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ECKHARTSHAUSEN Essais chimiques sur la dissolution radicale des corps.*

 

1


ESSAIS CHIMIQUES

Sur la Dissolution Radicale des Corps
En particulier des Métaux

Chimische Versuche über die Radikalauflösung der Körper, 
besonders der Metalle


Karl von Eckhartshausen

Munich, 1798

Traduction, préface et notes d'André Savoret


Suivi de 

Les plus récentes Découvertes sur la Lumière, la Chaleur et le Feu, à l'intention des Amateurs de Physique et de Chimie, 

Par Karl von Eckhartshausen (Traduit de l'Allemand par Bernard Husson)



*
Préface des "Essais chimiques" d’Eckartshausen

Par André Savoret

Quelques mots sur la présente édition.

Les ESSAIS CHIMIQUES furent publiés, pour la première fois en français, aux Éditions de Psyché, en 1938. C'est ce même texte qu'on trouvera ici, suivi du résumé d'un opuscule que D'Eckartshausen fit publier à Munich, en 1798. Les deux textes, ici réunis, se complètent et s'éclairent mutuellement. Les ESSAIS CHIMIQUES sont en quelque sorte l'adaptation pratique des données théoriques exposées dans le Mémoire qui lui fait suite, quoique chronologiquement antérieur, et dont le titre, un peu long, est : Les plus récentes Découvertes sur la Lumière, la Chaleur et le Feu, à l'intention des Amateurs de Physique et de Chimie.

Sous les dehors d'une terminologie « chimique » assez translucide, ce dernier opuscule condense ce qui peut être donné de l'Alchimie rosicrucienne. Les énigmatiques Rose-Croix ont fait couler beaucoup d'encre et grincer bien des plumes érudites. Entre ceux qui font remonter la création de leur Fraternité aux premiers temps du monde et ceux qui prononcent, à son propos, le mot mystification, il y a place pour nombre d'opinions plus nuancées, sinon plus convaincantes !

Les seuls réellement qualifiés pour éclairer notre lanterne se taisent, laissent dire et écrire, et sourient silencieusement chaque fois que se fonde, ici ou là, souvent à son de trompe, quelque groupement qui prend leur titre d'autrefois pour enseigne. Je ne prendrai pas sur moi de situer D'Eckartshausen dans la hiérarchie rosicrucienne ou para-rosicrucienne. Il me suffit, entre autres choses, de le lire pour savoir qu'il y avait rang.

Les pages qui suivent diffèrent de la plupart des écrits hermétiques publiés depuis deux ou trois siècles en ce qu'elles ne sont pas centrées particulièrement sur le travail pratique, au laboratoire, mais font une très large place aux principes qui le commandent et le justifient. Les données spéculatives dominent dans le Mémoire de 1798, la technique opératoire dans les ESSAIS CHIMIQUES. Car, comme le dit l'auteur «Lorsqu'une substance est réellement présente, il faut qu'elle soit montrée et certifiée par l'expérience. »

Une autre originalité de la « manière » de D'Eckartshausen, c'est de ne faire que de rares emprunts au vocabulaire classique des hermétistes. Notre auteur parle une langue simple. Et cette simplicité est une des difficultés majeures de son oeuvre. Davantage encore que les chimistes, alchimistes et souffleurs de son époque, nous sommes compliqués, cérébraux, bourrés d'abstractions. Et nous nous dégageons avec peine de l'emprise de nos formules stéréotypées, techniques ou philosophiques, et de nos terminologies familières. Il m'apparaît que D'Eckartshausen écrit moins pour ceux qui savent ou croient savoir que pour les « amateurs » dignes de savoir, quelle que soit leur formation, savante ou ignorante selon le monde.

Déconcerté, je l'avoue, à première lecture, j'ai mis pas mal, de temps à me rendre compte de la parfaite maîtrise de l'auteur dans les deux Voies de l’OEuvre, toutes deux également légitimes à ses yeux, et à situer sa technique, traditionnelle dans les grandes lignes, originale dans certaines innovations. Et c'est pourquoi je me suis risqué à quelques brefs commentaires. Les ESSAIS CHIMIQUES offrent à l'Appelé un mince mais solide Fil d'Ariane. Toutefois, à lui l'honneur et le péril d'affronter le Minotaure, avec l'aide du Ciel, qui ne manquera pas au chercheur modeste, sincère et prudent. Je ferai de mon mieux pour l'amener au seuil du Labyrinthe. Aller plus loin serait aller trop loin.

A. SAVORET.

*
Extrait des notes d'André Savoret, au sujet du Phosphore...
Le phosphore est l’Azoth vivant, le Mercure universel ou Feu-Eau. Au cours de l’ouvrage, l’auteur en parle diversement, le considérant en soi, dans l’un de ses éléments, ou sous les espèces du support sensible qui le renferme virtuellement (Note d'André Savoret).

*


ESSAIS CHIMIQUES

Karl von Eckhartshausen

AVANT-PROPOS DE L'AUTEUR
Il fut un temps où la transmutation métallique n'était consi­dérée comme possible que sous la condition de la dissolution radicale des métaux nobles : seulement, comme on tenait cette dissolution pour impossible, on tint également pour impossible la transmutation.
Mais l'expérience prouve que l'homme ne doit pas préjuger trop tôt de choses dont il n'a aucune notion pratique, et le modeste dit seulement : « D'après les connaissances actuelles de la chimie, il ne semble pas possible..., peut-être nous manque­-t-il une plus haute connaissance».
Ainsi pensai-je. Et cette méditation me conduisit à la réalité de la dissolution des métaux, dans laquelle la possibilité est prouvée à satiété ; car l'expérience est le meilleur syllogisme.
Et si quelqu'un me demandait : « Alors, pouvez-vous faire de l'or ? » ; je lui répondrais : « Analyser les métaux, puis les synthétiser est encore loin de les produire ». On sait, par exemple, séparer les éléments de différents corps et les ras­sembler ensuite, sans pourtant pouvoir produire artificiellement des corps semblables.
Si quelqu'un me demande : «La production artificielle de l'or est-elle possible ? » ; alors je réponds : « Je ne nie rien aussi longtemps que je ne suis pas convaincu de l'absolue impossibilité ; mais je crois que démontrer l'impossibilité de la production pratique de l'or est, justement, aussi difficile que de faire de l'or. »
Entre autres choses, je me flatte d'avoir rendu, par mes expé­riences un service à la chimie, parce qu'elle nous conduit ainsi, davantage vers la connaissance de la nature. L'or que je cherche est la Vérité !
A Messieurs les alchimistes, j'écris ce qui suit :
« Les alchimistes et les joueurs de loto ont presque le même destin ; chacun des premiers espère vainement son universel dans chaque opération, tout comme les derniers, à chaque tirage du « quine ». 
Je veux vous dire mon opinion sur l'alchimie : il me semble que celui qui cherche l'or ne le trouve pas ; mais celui qui cherche Dieu, comme la Force primordiale de toutes les forces, celui-là pourrait bien trouver tout en Dieu. Il me semble aussi qu'il n'est pas écrit sans raison : Cherchez avant tout le Royaume de Dieu, le reste vous sera donné par surcroît. Cette vérité en entraîne une autre : si vous ne cherchez pas d'abord le Royaume de Dieu, le reste, dans l'ordre divin, ne vous sera pas donné.
Mais qu'est le royaume de Dieu ? La possession parfaite de Jésus-Christ dans notre cœur, régnant en lui comme en son temple, avec Sagesse et Amour, et illuminant par son Esprit notre raison, de l'intérieur vers l'extérieur, afin que nous puis­sions percevoir l'extérieur de la nature.
Lorsque nous serons en possession de cet Esprit Universel (c'est-à-dire de l'Esprit du Christ dans notre intérieur), alors pourrons-nous peut-être, par sa Grâce, apprendre à connaître l'extérieur de l'esprit universel de la nature, mieux que ne le connaît la philosophie ordinaire.
Aussi longtemps que l'homme ne possède pas intimement l'art de la séparation intérieure (Scheidekunst) du sacré et du profane, du pur et de l'impur, il m'arrive pas non plus, dans l'extérieur, à séparer la bénédiction de la malédiction ; car la bénédiction extérieure est exactement proportionnée à l’intérieure. A cette Science, que je tiens pour la plus haute, la simple science est insuffisante ; il faut y joindre aussi la pra­tique et, pour la pratique, la puissance, et pour la puissance, la force qui vient d'En-Haut et qu'aucun homme ne peut par­tager avec un autre.
Celui qui pense autre chose sur cette matière est dans une erreur profonde. Il se trompe lui-même ou est trompé par d'autres puisqu'il ne connaît pas l'enchaînement des lois inté­rieures de la Divinité avec les lois extérieures de la nature. Je sais bien que quelques-uns disent : «La nature suit des lois immuables ; le soufre et le mercure engendrent en tous temps le cinabre ; l'arsenic et le soufre, toujours l'orpiment bien connu ; deux fois deux est toujours quatre, que ces nombres soient exprimés par un bon ou un méchant homme. Par suite, il en est de même avec la plus haute chimie. Lorsqu'on connaît enfin la matière, si l'on sait sa composition, si on l'a observée ou apprise chez d'autres, on peut faire les choses aussi bien que n'importe qui ; la nature ne peut nous dérober ses trésors, lorsque nous la contraignons par ses propres lois. »
Ainsi ratiocinent ceux qui veulent pénétrer dans le sanctuaire en escaladant le toit. Ce faisant, ils oublient que certains furent, à la porte, sommés de restituer sa propriété au Maître de la maison.
Il est vrai qu'il existe un plan qui, au premier coup d’œil, paraît sans réplique et qui possède tant de coloris extérieur qu'il a déjà séduit beaucoup d'hommes de haute intelligence. Seul, celui qui sait combien sont proches Dieu et la nature, combien Dieu dirige sans cesse et d'une manière infaillible son mécanisme ; celui qui conçoit cette grande vérité dont parle saint Paul : in ipso vivimus, imoveimur et sumus, celui-là com­prend aisément que Dieu ne laisse jamais tomber les rênes de ses mains sacrées et qu'il ne les confiera jamais à qui n'est pas profondément uni à lui. Cette nature ne serait pas l’œuvre d'une Sagesse infinie, si son auteur n'avait pas pris soin, en même temps, que sa puissance, ses secrets, ses ressorts cachés ne pussent jamais se trouver à la portée d'autres mains que celles dont il est assuré qu'elles ne conduiront jamais les rênes de la nature que conformément à son grand plan, à ses saintes intentions, à ses décisions immuables.
Ce serait d'ailleurs une présomption, proche du blasphème, de vouloir attribuer à l'Etre le plus haut la capacité d'abandonner le plus pur, le plus sacré et le plus élevé de la nature physique à des mains profanes. Je tiens, par conséquent, pour témérité véritable de vouloir atteindre la sainteté de la nature (qui est connue de fort peu et sera toujours l'apanage du plus petit nombre), sans s'être efforcé, d'abord, d'atteindre la sainteté de la Grâce à l'intérieur.
Celui qui, sondant la Bible d'un oeil clairvoyant, suivrait l'école des Prophètes, celui-là trouverait que l'or serait une production inférieure, s'il ne nous procurait la connaissance de l'essence physique primordiale des choses, à laquelle sont reliées des forces de la nature bien plus hautes et plus étonnantes.
Qui peut élever des prétentions sur l'essence primordiale des forces physiques ? Est-ce bien là l'œuvre du lutteur et du chercheur ? Ou n'est-ce pas, plutôt, oeuvre de Grâce et de pitié ?
Ce que je dis ici n'est pas une bigoterie (Frömmelei), mais une inébranlable et pure vérité. Et, précisément, cette vérité s'est toujours tenue éloignée de tous ceux qui s'adonnaient à l'alchimie, en vendaient les secrets, ou prétendaient les ensei­gner. J'en ai beaucoup entendu, mais j'ai trouvé chez fort peu une pure compréhension.
Je ne nie pas que le désir de s'enrichir ait conduit certains à des découvertes nouvelles et utiles, ni que la chimie ordinaire doive beaucoup à l'alchimie. Mais, en ce qui concerne le supra­-universel, il me semble que seul le supra-universel puisse le distribuer ; qu'il est réservé pour un grand but dont Dieu seul est maître et devant lequel nous devons nous incliner avec humilité, sans vouloir le pénétrer, quelle que soit la manière dont ce qui doit arriver s'accomplira.
L'or que je cherche est Vérité ; mon argent est Sagesse, et ma pierre philosophale est la connaissance de mon néant - et de la toute-puissance de Dieu dans les profondeurs de la nature.

Exposé des Conceptions générales qu'on a sur le Feu, la Chaleur et la Lumière
La cause objective de l'impression que l'on connaît sous le nom de lumière est la substance lumineuse.
La cause objective de l'impression connue sous le nom de chaleur est, seulement, matière de chaleur.
La cause objective du phénomène que l'on connaît sous le nom de feu n'est jamais matière de feu.
Ces trois causes des trois phénomènes de Lumière, Chaleur et Feu, peuvent être envisagées, soit dans leur manifestation concrète, soit dans leur état statique. 
Dans le premier cas, on désigne cette production sous le nom de lumière sensible, de chaleur sensible, de feu sensible, ou, avec d'autres mots lumière manifestée ou développée (entwickeltes Licht), chaleur manifestée, feu manifesté.
Dans le second état : lumière latente, chaleur latente ou feu latent. Ou encore, lumière non manifestée, chaleur non mani­festée, feu non manifesté.
On comprend sous le nom de substance lumineuse absolue, tout corps qui, indépendant de la lumière sensible ou latente, est une substance absolue servant de base à la manifestation. La substance calorique absolue est tout corps qui, indépendant de la chaleur sensible ou latente, sert de base réelle à la chaleur
La substance absolue du feu est tout corps qui, indépendant du feu sensible et latent, est nécessaire comme substratum réel du feu.
Précisément, la question : « Une lumière, une chaleur et une substance ignée absolues existent-elles ? », est celle qui intéresse le plus les chercheurs d'aujourd'hui ; or, l'objet de mon ouvrage est d'établir l'existence de ces substances absolues.


Suppositions rationnelles sur l'Existence possible d'une Chaleur lumineuse et d'une Matière ignée absolues
Chaleur lumineuse et feu sont pour nous, jusqu'ici, des phé­nomènes d'un certain ordre et sont ressentis simplement comme tels. Ils n'ont pour nous, jusqu'ici, qu'une existence subjective parce que la réalité objective de leur existence nous est encore cachée.
Pourtant, malgré cette occultation de la réalité objective, le phénomène de lumière, chaleur et feu continue à être éprouvé par nous. La sensation nous met en face d'une cause qui agit sur les organes sensoriels, et la cause agissante objective doit être à la fois substance et matière.
L'essence de la lumière, de la chaleur et du feu peut être admise comme objet remplissant un espace. Mais, remplir un espace est une propriété de l'essence de la matière. Par suite, lumière, chaleur et feu (comme remplissant l'espace) doivent aussi lui appartenir.
La cause objective de toutes les sensations est et reste tou­jours la matière ; la lumière, la chaleur et le feu sont sentis et appréhendés par l'ensemble des organes ; la subjectivité de la sensation suppose nécessairement l'objectivité de la matière.
Une substance sans matière n'est pas concevable. Il est in­concevable de saisir une substance sans saisir aussi, en même temps, la matière. La lumière, la chaleur et le feu sont des phé­nomènes : ils sont ressentis. Le phénomène et la sensation sup­posent une réalité qui ne peut être que la matière, parce que celle-ci est l'objectivité nécessaire à tous les phénomènes et à toutes les sensations.
Toutes ces anticipations de la raison nous laissent déjà supposer qu'il faut qu'il y ait une substance absolue de lumière, de chaleur et de feu. Seulement, lorsqu'une substance est réelle­ment présente, il faut qu'elle soit montrée et elle doit être cer­tifiée par l'expérience.
Par de très simples manipulations, j'ai séparé ces trois substances du phosphore. (1).

Nature des métaux
Les métaux ne sont en eux-mêmes rien d'autre que du phos­phore, lié à une terre compactée, analogue au talc.
Plus il y a de phosphore enfermé dans un métal, d'autant plus noble il est. L'or, l'argent, le platine, contiennent pour cette raison le plus de phosphore et leur terre est celle qui renferme le plus de force compactante (einschrankendekraft).
La diversité des métaux dépend, par cela même de la diversité des quantités de phosphore qu'ils renferment ; lforme et la couleur sont inhérentes à cette condensation.
Lors de l'analyse de tous les métaux, on trouve une terre compactée, ou analogue au talc, terre colorante, et du phosphore.
Dans tous les métaux, le phosphore est la partie alliée et ce qui lie est la terre compactante et colorante (2)
C'est pourquoi le phosphore pourrait bien être simplement seul dissolvant des métaux parce qu’il est la partie qui leur est alliée. Par lui, tous les métaux peuvent être dissociés et, de nouveau, reconstitués.
Tous les métaux possèdent les mêmes éléments fondamentaux et ne se différencient que par leurs proportions.
Par le changement des proportions de leurs éléments con­stitutifs, les substances métalliques peuvent être transformées.
Mais, pour cette transformation, il faut une dissolution radicale.
La proportion des principes décide de la forme ; la qualité est inhérente à la forme.
Par suite il y a une progression ascendante et descendante pour l'anoblissement ou l'avilissement. Plus il y a de phosphore dans un métal, d'autant plus noble est ce dernier. Par suite, la plus massive condensation du phos­phore est la condition du plus grand anoblissement.
Faire du verre et faire de l'or ont la plus grande analogie. Le verre consiste en sable et alcali ; l'alcali étend le sable et le sable étendu resserre l'alcali. Et ainsi résulte un produit qui est le verre.
Le phosphore étend la terre compactante, celle-ci resserre le phosphore, et il en résulte un produit qui est le métal.
Lorsque le verre est recouvert d'alcali, il se laisse décomposer en ses différentes parties.
Lorsque le métal est recouvert de phosphore, il se laisse dé­composer de même.

Exposé des Conceptions sur la Dissolution Radicale

La dissolution radicale consiste en la parfaite pénétration, c'est-à-dire : que la substance constitutive aussi bien que l'agent de la solution pénètrent l'objet à dissoudre.
Lorsque cette pénétration n'est pas effective, il n'y a pas de dissolution radicale, mais seulement un partage mécanique, dans lequel les substances n'agissent pas l'une sur l'autre, mais seu­lement l'une dans l'autre. Ceci explique pourquoi les chaux métalliques (oxydes) augmentent de poids, tandis que la dissolution radicale des métaux par le phosphore produit des corps légers et résineux.
Lors de la dissolution radicale, s'effectue une pénétration chimique parfaite ; l'interne est atteint et pas seulement les parties liantes externes. C'est pourquoi le « solvens » se mélange totalement avec son « soluto ».
Dans les métaux nobles, les substances fondamentales sont associées de telle manière qu'elles ne peuvent être séparées ni par la nature, ni par l'art, ni par aucun moyen étranger.
Mais, aussitôt que des métaux nobles sont manipulés avec la substance de base fondamentale, qui est également leur élé­ment, ils fondent peu à peu en elle, comme la glace dans l'eau, et se répandent dans leur dissolvant.
Cette dissolution radicale est une douce fusion qui doit s'opérer sans détruire la forme métallique ; c'est pourquoi le moyen de la dissolution radicale doit être de même nature que l'objet à dissoudre.
Mais le medium de la fusion et de la dissolution radicales doit être de la même nature, c'est-à-dire qu'il doit consister dans les substances et les forces essentielles desquelles le métal parfait est lui-même constitué, et posséder également les mêmes éléments, mais à l'état fluide et à un plus haut degré d'activité.
Un tel médium est le Menstrue Universel, la + du Mercure philosophique de la Nature, le dragon dont la tête mange sa propre queue.
Cet Universel peut, après avoir absorbé l'interne du métal, s'épaissir en ce corps qu'on nomme la Pierre, susceptible de s'unir ensuite avec d'autres métaux purifiés et dilatés par le feu, afin de les porter à leur suprême perfection et d'en faire les rédempteurs du, reste des métaux imparfaits ; cette perfec­tion se nomme transmutation, mais est simplement une réunion radicale des principes métalliques qui, par cette réunion, chan­gent nécessairement de forme extérieure.
La chimie profane s'épuise dans ses travaux à multiplier, par de nouvelles combinaisons, les espèces de métaux déjà connues elle a déjà apporté jusqu'à vingt métaux différents, au lieu de s'efforcer de les ramener tous à une seule espèce (laquelle est, en somme, dans le royaume minéral, le but de la Nature), afin de se rapprocher davantage de la connaissance de la nature métallique.
Aussi ne connaît-elle, jusqu'ici, que la séparation mécanique de la substance des métaux : la véritable dissolution radicale, qui est la seule vraie solution, transfusio per minima et complète pénétration, lui est inconnue.
Animer un corps revient à dire : lui transmettre cette substance calorique et, par elle, lui donner pénétration, subtilité et mou­vement.
L'animé seul peut à son tour animer ; rendre l'es métaux vivants signifie les animer.

Remarques principales sur la dissolution de l'Or

L'or consiste en trois choses, dont deux superficielles, mais une essentielles.
Les superficielles sont les parties liantes du métal ; elles sont la terre métallique et le liquide du phosphore.
Le « lié » est le soufre-phosphore (Phosphor-Schwefel) et c'est pourquoi tous les métaux se dissolvent radicalement, dès qu'ils sont mélangés au soufre-phosphore : le soufre qui se trouve dans le métal s'unit aux parties liées du mélange et rencontre les parties liantes, ou la base métallique, la terre vierge.
Ainsi s'unit le soufre du métal, comme âme de l'or, avec le phosphore, abandonnant le corps-or ou la terre-or. ­ L'esprit suit l'âme. ­
Alors le corps devient blanc comme neige ; ce corps blanc ou terre pure doit recevoir de nouveau son âme, car l'esprit et le corps reçoivent après leur réunion une nouvelle forme (3).
Là où l'on peut séparer cette terre blanche, est justement trouvée la Pierre ou base des métaux. Il reste à revivifier ce corps pur au moyen de son âme, ce qui s'opère en lui donnant son animateur ou phosphore.
Ce phosphore est en même temps le feu de la corruption et celui de la génération. Il corrompt les corps impurs et régénère les corps purs, en les amenant à une plus haute perfection.
Donc, le phosphore a la plus étroite parenté avec la terre métallique. En conséquence, quand cette terre est mise en con­tact avec un métal, la force potentielle ignée (force du phos­phore) contenue dans ce métal s'unit aussitôt avec la terre métallique, rejette l'impur et l'ennoblit avec la force ignée. qui lui est proportionnelle et qui s'est alliée avec la terre métallique.
Si l'on prend des métaux purs, qu'on les fonde et qu'on leur ajoute en même temps du phosphore ou des corps contenant du phosphore, ils se multiplient en poids.
L'argent se transforme en or dans la mesure où le phosphore l'a pénétré, à travers une certaine portion de terre compactante.
Toute la transmutation des Anciens consiste en ce que la terre pare, l'âme, l'interne, attire le phosphore, se baigne dans ce même métal pur, s'unissant au pur et rejetant l'impur.

Sur l'intérieur des Choses

A l'intérieur des choses est une substance pure, ignée, sul­furique, incombustible qui, lorsqu'elle est fixe, pourrait être appelée la Lumière de la Nature ; car c'est l'éclat et la forme de tous les métaux, illuminant et perfectionnant tous les corps.
Ce sel interne possède une force qui change les formes, les colorant et les pénétrant. Cette force pénètre tous les métaux, les forme radicalement, s'unit à eux indissolublement et, sous les espèces d'une Pierre tingeante, les transforme en un autre métal. Les diamants mêmes sont fondus comme de l'eau par ce sel.
Ce sel est le vrai Baume de Soufre.
Au centre des cendres métalliques se trouve un sel extra­ordinairement pur, pareil à un cristal limpide, qui se liquéfie très facilement lorsqu'il a atteint son plus extrême degré d'épu­ration ; en lui réside le pouvoir incorruptible de donner la per­fection et tout l'accroissement possible. Cette force ne peut être détruite par le feu dévorant, ni dissoute par le froid de l'eau dissolvante, parce qu'elle est animée et mue par son propre esprit, et qu'elle est réintégrée dans son état primitif. Ce sel se trouve, dans les créatures du royaume souterrain, d'une par­ticulière fixité et pénétration.
C'est pourquoi le sel, chez tous les peuples et dans toutes les religions, est considéré comme sacré.

Sur la Séparation Fondamentale des Métaux

1
Notre Soufre de nature est le salvens universale, la clef de l'intérieur de la nature (4).
2
Par cette clef, les corps sont ouverts, pour recevoir la terra virginea (5).
3
Cette terra virginea, cette substance de la nature est la substratum fixe, comme le soufre de la nature est le volatil. Le soufre de nature est le centre supérieur ; la substance de nature, l'inférieur
Ces deux doivent être réunis, et c'est en cela que consiste l'art
1°. - Séparer les principes du corps ;
2°. - Purifier ces principes ;
Il y a d'innombrables voies dans l'art, et d'innombrables matières ont les principes peuvent être extraits, mais les che­mins les plus courts sont les meilleurs (6).
Ne vous laissez pas égarer par toutes les méthodes par lesquelles certains ont obtenu, de la manière la plus fatigante, ces deux pierres fondamentales ou matières.
Vous connaissez le soufre de nature ou la pierre volatile. C'est suffisant. Par là vous obtiendrez le fixe des corps ou la terram virgineam (7). Vous n'avez pas besoin d'en savoir da­vantage que de vous servir de ces principes.
Le soufre de nature est la terre volatile qui plane au-dessus de nos têtes.
La substance de nature est l'eau sèche qui ne mouille pas les mains ; tous deux sont une matière, mais sous deux formes différentes.
Notre matière est, par suite :
simple, double, triple et quadruple,
10
et, pour cette raison, universelle.
Elle est simple, parce que le Supérieur et l'Inférieur sont réunis en elle ; l'Humidité radicale de la nature, dans laquelle se combinent le Soufre de nature et la Substance de nature.
Elle est double, considérée comme soufre de nature ou prin­cipe supérieur, et comme substance de nature ou principe in­férieur : comme forme et matière.
Elle est triple, contenant l'Esprit, l’Âme et le Corps, ou : la force, l'organe et la forme.
Elle est quadruple parce qu'elle contient une humidité fixe et une sécheresse fixe ou les quatre éléments 
Humidité fixe, sans eau.
Sécheresse fixe, sans terre,
Humidité volatile, sans air,
Sécheresse volatile, sans feu.
Et c'est en cela que consistent les véritables connaissances de la matière universelle. Par ces propriétés seules elle est universelle. En cette matière, toute puissance terrestre est in­cluse ; seule, cette puissance doit être développée et mise en oeuvre.
Il faut savoir que les Anciens cherchaient cette terre dans différents corps, puis qu'ils la calcinaient sur un feu vif et obtenaient de cette manière le soufre de nature qu'ils exposaient ensuite à l'air, afin d'obtenir notre Acide (8).
La terre blanche et notre soufre sont donc la même matière et son dissolvant doit être, de nouveau, dissous avec elle, puisqu'il s'en différencie simplement par la proportion et la di­gestion, leurs rapports étant ceux de l'extensum au concreto.
Quand donc la terre mouillée (9) ou le Soufre-Phosphore, est réunie à notre Eau sèche ou substance de nature (terra virginea), il en résulte le Rebis des Anciens, c'est-à-dire deux choses en une.
Lorsqu'on projette une portion suffisante d'acide phospho­rique dans notre terre et qu'on la dissout, cette solution se nomme mercurius duplicatus.
La perfection de l'œuvre consiste à unir l'Esprit céleste avec la matière ; cet Esprit réside dans notre Soufre de nature, et il est appréhendé par la terre.
Dans le soufre de nature sont les éléments ; dans la terra virginea, les éléments proxima ad generationem.
Dans ce Soufre se trouve l'entité réelle (entia realia) des minéraux, mais la force interne meut l'externe et le détermine morphologiquement.
Seul l'Universel doit être déterminé, soit en métal, soit en tout autre corps, et dans cette détermination consiste l'ensei­gnement pratique de la production des métaux.
L'homme ne peut agir, par l'Universel, que sur ce qui est déjà créé présentement ; spécifier son Universel, à son gré, en ce qui est créé. Créer est le propre de la Divinité seule, car tout ce qui devait être créé est déjà là. L'homme ne peut donc que spécifier.
Notre terre blanche est la nature transformée ou natura naturata ; notre soufre est la nature transformante. Les unir l'une à l'autre, voilà la science ! 
Cette terre blanche est la première substance visible et saisissable créée par Dieu ; elle apparaît toujours en forme blanche. Les Anciens disaient : Omnia in manu Dei sunt. ut ab ipso tingi poissant (10).
Cette terre blanche réside à l'intérieur de toute chose ; elle est le tabernacle du soleil. Il n'est pas nécessaire de la préparer. Quand on a la clef universelle de la nature, on peut ouvrir tout corps et en extraire l'interne.

Essentialité et Qualité, ou but de la nature intérieure

Lorsque notre terre blanche est unie au soufre, c'est le Mer­cure des Sages, le véritable Gur métallique dans l'eau philo­sophale, disaient les Anciens : Latet Spiritus Essentiœ qui solius est virtus magistraliter corrumpere et in ima Mateiriam Corpora transmutare.
La VÉRITÉ est la substance secrète de toutes choses, l'Ame gé­nératrice, la Lumière ; et cette Vérité est l' « unique nécessaire ».
Notre terre blanche est un soleil concentré, lorsqu'elle a bouilli dans son Acide elle est l'élixir philosophal. C'est pour­quoi l'Enigma de Paracelse est vraie, à la lettre : « On doit voler le soleil, cuire l'eau dans la lune.
Voler le soleil est notre soufre, formé d'atomes solaires concentrés ; le soufre-phosphore, l'eau de Lune est notre Acide (11).

Sur la nature de l'Or et de l'Argent

Le soufre est l'Homme, l'arsenic, la Femme, disent les Anciens. Le soufre produit le métal rouge et l'arsenic le métal blanc.
Mais il est nécessaire d'avoir une conception plus précise du soufre et de l'arsenic.
On ne doit pas comprendre sous ces noms le soufre et l'arsenic ordinaires, mais ceux des philosophes.
Le soufre des philosophes réside dans le charbon ; c'est la substance du feu (12).
L'arsenic des philosophes est l'acide phosphorique, De là l'odeur d'ail du phosphore.
Le soufre dérobe son acide à l'arsenic. Le charbon dérobe l'acide du phosphore. Ces expériences nous attestent la parenté de ces corps.
EXPÉRIENCE
Lorsqu'on prend une fine poussière de charbon, qu'on la place dans une cupule de porcelaine, qu'on l'humecte avec de l'acide phosphorique et qu'on l'expose au soleil de l'été, puis qu'on fond la masse au moyen d'une loupe pendant quelque temps, on obtient une très belle petite feuille d'or. Mais celle-ci s'évanouit de nouveau dans l'air, en acide phosphorique ou plutôt en acide « aurique » (Goldsäure).
A cet or aérien phosphorique, il manque seulement la terre compactante pour qu'on ait un véritable métal. Cette expérience prouve suffisamment que toute la métallité consiste simplement dans une union de la substance du feu avec la substance de la lumière, lesquelles se trouvent dans le charbon et l'acide phos­phorique.
AUTRE EXPÉRIENCE
J'observai dans le phosphore que son extérieur est blanc et son intérieur rougeâtre (13). Cette observation me conduisit à penser que la partie blanche du phosphore pouvait avoir une tout autre action que la partie rouge.
Je manipulai donc une fois ma poudre de charbon avec le blanc du phosphore que je détachai simplement de la surface ; je le plaçai au soleil et laissai ma loupe agir dessus. J'obtins une petite feuille d'argent quand le blanc était en plus grand poids que le charbon ; mais s'il m'arrivait de mettre une plus, grande quantité de charbon que de matière blanche, j'obtenais une petite feuille d'or qui, comme l'autre, s'évanouissait dans l'air en acide (14).

Abstractions

Cette expérience m'enseigna que l'or se différencie de l'argent simplement en ce que, dans le premier cas, la substance du feu dépasse en poids celle de la lumière.
L'argent se différencie de l'or en ce que la substance de la lumière dépasse en poids la substance du feu. L'or est donc de nature masculine et l'argent de nature féminine.

Sur les Dissolutions

Aucune dissolution ne peut réussir que si le corps à dissoudre est dissocié d'avec les parties étrangères qui lui sont associées.
La dissolution chimique doit, tout d'abord, être facilitée du mieux qu'on peut par le partage mécanique. Cela s'obtient par la plus fine division, le pilonnage des parties, afin d'offrir à la solution chimique autant de surface que possible.
Dans les métaux, c'est l'alliage du phosphore ou du soufre métallique, qui est retenu par une terre analogue au talc. Cette terre compactée unie à la base métallique doit donc être saturée d'acide phosphorique.
Par sa nature, le phosphore a plus d'affinité avec l'acide phosphorique qu'avec le métal qui l'enferme. Le soufre métal­lique est donc divisé ; l'acide phosphorique, comme moyen de dissolution, cherche à le pénétrer.
La solution des métaux dans l'acide phosphorique est une destruction du soufre métallique par saturation acide, car l'oxygène (Sauerstoff) s'unit au principe igné contenu dans le phosphore dilué et forme l'acide phosphorique : le soufre mé­tallique est dégagé de la terre enveloppante, et le métal séparé en ses composantes.
Il serait certes bon de savoir, à chaque dissolution, les pro­portions exactes des parties composantes du corps à dissoudre par exemple, dans le métal, la partie à dissoudre étant le soufre métallique, il faudrait donc reconnaître la proportion de soufre renfermée dans ce métal. C'est alors qu'on pourrait déterminer avec précision la vraie proportion de dissolvant à employer.
La règle certaine reste toujours que le poids de la partie à dissoudre appelle un poids triple de dissolvant. D'après cette règle, on devrait employer pour une once de chaux d'argent huit onces d'acide. Dans de telles opérations, il n'y a jamais trop de dissolvant : c'est du trop peu que vient le dommage (15).
Mais pour trouver une loi certaine et préciser sûrement la quantité de dissolvant, je me suis mis ainsi à l'œuvre :
Comme l'expérience me montrait que la portion à dissoudre dans les métaux est le soufre métallique, je pouvais conclure rationnellement que tout le processus de la dissolution résidait dans la transformation du phosphore ou soufre métallique en acide phosphorique. Après des expériences réitérées, il se confirma qu'un grain de phosphore donnait deux grains d'acide ; par suite, pensai-je, on pourrait, de la somme des poids, pré­ciser une certaine portion de chaux métallique ; en d'autres termes, combien de chaux métallique contenait le métal, et, d'après ce calcul, il serait possible une fois pour toutes de recouvrir le métal à dissoudre avec trois parties de dissolvant.
La chaux métallique résulte de la destruction du soufre métallique.
C'est un métal auquel on a retiré son soufre ou plutôt une base métallique sursaturée d'acide, parce que la métalléité de son état dépend seulement du soufre. Le soufre métallique se détruit quand l'oxygène s'unit avec le combustible  c'est-à­-dire avec la matière de feu qui se trouve dans ce métal et pro­duit avec celui-ci de l'acide phosphorique.
Donc, où se produit la chaux métallique il y a manque en soufre-phosphore métallique. Celui-ci reparaît de nouveau, aussitôt que l'acide peut s'unir avec la base du charbon pour former le soufre métallique.

EXPÉRIENCE
On fait réduire simplement sur le feu une certaine quantité de chaux métallique ; on constate une perte de poids du métal réduit, parce que par la calcification une partie de l'acide phos­phorique s'est volatilisée. Comme la quantité d'acide disparu avec la substance du feu ne peut pas fournir la quantité suf­fisante de soufre métallique, il s'ensuit nécessairement une perte de métal.
Mais si l'on ajoute certaines plantes, comme le cresson, la moutarde, etc., lors de la réduction de l'acide, le poids se trouve totalement rétabli. On peut se persuader ainsi que l'acide phosphorique dégagé par ces ingrédients s'unit avec la base du feu pour rétablir le phosphore ou soufre métallique.
J'observai aussi lors de cette expérience et en préparant la chaux métallique, qu'on ne peut produire de métal réel que dans la mesure où la terre enveloppante ou base métallique se trouve en état de s'incorporer le soufre métallique. Seule une certaine quantité de terre métallique limite une certaine portion de soufre métallique et le métal se compose d'après les modes de cette limitation, qui dépendent de la pureté de la terre envelop­pante.
Calciner un métal signifie lui dérober son soufre ; réduire un métal, c'est lui rendre son soufre,
La calcification se produit quand une plus grande portion d'oxygène se combine avec la base de la substance du feu et engendre le phosphore.
La réduction se produit quand une plus grande portion de substance du feu transforme l'acide phosphorique en phosphore et que l'oxygène se volatilise (16).
Il nous semble donc que, par l'observation de la chaux métal­lique (17), la nature nous conduise à celle de sa propre géné­ration des métaux. Il semble qu'elle choisisse d'abord les terres métalliques et les sursature d'acide pour en former des sels métalliques. Il en résulte une sorte de chaux métallique ou une base métallique sursaturée d'acide, à laquelle manque seu­lement le soufre métallique pour devenir un métal complet.
Les parties liantes ou la base métallique sont alors la terre colorante et celle qui est analogue au talc ; elles peuvent donc, analogiquement, être comparées à la farine chez le boulanger.
L'acide phosphorique serait le ferment par lequel cette base métallique devrait être, peu à peu, acidifiée pour se qualifier progressivement comme « sujet métallique. » De même, la base de farine doit se qualifier comme « sujet du pain ».
Après complète acidification, il ne manque plus rien sinon la cuisson au four. Celle-ci devrait être accomplie par la substance du feu, au moyen de laquelle le ferment métallique s'unit à la base pour produire le métal adéquat.
Une autre belle expérience nous démontre la justesse de ce très intéressant processus de la nature.
Si l'on calcine du sang humain (18) et qu'on le saupoudre de poussier de charbon, on obtient très vite une espèce de mâchefer.
La question se pose alors : Comment s'est formé ce mâchefer ?
Nous savons que le sang contient de l'acide phosphorique ; nous y trouvons aussi le substratum de la base métallique ou la terre de cobalt qui, en combinaison avec l'acide phosphorique, produit la belle couleur bleue qu'on observe dans la lessive du sang.
Nous avons donc dans le sang deux substrats : l'acide phos­phorique (19) ou ferment métallique et la terre de cobalt ou terre métallique. Il ne manque rien ici, hormis la substance du feu. Celle-ci est tirée du charbon et forme avec l'acide phos­phorique un véritable soufre métallique, renfermé dans la terre de cobalt contenue dans le sang et qui forme une scorie mé­tallique.
Il me semble que nous avons là, en petit, un procès de ge­nèse métallique (20).

Résolution du Phosphore en acide phosphorique dans l'Huile de vitriol

Le phosphore se résout en acide phosphorique dans l'huile de vitriol.
Nous savons que 60 grains de soufre brûlés dans l'air pur donnent 87 grains d'acide vitriolique (Vitriolsäure). L'acide vitriolique est donc de l'acide sulfurique (Schwefelsäure) trans­formé par l'oxygène.
Comme nous connaissons l'ingrédient principal de l'huile de vitriol, nous pouvons ainsi expliquer la cause de la dissolution du phosphore dans celle-ci.
L'oxygène contenu dans l'huile de vitriol a davantage d'affi­nité pour le phosphore dilaté par la chaleur ; par là, il se réunit à sa base pour former avec elle de l'acide phosphorique.
On peut compter sur chaque grain de phosphore deux grains d'acide, en multiplication de poids, donc qu'un grain de phos­phore donne deux grains d'acide.

Sur la Possibilité de l'Existence des Teintures Métalliques

Prouvée par des raisonnements et des expériences sur la dissociation des Métaux
Teindre signifie transformer.
Pour que quelque chose soit teint, il faut que quelque chose ait été changé.
Il faut donc, pour ce faire, que deux choses soient en pré­sence : Ce qui doit être teint ou transformé, ce qui teint ou transformera.
Ce qui teint ou transforme est la Teinture ou l'Actif ; ce qui doit être teint est le Passif ou le sujet de la teinture.
Teindre [au sens alchimique : « tingiren »] a quelque res­semblance avec les procédés de la teinture [au sens industriel « Färberei »] ; colorer équivaut à changer l'orientation des par­ticules d'un corps par rapport aux rayons lumineux. La colo­ration résulte donc d'une modification de la forme, et ce ré­sultat est inséparable d'une forme donnée.
Teindre (« tingiren ») signifie donc simplement changer la forme ou la direction des parties à colorer par rapport à la force lumineuse en action (21).
Ce qui «teint » doit donc contenir une force capable de donner une certaine orientation aux éléments du corps à teindre, afin de les faire apparaître en telle ou telle modalité chromatique et non en telle autre.
Chaque substance colorante capable de teindre doit renfermer en elle la force colorante concentrée ; plus quelque chose est concentré, d'autant plus puissante est la force de dilatation. Plus les particules d'un corps teint sont rapprochées, d'autant plus grande est l'intensité de la couleur et d'autant plus ce corps sera susceptible de teindre à son tour d'autres corps dans la dissolution.
La force de la teinture est proportionnelle au degré de con­densation ; l'essence de la teinture réside dans l'état de la plus intime union des parties et la forme tinctoriale se comporte d'après la faculté de redilatation de ces parties.
La formation d'un métal consiste simplement dans un chan­gement de forme de la base métallique.
L'expérience prouve que lorsqu'on traite des métaux avec de l'acide phosphorique ils se transforment en une substance collante et résineuse. Ils perdent leur poli et leur éclat parce que le soufre métallique se change en acide phosphorique et que, par suite, la métallité est détruite. La cause de la métallité est, par conséquent, le phosphore ou le soufre métallique.
Du moment où se reconstitue ce soufre métallique, cette substance collante et résineuse redevient métal.
Il y a donc un changement de forme : le soufre métallique donne à cette base une autre orientation et le résultat de cette action est le métal.
Celui qui peut teindre ou transformer un métal en or doit être en état de modifier d'une telle manière la matière de la lumière, que celle-ci, grâce au soufre métallique, se trouve dans la plus étroite cohésion avec la base métallique.
Pour cette raison, le soufre métallique doit nécessairement être le principe tinctorial, parce qu'il est l'essence (Wesen) qui engendre les métaux.
Mais le soufre métallique est phosphorique, c'est-à-dire qu'il contient la substance de la lumière et du feu ou substance de la terre.
Là où la substance de la terre (Erdstoff) est liée le plus intimement possible à celle du soleil ou de la lumière, il en résulte, dans l'analyse, un corps solaire. Là où la substance du soleil se trouve dans la synthèse intimement unie à celle de la terre, il en résulte un corps aurique (Goldkörper).
Le soleil est un phosphore déflagrant, l'or, un phosphore concentré.
L'expérience nous montre comment le soufre d'or ou le phos­phore contient seul en soi la véritable essence tinctoriale.
Quand, par exemple, on fond de la limaille de cuivre avec du phosphore dans un récipient d'air vital (Lebensluft), on retrouve toujours, dans le résidu, une portion parfois très importante d'or et d'argent, à condition que la fusion soit faite très rapi­dement et que le verre n'en soit pas détérioré.
Nécessairement, la force pénétrative de l'acide phosphorique qui a dissocié le cuivre a amené ce phénomène : l'acide s'est uni dans le cuivre avec le charbon ou l'a substance de la lu­mière qui conserve le phosphore (lequel est retenu par la terre compactante) et a transformé en or une partie du métal (22).
L'or est le produit de la base aurique (Goldgrund), d'une terre enveloppante et colorante, analogue au talc, et, enfin, du phosphore ou du soufre métallique.
Le ferment de la base aurique est l'acide phosphorique ; celui-ci l'acidifie peu à peu. La base aurique acidifiée est le sujet, auquel manque simplement la base du feu qui se trouve dans le charbon, pour former avec ce dernier et l'acide phospho­rique un soufre métallique. Ce soufre forme un métal parfait, aussitôt qu'il est revêtu de la terre analogue au talc.
Ainsi la pâte du pain est faite avec de la farine acidifiée par la levure. Mais cette pâte n'est pas encore du pain ; elle le contient seulement en puissance de devenir, de même que la base métallique acidifiée n'est pas encore le métal, mails est seulement le métal en puissance.
La base métallique acidifiée nécessite encore le feu, comme aussi la pâte de pain pour devenir du pain. Dans sa réunion au ferment métallique au moyen de la substance du feu se produit le soufre métallique, qui donne à la pâte métallique sa maturité et en forme un métal réel.
Il semble que la nature agisse de même dans les mines. Tout d'abord elle forme sa terre colorante analogue au talc, qu'elle acidifie par ses vapeurs salines et ignifères. Ces va­peurs sont les Bergschwaden (exhalaisons des montagnes) (23) et on nomme la terre acidifiée Gur métallique.
Lorsqu'elle est pénétrée peu à peu par des vapeurs ignées ou les mauvais orages (böse Gewitter) des montagnes, elle absorbe la substance carbonique et forme avec l'acide phosphorique qui y est contenu le soufre métallique, qui forme les divers métaux suivant le temps, les proportions et le lieu (24).

Autres observations sur la Teinture Métallique

Une couleur susceptible de teindre doit être soluble dans l'eau. Une teinture métallique apte à teindre un métal doit être soluble dans ce métal en fusion (25).
Plus un corps est soluble, plus il peut transmettre de force. Les sels sont les corps les plus solubles ; par suite, ils doivent être les corps les plus aptes à servir de teintures.
Les sels sont une terre unie aux acides. Qu'une substance du feu s'y combine, ils deviendront sales, oléagineux.
La substance ignée fait le soufre métallique, avec l'aide de l'acide phosphorique. Par suite il semble que la meilleure des teintures métalliques doive être un sel véhiculé dans une huile.
Le soufre le plus pur fait le métal le plus pur ; en consé­quence, la teinture doit contenir le soufre le plus pur. Mais le soufre le plus pur est un feu réel - un phosphore - : Donc, la vraie teinture doit être toute phosphorique, toute feu.
Cette essence de feu possède la propriété de tout convertir en sa propre nature ; elle doit nécessairement consister en parties ayant de l'analogie avec tous les métaux, car les parties métalliques sont d'abord de même forme, puis reçoivent une forme particulière.
Cette formation indifférenciée est la purification, tandis que la formation sous un aspect déterminé est l'assimilation ou l'unification.
Sursaturer le métal avec du soufre purifié signifie le teindre, ou si l'opération s'effectue progressivement, l'amener à maturité. Cette maturation est la transmutation du métal, et cela s'effectue aussi naturellement que quand on produit du tartre vitriolique. 
Ainsi lorsqu'on met du salpêtre dans une coupelle qu'on place sur le feu et qu'on y mêle de l'acide vitriolique, l'acide vitriolique chasse l'acide nitrique et s'unit à l'alcali du salpêtre ; après qu'on a lavé le résidu avec de l'eau, on obtient le tartarum vitriolatum.
De même, si l'on place sur le feu la base métallique acidifiée, l'oxygène abandonne la base tandis que la substance du feu s'unit, avec une partie de cette base, au soufre métallique et forme un métal.
Et, de même que l'on ne peut pas dire de la première opération qu'on a transformé le salpêtre en tartarum vitriolatum, mais qu'on l'a dissocié pour le rassembler en un nouveau sel, de même on ne doit pas dire de la seconde opération qu'on trans­mue le métal, mais qu'on dissocie sa base métallique acidifiée et qu'on la ramène, par l'adjonction de son soufre, à une autre base métallique.

Expérience sur la Dissociation de l'Or

On pulvérise finement de l'or, on prend du phosphore, trois fois autant que la quantité d'or employée peut en supporter (26).
On place le métal avec le phosphore en digestion pendant quelques jours. On peut observer que le phosphore s'est uni à l'or sur un feu vif, toute la masse monte en fleurs couleur d'or, lesquelles se résolvent comme le phosphore avec une moindre chaleur, et avec une moindre encore, prennent un éclat métal­lique.

Observations

J'observe d'abord que le phosphore liquéfié coule comme une huile fluide sur la poudre de zinc tombée au fond du récipient.
Si l'on continue la digestion, dès qu'il attaque il s'écoule en une masse visqueuse d'un rouge foncé, dans laquelle on re­marque une fermentation interne.
Si l'or est totalement dissous par le phosphore, cette masse se parfait si, après refroidissement, on la retire de l'ustensile.
Elle est de consistance pâteuse, mais, à l'air libre et par le mouvement, elle se durcit. Par contre, en vase clos, elle sublime l'or en fleurs.
Mais si l'on prend de l'or en feuilles et qu'on le triture avec du mercure puis qu'on recouvre cet amalgame de phosphore et qu'on le mette en digestion pendant quelques heures, alors l'amalgame facilement fluent commence à se liquéfier. Le phos­phore pénètre toute la masse, le mercure s'unit à l'or et amal­game celui-ci avec le phosphore. A feu vif, le mercure déborde et l'or se montre en fleurs qui, à l'air, se résolvent en huile (27).

Observations sur ce qui précède

L'or est, dans le royaume minéral, semblable au soleil. De même que le soleil conduit tout à la perfection, le perfection­nement du métal est donné à l'or.
L'or doit être dissous dans son eau mercurielle, hylique.
Les métaux ont l'éclat, la ductilité, la densité.
Ce sont là des propriétés ; il faut chercher d'où elles pro­viennent. Dès qu'un métal est mis en digestion avec le phos­phore, il perd d'abord sa densité.
La cause de la densité doit donc nécessairement se trouver dans l'union étroite du phosphore avec la base du métal, c'est­-à-dire que plus un corps renferme de phosphore, plus dense il est. Plus le phosphore est rare dans un corps, d'autant plus léger est ce corps.
Il faut considérer le phosphore comme de la matière de chaleur et de lumière réunies.
Lorsque la matière lumineuse est condensée dans la péri­phérie et que la matière calorique, à l'intérieur, se dilate, un corps devient léger.
Si la matière lumineuse se condense, elle se change en substance carbonique, la matière du feu se dilate et le corps apparaît comme dense.
Si l'on décompose les métaux avec de l'eau régale, ils perdent, il est vrai, leur aspect métallique, mais ils gagnent en densité L'acide agit sur le principe causal de l'éclat, condense la matière lumineuse en forme de charbon ; le charbon appréhendé le principe igné du métal et rejette le principe lumineux ; ainsi le métal se recompose.
Plus un métal perd du principe igné, d'autant plus il perd en poids. Plus il perd en principe lumineux, d'autant plus il perd en éclat. Plus il perd en matière calorique, d'autant plus perd-il en ductilité.
La matière calorique donne ainsi au métal la ductilité ; la matière ignée, la pesanteur ; la matière lumineuse, l'éclat. La question est :  Sous quelle forme se maintiennent lumière, chaleur et matière ignée dans le métal ?

Remarque

Aussitôt qu’on fait digérer un métal, en l’immergeant dans le soufre-phosphore, il se change en un corps d’apparence résineuse : la substance ignée lui est ôtée et, par suite, sa pro­priété : la pesanteur. La légèreté est inhérente à la matière calorique, elle se présente alors comme résine métallique.
Comme la matière calorique est l'instrument général de dis­solution de toutes choses, on pourrait appeler cette poix le dissolvant universel des métaux.
Cette poix est le vrai Gluten minéral (Elektrum-ciment).
On peut se demander ce qui relie ce ciment au métal. Nous répondons : La matière lumineuse avec celle du feu, parce que la matière lumineuse et ignée s'unit partout à la matière calo­rique.
Une autre question se pose alors :  Sous quelle forme la matière lumineuse se présente-t-elle dans le métal ? Nous ré­pondons : sous la forme de sa terra virginea ou substance enserrante ; tandis que la matière ignée se présente sous la forme du soufre-phosphore ou, aussi, sous celle d'un charbon métallique.
La matière métallique, si elle est dilatée, donne la matière lumineuse ; si elle est concentrée, la matière ignée.
Nous pouvons, par conséquent, obtenir, en partant de notre poix, la terram virgineam et, en même temps, le charbon mé­tallique.
Celui qui réfléchit doit et peut être dirigé sur des choses particulières, mais, pour cela, le travail et la recherche sont nécessaires.

Ordre de Progression de la Nature

Comme tout progresse dans la nature, les corps chimiques sont aussi assemblés progressivement et suivent la loi générale numérique de la mesure et du poids.
La nature agit sur tout par le mouvement ; le mouvement est l'expression de la succession ; la succession détermine un temps et le temps est numérique. Par suite également le mouvement et ses phases.
La nature ou les forces agissant sur le tout et des substances qui incorporent ces forces, partagent l'ensemble des objets en trois classes. Ils se présentent sous trois aspects différents qui sont en harmonie avec les formes qui en résultent
1 - 2 . à 2 ; - et 2 à 5.
La première classe contient tous les objets produits par le feu et dont la nature n'est pas changée ; toutes les pierres qui sont incalcinables et qui, par la première matière simple, ont été rassemblées au moyen de l'eau.
La seconde classe contient les produits volcaniques.
La troisième classe contient les substances calcinables, for­mées avec des débris animaux et végétaux, rassemblés par l'eau ; les pierres de roches, les pierres de chaux, la terre végétale, le charbon minéral.
Les parties organiques se trouvent dans la troisième classe et sont les parties actives ; là, la matière brute ou les produits volcaniques sont des corps passifs.
Les diverses formes des minéraux dépendent de ces parties actives ; car les productions de la matière organisée sont encore après leur mort ce qu'il y a de plus noble dans le royaume minéral et donnent la forme à la matière passive.
La nature donne la vie aux animaux, la végétation aux plantes, la figuration aux minéraux.
Le premier instrument qu'elle emploie est la force universelle "Eau mercurielle" qui pénètre tout ; elle pénètre chaque atome et dépose en lui la puissance de s'unir à d'autres.
Le second instrument dont elle dispose est la chaleur ; celle-ci tend à tout séparer.
La forme alternative ou "Eau mercurielle" est répandue également dans toute substance organique ; elle est toujours proportionnelle à la masse ; elle agit également, pénètre tout et prend, par extension en longueur, largeur et profondeur, la forme in­hérente à une semence organique dès que celle-ci agit sur un corps donné. Mais si elle agit sur des substances durcies par la dessiccation, elle n'en peut transformer que la surface.
Recette Pratique pour la dissolution des Métaux
1
Lorsque j'eus, par une incessante lecture et étude des plus anciens comme des nouveaux chimistes, par une comparaison soutenue des anciennes et des nouvelles expériences, reconnu la nature des métaux, je commençai à unir les expériences au raisonnement ; les résultats de mes travaux sont les suivants
2
L'art de transformer les métaux ne peut s'accomplir ration­nellement que sous trois conditions :
a) Il faut connaître la base interne du métal et ses compo­santes.
b) Ces composantes, il faut savoir les séparer. 

c) Il faut pouvoir ensuite les rassembler.
3
La métallité n'est rien d'autre que la fixation de la lumière et du feu. Tous les métaux sont du phosphore coagulé, et l'or y occupe le premier rang. Le soleil peut être considéré comme du phosphore en déflagration, et l'or, comme du phosphore en concentration.
Le soleil consiste en substance lumineuse et ignée.
Comme la substance lumineuse et ignée est expansive dans le soleil, elle est condensée dans l'or.
La différence des proportions entre la substance lumineuse et ignée fait la diversité des métaux.

EXPÉRIENCE
On prend un morceau de phosphore, on le laisse dans l'eau pour qu'il ne s'enflamme pas et on le fait fondre à un feu doux de lampe, dans une coupelle de porcelaine.
Lorsque le phosphore est devenu liquide, on y mêle du vitriol de Chypre (28) finement écrasé ; aussitôt le phosphore s'unit à lui et il en résulte du cuivre phosphoré (Phosphorkupfer).
Qu'on sèche ce cuivre, qu'on le place sur le feu, il s'enflammera et sera entièrement détruit. Mais qu'on le mette dans l'eau, il noircira peu à peu ; il se produira de la substance carbonique, tandis que la matière lumineuse passera dans l'eau sous forme savonneuse.
On tire par conséquent de ce cuivre la substance ignée ou carbonique, la substance lumineuse ou savonneuse, et l'acide phosphorique.
Avec cela, on peut apprendre à connaître toute la métallité qui consiste en la combinaison de la substance ignée avec la substance lumineuse, au moyen de l'acide du phosphore.

4
Dans l'acide phosphorique se trouvent les trois principes des métaux : le Soufre, le Mercure et le Sel des Sages.
5
L'acide phosphorique paraît où la substance pure du charbon, dilatée, s'unit à l'air vital (Lebensluft).
6
L'acide phosphorique contient la substance carbonique (Kohlenstoff), autrement dit le Soufre ; la substance acide, laquelle est le Mercure ou l'Air vital (substance carbonique à l'état fluide) ; enfin la substance lumineuse - celle-ci est le Sel.
Le Soufre des métaux (Metallschwefel) est le vrai Phosphore ; le Mercure des métaux est le véritable acide phosphorique, et les Sels métalliques forment l'acide phosphorique, lorsqu'ils s'allient à la terre métallique.
7
Les propriétés des terres métalliques sont d'être analogues au talc et d'être colorantes
La terre analogue au talc est astringente et contient la vo­latilité du phosphore, afin qu'il s'unisse à la terre métallique pour former un métal.
La terre colorante a en soi le principe colorant (29).

Expériences consécutives sur la Décomposition des Métaux
Décomposition des Métaux nobles par voie humide
On prend un métal noble qu'on a rendu spongieux au four­neau à réverbère ou qu'on a rendu apte à la décomposition par tout autre moyen, comme la fine trituration, l'amalgame, puis on le recouvre avec notre soufre, préparé philosophique­ment.
Alors, après l'avoir arrosé de notre Eau mercurielle, on le met à une chaleur douce et on laisse le tout digérer quelque temps.
Le premier phénomène qui suit est que le métal recouvert de son soufre perd son éclat et son poli et qu'il apparaît sous la forme d'un corps coloré et résineux, lequel se résout à la chaleur en une bouillie tenace et collante, mais qui s'évapore complètement, en vase clos, sur un feu moyen.
Si la transformation a été amenée convenablement, on peut passer à la séparation des parties constitutives.
L'opération a changé les parties constitutives du métal par la différence des proportions ; ce qui était « lié » dans le métal s'est uni au dissolvant et l'a séparé des parties liantes. C'est seulement par leur affinité que celles-ci tiennent et elles doivent, par conséquent, comme d'autres corps, être séparées selon les lois de l'affinité.
Mais avant tout il est nécessaire de séparer de nouveau la solution acide et le soufre métallique, afin que les parties constitutives, liantes et liées, se trouvent dégagées les unes des autres, selon leur ordre.
Les parties liantes peuvent être séparées des métaux lorsque la partie liée ou dissoute par le moyen de séparation approprié est retirée du mélange.
L'extraction s'obtient ainsi :  lorsque le métal pur est dissous par le soufre métallique dont il a été recouvert, on verse dans de l'eau distillée du sel ammoniac qui absorbe ce qui est soufre et phosphore. Le résidu contient les parties liantes du métal, c'est-à-dire la terre talciforme et colorante. Celle-ci doit être les­sivée et souvent désucrée avec de l'eau distillée.
Sur les métaux nobles, qui ont dans leur mélange fondamental la terre colorante et analogue au talc, on verse une solution d'esprit de sel et d'esprit de salpêtre qui absorbe la terre.
Dans tout métal qui contient seulement la terre analogue au talc, comme zinc, étain, etc., on n'a besoin que d'une solu­tion d'acide nitrique ; la terre talciforme, par sa décomposition en un sel alcalin, est rejetée. Lorsqu'on dessèche et désucre le dépôt, on obtient une terre blanche un peu grasse et savonneuse au toucher, laquelle est très inflammable.
Quand le résidu désucré de la terre colorante talciforme est mis dans une solution de mercure, en acide azotique, cette terre se dissout dans l'acide. Le sel s'unit au mercure et se dépose avec lui au fond du récipient.
On obtient le sel de cette terre en extrayant le mercure par distillation ; le sel se dépose au fond du récipient sous forme d'un sédiment rouge, inflammable. Si l'on veut séparer du métal l'acide phosphorique et le soufre métallique - ou phosphore réel -, qui sont tous deux dissous, on doit évaporer lentement cette solution et recouvrir le sel d'urine restant avec de la suie ou de la poussière de charbon ; en soumettant le tout à la distillation on obtient la quantité de phosphore qui se trouvait dans le métal et celui qu'on y a ajouté. Le résidu final est du sel d'urine.

Dissolution des Métaux par Voie sèche

On calcine les métaux et, dès qu'on leur a fait perdre tota­lement leur soufre métallique par la calcination, on procède à la transformation du métal détruit ou plutôt de ses compo­santes restées dans le feu.
Cela s'obtient le plus couramment lorsqu'on verse, de la manière qui a été décrite, de la chaux métallique bien préparée dans un acide chlorhydrique concentré et qu'on les met en di­gestion dans un vase clos jusqu'à ce qu'aucune trace d'une dissolution ne paraisse plus. L'acide chlorhydrique absorbe le sel métallique, il absorbe la terre colorante et forme avec elle une « encre sympathique » (30).
On sépare la terre talciforme de cette solution, après l'avoir laissée quelques jours dans un endroit frais. Au fond du vase on trouve le sel métallique en jolis cristaux. On les retire, on les rince à l'eau distillée et on laisse la solution (ou l'encre sympathique) reposer jusqu'à ce qu'elle ne contienne plus de cristaux. Ensuite on précipite la terre colorante au moyen des sels de lessive purs qui ont été dissous dans de l’eau, et on la sépare de l'esprit de sel qui, après plusieurs nouvelles affusions d'eau distillée, la laisse apparaître visiblement, justement comme les deux autres parties.

Extraction du Sel des Métaux

Les sels métalliques peuvent être totalement extraits des métaux. Ils végètent parfois au feu, dans certaines opérations, ou se laissent lentement cristalliser, au moyen de solutions acides.
EXPERIENCE
Ces sels se présentent le plus souvent en cristaux serrés, brillants, d'un vert céladon, très friables, et qui, extérieurement, offrent beaucoup d'analogie avec les efflorescences cristallines benzoïques, dissoutes dans l'eau et recristallisées, cachant dans leur intérieur une substance colorante.
Ces mêmes sels peuvent aussi se présenter sous forme d'une terre colorée. Ils se laissent reconnaître à leur couleur rouge dans une chaux d'étain bien calcinée.

Propriétés de ces Sels

J'ai observé que ces sels sont extrêmement réfractaires et non fusibles au feu le plus vif, comme la terre analogue au talc.
Ils se laissent dissoudre sans effervescence dans l'esprit de sel concentré et, comme ils ne s'unissent pas exactement avec celui-ci, on peut de nouveau les cristalliser et les faire revenir à leur première forme.
Ils s'unissent exactement à l'acide phosphorique et se pré­sentent alors comme de vrais sels métalliques, facilement so­lubles et fusibles.
EXPERIENCE
On prend les fleurs benzoïques (31), on les dissout dans l'eau et on cristallise cette solution. Le sel obtenu et séché ne sera pas fusible au feu.
On prend de l'acide phosphorique, on l'unit à ces sels, on les recristallise et on obtient un sel métallique pur.

Emploi des Sels Métalliques et leur rôle dans la production des Métaux

Ces sels s'unissent facilement au soufre phosphorique et mé­tallique, présentant aussitôt l'opacité et le brillant du métal.
Ils possèdent une force extrêmement constrictive, par laquelle le phosphore (ou le soufre-métal) perd son inflammabilité et acquiert la dureté métallique.
Ces sels exercent aussi une action spéciale sur le mercure ; ils le pénètrent intimement et sont en mesure de transformer ce métal liquide en argent fin. Mais, pour cette transformation, on doit seulement employer le sel d'argent ; il rend les meilleurs services et on l'obtient en séparant l'argent de la façon suivante.
EXPERIENCE
Comment, par la dissociation de l'argent on peut obtenir le pur sel de l'argent­ SAL LUNAE .
On met au fourneau à réverbère de l'argent rendu spongieux ou un argent qu'on a finement pulvérisé ou amalgamé pour le rendre apte à la dissociation, et on le recouvre avec du phos­phore. On place le mélange à la chaleur pendant quelques jours et on laisse digérer.
Au début l'argent perd son éclat et son poli, se présentant sous l'aspect d'un corps coloré et résineux qui se fond à la chaleur en une masse pâteuse, gluante et tenace, qui peut être totalement évaporée en vase clos.
Cette opération terminée, on entreprend la séparation des parties. La métallité de l'argent a disparu ; l'élément « lié » (c'est-à-dire l'acide phosphorique dans l'argent) s'est uni à l'acide phosphorique employé pour l'opération ; les parties liantes de l'argent sont séparées du « lié ». Elles tiennent ensemble uni­quement par leur affinité et, d'après la loi d'affinité, c'est également au moyen d'autres corps chimiquement apparentés qu'elles peuvent être séparées.
Mais, avant qu'on puisse tenter adroitement cette séparation, il faut extraire le moyen de dissolution acide, l'acide phospho­rique, car, sinon, les parties composantes ne pourraient pas être totalement extraites. La manipulation est la suivante.
Comme on l'a clairement montré ci-dessus, aussitôt que l'ar­gent a été transformé et dissous dans sa digestion avec l'acide phosphorique (qui l'a changé en une masse résineuse et col­lante), on verse dans cette solution du sel d'urine (sel ammoniac) dissous dans de l'eau distillée. Celui-ci absorbe aussi­tôt tout soufre et tout phosphore, et laisse intactes les parties liantes de l'argent, c'est-à-dire la terre d'argent, terre colorante et talciforme.
Ce résidu est lessivé et désucré avec de l'eau distillée. Alors on commence à dissocier ses parties liantes.
Les métaux nobles contiennent à la fois des terres colorantes et analogues au talc. On verse donc en même temps sur le résidu une solution d'esprit de sel et d'acide nitrique. Cette solution absorbe le résidu.
L'acide nitrique absorbe la terre analogue au talc.
On sépare cette terre par l'addition d'un sel alcalin qui pro­duit un précipité. Lorsque celui-ci est desséché et désucré, on obtient une terre blanche, grasse, de consistance savonneuse, qui est la véritable terre métallique analogue au talc.
Lorsqu'on place ce résidu désucré dans une solution de mer­cure et d'acide nitrique, la terre analogue au talc se dissout dans l'acide et le sel s'unissant au mercure se dépose au fond avec lui.
On retire alors le mercure par distillation et le sel demeure au fond, sous forme d'une terre rougeâtre, qui résiste au feu.
On prend ce sel et on le dissout dans de l'acide phosphorique, avec lequel il s'unit parfaitement. Si on le laisse se reformer en cristaux, on obtient un pur sel d'argent.

AUTRE EXPÉRIENCE
Lorsqu'on met de l'or rendu spongieux en digestion avec l'acide phosphorique et que l'on distille ensuite l'acide, on obtient un sel brun-rouge qui se laisse très facilement vitrifier. Ce sel donne la coloration à chaque métal dont la chaux lui est amalgamée.
Ce sel pourrait être la terre des philosophes - leur champ - ­dont ils tirent leur métal (32).

ABSTRACTIONS
Ce sel fixe, digéré une fois encore avec de l'acide phospho­rique et mis à cristalliser dans une cave, était desséché par les Anciens en une poudre qu'ils employaient comme médecine.
Ce sel, pulvérisé avec de la chaux d'or et enfermé dans une fiole sèche, se transforme à une faible chaleur en une liqueur d'un rouge sang (33).
Cette liqueur peut être fixée à feu de lampe.
Ce fixe, pulvérisé, et mis sur du mercure (34), travaillé par degrés dans un creuset clos, donne une poudre tingente (Tingirendes Pulver).
Si l'on dissout une portion de chaux d'or dans notre acide phosphorique, que l'on sépare le résidu et qu'on verse par­-dessus la solution claire (35), on obtient une huile d'or rouge.
En se basant sur ces diverses façons d'opérer, si l'on mé­lange la chaux à notre acide, on peut faire toutes les olea metallorum.
AUTRE EXPÉRIENCE
On amalgame de l'or fin avec notre acide ; on retire l'acide, puis on calcine l'or ; on amalgame encore une fois avec notre acide, on sépare l'Eau mercurielleon laisse digérer 24 heures, et on obtient une poudre jaune et, enfin, un sel rouge.
Si l'on prend le sel brun-rouge et qu'on le mette dans notre vinaigre, on obtient une eau et un sel insipides.
Si l'on verse cette eau sur la poudre ci-dessus, on obtient derechef le sel.
Huit grains d'acide phosphorique dissolvent un grain de chaux d'or à la chaleur et le transforment en une liqueur rouge sang (36).
Par la digestion, cette liqueur donne toutes les couleurs et, finalement, elle devient comme du sang brûlé, mais avec un éclat particulier.
Si l'on veut augmenter ce produit, il faut dissoudre de nou­veau l'or dans notre acide, prendre la moitié de ce produit, le triturer dans un verre, mélanger à la solution, puis le faire digérer de nouveau, de la manière déjà décrite.
Le temps diminue toujours. Comme dans la première opé­ration on a employé quatre mois, dans la deuxième il ne faudra que trois semaines, dans la troisième trois jours et à la fin trois heures seulement pour l'entier parachèvement.
Lorsqu'on mélange quatre grains du premier produit avec cinquante de mercure purifié et qu'on les laisse refroidir, on obtient une poudre rouge d'une force particulière (37).

Expérience sur la préparation de la Chaux d'Or

On n'a pas toujours l'occasion de rendre l'or spongieux au moyen d'un fourneau à réverbère  qui est en soi le meilleur. On peut cependant se procurer aussi une pure chaux d'or de la manière suivante
On prend de l'or fin que l'on dissout dans de l'eau régale, on le précipite avec oleo tartari, on l'édulcore bien et on le laisse sécher lentement. Mais avant de le sécher on y mélange flores sulfuris. On laisse l'humidité s'évaporer, on brûle ensuite le soufre et on lessive bien la chaux avec de l'eau distillée.

Sur les propriétés du vrai Sel des Anciens

1 ° Dissous dans l'eau, il est vert (38).
Cette couleur verte est causée par le phosphore, qui paraît également vert dans l'eau.
2° Coagulé, il est blanc.
3° Cristallisé, il est doux.
4° Sur une tôle échauffée, il coule aussi facilement que la cire et l'esprit s'en évapore ; ce qui reste brille comme de l'argent.

Préparation de divers Métaux
On prépare d'abord le sel métallique ; on le joint à la terre colorante et talciforme, on laisse le mélange digérer avec l'acide phosphorique et l'on obtient une chaux métallique qui, à feu vif, coule en un verre translucide ou ressemble à une scorie.
Il manque seulement le combustible (39) à cette scorie pour être un métal réel. On l'a mélange avec de la poudre de charbon et on la soumet au feu de fusion dans une cornue réfractaire bien fermée. On obtient alors le vrai métal.

Sur les Pierres Précieuses

L'or et le diamant ont une tendance vers la même forme, particulièrement dans la cristallisation où les sels se cristallisent en octaèdres. Nous déduisons de cette observation une parenté de nature.
Par tout ce qui précède, nous avons appris que la Lumière pure unie au Feu pur dans la Terre pure produit les métaux nobles qui sont, en eux-mêmes, du phosphore condensé.
Le diamant se différencie de l'or par sa transparence, comme l'or se différencie du diamant par son opacité. Dans l'or, la matière lumineuse est fixée et la matière du feu diffusée. Dans le diamant, la matière du feu est fixée et la matière lu­mineuse diffusée.
On compte les pierres précieuses au nombre des verres na­turels purs ; la nature observe donc la loi de vitrification dans la production des gemmes. Nous savons que les métaux eux­-mêmes peuvent être vitrifiés.
La nature nous montre que, dans l'ordre descendant, la der­nière corporisation par concentration de matière lumineuse est l'or; et, dans l'ordre ascendant, la contre-partie est la corpori­sation du diamant, comme le verre le plus noble.
C'est une curieuse expérience que l'acide phosphorique mé­langé à l'humide radical des pierres (Kieselfeuchtigkeit) les réduit en une sorte de pâte et les dissout radicalement.
Nous savons aussi que, d'après les travaux les plus récents, le diamant est classé parmi les corps de charbon ou de feu (contenant de la matière de charbon ou de feu). L'action du diamant sur le verre montre son homogénéité avec celui-ci.
Si l'on fond deux scrupules d'or fin avec deux drachmes d'acide phosphorique, on obtient une scorie de couleur pourpre qui, fondue avec du charbon pulvérisé, s'augmente de deux drachmes en poids (40).
Les métaux consistent en acide phosphorique qui, se com­binant avec la substance carbonique renfermée dans la terre de cobalt et analogue au talc, produit un soufre métallique.
La terre de cobalt est alcaline ; elle se dissout facilement dans l'eau et se combine volontiers avec les acides.
La terre, analogue au talc est constrictive.
L'analyse du métal consiste dans la séparation des parties constitutives liantes d'avec les liées - la synthèse, dans leur réunion.

Expérience sur l'Acide Phosphorique

Si l'on digère et concentre la terre talciforme avec de l'acide phosphorique, celle-ci devient comme du caoutchouc.
L'acide phosphorique attaque fortement le zinc et en fait une masse transparente analogue à la gomme arabique.
Le cuivre est dissous par lui, et, après cette dissolution, il reste une masse gommeuse verdâtre.
Avec une chaux d'or précipitée par un alcali, l'acide phos­phorique se combine et donne un phosphate aurique qui se fond en un verre rouge clair à la chaleur.
Si l'on amalgame et si l'on broie des feuilles d'or avec de l'acide phosphorique, que l'on retire ensuite cet acide au moyen de l'urine, il reste une belle poudre rouge pourpre. Si l'on travaille des feuilles d'or avec du sucre et du vin phosphorique (Phosphorwein), qu'on sèche la poudre, que l’on verse ensuite de l'éther ou de l'alcool sur cette poudre, le soufre d'or passe dans l'alcool : l'or se dissout ; il reste un résidu rouge et sa­vonneux et, au fond du vase, un sel. Si l'on sépare de ce sel l'acide du sucre au moyen de l'acide nitrique, on obtient l'acide d'or, lequel est en soi acide, carbonique et acide phosphorique.
L'acide carbonique donne la rougeur, l'acide phosphorique le ton bleu, par lesquels se constitue le pourpre de l'or.
Si l'acide aurique est séparé du résidu savonneux, on obtient une terre colorante et la terre de talc.
On reconstitue les chaux métalliques par l'addition de suie ou de poussier de charbon, et elles reprennent l'apparence métallique. En voici la cause : l'acide phosphorique contenu dans les chaux métalliques a la plus proche parenté avec la matière combustible du charbon ; celui-ci reforme aussitôt le phosphore ou soufre métallique qui contracte la terre analogue au talc dans la chaux métallique, reformant ainsi le métal.
Si l'on prend un sel d'urine dissous dans de l'eau et qu'on en humecte les chaux métalliques, l'acide phosphorique leur est entièrement retiré et l'on ne peut plus, d'aucune manière, reconstituer les métaux.
Cette expérience est encore plus probante quand on la fait porter sur les fleurs de zinc. Celles-ci ne peuvent plus être ramenées à leur forme métallique, ni par la poudre de charbon, ni par la suie : mais si on ajoute du cresson, de la moutarde, ou du phosphore, l'acide phosphorique contenu dans ces ingrédients se combine aussitôt avec le principe igné du charbon et laisse apparaître la forme métallique du zinc.
Toute la métallité consiste donc en la combinaison de l'acide phosphorique avec la substance carbonique par quoi se forme le soufre métallique.
Pour devenir un métal parfait, il manque seulement à ce soufre la fixation.
Lorsqu'on place dans une capsule en porcelaine de la fine poudre de charbon, qu'on l'humecte avec de l'acide phosphorique, puis qu'on y concentre un certain temps les rayons solaires au moyen d'une loupe, on obtient le plus bel or phosphorique (Phosphorgold). Mais son manque de fixité le dissout aussitôt dans l'air, sous forme d'acide phosphorique (41).
C'est la terre analogue au talc qui est le medium fixationis des métaux.
L'or, l'argent, le platine en contiennent de la plus grande quan­tité, le zinc en contient le moins.
Tous les métaux ne sont que des mélanges diversement dosés de terre colorante et talciforme avec l'acide phosphorique. La compaction du soufre dépend de la différence des propor­tions de cette terre, et les degrés divers de sa condensation forment les différents métaux : la terre analogue au talc est, dans le règne métallique, ce que les cailloux et le sable sont dans le verre.
L'homme est le plus noble des êtres créés quoiqu'il porte l'enveloppe de l'animal. En lui réside le feu de la nature.
Ce feu, qui contient la mesure de toute la nature, la puis­sance de toutes les organisations, subsiste dans les restes du corps organisé dont la mort altère seulement la forme et l'action. Cette matière organique est la plus convenable pour composer d'autres formes, accepter de nouvelles combinaisons, et entrer de nouveau dans l'ordre des êtres animés.
Mais cette matière n'est rien d'autre que la materia univer­salis et celle-ci est le feu-eau de la nature : acetum philoso­phorum.
Dans la terre végétale, riche en êtres organiques détruits, se trouve enfermée une grande quantité de forces actives, ainsi que de petites molécules animées par le feu dont se compose la vie animale et végétale.
Chaque règne a son réceptacle propre du principe igné. Dans le règne animal, l'organe principal est le squelette et la moëlle, d'où l'on peut extraire le feu, le calorique et la substance lu­mineuse (42).
Dans le règne végétal, la vraie matière du feu de la nature se trouve dans la tourbe. La tourbe renferme de la substance solaire véhiculée par l'eau. Lorsqu'on fait pourrir une telle eau, on obtient en dépôt, une sorte de phosphore qui se transforme en charbon si l'on verse dessus un alcali (43).
Dans le règne minéral, la matière du feu se rencontre le plus abondamment dans les pyrites.
Celles-ci sont appelées pierres de feu et de tonnerre de la nature. Elles sont de vraies stalachiles de la terre limoneuse et, quoique mêlées à du fer, leur base essentielle est pourtant du feu, fixé par le medium de l'acide.
Elles sont produites de la terre végétale fécondée par des sels de vitriol. Tous les sels vitrioliques auxquels on dérobe leur combustibilité donnent le vinaigre de la nature ou acide phosphorique.
Quand les pyrites sont décomposées on peut en tirer les trois Principes de la nature. Il en est de différentes sortes : les vraies sont les pyrites de fer, les pyrites martiales (44).
En elles-mêmes, elles ne sont autre chose que du fer trans­formé par le soufre. La chaux de fer (Eisennkalk) est terre argileuse et acide phosphorique, ou argile phosphorique transformée avec l'air vital ou oxygène.
Quand, donc, le phosphore est associé, en proportions con­venables d'oxygène, avec la terre argileuse, il en résulte du fer.
Quand on plonge une barre de fer rouge dans une balle de soufre, le fer fond immédiatement ; si l'on reçoit le fer fondu dans de l'eau, on obtient de petites boules noires qui sont de vraies pyrites.
Par ces pyrites on peut obtenir une belle production de métal renfermant les trois principes : la base métallique, l'acide phos­phorique et l'air vital. Cette production n'est pas difficile à réaliser (45).

Analyse et Synthèse des Métaux

Ayant appris à diviser les métaux en leurs éléments, il nous est nécessaire de considérer leur réunion. L'observation nous en montre la voie.
Dans les mines, il semble que la nature forme d'abord de la terre compactante et talciforme. Celle-ci s'empare peu à peu du soufre-phosphore qui monte en vapeurs et, selon la forme du mélange et de la proportion, compose des métaux nobles ou vulgaires (46).
Lorsqu'on a la pure terre analogue au talc, on a la base mé­tallique, le corpus. Ce corpus, par la digestion, au moyen de l'acide phosphorique qui renferme en soi le principe vivifiant, végète et enfin s'anoblit par l'air vital qui est  le véritable esprit du métal.
La terre talciforme est donc le corps ; l'acide phosphorique, l'âme ; l'air vital, l'esprit du métal. La production des métaux est analogue à la confection d'une pâtisserie. Le ferment est l'acide phosphorique : c'est la pâte aigrie, le levain.
Quand la terre est entièrement acidifiée, elle demande alors la digestion, de même que le pain demande la cuisson quand il est pénétré par le levain. Et, comme le levain transforme tout le reste de la farine en levain, ainsi, la base métallique, pénétrée par l'acide, transforme le sujet métallique en un nouveau ferment.
L'acide phosphorique peut devenir d'un joli rouge par la digestion.
Lorsqu'il passe à l'état solide, il devient le soufre de nature des Sages.
Une partie de ce soufre se dissout dans trois parties de son eau, et cette solution était appelée par les Anciens sang du soleil. Avec du feu et de l'eau - disaient-ils - on peut tout obtenir. Il y a trois travaux :
Le travail préparatoire,
Le travail supplétif, le travail perfectif.
Le travail préparatoire fait le feu sacré.
Le travail supplétif, l'eau sainte - ou l'acide phosphorique.
Le travail perfectif consiste en la digestion de la base métal­lique.
Les Anciens disaient aussi : Il y a trois Pierres ou funda­menta
La pierre du Ciel ou la pierre du feu,
La pierre de la Terre ou la pierre de l'eau, la pierre des Sages ou la Teinture.
La première pierre est la Lumière ou l'Alcali.
La seconde est le Feu ou l'acidum de la nature.
La troisième est la réunion de ces deux en une essence.
Les Anciens appelaient l'acide phosphorique leur Mer, leur Mer de Feu.
Si la chaux d'or était dissoute dans cette eau, ils l'appelaient l'Eau, la Mer des Philosophes, dans laquelle le Roi est noyé (47).

Grossissement des Perles

On dissout de petites perles dans notre Eau mercurielle et on laisse la masse digérer lentement, jusqu'à ce qu'elle forme une bouillie épaisse ; on forme de cette bouillie des perles de la grosseur désirée, qu'on perce en même temps avec un crin de cheval ; on les presse dans un moule en argent qu'on a eu soin d'enduire auparavant d'huile phosphorique.
Lorsqu'on travaille sur la chaux d'argent, on obtient de l'huile blanche ; avec de la chaux d'or, de la rouge.
La blanche est préférable pour la transformation des perles. La rouge convient pour celle des rubis. Pour ceux-ci, on prend dix parties de cristal pur, une partie d'huile rouge et on obtient la plus belle pierre.
Si l'on mélange la pierre blanche ou l'huile blanche avec la liquor silicum, on obtient un suc épais qui, par digestion à la chaleur, devient la pierre la plus dure.

Règne Minéral

Le diamant et l'or sont ce qu'il y a de plus noble dans le règne minéral. L'or est une matière terrestre transmuée en substance lumineuse ou solaire. Le diamant est la substance de la terre ou du feu transmuée avec la substance lumineuse.
L'efflorescence des métaux (48) n'est rien d'autre que l'analyse ou la disjonction de la substance lumineuse et la synthèse ou recomposition de la substance terrestre, qui est oxygène.
Le métal perd son éclat aussitôt qu'il perd la substance lu­mineuse. En même temps il perd aussi son expansibilité, sa puissance agrégative augmente ; il en résulte un accroissement de poids dans la chaux métallique. Toutes les chaux métalliques sont de la substance de terre suroxygénée. L'argile suroxygénée est la base du fer décomposé.
C'est pourquoi le zinc et le fer peuvent être recomposés en métaux si l'on traite leur chaux avec du phosphore, parce que le phosphore redonne la matière lumineuse, désorganise la terre de zinc ou lui ôte son oxygène et le remplace par de la substance lumineuse.
Toutes les terres métalliques se différencient simplement par la quantité d'oxygène (49) qu'elles contiennent, de même que les métaux se différencient entre eux par la quantité de substance lumineuse ou solaire qu'ils absorbent. L'or fulminant est de la chaux d'or combinée très exactement avec de l'ammoniaque. D'une quantité donnée de chaux d'or on obtient quatre fois plus d'air qu'avec le salpêtre. L'air ainsi libéré l'est sous forme d'azote.
Abstraction sur cette Expérience
Quand l'or est suroxygéné, il est aussi calciné, et la substance lumineuse est libérée ;  la libération de la substance lumi­neuse s'opère en dégagement gazeux, sous forme d'azote.

Principes pour un Travail philosophique

I
Il n'y a qu'une Chose, qu'un Vase, qu'un Travail. Voilà le principe fondamental de tout l'art hermétique ; celui qui cesse de le considérer ne trouvera jamais la vérité.
II
Lorsqu'on connaît la Chose de laquelle tout sort, on n'en a plus besoin d'autre ; avec cette Chose on a trouvé le vase et le travail.
Cette Chose, cet Universel est notre Eau mercurielle, notre rosée philoso­phique, qui contient la force extensive et attractive, les trois principes et les quatre éléments, l'Universel de la Nature.
Les Sages n'ont besoin que de leur Eau, c'est leur vinaigre de la nature qui liquéfie tout. Dans son état de coagulation, il génère et augmente tout ; à l'état liquide, il est appelé le dragon volant.
A l'état solide, le serpent.
Le premier domine la volatilité, le second, la fixité de l'es­sence unique.
Le dragon est notre Eau mercurielleLe serpent, notre Terre.
Mais la terre n'est que le vinaigre de la nature coagulé.
Dans cet état de coagulation, la terre est appelée l'eau sèche.
A l'état liquide, notre Eau mercurielle est aussi appelée Mercure.
Faire de ce vinaigre la terre ou le Sel, telle est la véritable fixation du Mercure des Philosophes (50).
Le pur air vital qui se trouve dans notre vinaigre est la MATERIA REMOTISSIMA. Le vinaigre, la Materia Remota. Le Sel, la Materia Proxima.
Le vinaigre, c'est notre Eau mercurielle, appelée aussi la Rosée du Ciel, la Graisse de la Terre, le présent du Premier-né en Esprit.
De cette grande opération, qui exige d'abord la renaissance extérieure, les sacrifices religieux sont les symboles.
Notre Bois sacré (hylé, la Matière) est posé sur l'autel sa­crificiel et enflammé par sa propre chaleur (51).
Lorsque la flamme , monte, apparaissent trois phénomènes.
Le premier est une fumée blanche qui est le Mercure.
Le second est le Soufre blanc et jaune, l'or et l'argent des Philosophes, leur Sol et leur Luna (52).
Ceux-là se dissolvent en une eau qui est notre Eau mercurielle ; cette Eau mercurielle est le Mercure.
Toute l'opération continue avec cette eau (53).
Brûle notre matière sous une cloche de verre, dans un vase de porcelaine ; laisse les flores ignis et lacis qui se posent tout autour se sublimer puis se liquéfier dans une cave, et de cette façon tu obtiendras le vinaigre (54).
Quand tu en auras suffisamment, brûle de nouveau notre matière dans la cloche de verre et lave les flores avec notre Eau mercurielle (55).
Mets une assez grande quantité de cette solution dans un vase circulatoire, ferme-le hermétiquement et laisse simplement circuler à chaleur douce (56).
Tu sais déjà que le vinaigre consume peu à peu tout le soufre, si bien que le dragon mange sa propre queue.
Ensuite la matière montera comme la rosée du matin et re­tombera de nouveau sur la terre. Peu à peu le volatil deviendra fixe.
Les plus belles couleurs se montreront et, finalement, tout le liquide se coagulera en une masse qui est le fixe. Il est d'abord blanc, ensuite il devient rouge.
Ce fixe est un grand trésor : il contient les forces de la na­ture. Il justifie l'aphorisme d'Hermès
Ce qui est en haut est comme ce qui est en bas Pour produire une seule Chose.
Cette unique Chose contient toutes les autres et engendre toutes les forces. mais sa puissance est la plus grande lorsqu'elle se transforme en terre; elle renferme tous les trésors de l'Univers.

L'Objet du Travail des Anciens

Nous savons que la véritable matière des métaux est le phos­phore ; la question est de savoir de quelle substance les An­ciens extrayaient le phosphore avec lequel ils travaillaient et qu'ils nommaient lapis ignis (*)
(*) Plus probablement lapidis ignis. Le texte porte, fautivement, « lapidem ignis ».
Pour cela, il faut remonter aux Egyptiens et aux Perses.
On trouvera qu'ils s'accordaient généralement pour dire que leur matière était une pierre gris-noir, parfois blanche comme lait, ornée de veines, lourde de poids ; les Arabes la nommaient Albaon et aussi Abakozodi. Les Perses, Puch (57).
Les Anciens disaient que cette matière était la fleur de la terre et de l'esprit astral qui a déposé toutes les forces du cin­quième être dans ce minéral.
Les Persanes teignaient leurs cheveux en noir avec cette ma­tière (58) qu'elles mettaient dans l'eau. Cette eau devenait toute noire, puis une couche de matière noire se déposait au fond du vase. Desséchée et malaxée avec de la graisse, elle servait de teinture.
Cette matière s'appelle plomb noir ; il y en a de différentes sortes ; l'une est meilleure que les autres. C'est elle qui était distillée par les Anciens et dont ils tiraient leur acide phos­phorique.
Celui-ci était versé sur le résidu et l'on obtenait la terre blanche (59).
Nous savons qu'il y a du plomb phosphorique et que la pyrite de plomb est l'intermédiaire entre ce plomb et le plomb commun.
Qu'on relise ce qui est écrit sur les pyrites.
Si l'on suspend une balle de soufre à une barre de fer incan­descent, il en résulte une pyrite, c'est-à-dire que la terre blanche, base de la combustibilité, se combine avec une partie de l'acide phosphorique contenu dans le fer, sous forme d'une pyrite qui est en soi un feu compacté. La pyrite est sous le métal.

PHOSPHORE. PYRITE. MÉTAL
ou
Phosphore-feu, phosphore compacté, pyrite.
Phosphore, extrêmement condensé MÉTAL
La première sorte d'un tel minerai de plomb se trouve dans le Joachims-Tal, et est appelée Glanz (« galène »). Le Zentner , (demi-quintal) contient 6 à 8 Loths (demi-onces) d'argent. Meilleure est la matière, d'autant plus d'argent il y a. Son signe est :


La deuxième sorte se trouve en Pologne à Ekkisch, à treize milles de Cracovie. On l'appelle galène à reflets argentés. Son signe est



La troisième sorte a été rencontrée à Fribourg-en-Meissen ; elle est couverte de bourgeons d'argent et on la nomme pour cette raison lunaria.
La quatrième est encore plus pure ; on la trouve dans le sol à la frontière hongroise, non loin de Klobuck ; elle est ainsi désignée :


et, de cette représentation résulte l'erreur sur l'herbe lunaria qui symbolise ce minéral, nommé aussi plomb d'argent, et qu'on représente encore de cette façon :


La cinquième sorte est du plomb vierge (gediegen) qui n'a encore été sur aucun feu, facile à fondre autant qu'à dissoudre.
On le trouve près de Villach.
Il est ainsi désigné


La sixième sorte se trouve à Meissen et on l'appelle Glaserx ; ce minerai tient du plomb, on peut le couper et le sigiller. Le Zentner renferme 24 à 26 Loths d'argent ; il est souvent désigné ainsi :





C'est alors la véritable materia bruta : sur laquelle travail­laient les Sages qui en tiraient leur Pierre.
C'est la filia aethiopium, de laquelle il est écrit :
Nigra sum, sed formosa, filia Jerusalem, adeo dilexit me rex, et introduxit me in cubiculum suum.
Cette matière est appelée Electrum minerale immaturum (60). 
Magnesia, Lunaria, PLUMBUM SAPIENTIAE.

FIN DES "ESSAIS CHIMIQUES"
(Notes d'André Savoret en bas de page)

Appendice

Résumé de l'Opuscule de D'Eckhartshausen : 
« LES PLUS RÉCENTES DÉCOUVERTES SUR LA  LUMIÈRE, LA CHALEUR ET LE FEU (61), POUR LES AMATEURS DE LA PHYSIQUE ET DE LA CHIMIE». 
(Munich, 1798. 1er Cahier, 1er Fascicule).
Nous constatons, dans la nature, des forces agissant sur des substances en renouvellement. Toutes les formes, en ordre crois­sant, sont des modifications d'une forme primitive ; toutes les forces, en ordre décroissant, des modifications d'une force pri­mitive. Les forces sont les stimuli ou excitants actifs ; les corps sont des ordonnances déterminées des principes de la matière, ou Eléments, et apparaissent comme le résultat de l'action des stimuli sur l'excitabilité passive.
La force primitive serait donc le premier Agent ou moteur physique, et la première forme, le premier élément excitable des choses.
La nature physique forme toutes les apparences, en ordre croissant et décroissant, par extension et concentration, à par­tir de ces deux extrêmes. Les produits corporels, étant des ap­parences, constituent un moyen terme entre activité et passivité, force et matière. Le Substrat de chaque manifestation des trois règnes est la CHALEUR ELEMENTEE ou SUBSTANCE DU FEU (Feuerstoff), qui se décèle sous forme de CARBONE, extrême inférieur, sujet passif de la nature. L'autre extrême est l'AZOTE, principe actif de la nature. Ayant procédé à tous les essais possibles avec ces deux principes, actif et passif, j'en déduisis le système suivant.
L'Elément physique primitif de la nature est ANDROGYNE ; Force et Matière, Activité et Passivité s'y équilibrent. Ce corps primitif se dédouble par le MOUVEMENT : l'Actif se sépare du Passif. Après cette séparation, la force active agit sur le corps passif, engendrant une Manifestation qui constitue un Medium entre la force et le corps. Ce triple procès par le moyen du Mouvement forme les Trois Principes de la nature :
Lichtstoff : la substance lumineuse ou Lumière élémentée ;
Warmestoff : la Substance calorique ou Chaleur élémentée ;
Feuerstoff : la Substance ignée ou Feu élémenté.
Ces trois principes se manifestent selon trois propriétés
Expansion, Contraction et nouvelle Expansion, par lesquel­les la nature se partage en Supérieure, Moyenne et Inférieure. Où domine l'expansion apparaît l'état gazeux ; où domine l'at­traction, l'état solide ; où ces deux s'équilibrent, l'état liquide.
Par cette division, la nature établit deux progressions : l'une en série décroissante, de la force au corps ou de la Lumière au Feu ; l'autre, en ordre ascendant, du corps à la force, du Feu à la Lumière. Cette double hiérarchisation entraîne action et réaction, d'où procèdent la vie et le mouvement des êtres. La tendance de la Force à passer à la Forme s'appelle Attraction ; celle de la Forme à passer à l'état de Force, Expansion, Assi­milation.
Ainsi, le Mouvement détermine trois Essences (dans l'ordre croissant, Feu, Chaleur, Lumière) qui forment trois Sujets pas­sifs ou Corps.
Le Feu élémenté est du Feu latent ou potentiel ; la Chaleur élémentée, de la Chaleur latente ; la Lumière élémentée, de la Lumière latente. Le Feu potentiel est sensible sous la forme du Carbone ; la Chaleur potentielle sous celle d'un Liquide gras, acide ; la Lumière potentielle sous forme d'une Essence savonneuse, visqueuse, insipide.
Que ces trois corps entrent de nouveau en expansion par le Mouvement, la phase gazeuse apparaît : pour le Carbone, com­me AIR VITAL ou oxygène ; pour l'Acide gras comme Air in­flammable ou hydrogène ; pour l'Essence savonneuse comme azote.
Ces trois gaz, en ordre croissant, sont trois forces stimula­trices qui, de nouveau, agissant sur les trois corps primitifs, produisent 5 manifestations, par le medium du corps auquel ils donnent naissance.
La Substance Ignée, absorbant l'Air Vital ou oxygène, pro­duit le Feu Libéré par le moyen de l'Hydrogène ; la Substance Calorique, absorbant l'oxygène, produit la Chaleur Libérée ; la substance Lumineuse produit, par l'Azote, de la Lumière Li­bérée. Ainsi apparaissent, en ordre décroissant, Lumière, Cha­leur et Feu dans la nature.
Le milieu ou medium qui permet l'action des Agents primitifs sur leur Sujet passif, consiste en trois Fluides, résultant de l'action des trois Forces sur leur Sujet ; ils se divisent en trois Régions (supérieure, moyenne, inférieure), mais s'interpénètrent. Ils sont le lien entre la force d'expansion et celle de contraction. Où s'établit la liquéfaction, ce lien engendre la force de cohésion et, là où commence la cohésion, ce lien s'associe à nouveau pour liquéfier. Ainsi s'entretiennent le Mouvement et la Vie. A l'état gazeux, ce milieu est l'oxygène ou Air Vital, qui maintient l'équilibre entre l'Air raréfié et l'Air fixe. En lui, Lumière et Chaleur sont intimement unies sous forme gazeuse.
Le Second Fluide provient du Calorifique en expansion, par intervention de l'Air Vital, et forme un corps élastique unissant les Forces les plus subtiles aux plus fixes, corps en quoi Ma­tière Lumineuse (Lichtmaterie) et Matière Calorique s'associent étroitement. Il procède de l'union de l'oxygène avec la matière calorique rendue volatile et forme le corps générateur d'ACI­DITÉ, le véritable AIR VITAL ou OXYGÈNE DE LA NATURE.
Quand l'ACIDE apparaît, l'action de l'Air Vital seul est in­suffisante ; cet Air Vital doit, auparavant, former avec le Ca­lorifique volatilisé un medium ou lien qui donnera naissance à l'ACIDE. Ce medium apparaît lors de la formation des Acides, mais n'est pas manifeste aux sens. Ce véritable SEMI-ACIDE n'est pas simplement de l'oxygène, comme on l'a prétendu, mais un oxygène ou Air Vital uni au Calorique volatil, formant alors un Fluide Elastique, bouillonnant comme l'eau, sans humidite. Il est susceptible de diverses modifications ; il est cause de l'élasticité des corps ; il engendre la sonorité dans son mode expansif ; élastique et volatil, il se laisse concentrer par le froid, se dilate de nouveau, s'échauffe au contact de l'eau, engendre la Causticité avec le Carbone ; possède une propriété attrac­tive ; se combine à la plupart des corps, modifiant leurs pro­priétés ; se trouve dans les Trois Règnes, sous diverses modifi­cations ; apparaît comme un corps suffocant dans les charbons rougis et les corps en fermentation ; il est mû par la chaleur. C'est le medium entre Lumière et Chaleur, entre l'Acide et l'Alcali. Il est fixe au feu avec les alcalis fixes et a la plus grande affinité pour le Carbone ; il est la cause de toute expansion. En combinaison avec l'alcali, il le rend soluble dans l'Eau. Chaque fois que l'ACIDE est uni à ce MEDIUM avec de la Terre Absor­bante, apparaît l'ALCALI...
Dans l'ordre ascendant, le Feu Elémenté est-il fluidifié sous forme de Chaleur Elémentée, naît alors un Fluide médian entre le Carbone et la Chaleur Elémentée, qui est un Acide Inflam­mable, que j'appelle ACIDE IGNÉ. La Chaleur Elémentée est­-elle volatilisée sous forme de Lumière Elémentée, apparaît alors un nouveau Fluide ou Liquide, moyen terme entre les bornes Lu­mière et Chaleur, qui se laisse reconnaître comme ACIDE PHOSPHORIQUE. La Lumière Elémentée est-elle encore vola­tilisée, se forme alors un nouveau Fluide moyen terme, qui est un Air Vital uni au Calorique très raréfié dont j'ai parlé. Ce Ca­lorique séparé de la Lumière élémentée, il reste de l'AZOTE.
Envisagée comme être élastique, la Lumière Elémentée, dans sa phase liquide, pénètre tous les corps ; cet être élastique, im­pondérable en soi, rend un corps pesant quand il y est con­centré, léger quand il y est raréfié. Ces deux modalités apparais­sent également à la production de chaleur ou de froid : dès que naît la chaleur sensible, l'être élastique se concentre à l'intérieur du corps ; dès qu'apparaît le froid, il se dilate et se concentre à l'extérieur.
La capacité d'un corps à absorber Feu, Chaleur, Lumière à l'état libre est indépendante de sa densité ou de son volume, mais dépend de son affinité avec Lumière, Chaleur et Feu Elé­mentés, qui est fonction de son degré de cohésion. Plus un corps tend à l'expansion, plus il est apte à dégager Chaleur, Lumière, Feu à l'état libre ; plus il se contracte, plus apte il est à s'unir à Chaleur, Feu, Lumière. Le Feu sensible, dans sa plus grande expansion, devient Chaleur sensible, laquelle, dans sa plus grande expansion, devient Lumière sensible... L'entité élastique déjà nommée est la cause de l'attraction des corps : partout où elle est en expansion, elle tend à se recontracter, d'où l'Attraction. Cette essence lumineuse élastique a la plus grande affinité avec la matière du fer et forme, avec lui, dans son état dilué, l'Aimant. L'attraction de l'aimant s'observe chaque fois que cette essence élastique en expansion tend à reprendre son état con­centré d'équilibre ; la répulsion a lieu par suite de la répul­sion de ce fluide élastique, par périodes, sous l'action de la ma­tière calorifique.
Le Feu, la Chaleur, la Lumière Elémentée ont des sphères d'influence déterminées : la plus restreinte est celle du Feu, puis vient celle de la Chaleur, enfin celle de la Lumière.
La coexistence du Moteur et du Mobile dans un être produit son existence manifestée : dans un corps physique, le mouve­ment ; dans un végétal, la végétation ; dans un animal, la vie animale ; dans un métal, l'électricité. Dans les trois règnes, les Moteurs en action apparaissent sous la forme de la substance élastique, qui est une essence liquide, savonneuse, dilatée. Les Sujets motiles apparaissent sous forme de Carbone plus ou moins dilaté.
Une chaux métallique à laquelle on ôte le Carbone pour lui substituer de la Lumière Elémentée donne un corps vitrifié, de­venu isolant, sans conductibilité électrique. Si l'on ajoute du Carbone au verre, il devient conducteur comme les métaux.
La fleur vit du Carbone, de même que l'homme aspire de l'Air vital et expire du Carbone qui, au contact de l'oxygène, se change en gaz carbonique. La plante aspire l'air fixe du Carbone, le transforme et donne, à la lumière solaire, de l'oxy­gène renouvelé. Dans les corps animaux, le principe excitatif est dans l'Ether nerveux tandis que le principe excitable du Carbone est dans le sang. Les facteurs de toute destruction sont l'excès du principe excitable ou « carbone » et l'épuisement du facteur excitatif. Le Carbone tend à la densification, la ma­tière de Lumière à la volatilisation. Par volatilisation, il y a épuisement de l'excitant ; par entassement, excès d'excitabilité.
Chez les végétaux, là où le Carbone est dissous, il y a putré­faction ; là où il s'accumule et où le Moteur disparaît, dessic­cation.
Un corps reste aussi longtemps dans sa perfection que ses principes s'interpénètrent. A la moindre modification, naît l'im­perfection, point de départ de toute séparation et dissolution. Ce qui pénètre est, partout, la Lumière Elémentée ou, mieux, la Lumière produite par le Moteur lumineux sur le Sujet lumineux.
La Nature est un tout constitué de forces agissantes et de corps mus. Tout y est vivant, rien n'y est mort.
La mort n'est qu'une pause pour harmoniser des accords nouveaux. La putréfaction est un processus de renouvellement, en vue de dégager la vie de la mort apparente et de libérer les particules vivantes emprisonnées afin de les rendre aptes à de nouvelles combinaisons organiques. La Substance Calorique et la Substance Lumineuse sont les Principes PASSIF et ACTIF de la Nature.
L'atmosphère de ce globe est un fluide dont les particules sont formées de matière lumineuse et calorique dissociées ; elle est susceptible de se condenser et de devenir perceptible sous diverses formations vitreuses. Les corps se composent de ma­tière lumineuse et calorique rendue visible et ne sont que des modifications de la Chaleur et de la Lumière Elémentées, en proportions définies.
La matière de la Chaleur et de la Lumière existe à l'état dis­persif dans l'atmosphère et constitue le fluide où flotte la di­versité des vies. Diluée ou concentrée en formes visibles, elle peut former des apparences multiples. A l'état raréfié, elle est imperceptible et devient sensible, formelle, pondérable en se concentrant.
Par le moyen du Soleil et de lentilles convexes et concaves sont produites les Formes Archétypes de la matière lumineuse et calorique. On peut obtenir le Carbone de Nature dans un vase plein d'eau, au moyen de lentilles. Par expansion, il se résout en matière calorique et forme, avec de la terre animale ou végé­tale, du charbon véritable. Les phénomènes colorés des lentilles montrent les modifications de la matière lumineuse et calorique par l'apparition d'ACIDES distincts : le foyer ROUGE en­gendre sur le Carbone de l'Acide Carbonique ; le foyer BLEU engendre sur le Calorique de l'Acide Phosphorique ; le foyer BLANC engendre sur la matière lumineuse de l'Acide Chlorhy­drique très volatil. Les Acides paraissent donc se manifester par l'entremise des couleurs. Par la connaissance des lois des cou­leurs on peut parvenir à celle des Acides. Là où les particules de lumière sont disjointes, il y a obscurité, cette disjonction donnant le noir sur un objet. Où elles sont jointes, règne la lumière visible, donnant le blanc sur un objet. On devrait nom­mer l'obscurité : « Un certain état de désunion de la matière lumineuse ».
Le Soleil agit sur notre globe comme excitant lumineux, trans­formant le Carbone naissant en matière lumineuse et nous le rendant sous les espèces de forces stimulantes. Ainsi le monde nourrit le Soleil et le Soleil nourrit le monde.
Processus de la Nature : Il existe un Principe Formateur ; cet AGENT est la Matière Lumineuse dispersée, manifestée à l'état gazeux comme AZOTE. Et un Principe Passif, qui est le CARBONE. Cet Azote agissant sur le Carbone le scinde en trois corps basiques : Feu élémenté, Chaleur élémentée, Lumière élémentée, chacun d'eux ayant trois possibilités : garder sa spé­cificité passive ou passer à l'état liquide ou gazeux sous l'action d'un Agent. La manifestation liquide du Carbone est un acide inflammable (Phosphorsäure) qui se distingue de l'acide phosphorique chimique (Phosphorige Säure) par sa plus grande causticité. A l'état gazeux, il se transforme en Air Vital.
La matière calorique à l'état liquide devient Phosphorische-säure [acide phosphorique] et, à l'état gazeux, Air Inflammable [Hydrogène, si l'on tient à l'envisager chimiquement].
La matière lumineuse donne à l'état liquide de l'Acide Méphi­tique [acide carbonique pour suivre l'analogie dont se sert l'au­teur], à l'état très volatil de l'Acide Chlorhydrique, et à l'état gazeux de l'Azote. Ces trois gaz agissent comme stimulants sur les corps passifs et donnent naissance au feu, à la chaleur et à la lumière manifestés. A l'état liquide, ces trois manifesta­tions donnent le FLUIDUM UNIVERSALE dans lequel baigne notre Terre, siège de toutes modifications. Les premiers corps formés sont donc Oxygène, Hydrogène, Azote, Carbone, qui pro­duisent ensuite effectivement les acides, eaux et terres : quatre Formes-Types d'où sortent toutes les autres.
Si la Chaleur et la Lumière Elémentées sont captées au moyen de lentilles dans des vases de porcelaine dans de l'eau pure, il se produit une couleur noire dans la phase d'expansion. L'eau s'échauffe jusqu'à ébullition ; progressivement refroidie, le Carbone se concentre en un résidu blanc quià l'analyse, se trouve être un Carbonate de Magnésie (Kohlensdure Magnesia) substance poreuse, insipide, difficilement soluble dans l'eau : cette terre alcaline pourrait être la terre primitive. Selon le dosage des éléments carbonique et lumineux, elle s'offre avec un excès de matière lumineuse comme siliceuse ; de matière carbonique, comme argileuse, laquelle après nouvelle adjonc­tion de matière carbonique se transforme en calcaire. Dans la multiplicité des Forces agissantes et des Sujets mus, on ne peut reconnaître l'Agent Primitif ni le Premier Sujet. Mais, à l'aide de la Chimie supérieure, les corps se laissent diviser jusqu'au Carbone, limite ultime. Partant de cette base et dé­composant en ordre croissant, nous arrivons au gaz et, finale­ment, au Premier Agent, l'AZOTE [c.à.d. Azoth ou Azoth des Sages].
Dès que l'AZOTE agit sur le CARBONE, il extrait une es­sence savonneuse qui est la Substance de la Lumière (Lichtstoff) à l'état lié. Elle naît de l'expansion du Carbone. Par condensa­tion de ce corps, en naît un second, un Acide gras, Substance de la Chaleur. La substance lumineuse est Principe d'Expansion, cause de toute diaphanéité. La substance Calorique est prin­cipe d'Attraction, cause de toute condensation. Ce sont les deux PRINCIPES PREMIERS DE LA CRÉATION, l'AZOTH du Ciel et l'AZOTH de la Terre, le Yin et le Yang des Chinois. Le CARBONE est la vraie matière de toutes choses, l'ANDRO­GYNE DE NATURE, unissant le Mâle et la Femelle, le Passif et l'Actif. Par expansion, il forme son Principe actif qu'il attire de nouveau comme être passif pour en former, à partir de lui seul, la multiplicité des corps. C'est le CENTRE de la NATURE, d'où découle la création visible. Ce corps primitif a une triple faculté : expansion, contraction, nouvelle expansion.
Dans la Nature, la Force est toujours immuable, s'offrant d'elle-même. Le corps la capte et est modifié par elle. La par­ticipation de la Force semble une plongée, librement consentie, dans la forme, pour se manifester. Cette pénétration engendre un être médian qui équilibre les deux et qu'on nomme ESPRIT. Ainsi, dans la Nature physique, l'excitant lumineux agissant sur la chaleur élémentée produit un Esprit - en physique, gaz. Les Anciens le nommaient SPIRITUS, VAPOR qui baigne l'univers ; on le nomme Air Vital, SPIRITUS UNIVERSALIS. Par lui, la Lumière est liée à la Chaleur et engendre toutes les Manifestations.
Le processus naturel entier forme le cycle suivant :
Partout, la Lumière, agissant en ordre décroissant, tend à se figer en Chaleur élémentée, tandis que la Chaleur, en ordre croissant, tend à se volatiliser en Lumière. Chaque fois que, dans l'ordre décroissant, la Chaleur est liée, apparaît de la Lumière, en ordre croissant et réciproquement, ce, par le medium de l'Esprit Vital de la Nature. Les Trois Principes de cette der­nière sont donc, FORCE LUMINEUSE, CHALEUR ELEMEN­TEE, ESPRIT DE VIE, leur produit. Trois essences distinctes, mais unies dans une Matière qui est la Matière Primitive du Monde Physique ; ces Trois Éléments peuvent se nommer SEL, MERCURE et SOUFRE des Philosophes, Matière, Lien, Force de toutes choses.
Cet Esprit de la Nature, issu de la Lumière et de la Chaleur, est comme un Souffle ou Haleine Vitale de l'Univers, qui, par condensation se transforme en EAU - et c'est alors l'HUMIDE RADICAL DE NATURE.
Le Monde inspire et expire.
A partir du mouvement appliqué au Carbone en tant que Pre­mière Matière universelle (feu élémenté, HYLÈ) naissent Matière Calorifique et Matière Lumineuse
AGENT : Matière Lumineuse PATIENT : Carbone PRODUIT : Matière Calorifique.
Dans l'ordre croissant, ces trois Expansions se graduent ainsi 

Matière Lumineuse : Lumière Elémentée.
Matière Calorique : Chaleur Elémentée.
Matière du Feu : Feu Elémenté.
Ces trois corps, possédant une existence réelle, doivent avoir la force de produire Lumière, Chaleur et Feu. A l'état le plus expansif, ces Trois Agents sont trois gaz, nommés par les An­ciens SPIRITUS, Esprits physiques : Azote : Excitant lumi­neux. Hydrogène : Air combustible, agent de la chaleur ; Oxygène Air vital, agent du feu.
Là où apparaît la lumière, il y a action de l'Azote sur la Lumière élémentée ou la substance savonneuse. Là où apparaît la chaleur, action de l'Hydrogène sur la Chaleur élémentée ou l'Acide gras. Là où naît le feu, action de l'Oxygène sur le Feu élémenté ou Carbone. Dans le feu sont contenues Chaleur et Lumière élémentées. La Chaleur élémentée est l'expansion du feu à un degré supérieur. La Lumière élémentée est celle de la Chaleur élémentée à un niveau supérieur. Quand, en ordre crois­sant, ces trois gaz prennent naissance, ils forment en attirant l'Air Vital une substance moyenne pour se recombiner au Car­bone, et ce medium est le premier corps liquide de la Nature.
Oxygène et Hydrogène donnent l'eau ; Hydrogène et Azote, de l'acide nitreux, par le moyen de l'Oxygène : L'Acide apparaît chaque fois que sont libérées de la matière lumineuse et de la matière calorique.
Si de l'Azote est équilibré avec de l'Hydrogène par la mé­diation de l'Oxygène, il naît un liquide acide, formé de Lumière et de Chaleur, qui peut être dit ACIDE UNIVERSEL. Si l'Hy­drogène s'équilibre avec l'Oxygène, il naît de l'eau. Les trois phases solide, liquide, gazeuse contiennent un être moyen qui unit dans chacune le Fixe au Volatil : dans la phase gazeuse l'Oxygène ; dans la phase liquide un Liquide pur ; dans l'a phase solide, le Feu élémenté agissant au sein de l'eau.
L'Oxygène, envisagé comme excitant igné, régit tout phéno­mène où un corps est volatilisé. Le Liquide pur, comme Cha­leur élémentée, régit tout phénomène où des corps sont présents à l'état soluble. Le Feu élémenté régit tout phénomène où des corps sont à l'état fondu et mêlé.
Ces trois dernières lois sont de la plus haute, importance, parce qu'avec les moyens les plus simples, les actions les plus admirables peuvent être provoquées.

FIN


NOTES D’ANDRÉ SAVORET POUR LES "ESSAIS CHIMIQUES"

1 C’est-à-dire de notre +  [Eau mercurielle]. Celle-ci renferme donc les trois substances absolues de Lumière, de Chaleur et de Feu.

2 Le phosphore est l’Azoth vivant, le Mercure universel ou feu-Eau. Au cours de l’ouvrage, l’auteur en parle diversement, le considérant en soi, dans l’un de ses éléments, ou sous les espèces du support sensible qui le renferme virtuellement.

3 Le processus décrit dans ce passage est à double entente, selon qu’on envisage l’alchimie élémentaire ou l’alchimie mystique.

4 L’on pourrait entendre ici par « soufre de nature » le Feu-eau distinct du soufre caché des métaux, lequel ne lui est cependant pas hétérogène.

5 Cette « terra virginea » provient du « subjectum artis », préparé philosophiquement afin de développer sa faculté attractive qui s’exercera sur le soufre de nature ». Comparer ce qu’à dit l’auteur, quelques pages plus haut, sur le passage de l’universel à la pierre.

6 Parmi les substances dont l’inquisiteur de science peut supposer choisir ou extraire les éléments de l’oeuvre, bien peu répondront à son attente. S’il travaille sans principes fermes ou d’après des principes erronés, les déceptions - utiles cependant s’il sait en tirer parti - ne lui seront pas ménagées. Qu’il se garde en tout cas de la dangereuse tentation de travailler sur le mercure vulgaire.

7 Autrement dit, notre Vierge étoilée.

8 Ici bifurquent la Voie sèche et la voie Humide. Le procédé exposé partiellement, nécessite une adaptation délicate. D’Eckartshausen y revient d’ailleurs au cours du chapitre intitulé Principes pour un travail philosophique.

9 « Die nasse erde » ; expression à ne pas prendre au pied de la lettre.

10 La terre blanche est le mercure philosophique à l’un de ses stades de maturation. Le soufre de nature peut être conçu ici comme le mercure universel, sous l’une de ses modalités. Les unir, aux différents degrés de leur exaltation mutuelle, voilà la science.

11 Le soufre-phosphore peut être envisagé comme l’élément Feu du Feu-Eau.

12 Le charbon dont nous chauffons nos fourneaux a en lui un feu et possède un soufre grossier. Il a emmagasiné de l’énergie solaire, et c’est pourquoi l’auteur peut en faire un substitut analogique du vrai soufre. De même l’Arsenic des philosophes ou le Feu-Eau ne réside dans le phosphore vulgaire que par analogie. Dans l’expérience qui suit, le « poussier de charbon » pourrait bien être simplement, le subjectum artis, déjà qualifié pour les Travaux d’Hercules.

13 Ce qui démontre que cette expérience, très réelle, n’est pas plus « chimique » que la précédente et que les substances qu’il décrit ne sont pas les corps connus sous ce nom, c’est que son phosphore est blanc à l’extérieur et rouge à l’intérieur. Qu’on saisisse bien que la Pierre Mercurielle est blanche à l’extérieur, mais qu’elle renferme son soufre rouge virtuel, invisible à l’extérieur.

14 Il s'agit d'un charbon… un peu particulier, je l'ai dit, et qu'on trouverait difficilement chez les « bougnats ». Par exemple, ce pourrait être une substance métallique, saline où métallogène, selon la période du travail envisagé ou mercuro-sulfureuse au sens hermétique de ces deux termes, lorsque le « blanc du phosphore » agit sur lui par l'entremise de la chaleur et d'une certaine humidité.

Je ne franchirai par certaines limites, mais, pour mettre MM. les chimistes ou hyper chimistes à leur aise et leurs éviter des pertes de temps et de « fallacieuses expériences de contrôle », je leur ferai remarquer que l’auteur traite son « charbon » avec le « blanc » de son phosphore mais non avec le rouge, ce qui se conçoit, si l'on admet avec moi que ce « rouge » n’est encore à ce stade qu'une coloration virtuelle.

15 Tout ce chapitre sur les dissolutions est d'une importance extrême. Retenir les proportions et se souvenir à propos du conseil charitable : « c'est du trop peu que vient le dommage. » Le processus auquel il est fait allusion trouvera son application - à la différence des poids - tant au début qu'au milieu de l'oeuvre, tant en voix sèche quand voie humide, en adaptant. Ne pas oublier que les philosophes distinguent plusieurs mercures comme il distingue plusieurs Feux. D’Eckartshausen joue souvent sur ce clavier terminologique.

16 P 31. La base Ignée, c’est le soufre latent. Celui-ci s'empare du mercure libéré par le départ de l'oxygène et le fixe en sa propre nature, ou, si l'on veut, en « soufre phosphore. »

17 C'est-à-dire un Gur métallogène. Voir aussi le début du chapitre Analyse et synthèse des métaux. Dans les opérations qui sont ici décrites, l'on peut entendre l' "acide phosphorique" sous deux acceptions, soit mercure universel (ou cet aspect du mercure que certain nomment quintessence astrale), soit mercure philosophique, qui a avec lui les rapports les plus étroits et les plus légitimes. Il faut faire la distinction de ce qu'est le mercure dans la nature et de ce qui peut être ou devenir au laboratoire.

18 chimiquement 

19 Mais impropres aux opérations sur les métaux parce que spécifier un autre règne, ce que semblent ignorer ceux qui ont cru que l’Agent des philosophes du feu était le magnétisme animal.

20 En alchimie métallique, ce « charbon » est un résidu scorieux, résultant de certaines manipulations et dont l'utilité se démontre plutôt en la voix sèche quand la voie humide.

21 Le lecteur aura déjà remarqué la simplicité voulue des expressions employées par l'auteur et son dédain des phrases à effet.

22 Cette recette, qui semble entrer dans la catégorie des « particuliers », exige toutefois pour réussir la connaissance effective de l' »universel ». Ici si le cuivre est bien celui des chimistes, le phosphore est tout autre chose que le corps auquel nous donnons ce nom. Les alchimistes savent que le cuivre renferme une teinture exubérante à laquelle ne manque que la fixité, comme le fait observer Basile Valentin dans sa Révélation du mystère des teintures.

23 En style plus usuel, les Bergschwaden ont pour synonyme le Vinaigre des montagnes.

24 le Gur métallogène prend sa force de ce qui est en haut (rayonnement solaire et cosmique) comme de ce qui est en bas (chaleur et énergie tellurique). À leur point de jonction tend à se former l’or, métal de surface.

25 En principe, le rôle de la chaleur, dans l’oeuvre comme dans les opérations spagyriques, est de porter les corps solides à un stade plus perméable à l'action des esprits, qu'il s'agisse de fixer le volatil ou, inversement, de volatiliser le fixe.

26 Dans le cas présent, phosphore peut être entendu comme mercure philosophique.

27 Mercure vulgaire, bien purifié, phosphore philosophique. L’huile ainsi obtenue est précieuse, car, de nouveau mêlée à son phosphore et digéré, elle est un des chemins qui mènent au soufre des philosophes, selon les procédés de la voie humide.

28 Sulfate de cuivre,  phosphore des chimistes (une fois n'est pas coutume). L'eau, par contre, est notre + (eau mercurielle) hyléaque renfermant les trois principes à l'état potentiel.

29 L’importance théorique et pratique de ce chapitre est considérable. Les équivalences posées doivent être saisies à fond, si l'on veut pénétrer ce qui peut rester obscur dans cet ouvrage. Si j'ai moi-même bien lu, les métaux sont formés d'éléments liés et d’éléments liants. Les liés sont soufre : substance carbonique et ignée ; Mercure : substance calorique, acide ou air vital ; Sel : substance lumineuse. Ce sel principe, dans la terminologie propre à l'auteur, n'est pas, dans sa racine, le principe de corporisations, ni le résultat de l'union du soufre et du mercure, mais il permet cette union, étant sorti de leur source commune androgyne. Je crois avoir noté qu'il ne faut pas le confondre avec le sel de sapience, réalité de laboratoire et non principe cosmique. Les liants sont : terre enserrante talciforme (base métallique), terres colorantes « ayant en soi son principe colorant » : la «teinture », car elle est le réceptacle ou liant du soufre, la terre analogue au talc étant celui du mercure, tout sortira la terra virginea. Les métalloïdes seraient impensables s'ils étaient totalement dépourvus des mêmes trois principes. Théoriquement, l'on pourrait passer des métalloïdes aux métaux ; pratiquement, ce travail serait énormément long et difficultueux. Comme les métaux, les métalloïdes tendent vers un corps encore parfait, achevé, équivalent de l'or dans la série métallique. Et ce corps est si je ne m'abuse, le soufre de notre chimie profane.

30 Soit une solution dans laquelle des réactifs appropriés feraient reparaître, un à un, les éléments en suspension.

31 Les Fleurs Benzoïques c'est-à-dire les sels de l'expérience précédente. L'acide phosphorique est ici, bien entendu, notre + (eau mercurielle).

32 La base, encore imparfaite, du soufre des philosophes, dont l'obtention fait l'objet du second oeuvre.

33 Huiles aurifiques.

34 Mercures philosophiques. La fixation à feu de lampe jusqu'à l'état d'élixir nécessite une grande prudence ou une grande audace. La technique est autre lorsqu'on utilise le creuset clos où le matras de verre. La durée du travail également.

35 La solution claire : la liqueur d’un rouge sang. Ce procédé n'est pas la suite de la confection de la poudre tinctoriale, mais en est entièrement distinct.

36 Proportions à retenir.

37 Cette expérience est à confronter avec les précédentes. Notez les procédés de multiplication qualitative et quantitative. On se tromperait en prenant cette poudre de projection pour le résultat d'un « particulier ».

38 L'auteur a ici en vue non le sel principe, mais le sel harmoniac, utile dans la voie humide, indispensable dans la voix sèche. Il est naturellement insoluble dans l'eau ordinaire. Il en reparlera d'ailleurs plus loin, au chapitre des pyrites.

39 « Brennbar». Pour saisir ce que l'auteur entend, il faut se reporter à ce qu'il dit du charbon et du principe qu’il renferme, dans les premières pages de cet opuscule.

40 Cette poudre d'augmentation peut être effectuée après la fin du premier Oeuvre. Elle est donc proprement alchimique. Je n'ai pas qualité pour juger si la formule est tronquée ou non.

41 Ne pas prendre «poudre de charbon» au pied de la lettre. Rapprocher cette expérience de celle décrite dans le chapitre sur la nature de l’or et de l'argent. De celle, aussi, dont il parle à propos du sang humain. Je ne saurais être plus clair, là où l'auteur veut visiblement demeurer obscur. Il faut l'inspiration du ciel pour se reconnaître dans ce dédale. Mais n'est-il pas écrit : « Demandez, et vous recevrez » ?

42 Sièges de l'énergie nerveuse.

43 La tourbe est plus impure, mais plus aisée à travailler que l'anthracite. Toutefois, pour nourrir ces carbones, l'acétum philosophorum est requis. Toute clé n'ouvre pas toute serrure.

44 En français dans le texte.

45 Tout ceci est susceptible de plusieurs adaptations. En voici une : pour obtenir du fer, il faut conjoindre soufre, mercure et terre talciforme dans des proportions qui soient celle du fer. Donc, l'avoir analysé. Les alchimistes n'ont pas attendu Lavoisier pour se servir de balances.

D'autre part, les huit derniers alinéas ont un sens général, et un sens particulier de la plus haute importance, touchant un certain problème du grand oeuvre, ce qui oblige parfois l'auteur a jouer quelque peu sur les mots. La dernière phrase peut sembler ironique, ce qui n'est pas le cas.

Encore faut-il pour cette réalisation, connaître le premier agent. Les anciens avaient avec une bonne connaissance des sels métalliques solubles et insolubles (chimiquement s’entend). Vitriols et autres « atraments » jouaient un grand rôle dans les confections de minières artificielles. On sait, d'autre part, que le vitriol Romain ou vitriol vert constituait le support de la fameuse poudre de sympathie, à laquelle Robert Amadou consacre une monographie très objective et de haut intérêt. Il existait ainsi pas mal de sels simples ou doubles doués de propriétés peu communes, soit symboliquement, soit réellement, je veux dire in vitro. Emile Canseliet a consacré à certain de ses sels sympathiques des pages précieuses. On trouvera également dans Histoire et  Doctrines des Rose-Croix de Sedir, plus de renseignements utiles, notamment dans la Parabole de Mars de Busto Nicénas, révélatrice à plusieurs égards.

46 L'énergie tellurique métallifie le Gur et le densifie… L’or, je l’ai dit, après bien d'autres, se forme en surface, de préférence dans les silices (sable, quartz, etc). Le soufre et le fer, en diverses combinaisons hâtent ce processus de l'or, certaines autres pyrites également, jouant si l’on on veut le rôle de catalyseurs, d'excitant (Le Brun de Virloy) ou de stimuli (D’Eckartshausen). Antagoniste et complémentaire de l'or, le fer est un métal des profondeurs. Dans la rencontre de ces deux énergies métallifères de sens ou signes contraires, on peut supposer que l'énergie tellurique tend au fer et que l'énergie cosmique tend a l’or. Ce n'est pas par fantaisie que les alchimistes d'autrefois se déplacaient, parfois fort loin, pour aller observer les gîtes miniers.

47 Une part de ce qui précède appartient à la voie sèche, une autre part en offre l'équivalence en voie humide.

48 C'est-à-dire, de l'oxydation, au sens chimique. Prendre au sens hermétique le « phosphore » de l'alinéa suivant.

49 Air vital. L'auteur, dans l'emploi des deux termes, Lebensluft et Sauerstoff envisage tantôt le corps physique "oxygène", tantôt le feu-Eau, la manne ou rosée philosophique, appelé aussi Vinaigre des montagnes.

50 Lequel est, sommairement, une condensation de la quintessence astrale dans le sujet rendu réceptif et davantage dépouillé à chaque aigle de sa spécificité initiale et de ses superfluités. Il faut que, dans cette genèse, l'esprit inqualifie les eaux chaotiques.

51 Métaphores exprimant l'action du feu interne, sans préjudice de l'autre. Ici, nous en sommes au premier œuvre et, si l'on veut m'entendre, au second barreau de l'échelle des sages. D'un accord unanime, les philosophes ont scié ou enfoui très profondément dans le sol aride le premier échelon, en hors-d’oeuvre…

52 Continuations du premier oeuvre dans le style de la voix sèche.

53 Mercure philosophal, lait virginal.

54 Cet alinéa n'est nullement la suite de ce qui précède. Le procédé très original qui est ici donné est presque complet. Il est aussi sûr, davantage peut-être, que celui dit « des deux Dragons ». J'en ai dit suffisamment pour le chercheur attentif. J'ajouterai deux mots : ne pas prendre trop au pied de la lettre les flores ignis et lucis

55 Il est peut-être charitable de prévenir qu'il peut s'écouler des mois entre cette opération et la précédente.

56 Ici une phase essentielle décrite dans une de ces pages précédentes, est omise. Nous arrivons sans relais à l'élixir, cette fois en suivant davantage la technique de la voie humide, à ce qu’il semble.

57 Voir l'Aseh Mesareph ; la Vulgate rend ce mot par stibium. Après Christian, Éliphas Levi d'abord (dans La Clé des Grands Mystères), Jolivet-Castello ensuite (Comment on devient alchimiste) ont reproduit ce mot en l’estropiant, par confusion entre un Kaph final et un Daleth. Puch ou Phok a pour nombre 106 (80 +20+6) ou sept (1+0+6). Ces auteur se sont copiés sans même chercher à comprendre et à vérifier. Sans cela auraient-ils pu écrire : « le métalloïde centrale dont le nom est Phod ou plombaya, dont le nombre est 106 = 7 » ? Le nombre de PHOD est indubitablement 90 = 9. Rien que ceci, qui saute aux yeux, aurait dû les préserver de l'erreur s'ils avaient eu la moindre velléité d’étudier pour leur propre gouverne ce qu’ils donnaient aux lecteurs, non forcément hébraïsants, comme thème des plus hautes spéculations alchimico-cabalistiques !

58 Il s'agit apparemment du Kohol ou fard d'antimoine. Peut-être serait-il sage de ne pas conclure de cette digression un peu… voyante que l'antimoine vulgaire est la materia bruta philosophorum.

59 Ou premier mercure.

60 Je commenterai le moins possible. Pour orienter les idées, je dirai seulement que les figures doivent être étudiées indépendamment de leur glose et replacée dans l'ordre véritable, qui est celui de successives obtentions en partant du plomb des sages ou de leur minière.

Un philosophe ami a fait grief à l'auteur d'avoir copié ses mentions apparemment minéralogiques dans « Le Grand et le Petit Paysan », traité célèbre du XVIe siècle. D’Eckartshausen avait sans doute ses raisons pour en user ainsi, suivant en cela une méthode courante parmi les meilleurs auteurs hermétiques dont les emprunts faits aux «classiques » de leur littérature ont souvent d'excellents motifs d'opportunité.

61 Texte obligeamment traduit et communiqué par un hermétiste de nos amis, B. H*****. Qu’il soit ici chaleureusement remercié.




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