L'une des gravures du Coeur mystique, de Paul Kaym
LE SANG ET LE CŒUR
Le sang, et son grand animateur qu’est le cœur, doivent
requérir toute notre attention dans le processus d’achèvement de notre Art. Il
n’est pas ici question d’images, de métaphores, d’allusions indirectes : je veux parler ici, très nettement, du sang
qui coule dans nos veines, et du cœur qui l’anime.
La purification du sang, entre autres choses, est une
méthode alchimique. Elle inclut des perspectives que l’on pourrait - un peu
simplement, voire caricaturalement - nommer « chimiques », mais aussi des perspectives
spirituelles (où l’aide de notre « ange gardien » ne serait pas sans
conséquences). Sans oublier bien sûr les perspectives cosmogoniques, les
influences du soleil et de la lune, ou celles d’une certaine force cosmique.
A ce propos… Le texte que je vous présente dans le présent
article, « Le sang, chemin vers l’eden », est extrait du site web
www.ledifice.net/. Je n’y ajouterai qu’une
chose : la recommandation de
consulter, en guise de complément, « La Tradition hermétique » de
Julius Evola, notamment les chapitres « La voie du souffle et la voie
du sang » et « Le cœur et la lumière », qui résonnent à l’unisson
de l’article proposé; et la recommandation de revoir les gravures du Coeur mystique de Paul Kaym...
L.A.T.
*
Le sang, chemin vers l'Eden
Parmi les faisceaux de connaissances pouvant mener
l'individu aux portes de l'initiation, ceux concernant le sang sont très
discrets. Le court article qui va suivre ne tiendra pas compte des aspects
polémiques de la question. Nous n'aborderons pas le problème de la " contre
initiation ", ceux que le sujet intéresse se tourneront vers GUENON qui
parait être meilleur expert. Cependant nous utiliserons les avis d'auteurs théosophes,
hermétistes ou martinistes avérés.
A. DES NOTIONS BIOLOGIQUES
Le sang est un liquide rouge qui circule dans les veines,
les artères. les capillaires et qui irrigue tous les tissus de l'organisme
auxquels il apporte des éléments nutritifs issus de la digestion et l'oxygène.
De même, il recueille les déchets pour les conduire vers les organes éliminant
(reins, poumons, peau). Le sang se compose de deux parties :
Une partie liquide : le plasma qui renferme l'eau, des sels
minéraux, des vitamines, des enzymes, des hormones, des glucides, des lipides,
des protides, les produits de la digestion, des déchets, des métabolismes.
Une partie en suspension : des cellules ou éléments figurés.
Ce sont les globules rouges, les globules blancs et les plaquettes.
Du caractère biologique du Sang :
L'acide désoxyribonucléique (ADN) est le constituant
essentiel des chromosomes du noyau cellulaire présent dans le sang. Les
chromosomes contiennent nos gènes ; chaque cellule en contient 23 paires. Ils
constituent toute notre mémoire depuis notre premier ancêtre jusqu'à nous.
B. QUELQUES NOTIONS BIBLIQUES
1. Un symbole de vie
(Ecq. 14,18) L'expression " La chair et le sang "
suffit dans la Bible à désigner l'homme. La vie est si précieuse aux yeux de
YAHWE que dès la première Alliance avec NOË il proclame que celui qui répand le
sang devra répondre du sien car " Il a créé l'homme à son image et à sa
ressemblance " (Gn 9, 5-6). Répandre le sang d'un innocent jusqu'à nos
jours est un crime. Mais YAHWE a tellement horreur des " hommes de sang
" que même le roi DAVID se voit refuser l'honneur et le droit de
construire le TEMPLE non pas pour avoir versé en abondance le sang de ses
ennemis mais pour avoir injustement versé celui d'un seul innocent (I Chr
22,8).
2. Un symbole d'épouvante
(Ex 7,17,19-20) Le Nil charriant le sang fut l'une des plus
terribles plaies d'Egypte. Mais que dire des visions d'apocalypse où " la
lune ", " le tiers de la mer " ou encore " les mers, les
fleuves, les sources " se transforment en sang (Ap. 6,12) (Ap 88) (Ap
16,3-4).
3. Le sang comme un interdit alimentaire
Toute vie appartient à Dieu. Toutefois NOË est autorisé à
disposer de la vie des animaux pour se nourrir seulement si auparavant la chair
est saignée et vidée car " L'âme de la chair est dans le sang " (Gn
9, 3-4). En effet, nous verrons plus loin que dans le sang réside le mercure
spécifique de l’espèce.
4. Un agent Purificateur et Alliance
La circoncision a un rôle purificateur. Ce rite sanglant à
la particularité d'imprimer dans le corps du fidèle la marque de l'Alliance (Ex
4, 2-26). Ce rôle purificateur est illustré par Çippora qui dira à son fils
" tu es pour moi un époux de sang " évitant grâce à la circoncision
l'inceste avec lui. Il est intéressant de souligner à ce propos une des
positions de la psychanalyse moderne illustrée par Germain Dieterhem " La
force vitale (i.e. éros ou libido) véhiculée par le sang ne doit pas être
confondue en tant que phénomène avec des notions de souillures et d'impuretés
en ce sens que cette souillure et cet impur ne viennent pas de l'extérieur mais
de la fuite effective vers l'extérieur de cette "force vitale"
intérieure ". Plus loin Germain Dieterhem poursuit : " Les forces qui
sont en action si elles ne se dirigent pas exactement dans le sens prescrit
échappent au sacrifiant et au prêtre et elles se retournent contre eux,
terribles ".
5. Les rites sacrificiels
Dans les anciens rites sacrificiels, le prêtre aspergeait de
sang l'Autel, le faisait couler sur les parois ou sur les cornes. Moise pratiqua
de la sorte pour consacrer Aaron comme grand prêtre (Ex 29,21). Lorsque
EZECHIEL lors d'une vision voit la gloire de YHVH pénétrer le TEMPLE, le
prophète reçu des instructions précises pour la consécration du sanctuaire par
l'aspersion du sang (EZ 43, 18-20). " Sans effusion de sang il n'y a pas
rémission de pêchés " (He 9,22). Cependant, depuis le sacrifice de
l'AGNEAU accomplit de manière parfaite, les innombrables sacrifices de
l'ancienne ALLIANCE sont caduques. La messe est un sacrifice qui intègre la
notion d’immolation. En effet, le Sacrifice du Christ récapitule, intègre et
transcende tous les sacrifices de l’ancienne Alliance :
- oblation (minha) : offrande des prémices de la terre
(galettes de farine, d’huile et d’encens) dont une partie était brûlée
(consacrée) et le reste consommé par les Prêtres. La forme la plus connue est
le rite des 12 pains de proposition (Iehem panim) représentant les 12 tribus
d’Israël. Ces pains étaient déposés dans le Temple et on brûlait dessus un peu
d’encens. Ils étaient renouvelés chaque sabbat et les anciens pains étaient
mangés par les Prêtres.
- l’holocauste (olah) : (Lev 9,17 No 28,34 Ex 29,42 Ez 46,13
Ez 29,39) le mot grec signifie " entièrement brûlé ". La victime
(taureau ou bouvillon) après avoir été saignée, était intégralement brûlée par
le feu (en hébreux alah signifie " monter ") sur l’autel
(consécration et offrande à Dieu). Le sang de la victime était répandue aux
quatre coins de l’autel. L’animal était substitué à l’homme par le rite préliminaire
de la semikha (imposition de la main de l’offrant sur la tête de la victime).
Cela signifiait que l’offrant se rattachait et s’offrait à Dieu .
- le sacrifice de paix (zebah shelaminm) : (Ex 23,18 34,25)
sous trois espèces, c’est un sacrifice de communion avec Dieu pour les grandes
solennités. Le sang et les graisses de la victime étaient immolés et le reste
servait de nourriture aux fidèles et aux prêtres. Une espèce est la zebah todah
(sacrifice de louange ou d’action de grâce) que l’on retrouve dans la Messe sous
la forme d’Eucharistie : après des chants d’action de grâce, immolation de la
victime avec circumambulation autour de l’autel puis offre de pains et
libations de vin dans une coupe appelée " coupe du salut ".
- hattat : rite de purification et d’expiation pour le péché.
Imposition des mains sur la victime et une partie brûlée et l’autre consommée
par les prêtres. On retrouve le " bouc émissaire " vêtu de rouge
(couleur symbolique du péché) pour les péchés du prêtre et du peuple.
C. ETHNOLOGIE VAUDOU : LE SANG
La vision occidentale et judéo-chrétienne du monde est une
singularité parmi tant d'autres. Par exemple dans l'ancien Dahomey
(actuellement le Benin) berceau du Vaudou que représente le sang ?
Géographiquement et historiquement le Vaudou est originaire des plateaux
d'Abomey à 200 km du port de Cotonou à l'intérieur des terres.
1. Le sang : fluide par excellence
Le sorcier, le guérisseur, le charlatan béninois quelque
soit son niveau de connaissance occulte réelle, lorsque vous le consultez vous
demandera une kyrielle de fournitures. Immanquablement sur la liste figurera un
animal vivant dont le sang sera répandu en offrande aux différentes divinités
concernées par votre problème. Selon les sacrificateurs vaudou, le sang
contiendrait un mystérieux élément liant le visible à l'invisible et de ce
fait, est capable d'obliger ou du moins de disposer les interlocuteurs
invisibles à " prêter davantage l'oreille ". Cette thèse avait été
soulignée par GUENON qui pensait à propos de certains aspects du sang qu'il
" constitue effectivement l'un des liens de l'organisme corporel avec
l'état subtil de l'être vivant… l'état subtil est lié à l'état corporel de deux
façon différentes et complémentaires, par le sang, quant à la qualité
calorique, et par le système nerveux quant à la qualité lumineuse ". La
recherche de ce fluide mystérieux pour les rites vaudou explique les sacrifices
humains qui eurent cours jusqu'à son abolition aux environs des années 1868.
2. Les mots de pouvoir dans le vaudou
Dans les rites vaudou les incantations contiennent en
elles-mêmes :
Le sens de leur destination, c'est le sens littéral.
Leur mode d'activation grâce à l'altération vocale
particulière du sens littéral.
L'indication de l'élément végétal qui est l'agent médian.
L'indication de l'animal correspondant dont le sang conduit
au changement de niveau vibratoire.
Seul le tour de main reste secret et fait l'objet d'une
transmission orale au sein des convents vaudous.
D. LES VERTUS DU SANG
Au risque de répétitions, le sang grâce à sa conscience nous
garde vivant. Il véhicule l'âme de notre chair la NEFESH hébraïque dont le
départ entraîne la mort. Il transmet la chaleur dans tout le corps. Il connaît
intimement tous les recoins du corps. Il imprime en sa mémoire toutes nos
passions, nos vertus, de même qu’il contient déjà celles de nos innombrables
ancêtres. Mais il est bien plus encore je veux suivre en cela 0.V. de MILLOZ de
LUBICZ sur ce point que " Le sang est proche parent du feu et de la
lumière ; au même degré qu'eux il résulte de la transmutation instantanée de la
lumière incorporelle ".
Le sang est la " Lumière des hommes " et
les siens ne l’ont pas connue. C’est pourquoi il est dit " que le royaume
des cieux appartient aux simples d’esprit et aux enfants ".
E. LE SANG ESOTÉRIQUE
1. Le symbolisme
(Gn 2, 10-14) Un fleuve sort du jardin de l'EDEN et se
divise en quatre bras :
Le 1er s'appelle le PISHÔN, il contourne tout le pays de
HAVILA où il y a l'or pur et là se trouve le bdellium, la pierre de cornaline.
Le 2éme est le GIHÔN contourne le pays de Kush.
Le 3éme le TIGRE coule à l'Orient d'Assur.
Le 4éme l'EUPHRATE.
Au-delà du sens littéral, on peut y voir un sens symbolique,
notamment au niveau des couleurs.
Rappelons que les anciens distinguaient
quatre principaux tempéraments définis suivant la prédominance dans l'organisme
des quatre humeurs dont les natures sont :
- la lymphe : de couleur blanche et de caractère lunaire.
C'est un élément de substantiation.
- le sang : de couleur rouge est de caractère solaire, c'est
un élément d'animation et de vitalisation. Il est aussi élément de
substantiation.
- la bile : de couleur verte et de caractère corrosive. C'est
un élément de séparation.
- l'atrabile : de couleur noire. C'est un élément de
contraction
La lymphe et le sang sont de caractère altruiste. Le sang
est confiant, généreux et régénérateur. La lymphe est la nourrice du corps
entier. Au moindre danger pour l'organisme, elle est prête à sacrifier ses
leucocytes. La bile et l'atrabile sont deux serviteurs de la volonté égoïste du
moi. Comme l'Eden, le corps humain lui aussi est baigné par un fleuve qui se
divise en quatre bras. Personnellement, j’établirai la correspondance suivante
:
le Pishôn est le sang,
le Gihôn est l'atrabile,
le Tigre est la lymphe,
l'Euphrate est la bile.
Mais de l'EDEN l'homme n'a plus de souvenir sauf une très
vague nostalgie qui se manifeste par un mal-être persistant.
2. Porte d'Eden et porte du cœur
(Gn 3, 24) " Il (i.e. YHVH Dieu) bannit l'homme et il
posta devant le jardin d'Eden les Chérubins et la flamme du glaive fulgurant
pour garder le chemin de l'arbre de vie ". (traduction de la Bible de
Jérusalem). Voici une autre traduction de E. DHORME : " Il chassa l'homme
et il installa à l'ORIENT du jardin d'Eden les Chérubins et la flamme tournoyante
de l'épée pour garder la route de l'arbre de vie ". Je vous livre un
commentaire sur ce verset du livre de Nachash : " Il chassa l'être
adamique devenu étranger à son ancien milieu et pèlerin dans son nouveau ; puis
pour défendre le milieu organique (privilégié), il établit fortement un
ensemble de puissances destructrices tirées de son centre vivant : les
KEROUBIM, par essence Feu vivant et dévorant en perpétuel mouvement autour de
ce centre et chargés de l'opposer à tout accès vers la substance de vie ".
En méditant ces trois extraits, on pourrait déduire ceci : L'être adamique (la
conscience de l'homme rouge) devint inconscient de son propre ORIENT (centre =
source de vie) afin de défendre le milieu organique(jardin = appareil
circulatoire) fut placé sous un contrôle réflexe très puissant dissuasif lors
de toute tentative d'approche directe en provoquant par accélération cardiaque
différents malaises allant du physique au psychologique. Voilà donc l'homme
hors de son chez lui. MILOSZ nous fait cependant entrevoir un espoir car le
sang " En se transformant en clarté physique, cette lumière devient
également circulation, création de l'espace - matière organique (chair) "
et par ce biais nous enseigne que contacter la conscience du sang est
réalisable et favorise l’intégration de la lumière en nous. Cette entreprise
n'est pas sans danger car les " CHÉRUBINS " ou " KÉROUBIM "
veillent au seuil de l'Eden. Il ne faut pas perdre de vue que les fonctions de
tous les gardiens du seuil sont doubles :
Celle de protéger de tout danger celui qui sollicite le
passage lorsqu'il n'est pas prêt.
Celle de faire évoluer le pèlerin afin de le qualifier pour
une prochaine tentative.
Cette double fonction dans le cas des KÉROUBIM se manifeste
par le NOM. En effet, la structure de KEROUB (K R B ) contient les mêmes
lettres que bârakah (B R K) signifiant bénir :
(B R K) : Force de bénédiction.
(K R B ) : Sévérité juste.
Tout retour de l'homme vers l’EDEN est conditionné par une
transformation. L'ART ROYAL est une des voies possibles.
F. LA DIMENSION INITIATIQUE DU SANG
CESARE DELLA RIVIERA dans son texte " Accès à l'Antre
de Mercure " écrit ceci :
· " Afin de t'éviter toute errance, il te convient
d'abord de savoir que la terre, que nous foulons n'est pas le véritable élément
terrestre… Tu ne peux par lui arriver au céleste DON ; mais à l'ORIENT tu
trouveras une porte la plus ample et la majeure entre toutes celles qui, a
ceci, nous donnent facilité... Une autre entrée, selon d'autre se trouve dans
les grands monts de la LYBIE. Hermès, pareillement en désigne une en certaine
partie de la Mer Rouge ".
Mais avant d'essayer de pénétrer dans ses grands monts de la
LYBIE, remettons-nous en mémoire quelques notions sur l'ART le plus susceptible
de nous conduire au but.
SAVORET définit l'ART ROYAL en ces termes :
" L'alchimie vraie, l'alchimie véritable est la
connaissance des lois de la vie dans l'homme et dans la nature et la
reconstitution du processus par lequel cette vie adultérée ici bas par la chute
adamique, peut recouvrir sa pureté, sa splendeur sa plénitude et ses
prérogatives primordiales ; ceci dans l'homme moral s'appelle rédemption ou
régénération, réincrudation dans l'homme physique ; purification dans la nature
".
L'alchimie enseigne les trois règnes sont modelés suivant
les trois principes alchimiques :
Le sel, l'agent actif. Le sel est le feu.
Le mercure favorise la cohésion.
Le soufre qui porte l'âme la spécificité
L'importance du sel est telle qu'il est dit dans l'Evangile
" Vous êtes le sel de la terre ". Les trois principales étapes de
l'œuvre alchimique sont :
La mortification, le SOLVE le COAGULA.
Très longtemps la mortification ou purification me fut
incompréhensible. Elle consiste simplement en la distinction en nous-même de
trois types de sensations. Dans l’homme normal ces sensations sont regroupées
et intimement imbriquées dans un nébuleux chaos. Les trois sensations séparées
et différenciées constituent la découverte des trois principes alchimiques en
nous. Ceci est la vraie purification. Dès lors, toute conception morale et de
culpabilité doit tomber. Tout ceci s'entend ORA et LABORA. Il n'est pas inutile
de dire que le sel est un feu qui nous infuse durant notre recueillement dans
la prière devant la porte de l'Eden : " Frappez et l'on vous ouvrira ".
Vous pourrez lire (Ma,C 9,49) " Chacun en effet sera salé par le Feu
" : c'est clair, le sel est le feu. Sur le plan opératif, la purification
consiste en la prise de conscience par l'individu de chaque type de sensation
innée dans chacun des organes internes que les anciens nommaient sous les
vocables de grottes, monts, etc… Chaque organe étant la réflexion des planètes
qui incarnent des fonctions du macrocosme, nous devons pouvoir par sympathie
les connaître (Co-Naitre). Ceci est représenté dans notre rite par le
chandelier à sept branches. " L'attention portée sur une partie du corps
fait de cette partie un aimant d'ÉNERGIE, c'est elle qui est capable de donner
cette plénitude de vie capable de surmonter la maladie, l'angoisse et l'anxiété
lorsqu'elle est concentrée dans le cœur et même d'éveiller nos sens supérieurs.
Le plus grand obstacle à la pénétration du feu ou sel est notre cerveau, c'est
lui qui tue la présence à soi ". C'est ce que nous confie Schwaller de
LUBICZ.
G. L'ARCANE DU SANG DANS L'ALCHIMIE INTERNE
L'extrait qui suit justifie à lui tout seul l'importance de
l'alchimie interne. Schwaller de LUBICZ écrit en effet " La manifestation
la plus tangible du monde des causes est celle des fonctions qui régissent
notre existence. Ces fonctions se sont incarnées dans notre corps physique sous
forme d'organes qui sont des spécifications de la conscience. Disons organes,
disons planètes… parlons du cœur ou du soleil nous aurons simplement cité des
manifestations fonctionnelles de la même vie ". Les anciens enseignaient
les mêmes vérités. Ainsi le mot Orient que je rapportais de Cesare Della
Riviera désigne le Cœur ou soleil tandis que le groupe de mots Mer rouge
désigne lui, le sang.
1. Fil d'Ariane : Le Sang
Si les anciennes écoles initiatiques ne disent pas
clairement les méthodes qu'ils enseignaient, ils nous les laissent entrevoir.
Plus haut nous avons vu que le chemin de l'Eden était gardé par les K.R B. Nous
ne pouvons donc aller au sang et au cœur directement. Nous savons :
Que le c'est un feu vivant.
Que nous pouvons le tracter durant la prière donc nous en
charger davantage.
Que l'attention portée sur une partie du corps l'aimante.
Les anciens laissent entrevoir deux méthodes pour
l’intégration du Mercure.
Première Méthode :
Le PRANAYAMA enseigne que l'air contient une force subtile,
le PRÂNA. Nous savons aussi que la respiration profane permet de modifier le PH
sanguin. Selon l'enseignement yogique, la concentration sur la force subtile
cachée dans le souffle, constitue un moyen d'atteindre et de " purifier
" le I . C'est ce qui fait dire dans le " de Pharmaco Catholico
" : " Mercure s'appuie particulièrement sur les poumons à cause de
l'élément air. Lui qui en tant qu'esprit envahit et pénètre les deux autres
principes : c et Q , c’est à dire le corps et l'âme qui réunit et lie
constamment au moyen de la chaleur naturelle ".
Demandons-nous sur quoi
doit agir le feu chez celui qui veut relâcher et transformer cette union ?
Deuxième Méthode :
Elle consiste à se concentrer sur le sang qui peut être
atteint par le biais de la sensation de chaleur corporelle. Ceci est plus
clairement expliqué par LUBICZ : " Il s'agit d'éprouver la vie comme une
énergie chaude qui remplit le corps entier ". N’est pas ce que le V. M.
nous suggère de faire lorsqu'il autorise le Ceryx muni d'une mèche allumée à
accompagner le premier Mystagogue jusqu'à l'autel où se trouve le chandelier à
sept branches ? Bernard de TREVISE dans son songe VERT parle d'une mer rouge
parce qu'elle est du sang. Au-dessus flotte une île qui comprend sept royaumes
où l'auteur est emmené par un " tourbillon ". Suivant J. BOHME, le
feu de la vie humaine (Mercure spécifique) réside dans le sang mais un second
sang (Mercure universel) doit s'insérer dans le sang humain irascible et dans
le feu de la mort (allumé par la "chute"), pour le noyer. Ce feu de
la mort ECKHARTSHAUSEN le nomme fervent de la mort et le spécifie encore sous
le vocable de Gluten. Il est contenu dans le sang. C’est le mercure spécifique,
celui de l’espèce. (Gn 2,12) Ce bdellium est présent avec l'or et l'onyx dans
le pays que contourne le PISHON. A ce sujet GICHTEL me parait fulgurant de
clarté en conseillant : " L'opération a lieu dans le cœur et ici la porte
des cieux [ i e. des états occultes ] est frappé avec violence ... Et cela
demande un travail acharné, une sueur de sang [ le " travail d'HERCULE
" de la " séparation " ] ". Je pense que l'allusion est
pour la séparation d'avec le Gluten Mais pourquoi dit-il juste après : "
Parce qu’alors l’âme doit lutter contre Dieu [ pour se maintenir et ne pas
" se dissoudre " dans la lumière] et contre les hommes [ pour
dépasser en même temps la condition humaine ] ". L’enseignement hermétique
répond que " traverser la Mer Rouge, c'est traverser les eaux de corruption,
ces EAUX qui ne sont pas autre chose que CHRONOS " et on expliquait que
" ce que Moise appelle Mer Rouge c'est le sang " et " dans le
sang se trouve l'épée serpentée de flamme fait pour barrer l'accès à l'ARBRE DE
VIE ". L'ART ROYAL permet donc une transformation dans le principe subtil
du sang. Dans Jean XVII 22.23, Jésus dit : " Je leur ai donné et
communiqué la gloire que vous m'avez donnée, afin qu'ils soient un comme nous
sommes, un en eux, et eux avec moi afin qu'ils soient parfaits dans l'unité
". Le Gluten, voilà l'ennemi à éliminer. Purifier l’âme humaine corrompue
par ce Gluten présent dans le sang justifie l’expression qu'il n'y a pas de
rémission sans effusion de sang. Ceci signifie donc sacrifier l'âme animale la
NEFESH et partir à la " Queste du GRAAL ". C'est donc aller à la
conquête du SANG DIVIN qui seul peut restaurer l'état édénique originel.
2. Combattre le Gluten
Par l'intermédiaire du rite d'initiation chevaleresque donc
d'un pacte divin, était donné au chevalier le moyen de sublimer et éthérifier
son sang. Il met ainsi en lumière la qualité la plus élevée et spirituelle de
l'impétrant. Les moyens traditionnels fournis au chevalier pour exalter la
spécificité de son sang, étaient les suivants :
le sens du sacrifice,
le culte de la vérité,
celui de la loyauté,
la vertu au sens virtus, c’est à dire force,
l'honneur non pas égoïste mais plutôt le sens très noble.
Ces moyens permettaient d'aspirer à une réalisation
authentique. Le chevalier qui entreprenait une voie de purification héroïque et
qui était prêt à sacrifier son propre sang parvenait ainsi à éliminer le
gluten. Ce processus indique le sens du mot foi (i.e. Fides). C'est se
conformer à une conception traditionnelle et faire qu'elle devienne Sang de son
propre sang. Une fois cette conviction établie en vous alors seulement naîtra
le sens de la responsabilité car elle sera le produit de votre conscience
actuelle : le mal qui rend l'homme pêcheur n'étant pas dans l'acte même mais
dans la transgression d'une conviction. Tous ne pouvant pas devenir chevalier,
le Christ en instituant l'EUCHARISTIE conféra au prêtre un grand pouvoir. En
effet, le prêtre, nous dit ECKHARTSHAUSEN, est un séparateur de la nature pure
d'avec la nature impure. Un séparateur de la substance qui contient tout,
d'avec la matière destructible qui occasionne la douleur et la misère. Le
sacrifice, ou ce qui a été séparé, consiste dans le pain et le vin :
le Pain est la substance qui contient tout,
le Vin est la substance qui vivifie tout.
Dans la claire compréhension de la CHAIR et du SANG de
Jésus-Christ réside la vraie et pure connaissance de la régénération effective
de l'homme. Le mystère de l'union avec Jésus-Christ, non seulement
spirituellement mais aussi corporellement est le mystère suprême de l'ÉGLISE.
DEVENIR UN avec lui en esprit et en être telle est la suprême réalisation.
Concluons par (Jean 4, 21-23-24) : " Le temps vient, et il est déjà venu.
Que les vrais adorateurs adoreront le PÈRE en ESPRIT et en VÉRITÉ car le PÈRE
demande de tels adorateurs. DIEU est ESPRIT et il faut que ceux qui l’adorent,
l’adorent en ESPRIT et en VÉRITÉ ".
Source : www.ledifice.net
Le Pélican s'ouvrant le coeur pour nourrir ses petits,
surmonté d'une banderole portant la devise "In Sanguine Vita"
"Le Pélican Rose+Croix"
Eglise San Domenico à Pérouse, Italie
1er quart du XVIIIème siècle