Anonyme
Affichage des articles dont le libellé est ANONYME Les Six Clefs d'Eudoxe. Afficher tous les articles
Affichage des articles dont le libellé est ANONYME Les Six Clefs d'Eudoxe. Afficher tous les articles
ANONYME Les Six Clefs d'Eudoxe.
LES SIX CLEFS D'EUDOXE
Anonyme
De la Première Clef
1. La Première Clef est celle qui ouvre les sombres prisons
dans lesquelles le soufre est enfermé : c’est elle qui sait extraire la semence
du corps et composer la Pierre des Philosophes par la conjonction de l’esprit
et du corps — du soufre et du mercure.
2. Hermès a manifestement révélé l’opération de cette
Première Clef par ces mots : Dans les
cavernes des métaux est cachée la Pierre, laquelle est vénérable, éclatante en
couleurs, la sublimité de l’entendement et une mer ouverte.
3. Cette Pierre a un brillant éclat : elle contient un
esprit d’une sublime singularité ; c’est la mer des Sages dans laquelle ils
pêchent leur mystérieux poisson.
4. Les opérations des trois Oeuvres ont beaucoup d’analogies
entre elles, et les Philosophes en parlent à dessein en termes équivoques pour
que finalement ceux qui n’ont pas les yeux d’un lynx s’égarent et se perdent
dans ce labyrinthe duquel il est très difficile de sortir. En effet quand on s’imagine
qu’ils parlent d’une Oeuvre, ils en traitent souvent d’une autre.
5. Par conséquent prenez bien garde ici à ne pas être
trompé, car s’il est vrai que c’est en chaque Oeuvre que le Sage Artiste doit
dissoudre le corps par l’esprit, couper la tête du corbeau, blanchir le noir et
vivifier le blanc, c’est cependant à proprement parler, dans la première
opération que le Sage Artiste doit couper la tête au dragon noir et au corbeau.
6. De cela Hermès dit : Ce
qui est né du corbeau est le commencement de l’Art. Considérez que c’est par la
séparation de la vapeur noire, infecte et puante du noir le plus noir, que
notre Pierre astrale, blanche et resplendissante est formée, laquelle Pierre contient en ses veines
le sang du pélican. C’est à cette première purification de la Pierre et à
cette blancheur éclatante que le travail de la Première Clef s’achève.
De la Seconde Clef
1. La Seconde Clef dissout le composé de la Pierre, et
commence la séparation des éléments de manière philosophique : cette séparation
des éléments ne peut se faire sans élever les parties subtiles et pures
au-dessus des parties épaisses et terrestres.
2. Celui qui sait sublimer la Pierre philosophiquement,
mérite à juste titre le nom de Philosophe car il connaît le feu des Sages qui
est le seul agent capable d’effectuer cette sublimation. Aucun Philosophe n’a
jamais ouvertement révélé ce feu secret et ce puissant agent qui effectue
toutes les merveilles de l’Art : et celui qui ne l’entendra pas et ne saura pas
le reconnaître par les caractères qui le décrivent, devra s’arrêter ici et
prier Dieu de l’éclairer, car la connaissance de ce grand secret est plutôt un
don du Ciel qu’une lumière acquise par la puissance du raisonnement ; qu’il
lise néanmoins les écrits des Philosophes, qu’il les médite, et par-dessus tout
qu’il prie : il n’y a aucune difficulté qui ne puisse à la fin être vaincue par
le travail, la méditation et la prière.
3. La conversion des éléments et l’extraction des principes
sont impossibles sans la sublimation de la Pierre ; et cette conversion qui
transforme la terre en eau, l’eau en air, et l’air en feu, est la seule voie
par laquelle notre Mercure peut être préparé.
4. Appliquez-vous donc à connaître ce feu secret qui dissout
la Pierre naturellement et sans violence, et qui la fait dissoudre en eau dans
la grande mer des Sages par la distillation qui en est faite au moyen des
rayons du Soleil et de la Lune.
5. C’est ainsi que la Pierre qui, selon Hermès, est la vigne
des Sages, devient leur vin, lequel par les opérations de l’Art produit leur
eau de vie rectifiée et leur vinaigre le plus aigre. Les éléments de la Pierre
ne peuvent être dissous sans cette nature toute divine, et une parfaite
dissolution ne peut non plus en être faite avant une digestion et une
putréfaction proportionnée à laquelle la Seconde Clef du Premier Oeuvre se
termine.
De la Troisième Clef
1. La Troisième Clef se compose à elle seule d’une plus
longue série d’opérations que tout le reste rassemblé. Les Philosophes en ont
très peu parlé car ils considéraient que la perfection de notre mercure en
dépendait ; même les plus sincères, comme Artéphius, le Trévisan ou Flamel, ont
passé sous silence la préparation de notre mercure, et il en sera difficile d’en
trouver un seul qui ne l’ait déguisé pour voiler la plus longue et la plus
importante des opérations de notre pratique. Ayant à dessein de vous aider en
cet endroit du chemin où vous devez aller, et où sans lumière, il est
impossible d’y reconnaître sa route, je m’étendrai plus que d’autres ne l’ont
jamais fait sur cette Troisième Clef ou du moins, je suivrai dans l’ordre ce
qu’ils ont traité si confusément, car sans l’inspiration du Ciel ou sans l’aide
d’un ami sincère, on demeure fatalement dans ce labyrinthe en restant incapable
d’y trouver une issue heureuse.
2. Je suis sûre que vous, les véritables Fils de Science,
vous recevrez avec grande satisfaction les explications de ces mystères cachés
qui concernent la séparation et la purification des principes de notre mercure
qui est obtenu, d’une part par la parfaite dissolution et glorification du
corps d’où il est né, et d’autre part par l’intime union de l’âme et de son
corps où l’esprit est le seul lien qui réalise cette conjonction.
3. C’est le propos et le point essentiel des opérations de
cette Clef, qui s’achèvent à la génération d’une nouvelle substance infiniment
plus noble que la première.
4. Après que le Sage Artiste ait fait jaillir une source
d’eau vive de la pierre, qu’il ait pressé la vigne des Philosophes et qu’il ait
fait leur vin, il doit considérer dans cette substance homogène qui apparaît
sous forme aqueuse, trois substances différentes et trois principes naturels
des corps — le sel, le soufre et le mercure — qui sont l’esprit, l’âme et le
corps ; et bien qu’ils apparaissent purs et parfaitement unis, l’Artiste a
cependant grand besoin de chacun d’eux parce que, quand par distillation nous
tirons l’eau qui est l’âme et l’esprit, le corps demeure au fond du vaisseau
comme une terre morte, noire et crasse mais qui néanmoins ne doit pas être
dédaignée car en notre sujet il n’y a rien qui ne soit bon.
5. Le Philosophe Jean Pontanus assure que toutes les
superfluités de la Pierre sont converties en véritable essence, et que celui
qui prétend séparer quoique ce soit de notre sujet ne connaît rien à la
Philosophie, car tout ce qui y est superflu, sale et crasse — en fait tout le
composé — est rendu parfait par l’action de notre feu.
6. Ce conseil ouvre les yeux de ceux qui, pour faire une
exacte purification des éléments et des principes, se persuadent qu’ils doivent
seulement prendre le subtil et rejeter l’épais. Mais Hermès dit que son pouvoir
n’est pas parfait si le subtil n’est pas converti en terre ; aucun Fils de
Science ne doit ignorer que le feu et le soufre sont cachés dans le ventre de
la terre et qu’ils doivent laver parfaitement cette dernière avec son esprit
pour en extraire le sel fixe qui est le sang de notre Pierre. Voilà le mystère
essentiel de l’opération qui ne se termine qu’après une digestion convenable et
une lente distillation.
7. Vous savez que rien n’est plus opposé que le feu et l’eau
; pourtant le Sage Artiste doit établir la paix entre les ennemis qui au fond,
s’aiment avec véhémence. Le Cosmopolite en donne la manière en quelques mots :
Toute chose doit donc en étant purgée, réconcilier le feu et l’eau qui
deviendront facilement amis dans leur terre qui s’élève avec eux. Soyez alors
attentif à ce point ; abreuvez souvent la terre de son eau et vous trouverez ce
que vous cherchez. Le corps ne doit-il pas être dissous par l’eau, et la terre
pénétrée par son humidité pour être rendus propre à la génération ? D’après les
Philosophes, l’esprit est Ève et le corps est Adam ; ils doivent être conjoints
pour la propagation de leur espèce. Hermès dit la même chose en d’autres
termes: « L’eau est la nature la plus forte qui surmonte et excite la nature
fixe du corps et qui s’en réjouit ».
8. En effet, ces deux substances qui sont de même nature
mais de genres différents, s’élèvent insensiblement ensemble en ne laissant que
peu de fèces au fond du vaisseau ; ainsi l’âme, l’esprit et le corps, après une
parfaite purification, apparaissent enfin inséparablement unis sous une plus
noble et plus parfaite forme qu’ils n’avaient auparavant ; ils sont alors aussi
différents de leur première forme liquide que peut l’être l’alcool de vin
exactement et parfaitement rectifié et activé par son sel, de la substance du
vin dont il a été tiré ; cette comparaison convient parfaitement et donne en
plus aux Fils de Science, une connaissance précise des opérations de la
Troisième Clef.
9. Notre Eau est une source vivante qui jaillit de la pierre
par un miracle naturel de notre Philosophie. En tout premier lieu, est l’eau
tirée de cette Pierre. C’est Hermès qui a prononcé cette grande vérité. Plus
loin il reconnaît que cette eau est la base de notre Art.
10. Les Philosophes lui donnent plusieurs noms : quelquefois
ils l’appellent vin, d’autres fois eau de vie ou vinaigre ou encore huile selon
les degrés de préparation ou les divers effets qu’elle peut produire.
11. Toutefois je vous dis qu’elle est appelée à juste titre
le vinaigre des Sages, et que dans la distillation de cette divine liqueur, il
arrive la même chose que dans celle du vinaigre vulgaire ; vous pouvez donc en
tirer des enseignements : l’eau et le phlegme montent en premier, la substance
huileuse en laquelle consiste l’efficacité de l’eau vient en dernier, etc.
12. Il est par conséquent nécessaire de dissoudre
complètement le corps pour en extraire toute son humidité qui contient le
précieux ferment — le soufre — ce baume de la Nature et ce merveilleux onguent
sans lequel vous ne pourriez jamais espérer voir en votre vaisseau cette
noirceur tant espérée de tous les Philosophes. Réduisez alors tout le composé
en eau et faite une parfaite union du volatil et du fixe ; il y a un principe
du Senior qui mérite toute l’attention et qui dit que la vapeur la plus haute
doit être réduite en la plus basse ; car l’eau divine est ce qui descend du
Ciel et ramène l’âme à son corps qui finit par revivre.
13. Le baume de vie est caché dans ces fèces impures que
vous devez laver avec cette eau céleste jusqu’à ce que vous en ayez ôté toute
la noirceur, et alors votre eau sera animée avec cette essence ardente qui
produit toutes les merveilles de notre Art.
14. Mais par la suite, pour que vous ne soyez point trompés
par les termes relatifs au composé, je vous dirai que les Philosophes ont deux
sortes de composés. Le premier est le composé de Nature dont j’ai parlé dans la
Première Clef ; c’est la Nature qui le réalise de façon incompréhensible pour
l’Artiste qui ne fait rien de plus qu’aider la Nature par le concours de choses
extérieures avec lesquelles elle manifeste et produit cet admirable composé.
15. Le second est le composé de l’Art ; c’est le Sage qui
l’élabore par la secrète union du fixe et du volatil intimement unis avec
beaucoup de prudence, ce qui ne peut être réalisé sans les lumières d’une
profonde philosophie.
16. Le composé de l’Art n’est pas tout à fait le même dans
le Second que dans le Troisième Oeuvre bien que ce soit toujours l’artiste qui
le fasse. Geber le définit comme un mélange d’argent-vif et de soufre, ce qui
revient à dire du volatil et du fixe, qui en agissant l’un sur l’autre, sont
volatilisés et fixés réciproquement en parfaite fixité. Considérez l’exemple de
la Nature : vous verriez que la terre ne produirait jamais de fruits si elle
n’était pénétrée par son humidité, et que cette humidité demeurerait toujours
stérile si elle n’était retenue et fixée par la sécheresse de la terre.
17. Ainsi dans l’art, vous ne pouvez avoir aucun succès si
dans le Premier Oeuvre, vous ne purifiez pas le serpent né du limon de la terre
et si vous ne blanchissez pas ces fèces puantes et noires pour en séparer le
soufre blanc qui est le sel armoniac des Sages et leur chaste Diane qui se lave
dans son bain ; en somme tous ces mystères ne sont que l’extraction du sel fixe
de notre composé en lequel consiste toute l’énergie de notre Mercure.
18. L’eau qui monte par distillation entraîne avec elle une
partie de ce sel ardent de sorte que l’affusion de l’eau sur le corps, réitérée
plusieurs fois, imprègne, engraisse et fertilise notre mercure et le rend apte à
la fixation, ce qui est la fin du Second Oeuvre.
19. On ne peut guère mieux expliquer cette vérité que par
ces paroles d’Hermès : Lorsque je vis que l’eau devenait graduellement plus
épaisse et dure, je me réjouis car je savais avec certitude que je trouverai ce
que je cherchais. Ce n’est pas sans raison que les Philosophes donnent à cette
liqueur visqueuse le nom d’eau pontique. Son exubérante ponticité est vraiment
le caractère marquant de sa vertu ; et plus vous la rectifierez et la
travaillerez et plus elle acquerra de vertu. On l’a appelée eau de vie car elle
donne vie aux métaux ; mais elle est à juste titre nommée la grande Lunaria à
cause de l’éclat avec lequel elle brille.
20. Puisque je ne m’adresse qu’à vous, vous les vrais
disciples d’Hermès, je vous révélerai un secret que vous ne trouverez jamais
intégralement dans les livres des Philosophes. Quelques-uns disent que de la
liqueur, ils font deux mercures — l’un blanc et l’autre rouge ; Flamel dit que
l’on doit surtout utiliser le mercure citrin pour faire l’imbibition du rouge,
en faisant remarquer au fils de l’Art de ne point être trompés par ce point
comme il le fût lui-même jusqu’à ce que le Juif lui révèle la vérité.
21. D’autres ont enseigné que le mercure blanc était le bain
de la Lune et que le mercure rouge était celui du Soleil. Mais aucun d’entre
eux n’a voulu clairement indiquer aux Fils de Science par quels moyens ils
pourraient obtenir ces deux mercures. Si vous me saisissez, ce point est déjà
clair pour vous.
22. La Lunaria est le mercure blanc ; le vinaigre le plus
aigre est le mercure rouge ; mais le mieux pour distinguer ces deux mercures
est que vous les nourrissiez avec la chair de leur propre espèce — le sang des
innocents dont la gorge a été tranchée ; cela signifie que les esprits des
corps sont le bain dans lequel le Soleil et la Lune vont se laver.
23. Rendez-vous compte que j‘ai étalé devant vous un grand
mystère ; les Philosophes qui en ont parlé, sont passés sur ce point bien
discrètement. Le Cosmopolite l’a mentionné avec esprit par une ingénieuse
allégorie en parlant de la purification du Mercure : Ce sera fait, dit-il, si
vous donnez à notre vieil homme de l’or et de l’argent à avaler et qu’il doit
dévorer, et alors il en mourra et devra être brûlé. Il finit la description de
tout le magistère en ces termes : Que ses cendres soient éparpillées dans l’eau
que vous ferez bouillir suffisamment longtemps, et vous aurez une médecine pour
la guérison de la lèpre. Vous ne devez pas ignorer que le vieil homme est notre
mercure ; ce nom en vérité lui convient bien car il est la matière première de
tous les métaux. Il est leur eau comme le même auteur se plait à le dire et
pour lequel il donne aussi le nom d’acier et d’aimant naturel ; en ajoutant
pour mieux confirmer ce que je suis en train de vous dévoiler, que si l’or
s’allie onze fois à lui, il émet sa semence et se trouve presque débilité
jusqu’à la mort ; alors le chalybs
(acier, aimant) conçoit et engendre un fils plus glorieux que le père.
24. Contemplez ce grand mystère que je vous révèle sans
énigme ; c’est le secret des deux mercures qui contiennent les deux teintures.
Gardez-les séparément, et ne confondez pas leur espèce de crainte qu’ils
n’engendrent un monstrueux lignage.
25. Je vous parle non seulement plus intelligiblement que
tous les autres Philosophes ne l’ont fait avant moi, mais en plus je vous
révèle le point capital de la pratique ; si vous méditez cela et vous appliquez
à bien le comprendre, et si surtout vous travaillez selon les éclaircissements
que je vous ai donnés, vous obtiendrez ce que vous cherchez.
26. Et si vous ne parvenez pas à ces connaissances par la
voie que je vous ai indiquée, je suis fort assuré que vous réaliserez
difficilement vos projets par la seule lecture des Philosophes. Cependant ne
désespérez pas — recherchez la source de la liqueur des Sages qui contient tout
ce qui est nécessaire à l’ouvrage ; elle est cachée sous la Pierre — frappez-la
avec le rouge du feu magique et une fontaine claire en sortira ; alors faites
comme je vous ai appris : préparez le bain du Roi avec le sang des innocents et
vous aurez le mercure animé des Sages, qui ne perd jamais sa vertu si vous le
gardez dans un vaisseau bien fermé.
27. Hermès dit qu’il y a tellement de sympathie entre les
corps purifiés et les esprits, qu’ils ne se quitteront jamais plus une fois
qu’ils auront été rassemblés : car cette union ressemble à celle de l’âme et du
corps glorifié dont la foi nous assure qu’il n’y aura jamais plus de séparation
ou de mort, car les esprits désirent être dans des corps purifiés, et y étant,
ils les animent et demeurent en eux.
28. Par cela vous pouvez mesurer le mérite de cette
précieuse liqueur à laquelle les Philosophes ont donné plus de mille noms
différents mais qui est finalement le grand alkaest qui dissout radicalement
les métaux — une véritable eau permanente qui après les avoir radicalement
dissout, est indissociablement unie à eux en augmentant leur poids et leur
teinture.
De la Quatrième Clef.
La Quatrième Clef de l’Art est l’entrée du Deuxième Oeuvre
(et une partielle réitération et développement de l’Oeuvre précédent) : c’est
elle qui change notre eau en terre ; il n’y a que cette eau au monde qui par
simple ébullition peut être convertie en terre, parce que le mercure des Sages
porte en son centre son propre soufre qui le coagule. La terrification de
l’esprit est la seule opération de cet Oeuvre. Faîtes tout bouillir avec
patience, et si vous avez bien opéré, vous apercevrez vite les signes de cette
coagulation, et s’ils n’apparaissaient pas en leur temps c’est qu’ils
n’apparaîtront jamais, car ce serait un signe indubitable que vous avez failli
dans quelque chose d’essentiel lors des opérations précédentes, car pour
corporifier l’esprit qui est notre mercure, vous devez déjà avoir
convenablement dissout le corps dans lequel le soufre qui coagule le mercure
est enfermé. Alors Hermès certifie que notre eau mercurielle obtiendra toutes
les vertus que les Philosophes lui attribuent si elle est transformée en terre
— une terre admirable pour sa fertilité — la Terre Promise des Sages, ces Sages
qui connaissent le moyen de faire tomber sur elle la rosée du Ciel pour lui
faire produire des fruits de prix inestimable. Cultivez donc avec diligence
cette précieuse terre, arrosez-la souvent avec sa propre humidité, séchez-la
aussi souvent, et vous augmenterez autant sa vertu que son poids et sa
fertilité.
De la Cinquième Clef.
La Cinquième Clef inclut la fermentation de la Pierre avec
le corps parfait pour en faire la médecine du troisième ordre. Je ne dirai rien
de particulier de cette opération du Troisième Oeuvre, sinon que le corps
parfait est un levain nécessaire à notre pâte et que l’esprit doit faire
l’union de la pâte avec le levain de la même manière que l’eau humidifie la
farine et dissout le levain pour composer une pâte fermentée convenable à la fabrication
du pain. Cette comparaison convient très bien ; Hermès la fit en premier en
disant que puisqu’une pâte ne pouvait pas fermenter sans ferment alors, quand
vous aurez sublimé, purifié et séparé les immondices des fèces et que vous
voudrez faire la conjonction, ajoutez-y un ferment et réduisez l’eau en terre
et ainsi la pâte deviendra elle-même un ferment ; ce qui répète l’enseignement
du travail entier et montre comment toute la pâte devient levain par l’action
du ferment qui lui a été ajouté ; ainsi tout le composé philosophique devient
par l’action du ferment, un levain propre à fermenter une nouvelle matière et à
multiplier le ferment jusqu’à l’infini. Si vous observez bien comment est fait
le pain, vous trouverez aussi les proportions que vous garderez pour les
matières qui composent la pâte philosophale. Les boulangers ne mettent-ils pas
plus de farine que de levain et plus d’eau que de levain et de farine ? Les
lois de la Nature sont les règles que vous devez suivre dans la pratique de
notre magistère. Je vous ai donné sur le principal point toutes les
instructions qui vous sont nécessaires, alors il est superflu de vous en dire
plus, particulièrement sur les dernières opérations à propos desquelles les
Adeptes ont été moins réservés que sur les premières qui sont les bases de
l’Art.
De la Sixième Clef
La Sixième Clef enseigne la multiplication de la Pierre par
réitération d’une même opération qui consiste seulement à ouvrir et fermer, à
dissoudre et coaguler, à imbiber et sécher pour que de cette manière les vertus
de la Pierre puissent être indéfiniment accrues. Comme mon dessein n’est pas de
décrire entièrement l’application des trois médecines, mais seulement de vous
instruire sur les plus importantes opérations de la préparation du mercure
passées ordinairement sous silence par les Philosophes pour cacher les mystères
aux profanes, mystères seulement réservés aux Sages, je ne m’attarderai pas
plus sur le sujet, et je ne vous dirai rien de plus sur la projection de la
médecine parce que le succès que vous attendez ne dépend pas de cela. Je ne
vous ai donné beaucoup d’instructions que sur la Troisième Clef parce que
celle-ci renferme une longue série d’opérations qui, quoique simples et
naturelles, demandent autant la bonne compréhension des lois de la Nature et
des qualités de notre matière, que la parfaite connaissance de la chimie et des
divers degrés de chaleur qui conviennent à ces opérations. Je vous ai conduit
par le droit chemin sans errements et si vous considérez bien la route que je
vous ai indiquée, je suis sûre que vous irez droit au but sans vous égarer.
Appréciez avec gratitude mon désir de vous épargner les mille labeurs et les
mille ennuis que j’ai moi-même subis lors de ce pénible voyage, par défaut d’une
assistance pareille à celle que je vous donne de bon coeur et avec ma tendre
affection pour tous les véritables Fils de Science. Je serais affligée, si
comme moi, après avoir connu la vraie matière, vous passiez quinze années
entières de travail, d’étude et de méditation sans pouvoir extraire de notre
Pierre le précieux jus qu’elle renferme en son sein et tout cela, parce que je
ne connaissais pas le feu secret des Sages qui fait couler de cette plante
(sèche et flétrie en apparence) une eau qui ne mouille pas les mains et qui,
par l’union magique de l’eau sèche de la mer des Sages, est dissoute en eau
visqueuse — en liqueur mercurielle qui est le commencement, la base et la clef
de notre Art : Convertissez, séparez, et purifiez les éléments comme je vous
l’ai enseigné, et vous posséderez le véritable mercure des Philosophes, lequel
vous donnera le soufre fixe et la Médecine Universelle. Cependant je vous ferai
encore remarquer que même après être parvenu à la connaissance du feu secret
des Sages, vous ne parviendrez pas malgré tout à vos fins, dès la première
tentative. J’ai erré plusieurs années sur le chemin restant à faire pour
atteindre la mystérieuse fontaine où le Roi se baigne, où il retrouve sa
jeunesse et où il reprend une nouvelle vie exempte de toute infirmité. Vous
devez aussi savoir comment purifier, guérir et animer le bain royal ; c’est
pour vous aider dans cette voie secrète que je me suis étendue sur la Troisième
Clef où toutes ces opérations sont décrites. Je souhaite de tout coeur que les
enseignements que je vous ai donnés, vous rendront capables d’aller directement
au but. Cependant souvenez-vous, vous les fils de la Philosophie, que la
connaissance de notre Magistère vient plutôt de l’inspiration du Ciel que des lumières
que nous pouvons acquérir par nous-mêmes. Cette vérité est reconnue par tous
les Artistes, et c’est pour cette forte raison qu’il ne suffit pas de
travailler ; priez quotidiennement, lisez de bons livres et méditez nuit et
jour sur les opérations de la Nature et sur ce qu’elle est capable de faire
lorsqu’elle est assistée par le concours de l’Art, et grâce à cela vous
réussirez sûrement dans votre entreprise. C’est tout ce que j’ai maintenant à
vous dire. Je ne voulais pas vous faire un aussi long discours que paraissait
demander le sujet ; d’ailleurs je ne vous ai dit que l’essentiel nécessaire à
notre Art ; alors si vous connaissez la pierre qui est la seule matière de
notre Pierre et si vous avez la compréhension de notre feu qui est à la fois
secret et naturel, vous avez les Clefs de l’Art et vous pouvez calciner notre
Pierre, non pas par une vulgaire calcination faite par la violence du feu, mais
par une calcination philosophique qui est toute naturelle. Aussi observez bien
avec les Philosophes les plus éclairés, qu’il y a une différence entre la
calcination vulgaire qui est faite par la violence du feu, et la calcination
naturelle ; alors que la première détruit le corps et consume la majeure partie
de son humide radical, la seconde non seulement préserve l’humidité du corps en
le calcinant mais encore l’augmente considérablement. L’expérience vous donnera
la connaissance par la pratique de cette grande vérité, car vous découvrirez
effectivement que cette calcination philosophique qui sublime et distille la
Pierre en la calcinant, augmente grandement son humidité ; la raison en est que
l’esprit igné du feu naturel est corporifié dans les substances qui lui sont
analogues. Notre pierre est un feu astral qui sympathise avec le feu naturel comme
une véritable salamandre qui naît, se nourrit et s’accroît dans le feu
élémentaire qui lui est géométriquement proportionné.
FIN
Inscription à :
Articles (Atom)