il se tire d'ailleurs que de la matière, il faut l'entendre du feu de nature minéral et sulfureux qui se trouve dans le principe essentiel, dont le poids de la matière n'est pas augmenté.
FEU DE LAMPE. Eau ou mercure des Philosophes, et non le feu d'une lampe ordinaire, comme quelques-uns l'ont conclu des paroles d'Artéphius, lorsqu'il dit : Nous avons proprement trois feux, sans lesquels l'Art ne peut être parfait. Le premier est le Feu de Lampe, qui est un feu continuel, humide, vaporeux, aérien, et il y a de l'artifice à le trouver. Il s'explique peu après en ces termes : le second est le feu de cendres... ou, pour mieux dire, ce feu est cette chaleur fort douée, qui vient de la vapeur tempérée de la lampe. Philalèthe le dit encore plus clairement dans son traité qui a pour titre : Manuductio ad rubinum cœlestem. Notre eau, dit-il, n'est pas le mercure vulgaire, c'est une eau vive, claire, brillante, blanche comme la neige, chaude, humide, aérienne, vaporeuse et digérante. C'est cette chaleur de la lampe qui étant administrée avec douceur, et étant tempérée, entourera la matière et la cuira, jusqu'à ce que, par la calcination, elle produise le feu de cendres. C'est dans ces feux que la vase est scellé hermétiquement. Cette eau est notre vase, et dans elle se trouve notre fourneau secret, la chaleur duquel doit être modérée et administrée en proportion géométrique pour que l'œuvre réussisse.
FEU DE CENDRES. Second feu requis, selon Artéphius, pour la perfection du magistère. Mais on ne doit pas l'entendre du Feu de Cendres de bois ou autre matière, tel qu'est le Feu de Cendres des Chymistes. Les Philosophes Hermétiques l'entendent de la vapeur douce, tempérée du Feu de Lampe, dont voyez l'article.
FEU EXTERNE. Le feu des Philosophes qu'ils appellent externe, ne s'entend pas du feu extérieur, mais du feu étranger à celui de la matière du magistère. C'est de ce Feu externe qu'ils parlent, lorsqu'ils disent qu'il faut donner le feu au feu, et le mercure au mercure. Ce que Majer a représenté dans ses Emblèmes, par un homme tenant un flambeau allumé qu'il approche d'un feu allumé dans une forge, et par un Dieu Mer-cure qui va joindre un autre Mercure.
Ce feu est appelé par quelques-uns Feu occasionné, Ignis occasionatus. Ce feu sert aussi de nourriture à l'Enfant philosophique.
FEU ALGIR. En termes d'Alchymie, est le feu le plus vif qu'on puisse avoir.
FEU ELEMENTAIRE. Est quelquefois pris par les Chymistes pour le soufre. Rulland.
FEU SANS LUMIERE. C'est le soufre des Philosophes.
FEU DE CHASSE. C'est en Chymie, un feu continué jusqu'à ce que la matière ne distille plus rien.
FEU DE RÉVERBÈRE. Voyez RÉVERBÈRE.
FEU DE GENERATION. C'est le feu Philosophique.
FEU CELESTE. C'est le mercure des Philosophes, quand il s'agit de Science Hermétique. En Physique, c'est le feu solaire.
FEU CÉLESTE ENCLOS DANS UNE EAU. C'est le mercure philosophique.
FEU DRAGON. Voyez FEU CELESTE. On l'appelle Dragon, parce qu'il dévore tout ce qui est corrompu.
FEU DE LA MATIERE. Est ce qu'ils ont appelé leur Or vif, leur Feu secret, leur Agent, etc.
FEU DE LION. C'est l'élément du Feu, appelé Aether.
On distingue ordinairement dans le feu quatre degrés de chaleur. Le premier est celui du bain, du fumier, ou de digestion. C'est le plus doux, et ce que nous appelons tiède. Il se connaît par le tact, et par ses effets. Il faut pour le tact, que la main puisse soutenir l'effet du feu sans une sensation vive; elle ne doit faire qu'une douce et légère impression. Le Feu vaporeux des Philosophes est de ce genre; ils le comparent à la chaleur qu'éprouvent les œufs lorsque la poule les couve, ou à celle que l'on sent lorsqu'on applique la main sur la peau d'un homme sain.
Le second degré est celui du bain de cendres; il est plus vif que celui du bain d'eau tiède, ou du bain vaporeux;
mais il doit être néanmoins si modéré, qu'en se faisant sentir plus vivement, les organes n'en soient point altérés.
Le troisième est une chaleur qu'on ne doit pas pouvoir supporter sans se brûler, telle que celle du bain de sable, ou de limaille de fer.
Le quatrième est une chaleur aussi violente qu'on puisse la donner; c'est celle des charbons ardents et de la flamme, qui sépare, désunit les parties des mixtes, et les réduit en cendres ou en fusion. Tel est le feu de réverbère.
Tous ces degrés ont cependant encore chacun leurs degrés d'intensité, et lorsqu'on les compare entre eux relativement aux corps sur lesquels la chaleur agit, ce qu'on regarderait comme le quatrième degré par rapport à une plante, ne serait que le premier eu égard aux métaux. Lorsqu'on dit aussi que le premier degré est celui du bain d'eau, il faut encore faire attention que l'eau s'échauffe par différents degrés : le premier est lorsqu'elle commence à tiédir; le second, quand elle fume et se fait notablement sentir; le troisième, lorsqu'elle altère les organes; et le quatrième lorsqu'elle commence à bouillir, qui est son plus grand degré de chaleur, qui, selon les observations, n'augmente plus pendant l'ébullition. Ces degrés sont encore plus aisés à observer dans l'huile que dans l'eau.
FEU PHILOSOPHIQUE. Les propriétés de ce feu sont telles : c'est avec lui que les Sages lavent leur matière, ce qu'ils ne disent que par similitude, parce que ce feu purifie leur mercure.
Il fait tout et détruit tout. Il congèle le mélange de la pierre. Il corrige le froid de la terre et de l'eau, et leur donne une meilleure complexion. Il lave les impuretés de l'eau, et ôte l'humidité superflue de la matière. Lui seul change la nature et la couleur de l'eau et de la terre. Il vivifie et illumine le corps, lorsqu'il se mêle avec lui. Ce feu putréfie, et fait ensuite germer de nouvelles et différentes choses. Il ferme les pores du mercure, lui donne du poids, et le fixe. Sa vertu aiguë et pénétrante est si active, que rien ne l'égale quand il s'agit de purifier les corps. Il conduit à maturité tout le compost, il le subtilise et le rubéfie. Il ôte tout le venin et la mauvaise odeur de la matière. Il change la qualité de la pierre et en augmente la quantité. Il est enfin comme un juge qui discerne et sépare le bon du mauvais. Il faut remarquer, suivant Philalèthe, que tout ce que nous venons de dire du feu, regarde la médecine du premier ordre.
FEU SACRE. Les Chaldéens adoraient le Feu, et la ville d'Ur prit son nom de là : ils y entretenaient perpétuellement un feu. Les Perses étaient encore plus superstitieux sur ce sujet que les Chaldéens; ils avaient des temples qu'ils nommaient Pyrées, destinés uniquement à conserver le Feu sacré. Les Grecs, les Romains, les Gaulois avaient aussi une grande vénération pour le Feu. Son culte subsiste même encore aujourd'hui dans les Indes et en plusieurs pays de l'Amérique. Quelques Auteurs ont prétendu que ce n'était qu'à cause du soleil, dont la chaleur vivifiante animait toute la Nature. Les noms les plus connus sous lesquels le Feu était adoré, sont Vulcain et Vesta. On peut voir ce qu'on entendait chez les Egyptiens et les Grecs par ce Dieu et cette Déesse, dans les Fables Egypt. et Grecq. dévoilées.

Fève. Est le nom que quelques Chymistes ont donné à la troisième partie du poids d'un scrupule.

Fida. Or des Philosophes.

Fidda. Argent des Chymistes Hermétiques.

Fider. Céruse.

Fideum. Safran.

Fidex. Céruse.

Fidhé. Lune des Philosophes.

Fido. Argent-vif des Sages.

Fiel du Dragon. Mercure de l'étain.
FIEL DE VERRE. Ecume de verre, ou sel qui se sépare et surnage le verre pendant qu'il est en fusion.

Fient ou Fient de cheval. Matière de l'œuvre au noir, ou en putréfaction.

Fille de Platon. Nom que quelques Philosophes chymiques ont donné au mercure des Sages.
FILLE D'HIPPOCRATE. C'est la pierre au blanc parfait. Dict. Herm.
FILLE DU GRAND SECRET. C'est la pierre philosophale que tant de monde cherchent, et que si peu trouvent, à cause du grand secret que les Philosophes chymiques ont gardé sur les différentes opérations nécessaires pour y parvenir.

Filletin. Ce sont des lames de fer. Rulland.

Fils du Soleil et de la Lune. C'est le mercure des Sages. Son père est le Soleil, et sa mère est la Lune. Hermès.
FILS DE LA VIERGE. C'est le même mercure, appelé ainsi, parce qu'il s'extrait d'une terre vierge vitriolique et adamique, qui n'a encore rien produit. Quand les Philosophes Hermétiques parlent de terre, il ne faut pas s'imaginer qu'ils entendent la terre sur laquelle nous marchons, quoiqu'ils disent qu'on la foule souvent aux pieds.
FILS DES PHILOSOPHES. Ce sont les enfants de la Science, ceux qui y sont parvenus par la lecture des livres ou par les instructions verbales des Adeptes.
FILS DE VENUS. C'est l'oripeau, ou le laiton.
FILS DE SATURNE. Mercure des Philosophes.
FILS D'UN JOUR. C'est la poudre de projection. Quelques-uns ont donné ce même nom à l'œuf des oiseaux, quand il est frais.

Filtre des Philosophes. C'est leur mercure.
FILTRE DE LA NATURE. C'est l'air.

Filum arsenicale. Arsenic sublimé.

Firex. Huile en général.

Firmament. Quelques Chymistes ont donné ce nom à la pierre appelée Lapis lazuli, à cause de sa couleur bleue, parsemée de petits brillants qui y forment comme des étoiles.
FIRMAMENT. En termes de science Hermétique, c'est le haut du vase.

Firsir ou Firsit. Chaleur ou feu chymique.

Fixation. Action ou opération par laquelle on rend fixe une chose volatile de sa nature. Le principe de la fixation est le sel fixe, et la digestion à un feu convenable. Les Chymistes Hermétiques disent que la perfection de la fixation ne peut s'obtenir que par les opérations et les procédés de la pierre des Philosophes, que leur matière seule en est susceptible, et qu'elle a atteint ce degré lorsque par la cuisson elle est poussée jusqu'à la couleur rouge de rubis. Cette opération se fait par un feu philosophique du troisième degré.

Fixer. En termes de science Hermétique, c'est cuire la matière après qu'elle est devenue noire par la putréfaction, jusqu'à parfaite blancheur, et enfin jusqu'à la rougeur de rubis. Elle est alors tellement fixe, qu'elle résiste à l'action du feu le plus violent. Fixer est proprement changer un sel volatil en sel fixe, et de manière qu'il ne s'évapore, ni ne se sublime plus. Le volatil ne se fixe jamais par lui-même, comme le fixe ne se volatilise point seul; mais celui qui domine sur l'autre, change le plus faible en sa propre nature.

Fixion. Signifie même chose que fixation.

Flamme. Liquide composé de la matière de la lumière et de l'huile des matières combustibles. Elle est beaucoup plus légère que l'air qui nous environne. Cet air qui la presse inégalement, la fait vaciller dans la direction qu'il lui donne, la pousse du côté où il trouve moins de résistance, et lui donne ordinairement une direction qui l'éloigné de la terre. Les petites parties de la flamme sont si menues, qu'elles sont capables de passer à travers le3 corps les plus solides en s'insinuant dans leurs interstices, lorsqu'elle est poussée violemment contre ces corps par l'air, dont le pressement est plus ou moins violent, selon que cet air est plus ou moins condensé par le froid, par le vent, ou par un souffle artificiel, tel que celui des soufflets, des chalumeaux, etc. Le passage violent de la flamme au travers des corps qui en sont pénétrés, dérange et désunit les parties de ces corps. Cette désunion produit dans les uns une décomposition presque entière de leurs parties, comme il arrive à tous les corps qui se réduisent en cendres; dans les autres, elle ne produit qu'une simple fusion, comme dans les métaux et dans les corps qui se vitrifient, dont les petites parties se réunissent et redeviennent un corps solide dès que la violence de la flamme commence à cesser.
FLAMME est aussi un terme de science Hermétique, qui doit s'entendre d'une humidité décuite par la chaleur, faite onctueuse et aérienne par la continuation du feu. Elle paraît comme une lumière, tantôt plus claire, tantôt plus colorée ou plus obscure, selon le plus ou le moins de pur ou d'impur dont elle est composée. Elle est la source des couleurs tant vantées par les Philosophes chymiques. Diction. Hermétique.

Flèches (les) d'Apollon et celles d'Hercule ne sont autre chose que le feu des Philosophes, suivant Flamel dans les explications de ses Figures hiéroglyphiques.

Fleurs. Les Philosophes Hermétiques donnent ce nom aux esprits enclos dans la matière. Ils recommandent très expressément de donner toujours un feu doux, parce que ces esprits sont tellement vifs qu'ils casseraient le vase, quelque fort qu'il fût, ou se brûleraient.
Ils expriment aussi par ce nom de Fleurs, les différentes couleurs qui surviennent à la matière pendant les opérations de l'œuvre. Ainsi la Fleur du Soleil, c'est la couleur citrine rougeâtre, qui précède la rougeur de rubis. Le lis, c'est la couleur blanche, qui paraît avant la citrine.
FLEUR DU SEL DES PHILOSOPHES. C'est la perfection de la pierre.
PLEUR DE L'OR. C'est tantôt le mercure des Philosophes, et tantôt la couleur citrine.
FLEUR DE LA SAGESSE. C'est leur élixir parfait au blanc, ou au rouge.
FLEUR DE PECHER. C'est le mercure philosophique.
FLEUR SATURNIENNE. Voyez FLEUR DE PÉCHER.
FLEUR DE L'AIR. En termes de Chymie, c'est la rosée.
FLEUR DE L'EAU. C'est la fleur du sel.
FLEUR DE LA TERRE. C'est la rosée et la fleur du sel.
FLEUR DU CIEL, Flos Cœli. C'est une espèce de manne, que l'on trouve ramassée sur l'herbe au mois de mai particulièrement; elle diffère de la manne, en ce que celle-ci est douée, et se recueille sur les feuilles des arbres en forme de grains; le Flos Cœli, au contraire se trouve sur l'herbe et n'a presque point de saveur. On tire par l'art chymique une liqueur du Flos Cœli, dont les propriétés sont admirables. Quelques Chymistes se sont imaginés que c'était la matière dont se servent les Philosophes Hermétiques pour le grand œuvre, mais mal-à-propos.
FLEUR DES MURAILLES. Salpêtre.
FLEUR simplement dit, ou FLEUR D'AIRAIN. C'est la matière de l'œuvre sur la fin de la putréfaction, dans le temps qu'elle commence à blanchir.
FLEUR DE CHEIRI. Essence de l'or.
FLEUR DU SOLEIL. Blancheur étincelante et plus brillante que celle de la neige même lorsque le soleil darde ses rayons dessus : c'est celle de la matière de l'œuvre Hermétique parvenue au blanc.
FLEUR DE SAPIENCE. Elixir parfait au rouge.
FLEUR DE L'OR. Corps fixe du magistère; ce qu'il ne faut pas entendre d'aucunes fleurs ou teintures extraites de l'or commun, mais de l'or philosophique, c'est-à-dire, de la partie fixe du composé du magistère, au moyen de laquelle on fixe l'autre partie volatile, par la seule cuisson gouvernée avec prudence et le régime requis. On appelle aussi Fleur d'Or la couleur citrine qui suit la blanche.

Fleuve. Les anciens Philosophes Hermétiques qui ont inventé les Fables, ont pris très souvent les fleuves et les rivières pour signe allégorique de leur mercure ou eau mercurielle; et en personnifiant ces fleuves, ils les ont fait pères de plusieurs Nymphes, dont ils ont aussi employé les noms suivant ce qu'ils voulaient désigner de volatil dans la matière du grand œuvre. Tels sont le fleuve Achélous, le fleuve Asope, le Scamandre, le Xanthe, etc. On peut voir l'explication Hermétique de ces fictions, dans les Fables Egyptiennes et Grecques dévoilées.

Flos rosinœ metallicae. Fleur de soufre.
FLOS SALIS ou FLOS MARIS. Blanc ou sperme de baleine.
FLOS SECTAE CROAE ou CROCAE. Quelques Chymistes ont ainsi appelé la fleur de safran, l'extrait de la fleur de chélidoine. D'autres ont donné ce nom à la fleur de muscade.

FIox. C'est la flamme.

Fœdula. Toute espèce de mousse.

Fœnix. Voyez PHENIX.

Folier. Cuire, digérer la matière du grand œuvre pour parvenir à en faire la terre feuillée des Philosophes, dans laquelle il faut semer le grain de l'or.

Fondant. Qui aide à la fusion des choses avec lesquelles il est mêlé. En termes de science Hermétique, fondant veut d'ire qui est d'une très facile fusion. Un des signes de la perfection de l'élixir philosophique et de la poudre de projection, est qu'ils soient fondants comme de la cire quand on la présente au feu; et qu'ils se fondent et se liquéfient dans toutes sortes de liqueurs.

Fondement de l'Art. Les uns donnent ce nom au mercure préparé des Philosophes, d'autres à la matière parvenue au blanc.

Fondre. En termes de science Hermétique, c'est purifier et cuire la matière jusqu'à ce qu'elle se réduise en eau épaisse, et noire comme de la poix. Quelquefois les Philosophes se servent de ce terme au lieu de faire dissoudre, réduire en eau, subtiliser, volatiliser.

Fontaine. En termes de Philosophie chymique, signifie communément la matière d'où l'on extrait le mercure sous la forme d'une eau laiteuse et pondéreuse, que les Alchymistes appellent Lait virginal. Ce mercure est pour ceux qui suivent la voie humide pour l'ouvrage du magistère, comme ont fait Paracelse, Basile Valentin, Egidius de Vadis et quelques autres. Quelquefois ils donnent aussi le nom de Fontaine à leur mercure, comme font ceux qui suivent la voie sèche, tels que Géber, Bernard Trévisan, d'Espagnet, le Cosmopolite, le Philalèthe, etc.
FONTAINE DU TORRENT. C'est la même chose.
FONTAINE DE JOUVENCE. Les Alchymistes prétendent que quand les Anciens parlent de cette fameuse fontaine et de celle d'Hipocrene, on doit l'entendre de l'élixir parfait du magistère des Philosophes Hermétiques, parce qu'ils disent que cet élixir est un baume vital, et un remède universel qui conserve en santé, et fait même, pour ainsi dire, rajeunir ceux qui en font usage, en renouvelant leurs forces, et en les conservant fort au-delà des bornes communes de la vie humaine. Artéphius, qui passe parmi les Alchymistes pour un Adepte, dit d'un grand sang froid au commencement de son livre qui a pour titre Clavis major, qu'il l'a composé à l'âge de mille ans, et que se voyant près de sa fin, il a bien voulu laisser ce gage de son amour aux enfants de la Sagesse.
FONTAINE DE FLAMEL. C'est le vase qui renferme la matière de l'œuvre. C'est aussi le mercure.
FONTAINE DES METAUX. Argent-vif des Sages.
FONTAINE DU TREVISAN. Mercure des Philosophes.
FONTAINE DES PHILOSOPHES. Quelquefois ils entendent par ces termes la matière de laquelle ils tirent leur mercure; mais plus ordinairement le mercure lui-même.

Force. Est aussi un terme de science Hermétique, qui doit s'entendre tant de la propriété agissante du mercure des Philosophes, que des esprits qu'il renferme. Quand ils disent donc que toute sa force est convertie en terre, c'est dire qu'il est réellement devenu terre blanche fixe à toute épreuve. Prendre la force des choses supérieures et inférieures, c'est faire l'extraction du mercure, et le mettre ensuite, bien purifié, en digestion pour le faire circuler, et enfin le fixer en terre au fond du vase.
FORCE DE TOUTE FORCE. Ils entendent par cette expression, l'élixir parfait au rouge, ou leur poudre de projection, qui vient à bout de surmonter toutes les maladies des trois règnes, quelque opiniâtres qu'elles puissent être.
Forêt. Lorsque les Philosophes Hermétiques disent que leur matière se trouve dans les forêts, il ne faut pas prendre les choses à la lettre, et aller chercher cette matière dans les bois; elle y est à la vérité, mais comme elle est partout, et non pas plutôt dans les bois qu'ailleurs, ils entendent par le terme de forêt, la matière terrestre dans laquelle leur vraie matière prochaine est comme confondue, et d'où il faut la tirer comme d'un chaos et d'une confusion où elle est si bien cachée aux yeux du vulgaire, que les seuls Philosophes l'y aperçoivent, quoiqu'un nombre infini de personnes s'en servent assez communément, qu'elle se vende publiquement et à un prix très modique, et même qu'elle ne coûte rien, se trouvant partout. C'est cette matière terrestre et superflue dont il faut la dégager, que tous les Philosophes, tant anciens que modernes, entendent par leurs forêts, les lieux sombres, ombrageux, obscurs, leurs cavernes, etc. C'est aussi sur ce principe qu'ils disent : fac manifestum quod est occultum. Mettez à découvert ce qui est caché.
FORET NEMEENNE. Les Poètes ont feint qu'Hercule y tua un Lion d'une grandeur énorme, qui y ravageait tout. Les Philosophes Spagyriques prétendent que cette forêt est le symbole de la matière de la pierre philosophale, et que le Lion qui y fut tué par Hercule, est le sel fixe que cette matière contient. Ce sel métallique qu'ils appellent aussi Lion vert, a tant de force, qu'il convertit tout dans sa propre nature, et dévore tous les métaux. Hercule, qui est le mercure, le coagule, et par-là semble le tuer; il en prend même la peau, c'est-à-dire, il en prend la forme qu'il ne quitte plus.

Forme de l'homme. Soufre des Philosophes parfait au rouge. On lui a donné ce nom, parce que l'homme, en qualité de mâle, donne la forme humaine à la semence qui produit l'enfant dans le ventre de la mère, comme le soufre philosophique à l'égard de la femelle ou mercure des Sages, et que la pierre philosophale est appelée Microcosme, de même que l'homme.
FORME DE LA FEMME. Pierre au blanc. Quelquefois on entend par ce terme l'eau sèche ou mercurielle, la Lune des Philosophes.

Foudre (la) de Jupiter. Forgée par les Cyclopes sous la direction de Vulcain, est le feu des Philosophes, qui, par sa propriété résolutive, dissout d'abord les corps imparfaits dans l'œuvre; et par sa vertu fixative, les réduit ensuite en poudre ou cendre qui se fixe de manière à ne plus craindre les atteintes du feu le plus violent.

Fourmis rongeantes. C'est une maladie appelée aussi Formica repens; elle est connue plus particulièrement sous le nom de Herpes.

Fournaise. (Science Herm.) Fourneau philosophique, ou fourneau secret, qu'ils ont appelé Vaisseau triple, Athanor, Crible, Fumier, Bain-marie, Sépulcre, Urinal, Lion vert, Prison; et Flamel, la Maison et l'Habitacle du poulet. Il faut bien remarquer que le fourneau secret des Philosophes n'est pas le fourneau extérieur que Trévisan appelle Garde froidure, mais la matière qui conserve le feu des Philosophes.

Fourneau. Les Philosophes chymiques ont aussi leur fourneau, dont ils font un grand secret. D'Espagnet qui passe entre eux pour véridique, le décrit ainsi. « Ceux qui sont expérimentés dans les opérations du magistère, ont appelé Fourneau ou Four le troisième vase qui renferme les au très et conserve tout l'œuvre, et ils ont affecté de le cacher fort secrètement. Ils l'ont nommé Athanor, parce qu'il entretient comme un feu immortel et inextinguible; car il administre dans les opérations un feu continuel, quoique inégal quelquefois, selon la quantité de la matière » et la grandeur du fourneau.
On doit le faire de briques cuites, ou de terre glaise, ou d'argile bien broyée et tamisée, mêlé avec du fient de cheval et du poil, afin que la force de la chaleur ne le fasse point crevasser : les parois auront trois ou quatre doigts d'épaisseur, pour pouvoir mieux conserver la chaleur, et résister à sa violence.
Sa forme sera ronde, sa hauteur intérieure de deux pieds ou environ; l'on adaptera au milieu une plaque de fer ou de cuivre, percée de quantité de trous, soutenue de quatre ou cinq broches de fer, enchâssée dans les parois du fourneau. Le diamètre de cette plaque aura près d'un pouce de moins que le diamètre intérieur du fourneau, afin que la chaleur puisse se communiquer plus aisément, tant par les trous que par l'espace qui reste vide entre la plaque et les parois. Au-dessous de la plaque sera pratiquée une petite porte pour administrer le feu, et au-dessus une autre pour examiner les degrés du feu avec la main. Vis-à-vis de cette dernière on pratiquera une petite fenêtre close avec du verre, afin de pouvoir par-là voir les couleurs qui surviennent à la matière pendant les opérations. Le haut du fourneau doit être fait en dôme, et la calotte doit être amovible, pour pouvoir mettre les vases contenant la matière sur le trépied des arcanes, qui sera posé précisément au milieu de la plaque. Lorsqu'on a posé ainsi les vases, on met la calotte sur le fourneau, et on en lute les jointures de manière que tout ne fasse plus qu'un corps. Il faut aussi avoir soin de bien clore les petites fenêtres, pour empêcher que » la chaleur ne s'exhale.
Philalèthe en donne une description à peu près semblable.
Quoique les Philosophes chymiques n'aient pas communément divulgué la construction du fourneau dont nous venons de parler, ce n'est cependant pas celui qu'ils appellent leur Fourneau secret; ils entendent souvent par-là le feu de la Nature, qui agit dans les mines pour la composition des métaux; et plus souvent leur eau céleste ou leur mercure, c'est pourquoi Philalèthe (Fons Chemicœ Philosophicœ) dit : fourneau, qu'un feu, et tout cela n'est qu'une chose, savoir notre eau.
Si la Chymie Hermétique est vraie, ceux qui cherchent la pierre philosophale par les vases de la Chymie vulgaire, ont donc grand tort de faire construire tant de différents fourneaux, suivant les opérations différentes auxquelles ils veulent procéder. L'un pour les sublimations, un autre pour les calcinations, un troisième pour la fusion, un quatrième pour le réverbère, un autre pour les digestions, plusieurs enfin pour les diverses distillations. Tous les Philosophes chymiques s'accordent tous à dire qu'il n'en faut qu'un seul qui sert à toutes ces différentes opérations qui se font toutes dans le même vase sans le changer de place. Ce qui a fait dire au Cosmopolite, connu sous le nom de Sendivogius : Si Hermès, le père des Philosophes, ressuscitait aujourd'hui, avec le subtil Géber, le profond Raymond Lulle, ils ne seraient pas regardés comme des Philosophes par nos Chymistes vulgaires, qui ne daigneraient presque pas les mettre au nombre de leurs Disciples, parce qu'ils ignoreraient la manière de s'y prendre pour procéder à toutes ces distillations, ces circulations, ces calcinations et toutes ces opérations innombrables que nos Chymistes vulgaires ont inventées pour avoir mal entendu les écrits allégoriques de ces Philosophes.
FOURNEAU DE PARESSE. Se dit, en termes de Chymie, d'un fourneau fait de telle façon, qu'avec peu de feu et peu de travail, il s'échauffe et communique sa chaleur à plusieurs autres. On l'appelle aussi Henri le Paresseux. Manget.

Frapper. En termes de Chymie Hermétique, signifie conduire le régime du feu. Frapper trop les esprits, c'est donner un trop grand feu.
FRAPPER DU GLAIVE. Cuire la matière. On dit dans le même sens, frapper avec l'épée, le sabre, le marteau.

Frères. Les Philosophes chymiques donnent ce nom aux métaux, et appellent les Frères estropiés tous les métaux imparfaits, dont les impuretés contractées dans la mine, qui leur sert de matrice, doivent être purifiées par l'élixir parfait au blanc, si la transmutation doit se faire en argent; ou par l'élixir au rouge, si l'on veut leur donner la perfection de l'or. Voyez l'Azoth de Basile Valentin.
FRERES (les deux). Quelques Chymistes ont donné ce nom aux Planètes qui sont également éloignées du Soleil; ainsi Saturne et la Lune ont été appelés les deux frères, Jupiter et Mercure, Mars et Vénus. D'autres leur ont donné ce nom à cause de l'affinité qu'ils ont ensemble, comme l'or et l'argent, Vénus et Mars, Jupiter et Saturne, et Mercure en est le père. Voyez Rulland.
FRERE. Magistère au rouge. Aristée, dans le Code de Vérité, dit au Roi :
Donnez-nous le frère et la sœur, ou Gabricius ou Beja; pour ce qu'il ne se peut faire de génération véritable sans eux, ni ne se peut aucun arbre multiplier... le frère mène sa sœur, non pas le mari, sa femme; et quand ils seront devenus un, ils engendreront un fils plus parfait qu'eux-mêmes.

Fridanus. Mercure dissolvant des Sages.

Froment. Est un nom que les Philosophes Hermétiques donnent par allégorie à leur mercure, parce que de même que, selon la parole de J.-C., le grain de froment ne produit rien, s'il ne pourrit en terre, le mercure des Sages ne donnera jamais le soufre aurifique, s'il n'est putréfié dans le vase et parvenu au noir très noir, vrai signe de putréfaction et dissolution entière.
Fruit. Magistère au rouge, ainsi nommé de ce qu'il est proprement le fruit des travaux de l'Artiste.
FRUIT A DOUBLES MAMELLES. C'est la pierre au blanc et au rouge parfaite, qui l'une et l'autre sortent d'une même racine, c'est-à-dire le mercure des Philosophes.
FRUIT SOLAIRE ET LUNAIRE. Même chose que fruit à doubles mamelles; ou le soufre blanc et le soufre rouge produits par les arbres solaire et lunaire, dont parle Cosmopolite dans son Enigme aux Enfants de la Science.

Fuligo métallorum. Arsenic.

Fulmen hoc loco. Fleurs de l'argent coupelle. Planiscampi.

Fulmination. En termes de l'art métallique, signifie dépuration graduée des métaux. On a donné ce nom, parce que les métaux deviennent brillants et jettent de temps en temps des espèces de clartés comme des éclairs, pendant qu'on les purifie; et qu'il se forme par-dessus une pellicule rougeâtre, qui, quand elle disparaît, laisse voir par intervalles des petites lueurs éblouissantes. Rulland.

Fumée des Philosophes. Nom que quelques Chymistes Hermétiques ont donné aux vapeurs qui s'élèvent de la terre, et y retombent, pour faire tout germer et fructifier dans la Nature. Ils entendent cependant plus spécialement la vapeur qui s'élève de la matière renfermée dans le vase philosophique, et retombe sur la matière, parce qu'elle ne trouve point d'issue. C'est celle dont Hermès a voulu parler dans sa Table d'Emeraude, lorsqu'il dit : Le vent, c'est-à-dire l'air, l'a porté dans son ventre. Ce qui s'explique aussi du mercure des Sages.
FUMEE ou FUMEE IGNEE. Matière en putréfaction. On le dit aussi du dissolvant des Philosophes.
FUMEE TRES-FORTE. C'est le soufre.
FUMEE AQUEUSE ou simplement FUMEE. Matière des Sages après la réunion de l'esprit et du corps.
FUMEE ARABIQUE. Lieu médiocrement chaud. Dict. Hermétique.
FUMEE BLANCHE. (Sc. Herm.). C'est avec raison, dit Riplée, que les Philosophes ont donné ce nom à leur Mercure; car en le distillant, il paraît d'abord comme une fumée blanche, qui monte avant la teinture rouge. Adrop. Phil.
FUMEE ROUGE. Nom que les Philosophes Hermétiques ont donné à leur matière quand elle est purifiée et a pris la couleur rouge. Morien dit que la fumée rouge est l'orpiment rouge; mais cela doit s'entendre de l'orpiment des Philosophes, comme lorsqu'il ajoute que la fumée blanche est argent-vif, et la fumée orangée, le soufre orangé.
Pour dire la vérité, la fumée rouge est l'or ou la pierre au rouge; la fumée blanche est la pierre au blanc, ou la Lune, ou le mercure philosophique.
Un Auteur dit que fumée rouge signifie la même chose que sang du Lion vert.

Fumer la terre. C'est cuire le compost, pour me servir des termes de Flamel, jusqu'à ce que la matière soit en putréfaction.

Fumier de cheval. Matière au noir.

Fumigation. Opération chymique, par laquelle on rend les métaux friables, en les exposant à la vapeur du plomb fondu, ou du mercure.

Fumiger. Exposer un corps à la fumée d'un autre, pour lui en faire éprouver les impressions.

Furfir. Couleur rouge qui survient à la matière de l'œuvre par la continuation seule de la cuisson.

Furies. Déesses infernales, filles de l'Achéron et de la Nuit. On les nommait aussi Erynnes, Euménides, et Dires. Elles étaient trois, Mégère, Tisiphone et Alecto. Voyez les Fables Egypt. et Grecq. dévoilées, liv. 3, ch. 6.

Fusibilité. Qualité qu'ont certains corps de se fondre à la chaleur. Ce terme ne se dit guère que des métaux. Cette qualité leur vient du mercure; car ceux qui abondent plus en mercure, ont plus de fusibilité; ceux qui en ont le moins, ont plus de dureté et résistent davantage à l'action du feu. Bien des Chymistes trompés par une expérience commune, ont attribué cette fusibilité au soufre, sur ce que le soufre ajouté au fer rouge le met en fusion; mais ils auraient dû faire attention que le charbon ou le soufre qu'on ajoute, n'accélèrent la fusion que parce qu'ils absorbent les esprits et sels acides. Becher.

Fusible. Qui est susceptible de fusion. Plus les métaux abondent en mercure, plus ils sont fusibles. Dans quelques-uns, tels que le fer et le cuivre, ce mercure est si embarrassé de parties terrestres, acides et hétérogènes, qu'ils sont très difficiles à mettre en fusion, sans addition de quelques fondants, tels que l'antimoine, le borax ou d'autres sels. Le verre est aussi fusible, les sels, les cailloux et toutes les matières vitrifiables. On rend le sel de tartre fusible et pénétrant, en le mêlant bien avec de l'esprit de vin en quantité à peu près égale. On y met ensuite le feu. Après que l'esprit de vin est consumé, on réitère l'opération jusqu'à trois ou quatre fois, et alors ce sel devient si pénétrant, que mis sur une plaque de fer rougie au feu, il se fond comme de la cire, et la perce en laissant après lui une trace blanche, qui approche beaucoup de la couleur de l'argent. Les Chymistes Hermétiques disent que leur élixir doit être fusible comme de la cire, et pénétrant jusqu'aux intimes parties des métaux imparfaits sur lesquels on en fait la projection.

Fusion. Liquéfaction des corps solides par l'action du feu. Plus les métaux abondent en humidité onctueuse, plus la fusion en est facile. Le fer n'est susceptible de fusion qu'à un très-grand feu, ou mêlé avec l'antimoine. Voyez FUSIBLE.

Fyada. Fumée blanche des Philosophes.



G

Gabertin. Partie fixe de la matière du grand œuvre; la volatile se nomme Beja.

Gabricius. Soufre des Philosophes.

Gabrius. Même chose que Gabertin.

Gala. Lait.

Gamathei. Pierres sur lesquelles on a gravé des figures pour en faire des Talismans.

Gannana-Péride. C'est le Kina-kina.

Ganymede. Fils de Tros, Roi de Troye, fut enlevé au ciel par Jupiter, qui avait pris pour cela la figure d'un aigle. Les Philosophes Hermétiques expliquent cette fable comme une allégorie de leur grand œuvre. Ganymede est la partie fixe de leur matière, mise dans l'œuvre philosophique avec la partie volatile, appelée Aigle, qui enlevé au ciel, c'est-à-dire au haut du vase, la partie fixe, et retombent enfin toutes deux au fond, pour s'y fixer en matière solide, qu'ils appellent pierre philosophale. Quand on dit que Ganymede, après avoir été enlevé au ciel, devint l'Echanson de Jupiter; c'est pour exprimer cette pluie formée par la matière volatilisée, qui en tombant, abreuve la matière grise appelée Jupiter, qui se trouve au fond du vase.

Gas. Terme dont s'est servi Van-Helmont pour exprimer la substance spiritueuse et volatile qui s'évapore des corps. Son Traducteur l'appelle un esprit sauvage.
Pour mieux faire concevoir ce qu'il entend, voici l'exemple qu'il apporte de ce gas. Que l'on brûle soixante-deux livres de charbon, il ne restera guère plus d'une livre de cendres. Donc, dit-il, le surplus ne sera qu'esprit. Cet esprit ou gas ne peut pas être détenu dans des vaisseaux, ni être réduit en corps visible, que sa vertu séminale ne soit préalablement éteinte. Les corps le contiennent et souvent s'en vont tout en cet esprit... C'est un esprit coagulé corporellement, qui est excité par une acquisition de ferment, comme on voit au pain, vin, hydromel, etc. ou par quelque addition étrangère, comme par le sel armoniac avec l'eau-forte; ou par quelque disposition altérative, comme on voit aux pommes qui cuisent au feu... C'est lui qui rend les vins violents quand il est retenu par force dans des tonneaux. C'est lui qui donne la force à la poudre à canon. Ce gas se manifeste dans l'huile chaude où l'on jette du vin ou de l'eau en petite quantité, ou sur du plomb fondu. Van-Helmont prétend par-là, que ce gas diffère de l'air. Voyez ses Principes de Physique, part. I, chap. xv.

Gatrinum. Cendres clavelées. Gazar. Galbanum. Gazard. Laurier.

Géants. Enfants du Ciel et de la Terre. Ils firent la guerre aux Dieux, et voulurent détrôner Jupiter, qui les foudroya tous. J'ai expliqué ce qu'on doit entendre par ces Géants dans les Fables Egyptiennes et Grecques dévoilées, liv. 3, ch. 3 et 4. Les Philosophes n'ont en effet eu d'autre intention en inventant la fable des Géants, que d'exprimer la dissolution de la matière du grand œuvre, et le combat qui se fait alors entre la partie volatile qui dissout, et la fixe qui est dissoute en eau, mais qui remporte enfin la victoire en fixant son ennemie, qui était une eau mercurielle. L'étymologie seule des noms donnés aux plus fameux de ces Géants, suffit pour confirmer dans cette idée. Briareus dérive de Beri, subversa; Othus de Onit-toth, tempestatum vices; Ephialtes de Evi ou Ephi, nubes, et de Althah, ca-ligo, ou nubes caliginis, ou nubes horrida; Encelade de Enceled, ions temporaneus, torrens, le ravage des eaux; Porphyrion de Phour, frangere, frustulatim difringere; Mimas de Maim, grandes pluies; Rhœcus de Rouach, le vent. M. Peluche, en me fournissant ces étymologies dans son Histoire du Ciel, tom. 1, p. 107 et 108 ne s'imaginait certainement pas approcher si près du but sans le savoir; car la dissolution de la matière, sa volatilisation et sa chute en pluie y sont manifestement déclarées.

Gelapo. Jalap.

Gelée du Loup. Nom que quelques Chymistes ont donné à la teinture congelée de l'antimoine, parce qu'ils appellent Loup ce minéral.

Gelsemin. Jasmin.

Geluta, Gelute. Sont des noms que Paracelse a donné à une plante connue sous celui de Carline.

Gemma tartarea. Pierres qui s'engendrent dans le corps des hommes.

Génération. Est aussi un terme du grand Art. Les Philosophes Hermétiques le comparent à la génération de l'homme. La première partie de cet Art, c'est l'accouplement, la seconde la conception ou génération, la troisième la grossesse, la quatrième l'enfantement, la cinquième la nourriture. S'il n'y a donc point d'accouplement, il n'y aura pas de génération, d'autant que l'ordre des opérations du magistère ressemble à la production de l'homme. Mor. La génération, dans le grand œuvre, se fait lorsque la matière est dans une entière dissolution, qu'ils appellent putréfaction, ou le noir très noir.

Genre commun. C'est, en Chymie, le sel marin; quelques-uns donnent ce nom au nitre, d'autres au vitriol; mais on doit l'entendre du sel universel répandu dans tous les individus sublunaires, parce qu'il est la base de tous les corps, et comme leur premier principe.

Gentarum. Succin, ou ambre.

Gepsin. Plâtre.

Germe. Mercure des Philosophes, principe et semence de tous les métaux, sans être métal lui-même actuellement, mais seulement en puissance.

Gersa. C'est la céruse.

Geryon. Fils de Chrysaor, était un géant à trois têtes ou trois corps. Il avait en sa possession les plus beaux bœufs du monde; Eurysthée ordonna à Hercule de les enlever à Geryon, et de les lui amener; Hercule obéit, tua Geryon, et emmena ses bœufs. Voyez l'explication de cette fiction dans les Fables Egypt. et Grecq. dévoilées, liv. 5, ch. 12.

Gesor. Galbanum.

Gi. Terre.

Gialappa. Jalap.

Gibar. Toute Médecine métallique.

Gibum. Fromage.

Gich. Plâtre.

Gilla vergrillus. Sel de vitriol, ou calcantum.

Gir. Chaux vive.

Girgies. Cailloux blancs.

Girmer. Tartre.

Gisentere. Nom que quelques Chymistes ont donné aux vers de terre, comme si l'on disait intestins de la terre.


Gisissim. Gomme.

Git. Chaux vive.

Gitenon. Colle de farine.

Glace de Marie. Glacies Marias. Talc et pierre arabique.

Glacies dura. Cristal.

Glaive. Les Philosophes ont donné ce nom à leur feu, comme celui de sabre, épée, cimeterre, hache, lance, marteau, etc.
GLAIVE NU RESPLENDISSANT. C'est la matière parvenue à la blancheur.

Glessum. Ambre, succin.

Glisomargo. Terre de Crète.

Gluten. C'est le fiel de taureau. Il s'entend aussi de la sinovie de Paracelse, qui est semblable au blanc d'œuf. Planiscampi.

Glutinis Tenacitas. Résine minérale.

Gobeira. Poussière.

Gomme du Soleil. Matière de l'œuvre parvenue au blanc.
GOMME DE L'OR. C'est le soufre qui fait partie de la matière du grand œuvre.
GOMME DES SAGES. Terme de Science Hermétique. C'est le mercure en putréfaction. Quelquefois ils l'entendent, comme Morien, du soufre parfait au blanc, qu'ils appellent Gomme blanche; et du soufre parfait au rouge, qu'ils nomment Gomme rouge.
GOMME BLANCHE. Matière de la pierre, lorsque le magistère est parfait au blanc.
GOMME ROUGE. Magistère au rouge, ou le soufre des Philosophes.
GOMME DU PÉROU, GOMME DE GAMANDRA, GOMME DE JENU. Gomme gutte.

Gophrith. Magistère au rouge.

Gorgones. Filles de Phorcis, nommées Euryale, Sthenyon et Méduse. Elles avaient la propriété de pétrifier tous ceux sur qui elles jetaient la vue. Voyez ce qu'elles signifient dans les Fables Egypt. et Grecques dévoilées, liv. 3, ch. 14, § 3.

Gotne. Coton.

Gotne, Msegiar. Coton.

Goufre. En termes de Science Hermétique signifie tantôt le mercure parfait des Sages, parce qu'il est un dissolvant universel, dans lequel les métaux particulièrement semblent s'engloutir, pour ne plus reparaître ce qu'ils étaient auparavant. Quelquefois les Philosophes entendent par goufre la matière au noir très noir.

Graisse. Matière des Philosophes au noir, ainsi nommée parce qu'elle ressemble à de l'huile noire.

Grande-Mère. Surnom donné à Cybele, ou la Terre, parce qu'on la regardait comme la mère et le principe de tout ce qui existe.

Grand Œuvre. Est un des noms que les Philosophes chymiques ont donné à leur Art, à cause de la difficulté de l'apprendre, d'y réussir, et des deux grands objets qu'ils se proposent, l'un de faire un remède universel pour les maladies des trois règnes de la Nature; et l'autre, plus particulier, de transmuer les métaux imparfaits en or, plus pur même que celui des mines.

Granuler. Réduire un métal fondu en grenailles.

Granus. Pierre de porphyre pour broyer les ingrédients des composés chymiques.
Grassa. Borax.

Grassale. Terrine ou écuelle de terre. Dict. Herm.

Grées. Nom des Gorgones. Voyez GORGONES.

Grenade. Pierre au rouge.

Griffon. Les Philosophes Hermétiques ont donné ce nom à leur matière, parce que les Anciens ont feint que le Griffon était un animal qui avait la tête et la poitrine d'un Aigle, et le reste du corps comme un Lion. C'est pourquoi ils disent qu'il faut les faire combattre jusqu'à ce qu'ils ne fassent qu'un, c'est-à-dire, qu'il faut mettre ensemble le Lion et l'Aigle, et mêler le volatil avec le fixe, et les faire circuler ensemble jusqu'à ce que tout demeure en un corps fixe. Voilà l'animal fabuleux de Pline et des autres Naturalistes, qui en ont pris l'idée des Chymistes Hermétiques, qui disaient qu'il veillait à la garde des trésors, et qu'il était consacré au Soleil.
L'Auteur du Dictionnaire Hermétique dit mal-à-propos que le Griffon des Philosophes est l'antimoine.

Griller. Cuire.

Guinina. Magistère au blanc.

Guma. Mercure des Philosophes, ou leur Lune.
GUMA DE PARADIS. Orpiment.
GUMA GUMI. Ferment des Sages.

Gumicula. Valériane.

Gummi. Gomme des Philosophes.

Gutta Gamandra, Gutta Gamba, Gutta Gauma, Gutta Genu. Gomme gutte.


H

Habit ténébreux. Couleur noire qui survient à la matière de l'œuvre pendant la putréfaction.

Habitacle du poulet. Vase Hermétique. Voyez FOURNAISE.

Habras. Plante connue sous le nom de Staphisagria, ou Herbe aux poux.

Hache. Feu des Philosophes. Frapper avec la hache, c'est cuire la matière.

Hacumia. Même chose qu'Eudica, suivant Morien.

Hadid. Fer, acier des Philosophes.

Hœ. Pierre au blanc.

Hagar. Pierre Arménienne.

Hager. Pierre d'Arménie.

Hager aliendi. Pierre Judaïque.

Hager archtamach. Pierre d'Aigle.

Hager alzarnad. Mercure des Sages digéré et cuit au rouge de pavot.

Hal. Terme emprunté de l'arabe, dont plusieurs Chymistes se sont servi pour signifier le sel.

Halcal. Vinaigre.

Halcyonium. Ecume de la nier.

Haleine. Ce mot signifie quelquefois de la fumée. Johnson. Et quelquefois le fumier de cheval, que les Chymistes appellent ventre de cheval. Mais en termes de Science Hermétique, il veut dire la matière de l'œuvre en putréfaction.

Halereon. Aigle des Philosophes.

Haliacmon. Fleuve de la Macédoine, qui a la propriété de faire devenir blanches les brebis qui ne le sont pas, quand elles boivent de son eau. Pline, liv. 31, ch. 2. On dit en conséquence en manière de parler dans l'art Hermétique, qu'il faut faire boire le Dragon et le Corbeau philosophiques dans le fleuve Haliacmon, pour dire qu'il faut blanchir le laiton, ou faire passer du noir au blanc la matière dé l'œuvre. On écrit aussi Aliacmon.

Halimar. Cuivre. Halle. De la glu.

Hammon. Un des plus grands Dieux de l'Egypte, aussi nommé Jupiter. On le représentait avec une tête de bélier. Voyez l'explication de la fiction dont il fut le sujet, dans les Fables Egyptiennes et Grecques dévoilées, liv. 1.

Handal ou Handel. Coloquinte.

Hara. Genièvre.

Hannala. Rue sauvage.

Harmat. Bayes de genièvre.

Harmel. Semence de la rue sauvage.

Harmoniac. (Sel) (Sc. Herm.) Quelques Philosophes ont donné le nom de Sel harmoniac à leur matière, non que le sel qui porte communément ce nom, soit naturel ou artificiel, doive être regardé comme la matière des Philosophes; mais parce que cette matière est une espèce de sel composé par
combinaisons harmoniques, comme di­sent Raymond Lulle et Riplée. On écrit aussi Armoniac.

Harmonie ou Hermonie. Fille de Mars et de Vénus, épousa Cadmus, fils d'Agenor. Cadmus eut d'elle entre autres enfants, Semelé, mère de Bacchus. Voyez l'explication de cette fable dans les Fables Egypt. et Grecq. dévoilées. Voyez aussi l'article de Cad­mus.

Harpocrate. Figure ou statue d'un homme tenant deux doigts sur la bouche fermée, et cachant de l'autre main ce que la pudeur ne permet pas de montrer. Cette statue se trouvait dans tous les temples Egyptiens, qui l'appelaient le Dieu du Silence. On le mettait ainsi dans tous les temples pour faire souvenir les Prêtres qu'ils devaient garder le silence sur les se­crets cachés sous leurs figures hiéro­glyphiques. Ces secrets, selon que l'a très bien expliqué Michel Majer dans son Arcana Arcanissima, n'étaient au­tres que celui de la vraie Chymie, que l'on vante tant sous le nom du Grand-Œuvre, ou de la Pierre philosophale. On peut voir les applications heureu­ses des fables Egyptiennes aux opéra­tions de cet Art, dans les livres des Fables Egypt. et Grecq. dévoilées, liv. 1, chap. 7.

Harpies. Monstres enfants de Neptune et de la Terre. Elles avaient la tête d'une femme, avec un visage pâle et blême, le corps d'un vautour, des ailes de fer, des griffes aux pieds et aux mains, et un ventre énorme par sa grandeur. On les nommait Ocypeté, Aello, Celaeno. Elles enlevaient les mets de dessus la table de Phinée, et infectaient ceux qu'elles y laissaient. Zethès et Calais, fils de Borée, l'en délivrèrent et les chassèrent jusqu'aux îles Plotes. Voyez les Fables Egypt. et Grecq. dévoilées, liv. 2, ch. 1.

Hasacium. Sel armoniac.

Hauteur. (Science Herm.) Dimension allégorique et mystérieuse de la pierre des Sages. Si nous en devons croire Philalèthe, la hauteur n'est autre chose que ce que la matière des Philosophes présente à nos yeux dans le temps de sa préparation. Par exemple, le corps ou la matière de notre Art, dit-il dans son traité De vera confectîone Lapidis Philosophici, est noir dans sa première disposition, qui se fait par la putréfac­tion; cette noirceur qui frappe nos yeux et que nous appelons froide et humide, est ce qui se manifeste à notre vue; et cette disposition est ce que nous appelons hauteur de notre corps.

Hébé. Déesse de la jeunesse, fille de Jupiter et de Junon, suivant Homère;
ou de Junon seule, sans avoir connu d'homme, mais pour avoir mangé beaucoup de laitue dans un festin où Apollon l'avait invitée. Hébé fut cons­tituée Echansonne de Jupiter, et don­née ensuite en mariage à Hercule après son apothéose.
Hébé signifie proprement la méde­cine Hermétique, donnée en mariage à Hercule, c'est-à-dire mise entre les mains de l'Artiste après sa perfection, afin qu'il en fasse usage pour la santé du corps humain, la guérison des maux qui l'affligent, et son rajeunis­sement pour lequel on invoquait Hébé.

Hebrit. Soufre rouge des Philosophes.

Hécate. Déesse des Enfers, fille de Jupiter et de Cérès, selon Orphée; de Jupiter et d'Astérie, selon d'autres. Hécate présidait aux accouchements et aux songes. Elle est la même que Diane, qui se nommait la Lune dans le Ciel, Diane sur la Terre, et Hécate dans les Enfers. Voyez diane.

Hector. Fils de Priam, fut un des plus grands Héros entre ceux qui défendi­rent la ville de Troye contre les Grecs.
La destinée de cette ville était attachée à la vie d'Hector. Jupiter le prit sous sa protection, et le soutint longtemps contre les poursuites de Junon qui voulait le faire périr; mais enfin il l'abandonna à sa destinée, et Achille lui ôta la vie.
Hector était le symbole de la partie fixe de l'œuvre Hermétique, et Achille celui de l'eau ignée mercurielle. C'est pourquoi on a feint qu'Apollon, Diane, Vénus et Mars avaient pris le parti d'Hector; et Junon, Thétis, le fleuve Scamandre, Mercure et Minerve celui d'Achille. Il n'était pas possible de réussir à s'emparer de la ville de Troye, c'est-à-dire à parfaire l'œuvre, si l'on ne dissolvait, et si l'on ne faisait tomber en putréfaction la partie fixe par Peau mercurielle, ce qui était faire mourir Hector. Voyez l'explica­tion plus développée de cette fiction, dans le 6° livre des Fables Egypt. et Grecq. dévoilées.

Hécube. Fille de Dymas, et femme de Priam, Roi de Troye, ayant vu immo­ler sa fille Polixene sur le tombeau d'Achille, et son fils Polydor massa­cré par la trahison de Polymestor, elle en conçut un tel dépit, qu'elle creva les yeux à Polymestor; et dans le temps qu'elle se sauvait pour se soustraire aux poursuites des Grecs qui s'étaient empares de la ville de Troye, elle fut changée en chienne. Voyez le 6° livre des Fables Egypt. et Grecq.

Hedeltabateni. Térébenthine. Planiscampi.

Hel. Vinaigre. Johnson et Planiscampi.

Helcalibat. Térébenthine.

Hèle ou Helle. Gui de chêne.

Helebria. Ellébore blanc à fleurs rou­ges.

Hélène. Pille de Jupiter et de Léda, sœur de Castor, de Pollux et de Clytemnestre, fut la plus belle femme du monde. Ménelas l'épousa; et Paris, fils de Priam, ayant adjugé la pomme d'or à Vénus comme à la plus belle des Déesses, Vénus lui mit Hélène entre les mains pour récompense de ce qu'il avait porté son jugement en sa faveur. Paris enleva Hélène, et l'emmena à la cour de Priam. Ménelas, pour s'en venger, mit dans ses intérêts tous les Princes de la Grèce, et conduisit contre Priam une armée formidable qui fit le siège de Troye. Au bout de dix ans les Grecs s'empa­rèrent de cette ville, et Ménelas re­mena Hélène avec lui. Après la mort de Ménelas les Lacédémoniens la chassèrent de leur ville : elle se retira à Rhodes chez Polixo, qui pour ven­ger, dit Hérodote, la mort de son mari Tiépoleme tué au siège de Troye, envoya dans le bain où était Hélène, deux femmes de chambre qui la pen­dirent à un arbre. Voyez les Fables Egypt. et Grecq. dévoilées, liv. 6.

Héliades. Filles du Soleil et de Clymene, et sœurs de Phaëton. Voyez phaeton.

Hélicon. Montagne de la Grèce, si­tuée près de celle du Parnasse, l'une et l'autre consacrées à Apollon et aux Muses. Voyez muses.
On voyait autrefois dans la Macé­doine un fleuve qui portait le nom d'Hélicon. La Fable dit que les fem­mes de la Thrace mirent en pièces Orphée sur son rivage, et furent tou­tes noyées dans les eaux de ce fleuve. Voyez orphée.

Héliconiades. Surnom des Muses.

Heliotropium. Mélisse de Théophraste. Paracelse.

Hellé. Fille d'Athamas et de Néphele, s'enfuit en Phrygie avec son frère Phrixus, pour se soustraire aux mau­vais traitements de sa belle-mère. Il montèrent l'un et l'autre sur un mou­ton à toison d'or, et voulurent ainsi traverser la mer; mais Hellé effrayée par les flots, tomba dans l'eau et s'y noya. Voyez les Fables Egypt. et Grecques dévoilées, liv. 2, ch. 1.

Helminthica. Tout médicament ver­mifuge.

Heinesed. Corail. Helsaton. Sel décrépité.

Helsebon et Helsobon. Sel commun préparé. On dit aussi Eisabon.

Helunhai. L'anneau dit de Salomon.

Hœmatites (Pierre). Ou pierre san­guine, ou Feret d'Espagne, est une pierre pesante, participant du fer, des mines duquel elle se tire. Il y en a de plusieurs espèces. Celle qu'on appelle Feret est dure, de couleur brune-rougeâtre, mais devenant rouge comme du sang à mesure qu'on la met en poudre. Elle est disposée en aiguilles pointues. La plus estimée est nette, pesage, dure, avec des lignes) noirâtres par dehors, et comme du cinabre en dedans. La sanguine nous vient communément d'Angleterre, elle n'est point en aiguilles; on la taille au couteau pour en faire des crayons, appelés crayons rouges. On doit la choisir rouge-brune, pesante, com­pacte, unie, et douce au toucher.
On trouve de l'Hématite noire en Egypte, en Perse, en Allemagne. Quand elle est infusée, elle teint l'eau en couleur de safran. Rulland dit qu'on en trouve aussi de verte.
Sérapion, Pline, Dioscoride, par­lent beaucoup de l'Hématite, et en font un grand éloge.

Hemiobolon. La douzième partie d'une dragme.

Hemiolium. Les uns emploient ce mot pour signifier une demi-once; les autres, avec Blancart, pour le poids de douze gros, ou une once et demie.

Hemipagia. Migraine. Henri rouge. Colcotar.

Henri le paresseux. Athanor.

Herbe blanche. Qui croît sur les petites montagnes; ces expressions, en termes du grand art, ne signifient autre chose que la matière cuite et parfaite au blanc. On ne trouve ces termes que dans le Dialogue de Marie et d'Aros, où Marie la nomme Herbe blanche, claire et honorée. Quelques-uns l'ont expliquée du mercure des Sages, d'autres de la minière d'où on l'extrait; mais la circonstance où Marie l'emploie désigne la matière au blanc, parce que les Philosophes don­nent quelquefois le nom de petites montagnes à leur fourneau et à leur vase.
herbe philosophale. Herbe satur­nienne et Herbe médicinale. Termes du grand art, qui signifient la même chose, c'est-à-dire, le mercure des Sages; quelquefois la minière d'où se tire ce mercure. Les Chymistes lui donnent ce nom générique d'herbe, à cause de sa qualité végétative.
herbe triomphante (Se. Herm.). Matière minérale faisant partie du composé des Philosophes. C'est celle qu'ils appellent leur Femelle, leur Cri­ble, dont voyez l'article.

Herbe potagere. Pierre au blanc.

Herbe saturnienne, ou Saturnie végétable. Matière de laquelle les Phi­losophes Hermétiques savent extraire leur mercure.

Hercule. Se prend le plus souvent pour l'artiste laborieux, et savant dans l'art chymique; ce qui engagé la plupart des Auteurs qui en ont traité, à comparer la préparation de la ma­tière aux travaux d'Hercule, à cause de la difficulté que l'on trouve à y réussir.
Hercule est aussi le nom que les Alchymistes donnent à leurs esprits métalliques, dissolvants, digérants, sublimants, putréfiants et coagulants. Ils regardent les travaux d'Hercule com­me le symbole du grand œuvre, ou des opérations de la pierre philosophale. On peut voir à ce sujet le Traité de Pierre-Jean Fabre, Médecin de Montpellier, qui a pour titre : Her­cules Piochymicus, imprimé à Toulouse en 1634. Il y explique les tra­vaux d'Hercule, par le rapport qu'ils ont avec les opérations de l'Alchymie, avec tant de vraisemblance, qu'on peut assurer avec lui, que presque toute la Fable n'est qu'un tissu de symboles énigmatiques du grand œuvre; ceux qui sont au fait en feront aisément l'application. Anthée, par exemple, ce Géant si redoutable, fils de la Terre, qu'Hercule ne put vaincre tant qu'il toucha la Terre sa mère; mais qui fut suffoqué dès qu'il fut élevé en l'air, représente la terre métallique grossiè­re, et qui ne peut devenir propre à la teinture des métaux, qu'après avoir été sublimée par le mercure ou les esprits métalliques sublimants repré­sentés par Hercule. Cette terre, après avoir été sublimée, doit mourir ou être étouffée dans les airs, c'est-à-dire, doit changer de figure, de forme et de nature, doit être changée en vapeur aqueuse; et puis retomber pour être putréfiée, et ensuite ressusciter de ses cendres comme le phœnix. Tous les livres des Philosophes le disent, entre autres Clangor Buccinœ, p. 482. Celui qui saura convertir notre terre en eau, cette eau en air, cet air en feu, ce feu en terre, possédera le ma­gistère d'Hermès, qui n'est autre que la pierre Philosophale. Mais le plus communément Hercule est le symbole de l'artiste qui emploie le mercure philosophique pour faire tout ce qu'on lui attribue. Voyez les Fables Egypt. et Grecques dévoilées, liv. 5°, où l'on explique tous les travaux d'Hercule.

Hermaphrodite. Fils de Mercure et de Vénus, se promenait dans un lieu solitaire, où il y avait une fontaine. La Nymphe Salmacis qui s'y baignait, fut éprise de la beauté du jeune homme qui s'était disposé à s'y baigner aussi. Elle le sollicita avec beaucoup d'ins­tances, et ne pouvant l'engager à seconder ses désirs amoureux, elle courut à lui pour l'embrasser, et pria en même temps les Dieux de lui accorder que de leurs deux corps il ne s'en fît qu'un; ce qui lui fut accor­dé. Hermaphrodite obtint alors que tous ceux qui se baigneraient dans cette fontaine, soit homme ou femme, participeraient à l'un et à l'autre sexe. La matière de l'art Hermétique tient de Mercure et de Vénus, et porte elle-même le nom de Mercure des Philosophes : plus d'un Adepte lui ont donné le nom de Vénus, et c'est en effet de l'un et de l'autre qu'elle est composée. Il est à remarquer que ce fils de Mercure et de Vénus ne devint Hermaphrodite qu'après son union avec la Nymphe Salmacis, et la matière ne prend aussi le nom de Rebis et d'Hermaphrodite, qu'après la jonction du soufre et du mercure des Sages dans leur fontaine, qui est, dit Trévisan, la fontaine où le Roi et la Reine se baignent, comme le firent Salmacis et Hermaphrodite. La pro­priété qu'acquit alors cette fontaine de rendre participants des deux sexes tous ceux qui s'y baigneraient, est précisé­ment la propriété de l'eau mercurielle des Philosophes, qui est prise pour la femelle, et qui ne fait plus qu'un corps des corps qu'on y baigne, parce qu'ils s'y dissolvent radicalement, et s'y fixent ensuite de manière à ne jamais pouvoir être séparés. C'est pour cette raison que quelques Philosophes ont donné le nom d'Hermaphrodite à leur ma­tière fixée au blanc.

Hermès. Surnommé Trismégiste, ou trois fois grand, est regardé comme le père de l'Alchymie, qui de lui a pris le nom d'Art Hermétique. Il était Egyptien, et le plus savant homme connu jusqu'à présent. Voyez son histoire et les fables qu'on a inventées à son sujet dans le premier livre des Fables Egyptiennes et Grecques dévoi­lées.
Hermès est aussi le nom que quel­ques Chymistes ont donné au nitre. Blancart.
Hermès odorante. C'est le kermès, suivant Raymond Lulle.
Hermès est encore un des noms, et le nom propre du mercure des Phi­losophes, parce qu'il est en effet le mercure des corps et particulièrement celui de tous les individus du règne minéral.

Hermétique. Terme de Chymie. La science Hermétique reconnaît Hermès pour son propagateur, et quelques-uns le regardent comme le premier qui y ait excellé; ce qui lui a fait donner son nom. Le grand art, la Phi­losophie Hermétique, le grand œuvre, l'ouvrage de la pierre philosophale, le magistère des Sages, sont toutes expressions synonymes de la science Hermétique. La Physique Hermétique dépend de cette science, qui fait con­sister tous les êtres sublunaires dans trois principes, le sel, le soufre et le mercure, et rapporte toutes les mala­dies au défaut d'équilibre dans l'action de ces trois principes; c'est pourquoi elle se propose pour objet la recher­che d'un remède, qui entretienne cet équilibre dans les corps, ou qui y remette ces trois principes, lorsque l'un d'eux vient à dominer avec trop de violence sur les autres. Le second objet de cet art, est de composer ce qu'ils appellent élixir au blanc ou au rouge, qu'ils nomment aussi poudre de projection, ou pierre Philosophale : ils prétendent avec cet élixir changer les métaux imparfaits en argent avec l'élixir au blanc, ou en or avec l'élixir au rouge. On a regardé dans tous les temps comme des fous ceux qui se sont adonnés à ces recherches, quoi­qu'ils se nomment les vrais Sages et les vrais Philosophes, à qui seuls la Nature est connue. Ils prétendent que les Philosophes de l'Antiquité, Démocrite, Platon, Socrate, Pythagore, etc. étaient tous initiés dans les secrets de cette science, que les hiéroglyphes des Egyptiens et toutes les fables qui com­posent la Mythologie, n'ont été inven­tés que pour enseigner cette science. Voyez sur cela les Fables Egypt. et Grecq. dévoilées.

Hermétique. (Sceau). Voyez sceau.

Hermetique (Médecine). Elle ré­duit toutes les causes des maladies au sel, au soufre et au mercure; et les guérit par des remèdes travaillés hermétiquement, et extraits des trois règnes. Blancart.

Hermétiquement. Ce terme ne se dit que de la manière de sceller les vases chymiques ou autres; ce qui se fait en les bouchant de manière qu'ils ne laissent échapper aucune des parties volatiles des corps qu'ils renferment. Pour y parvenir, on fait rougir le haut du col du vaisseau, et on en rappro­che les bords jusqu'à ce qu'ils soient collés ensemble. Quelquefois on y met un bouchon de verre, lorsque le vase est de cette matière, et ayant mis du verre pilé sur les joints, on la fond à la lampe d'émailleurs. On dit aussi sceller du sceau des Philosophes, des Sages; mais quand on le dit des opérations du grand œuvre, on ne doit pas l'entendre du vase qui con­tient la matière; mais du sceau secret avec lequel ils scellent la matière même; c'est la fixation du volatil.

Hermione ou Harmonie. Fille de Mars et de Vénus, et femme de Cadmus. Ces deux derniers furent changés en serpents ou dragons. Voyez Cadmus.

Hermione. Fille de Ménélas et d'Hélène, fut d'abord fiancée à Oreste, fils d'Agamemnon; Pyrrhus l'épousa à son retour de Troye. Mais Oreste, sans doute du consentement d'Hermione, fit massacrer Pyrrhus dans le Temple d'Apollon. V. ores­te.

Hermogene. Nom que Basile Valentin a donné au mercure des Philoso­phes, comme principe, et père de la pierre des Sages. Ce savant homme a composé le symbole de sa dixième Clef de l'œuvre Hermétique, d'un triangle qui renferme deux cercles con­centriques; à l'angle droit est la figure chymique du Soleil, à l'angle gauche celle de la Lune, à l'angle du bas celle de Mercure. Sur chaque figure et au milieu du cercle sont des mots hébreux que je n'entends pas. Au-dessus du côté qui forme le haut du triangle est écrit : je suis né d'Hermogene; le long du côté gauche : Hyperion m'a choisi, et le long du côté droit : sans Jamsuph je suis contraint de périr.

Hernec. Orpiment des Philosophes.

Hésionne. Fille de Laomédon, Roi de Troye, selon la Fable, fut exposée pour être dévorée par un monstre marin, qu'Hercule tua. Les Philoso­phes ou Adeptes disent qa'Hésionne est cette terre vierge qui renferme leur eau mercurielle, et qui est cachée dans les matières terrestres. Apollon et Neptune en désirent ardemment le sacrifice, c'est-à-dire, que l'humide et le chaud inné de chaque chose, dési­rent leur réunion avec cette terre vierge, pour produire quelque chose de pur, et donner la liberté à cette matière ignée et cet humide radical, qui se trouvent emprisonnés dans les matières grossières de la terre. Fabri. Le monstre marin est une humidité superflue, qui semble noyer, et comme vouloir dévorer Hésionne. Voyez les Fables dévoilées, liv. 5, ch. 14.

Hesnic. Le poids d'un quarteron, ou la quatrième partie d'une livre.

Hespérides. Filles fabuleuses, que les Poètes ont feint avoir un jardin, dans lequel croissaient des pommes d'or. Ce jardin, selon l'explication des Philosophes Spagyriques, est le sym­bole de l'Alchymie, par les opérations de laquelle on fait germer, croître, fleurir et fructifier cet arbre solaire, dont le fruit surpasse l'or commun en beauté et bonté, puisqu'il convertit les autres métaux en sa propre nature; ce que ne peut faire l'or vulgaire. Le Dragon qui gardait le jardin des Hes­pérides, est le symbole des difficultés qu'il faut surmonter pour parvenir à la perfection de la pierre Philosophale, et en même temps celui de la putré­faction du mercure.
Les Hespérides étaient trois sœurs, filles d'Hespérus, frère d'Atlas. Elles se nommaient Eglé, Aréthuse et Hespéréthuse. Ceux qui seront curieux d'en voir une application plus détail­lée, peuvent consulter mon traité des Fables Egypt. et Grecq. dévoilées, liv. 2, ch. 2.

Hesperis. Espèce de giroflier ou violier, ainsi nommé, de ce que ses fleurs ont beaucoup plus d'odeur le soir que pendant le reste de la journée. Blancard.

Hétérogène. Qui n'est pas de même nature. La matière des Philosophes est mêlée de beaucoup de parties hété­rogènes qu'il faut en séparer pour avoir le mercure des Philosophes pur et sans tache.

Hexagium. Poids de quatre scrupu­les, suivant quelques-uns, et d'une dragme et demie, suivant d'autres. Blancard.

Hidros. Sueur.

Hidrotiques (Médicamens). Ou sudorifiques.

Hidus. Vert-de-gris.

Hiéroglyphes. Caractères mystérieux inventés par Hermès Trismégiste, et employés par les Egyptiens particu­lièrement pour enseigner l'art sacer­dotal. Voyez cet article. Dans les quatre sortes d'hiéroglyphes en usage chez les Egyptiens, la seconde était la seule usitée quand il s'agissait de par­ler des mystères de la Nature, et de ceux de l'art Sacerdotal ou Herméti­que. Abénéphi. Presque tous les Alchymistes ont imité les Egyptien?. Ils ne se sont expliqués que par sym­boles, allégories, métaphores, fables et énigmes.

Hiérophantes. Prêtres célèbres à Athènes, chargés d'enseigner les cho­ses sacrées, et les mystères à ceux qui voulaient être initiés. Ils avaient soin dés Temples. Voyez les Fables Egypt. et Grecques dévoilées, liv. 4.

Hilla. Boyau jejunnon.

Hillus ou Hilus. Fils d'Hercule et de Déjanire, épousa Joie, et tua dans la suite Eurysthée, pour venger son père des maux que lui avait suscités ce Roi. Voyez hercule.

Himen ou Hymen. Nom que Ray­mond Lulle a donné à l'unique vase que les Philosophes emploient pour faire le magistère des Sages.

Hin. Assa fœtida.

Hippocentaures. Monstres demi hommes et demi chevaux, que les Poètes ont feint avoir habité autre­fois près du mont Pélion. Ces mons­tres sont de la nature des autres de la Fable, c'est-à-dire imaginés pour symbole de la dissolution de la matière de l'œuvre Hermétique. Ce qui est assez clairement déclaré par la signi­fication étymologique du lieu de leur habitation prétendue; car Pelos veut dire noir, d'où on a fait Pélion. On sait que la couleur noire est la mar­que et le signe de la putréfaction et de la dissolution parfaite de la ma­tière. Voyez centaures.

Hippocrene. Fontaine située près du mont Hélicon en Béotie, et consacrée aux Muses. Les Poètes ont feint que le cheval Pégase la fit sourdre en frappant la terre avec le pied. Voyez l'explication de cette fable dans les Fables Egypt. et Grecques dévoilées, liv. 3, chap. 14, § 3.

Hippodamie. Fille d'Œnomaus, épou­sa Pélops, après que celui-ci eut, par stratagème, vaincu Œnomaus à la cour­se du char. C'était la condition que ce Roi d'Elide imposait à ceux qui de­mandaient sa fille en mariage. V. œnomaus.

Hippodamie ou Déidamie. Fille du Roi d'Argos, prit pour mari Pirithous. Celui-ci invita les Centaures à ses noces; ils y excitèrent du trouble;
Hercule et Thésée, amis de Pirithous, prirent son parti, attaquèrent les Cen­taures, en tuèrent un grand nombre, et mirent les autres en fuite. Voyez les Fables dévoilées, liv. 5, ch. 22.
Les noces de l'œuvre se font pen­dant la putréfaction de la matière signifiée par les Centaures. Hercule ou l'Artiste, de concert avec Thésée, ou le mercure des Philosophes, achè­vent la dissolution, désignée par la mort des Centaures, et procure la vola­tilisation indiquée par ceux qui pren­nent la fuite. Pirithous est la matière fixe, Hippodamie est la volatile.

Hippolyte. Fils de Thésée et d'Hippolyte, Reine des Amazones, eut une si grande passion pour la chasse, qu'il en était uniquement occupé. Phèdre sa belle-mère devint amoureuse de lui, et ne pouvant le faire consentir à ses désirs, elle s'en vengea en l'accu­sant auprès de Thésée d'avoir voulu attenter à son honneur. Thésée trop crédule chassa Hippolyte son fils de sa présence. Celui-ci, en fuyant la colère de son père, était monté sur un char pour s'éloigner de lui; comme il passait sur le rivage de la mer, Neptune suscita un monstre marin, qui s'étant présenté aux chevaux d'Hippolyte, les effraya, leur fit prendre le mors aux dents, et les obligea de traîner le char à travers les rochers, où il se fracassa; Hippolyte culbuta, et y périt. Esculape le ressuscita. La passion d'Hippolyte pour la chasse, est la disposition de la matière à être volatilisée; cette volatilisation marque une espèce d'éloignement et d'aver­sion pour l'union avec la terre qui reste au fond du vase, indiquée par Phèdre mariée avec le mercure repré­senté par Thésée. Comme c'est le mer­cure lui-même qui est cause de la volatisation, on a feint que Thésée avait chassé son fils de sa présence. H est en effet son fils, puisqu'il est fait du mercure même. Après sa volatili­sation, il retombe dans la mer des Philosophes, où se forme le rocher ou la pierre des Sages, et y meurt, c'est-à-dire qu'il s'y fixe; car mourir et se fixer sont deux termes synonymes en fait de science Hermétique, comme volatiliser signifie donner la vie. Voyez dans le liv. 3, ch. 12, § 2 des Fables dévoilées, ce qu'il faut entendre par la résurrection d'Hippolyte, faite par l'art d'Esculape.
hippolyte ou antiope. Reine des Amazones, épousa Thésée après sa défaite. Voyez le liv. 5, ch. 13 des Fables Egypt. et Grecq. dévoilées.

Hippomene. Fils de Macarée, se mit sur les rangs pour épouser Atalante. Il la vainquit à la course par le moyen de trois pommes d'or qu'il jeta suc­cessivement derrière lui, et qu'Atalante s'amusa à ramasser. Voyez les Fables dévoilées, liv. 2, chap. 3.

Hippuris. C'est la prêle, la queue du cheval, en latin Equisetum.

Hirundinaria. Dompte venin, Asclepias.

Hismat. Scories d'argent.

Hispanach. Epinars.

Hiver. Les Sages ont donné quelque­fois ce nom à leur mercure; mais ils s'en servent communément dans un sens allégorique, pour signifier le com­mencement de l'œuvre, ou le temps qui précède la putréfaction. C'est pour­quoi ils disent communément, qu'il faut commencer par l'hiver, et le finir par l'automne; parce que de même que la nature semble morte en hiver et ne produit encore rien, de même le mercure des Sages dispose seule­ment à la génération, qui ne peut se faire sans corruption, et la corruption ne survient que par la putréfaction. Le régime du feu est alors du premier degré. Le mercure dissout son corps. Et les Philosophes disent que ce degré du feu doit être semblable à la cha­leur d'une poule qui couve; d'autres à la chaleur de l'estomac, à la chaleur du fumier; d'autres enfin à une cha­leur semblable à celle du soleil au mois de mars ou dans le signe d'Anes. C'est pour cela qu'ils ont dit qu'il fallait commencer l'œuvre au signe du Bélier, pendant que la Lune est dans celui du Taureau. Et tout cela ne signifie autre chose que la chaleur modérée philosophiquement au com­mencement de l'œuvre.
C'est dans ce temps d'hiver philoso­phique que le mercure se mortifie, que la terre conçoit et qu'elle change de nature.

Holce. Dragme.

Holsebon. Sel commun décrépité.

Homère. Poète Grec, peut-être le plus ancien, a composé divers ouvra­ges; il nous reste entre autres son Iliade, son Odyssée et quelques Hym­nes. On l'appelle le Prince des Poètes, tant à cause du sublime de sa Poésie, que parce qu'il semble être la source dans laquelle les autres ont puisé;
c'est pourquoi Pline l'appelait la Fon­taine des beaux esprits. Homère avait voyagé en Egypte, et y avait appris les mystères de l'Art Sacerdotal. D imagina la fiction de la guerre et du siège de Troye pour traiter cet Art allégoriquement; ce qu'il a fait dans son Iliade. Il fit aussi son Odyssée, ou les Erreurs d'Ulysse, pour repré­senter les erreurs où tombent les Phi­losophes Hermétiques avant de parve­nir à la connaissance du véritable secret de cet Art. On y voit clairement les procédés faux et erroneux (pour me servir des termes mêmes des Phi­losophes) de ceux qui n'étant pas encore initiés dans ces mystères, font des chutes presque à chaque pas qu'ils font. Ulysse est le véritable portrait de ces Chymistes qui ayant une fois adopté un système et une recette, la travaillent conformément à leurs pré­jugés, malgré que la Nature s'offre à eux comme Calypso, et ils l'abandon­nent ensuite de la manière que fit Ulysse. Ils s'instruisent comme Ulysse le fut par Tyrésias; mais toujours in­décis, ils font mille opérations sur des recettes différentes, comme Ulysse aborda en différons pays sans se fixer à aucun.
Riplée, Trévisan, Zachaire ont imité Homère; ils ont fait le détail des erreurs où ils sont tombés avant de réussir, et ont donné ensuite métapho­riquement et allégoriquement la véri­table manière de procéder aux opé­rations du grand œuvre. Il ne faudrait que donner une édition commentée d'Homère, faite par un Philosophe Hermétique, pour prouver au public la vérité de ce que j'avance. Le peu d'explications que j'ai données de l'Illiade dans le 6e livre des Fables Egyptiennes et Grecques dévoilées, suffisent pour donner une idée claire du reste. Les Mythologues se donne­ront éternellement la torture sans réus­sir à expliquer Homère d'une manière satisfaisante, s'ils supposent à ce Poète d'autres idées que celles-là.

Homme. La plupart des Philosophes ont comparé la confection du magis­tère à la génération de l'homme, et ont en conséquence personnifié les deux parties ou ingrédients de l'œuvre, le fixe et le volatil. Ils ont appelé le fixe mâle, et lui ont donné des noms d'hommes; et le volatil femelle, et l'ont indiqué par des noms de femmes. C'est de cette manière que les Egyptiens et les Grecs anciens, initiés dans les mys­tères de l'Art Sacerdotal ou Herméti­que, ont inventé les fables.
Homme. Dit simplement, signifie le fixe.
Homme élevé. S'entend de la ma­tière des Philosophes digérée, dissoute et en putréfaction.
Homme armé de casque. Signifie le mercure digéré et parvenu à la cou­leur noire. C'est une dénomination tirée par comparaison de la figure du Dieu Mercure, représenté avec un casque en tête, tenant son caducée, autour duquel deux serpents entortillés semblent se combattre.
Homme rouge. C'est le soufre des Philosophes, ou le magistère au rouge.

Homogène. Qui est de même nature, qui est composé de parties absolument similaires entre elles, et qui peuvent, étant rapprochées, s'unir intimement. Telles sont les parties de l'eau, qui mêlées avec de l'eau, ne peuvent plus en être distinguées. Tel est l'or pur mêlé avec d'autre or pur. Un métal ne peut se mêler, comme on dit, per minima, ou intimement avec un vé­gétal; mais seulement avec quelques parties de ce végétal quand elles sont métalliques de leur nature. On en trouve dans plusieurs plantes, et dans différons arbres lorsqu'ils croissent sur des mines. On prétend même que les Chinois savent extraire du mercure vulgaire coulant du pourpier sauvage. L'expérience a prouvé qu'on trouve dans le chêne des parties ferrugineuses. La cendre de pavot cornu se mêle avec les métaux en fusion.

Horeum. Miel tiré de la ruche pen­dant l'été.

Horizon. Nom que quelques Chymis­tes ont donné au mercure de l'or; et les Philosophes Hermétiques au mer­cure des Sages, parce qu'il est le principe et la base de l'or philosophi­que.

Horizontis. Or potable.

Horus ou Orus. Fils d'Osiris et d'Isis, fit la guerre à Typhon, et le fit périr avec l'aide d'Isis. Horus mourut cependant, mais sa mère le ressuscita, et le rendit immortel. Horus succéda à sa mère, qui avait elle-même suc­cédé à Osiris son époux; mais Horus fut le dernier des Dieux qui régnèrent en Egypte. Voyez ce que signifient ces fictions, dans les Fables Egypt. et ; Grecq. dévoilées, liv. 1, ch. 5.

Hucci ou Hune. C'est l'étain, ou Jupiter.

Huile. Quoique simplement dit, n'est pas une matière dont on doive se servir pour la confection de l'œuvre; ils ont ': donné ce nom à la matière même lorsqu'elle a pris une couleur et une visco­sité huileuse, pendant la putréfaction dans l'œuf philosophique. Tabula Scientiœ majoris. Par l'huile, les Phi­losophes désignent souvent le feu se­cret des Sages.
Huile bénite. Huile incombusti­ble. C'est leur soufre. Ils donnent quelquefois ce nom à leur pierre par­faite au blanc ou au rouge, parce qu'elle coule et se fond au feu comme le beurre ou l'huile figée.
Huile de la nature. C'est le pre­mier sel qui sert de base à tous les autres. On l'appelle Huile, parce qu'il est onctueux, fondant et pénétrant;
Huile de la Nature, parce qu'il est la base de tous les individus des trois règnes, et qu'il en est aussi le con­servateur matériel et le restaurateur. C'est le meilleur, le plus noble, le plus fixe, et en même temps le plus vo­latil avant sa préparation. Lorsque l'Art veut l'employer, il doit, de fixe, le rendre volatil, et puis de volatil, fixe; le résoudre et le coaguler, c'est tout l'œuvre.
huile essentielle. C'est le soufre volatil des métaux philosophiques;
c'est-à-dire, leur âme, ou le mâle, le soleil, l'or des Sages.
Huile de saturne. (Se. Herm.) Matière des Philosophes au noir, ainsi nommée, parce qu'ils appellent Plomb leur matière en putréfaction.
Huile de soufre. (Se. Herm.) Ma­tière au noir.
Huile de talc. Les Anciens ont beaucoup parlé de cette huile, à la­quelle ils attribuaient tant de vertus que presque tous les Chymistes ont mis en œuvre tout leur savoir pour la composer; ils ont calciné, purifié, su­blimé, etc., cette matière, et n'en ont jamais pu extraire cette huile si pré­cieuse. C'est que les Anciens n'en ont parié que par allégorie, et que sous ce nom ils ont entendu l'huile des Philo­sophes Hermétiques, autrement dit leur élixir au blanc parfait, au lieu que les Chymistes modernes ont pris les ter­mes des Anciens à la lettre, et ont perdu leurs peines, parce que le talc n'est pas la matière d'où cette huile doit s'extraire.
Huile de mars. (Se. Herm.) Soufre des Philosophes parfait au rouge.
Huile incombustible. C5c. Herm.) Magistère au rouge; on l'appelle in­combustible, à cause de sa fixité.
Huile rouge. Voyez huile de mars.
Huile vive. Magistère au blanc.
Huile végétale. Huile du tartre des Philosophes, et non du tartre vul­gaire.
Huile héraclienne. Huile extraite du bois de gayac, ou du bouis. Elle est bonne contre l'épilepsie et les maux de dents.

Humation. Action par laquelle l'on met dans le vase la matière de la pierre des Sages, pour l'y faire putréfier. Quelques Chymistes ont comparé cette action à la sépulture de Jésus-Christ, parce qu'on scelle le vase après y avoir mis la matière, comme on scella le tombeau de notre Sauveur; et que la matière ne s'y dissout ou putréfie, que pour ressusciter. Plusieurs d'entre les Philosophes Chymiques ont trouvé tant de ressemblance dans la vie, la passion, etc. de Jésus-Christ, avec les opérations du grand œuvre des Sages, qu'ils n'ont point fait difficulté de se servir des termes mêmes de l'Evangile pour exprimer allégoriquement tout leur procédé; parce que, disent-ils, Dieu a institué le grand œuvre pour le salut de nos corps, comme il a en­voyé son Fils pour le salut de nos âmes. Ils ajoutent, que la Science Her­métique jette sur les mystères de la re­ligion Chrétienne, un jour si grand, qu'il n'est pas possible d'être Philoso­phe Hermétique, sans être bon Chré­tien.

Humation. En termes de Science Hermétique signifie proprement la pu­tréfaction de la matière; et quelquefois sa fixation, parce que la fixation du volatil est une espèce de mort, et que ce qui était eau pendant la dissolution, devient terre en se fixant.

Humectation. (Se. Herm.) Donner à la pierre son humidité, lorsqu'elle est parfaite, et qu'on veut la multiplier. V. imbibition, multiplication.

Humecter. Cuire, digérer. Voyez. im­bibition.

Humeurs. Paracelse ne voulait pas qu'on dît d'un homme, qu'il est san­guin, ou mélancolique, ou pituiteux; parce que tout homme est sanguin, mélancolique et flegmatique tout en­semble; mais il voulait qu'on appelât la bile soufre rouge, le phlegme soufre blanc imprégné de sels, et la mélanco­lie mercure.

Humide igné. Mercure des Sages ani­mé de son soufre. Quelquefois les Phi­losophes entendent par ce terme la matière de l'œuvre au noir.
humide RADICAL DE LA nature.
Ou l'humidité visqueuse. C'est le mer­cure des Philosophes, qui est la base de tous les individus des trois règnes de la Nature; mais qui est plus particu­lièrement la semence et la base des métaux, quand il est préparé philoso­phiquement pour faire l'œuvre Hermé­tique.

Humidité. Dit simplement, signifie le mercure, dissolvant universel des Phi­losophes.
Humidité de la pierre. C'est aussi le mercure qui est une eau sèche, qui ne mouille point les mains, et qui ne s'attache qu'à ce qui est de sa nature. Ceux qui prétendent qu'il y a deux voies, la sèche et l'humide pour faire le magistère, appellent humidité de la pierre l'eau permanente des Sages sous forme d'eau laiteuse, nommée lait de vierge, humidité visqueuse. Ceux qui n'admettent que la voie sèche, l'ap­pellent eau sèche simplement. Mais c'est un leurre que ces deux voies; les uns et les autres suivent la même sous deux noms différons; ils n'ont égard, dans ces dénominations, qu'aux diffé­rentes formes sous lesquelles se mon­tre leur mercure dans le cours des opérations.
Rendre à la pierre son humidité, c'est faire les imbibitions; c'est-à-dire, continuer le régime du feu philosophi­que, qui fait sublimer cette humidité au haut du vase, d'où les imbibitions se font d'elles-mêmes, lorsque cette même humidité retombe sur la terre qui est demeurée au bas.
Humidité visqueuse. Voyez humi­dité DE LA pierre.
Humidité aqueuse. Mercure après la putréfaction de la matière.
Humidité brulante. Mercure des Sages, ainsi nommé de ce qu'il a plus d'action et de force sur l'or même que le feu élémentaire. C'est pourquoi les Philosophes disent, nous brûlons avec l'eau, et les Chymistes avec le feu.
Humidité PERMANENTE. V. eau PERMANENTE.

Hune, on Hunt, ou Hucci. Etain, Ju­piter.

Husace. Sel armoniac.

Huvo. Jupiter des Chymistes.

Huut.

Hyacinthe. Fils d'Amicle, fut tué par Apollon, qui l'aimait beaucoup. Ce Dieu, en jouant au palet, le fit tom­ber par mégarde sur la tête d'Hyacinthe, qui périt du coup. Les Poètes ont feint qu'Apollon le changea en la fleur d'Hyacinthe, et que l'on voit encore sur cette fleur ces deux lettres A, I, qui composent l'exclamation lamentable que fit ce Dieu après cet accident. Voyez ce que signifie cette fable dans l'article d'Apollon.

Hyades. Filles d'Atlas et d'Ethra, fu­rent, selon quelques-uns, les nourrices de Bacchus. On en nomme six, Eu-dore, Ambrosie, Prodice, Coronis, Phileto et Poliso : d'autres y ajoutent Thionne. Ces prétendues filles d'Atlas ne sont autres que les vapeurs mercurielles qui montent au haut du vase, et retombent en pluie sur la matière fixe signifiée par Bacchus. Le nom seul d'Hyades, qui veut dire pluvieux, ex­prime suffisamment la chose.

Hyarit. Argent, Lune des Philosophes.

Hydatia. Voyez arles crudum.

Hydatodes Vinum. Vin trempé d'eau.

Hyderos. Hydropisie.

Hydrargirosis. Onction mercurielle.

Hydre. Serpent à plusieurs têtes qu'Hercule tua dans le marais de Lema. Les Philosophes Spagyriques disent que l'Hydre représente la se­mence métallique, laquelle si l'on di­gère, et si l'on cuit dans le vase philo­sophique, s'altère et se change de manière qu'elle subit une espèce de mort, et semble acquérir à chaque ins­tant un nouveau genre de vie par les différons degrés de perfection qu'elle prend, de même que l'Hydre prenait dix nouvelles têtes quand Hercule lui en coupait une; ce qui est très claire­ment le symbole de la multiplication de la pierre. Car autant de fois que l'on recuit et que l'on dissout la pierre avec du nouveau mercure, elle acquiert le décuple de vertu, et a dix fois autant de force transmutatoire qu'elle en avait avant cette nouvelle décoction. Voyez les Fables Egypt. et Grecq. dé­voilées, liv. 5, chap. 4.
hydre. Les Sages ont comparé leur élixir à l'Hydre, parce que la pierre se renouvelle et augmente en quantité et en qualité à chaque fois qu'on répète l'opération sur le même élixir, et que dans chaque opération la putréfaction survient; ce qui est une espèce de mort; ils disent qu'alors l'artiste coupe la tête à l'Hydre, et qu'il en renaît dix à la place; parce qu'à chaque réi­tération de l'œuvre sur la même pierre, sa vertu augmente de dix degrés par progression, c'est-à-dire, que si après la première opération l'élixir était assez parfait pour qu'une de ses parties en pût transmuer en or dix d'un métal im­parfait après la seconde opération, et une partie en transmuera cent, etc.
Hydre. Matière du magistère avant la déalbation. « Notre Lion, dit Philalèthe, étant mis dans notre mer, devient notre Hydre : elle mange ses têtes et sa queue. Et sa tête et sa queue sont son esprit et son âme. Cette âme et cet esprit sont sortis de la boue, dans laquelle sont deux choses contraires, l'eau et le feu. L'un vivifie l'autre, et celui-ci tue celui-là. Il faut les plonger dans notre Hydre, et puis sept fois dans notre mer, jusqu'à ce que tout soit absolument sec, c'est-à-dire, jusqu'au blanc. »

Hydrelœum. Mixtion d'eau et d'huile.

Hydria. Dieu de l'Eau chez les Egyp­tiens. Voyez canope.

Hydropege. Eau de fontaine.

Hygieia. Fille d'Esculape, Déesse de la Santé. Voyez esculape.

Hylas. Fils de Théodamas, fut extrê­mement aimé d'Hercule, qui tua Théo­damas pour enlever son fils. Hercule, en allant à la conquête de la Toison d'or, aborda avec les autres Argonau­tes en une terre où Hylas disparut ayant été chercher de l'eau. On feignit que les Nymphes l'avaient enlevé. Her­cule courut les bois en cherchant et appelant son cher Hylas; mais inutile­ment. Voy. l'explication de cette fable dnas le liv. 5, ch. 12 des Fables Egypt. et Grecq. dévoilées.
Hylé. Terme pris du grec, et qui signifie forêt, chaos, confusion. C'est aussi le nom que la plupart des Alchimistes donnent à la matière de la pier­re philosophale.
Hylé. (Se. Herm.) Quelques-uns di­sent qu'il faut entendre par ce terme la matière d'où les Philosophes tirent leur mercure; d'autres, qu'il signifie la même matière au noir, et Philalèthe dit qu'on donne le nom de Hylé à la matière parvenue au blanc. Voyez son Traité De vera confectione lapidis Phi-losophi, ou Enarratio methodica trium medicinarum Gebri, p. 38.
Hylé. Matière première, substance radicale, humide radical, dernier ali­ment, semence prolifique, sont des expressions presque synonymes d'une même chose dans chaque règne. Le Breton.

Hylec. Voyez hylé.

Hyllus. Fils d'Hercule. Voyez hillus.

Hymen. Voyez himen.

Hypecoon. Cumin sauvage : d'autres prétendent que ce terme doit s'en­tendre d'une espèce de pavot cornu. Blancard.

Hypérion. Père du Soleil, selon la Fa­ble, signifie le Mercure philosophique, père de l'or; car rien n'est plus subtil que le mercure. Et Théja regardée comme la mère du Soleil, doit s'en­tendre du soufre. Olaus Borrichius.

Hypermnestre. L'une des filles de Danaus, fut la seule des cinquante qui ne suivit pas les ordres de son père, qui consistaient à tuer chacune son mari la première nuit de leurs noces. Hypermnestre épargna le sien nommé Lincée, qui dans la suite fit mourir Danaus. Voyez danaus.

Hypûotica. Médicamens soporifiques.

Hypochœris. Laitron épineux.

Hypoclaptique. (Vase) Espèce d'en­tonnoir à séparer les huiles essentielles des eaux ou esprits avec lesquels ces huiles passent dans le récipient pen­dant la distillation.

Hypoglossis ou Batrachion. Rainet, tumeur de grenouille, et le remède qui guérit cette maladie, de même que l'âpreté du larynx.

Hypoglottides. (Pilules). Ce sont des conserves, des pilules qu'on laisse fon­dre sur la langue pour adoucir la toux.

Hypophéon. Voyez hypecoon.

Hypophores. Ulcères fistuleux.

Hypopyon. Œil purulent.

Hyposphagma. Œil meurtri.

Hypostase. Matière de l'œuvre au blanc.

Hypsiphile. Fille de Thoas, Roi de Lemnos, sauva la vie à son père, con­tre la résolution que les femmes de cette île avaient prise de tuer tous les hommes qui y habitaient. Elle se sauva de l'île après que Jason l'eut connue, et laissée enceinte. Elle eut de lui deux enfants, Thoas et Euneus. Licurgue, Roi de Thrace, reçut Hyp­siphile chez lui, et la fit nourrice de son fils Archemore. Etant un jour dans un bois avec son nourrisson, des Grecs extrêmement pressés de la soif, la priè­rent de leur donner quelques secours : elle le fit, et les conduisit à une fon­taine qui n'était pas loin de là. Son zèle fut si grand, que pour aller plus vite, elle laissa le petit Archemore seul sur l'herbe. Elle s'amusa à ra­conter en peu de mots son histoire aux Grecs, et retourna où elle avait laissé le jeune Prince. Pendant ce temps-là un serpent lui avait ôté la vie, et il venait d'expirer. Les Grecs affligés de cette funeste aventure tuè­rent le serpent, firent à cet enfant de superbes funérailles, et instituèrent des Jeux en son honneur, qui devaient se célébrer dans la suite tous les trois ou tous les cinq ans. Ce sont ceux que l'on appela Jeux Néméens. Voyez les Fa­bles Egypt. et Grecq. dévoilées, liv. 4, ch. 8 et liv. 2, ch. 1.

I-J

Ja. Fille d'Atlas, et sœur de Maïa, mère de Mercure. Voyez maïa.

Jabora. Mandragore.

lacchos. L'un des noms de Bacchus. Voyez ce qu'il signifie dans le liv. 3, ch. 14, § 2 et liv. 4, ch. 2 des Fables Egyptiennes et Grecques dévoilées.

Janus. A deux visages, signifie selon les Alchymistes, la matière de la pierre philosophale, qu'ils nomment Rebis, comme faite et composée de deux cho­ses. Ils font régner ce Janus avec Sa­turne, parce que cette matière, mise dans le vase, prend d'abord la couleur noire attribuée à Saturne. Voyez une explication plus étendue de Janus et de ses attributs dans le liv. 3, ch. 3 et suiv. des Fables Egypt. et Grecques dévoilées.

Japet. Fils du Ciel et de la Terre, eut de la Nymphe Asie, Hesper, Atlas, Epiméthée et Prométhée. Voyez atlas.

Jardin. Le Jardin des Philosophes est le vase qui contient la matière du grand œuvre. Les couleurs sont les fleurs de ce Jardin, que le feu de la Nature, aidé du feu artificiel, fait naî­tre et éclore. Le Dragon des Hespérides veille à la porte du Jardin des Sages, dont il garde l'entrée. D'Espagnet donne ainsi la description de ce Jardin.
Lorsqu'on a trouvé le moyen d'ou­vrir la porte du Jardin des Philo­sophes, on trouve dès l'entrée une fontaine d'eau très limpide qui sort de sept sources, et qui l'arrose tout en­tier. Il faut, y faire boire le Dragon par le nombre magique de trois fois sept, jusqu'à ce qu'il en soit telle­ment enivré, qu'il dépouille ses vêtements. Mais on n'en viendra jamais à bout si Vénus porte lumière, et Diane cornue ne nous sont propices et favo­rables. On doit chercher dans ce Jardin trois sortes de fleurs, qu'il faut nécessairement y trouver pour réussir. Tout auprès du seuil de la porte se voient des violettes printanières, qui arrosées par des petits ruis­seaux, formés par des saignées faites au fleuve doré, font prendre à ces vio­lettes une couleur brillante d'un saphir foncé. Le soleil vous servira de guide. Vous ne séparerez point ces fleurs de leurs racines, jusqu'à ce que vous en composiez votre pierre, parce qu'elles donnent plus de suc et de teinture, lorsqu'elles sont fraîchement cueillies : alors vous les cueillerez d'une main subtile et ingénieuse : ce que vous ferez très aisément, si votre mauvais destin ne s'y oppose; lorsque vous en aurez cueilli une, la racine vous en produira bientôt d'autres, do­rées comme la première. Vous trouve­rez ensuite de beaux lis, d'un blanc éclatant, et enfin l'immortelle amarrante d'une belle couleur de pour­pre. Tout ce que nous venons de rap­porter d'après d'Espagnet, doit s'en­tendre de la seconde opération, que presque tous les Philosophes appellent la première, parce qu'ils supposent qu'on a le mercure tout préparé. Cette préparation est cependant ce qu'il y a de plus difficile, puisqu'ils l'ont appe­lée les travaux d'Hercule. Mais peu d'entre eux en ont parlé, parce que tout leur secret gît presque dans cette opération; la seconde, qui est la for­mation du soufre lunifique et solifique, est appelée un ouvrage de fem­mes et un jeu d'enfants.
La fontaine que l'on trouve à l'en­trée du Jardin, est le mercure des Sa­ges, qui sort des sept sources, parce qu'il est le principe des sept métaux, et qu'il est formé par les sept planètes, quoique le Soleil seul soit appelé son père, et la Lune seule sa mère. Le Dra­gon qu'on y fait boire, est la putréfac­tion qui survient à la matière, qu'ils ont appelée Dragon, à cause de sa couleur noire et de sa puanteur. Ce Dragon quitte ses vêtements, lorsque la couleur grise succède à la noire. Vous ne réussirez point si Vénus et Diane ne vous sont favorables, c'est-à-dire, si, par le régime du feu, vous ne parvenez à blanchir la matière qu'il appelle dans cet état de blancheur, le règne de la Lune, auquel succède celui de Vénus, puis celui de Mars, enfin celui du Soleil. Vous ne séparerez point ces fleurs de leurs racines, etc.; c'est-à-dire, qu'il ne faut rien ôter du vase; alors vous les cueillerez d'une main subtile et ingénieuse; non pas qu'il faille alors ôter quoique ce soit de l'œuf, ni même l'ouvrir; mais faire suc­céder les couleurs les unes aux autres, au moyen du régime du feu. Par ce moyen on aura d'abord les violettes de couleur de saphir foncé, ensuite le lis, et enfin l'amarrante, ou la couleur de pourpre, qui est l'indice de la perfec­tion du soufre aurifique.

Jasion. Fils de Jupiter et d'Electre, fille d'Atlas, épousa Cybelle, dont il eut un fils nommé Corybas. Cérès, dont il fut très aimé, lui donna Plutus; et Jasion fut enfin mis au rang des Dieux. Voyez les Fables Egypt. et Grecques dévoilées, liv. 4, ch. 2 et 3.

Jaso. Fille d'Esculape et d'Epione, que quelques-uns nomment Lampotie, eut pour frères Machaon et Podalyre, et pour sœurs Hygiéa, Eglée et Panacéa. Jaso fut regardée comme Déesse de la Médecine, aussi son nom veut-il dire guérison, comme celui de Panacéa si­gnifie Médecine universelle. Voyez les Fables Egypt. et Grecques dévoilées, liv. 3, chap. 12, § 2.

Jason. Selon la Fable, était fils d'Eson et de Polymede, fille d'Autolicus. Il eut Créthée pour ayeul, Eole pour bi-sayeul, qui était fils de Jupiter. Eson avait pour frère un nommé Pélias, sous la tutele duquel il mit Jason; mais la mère de celui-ci le mit entre les mains de Chiron pour y appren­dre la Médecine. Etant devenu grand et bien instruit, il redemanda à Pélias le Royaume que son père Eson lui avait laissé en mourant. Pélias ne voulut consentir à cette restitution, qu'à condition que Jason irait préa­lablement faire la conquête de la Toi­son d'or. Ce que Jason exécuta, après s'être associé cinquante braves com­pagnons presque tous descendus des Dieux comme lui. Ayant donc préparé tout ce qu'il crut nécessaire pour cette expédition, Pallas lui conseilla la cons­truction et la forme du navire, dont le mât fut fait d'un chêne pris dans la forêt de Dodone. Il aborda d'abord à Lemnos pour se rendre Vulcain propice, puis à Marsias, à Cius, en Ibérie, à Bébrycie et vers les Syrtes de Lybie, où ne pouvant passer, ses compagnons et lui portèrent le navire Argo sur leurs épaules pendant douze jours, et le remirent en mer; et après avoir vaincu tous les obstacles qui s'opposaient à leur dessein, ils arri­vèrent enfin à Colchos, où, par l'art de Médée, ils vinrent à bout d'enlever la Toison d'or.
Si peu que l'on veuille prêter d'atten­tion à cette histoire fabuleuse, et que l'on soit instruit des mystères de l'art Chymique, si peu même que l'on ait lu les livres des Auteurs qui en traitent, l'on reconnaîtra aisément que cette pré­tendue histoire n'est qu'une allégorie du grand œuvre, comme on va le voir par l'explication suivante.
Jason tire son étymologie du grec, et ne veut dire autre chose que l'Art de guérir. Jason ne fut jamais Médecin ou Chirurgien, puisqu'il n'a jamais existé en réalité; mais la Fable dit qu'il fut instruit par Chiron, le même qui instruisit aussi Hercule et Achille. Chiron lui apprit donc l'expérience manuelle, Médée la théorie nécessaire pour la perfection de l'œuvre. Jupiter un de ses ancêtres; et Médée, femme de Jason, était petite-fille du Soleil et de l'Océan, et fille d'Aetès, dont les sœurs étaient Circé l'Enchanteresse, et Pasiphaé qui engendra le Minotaure. La mère de Médée fut Idie, aussi Enchan­teresse, par où l'on peut juger que cette parenté ne pouvait pas mieux convenir qu'à Jason, qui devait être un grand Médecin, et un grand Scrutateur des choses naturelles. Il se choisit cin­quante compagnons de voyage, tous issus des Dieux. On en peut voir les noms dans l'histoire de la Fable. La navire Argo fut construite des chênes de Dodone, qui donnaient des oracles. Cette grosse et grande' masse fut por­tée par cinquante hommes dans les déserts de la Lybie pendant douze jours; Orphée son Pilote ne la gou­vernait que par sa musique et son chant; enfin ce navire périt de vieillesse, ensevelit Jason sous ses dé­bris, et fut mis au rang des astres. Que veulent dire tous ces lieux où aborda le navire ? Pourquoi d'abord à Lemnos, pour se rendre Vulcain favo­rable ? Pourquoi Euripyle donna-t-il de la terre en présent à Jason ? C'est qu'Euripyle était fils de Neptune, que de l'eau on fait de la terre, et que de cette terre il faut faire de l'eau; c'est aussi de cette terre que Médée augura bien de l'expédition. Ce n'est pas aussi sans raison que Phinée fut délivré des Harpies par Calaïs et Zetès, tous deux fils d'Eole; puisque Basile Valentin dit dans sa sixième Clef, que deux vents doivent souffler, l'un le vent d'orient, qu'il appelle Vulturnus, et l'autre le vent du midi, ou Notus. Après que ces deux vents auront cessé, les Har­pies seront mises en fuite, c'est-à-dire, les parties volatiles deviendront fixes.
Ils trouvèrent aussi sur leur route les deux rochers Cyanées, dont il faut éviter l'écueil au moyen d'une co­lombe; cette colombe que signifie-t-elle autre chose que la matière parfaite au blanc ? Ce qui marque infailliblement que l'œuvre tend à sa perfection, et n'a presque plus d'écueils à craindre.
Ceux qui désirent une explication chymique plus détaillée, trouveront de quoi se satisfaire amplement dans le chapitre 1 du livre 2 des Fables Egypt. et Grecq. dévoilées.

Jassa. Herbe de la Trinité.

Jaune d'CEuf. (Se. Herm.) Beaucoup de Chymistes ont travaillé sur les jau­nes d'œufs comme sur la matière des Sages, quoique presque tous disent ou­vertement que ce n'est point cela. Leur jaune d'œuf est leur magistère au rouge.

Iberis. Espèce de cresson, ou de cardamine, ou lepidium, appelé sisymbrium par Dioscoride.

Ibiga. Chamsepytis.

Ibis. Oiseau aquatique qu'on ne trou­ve que dans l'Egypte. Il ressemble à la cigogne, et il y en a de deux es­pèces, l'une noire et l'autre blanche. Ils se nourrissent de serpents, de chenilles, de sauterelles. Les Egyptiens em­ployèrent la figure de cet oiseau dans leurs hiéroglyphes, pour signifier en premier lieu une partie de la matière du grand œuvre; parce que l'Ibis étant un grand destructeur de serpents, il devenait le symbole de cette partie volatile qui dissout et volatilise le fixe, assez souvent désigné par des serpents. Quelquefois l'Ibis blanc in­diquait la matière au blanc, et l'Ibis noir la matière en putréfaction.

Icare. Fils de Dédale, voulut se sau­ver de l'île de Crète, où Minos le tenait renfermé avec Dédale son père. Celui-ci fabriqua des ailes pour lui et pour son fils. Ils prirent leur vol; mais Icare n'ayant pas suivi les sages conseils de son père, qui lui avait re­commandé de voler toujours bas, s'éle­va trop haut; l'ardeur du soleil fondit la cire dont ces ailes étaient formées, et Icare tomba dans la mer, où il se noya. Dédale et Icare sont le symbole de la partie fixe du magistère, qui se volatilise. Dédale représente le pre­mier soufre, d'où naît le second, qui après s'être sublimé au haut du vase, retombe dans la mer des Philosophes. Le labyrinthe où ils étaient renfermés est le symbole de la matière en putré­faction, comme on peut le voir expli­qué dans l'article Minotaure.

Ichneumon. Animal à quatre pieds, grand comme un chat, mais plus long. Son poil est dur comme celui du loup, blanchâtre ou jaunâtre; son museau est noir et ressemble à celui du cochon; ses oreilles sont petites, rondes; ses dents et sa langue approchent de celles du chat; ses jambes sont noires; sa queue est longue et grosse par le bout d'en haut. On trouve cet animal au bord du Nil en Egypte; il est amphibie, et connu sous les noms de Rat î if Egypte ou de Rat d'Inde. Il se nourrît de petits rats, de serpents, de lézards, de limaçons, de grenouilles; il ronge le ventre des crocodiles pendant, qu'ils dorment, pour en manger le foie et les intestins, et casse aussi leurs œufs. Cet animal était autrefois en grande vénération chez les Egyptiens, qui l'employaient dans leurs hiéroglyphes dans le même sens que l'Ibis.

Ida. Deux montagnes ont porté ce nom, l'une en Phrygie, l'autre dans l'île de Crète. C'est sur le mont Ida que Jupiter se reposait pendant que les Dieux combattaient entre eux, les uns pour les Grecs contre les Troyens, les autres pour les Troyens contre les Grecs. Voyez le liv. 3, ch. 4 et le liv. 6 des Fables, dévoilées.
Ida était aussi une des Nymphes qui nourrirent Jupiter. C'est de là qu'il portait le nom d'Idœus. Voyez jupi­ter.

Idœa. Victor ialis, ou Allîum Alpinum.

Idyia. Fille de l'Océan et femme d'Aetès, fut mère d'Absyrthe et de Médée. Voyez médée.

Jessemin. Jasmin, petit arbrisseau.

Jet d'Etoiles. Voyez nostoch.

Jeu d'Enfants. Les Philosophes ont donné ce nom à l'ouvrage de la pierre, après la préparation du mer­cure, parce que la Nature fait presque tout, et qu'il ne faut qu'avoir soin d'entretenir le feu, néanmoins selon certaines règles. Voyez œuvre.
Jeux. Sortes dé spectacles que la Re­ligion avait consacrés, et qu'on don­nait dans la Grèce dans les temps les plus reculés, et qui prirent naissance dans les temps fabuleux. Aussi les suppose-t-on pour la plupart institués par des Dieux ou des Héros de ce temps-là, descendus des Dieux du Paganisme. Les principaux étaient les suivants :
jeux isthmiques. Institués par Sisy­phe, fils du Dieu Eole, en l'honneur de Mélicerte. D'autres disent que ce fut Thésée, et non Sisyphe, qui les institua. Le sentiment le plus commun parmi les Mythologues, est que Thésée ne fit que les renouveler. Voyez le liv. 4, ch. 9 des Fables Egypt. et Grecq. dé­voilées.
Jeux néméens. Institués, selon les uns, par Hercule, après qu'il eut déli­vré la forêt de Némée de ce Lion si célèbre dans la Fable; selon d'autres, par Adrâste et ceux qui l'accompa­gnaient dans l'expédition de Thebes. Ils furent institués en l'honneur d'Archemore, fils de Lycurgue. Voyez le ch. 8 du liv. 4 des Fables Egypt. et Grecq. dévoilées.
Jeux olympiques. Les plus célè­bres et peut-être les plus anciens de la Grèce, furent institués par Hercule. Pausanias dit que quelques-uns en at­tribuaient l'institution à Jupiter mê­me, après qu'il eut remporté la victoire sur les Titans; qu'Apollon y disputa et remporta le prix de la course sur Mercure, et celui du pugilat sur Mars. Voyez le liv. 4, ch. 6 des Fables Egypt. et Grecq. dévoilées.
Jeux pythiques ou pythiens. Ins­titués en l'honneur d'Apollon, on ne sait pas trop par qui, mais cependant en mémoire de la défaite du serpent Python par ce Dieu. Voyez le ch. 7 du liv. 4 des Fables dévoilées.
Il y avait une infinité d'autres Jeux; mais ceux dont je viens de parler sont connus de la plus haute antiquité. Les Philosophes Herméti­ques prétendent que ces Jeux et bien d'autres dont nous ne faisons pas men­tion, furent institués en vue du grand œuvre, et de ce qui se passe dans les opérations de cet Art. Voyez les Fa­bles dévoilées citées ci-devant.

Jeunesse. Magistère des Philosophes parfait au rouge.

Iffides. Céruse.

Igné. Qui est du feu, qui participe du feu. Basile Valentin appelle pierre ignée ou de feu, la pierre qui résulte des opérations qu'il rapporte dans son Char Triomphal de l'Antimoine. Les Philosophes Hermétiques donnent sou­vent cette épithète à leur matière fixe, leur soufre.

Ignis Leonia. Feu du soufre des Sages.

Ignis Pruinus Adeptus. Quintessen­ce du vitriol rectifiée avec le tartre. Planiscampi.

Iliastre. Chaos, ou les trois principes, soufre, sel et mercure des Philosophes Chymiques, réunis dans la minière de laquelle ils les extraient. Ils ont aussi donné ce nom à leur matière en putré­faction, parce que ces trois principes y paraissent alors confondus.

Illech ou IIech. V. chaos, hylé.
Illech crud. Mixte composé des trois principes, soufre, sel et mercure, dont tout être sublunaire et matériel a été fait.

Illeias. Première matière de tout.

Illeidos. Air élémentaire qui entretient la vie de tout. On dit aussi Illeidus.
Illiaster, Illiastes, Illiadum. Voyez iliastre OU eclegma. Look.

Ilus. Fils de Tros, Roi des Troyens, et père de Laomédon, donna le nom d'Ilion à la ville de Troye. Voyez les Fables Egypt. et Grecques dévoilées, liv. 6.

Imbiber. Cuire, digérer la matière de l'œuvre Hermétique, la faire sublimer en vapeurs, de manière qu'elle retombe en espèce de pluie qui abreuve et imbibe la terre philosophique restée au fond du vase.

Imbibition. En termes de Philosophie Hermétique, est la même chose que distillation, et souvent aussi la même que sublimation et cohobation. Elle se fait lorsque la matière enfermée dans l'œuf se sublime et monte en forme de vapeurs au haut du vase, où ne trouvant point d'issue, elle est obli­gée de retomber sur elle-même, jus­qu'à ce que fixée, elle ne circule plus.
imbibitions philosophiques. On a donné ce nom à la manière d'humec­ter la matière des Philosophes, après qu'elle est devenue soufre blanc ou soufre rouge, pour la multiplier en quantité et en qualité. Ces imbibitions se font goutte à goutte jusqu'à ce que la matière n'ait plus soif. Quand on veut multiplier le soufre blanc, on fait le même comme au rouge.
Il y a encore une autre imbibition pour la perfection de l'élixir. Après avoir fait un amalgame avec trois par­ties de terre rouge ou ferment rouge pour la pierre solifique, le double d'eau et d'air pris ensemble, et que cette matière, au moyen de la digestion, est parvenue au rouge parfait et diaphane, on en prend à volonté, on le met dans un creuset sur un feu très doux, et on l'imbibe goutte à goutte avec son huile rouge, jusqu'à ce que tout fonde et coule sans fumée. D'Espagnet dit qu'il ne faut point craindre que le mercure s'évapore, parce que la terre, qui est très fixe, le boit avec avidité. C'est alors que l'élixir a toute la perfection dont il est susceptible.
Les Philosophes nomment aussi Im­bibition les vapeurs qui montent au haut du vase pendant que la matière circule, parce que ces vapeurs retombent gouttes à gouttes sur la terre qui reste au fond du vaisseau ou œuf phi­losophique. Il faut bien prendre garde de ne pas se méprendre dans les imbi­bitions, et ne pas les faire avec le blanc pour le rouge, ou avec le rouge pour le blanc.

Imblegi. Mirabolans.

Immersion. Action par laquelle on . met un métal dans un dissolvant, pour qu'il s'y réduise en chaux. On le dit aussi de tout corps mis dans un liquide, ou mêlé avec quelque poudre sèche, Soit pour ôter à ce corps une acrimonie nuisible, soit pour ramollir son écorce trop dure, soit enfin pour en corroder le superflu. Blancard.

Immondice du Mort. (Sc. Herm.) Matière des Philosophes au noir.

Impartible. Les Chymistes appellent leur mercure le seul impartible connu des Sages. Diction. Herm.

Impastation. Lorsque la matière tombe en putréfaction dans l'œuf, et qu'elle est devenue noire, elle s'est épaissie en consistance de poix noire coulante; alors elle est comme de la pâte, ou comme de la boue : ce qui a fait nommer cette opération Im­pastation.
Impatiente (Herbe). Espèce de bal­samine qui pousse une tige à la hau­teur d'un pied et demi, tendre, lisse, luisante, verte, vide, rameuse. Ses feuilles sont rangées alternativement, semblables à celles de la mercuriale, mais un peu plus grandes, dentelées;
les fleurs sont jaunes, marquées de points rouges, comme celles de la bal­samine : elles sont attachées à des pé­dicules qui sortent des aisselles des feuilles. Il leur succède des fruits longs, menus, noueux, d'un blanc verdâtre rayé de lignes vertes. Quand ils sont mûrs, et qu'on les touche, ils jettent leurs semences avec impétuosité; elles s'embarrassent dans les doigts, et les salissent. C'est de là qu'on lui a donné les noms d'Herbe impatiente, et de Noli me tangere. M. Tournefort l'a appelée Balsaminea lutea.

Imprégnation. Il n'y aura point d'im­prégnation, s'il n'y a point de conjonc­tion, dit Morien, c'est-à-dire, que si l'on ne fait pas le mariage du mâle et la femelle, ou ce qui est la même chose, du fixe et du volatil, ils ne pour­ront agir l'un sur l'autre, et produire un troisième corps qui participera des deux. Cette imprégnation se fait dans le temps que le volatil et le fixe sont dans une dissolution entière, parce qu'alors ils se pénètrent per minima, et se confondent, pour ainsi dire, l'un dans l'autre, de manière qu'après avoir circulé, ils deviennent inséparables.
On dit aussi imprégnation en Chymie, pour signifier la communication des propriétés d'un mixte faite à un autre de quelque manière qu'on la fasse. Par exemple, quand on donne au tartre la vertu émétique de l'anti­moine; ce qui le fait appeler Tartre stibié.
Incendie. Les Philosophes Herméti­ques appellent Incendie le degré du feu trop vif et trop violent donné à la matière. Alors elle se brûle, et ne peut plus servir de rien. Fuis le tyran du monde, le fratricide qui cause des incendies. D'Espagnet. C'est-à-dire, qu'il faut conduire le feu extérieur avec beaucoup de prudence; il l'appelle Fratricide, parce qu'il éteint le feu in­térieur de la matière; et Tyran du monde, parce qu'il détruit tout dans la Nature. L'impatience fait que bien des Artistes ne réussissent pas; la vertu contraire est nécessaire au Philosophe. Tous la recommandent, et disent que la précipitation vient du diable.

Incération. Action par laquelle on met peu à peu du mercure sur la ma­tière devenue soufre, soit pour la mul­tiplier, soit pour rendre l'élixir parfait. Voyez imbibition.
L'incération rend la pierre philosophale fusible, fondante comme cire, aiguë, pénétrante. Elle se fait par imbibition des choses humides sur la matière pulvérisée; en réitérant plu­sieurs fois cette imbibition qui se fait gouttes à gouttes, et qu'il faut dessé­cher autant de fois. Cette humidité n'est autre que le même mercure dont on s'est servi dans la composition de la pierre : avec le mercure rouge, si la pierre a été poussée au rouge; et avec le mercure blanc, si on ne l'a cuite qu'au blanc.
Les Philosophes ont donné le nom d'Incération à plusieurs opérations; mais l'incération proprement dite est, selon Philalèthe, celle qui se fait dans la multiplication en quantité, lorsque l'on mêle de l'or avec l'élixir pour le rendre fondant comme la cire, et le déterminer plus particulièrement au métallique. Ce mélange est presque absolument nécessaire; car Riplée assure que sans lui bien des Artistes ont perdu leur poudre de projection, parce qu'ils le projetaient d'abord sur des métaux imparfaits.

Inceste. (Se. Herm.) Les Philosophes disent que le grand œuvre se fait par l'inceste du frère et de la sœur. Les disciples de Pythagore disent (Epître d'Aristée, à la fin de la Tourbe des Philosophes) au Roi des côtes de la mer : Vos sujets n'engendrent point, parce que vous conjoignez les mâles avec les mâles; et le Roi dit : Quelle chose est convenable à conjoindre ? Aristée répondit : Amenez-moi Gabertin votre fils et sa sœur Beya; elle est de matière substantielle de Gabertin; et par leur mariage, nous serons hors de tristesse, et non autrement. Et in­continent que Beya eut accompagné son mari et frère Gabertin, et qu'il fut couché avec elle, il mourut, et perdit sa vive couleur. D'Espagnet, en parlant de ce qui précède cette opération, dit que Beya a pu sans crime, et sans donner atteinte à sa virginité, contrac­ter un amour spirituel avant de donner sa foi à Gabritius, qui est le même que Gabertin, afin d'être plus blanche, plus alerte, et plus propre aux actes du ma­riage qu'elle doit contracter avec lui.
Les Adeptes disent aussi que dans cette union du mâle et de la femelle, se trouve l'inceste du père et de la fille, de la mère et du fils; parce que dans cette opération les corps retournent à leur première matière, composée des éléments et des principes de la Nature, qui semblent s'y confondre.

Incinération. Action par laquelle on réduit un corps en cendres. Ne mépri­sez pas la cendre, dit Morien, car c'est le diadème du Roi. La cendre des Philosophes est leur terre feuillée, dans laquelle ils jettent la semence aurifique, qui doit produire au centuple un fruit plus beau que n'était celui qui a fourni la semence.

Incombustible (Soufre). Les Chymistes Hermétiques donnent le nom d'In­combustible à leurs soufres, parce qu'ils sont si fixes, que leur feu ne peut plus leur faire sentir ses atteintes tyranniques et destructives.

Incorporer. Voyez inspirer.

Incube. Quelques Philosophes ont donné ce nom à leur Lune, qu'ils ont aussi appelée femme du Soleil. Ruian-dus. Les Anciens ont aussi donné le nom d'Incubes aux Faunes et aux Satyres.

Incuda. Voyez gabertin, inceste.

Infini. Soufre des Philosophes, ainsi nommé, de ce qu'il peut être multiplié à l'infini.

Influence. Les Adeptes expliquent toutes les productions minérales et végétales par les influences des astres, particulièrement du Soleil et de la Lune. Ces influences sont portées dans l'air par l'action du feu; l'air qui est comme le médiateur entre le feu et l'eau, les communique à ce dernier élé­ment, celui-ci à la terre, qui leur sert de matrice. Les pores de la terre don­nent à ces influences la liberté de pénétrer jusqu'au feu central, qui les repousse, et en les sublimant les ren­voie par d'autres pores jusqu'à la su­perficie, où le froid les condense en pierre, gravier, cailloux, etc. si elles n'ont pas trouvé un soufre métallique qui les ait accrochées en chemin. Cel­les qui poussent jusqu'à la superficie, et qui y rencontrent des semences vé­gétales propres à se développer, elles les fécondent, les ouvrent, et par leur aimant naturel attirent de l'air des par­ties semblables, qui se joignant à celles qui sont déjà dans la terre, s'amassent peu à peu, et par l'action du feu élé­mentaire et la réaction du feu central font une espèce de circulation qui produit tout dans les deux règnes mi­néral et végétal. Voyez d'Espagnet, Enchyrid. Physicœ restitutœ.

Ingrès. Propriété pénétrante. Les Philosophes chymiques disent que leur pierre est entrante, tingente et péné­trante, ou qu'elle a de l'ingrès; c'est-à-dire, que quoique corps, elle pénètre les corps jusque dans leurs plus peti­tes parties. C'est pourquoi elle est esprit et corps, ou corps spiritualisé car pour réussir dans le magistère, il faut spiritualiser les corps et corporifier les esprits, ou, ce qui est le même, volatiliser le fixe et fixer le volatil. Tout cela se fait dans une même opé­ration après la jonction ou le mariage du mâle et de la femelle. Le Dragon ailé de Flamel emporte avec lui le Dra­gon sans ailes, et celui-ci à son tour ramené à terre le Dragon ailé. Michel Majer a représenté cette opération dans ses Emblèmes par uni nid d'oi­seau, d'où s'envole un petit, qu'un au­tre demeuré dans le nid retient. Le fixe ne se volatiliserait jamais seul, et le volatil ne se fixerait point par lui-même.
Le soufre philosophique donne l'in­grès à la pierre; c'est son feu, dit d'Es­pagnet. Elle tire sa teinture et sa fixité du ferment, et sa fusibilité du mer­cure, qui est le médium au moyen du­quel se fait l'union des teintures du soufre et du ferment. Le soufre est un enfant de l'art Hermétique, le ferment est fils de la Nature. C'est pour cela que les Philosophes disent que leur matière ne se trouve point dans les boutiques des Droguistes, ni dans les autres; et que Marie dit, l'un s'achète et l'autre se fait; parce qu'elle parle de la confection de l'élixir, et non de celle du soufre qu'elle suppose fait. L'ingrès s'entend de la faculté pénétrante de la poudre pour la transmu­tation.

Ingression. Action par laquelle les matières se mêlent de manière à ne pouvoir plus être séparées. La putré­faction opère ce mélange dans le temps que la dissolution est parfaite, et que la matière est au noir. Les Auteurs du Dictionnaire de Trévoux et de l'Ency­clopédie ignoraient ce que c'est qu'ingression, quand ils l'ont confondue avec ingrès.

Ingrossation. Action par laquelle le volatil et le fixe de la matière des Sages se mêlent intimement, après avoir longtemps combattu ensemble. La femelle, dit d'Espagnet, prend d'abord le dessus du mâle, et le do­mine de manière à le changer dans sa propre nature; elle ne le quitte point qu'elle ne soit devenue grosse. Alors le mâle reprend vigueur, et gagne le dessus à son tour. Il la domine et la rend semblable à lui. C'est Beya d'Aristée, qui tue son frère et mari Gabertin, et ce même Gabertin qui ressuscite dans son fils, plus beau et plus parfait qu'il n'était auparavant. La femelle est le volatil, et le mâle est le fixe. Le Dictionnaire Herméti­que et les autres Lexicographes d'après lui, disent mal-à-propos que l'ingrossation est la même chose que la conversion des éléments bas et grossiers en ceux qui sont hauts et légers; car, quoique l'ingrossation se fasse dans le temps que le fixe se volatilise, la conversion des éléments est encore autre chose. C'est, selon Aristote le Chymiste et tous les Philoso­phes, la conversion de la terre en eau, de l'eau en air, de l'air en feu, et du tout en terre, selon ce qui est dit : Vous êtes terre, et vous retournerez, en terre. Et Hermès dans la Table d'Emeraude : Sa puissance sera par­faite, si elle est réduite en terre.

Inhumation. (Sc. Herm.) C'est à peu près la même chose qu'Humation, dont voyez l'article. Quelques-uns cepen­dant l'entendent du temps de la putré­faction; parce qu'alors, selon d'Espa­gnet, l'esprit est comme mort et enseveli dans la terre. C'est ce que les Philosophes appellent Tête du cor­beau, règne de Saturne, Dragon Baby­lonien, etc. c'est-à-dire la matière en putréfaction, pu le noir très noir. Ils l'ont nommé Inhumation, parce que la matière putréfiée a l'odeur des corps morts, que le noir représente le deuil, et le séjour ténébreux du tombeau où les corps se pourrissent, et que la matière est fermée dans un vase scellé.

Ino. Fille de Cadmus et d'Hermione ou d'Harmonie, épousa Athamas après qu'il eut répudié Néphélé. Elle eut de très mauvaises façons pour les enfants de Néphélé, ce qui fit entrer Athamas dans une fureur si violente, qu'il arra­cha d'entre les bras d'Ino un de ses enfans, et le fit périr en le brisant con­tre une pierre. Ino saisie de peur, s'en­fuit avec son fils Mélicerte, et se préci­pita dans la mer avec lui. Neptune les reçut, et mit Ino au rang des Déesses marines, sous le nom de Leucothoé, et Mélicerte au nombre des Dieux, après l'avoir nommé Palémon. Voyez le liv. 4, ch. 9 des Fables Egypt., et Grecq. dévoilées.

Insipide. Magistère au blanc.

Inspirer. Joindre l'âme à son corps, ou blanchir la matière, ce qui se fait avec une seule matière dans un seul vase, sans y toucher de la main.

Inspissation. Opération qui suit celle de la dissolution des corps, et qui ce­pendant n'est en effet que la même, puisque le corps ne se dissout ou ne se spiritualise point, que l'esprit ne se corporifie. l'inspissation se fait par un feu du second degré. On remar­quera à ce sujet, que quand les Philo­sophes parlent des degrés de leur feu qu'il faut administrer à leur matière, ils n'entendent pas qu'il faille augmen­ter ou diminuer le feu comme le font les Chymistes vulgaires dans leurs fourneaux, au moyen des registres, ou des soufflets, ou d'une plus grande quantité de charbons; mais qu'il faut augmenter le feu secret ou de la ma­tière, par une digestion; à mesure que la matière devient plus fixe, son feu S® augmente par degrés, et ces degrés se mesurent par les couleurs qu'elle prend.

Intermède. Troisième matière que l'on ajoute à deux autres dans les opérations chymiques ou mécaniques, soit pour les réunir, soit pour les sépa­rer, soit enfin pour les mettre en ac­tion. Les sels différons entre eux ne se joignent jamais si bien que par un intermède terreux. Mém. de l'Acad. de 1702, page 48.
Les Philosophes donnent le nom d'intermède à leur mercure, et l'appel­lent aussi philtre ou breuvage d'amour, lien et moyen propre à joindre les teintures inséparablement.
Intubum et Intubus. Endive, espèce de chicorée.

Io. Fille du fleuve Inaque. Jupiter en J étant devenu amoureux, la changea en 'vache, pour tromper la jalousie de Junon. Cette Déesse trop clairvoyante avait si bien éclairé les pas de Jupiter, qu'elle découvrit ses allures, et lui demanda cette vache. Après qu'elle l'eut obtenue, elle la mit sous la garde d'Argus, qui avait cent yeux. Jupiter donna ordre à Mercure de se défaire d'Argus. Mercure exécuta sa commission; mais Junon irritée, envoya contre Io des taons qui la piquèrent sans relâche. Pour s'en débarrasser, Io se Jeta dans la mer, qu'elle traversa à la nage, et fut aborder en Egypte, où Jupiter lui rendit sa première forme. Ovide dit qu'elle épousa dans la suite Osiris, Roi du pays, et qu'après sa mort elle y fut adorée sous le nom d'Isis. Voyez les Fables Egyptiennes et Grecq. dévoilées, liv. 1, ch. 4; liv. 3, chap. 4.

Jobate. Roi de Lycie, reçut Belléro-phon chez lui, et l'envoya combattre la Chimère. Après avoir éprouvé sa probité et son courage, il lui donna sa fille Philonoé en mariage. Voyez bellerophon.

Jocaste. Fille de Créon, Roi de The-bes, épousa Laïus et en eut Œdipe, qui dans la suite tua son père, et épousa sa mère Jocaste sans la connaî­tre, parce que Créon l'avait promise à celui qui devinerait l'énigme proposée par Sphinx. Œdipe en eut deux gar­çons et deux filles. Mais ayant re­connu son erreur, et découvert le mys­tère de sa naissance, son parricide et son inceste, il se creva les yeux, et Jocaste se fit mourir de désespoir.
Toute cette fable ne signifie autre chose que l'inceste dont parlent si sou­vent les Philosophes dans leurs ouvra­ges. On y voit également des parricides et tous ces crimes prétendus de la Fa­ble se trouvent expliqués chimiquement dans les Fables Egypt. et Grecq. dévoilées, liv. 3, ch. 14, § 4; liv. 4, chap. 4 et dans une infinité d'autres endroits.

Joindre. Assembler, mêler, réunir une chose à une autre. V. inspirer.

lolas. Fils d'Iphiclus et neveu d'Her­cule, qu'il accompagna dans le temps que ce Héros combattit l'Hydre de Leme. lolas avait du feu, avec le­quel il brûlait les blessures qu'Hercule faisait à l'Hydre, pour empêcher que les têtes qui renaissaient aux mêmes endroits ne pullulassent de nouveau. Voyez les Fables Egypt. et Grecques, liv. 5, ch. 4.
lolé. Fille d'Euryte, Roi d'Œcalie, fut promise en mariage à Hercule, qui en était devenu amoureux. Euryte la lui ayant ensuite refusée, Hercule tua Euryte, et enleva lolé. Voyez eu­ryte.

los. Toutes sortes de venins. Rullandus.
los est aussi le nom d'une île de la mer Egée, l'une des Sporades, près de l'île de Candie. Elle devint fort célèbre par la tradition qui y assi­gnait le tombeau d'Homère. Pline, liv. 4, ch. 12.

Jour. Les jours des Chymistes Hermé­tiques se comptent différemment et ne sont pas les mêmes que les jours ordi­naires. Leur année, selon Pline, est d'un mois seulement, quelques-uns di­sent que c'est d'un mois commun, d'au­tres disent d'un mois lunaire, d'autres d'un mois à la manière de compter des anciens Egyptiens. La preuve que leur année n'est pas l'année commune, c'est qu'ils expliquent la durée des voyages d'Isis et de Bacchus, et celle du temps qu'il fallait aux vaisseaux de Salomon pour aller chercher et rapporter l'or d'Ophir, comme d'une même durée, quoique les premiers employassent douze ans pour chaque voyage, et les vaisseaux de Salomon n'étaient absents que trois ans. Michel Mayer dans son livre Arcana Arcanissima, dit que qui fait combiner et réduire à la même du­rée ces différents laps de temps, sait compter à la manière des Philosophes Hermétiques.
Leurs saisons ne s'entendent pas non plus de nos saisons ordinaires. Les leurs se passent dans le vase philoso­phique. Ils commencent leur opération en hiver, et la finissent en automne. Mais leur hiver est le temps de la putréfaction, ou la matière au noir; parce qu'elle est alors comme dans un état de mort, et qu'elle se dispose à la génération, à peu près comme fait la Nature pendant les frimats et les glaçons. Leur printemps est le règne de Jupiter, ou lorsque la matière se dépouille de la couleur noire, qu'ils appellent tête de Corbeau, écaille du vieil Dragon, etc. Leur été est le temps de la blancheur, ou le règne de la Lune; et leur automne est le temps de la rubification ou de la perfection de l'élixir; parce que de même que l'automne est le temps de cueillir les fruits, la perfection de l'élixir est celui où l'Artiste jouit des fruits de ses travaux.

Jourdain. (Science Herm.) Est un nom que les Philosophes ont donné à leur mercure dissolvant; parce que ce mercure doit laver sept fois le corps dissoluble pour le purifier, comme l'Ecriture rapporte que Nahaman se lava sept fois dans les eaux du Jour­dain pour être guéri de la lèpre.

Joie des Philosophes. Lorsque la pierre ou la matière des Philosophes est parvenue au blanc parfait, qui est leur or blanc, leur soufre blanc, l'Eudica de Morien, leur cygne, alors tous les Philosophes disent que c'est le temps de la joie, parce qu'ils voient Diane toute nue, et qu'ils ont évité tous les écueils de la mer. Le Code de vérité dit : Blanchissez le laiton, et déchirez vos livres; ils vous sont inu­tiles alors, ils ne vous causeraient que de l'embarras, des doutes, des inquié­tudes, et vous ne devez avoir que de la joie. C'est que lorsque la matière est au blanc, il faut être maladroit pour ne pas réussir à la conduire au rouge parfait, puisque tout le volatil est alors fixé de manière à pouvoir souffrir le feu le plus actif et le plus violent.

Iphianasse. Voyez iphigénie.

Iphiclus. Fils d'Alcmene et d'Amphitrion, frère jumeau d'Hercule, né d'Alcmene et de Jupiter, doit s'enten­dre, selon les Philosophes Spagyriques, de l'humeur aqueuse qui se trouve toujours mêlée avec le mercure représente par Hercule. Il faut séparer cette humeur aqueuse du mercure, quand on veut le mettre en usage.
Hésiode parle d'un Iphiclus qui était si léger à la course, qu'il allait sur les eaux comme sur terre, et qu'il marchait sur les épis de bled sans les faire pencher. Ce qui est dit pour marquer la grande volatilité de l'eau mercurielle des Philosophes.

Ipcacidos. Plante appelée Barbe-de-bouc.

Iphîgénie. Fille d'Agamemnon et de dytemnestre, fut désignée pour être sacrifiée à Diane, afin d'appaiser le courroux de cette Déesse irritée con­tre les Grecs qui allaient faire le siège de Troye; parce qu'Agamemnon avait tué un cerf qui lui était consacré, elle excitait des tempêtes perpétuelles. L'oracle décida que Diane ne serait apaisée que par le sang de celui qui avait tué le cerf. Il fut résolu de sacri­fier Iphigénie. Diane émue de pitié enleva Iphigénie de dessus l'autel, et y substitua une biche. Elle transporta Iphigénie dans la Tauride, où elle fut Prêtresse de la Déesse. Oreste y étant venu pour se purger de son parricide, Iphigénie qui était sa sœur, le reconnut, lui sauva la vie, et s'enfuit avec lui, emportant la statue de la Déesse. Voyez les Fables Egyptiennes et Grecques dévoilées, liv. 3, chap. 14, § 4.

Ipoacidos ou Ipcacidos. Barbe-de-bouc

Ippia. Surnom de Minerve.

Iio ou Irion. Vêlar, Tortelle, Erymum.

Iris. Fille de Thaumas et d'Electra, et sœur des Harpies, selon Hésiode. Electra était fille de l'Océan, et Thaumas, fils de Pontus et de la Terre. Iris était Messagère de Junon, comme Mercure fut celui de Jupiter; l'un et l'autre portaient sur la terre les ordres de ces Divinités. Elle était vêtue d'une robe de différentes couleurs, et ne quittait presque jamais Junon; et Apollonius de Rhodes nous apprend qu'elle l'en­voya à Thétis. Quelquefois, mais rare­ment, Jupiter l'employa. Homère en donne plus d'un exemple. L'emploi le plus important d'Iris était d'aller cou­per le cheveu fatal des femmes qui allaient mourir, et de délivrer leurs âmes de leurs corps, comme Mercure le faisait à l'égard des hommes.
Les Philosophes Hermétiques don­nent par similitude le nom d'Iris à leur matière, quand après la putréfac­tion elle prend les couleurs de l'arc-en-ciel. Ils prétendent que tout ce que la Fable a imaginé sur les emplois d'Iris auprès de Junon, doit s'entendre de ce qui se passe dans le vase Herméti­que : que délivrer les âmes des corps des femmes, c'est précisément subli­mer la partie volatile de la matière qui demeure au fond; ce qui se fait à point nommé dans le temps que les couleurs de l'Iris se manifestent sur cette matière; qu'Iris par ce moyen devient en effet la Messagère de Junon, parce que Junon est prise pour l'humi­dité vaporeuse de l'air renfermé dans le vase, et qui occupe tout le vide qu'y laisse la matière. La généalogie d'Iris l'indique assez, puisqu'on la dit petite-fille de Pontus et de la Terre, c'est-à-dire, de la mer ou eau mercu­rielle, et de la terre philosophique.

Ischœmon. Espèce de gramen, auquel on a sans doute donné ce nom, de ce qu'il est propre à arrêter les hémorra­gies.

Ischas. Figue sèche.

Isiaque. Table Isiaque. Monument de l'Antiquité, où l'on trouve Isis, Osiris, et presque tous les Dieux de l'Egypte, avec leurs symboles. On lui a donné le nom d'Isiaque, parce qu'elle renferme les mystères d'Isis. C'est une grande plaque de cuivre gravée au pre­mier burin. Sur ce fond de cuivre ou de bronze était un émail noir, entre­mêlé avec art de petites bandes d'ar­gent. Lorsqu'on 1525 le Connétable de Bourbon prit la ville de Rome, un Sol­dat qui s'en était saisi dans le pillage, le vendit à un Serrurier. Elle passa de­là dans les mains du Cardinal Bembo, et puis au Duc de Mantoue, qui heu­reusement la fit graver dans toute sa grandeur, et avec beaucoup d'exacti­tude, par un nommé Enée Vico de Parme; car l'original s'est perdu. Je n'en donnerai pas ici la description; ceux qui seront curieux de la voir, la trouveront dans l'ouvrage de Pignorius, intitulé : Mensa Isiaca, qui fut imprimé à Amsterdam en 1669. Le P. Kirker en a parlé dans son Œdipus Aegyptiacus. Il a cru y apercevoir les mystères les plus cachés de la Théolo­gie Egyptienne, et est entré dans un très-grand détail à ce sujet. Pignorius semble n'avoir eu pour objet que la description mécanique de cette Table. On en trouve aussi la représentation dans l'Antiquité expliquée de D. Ber­nard de Montfaucon, et dans le Re­cueil d'Antiquités de M. le Comte de Caylus.
Tout y paraît mystérieux, et énig-matique, suivant le génie des Egyp­tiens; et il faudrait un ouvrage entier pour en donner une explication suivie et détaillée. Il sera plus aisé d'en trouver le dénouement en puisant ces explications dans la Philosophie Her­métique, qui était proprement celle des Egyptiens; puisqu'Isis, Osiris et les autres Dieux du pays n'étaient que des Dieux Hermétiques, comme il est aisé de s'en convaincre par les preuves rapportées dans le Traité des Fables Egypt. et Grecques dévoilées, liv. 1 et liv. 4.

Isir. L'Auteur du Dictionnaire Her­métique dit que les Philosophes en­tendent par ce terme l'élixir au blanc, et que les Sages le nomment ainsi lorsqu'on veut le multiplier; mais je crois que les Philosophes se servent de ce nom pour signifier la même chose que ce qu'ils expriment par Isis, dont voyez l'article.

Isis. Etait une des principales Déesses de l'Egypte et de beaucoup d'autres pays. Beaucoup d'Auteurs l'ont regar­dée, et avec raison, comme la Déesse universelle du Paganisme, mais hono­rée sous des noms différons. Cérès, Junon, la Lune, la Terre, Proserpine, Thétis, la Mère des Dieux ou Cybele, Vénus, Diane, Hécate, Rhamnusia, etc., la Nature même, n'étaient qu'une même chose avec Isis. Ce qui lui fit donner le nom de Mirionyme, ou la Déesse à mille noms. Aussi les Philo­sophes Hermétiques, d'après Hermès, qui avait donné ce nom Isis, n'enten­daient autre chose par cette Déesse, que la partie volatile, humide, froide, patiente et femelle de l'art Herméti­que ou Sacerdotal, comme on peut le voir clairement au livre 1 des Fables Egypt. et Grecq. dévoilées, ch. 1, 2, 3 et 4.

Isthmiques. (Jeux) V. jeux isthmiques.

Itération. Opération de la médecine du troisième ordre, ou de l'ordre supé­rieur, que l'on appelle communément la multiplication.

Jugement. Raymond Lulle a donné ce nom à la projection de la poudre Hermétique sur les métaux imparfaits, parce que c'est dans cette occasion où l'artiste est jugé sur les opérations;
et que par la réussite ou non réussite, il juge s'il a bien ou mal opéré, et qu'il est alors récompensé suivant ses œuvres.

Juges. Les Poëtes ont feint que Pluton avait établi pour Juges des Enfers son empire Eaque, Minos et Rhadamante. Voyez leurs articles.

Junon. Fille de Saturne et d'Ops, épousa Jupiter son propre frère ju­meau. Elle fut nourrie par les Nym­phes, filles de l'Océan. Jupiter, avant de l'épouser, la trompa sous la forme du coucou. Elle devint mère de Mars, d'Argé, d'IUithie et d'Hébé. Elle eut aussi Vulcain, mais sans avoir eu affaire à aucun homme. Elle fit tou­jours un fort mauvais ménage avec Jupiter, qui, à la vérité, lui fournissait sans cesse des sujets de jalousie, par la quantité de Nymphes avec lesquelles il s'amusait. Jupiter perdit un .jour patience, et irrité des mauvaises façons de Junon, il la suspendit avec une chaîne d'or, et lui attacha un l'enclume de fer à chaque pied. Les Dieux et Déesses intercédèrent pour elle, et Jupiter se laissa fléchir. Elle fut une des trois Déesses qui disputèrent la pomme d'or; elle promettait à Pâris de grands et riches royaumes pour se la faire adjuger : ces belles propositions ne lui firent pas la même impression que les promesses de Vénus, à laquelle il l'adjugea. Elle conçut de là une haine implacable contre les Troyens, et engagea la guerre qui fit périr Pâris et la ville de Troye. Toute cette fiction se trouve expliquée dans le chapitre 5 du livre 3 des Fables Egypt. et Grecq. dévoilées.

Junonis Rosa. Les anciens Poètes feint que Junon ayant répandu de son lait sur la terre, il en sortit la plante connue sous le nom de Lis. Ce ne lait répandu dans le ciel y forma si cette multitude d'étoiles qui compos­ent la voie lactée, comme on peut le voir dans le ch. 1 du livre 5 des Fables Egyptiennes et Grecques dévoilées.

Jupiter. Père des Dieux et des hommes, comme l'appellent les Poëtes, manqua de périr dès sa naissance; Saturne, son père, avait fait un traité avec son frère Titan, par lequel il s'était obligé à faire périr tous les enfants mâles qui lui naîtraient; et pour observer ce traité, Saturne dévo­rait ses enfants à mesure qu'ils ve­naient au monde. Rhée, son épouse, le trompa quand il fut question de Jupiter. Sitôt qu'il fut né, elle enve­loppa un caillou dans des langes, et le présenta à Saturne, qui ne soup­çonnant point de supercherie, avala le caillou; mais comme il se trouva de trop dure digestion, il le vomit.
Ce n'était pas assez d'avoir ainsi trompé Saturne, il fallait soustraire Jupiter à sa vue, et aux attentions curieuses des Titans. Rhée, pour cet effet, le fit porter chez les Corybantes, qui faisaient retentir sans cesse le son bruyant de plusieurs instruments d'ai­rain, pour empêcher qu'on n'entendît ses cris. A ce bruit les mouches à miel accoururent, et fournirent tout ce qui dépendait d'elles pour la nour­riture de cet enfant. Les Nymphes, les Nayades, une chèvre même, tout s'em­pressait enfin de contribuer à sa con­servation.
Quand Jupiter fut devenu grand, et qu'il eut appris que Saturne et les Titans avaient conspiré sa perte dès sa naissance même, il chercha tous les moyens de s'en venger. Il leur fit la guerre; et les ayant vaincus, il mutila son père, et précipita les Titans dans le Tartare. Ainsi, possesseur tranquille de l'Univers, il en fit le partage avec ses deux frères, Neptune et Pluton; il donna les eaux et la mer à Neptune, les enfers à Pluton, et se réserva le ciel et la terre.
Jupiter soutint une seconde guerre contre les Géants, qu'il foudroya tous, et délivra par là tous les habitants de l'Olympe des craintes et des frayeurs que ces fils de la Terre leur avaient imprimées. Ce Dieu bienfaisant voulut alors mériter le titre glorieux de père des Dieux et des hommes qu'on lui donna dans la suite; il commença à tromper sa propre sœur jumelle, et pour cela il se changea en coucou, et feignant d'être poursuivi par un oi­seau de proie, il se réfugia entre les bras de Junon, qui le cacha dans son sein. Jupiter saisit l'occasion favora­ble, reprit sa première forme, et ne trouva pas Junon rebelle. Il l'épousa dans la suite.
L'humeur amoureuse de Jupiter ne lui permit pas de s'en tenir à cette épouse. Il prit tous les moyens imagi­nables de satisfaire sa passion pour les femmes; ce qui brouilla les époux plus d'une fois, et leur fit faire un très mauvais ménage. Soit pour ne pas irri­ter la jalousie de Junon, soit pour venir plus facilement à bout de ses desseins amoureux, Jupiter prit mille formes différentes quand il voulut avoir affaire avec les beautés humaines. Il se présenta à elles tantôt sous la forme d'un cygne, tantôt sous celle d'un taureau, puis sous celles d'un sa­tyre, de feu, de pluie d'or, et d'une infinité d'autres manières; Sémélé fut la seule qui pour son malheur le reçut avec toute sa gloire et sa majesté. On trouve ces différentes métamorphoses dans le quatorzième livre de l'Iliade d'Homère, et dans le sixième des Métamorphoses d'Ovide.
De toutes ces visites naquirent une infinité d'enfants, qui devinrent tous des Dieux ou des Héros, tels que Bacchus, Esculape, Castor, Pollux, Thésée, Persée et tant d'autres. Les Egyptiens qui le mettaient au nombre de leurs plus grands Dieux, ne lui donnaient pas un si grand nombre de descendants; les Grecs qui avaient em­pruntés ce Dieu des Egyptiens, lui en adjugèrent suivant leur fantaisie; mais les plus anciens de leurs Philosophes Poètes se conformèrent cependant tou­jours dans les fables qu'ils imaginèrent au sujet de ce Dieu, à l'objet qu'avaient eu en vue les Philosophes de l'Egypte, lorsqu'ils inventèrent celles de leur Jupiter. Cet objet caché à presque tous les Mythologues, se trouve éclairci avec les fictions auxquelles il a donné lieu, dans le 3e liv., chap 4 et suiv. des Fables Egyptiennes et Grecques dévoilées.
Jupiter. Les Chymistes donnent ce nom au métal que nous appelons com­munément Etain; mais les Alchymistes entendent souvent autre chose, comme dans l'explication qu'ils donnent de la fable d'Amphytrion et d'AIlmene, où Jupiter est pris pour cette chaleur céleste et ce feu inné qui est la pre­mière source, et comme la cause effi­ciente des métaux; c'est pourquoi ils disent que le mercure, qui est leur premier et principal agent du grand œuvre, est représenté sous le nom d'Hercule, engendré d'Alcmene et de Jupiter, parce qu'Alcmene est pris pour le symbole de la matière terres­tre et sèche, qui est comme la matrice de l'humidité métallique sur laquelle agit Jupiter.

Jupiter en pluie d'or. (Sc. Herm.) Voyez danae.
Jupiter. Converti en aigle, et qui enlevé Ganimede, ne signifie autre chose que la purification de la matière par la sublimation philosophique.
L'Auteur du Dictionnaire de Tré­voux n'avait guère lu les Auteurs qui traitent de la pierre philosophale, ou du grand art, quand il dit que les Philosophes appellent Jupiter leur or philosophique. Ils disent partout que leur mercure a le Soleil pour père, et la Lune pour mère. Ils regardent Jupiter comme le père et le maître des Dieux; non pas parce que l'or est le plus parfait des métaux, et qu'ils appellent leur or Jupiter, mais parce que Jupiter, selon eux, n'est autre chose que la chaleur générative et innée des corps, au moyen de laquelle les métaux se forment dans la terre; c'est dans ce sens que la Fable dit que Jupiter est père d'Apollon et de Diane, de Mars, de Vénus, de Mercure, etc., parce que sous le nom d'Apollon ou du Soleil, les Chymistes entendent l'or; sous celui de Diane ou la Lune, l'argent, etc.; et comme le mercure est le principe de tous les métaux sur lequel agit le feu de la Nature pour les former, la Fable dit que Mercure était fils et ambassadeur de Jupiter. Jupiter a le ciel pour sa demeure ordinaire, et la terre pour le lieu de ses plaisirs; c'est que cette chaleur de la Nature semble venir du ciel, et qu'elle lui est communiquée en partie par le Soleil. Si les Philo­sophes disent que Jupiter a choisi la terre pour le lieu de ses plaisirs, c'est que la terre est la matrice dans la­quelle s'enfantent tous les êtres sub­lunaires des trois règnes, par l'activité générative de cette chaleur naturelle, dénommée Jupiter par les Anciens, qui ont donné à la Terre différents noms, tels que Cérès, Danaë, Sémélé, etc., dont voyez les articles.

Juasa ou Juiaa. Gyps, plâtre.

Ixia. Espèce de chardon, appelé Carline. Il y en a deux sortes, l'une que l'on appelle Caméléon blanc, qui est le plus estimé, l'autre Caméléon noir.

Ixion. Etait fils de Phlégias; d'Antion, suivant Diodore de Sicile, quel­ques-uns le nomment 3Ltion. Il épousa Dia ou Clia, fille d'Eionée ou Deio-née, dont il eut Pyrithoiis. Il se brouilla avec son beau-père, pour n'avoir pas voulu donner à sa fille ce dont ils étaient convenus. Ixion le fit périr misérablement, et n'ayant pu trouver personne qui voulût l'ab­soudre de ce crime, et en faire l'ex­piation, il eut recours à Jupiter. Ce Dieu en eut pitié, le reçut dans le ciel, et lui permit même de manger à la table des Dieux. Ce bienfait signalé ne servit qu'à en faire un ingrat et un téméraire. Ixion, frappé des charmes de Junon, eut l'insolence de la solli­citer à satisfaire sa passion. Cette sévère Déesse offensée d'une telle témérité, en informa Jupiter, qui re­garda d'abord cette accusation comme un piège qu'on lui tendait contre Ixion, qui passait pour son fils. Il voulut s'éclaircir par lui-même. Il convint avec Junon qu'elle permettrait à Ixion un entretien particulier avec elle. Pour l'instant du rendez-vous, Jupiter forma avec une nuée un phantôme qui ressemblait parfaitement à Junon. Ixion épris de plus en plus ne put se contenir, et Jupiter vit bien qu'il ne tenait pas à Ixion que le père des Dieux ne reçût l'affront qu'il avait fait à Tyndare et à tant d'autres. Les Centaures prirent naissance de ce phantôme, et Jupiter se contenta pour lors de chasser Ixion de la cour céleste. Mais ce téméraire n'en devint pas plus sage; il osa se vanter d'avoir désho­noré le maître des Dieux, qui pour le punir de son insolence, le précipita d'un coup de foudre dans le Tartare, où Mercure eut commission de l'atta­cher à une roue environnée de serpents, qui devait tourner sans relâche.
Les Philosophes Hermétiques inter­prètent cette fable des Souffleurs et autres Artistes ignorants, qui veulent entreprendre de faire l'œuvre sans le savoir; et passent tout leur temps à élever des fourneaux et à les abattre, à suer sang et eau dans l'exécution de mille procédés ruineux, au bout des­quels ils n'embrassent que de la fu­mée, qui leur laisse des soufres impurs et des cendres inutiles; qui enfin comme Ixion, attachés à une roue laborieuse de travaux fatigants, font et recommencent une infinité d'opé­rations sans jamais en avoir une heu­reuse issue. Voyez les Fables Egypt. et Grecques dévoilées, livre 5, cha­pitre 22.
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K

Kab. Lait aigri. Johnson.

Kachimie ou Kakimie. Minéral qui n'est pas encore venu à sa perfection, ou demi-métal qui est encore dans sa matrice comme l'enfant dans le ventre de la mère aux premiers mois de sa grossesse.

Kaib. C'est du lait caillé, aigri.

Kald. Voyez vinaigre.

Kainos. Fumée.

Kamar ou Camar. Argent.

Kambar. Voyez cambar.

Kamir. Levain, ferment des Philo­sophes.

Kanech. Roseau.

Kanfor. Etain, Jupiter.

Kaprili. Soufre.

Kasam. Fer.

Kayl. Lait aigre.

Kaysir. Ecume de la mer.

Kazdir, Kasdir, Kacir, Kacisseros. Etain, ou Jupiter.

Keiri ou Keirim. Narcisse, suivant quelques-uns; et violier ou giroflée jaune, suivant d'autres, qui l'écrivent aussi Cheisi.

Kibrich ou Kibrith. Terme de Science Hermétique, dont se sont ser­vis quelques Chymistes pour signifier le soufre philosophique. Il faut rec­tifier sur ce corps Kibrich et Zubeth, c'est-à-dire, les deux fumées qui com­prennent et qui embrassent les deux luminaires, et mettre dessus ce qui les ramollit, et qui est l'accomplissement des teintures et des esprits, et les véri­tables poids de la Science. Marie.

Kimenna. Une grosse bouteille.

Kimit élevé. Blanc de cinabre. Planiscampi.

Kirath. Poids de quatre grains.

Kisl. Oppoponax. Ce terme signifie aussi un poids de quinze grains;
quelques-uns l'entendent de quatre livres, d'autres de deux mesures de vin. Planiscampi.

Koma et Komartos. Chaux vive.

Konis. Cendre.

Kost. Bois de hêtre.

Kuhul. Plomb des Philosophes; lai­ton qu'il faut blanchir; ou la matière de l'œuvre en putréfaction, et parve­nue au noir très noir.

Kukul. Voyez kuhul.

Kiimen. Union, lien des parties des corps. Rulland.

Kybrius. Arsenic.

Kymenna. Matras, bouteille de verre.

Kymit sublimé. Cinabre.

Kymolea. Boue.
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L

Labos balsainum. Eau dans laquelle on a éteint un métal.

Labrum Veneris. Chardon à Bonne­tier.

Labrum. ou Labium. Vase dans le­quel on met l'eau pour distiller au bain-marie.

Labyrinthe. On entend par labyrin­the, une espèce d'édifice rempli de chambres et d'avenues, disposées de manière que l'on entre de l'une dans l'autre, sans pouvoir retrouver la sor­tie. Les Auteurs font mention de quatre principaux. Le premier et le plus célèbre se voyait en Egypte, dans le district de la ville appelée par quelques-uns Héracléopolis; on le regardait comme une des merveilles du monde, et Pline (liv. 36, ch. 16) Rappelle Potentissimum humani opus. Hérodote dit qu'un nombre de Rois d'Egypte y avaient fait travailler suc­cessivement avec des frais immenses. On prétend que Dédale le prit pour modèle du labyrinthe qu'il fit cons­truire dans l'île de Crète, et qui devint si célèbre par la fable du Minotaure. Le troisième fut fait dans l'île de Lemnos; on y voyait 150 colonnes de marbre. Porsenna fit bâtir le qua­trième en Italie dans le lieu où il fut inhumé. Pline fait la description de ces quatre labyrinthes dans le livre que j'ai cité ci-devant.
La Philosophie Hermétique qui imagina la fable de Thésée et du Minotaure, prit occasion du labyrin­the de Crète pour embellir cette fic­tion, et indiquer en même temps les difficultés qui se présentent dans les opérations du grand œuvre, par celles qu'il y avait à se tirer du labyrinthe quand on s'y était engagé. Il ne faut pas moins que le fil d'Ariadne, fourni par Dédale même, pour y réussir;
c'est-à-dire qu'il faut être conduit et dirigé par un Philosophe qui ait fait l'œuvre lui-même. C'est ce que Morien nous assure dans son Entretien avec le Roi Ccdid. Voyez les Fables Egypt. et Grecques dévoilées, cha­pitre de Thésée.

Lac. Les Philosophes ont souvent donné ce nom à leur vase et au mer­cure qui y est renfermé; parce que c'est une eau qui n'a point d'issue, comme celle d'un lac qui communé­ment n'a point de communication qu'avec les rivières qui s'y jettent. Mais ordinairement les Philosophes ont ajouté des épithètes au terme de Lac, afin de désigner les changements qu'éprouve leur eau mercurielle pen­dant le cours des opérations. Ils l'ont nommé Lac bouillant, lorsque cette eau mercurielle est animée par le sou­fre philosophique; Lac plein d'eau croupie, pour indiquer le temps de la putréfaction; et Lac desséché, dans le temps que leur eau mercurielle est changée en terre. Lac puant signifie la même chose que la dissolution de la matière, qui n'est parfaite que lors­que cette matière est absolument putréfiée; c'est le menstrue puant.

Lachanum. Herbages, légumes.

Lachésis. L'une des Parques, fille de Jupiter et de Thémis, ou de la Nuit et de l'Erebe. Voyez enfer.

Lacinias. Filtre de laine. Planiscampi.

Lacune. Terre sigillée. On dit aussi Latuné.

Lait. (Se. Herm.) Eau mercurielle des Philosophes. Quelques Chymistes se sont imaginé que ce nom de lait avait été donné au mercure à cause de sa ressemblance en fluidité et en blan­cheur avec le lait vulgaire, et ont cru avoir trouvé cette eau mercurielle dans l'eau blanche du mercure vul­gaire travaillé chimiquement; mais Zachaire les désabuse, en assurant que ce nom ne lui a été donné que parce que le mercure des Philosophes se caille et se coagule au moyen du corps fixe, qu'il nomme Coagule pour cette raison.
lait virginal. (Sc. Herm.) C'est le mercure des Sages, sous la forme d'eau laiteuse dans la voie humide. Quelques-uns lui ont donné ce nom dans la voie sèche, lorsqu'il est cuit au blanc.
lait de la vierge ou lait des philosophes. C'est la même chose que lait virginal. Lorsque les Sages disent qu'il faut nourrir la pierre de son lait, cela doit s'entendre dans deux sens différons, ou du feu externe qu'il faut entretenir pour pousser la pierre à sa perfection, ou du mercure même dont elle est composée; et dans ce dernier sens, il s'agit de la multipli­cation ou de la confection de l'élixir. Voyez elixir, multiplication, feu.
Cuire le lait, c'est-à-dire cuire le mercure des Sages, autrement la pierre au blanc, pour la pousser au rouge.
La pierre se nourrit de son lait, c'est-à-dire de son eau ou sperme dont elle a été faite, qui n'est autre que le mercure Hermétique.
Lait de la lune. Rescemberg a donné ce nom à l'espèce d'agaric qui naît sur les rochers.

Lamac. Gomme arabique.

Lamare. Soufre.

Lamati. Gomme arabique. Johnson.

Lameré. Soufre vif.

Lamies. Monstres que la Fable nous a peints ayant la tête semblable à celle d'une très belle femme, et le reste du corps comme celui d'un serpent. On feignait qu'ils dévoraient les enfants. Ils ne signifient autre chose que l'eau mercurielle appelée femme avant la putréfaction, qui lui fait donner le nom de serpent pendant ce temps-là. Leur cruauté indique la dissolution.

Lampacos. China. Lampatan.

Lampe. (Se. Herm.) Lorsque les Phi­losophes parlent du feu de lampe comme de leur feu, il ne faut pas les entendre d'un feu de lampe avec l'huile ou l'esprit de vin; leur feu de lampe est celui de leur matière. Voyez Artéphius, sur les Feux.

Lunaria. Plante appelée Savonaria en latin, et Savoniere en français.

Lance. Terme de science Hermétique, qui signifie le feu dont les Artistes se servent pour l'ouvrage de la pierre des Sages. La hache qui servit pour fen­dre la tête à Jupiter, et le faire ainsi accoucher de Pallas, l'épée de Jason, la massue d'Hercule, les flèches d'Apollon, etc., signifient la même chose.

Langage. (Se. Herm.) Les Philosophes n'expriment point le vrai sens de leurs pensées en langage vulgaire, et il ne faut pas les interpréter suivant les idées que présentent les termes en usage pour exprimer les choses com­munes. Le sens que présente la lettre n'est pas le leur. Ils parlent par énigmes, métaphores, allégories, fables, similitudes, et chaque Philosophe les tourne suivant la manière dont il est affecté. Un Adepte Chymiste explique ses opérations philosophiques en ter­mes pris des opérations de la Chymie vulgaire; il parle de distillations, subli­mations, calcinations, circulations, etc.; des fourneaux, des vases, des feux en usage parmi les Chymistes, comme ont fait Géber, Paracelse, etc. Un homme de guerre parle de sièges, de ba­tailles, comme Zachaire. Un homme d'Eglise parle en termes de morale, comme Basile Valentin dans son Azoth. Ils ont en un mot parlé si obscurément, en des termes si différents, et en des styles si variés, qu'il faut être au fait pour les entendre, et qu'un Philosophe serait très souvent embarrassé pour en expliquer totale­ment un autre. Les uns ont varié les noms, changé les opérations; les autres ont commencé leurs livres par le mi­lieu des opérations, les autres par la fin; quelques-uns ont entremêlé des sophistications; celui-là a omis quelque chose, celui-ci a ajouté du superflu. L'un dit prenez telle chose, l'autre dit qu'il ne faut pas prendre cette même chose. Rupescissa soutient que le vi­triol Romain est la vraie matière des Philosophes; et ceux qui reconnaissent Rupescissa pour Adepte, vous recom­mandent de ne point prendre le vitriol Romain ni tout autre. Nous allons ex­pliquer tout cela par des exemples.
Merlin et Denis Zachaire exposent l'œuvre sous l'allégorie d'un Roi qui arme contre ses ennemis, le premier pour combattre, le second pour soute­nir un siège. Merlin dit que le Roi, avant de monter à cheval, demanda à boire de l'eau qu'il aimait beaucoup; qu'il en but tant, qu'il en fut incom­modé jusqu'à la mort, et qu'une médecine l'ayant ressuscité, il monta à che­val, combattit ses ennemis et les vain­quit. Cette eau n'est autre que le mer­cure des Philosophes, que leur or, appelé Roi, boit avec ardeur; parce qu'ils sont de même nature, et que, comme disent les Philosophes, nature aime nature, nature se réjouit en sa nature; et selon le proverbe vulgaire, chaque chose aime son semblable. Le mercure philosophique est une eau dissolvante; la dissolution est une espèce de mort, puisqu'elle ne se fait parfaitement que dans la putréfaction; voilà la mort du Roi. Ce Roi ressus­cite, parce que la putréfaction est le principe de la génération, corruptio unius est generatio alterius. Ce qui se prouve' par beaucoup de textes d'au­tres Philosophes.
Bassen, dans la Tourbe, dit : Mettez le Roi dans le bain, afin qu'il surmonte nature. Cette eau est la fontaine du Trévisan, où le Roi entre seul, et où il se baigne pour se purifier; il y meurt, et y ressuscite; car la même eau tue et vivifie. Les Philosophes ont même donné le nom de vie et de résurrection à la couleur blanche qui succède à la noire, et ils ont appelé mort cette der­nière.
Denis Zachaire s'est expliqué allégoriquement plus au long; dans le siège de ville qu'il suppose, il parle de la matière sous le nom de celui qui soutient le siège, et de ceux qui le font, et donne une idée des couleurs qui surviennent à cette madère succes­sivement, en indiquant les couleurs des étendards et des drapeaux des uns et des autres.
D'autres se sont expliqués paraboliquement. Le Roi Artus, par exemple, dit dans la Tourbe : Une grande Trésorière tomba malade de diverses ma­ladies; pâles couleurs, hydropisie, pa­ralysie. Elle était extrêmement jaune depuis le haut de la tête jusqu'à la poitrine; depuis la poitrine jusqu'au cuisses elle était blanche et enflée, et paralytique jusqu'en bas. Elle dit à son Médecin de lui chercher sur une montagne la plus haute de toutes, deux plantes d'une propriété et d'une vertu supérieure à toutes les autres plantes. Il lui en apporta, elle s'en ceignit, et se trouva dès le moment guérie de toutes ses infirmités. Elle reconnut ce service de son Médecin par des richesses infinies.
Hermès, ou quelqu'un sous son nom, a parlé de l'œuvre en style problématique, et a dit : J'ai considéré le rare et admirable oiseau des Philosophes, qui vole perpétuellement au signe d'Aries. Si on le divise, si on le dissout en beaucoup de parties, quoique petit, et que son obscurité soit dominante, il te demeurera, comme étant de tempérament et de complexion terrestre. Lorsqu'il se manifeste sous diverses couleurs, il est appelé airain, plomb, etc. Etant ensuite brûlé à un feu violent au nombre moindre quatre jours, au moyen sept, et au plus grand dix, on le nomme terre d'argent; elle est en effet d'une grande blancheur et s'appelle air, gomme d'or et soufre. Prends une partie d'air, et la mets avec trois parties de l'or apparent; le tout mis au bain au nombre moindre vingt jours, au moyen trente, au plus grand quarante, te donnera ton airain, vrai feu des Teinturiers, réconciliant les Pèlerins, appelé feu d'or, etc. Cet excellent soufre doit être gardé soigneusement, car il sert à beaucoup de choses.
Aristée s'explique en style typique, lorsqu'il dit : En nous promenant sur les bords de la mer, nous vîmes que les habitants de ces côtes couchaient ensemble, et n'engendraient pas; ils plantaient des arbres et semaient des plantes qui ne fructifiaient pas. Nous leur dîmes alors, s'il y avait un Philosophe parmi vous, vos enfants engendreraient et multiplieraient, vos arbres fructifieraient et ne mourraient pas, vos fruits se conserveraient, et vous feriez des Rois vaillants qui sur­monteriez tous vos ennemis. Nous de­mandâmes au Roi, son fils Gabertin, et sa sœur Beya, qui était une fille belle et très blanche, délicate et parfaite­ment aimable; nous joignîmes le frère et la sœur, et Gabertin mourut presque aussitôt. Le Roi voyant cela, nous emprisonna; et à force de prières et de supplications, ayant obtenu sa fille Beya, nous fûmes 80 jours dans les ténèbres de la prison, et après avoir essuyé toutes les tempêtes de la mer, nous fîmes appeler le Roi, et nous lui rendîmes son fils vivant, de quoi nous rendîmes louanges à Dieu.
Toutes ces manières de s'expliquer forment un langage extrêmement diffi­cile à entendre; mais quelques Philoso­phes, pour voiler encore mieux leur œuvre, ont employé l'énigme. Le Cos­mopolite entre autres en a mis une très longue à la suite de ses douze Traités. Il suppose que voyageant du pôle Arc­tique au pôle Antarctique, il fut jeté sur le bord de la mer; une rêverie l'y saisit pendant qu'il y voyait les Mélosines qui y voltigeaient et les Nym­phes qui y nageaient. Il était attentif pour découvrir s'il ne verrait point de poisson Echénéis dans cette mer. Il s'endormit sur ces entrefaites, et le vieillard Neptune lui apparut avec son trident. Ce Dieu lui montra deux mi­nes, l'une d'or, l'autre d'acier; puis deux arbres, l'un solaire, l'autre lu­naire; et lui dit que l'eau, pour les arroser et les faire fructifier, se tirait du Soleil et de la Lune au moyen d'un aimant. Saturne prit la place de Nep­tune, et mit dans cette eau le fruit de l'arbre solaire, qui s'y fondit comme la glace dans l'eau chaude. Cette eau, ajouta-t-il, lui sert de femme, et a la propriété de le perfectionner de ma­nière que lui seul suffira sans qu'il soit besoin d'en planter d'autres. Car quand ils se sont perfectionnés l'un et l'autre, ils ont la vertu de rendre tous les autres semblables à eux.
Les Anciens employaient communé­ment les fables, et celles des Egyptiens et des Grecs n'ont été inventées qu'en vue du grand œuvre, si nous en croyons les Philosophes qui les ont souvent rappelées dans leurs ouvrages. C'est en suivant leurs idées que je les ai expliquées dans le Traité que j'ai donné au Public, sous le titre de :
Les Fables Egyptiennes et Grecques dévoilées.
Quelques Philosophes ont employé un langage muet pour parler aux yeux de l'esprit. Ils ont présenté par des symboles et des hiéroglyphes à la manière des Egyptiens, tant les ma­tières requises pour l'œuvre, que leurs préparations, et souvent jusqu'aux si­gnes démonstratifs, ou les couleurs qui surviennent à cette matière pendant le cours des opérations; parce que c'est à ces signes que l'Artiste connaît s'il a bien ou mal opéré.
Plusieurs Philosophes ont joint un discours à ces hiéroglyphes; mais cette explication apparente est toujours aussi difficile à entendre que le sym­bole même, souvent davantage. Tels sont ceux de Nicolas Flamel, de Se­nior, de Basile Valentin, ceux de Michel Majer, quoique d'Espagnet dise que ces derniers sont comme des espè­ces de lunettes qui nous découvrent assez clairement la vérité que les Phi­losophes ont cachée.
Lans. Argent qui a souffert la fonte, et que les Philosophes appellent argent mort.

Laoc ou Laos. Etain, Jupiter.

Laocoon. Fils de Priam et d'Hécube, et Prêtre d'Apollon, fit tout son possi­ble pour dissuader les Troyens d'ad­mettre le cheval de bois, que les Grecs feignirent être un présent qu'ils offraient à Minerve. Les Dieux con­traires à la conservation de cette ville le punirent, en envoyant deux serpents marins qui le dévorèrent dans le Tem­ple, lui et ses deux enfants. Ces serpents marins sont les serpents sortis de la mer des Philosophes, qui dissolvent la partie fixe dans le vase, temple de l'Apollon Hermétique. Voyez les Fa­bles Egyptiennes et Grecques dévoi­lées, liv. 6.

Laodice. Sœur de Laocoon, se précipita du haut d'un rocher dans la mer. C'est la pierre volatilisée qui retombe au fond du vase pour s'y fixer avec l'eau mercurielle appelée mer.

Laomédon. Fils d'Ilus, Roi de Troye, accueillit très bien Neptune et Apol­lon, qui furent lui rendre visite sous un habit déguisé. Ils lui offrirent de bâtir les murs de sa ville, moyennant certaines conditions, desquelles il con­vint avec eux. Ils élevèrent les mu­railles de Troye, et Laomédon refusa de les payer suivant leurs conventions. Ces Dieux irrités de son procédé l'en punirent. Apollon en envoyant une peste très meurtrière, qui faisait périr beaucoup de monde dans la ville, Nep­tune inonda le pays, et fit sortir de la mer un monstre qui ravageait tous les environs de Troye. On consulta l'Ora­cle sur les moyens de faire cesser ces fléaux : il répondit qu'il fallait pour cela exposer Hésione, fille de Laomé­don, pour être dévorée par ce monstre. Hercule s'offrit à la délivrer moyen­nant un présent de quelques chevaux. Hercule tua le monstre, et délivra Hé­sione; mais Laomédon refusa de don­ner à Hercule les chevaux qu'il lui avait promis. Hercule tua Laomédon, et donna Hésione en mariage à Téla-mon qui l'avait accompagné dans son expédition. Voyez les Fables Egypt. et Grecq. dévoilées, liv. 5, ch. 14 et liv. 6.

Laos ou Laoc. Jupiter des Sages.

Lapis des Philosophes. Soufre ou matière de l'œuvre fixée, que les Chymistes Hermétiques ont aussi appelée Sel de l'or.

Lapis Galiseustain. Vitriol romain.

Lapis Arenosi. Jupiter. Planiscampi.

Lapis Infernum. Pierre ponce.

Lapis Porcinus. Bardanne.

Lapithes. Voyez pyrithous.

Lappago. Grateron, Reble, Aparine.

Largeur. Les Philosophes donnent à leur matière trois dimensions, comme les Géomètres aux corps ordinaires. Ce que les premiers appellent largeur, est la préparation de la matière, au moyen de laquelle ils en font la médecine. La hauteur est, selon eux, ce qu'il y a de manifeste dans leur matière, et la largeur est le moyen que l'on prend pour parvenir à ce que ce manifeste tient caché. La hauteur était froide et humide, et par le changement de dis­position la largeur succède, c'est-à-dire, le chaud et le sec, parce que le manifeste cache toujours son con­traire.

Laron. Mercure des Sages.

Larusus, Piloselle.

Laser. Suc ou gomme de benjoin.

Laterium. Lessive ou capitel. Planis­campi.

Lathyris. Esule grande, ou Epurge.

Lathyrus. Espèce de légume appelé Gerres.

Laton ou Laiton, ou Leton des Philo­sophes. Mercure des Sages, ou leur matière considérée pendant la putré­faction. Ce terme de laton s'entend plus généralement du fixe dissous avec le volatil. C'est pourquoi ils disent : blanchissez, le laton, et déchirez, vos livres, de peur que vos cœurs ne soient déchirés par l'inquiétude. Le mercure, qui est le volatil et leur azoth, est ce qui blanchit le laton. Lorsqu'il est de­venu blanc, on est assuré de réussir. Il prend alors les noms de laton blanc, or blanc, terre feuillée, dans laquelle il faut semer l'or, c'est-à-dire, la cou­leur rouge. Quand il a acquis cette couleur rouge, c'est leur laton rouge, leur soufre aurifique, leur Salamandre, leur Apollon.

Laton immonde. C'est la matière en dissolution et en putréfaction, à la­quelle les Adeptes donnent aussi les noms de terre sépulcrale, corps im­monde, dragon Babylonien, Tête de corbeau, noir plus noir que le noir même.

Laton non net. Voyez laton im­monde.

Latone. Fille de Coée le Titan, de Phœbé, selon Hésiode et Ovide, ou de Saturne, suivant Homère, tenait un rang distingué parmi les douze Dieux hiéroglyphiques des Egyptiens. Elle venait immédiatement après Vulcain, et ces peuples lui avaient élevé un Temple couvert d'or et décoré du même métal, comme étant la mère d'Apollon et de Diane.
La Fable dit que Jupiter en étant devenu amoureux, eut commerce avec elle. Junon jalouse envoya le serpent Python contre Latone, laquelle pour éviter sa dent meurtrière prit la fuite, et erra longtemps sur la terre et sur la mer; elle aborda enfin à l'île de Délos, qui n'était pas encore fixée. Neptune l'affermit alors contre les flots, dont auparavant elle était le jouet, et Latone y accoucha première­ment de Diane, qui servit de sage-femme à sa mère, pour lui aider à mettre au monde Apollon, son frère jumeau. Apollon devenu grand, tua le serpent Python à coup de flèches.
Voyez cette fiction expliquée dans le liv. 3, ch. 12 et 13, des Fables Egypt. et Grecques dévoilées.
latone. Les Alchymistes disent qu'il faut laver le visage de Latone; c'est-à-dire, qu'il faut extraire l'eau de leur terre vierge par la dissolution, et se servir de cette eau pour blanchir la terre même, qui est leur Latone. Ils nomment cette eau le sang de Latone.

Latro. Mercure des Philosophes. Philalèthe.

Lavandier des Philosophes. Nom que les Chymistes Hermétiques ont donné à Jupiter, lorsque le temps de son règne est en vigueur pendant les opérations de la pierre. C'est la circu­lation de la matière dans le vase. Elle s'élève en vapeur au haut de l'œuf, s'y condense, et retombe comme une ro­sée, sur la matière qui reste au fond, cette pluie la blanchit, de noire qu'elle était pendant le règne de Saturne; c'est le Lavement des Philosophes, et ce qu'ils appellent blanchir le laton ou leton.

Laudanum. Nom que Paracelse don­nait à une composition d'or, de corail, de perles, etc. C'était un spécifique pour les fièvres.

Laudina. Angélique.

Lavement des Philosophes. Voyez. lavandier.

Laver le laton. Voyez blanchir LE laton. Les Philosophes disent qu'il faut laver le laton sept fois dans les eaux du Jourdain, pour lui ôter sa lèpre, comme l'Ecriture dit que l'on fit à Nahaman; c'est-à-dire, qu'il faut le faire passer par les règnes des sept Planètes, ou par les sept différentes opérations ou cercles qui se succèdent les uns aux autres.

Laver. Lorsque les Philosophes Hermétiques se servent de ce terme pour exprimer une opération de l'œuvre, quand la matière est dans l'œuf philosophique; on ne doit pas entendre qu'il faut tirer la matière de son vase, et la laver dans l'eau ou autre liqueur; mais qu'il faut entretenir ou augmenter le degré du feu, qui purifie beaucoup mieux les choses qu'aucune liqueur. Ainsi quand ils disent : lors­que l'Artiste verra la noirceur nager dessus la matière, cette noirceur est une terre noire, puante, sulfurée, in­jecte, corrompante, qu'il faut sépa­rer d'avec le pur, en lavant et relavant tant de fois avec la nouvelle eau, que la matière devienne toute blanche. Cela signifie seulement qu'il faut en­tretenir le feu dans le même degré jus­qu'à la blancheur de la matière.

Laver au feu. Les Philosophes donnent le nom de Feu à leur mer­cure, qui par sa circulation blanchit leur laton. Ce qui leur a fait dire, les Chymistes lavent et blanchissent avec Peau, et nous avec le feu.

Laver ou Sion. Becabunga, plante aquatique.

Laum. Amandes amères.

Laxa Cymolea. Sel qui se forme sur les pierres.

Lazule. Voyez lapis des philoso­phes.

Léarque. Fils d'Athamas et d'Ino, fut tué par son père, qui le froissa contre une pierre. Voyez ino.

Léda. Femme de Tyndare, ayant eu commerce avec Jupiter changé en cy­gne, accoucha de deux œufs, desquels naquirent Castor et Pollux, Hélène et Clytemnestre. Voyez les Fables Egypt. et Grecques dévoilées, liv. 3, ch. 14, § 4 et liv. 6, ch. 2 et 3.

Leffas. Van-Helmont a adopté ce nom de Paracelse, pour exprimer la sève des plantes. Planiscampi écrit Loffas; mais il s'est trompé, ou son Imprimeur.

Lemnos. Isie de la mer Egée, autre­fois célèbre dans les Fables, parce qu'on feignait que Vulcain y avait éta­bli ses forges. On lui donnait aussi le nom â'Ophieusa, d'Ophis, serpent, à cause de la quantité de serpents qu'on y trouvait. C'est dans cette île qu'abordèrent d'abord les Argonautes qui s'y arrêtèrent deux ans, et Jason leur Chef y courtisa Hypsiphile, dont il eut des enfants. Voy. les Fables Egyptiennes et Grecques dévoilées, liv. 2, ch. 1.

Lempnias. Orpiment.

Léphante ou Léphantes. Premier tar­tre, ou bol tenant le milieu entre la pierre et le lut. Planiscampi.

Lèpre (Gr. Art). Parties hétérogènes, impuretés terrestres que les métaux contractent dans la mine, et que la seule poudre de projection est capable de guérir. Geber et quelques autres Chymistes ont décrit fort au long les vices des métaux imparfaits. L'argent est parfait, l'or l'est encore davantage; ils ont cependant leurs infirmités et leurs maladies. Il y en a de deux sortes dans les métaux : la première, qu'on appelle originelle, et qu'on re­garde presque comme incurable, vient du premier mélange des éléments en l'argent-vif ou mercure qui est leur principe. La seconde se trouve dans l'union du soufre et du mercure. Plus les éléments sont donc épures, plus ils sont proportionnellement mêlés et ho­mogènes, plus ils ont de poids, de mal­léabilité, de fusion, d'extension, de fulgidité et d'incorruptibilité perma­nente.
Cette seconde maladie, qui vient du soufre plus ou moins impur, fait l'im­perfection des métaux; savoir, la lèpre de Saturne, la jaunisse de Vénus, l'enrhumement ou le cri de Jupiter, l'hydropisie de Mercure, et la gale de Mars. L'hydropisie du mercure con­siste dans son trop d'aquosité et de crudité, qui lui viennent de la froideur de sa matrice; ce vice est un péché ori­ginel qu'il communique et transmet à tous les métaux qui en sont engendrés.
Quoique le Philosophe ait nommé le mercure une quintessence faite par la Nature, il est néanmoins si aqueux et si froid, qu'il ne peut être guéri que par un soufre bien puissant. Le soufre interne prédominant au mercure, le cuit, le digère, l'épaissit, et le fixe en un corps parfait; et le soufre externe, adustible, et séparable de la vraie substance des métaux suffoque l'inter­ne, lui ôte son activité, et mêle ses impuretés avec celles du mercure; ce qui produit les métaux imparfaits. La maladie des métaux n'étant qu'acci­dentelle, elle peut donc être guérie; c'est pourquoi nous voyons que la Na­ture commence toujours par l'impar­fait pour tendre à la perfection.
Les causes de ces maladies sont la terrestreïté, l'aquosité, la combustibi­lité, l'aéréité des éléments en leur mé­lange. La première empêche l'union des substances; la seconde les rend crues; la troisième inflammables, et la quatrième volatiles. La première em­pêche la pénétration et l'ingrès; la se­conde est un obstacle à la digestion, et la sublimation de la matière; la troi­sième empêche son incorruptibilité, et la quatrième s'oppose à sa fixation.
L'impureté de la terre doit être lavée par l'eau, la froideur de l'eau est cor­rigée par l'air, la volatilité de l'air est fixée par le feu. L'art doit imiter la Nature; laver la terre métallique par sa propre eau; chauffer et digérer l'aquosité de l'eau par l'air, et con­geler l'humidité volatile de l'air par le feu.
La chaleur et la sécheresse prédo­minantes au fer, le rendent chaud et colérique. La froideur et la séche­resse font le plomb pesant et mélan­colique. La chaleur et l'humidité font l'étain jovial et sanguin. L'humidité et la froideur font l'argent flegmatique.
L'humidité et la chaleur mêlées im­parfaitement, font le cuivre plein d'une teinture imparfaite, et les qualités de l'une et de l'autre mêlées proportion­nellement, font le tempérament de l'or et sa perfection. La terre et l'eau ren­dent le plomb pesant, mou, noir et impur. L'air et l'eau font l'étain blanc, mou, aigre, léger et fusible. Le feu et la terre font le fer rouge, pesant, dur, impur et de difficile fusion. L'eau et l'air mêlés d'un peu de terre, font le mercure froid, fluide, aqueux, pe­sant et vaporeux. Le feu et l'air ren­dent le cuivre jaune et rouge, combus­tible, volatil et impur. La terre, l'eau et l'air mêlés proportionnellement, sont la perfection de l'argent, de même que le mélange proportionné de la terre, de l'eau, de l'air et du feu fait celle de l'or.
La chaleur et la sécheresse du fer doivent être tempérées par l'humidité de l'argent-vif. La froideur de Saturne par la chaleur du cuivre. L'humidité et la chaleur de Jupiter par la séche­resse et la froideur de l'arsenic; et l'humidité et la froideur de Mercure par la chaleur et la sécheresse du sou­fre propre et convenable. En deux mots, il faut décaper Vénus par son savon, ôter le cri à Jupiter par son blanc d'œuf, les ailes au vieillard Sa­turne par un fin acier, laver Mars dans le bain où Vulcain lava le Soleil, don­ner à boire à Mercure un bon soufre, et rétrécir la Lune avec un bon sel ou une bonne terre vierge.

Lerne ou Lerna. Marécage dans le­quel habitait l'Hydre qu'Hercule tua, et de laquelle les têtes renaissaient à mesure qu'il les coupait. Ce marais a pris son nom de Lernax qui en grec signifie un vase. Ce vase est celui de l'art Hermétique, dans lequel est ren­fermée la matière de l'œuvre signifiée par l'Hydre. Elle s'y putréfie, et enfin s'y fixe au moyen du feu philosophique indiqué par le flambeau du compa­gnon d'Hercule. Voyez les Fables Egypt. et Grecques dévoilées, liv. 5, chap. 4.

Lessive. Azoth des Philosophes, ainsi nommé de ce qu'il blanchit le laiton des Sages.

Leta. Couleur rouge. Manget.

Léthé. L'un, des fleuves qu'il faut passer avant d'arriver à l'empire de Pluton. En le passant on buvait de son eau, et l'on oubliait absolument tout ce qu'on avait appris, vu et fait dans le cours de la vie. Voyez enfer, pluton.

Levain. Les Philosophes ont pris ce terme en deux sens différons. Le pre­mier et le moins usité est proprement le sens propre de levain qui fait fer­menter, et cela lorsqu'ils comparent leur œuvre aux métaux; parce que de même que le levain aigrit la pâte et la change en sa nature, de même la poudre de projection, qui est un vrai or, fait fermenter les métaux impar­faits et les change en or.
Le second sens de ce terme levain, est qu'il faut l'entendre, suivant Zachaire, du vrai corps et de la vraie matière de l'œuvre. « Mais faut être soigneux et vigilant, ajoute le même Auteur, pour ne point perdre la propre heure de la naissance de » notre eau mercurielle, afin de lui conjoindre son propre corps, que nous avons ci-devant appelé levain, et maintenant l'appelons venin. »
Les Philosophes entendent ordinai­rement par levain, le soufre rouge ou l'or des Sages, et le soufre blanc ou leur Lune. Quand il s'agit de la multi­plication en quantité pour la projec­tion, ils entendent l'or et l'argent vul­gaires.

Leucasie. Chaux vive.

Leucelectruin. Ambre blanc.

Leucœnus. Vin blanc.

Lencolachanum. Valériane sauvage.

Leucophagum. Blanc manger, re­mède pour guérir la phtisie. Il se fait avec de la chair de chapon et de perdrix broyée dans un mortier, et arrosée avec du lait d'amandes.

Leucosis. Action par laquelle on blan­chit le laiton philosophique : ce qui se fait par la circulation de l'azoth dans le vase des Philosophes. V. DÉALBATION.

Leucothée. Voyez. ino.

Leviger. Réduire un corps dur et solide en poudre impalpable.

Liab. Vinaigre.

Libanotis. Romarin.

Liber. Surnom de Bacchus.

Libys ou Lybys. Frère d'Alebion, tué par Hercule. Voyez les Fables Egypt. et Grecques dévoilées, liv. 5, chap. 12.

Lichas. Domestique d'Hercule, lui porta la robe teinte du sang du Cen­taure Nessus. Hercule étant entré en fureur après l'avoir prise, jeta Lichas dans la mer. Voyez lychas.
Licurgue. Voyez lycurgue.

Lien. Onctuosité des corps qui en lie les parties, réunit le volatil avec le fixe, empêche l'évaporation des esprits, et forme le composé des êtres sublunaires.

Lien des teintures. Mercure des Philosophes, appelé Médium conjungendi tincturas.
Lien DE L'ARGENT VIF. C'est l'Or philosophique, ou la fixation du mer­cure : ce qui arrive lorsque la ma­tière de l'œuvre est parvenue à la couleur rouge.

Lier. Réunir, rapprocher, rendre adhérentes les parties séparées d'un corps. C'est proprement coaguler. En termes de Philosophie Hermétique, lier signifie ordinairement fixer, comme délier veut dire dissoudre, volatiliser.

Ligature. Voyez sceau.

Ligne. Est un des noms que les Phi­losophes ont donné à la matière du grand œuvre. Voyez poule.

Ligni Heraclei. Bois de noyer; quel­ques-uns ont donné ce nom au bouis. Planiscampi.

Lili. L'Auteur du Dictionnaire Her­métique dit que Lili est en général toute matière propre à faire quelque teinture excellente, antimoine ou autre chose. C'est sans doute de là que Paracelse a donné à l'extraction d'une teinture des métaux le nom de Lilium. Mais quant au terme Lili, cet habile homme entendait tout autre chose, comme on peut le voir dans son traité de la Transmutation des métaux, et dans celui du Fondement de la Sa­gesse et des Sciences.
Lilium. Teinture philosophique, ou l'élixir parfait de l'art Hermétique.
Lilium inter spinas. Chèvrefeuille.

Limbe de la Nature. Corps réduit en ses premiers principes élémentés, et non élémentaires. Il faut observer que lorsque les Chimistes Hermétiques disent qu'il faut réduire les corps à leur première matière, ils ne prétendent pas les réduire à l'état des éléments du feu, de l'air, de l'eau et de la terre : mais à la première matière composée de ces éléments. A cette matière qui constitue la base de tous les corps des trois règnes animal, végétal et mi­néral.

Limer. Dissoudre la matière de l'œuvre, ce n'est autre chose que la cuire, la digérer jusqu'à ce qu'elle se réduise en poudre.

Limodorum. Orobanche.

Limpide. Morien donne ce nom à une des choses qui entrent dans la composition du magistère. C'est le mercure. Voyez almagra.

Linctus. Looch.

Linéaire. (Voie) (Gr. Art.) Les Phi­losophes Hermétiques emploient sou­vent ces termes dans leurs écrits, pour exprimer la simplicité des procédés du grand œuvre. Ils disent qu'il faut suivre la voie linéaire de la Nature; c'est-à-dire qu'il ne faut point s'amu­ser aux calcinations, sublimations, dis­tillations et autres opérations de la Chimie vulgaire; mais agir tout sim­plement comme la Nature fait, sans multiplicité de fourneaux et de vases.

Lion. Les Philosophes Chymistes em­ploient souvent ce terme dans leurs ouvrages, pour signifier une des ma­tières qui entrent dans la composition du magistère. En général c'est ce qu'ils appellent leur Mâle ou leur Soleil, tant avant qu'après la confection de leur mercure animé. Avant la confection, c'est la partie fixe, ou matière capa­ble de résister à l'action du feu. Après la confection, c'est encore la matière fixe qu'il faut employer, mais plus parfaite qu'elle n'était avant. Au commencement c'était le Lion vert, elle devient Lion rouge par la préparation. C'est avec le premier qu'on fait le mercure, et avec le second qu'on fait la pierre ou l'élixir.
Lorsqu'on trouve dans les écrits des Philosophes le terme de Lion employé sans addition, il signifie le soufre des Sages, soit blanc, qu'ils appellent aussi Or blanc, soit rouge, qu'ils nomment simplement Or.
Quelquefois ils donnent le nom de Lion à la poudre de projection, parce qu'elle est or parfait, plus pur que l'or même des mines, et qu'elle trans­forme les métaux imparfaits en sa propre substance, c'est-à-dire en or, comme le Lion dévore les autres ani­maux, et les tourne en sa substance, parce qu'il s'en nourrit.
Lorsqu'ils se servent du terme de Lion pour signifier leur mercure, ils y ajoutent l'épithète qualificative de vert, pour le distinguer du mercure digéré et fait soufre. C'est dans ce sens qu'il faut entendre ces expres­sions de Morien : « Prenez la fumée blanche, et le Lion vert, et l'Almagra rouge, et l'immondice. » Le même Auteur, quelques pages après, explique ce qu'il entend par Lion vert.
Lion. (le vieil) Partie fixe de la pierre, appelée vieille, parce qu'elle est le principe de tout.
Lion vert. (Sc. Herm.) Matière que les Philosophes Chymiques em­ploient pour faire le magistère des Sages; cette matière est certainement minérale, et prise du règne minéral. Elle est la base de tous les menstrues dont les Philosophes ont parlé. C'est de cette matière qu'ils ont composé leur dissolvant universel, qu'ils ont ensuite acué avec les essences des végétaux, pour faire le menstrue végé­tal; avec les essences des animaux, pour le menstrue animal; et avec les essences des minéraux, pour le mens­true minéral.
Ils ont donné le nom de Lion vert à cette matière pour plusieurs raisons, dit Riplée : 1°. parce que c'est par lui que tout reverdit et croît dans la nature. 2°. .Parce que c'est une matière encore acide et non mûre, bien éloi­gnée de la perfection de l'or vulgaire; mais qui, par le secours de l'art, devient infiniment au-dessus de ce Roi des métaux : c'est un or vert, un or vif, encore imparfait, et qui, pat cette raison, a la faculté de réduire tous les métaux en leur première matière, et de volatiliser les plus fixes. 3°. Parce que le mercure qu'on extrait de cette matière rend semblable à lui-même, et détruit tous les autres corps, comme le Lion fait des autres animaux. 4°. Enfin, parce qu'il donne une dis­solution verte.
On doit aussi faire attention, dit Jean Seger Weindenfeld (de Secretis Adeptorum), que les Philosophes dis­tinguent plusieurs sortes de Lions verts. Par le premier. Us entendent le soleil ou l'astre qui nous éclaire, et qui fait tout végéter dans le monde. Par le second, le mercure, non le vul­gaire, mais celui qui est commun à tous les individus, et par conséquent plus commun que l'argent-vif ou mer­cure commun; ce qui a fait dire aux Philosophes, que leur mercure se trouve partout et dans tout. Par le troisième, ils entendent la dissolution même de leur matière, qu'ils appellent aussi Adrop. Par le quatrième, c'est cet Adrop ou vitriol Azoquée, appelé Plomb des Sages. Par le cinquième, c'est leur menstrue puant, que Riplée, Raymond Lulle, Géber et tant d'autres nomment Esprit puant, Spiritus fœtens, ou Sang du Lion vert. Par le sixième, ils entendent le vitriol com­mun, qu'ils nomment Lion vert des fous, quelquefois le vert-de-gris. Le septième, est le mercure vulgaire su­blimé avec le sel et le vitriol, mais qui n'est point la vraie matière des Sages. Riplée appelle quelquefois ce Lion vert Sericon. On en tire deux esprits visqueux; le premier blanc, opaque, ressemblant à du lait, ce qui lui a fait donner le nom de Lait de la vierge, et par Paracelse, Colle de l'aigle. Glu­ten Aquilœ. Le second esprit est de couleur rouge, très puant, appelé communément Sang du Lion vert. Ce sont ces esprits que les Philosophes, à l'imitation de Raymond Lulle, ont appelé Vin blanc et Vin rouge, ce qu'il ne faut point entendre du vin blanc ou vin rouge communs.
Lion rouge. Les Philosophes spagyriques appellent ainsi la matière ter­restre et minérale qui demeure au fond du vase après la sublimation des esprits qui en sont sortis, et qu'ils appellent Aigles. Ce Lion rouge est aussi ce qu'ils nomment Laton.
Llion VOLANT, lion RAVISSANT. V. mercure des sages. Il est appelé volant, parce qu'il est volatil; et ravis­sant, parce que c'est le dissolvant universel de la Nature.

Lion néméen. Animal fabuleux descendu de l'orbe de la Lune, et envoyé par Diane pour ravager la forêt de Némée. Hercule entreprit de le prendre, et de le mener à Eurysthée. Il y réussit, comme on le voit dans le chap. 2 du liv. 5 des Fables Egypt. et Grecq. dévoilées.

Liquéfaction. Il y a trois sortes de liquéfactions dans les minéraux. Quel­ques-uns ont des parties terrestres, ce qui les fait dissoudre dans leur con­tinu, les fait liquéfier et fluer d'un flux mercuriel. Les corps qui fluent ainsi s'appellent mercures, quoique improprement; car lorsque le plomb flue ainsi, il faudrait l'appeler plomb vif, et non argent-vif.
D'autres minéraux ont des eaux dans leurs pores; ils se dissolvent au feu : ce sont les eaux minérales.
D'autres enfin contiennent de l'air et des parties ignées dans leurs pores, ce qui occasionne leur dilatation, avec une espèce de désunion de leurs par­ties, qui les font liquéfier et fluer au feu. Beccher.
Liquéfaction philosophique. Ma­tière de l'œuvre en putréfaction. Elle est alors dans une véritable liquéfac­tion, parce que la putréfaction est le principe de la dissolution.

Liqueur végétale. Mercure des Phi­losophes, ainsi nommé, non de ce qu'il soit en effet une eau ou un suc extrait des végétaux, mais parce qu'il a en lui un principe végétatif, et qu'il est primordialement le principe de la végétation.
Liqueur VÉGÉTALE CRUE. C'est le mercure des Sages avant sa prépa­ration.
Liqueur VÉGÉTALE saturnienne. Matière saline qui entre dans la com­position du mercure des Sages. Elle se tire de la plante que les Philoso­phes appellent aussi Saturnienne; non que ce soit proprement une plante, mais ils en parlent par similitude et par allégorie. « On trouve dans les lieux Saturniens, dit Philalèthe, une certaine herbe appelée Saturnienne, dont les branches paraissent sèches, mais la racine est pleine de suc. Recueillez cette herbe avec sa racine, et portez-la jusqu'au pied de la montagne de Vénus, où ayant creusé par l'aide de Vulcain, vous y enterrerez votre herbe, dont la vapeur ouvrira et pénétrera les pores de la terre. »
Quelques Chymistes ont appelé le vin Liqueur végétale; mais les Phi­losophes Hermétiques ne l'entendent pas ainsi.
Liqueur de mumie. Paracelse a donné ce nom à la graisse humaine.

Liquidité. Etat d'un corps dont les parties qui le constituent ne sont pas adhérentes. Il y a deux sortes de liquidité, l'une qui mouille les mains, comme celle de l'eau, et l'autre qui ne mouille pas les corps sur lesquels est le fluide; telle est celle du mer­cure commun et de celui des métaux. Cette dernière fluidité a sa cause dans les parties terrestres qui se sont insi­nuées dans les pores des métaux en plus grande quantité qu'elle n'était requise. Beccher.

Liquidum de Resoluto. Tout ce qui est liquide de sa nature, comme l'eau, le mercure,

Liquor Mercurii. Baume presque universel pour la guérison des maladies. Le mercure dont il s'agit n'est pas le mercure vulgaire; c'est celui, dit Planiscampi, qui se trouve en quantité dans le Téréniabin et le Nostoch.
Liquor essentialis. Substance nutritive des aliments. Planiscampi.
Liquor mumia de gummi. Huile des gommes. Planiscampi.
Liquor aquilegius. Eau-de-vie.
Liquor microcosmi. Mumie, ou extrait de Mumie. Quelques-uns don­nent ce nom au sang humain et à son essence.
Liquor salis. Esprit de sel pré­paré philosophiquement, appelé par Paracelse Baume de Nature.

Liriou. La plante appelée Lis.

Litharge d'Argent. Matière de l'œu­vre parvenue à la blancheur par la cuisson des Sages.
Litharge d'or. Pierre au rouge, ou soufre des Philosophes.

Lixandram. Sel armoniac.

Lobus. Plante appelée Phaséole.

Loffas. Voyez leffas.

Lomentum. Farine de fèves.

Lot. Urine.

Loton. Voyez laton et leton des philosophes.

Lotoné. Poids d'une once.

Lotion. Circulation de la matière dans le vase des Philosophes; elle monte en vapeurs, et retombe en pluie sur le terrestre qui demeure au fond, le blanchit et le purifie, comme la rosée sur les toiles neuves dans les Blanchisseries.
La lotion des Philosophes n'est qu'un terme appliqué par similitude. Ils lavent avec le feu, comme ils brû­lent avec l'eau. Leur lotion n'est qu'une purification de leur matière faite par le feu philosophique. Qu'on ne se laisse donc point tromper par l'Auteur qui dit : allez voir les fem­mes qui font la lessive, et qui blan­chissent le linge, voyez comment elles font, et faites comme elles. Il veut dire simplement, ôtez à la matière ses impuretés, et cela par le feu philo­sophique ou le feu même de la ma­tière : car un autre Auteur nous assure qu'elle se dissout, se purifie, se congelé, se noircit, se blanchit et se rubéfie d'elle-même; qu'on n'en ôte rien, et qu'on y ajoute simplement dans un certain temps ce qui lui man­que pour la perfection de l'œuvre.

Lotium. Urine d'enfant.

Lotus. Arbre consacré à Apollon et à Vénus. Les Egyptiens faisaient entrer dans leurs hiéroglyphes la plante appelée Lotus, et représentaient Horus, fils d'Osiris et d'Isis, assis sur cette plante; ils la mettaient aussi quelquefois à la main d'Isis. Elle était consacrée à Horus, parce que ce Dieu ne différait pas de l'Apollon Egyptien ou Hermétique. Voyez les raisons de tout cela dans le premier livre des Fables Egypt. et Grecq. dévoilées.

Loup. Cet animal était consacré à Apollon, et était en grande vénération chez les Egyptiens. Voyez pourquoi, dans le liv. 1, eh. 8 des Fables Egypt. et Grecq. dévoilées.
Loup. Quelques Chymistes ont donné ce nom à l'antimoine; mais il doit s'entendre du mercure des Sages. Prends un Loup affamé et ravissant, sujet, à cause de l'étymologie de son nom, au guerrier Mars; mais de race tenant de Saturne, comme étant son fils. Bas. Valent. Le mercure est dit petit-fils de Saturne.
Loup gris. Antimoine.

Lubcn. Encens.

Lubricum. Matière de l'œuvre par­venue au blanc.

Lucifer. Magistère lorsqu'il sort de la putréfaction. Il est ainsi nommé de ce que les Philosophes appellent lumière la matière parvenue au blanc, et que cette blancheur est annoncée par un petit cercle blanc qui se forme sur le noir autour de la matière.

Ludus. Paracelse et Crollius ont em­ployé ce terme pour signifier le sédi­ment qui s'attache au fond des pots de chambre.
Ludus puerorum. Ouvrage de la pierre après sa première préparation.

Luifar ou Aliofar. Perles.

Lumière. Les Chymistes Herméti­ques donnent ce nom au mercure quand il blanchit après la putréfac­tion; et c'est alors que se fait la sépa­ration des ténèbres et de la Lumière. Ils nomment aussi Lumière la pou­dre de projection, parce qu'elle sem­ble éclairer les métaux imparfaits, quand elle les transmue en or ou argent.
Les Philosophes ont quelquefois donné le nom de Lumière à leur sou­fre rouge; parce qu'ils l'appellent aussi Soleil, et que le soleil nous transmet la lumière.

Luminaire. Les deux grands lumi­naires des Sages sont l'or et l'argent des Philosophes; c'est-à-dire la ma­tière de l'œuvre parvenue à la cou­leur blanche qu'ils appellent Lune, et le magistère au rouge qu'ils nomment Soleil.

Lunaire (Gr. Art.). Les Philosophes ont donné le nom de Suc de Lunaire à leur mercure qu'ils ont aussi appelé Crachat de la Lune, Fils du Soleil et de la Lune; non que ce mercure soit en effet le suc d'une plante appelée Lunaire, dont les Botanistes recon­naissent deux espèces, la grande et la petite; mais parce qu'ils nomment Lune leur mercure; que Marie, sœur de Moïse, dit être deux plantes blan­ches que l'on cueille sur les petites montagnes, et que Philalèthe appelle Herbe Saturnienne.
Lunaire luxurieuse. C'est le même mercure appelé femelle, que les Philosophes disent être si luxu­rieuse, qu'elle agace le mâle et ne le quitte point qu'elle ne soit devenue grosse. Voyez. d'Espagnet, Can. 22.
Lunaire ou lunaria. Soufre de nature.

Lune (la). Etait une des grandes Di­vinités des Egyptiens, connue sous le nom d'Isis. Macrobe et Vossius rédui­sent à la Lune presque toutes les Di­vinités du sexe féminin révérées dans les temps de l'idolâtrie. Cérès, Diane, Lucine, Vénus, Uranie, la Déesse de Syrie, Cybele, Isis, Vesta, Astarté, Junon, Minerve, Libitine, Proserpine, Hécate et plusieurs autres qui n'étaient formées que d'après l'Isis des Egyp­tiens, ne sont que des noms différons donnés à la Lune. Ces deux Auteurs ont raison, et ils ont entrevu la vé­rité sans la connaître, ou du moins sans pénétrer l'intention de ceux qui ne connaissaient qu'une même chose sous ces différons noms. Comme ces Divinités prétendues n'avaient d'autre origine que l'Isis des Egyptiens, il aurait fallu les expliquer de la même manière et dans le sens des Prêtres d'Egypte, qui était celui d'Hermès, leur premier instituteur.
La Lune Hermétique est de deux sortes. La première est leur eau mercurielle appelée Isis, la mère et le principe des choses; c'est pourquoi Apulée l'a appelée la Nature, et lui fait dire qu'elle est une et toutes cho ses. C'est de cette Lune que se forme l'autre, ou l'Isis, sœur et femme d'Osi­ris, c'est-à-dire cette même eau mercurielle volatile, réunie avec son sou­fre, et parvenue à la couleur blanche, après avoir passé par la couleur noire ou la putréfaction. Considérée dans ces deux états, elle prend tous les noms que nous avons rapportés ci-devant. Les Philosophes Chymiques ne lui donnent communément que ceux de Lune, Diane, Diane nue et quelquefois Vénus.
Lune. Ce terme se prend en plu­sieurs sens; tantôt les Philosophes en­tendent leur mercure simple, tantôt leur matière au blanc, et tantôt l'argent vulgaire. Lorsqu'ils disent que leur pierre est faite avec le Soleil et la Lune, on doit l'entendre de la matière volatile pour la Lune, et de la fixe pour le Soleil. Ils appellent aussi Lune leur soufre blanc, ou or blanc. Le règne de la Lune arrive dans les opérations, lorsque la matière après la putréfac­tion change sa couleur grise en blan­che.
Quand les Sages parlent de leur Lune dans cet état, ils l'appellent Diane, et disent qu'heureux est l'homme qui a pu voir Diane toute nue; c'est-à-dire la matière au blanc parfait. II est heureux en effet, parce que la perfection du soufre rouge, en or philosophique, ne dépend plus que de la continuation du feu.
L'éclipsé du Soleil et de la Lune est le temps de la putréfaction de la matière, ou la couleur noire. Diane, selon la Fable, est sœur d'Apollon, elle est l'aînée, et a servi de sage-femme à sa mère, pour mettre son frère au monde. C'est que la couleur rouge, prise pour le Soleil, ne paraît qu'après la blanche, que l'on nomme Lune.
Lune des philosophes. (Sc. Herm.) Matière des Philosophes, non unique, mais faisant partie du composé. Ce n'est pas l'argent vulgaire, ni le mercure extrait de l'argent :
c'est la Satumie végétable, la fille de Saturne, appelée par quelques-uns Vénus, par d'autres Diane, parce qu'elle a une forêt qui lui est consa­crée. L'argent vulgaire fait l'office de mâle dans les opérations de l'œuvre, et la Lune des Philosophes fait l'office de femelle. Ils lui ont donné une infi­nité de noms, dont quelques-uns semblent se contredire; mais il faut faire attention que ces noms sont relatifs soit aux opérations, soit aux couleurs de l'œuvre, soit aux qualités de cette matière. Ils l'ont appelée tantôt eau, et tantôt terre. Respective­ment au corps parfait, elle est un esprit pur; et relativement à l'eau minérale elle est corps, mais un corps hermaphrodite. Respectivement à l'or et à l'argent, c'est un mercure vif, une eau fugitive. Si on la compare au mer­cure, elle paraît une terre, mais une terre adamique, un chaos; elle est un vrai Prothée.
Lune feuillée. Pierre au blanc.
Lune cornée. Les Chymistes don­nent ce nom à la chaux d'argent faite par l'eau-forte de la façon suivante. Faites dissoudre dans deux onces d'eau-forte une once d'argent fin;
lorsque la dissolution est achevée, jetez-y de l'esprit de sel commun, qui fera précipiter l'argent dissous. Vous édulcorerez ensuite cette chaux, et vous aurez la Lune cornée.
Lune resserrée. Argent de cou­pelle. Quand les Chymistes lui don­nent le nom de Lima compacta, ils en­tendent parler de la Lune philosophi­que, ou matière de l'œuvre parvenue à la blancheur, et alors ils l'appellent aussi Or blanc, et Mère de la pierre.
Lune. Chez les Chymistes vulgai­res, signifie proprement l'argent dont on fait la monnaie et les meubles.

Lupinus. Poids d'une demi-dragme. Fernel le prend pour six grains, et Agricola pour huit.

Lupulus. Plante connue sous le nom d'Houblon.

Lupus Receptitius, Lupus Salicta-rius. Voyez lupulus.

Lut. Voyez sceau d'hermès. Dans les opérations les vaisseaux doivent être tellement lûtes, qu'il ne s'y ren­contre aucune ouverture par où les esprits puissent s'évaporer. S'il s'y en trouvait, l'œuvre périrait, ou le vase se briserait.
Le lut est proprement une espèce de mortier composé de différentes ma­tières, dont les Artistes se servent pour enduire ou encroûter les vais­seaux de verre, afin qu'ils résistent mieux à l'action du feu. Le lut sert aussi à joindre les ouvertures de deux vaisseaux, ou leurs becs de com­munication, pour empêcher que les esprits qui doivent passer de l'un dans l'autre, ou y circuler, ne se dis­sipent et ne s'évaporent.

Lychas. Domestique d'Hercule. Voyez. lichas.

Lycius. Surnom d'Apollon. Lycoctonum. Aconit.

Lycomede. Roi de Scyros, nourrit et éleva dans sa Cour, Achille, fils de Thétis. Il s'y cacha sous l'habit de femme pour ne pas se trouver au siège de Troye. Ulysse l'y découvrit, et le mena à ce siège, parce que cette ville ne pouvait être prise sans la présence d'Achille. Voyez les Fables Egypt. et Grecq. dévoilées, liv. 6, Fatal. 1.

Lycurgue. Père d'Archémore, confia l'éducation de cet enfant à Hypsiphile, fille de Thoas qui régnait à Lemnos. Pendant qu'Hypsiphile était allé mon­trer à des Princes Grecs une fontaine pour les désaltérer, un serpent mordit et fit périr de sa morsure le petit Archémore. Les Grecs, par recon­naissance, instituèrent des jeux en l'honneur d'Archémore, et leur don­nèrent le nom de Jeux néméens. Voy. hypsiphile.

Lycus. Roi de Thèbes, ayant voulu faire violence à Mégare, Hercule vint au secours de celle-ci et tua Lycus. C'est le précis de la fable, que les Alchymistes expliquent ainsi. Lycus veut dire en grec la même chose que Loup en français. Tous les Philoso­phes Spagyriques et particulièrement Basile Valentin, Religieux Bénédictin en Allemagne, entendent par le Loup l'esprit métallique. Toute matière mé­tallique est composée d'un corps, d'une âme et d'un esprit. Mégare est l'âme, et Hercule est le corps. L'esprit comme le plus vif, est féroce et vorace, et pendant la putréfaction il veut attenter sur l'âme et la corrompre; mais comme elle est hors dé ses atteintes à cause de sa semence ignée et de son abondance d'éther, le com­bat qui se fait entre eux est très vif et très long; le corps alors se saisit de l'esprit, le coagule, le fixe, et le tue, pour ainsi dire.

Lyncée. Fils d'Egyptus, ayant épousé Hypennnestre, fille de Danaüs, celui-ci ordonna à toutes ses filles, au nom­bre de cinquante, de tuer leurs époux la première nuit de leurs noces. Tou­tes obéirent, excepté la seule Hypenn­nestre. Lyncée, son époux, se sauva, et vengea dans la suite la mort de ses frères par celle de Danaus. Voyez hypermnestre.

Lysidice. Fille de Pélops et d'Hippodamie, épousa Electrion, selon quel­ques-uns, et en eut Alcmene, mère d'Hercule. D'autres disent qu'AIcmene fut fille d'Electrion et d'Anaxo. Voy. alcmene, hercule.



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