C O M P E N D I U M HERMÉTIQUE
(Extraits)
CHAPITRE I
De la vraie Médecine des Anciens
et comment elle fut trouvée.
La vraie Médecine de nos ancêtres consiste uniquement dans
la Quintessence,
et c'est Hermès Trismégiste, qui vécut au temps de Moïse, qui l'a, le premier,
découverte et transmise dans ses écrits.
L'art de Médecine a duré jusqu'à ce qu'apparût la Misochimie, avec ses
théories sans fondement, ses grandes difficultés à surmonter son mélange
avec la Sorcellerie
et la Magie, sa dépréciation par la critique de mauvaise foi et enfin
sa disparition dans les vains bavardages.
Peut-être
Satan, l'ennemi du genre humain, avait-il employé toute son habileté et sa
malice à nous priver de ce secours. Peut-être voulait-il empêcher la grandeur
du Dieu Éternel de paraître, et le priver des actions de grâces des hommes, en
même temps qu'il privait ces derniers de cette naturelle et puissante Médecine.
CHAPITRE II
D'où doit-on tirer
la véritable Médecine, et des différences
qu'elle comporte.
La véritable Médecine tire son origine du centre de la terre. Elle provient seule de Dieu, qui nous
l'a manifestée bien clairement dans la Trinité. Le Dieu tout-puissant, qui est un seul
Dieu, consiste pourtant en trois personnes divines ; aussi, ayant fait sa
créature à son image, l'a-t-il signée de sa signature, qui est triple, afin
qu'à travers sa création sa Loi transparaisse.
Cette
trinité nous apparaît cependant sous l'aspect de l'unité. Par Hermès Trismégiste,
elle est qualifiée de « certaine et très
véritable, sans mensonge ». D'autres
philosophes la nomment : Les trois Principes de toutes choses. On trouve ces
trois principes dans les trois règnes : végétal, animal et minéral. Les
médecins hermétiques les ont appelés Mercure Soufre et Sel, parce qu'on les
trouve également dans la résolution de chacun de ces corps particuliers
Bien
que chaque espèce ait ses différents principes, on trouve, dans le règne
végétal, du sel, de l'huile et de l'eau ; dans le règne minéral, la terre, le
soufre et le mercure ; dans le règne animal, le corps, l'âme et l'esprit.
C'est sur cette
philosophie que se fonde la
Médecine hermétique, parce que chaque esprit aspire à s'unir
à celui qui est le plus apparenté au sien : « les semblables se guérissent par
les semblables ».
En
cela diffèrent les Hermétistes et les Galénistes. Les Hermétistes mettent les
Trois Principes en avant, parce qu'ils sont les éléments les plus prochains de
toutes choses ; et, ici, Hermès nous apparaît plus près de la vérité que
Galien, qui ne se préoccupe, dans la maladie, que de l'impureté des éléments.
Mais, le mélange des trois Principes étant la véritable essence des corps,
aidée par eux, la nature rejette d'elle-même hors des corps les impuretés et
rétablit en eux la santé.
Lorsque,
dans le Microcosme, c'est le sel qui est atteint, le sel agit ; si c'est
le soufre ou le mercure qui est malade, alors c'est le soufre ou le mercure qui les guérit.
Voilà
ce que j'ai voulu expliquer brièvement, afin que les aveugles ouvrent leurs
yeux et puissent voir ce que sont la
Philosophie et la Médecine Hermétiques,
et qu'elles s'appuient sur le fondement de la Nature universelle ; afin, aussi, qu'ils puissent
discerner en quoi elles diffèrent de la Médecine ordinaire. Connaissant les deux, un
véritable médecin saura guérir par la Médecine Hermétique les maux qui apparaissent
incurables aux Galénistes. Alors les mensonges éhontés de ces derniers, qui
prétendent que les « chimistes » empoisonnent les gens, seront prouvés.
Enfin, quand tu auras lu et compris ce petit livre, tu sauras que c'est la Médecine ordinaire qui
est un mensonge et un poison, et tu conviendras avec moi que ceux que je nomme
« Chimistes » ne sont pas ces vulgaires gâcheurs d'eaux et de mixtures, qui
vont jusqu'à se réclamer de Paracelse, alors qu'ils ignorent le premier mot de la Médecine Hermétique
! Il ne suffit pas de porter un long couteau pour être un fin cuisinier ; aussi
ne parlerai-je ici que pour ceux qui veulent étudier les Principes reposant sur
des bases solides, et qui veulent atteindre à la maîtrise dans l'OEuvre par la
voie expérimentale.
CHAPITRE III
De la juste connaissance et de l'origine
de toutes les maladies.
On a
l'habitude de dire, en Médecine : La cause du mal trouvée, il est plus facile
de trouver le remède.
Le
médecin doit donc, avant tout, reconnaître la maladie ; il saura alors la
soigner. La disparition de la maladie est visible; le début est obscur. Le but
du médecin est de la faire disparaître. C'est en cela qu'il prouvera qu'il a la
connaissance de la dernière
matière.
Dans mon petit traité Des Premières Essences, je vous ai
démontré que le Sel, le Soufre et le Mercure proviennent, au commencement, des
Quatre Eléments, lesquels sortent des quatre matrices d'une même Nature ; et la Nature elle-même a pour
origine les Trois Principes. De là proviennent nos maladies et tous les
troubles de notre corps. Car la vie du corps n'est pas réglée seulement par les
quatre Humeurs, mais aussi par les trois principes :
SEL SOUFRE MERCURE
par les Astres naturels du Microcosme et par les Cinq
Origines du Mal. Sachant cela, le médecin pourra reconnaître et
déceler toutes les maladies. Par ce moyen seulement il arrivera à connaître le
Ciel et l'origine lui en sera révélée.
Les
Planètes déversent leurs rayons et effets en bas, sur les planètes corporelles,
en indications particulières, selon que l'homme se laisse mener par l'esprit
sidérique ou par l'esprit animal. Ainsi les éléments et les planètes ont leur
signature dans l'homme. Lorsqu'un de ces signes ou planètes gouverne dans le
Macrocosme, il gouverne aussi le cours du Microcosme et attire les hommes à lui
comme la terre attire la pluie. Ainsi lorsque nous observons le règne d'une planète
contraire et que le temps se gâte, devient mauvais au ciel, l'homme en ressent
tout de suite un malaise et de la mélancolie, par suite de l'harmonie
entre le Macrocosme et le Microcosme. Il en résulte qu'à l'origine et aux périodes de
croissance de chaque planète, correspondent, dans le corps humain, différentes
maladies.
Mais lorsque
l'homme vit à l'exemple de Dieu, les astres ne le gouvernent plus ; au
contraire c'est lui qui les domine, d'après l'antique adage : Les astres
régissent le corps, mais l'esprit libre régit les astres.
Un
médecin ne doit donc pas observer seulement les complexions et les humeurs,
mais bien plutôt les planètes du Microcosme, et aussi comment on peut découvrir
la puissance et les effets des remèdes d'après la signature de leurs planètes
; car les astres ne sont pas seulement dans le Grand Monde mais aussi dans le petit,
c'est-à-dire dans l'Homme qui possède en lui tous les minéraux du Grand Monde,
et est appelé pour cela : Petit Monde.
Avant
donc de pouvoir classer les maladies, nous devons reconnaître tous les minéraux
du corps humain, et savoir que le Microcosme tire sa Médecine du Grand Monde.
Autant de planètes dans le ciel, autant de minéraux dans la terre ; chaque
planète exerce son influence, par moyen spirituel, et il y a autant de minéraux
ou de planètes dans l'homme que dans la terre (car l'homme est une extraction
et une quintessence de la terre).
Donc, lorsqu'un médecin sait ce qu'est le Salpêtre du
Grand Monde et celui du Petit Monde, il sait aussi quelle cure appliquer.
Lorsqu'un cas de chancre lui apparaît, il doit savoir qu'au même endroit se
trouve de l'arsenic, parce que le chancre est appelé mal arsenical. Un autre
mal est appelé martial, un autre lunaire, et ainsi de suite. Le médecin doit
savoir cela. Dès qu'il le sait, le mal lui enseigne le remède. Ainsi l'Arsenic
guérit l'Arsenic, le Scorpion, le Scorpion, et Mars, Mars, c'est-à-dire toutes
les maladies martiales. Car chaque créature du Dieu Tout-Puissant est créée
par lui des Trois Principes (comme LÀ-HAUT). De ces trois principes viennent
toutes choses, et quand un de ces principes n'est plus équilibré, il s'ensuit
bientôt une corruption, un déclin ou une maladie d'un membre, et c'est là l'origine
naturelle, quand le mal vient naturellement de la rupture d'équilibre du
SEL, du SOUFRE ou du MERCURE, par l'effet du ciel particulier de
l'homme, ou corps astral.
La
deuxième origine des maladies est l'origine Astrale, qui provient des influences
des planètes du Grand Monde.
La
troisième est l'origine vénéneuse, quand une
maladie vient du poison ou de l'impureté qui est dans la nourriture ou la
boisson, impureté appelée aussi Tartre.
La quatrième est l'origine Spirituelle, quand c'est la Sorcellerie ou
l'esprit d'un homme qui a occasionné chez un autre la maladie.
.
La
cinquième est l'origine Divine, quand l'homme
devient susceptible de contracter les maladies par un décret du Dieu
Tout-Puissant.
Voilà
donc les cinq origines de tous les maux, et celui qui ignore leur traitement et
leur cure ne peut se nommer Médecin Parfait.
L'expérience
et l'épreuve doivent être les véritables maîtres ; et cela est pris si rarement
en considération que beaucoup de malheureux patients ont été abandonnés par les
médecins, parce que ceux-ci n'avaient pas su reconnaître la véritable origine
du mal et y appliquer un traitement bien fondé.
CHAPITRE IV
De la véritable Cure et de la guérison
des maladies en général.
Lorsque
le Dieu Tout-Puissant eut créé toutes choses, en dernier lieu Il créa l'Homme
du limon de la terre. Le limon de la terre est la
cinquième créature, la
Quintessence du monde, une extraction et un résultat dernier
de toutes les natures. De cette extraction l'homme fut fait. Il s'en suit qu'il
y a en l'homme une synthèse de toutes les créatures. Il doit donc se servir de
ce avec quoi il a été fait ; la chose même avec quoi il a été fait doit le
guérir de son mal et le conserver en santé.
Il en résulte que toutes les maladies qui apparaissent en
l'homme doivent être dissipées par une force, car le mal ne peut être combattu
que par une force. La véritable Médecine est une puissance qui vainc toutes les
maladies, de même que le feu fond et dévore tous les métaux. Il nous faut donc
chercher la Médecine là où se trouve la force qui doit agir contre le mal.
Puisque
l'homme est le Microcosme, le Grand Monde doit le conserver, le nourrir et le guérir. Si les
fruits de la terre du Microcosme deviennent malades, alors les fruits de la
terre du Macrocosme doivent lui venir en aide. S'il survient une maladie dans
l'élément Feu, Air ou Eau du Microcosme, ces mêmes éléments du Macrocosme
doivent aussi lui venir en aide. Toujours le semblable doit aider le semblable.
Toutes
les maladies naissant des Trois Principes et des Quatre Eléments, elles seront
donc guéries par la cinquième essence de ces trois principes et de ces quatre
éléments ; et ceci dans n'importe quel membre.
La Quintessence de l'Or sert
pour le coeur ; celle de l'Argent pour le cerveau ; celle du Cuivre pour les
reins ; celle du Plomb pour la rate ; celle du Vif-Argent pour les poumons ;
celle du Fer pour la bile ; celle de l'Etain pour le foie ; car ces sept
parties ont besoin, dans leurs maladies, de médecines minérales, les végétaux
étant trop faibles.
Il y
a autant d'espèces de remèdes dans les trois règnes que de parties à soigner
dans le corps, comme on peut le voir dans mon Harmonia Mundi. Aussi chaque médecin doit-il avoir l'Herbarium
Spirituale siderum et y apprendre à reconnaître les signatures à la lumière
de la nature. ll doit savoir
quels sont les pierres, plantes, animaux qui reçoivent l'influx de Saturne,
Mars, Mercure ou tout autre planète, et à quelle partie, bile, poumon, rate,
etc., ils peuvent être bénéfiques. Car chaque planète a sa propre qualité et influence de nature, qu'elle déverse, par ses rayons, sur le monde
inférieur, sur les animaux, les plantes et les minéraux, où elles s'impriment.
Les choses et même les éléments ainsi signés par les planètes ont la force et
la vertu des planètes auxquelles elles sont reliées et soumises.
Les animaux ont une vie plus puissante que les végétaux,
et les minéraux sont d'une nature plus fixe et plus dure que les êtres des deux
premiers règnes ; aussi les végétaux conviennent-ils aux maladies moindres, les
animaux aux plus fortes et graves et les minéraux aux plus violentes et
invétérées, particulièrement dans les maladies chroniques. L'effet qu'on n'aura
pu atteindre avec les végétaux et les animaux, on l'obtiendra avec les minéraux
s'ils ont été bien préparés et, par l'art spagyrique, débarrassés de leurs impuretés
et venins.
Les
médicaments ainsi préparés et absorbés mais spiritualisés en une quintessence,
pénètrent dans le corps, se joignent tout de suite à la forme qui leur est
semblable, telle une forme et son image dans un miroir. Par exemple. si c'est
un médicament qui a la signature du coeur, il va au coeur ; s'il a la signature
des pieds, il va aux pieds ; la signature des mains, aux
mains ; de même à la tête, au ventre, au dos, au foie, aux reins et à tous les
autres membres ; puisque chaque membre sidéral (astral) lorsque le médicament
est absorbé par l'homme, recherche le membre physique correspondant.
Le Semen Santonici guérit la pierre
et la goutte, parce que sa signature rappelle le sable ; aussi se place-t-il là
où sa forme apparaît. Le corps étant l'image de l'esprit, chaque médicament est
un véritable arcane. Donc, avant toute chose, on doit rechercher ces analogies
entre le médicament et le mal. En cela réside le fondement de toute cure, et
non dans des ordonnances compliquées et dans correctionibus per additiones, car toutes
choses sont, par la nature, figurées au mieux dans une forme spirituelle.
Celle-ci, aucun médecin, aucune composition ni correction ne la pourra mieux
faire que la nature. Il y faut seulement employer la Chimie, qui sépare du
poison le lys et l'or médical, le subtil de l'épais, et, du corps terrestre, le
baume, la vraie et pure essence. Alors on pourra se faire dans l'Art de
Médecine une véritable réputation de fameux Docteur.
CHAPITRE V
De quelle manière on doit guérir les maladies, et des
médicaments.
Nous
avons fait mention, dans le précédent chapitre, des cinq origines des maladies,
selon les Trois Principes.
Ce
sont :
1° La cause Divine, c'est-à-dire la
colère de Dieu et la punition de nos péchés ;
2° La cause Astrale, qui, par le moyen des planètes, de
l'obscurité et d'autres funestes influences, provoque des maladies du corps ;
3° La cause Spirituelle qui, à celui qui ne prie pas
assidûment, envoie, par le moyen de la Sorcellerie ou par quelque autre influence d'un
esprit étranger, des maux graves, avec la permission de Dieu ;
4°
La cause Vénéneuse, qui agit dans le corps de l'homme par les aliments et les
boissons;
5°
La cause Naturelle, quand le corps est lésé dans l'un ou l'autre de ses trois
principes, ou par une faiblesse de constitution héritée des parents, ou par
des excès qui ont affaibli le corps et son humide radical.
Telles
sont les cinq origines de toutes les maladies.
Il y
a, en conséquence, cinq manières de les guérir.
Que
le médecin sache d'abord d'où la maladie tire origine. Est-ce de nourriture ou de
boissons avariées? Alors il faut soigner par les Arcanes, c'est-à-dire par des
végétaux appropriés, si le mal provient d'un végétal ; par des minéraux, s'il
vient d'un minéral. S'il s'agit de l'influence des astres, ni minéral ni
végétal ne seront d'aucun secours, mais il faudra avoir recours à l'Astrologie
et à l'influence particulière du ciel. Si le mal est venu par sorcellerie,
possession magique, envoûtement, il faudra employer la magie. Enfin lorsque
c'est le Dieu Tout-Puissant qui tient dans ses mains le terme de la maladie et
de la santé, et qu'Il ne guérit pas le malade, aucun médecin, aucune médecine,
ni l'or potable, ni la
Quintessence, ni l'Astrologie, ni la Magie, ni même la Pierre des Philosophes ne
serviront de rien, mais seulement la vraie pénitence, la vie régénérée et la
grâce de Dieu.
Dans
mon Traité universel
du Macrocosme et du Microcosme j'ai suffisamment indiqué l'origine et la guérison des
maladies :
1° Celles d'origine divine se guérissent par
la foi chrétienne
2° Celles d'origine naturelle, par la méthode naturelle,
selon l'expérience
tirée
de la forme spécifique et de la signature des choses
3° Celles d'origine vénéneuse, par le Baume de Mumie;
4° Celles d'origine astrale, par
l'Astrologie ;
5° Celles d'origine spirituelle, par la Magie.
Maintenant
il est nécessaire de savoir que toutes les créatures viennent d'une seule et
unique matière. Cette matière de toutes choses est le Grand Mystère.
Ce
grand Mystère est la Mère
de tous les éléments, des pierres, des plantes des animaux; en somme la Mère et l'origine de toutes
choses créées par l'Artiste Suprême.
Nous
lisons dans la Genèse
(chapitre I) comment l'eau se sépara de la terre, et comment l'homme, le
dernier, fut formé et créé de la
Terre où il n'y a que SEL, SOUFRE et MERCURE ; et
dans ces trois choses repose la santé de l'homme comme sa maladie, et non pas
dans les Quatre Humeurs, ainsi qu'on l'a dit. Il faut comprendre ce que c'est que
le SEL, le SOUFRE et le MERCURE du Petit Monde, comme
ceux du Grand Monde, et reconnaître quand ils sont bons ou mauvais, sains ou altérés.
Mais l'Homme a
sa première matière dans son Limbo ou Chaos. Le SEL, le
SOUFRE et le MERCURE de ce Chaos ont été ceux des Eléments, qui en ont été
extraits, puis réunis dans l'homme. Aussi le médecin doit-il savoir que toutes
les maladies sont dans les trois premières substances et non dans les
quatre éléments. Les vertus qui sont dans les quatre éléments ne regardent pas la Médecine; elles sont
seulement, dans leurs rapports avec les quatre humeurs, les matrices où les
trois principes sont contenus.
La
cure des maladies peut être opérée de deux façons : Universellement et Particulièrement.
La
cure Universelle est celle où le Baume de Nature, natif ou implanté, guérit et
réconforte de telle façon qu'il expulse toute l'impureté de la maladie dès la
racine ; car ce baume s'accorde si bien avec la nature humaine qu'il résout,
par sa ressemblance, la semence même de l'impureté invétérée. Dans ce cas,
l'humide radical est conservé dans toute sa force et aucune maladie ne peut
atteindre le corps.
Mais dans la cure particulière, la semence, teinture ou
racine de la maladie ne peut être enlevée,
mais seulement les symptômes et douleurs atténués ; il faut alors soutenir et
réconforter la nature, en même temps qu'on emploiera les médicaments dont la
signature se rapporte exactement aux parties du corps atteintes.
CHAPITRE VI
De la Médecine Universelle
et de sa préparation
Les
espèces de maladies sont aussi nombreuses que les espèces de créatures élémentaires,
qui existent par milliers ; comme le Savant ne peut les connaître toutes et y
appliquer la cure correspondante, beaucoup de malades sont exposés à périr ;
alors Dieu, dans sa clémence, a découvert à l'homme certains secrets
universels de nature, qui contiennent, les uns, la nature de tout le ciel, les
autres, la nature de toute la terre; d'autres, de tout l'air ;
certains qui ont la nature de tous les végétaux, ou de tous les animaux, ou de tous les métaux,
ou de tous les minéraux. Ils en ont les vertus et, par elles, ils peuvent
facilement trouver le chemin des maladies et les guérir. Parce que chaque
élément, aussitôt absorbé, est attiré vers son aimant particulier et lui est
uni.
Mais,
en plus de cela, le généreux Père a donné à l'humanité une chose du plus haut
prix, un remède, le plus universel de tous, qui contient la vertu, non seulement
d'un élément, mais de tous, et qui est une quintessence de toute la
machine du monde. Il n'y a rien qui soit plus près et plus parent du corps
humain ; lorsqu'il reçoit ce remède il absorbe la quintessence de tout le
nouveau monde régénéré, qui renouvelle le petit monde en lui apportant le vrai
« tempérament », car les hommes en ont été eux-mêmes formés au commencement. Voilà pourquoi
cette admirable médecine a été appelée par les Philosophes : Teinture
Universelle, et aussi : Pierre aurée des philosophes.
Tu dois savoir aussi qu'il y a une pierre magique à
trouver dans le chaos du Microcosme, qui possède en elle toutes les essences de
la nature, comme la pierre aurée. La seule différence entre elles concerne la
transmutation.
Le
Microcosme étant créé des quatre éléments et à leur image, il s'en suit qu'une fois résolu en sa première
matière, celle-ci a en elle quatre éléments de poids égal. De ce chaos sort un nouveau monde
qui peut s'unir à toutes les natures, parce que la Grande Nature et
l'essence du Grand Monde y est incluse, quoique cachée.
Toutefois,
cette Pierre Animale n'exerce son action que dans les maladies du corps, qu'il
peut guérir et conserver en parfaite santé jusqu'à la fin assignée par le
Créateur, comme il faut l'entendre aussi dans une certaine mesure pour la pierre
végétale.
Mais
c'est dans la Pierre
Aurée que se cache tout le trésor de nature et c'est dans
l'aimant de l'or que se trouve la plus grande vertu, dont la connaissance est
un don du ciel. Sa préparation est spirituelle, mais le sujet en est terrestre,
et c'est le plus puissant centre d'où tout cercle doit naître. Là repose le
véritable sperme, et le véritable Mercure des Philosophes.
C'est une réelle
matière, exposée à tous les yeux et pourtant connue de peu; elle se trouve en
tous lieux et est méprisée comme étant de nulle valeur. Chacun la touche avec
ses mains; ce n'est qu'une boule ronde qui contient l'Océan ou la grande Mer,
et dans le centre de laquelle est caché le véritable petit oiseau d'Hermès,
formé par le corps sidéral à travers les éléments et la terre. C'est une
matière connue et la vraie Mère de tous les minéraux et métaux; et c'est de
cette matière et Mère que l'homme a été tiré, qu'il est né, et par elle qu'il a
été reçu et rendu vivant.
Nous
ne la révèlerons pas davantage; c'est plutôt à chaque médecin de rechercher ces
mystères dans le grand Livre de la
Sagesse, qui provient de l'Esprit Divin, c'est-à-dire dans le
centre de Nature. Il y trouvera la base et la connaissance de toutes choses ;
et par une vie austère, une humble prière, il recevra le don, ainsi que le
Christ nous l'a appris : Travaillez à obtenir le Royaume de Dieu ; tout le
reste vous sera donné par surcroît.
CHAPITRE VII
De la voie particulière,
et comment on peut guérir les maladies
par des spécifiques.
Les cures particulières, comme la cure universelle,
doivent être cherchées dans le tréfonds de la nature. Il faut d'abord savoir quelle substance convient
le mieux au corps humain. Le SEL, le SOUFRE, et le
MERCURE cachés dans les métaux et minéraux étant communicables à l'homme,
lorsque le semblable retrouve son semblable, il en résulte des cures
inespérées. C'est d'après la signature des choses que le médecin doit se
guider. La nature met sur chaque créature le signe de ce à quoi elle est bonne,
et indique, dans son saint langage, les forces et les vertus des choses, par
leurs noms et les lettres mystiques qui
y sont cachées. Quand on veut savoir à
quoi une chose est bonne, il faut la reconnaître à ses signes et à son nom.
Ainsi toutes les forces qui sont dans les choses naturelles seront reconnues à
leur signature, de même qu'une barbe rouge et une barbe noire sont l'indice de
la nature d'un homme, car on dit : On reconnaît l'oiseau à ses plumes.
La
physionomie des choses naturelles doit donc être étudiée et comprise à fond,
car la nature ne laisse rien sortir d'elle qui ne révèle ce qu'elle
contient. On en voit un exemple frappant dans l'homme dont les qualités de coeur, bonnes ou
mauvaises, se voient clairement sur sa physionomie ; il n'y a rien de si caché
en l'homme qui n'ait son signe visible sur lui.
Celui
donc qui veut être un véritable Philosophe, ne doit pas s'en tenir aux
théories, travaux et descriptions des autres, mais doit sonder par lui-même le
fond de la nature et en tirer sa lumière.
CHAPITRE VIII
Des meilleurs médicaments
que le médecin doit employer.
Rien n'a été créé par le Tout-Puissant qui n'ait son
utilité et ne soit pour un bien ; et pourtant il faut savoir discerner ce qui est doué des plus
hautes propriétés et vertus. Un homme peut en surpasser un autre en
intelligence et en sagesse ; il en est de même entre deux substances, quoiqu'il se puisse trouver une bonne médecine en toute
chose.
La
vie de l'homme est trop courte pour qu'il puisse expérimenter toutes les forces
de la matière ; aussi Damascenus, un Père de l'Eglise, nous dit-il : Seul sera
grand et tenu pour sage et avisé celui qui ne s'arrêtera pas à la quantité mais
à la qualité et utilité ; et un bon médecin doit s'en tenir à une petite quantité
de médicaments, principalement à ceux dont il a expérimenté la vertu et la
puissance.
Ainsi
donc point de nombreuses recettes et d'ordonnances compliquées ; et, dans les
pharmacies, point de ces masses de boîtes et fioles ; mais le bonum
et modicum suffit. Inutile
de courir chercher des médecins aux Indes, en Asie et en Afrique ; car la
déesse Fortune a enfoui son trésor et sa puissance très profondément dans la
terre ; et c'est pourquoi ils sont tenus, par ignorance, pour méprisables et
sans valeur.
La première et la plus puissante des médecines est la Pierre des Philosophes ;
étant universelle, elle dissipe tous les maux, mais comme sa préparation est
très lente et dure plus d'une année, et que sa matière se cache dans l'ombre,
il n'est pas nécessaire de la préparer quand on débute.
Après
viennent les trois Pierres Magiques : la pierre animale, la pierre végétale et
la pierre minérale ; puis l'élixir de vie, la teinture du Microcosme, ainsi que
la teinture et l'esprit des sept organes principaux : la teinture du Soleil
pour le coeur, la teinture de la
Lune pour le cerveau, les teintures de Mars, de Vénus, de
Jupiter, de Saturne et de Mercure, chacune pour son organe approprié.
Puis
viennent la quintessence des perles, la teinture de corail, ma Phalaia et mon Asa, et d'autres
médecines spécifiques indiquées dans ma Table Synoptique, lesquelles ont été
toutes, au commencement, générées dans la même matrice et doivent être
dissoutes et préparées par le même menstrue.
Je ne parlerai pas des médecines communes, des sirops, des
pâtes et des poudres qui encombrent l'officine des pharmaciens ; c'est leur
métier de les fabriquer, et c'est celui du véritable médecin de rechercher la
santé de ses malades dans les trois pierres magiques.
CHAPITRE IX
De la juste et vraie préparation
des médicaments.
L'art
de médecine comprend deux parties : le diagnostic, pour reconnaître la maladie
et son origine; et le remède pour la vaincre; ce dernier n'étant obtenu que par une
connaissance profonde des vertus des substances, et une impeccable
préparation, car la vertu des choses est profondément cachée.
Toutes les choses sublunaires sont de nature double :
parfaitement bonnes et parfaitement mauvaises, car il n'y a pas de grain sans
paillette, de farine sans son, ni d'amande sans coquille ; aussi est-il toujours
nécessaire de purger de leurs impuretés les substances animales, végétales ou minérales, qui
sont encore vénéneuses, parce que leur matière mercurielle est encore crue et
non fixe. Avant qu'elle n'ait été amenée à l'état fixe, l'estomac de l'homme
est beaucoup trop faible pour l'accepter et l'absorber, Mais préparée et
fixée, elle cherche le mal et agit sur lui à sa racine et l'expulse
radicalement. C'est ce que ne peuvent faire les médecines purgatives
ordinaires, qui agissent dans le corps à la façon d'une eau courante, qui parcourt brusquement une
rue sans entamer le terrain qui la constitue.
La médecine
fixe, au contraire, ne procure pas de selles, mais se manifeste par réaction de
la sueur, par exemple, en recherchant le centre et noyau de la maladie et en s'attaquant à la racine ;
ainsi il n'est pas besoin d'ordonnances compliquées avec «additionibus», mais
de l'indication simple d'un médicament préparé par l'art spagyrique, qui agira
avec une force volcanique. Bien entendu, ce n'est pas là l'affaire du théoricien,
qui a la science au bec, mais du sérieux naturaliste et vrai physicien, qui
sait reconnaître toutes les substances et sait ce que c'est qu'arsenic et
poison ; et qui sait extraire le lys des perles, ce que j'ai consciencieusement
énoncé dans ce petit traité, mais de telle façon toutefois que seuls l'artiste et
le philosophe puissent l'entendre, et non les sophistes et les charlatans, qui
doivent tout ignorer, n'ayant rien appris.
CHAPITRE X
De la différence des médicaments
et des matières d'où il faut les tirer.
De
même qu'il y a de grandes différences entre les hommes, l'un étant plus pieux
et l'autre
meilleur ou plus chaste, de même il y en a entre les choses ; par exemple, entre les vins, où l'un est plus
parfumé ou meilleur ou plus fort qu'un autre ; de même les esprits qui en sont
distillés, et qui sont plus puissants ou plus fortifiants les uns que les
autres, bien qu'on tire un esprit de tous les vins.
En
toutes choses, il faut faire une sélection et surtout en médecine ; il y faut
employer et choisir les espèces les plus puissantes et les meilleures. Elles
sont malheureusement falsifiées souvent, comme on peut le voir dans les huiles ; et
dans les esprits balsamiques, qui sont parfois si adultérés qu'un chimiste a peine à les reconnaître.
Voyez
par exemple l'esprit de vitriol, qui est très employé aujourd'hui. Ses vertus ne peuvent être
véritablement trouvées que dans le vitriol de Chypre ou dans celui de Hongrie ;
pourtant les apothicaires se contentent d'un vitriol commun, qui coûte moitié
moins cher que l'autre et n'a pour ainsi dire pas de vertus ; et ainsi pour
tous les autres produits : ils ne se conservent pas et ne sont plus, au bout de peu de temps, qu'un
flegme sans propriétés, et inutilisable.
CHAPITRE XI
Du moment propice pour cueillir
les espèces médicinales.
Toute chose a
son temps. Le raisin doit être cueilli en automne, le blé doit être coupé et
engrangé en été ; avant, ce serait trop tôt, et après, il serait trop mûr. Pour
toutes les choses qui sont sous le soleil, qu'elles soient végétales, animales ou
minérales, il y a un printemps où elles fleurissent, un été où elles sont mûres
et un hiver où elles se reposent.
Observons
donc les saisons de chaque espèce. Pendant le temps de leur influence balsamique, elles
échappent à la corruption et les vers ne s'y mettent point, parce que
l'influence balsamique est en harmonie avec les trois principes.
La semence
d'absinthe, récoltée dans le temps de son exaltation balsamique,
guérit la pierre et dissipe les douleurs, ce qui n'a pas lieu si on le récolte
à un autre moment.
La chicorée, à son automne et à
sa plus haute exaltation balsamique, arrête aussitôt les hémorragies, et, à un
autre moment, produit l'effet contraire.
Le mille-pertuis chasse tous les
vers du corps quand il est cueilli en son temps, mais pas autrement.
Chaque
plante doit donc être cueillie au moment de son influence balsamique et dans
l'endroit même où la nature la fait croître.
Chaque
médicament, si bien préparé soit-il, doit l'être avec des plantes cueillies en
leurs temps, sinon ce ne sont que des corps sans âme.
Le Médecin doit donc être, d'abord, astronome, et
rechercher les vertus que l'Astronomie révèle. II doit savoir faire la différence des plantes bonnes
pour la jeunesse de celles bonnes pour la vieillesse ; les unes seront cueillies
pendant la lune croissante et les autres pendant la lune décroissante ; les premières seront dénommées
mâles et les autres femelles ; et, toute création ayant deux nombres, les deux étant
réunis, cela fera un tout. Et plus les plantes sont fraîchement cueillies et
jeunes, plus elles ont de vertus, car, en vieillissant, elles perdent leur
force et leurs qualités. Et comme il est plus facile de guérir une maladie de fraîche date
qu'une ancienne, de jeunes plantes doivent être employées pour un mal ancien ou chronique et
de vieilles plantes pourront suffire pour des maladies récentes, car si du
vieux est appliqué à du vieux, c'est un aveugle qui conduit l'autre, et tous
deux tomberont dans un trou. C'est la raison pour laquelle beaucoup de remèdes
n'agissent pas ou restent dans le corps et, au lieu de chasser le mal, l'augmentent.
Le
médecin doit donc savoir quelle médecine employer pour être vainqueur du mal ;
si elle est plus forte que la maladie, celle-ci sera rejetée ou s'éteindra
comme le feu s'éteint ; au lieu que si la maladie est la plus forte elle changera le remède
en poison.
CHAPITRES XII ET
XIII
Des médicaments composés.
Comment les préparer et quel est
leur effet.
De même que le blé et tout grain, en général, ne sert à
rien, pour l'homme, s'il n'en a ôté les écorces et le son et n'en a fait la
farine ; de même, les matières médicinales ne servent pas au corps humain si
les impuretés n'en ont été séparées et la partie pure préparée et cuite en une
médecine. Lorsque la première préparation de tout médicament a été faite, on en
extrait la quintessence et on en tire l'or médical, c'est-à-dire qu'on sépare le pur des fèces impures, le
mauvais du bon et le corps de l'esprit. Car, dans toute chose naturelle, le bon et le mauvais
sont mélangés ; il n'y a pas de rose sans épine, d'arbre sans écorce, de noyau
sans coquille, et pas d'espèce médicinale sans poison. Aussi faut-il le retirer
et ne considérer que le lys et la quintessence, qui sont le pur et le feu de
toute chose et qui détruisent les maladies comme le feu consume le bois.
Il
sera retiré de tous végétaux dont on aura d'abord séparé les impuretés, et en
général de tous les éléments, car en lui seul réside la force, vertu et
médecine de nature. C'est le sperme et l'élixir de l'Or ; c'est aussi la
couleur et la vie, la teinture et l'humide radical, le baume et le cinquième
être extrait de toute chose ; il forme l'Esprit de vie, sans addition
étrangère.
La véritable
médecine doit donc être tirée d'un corps naturel et corporel, et changée en une
nature meilleure, spirituelle, en une pure essence, afin que l'esprit, lié au
corps à sa naissance, soit délié et puisse agir et pénétrer avec un
véritable feu spirituel, car, avant sa libération, il ne peut agir avec utilité
et puissance.
Or
donc, lorsque la spirituelle et éternelle essence est séparée du corps naturel
et mortel, elle peut promptement pénétrer et agir, à la façon d'une médecine
balsamique. En somme, en toute chose naturelle, ce qu'il y a de surnaturel
seul agit ; le reste doit être abandonné comme un corps mort ; la quintessence de l'Or, de la
Perle et du Corail s'y trouve en quantité infiniment
petite. Ils se trompent bien ceux qui prétendent en administrer le corps et la substance complète, même broyée sur un marbre, subtilement et avec
de l'alcool ; l'estomac ne peut le digérer et n'en reçoit que du mal. Beaucoup
de médecins l'ont essayé, et à tort.
CHAPITRE XIV
Suite du précédent
chapitre.
Nous
avons indiqué dans le précédent chapitre que l'esprit seul peut combattre la
maladie et non pas le corps tout entier. Aussi est-il nécessaire d'opérer une
anatomie spagyrique, pour séparer le noyau de sa coque, le pur de l'impur, la mumia salutaire du poison qui l'accompagne. Ces préparations
peuvent être universelles ou particulières.
L'universelle
est la préparation du menstrue universel ou Eau des Sages. Une fois que les
impuretés en ont été séparées, elle dissout toutes les choses qu'on lui joint
et qu'on laisse séjourner en elle un certain temps. Mais comme cette eau est le
grand secret de nature, et qu'il a été tenu de tout temps soigneusement caché
par les Philosophes, il ne m'est pas permis d'en révéler ici rien de plus.
Les
particulières sont en grand nombre. Ce sont les menstrues végétaux, animaux et
minéraux, qui agissent toujours selon leurs propriétés et vertu particulières.
Mais je vous dis, selon ma propre expérience, qu'aucune préparation n'est
meilleure ni plus juste que celle faite au moyen de son propre esprit et de son
propre
humide radical, lequel résout son propre corps, l'extrait et le sépare du venin par : Digestion, Calcination,
Sublimation, Coagulation et Fixation. Elle amène, par destruction de la matière, la
séparation et la purification des trois principes, les re-conjoint à nouveau,
leur donne une nouvelle naissance. Les médecins modernes, n'ayant rien étudié,
n'en savent absolument rien. Ignorant tout, ils affectent de tout mépriser,
pour que leur autorité ne soit pas méprisée à son tour. Ces Misochimistes, par
jalousie, décrient notre médecine, la signalent, par fourberie, comme un
poison, alors que ce sont eux qui donnent au patient la coque au lieu de
l'amande, le son au lieu de la farine, et les fèces terrestres et impures en
guise de pure essence !
CHAPITRE XV
Comment on doit préparer
les Médecines universelles
et les résoudre par l'eau des sages.
Si
le petit grain de froment n'est pas jeté dans la terre et ne s'y putréfie pas,
il ne porte pas de fruits. Parce que c'est au fond de la terre que se trouve
l'esprit et la
Fontaine Vivante. Elle est le réceptacle de tous les rayons
et influences célestes, une Mère et une racine universelle de tous les autres
éléments. Elle a en elle la semence de la force vivifiante de toute chose. C'est
pourquoi on l'appelle animale, végétale et minérale ; elle est fécondée des
trois éléments, et de ses fruits naissent et se nourrissent toutes choses. Elle
est un centre et un fondement dans lequel repose la Première Matière
de tout. Elle est nommée l'Epouse et le Ciel, car c'est le Père céleste qui,
par ses vertus célestes, la féconde. Aussi produit-elle toutes sortes d'animaux
et des fruits végétaux et minéraux, et ceci est le plus grand secret.
Lorsque ces fruits sont purgés, par l'art de Vulcain, de leurs
impuretés, alors notre première
matière apparaît comme le moyen de notre création, et la véritable Médecine, comme résurrection.
Non
seulement le microcosme, mais aussi tous les éléments donnent des fruits dans
la nouvelle vie, et sont doués de bien plus grandes forces qu'avant. Ainsi nous
voyons que la cannelle, les roses et d'autres végétaux, lorsqu'ils sont encore
en vie, sentent certainement bon, mais leur vertu est petite; et lorsqu'on les
tue, c'est-à-dire putréfie, dissout, calcine et distille, pour en séparer les
trois principes Eau, Huile et Sel, alors on constate avec quelle
puissance et vertu ils se comportent dans le corps humain.
Ils
ont encore plus de force quand les éléments sont réunis et poussés à une
nouvelle vie. Toutes les espèces médicinales doivent donc être anatomisées,
extraites, séparées et portées à la nouvelle vie, c'est-à-dire à la quintessence et teinture.
La
putréfaction est le point le plus haut où les espèces vivantes pourrissent et
meurent et redeviennent vivantes. Ce n'est pas un médecin ordinaire qui peut
entreprendre ce travail ; mais un praticien et chimiste averti, qui saura
diriger ses médicaments vers un but certain comme l'ont fait Hermès, Pythagore
et Raymond Lulle, ainsi qu'Hippocrate et Galien, lorsqu'ils ont
composé leur thériaque et leur antidote. Alors il obtiendra une médecine précieuse, par laquelle les patients ne
seront pas trompés.
De la préparation des Médicaments
et de la voie particulière
qu'on doit suivre.
La raison fait
comprendre et l'expérience démontre, et les paysans savent bien aussi,
que le vin et la bière, purs et débarrassés de leur tartre et lie, sont plus
sains que les autres. Pourquoi alors ne pas admettre que le médicament, purgé de
ses fèces grossières et de ses écorces terrestres, ne soit beaucoup plus actif et mieux toléré
par l'estomac ? Nous le voyons bien dans les simples : une petite parcelle de baume de
cannelle agit plus que si l'on donnait au malade à manger une livre entière de
la plante ; et cela, par la vertu de l'essence spirituelle du médicament.
C'est
Paracelse qui a trouvé que cette puissance réside dans
l'Eau et qu'elle est une mère de tous les métaux. De l'eau, qui est la racine
et le fondement de toutes choses, ont été créés les quatre éléments, dans le ciel
et sur la terre, comme nous le lisons dans la Genèse (Ch. 1). Il faut donc
reconnaître la véritable Eau, qui est l'Azoth, et le menstrue particulier,
l'humide radical ou première humidité à laquelle au commencement chaque chose
est liée, afin qu'elle puisse s'y résoudre naturellement et s'y délier.
Mais
celui qui veut connaître et se soumettre cette eau doit savoir qu'il lui faudra
beaucoup de travail et d'expériences (et non pas seulement lire ou entendre parler
de la chose), faire et reprendre le travail deux ou trois fois, et même cinq ou
six fois de suite, car il y faut du temps, ce qu'un inexpérimenté ne peut pas
comprendre.
Voici,
enfin, le résumé de ce chapitre : sans l'esprit du Mercure Universel qui est la
vraie et unique clef pour rendre les choses spirituelles, aucun métal ni
minéral ne peut être résolu ni rendu potable, comme l'élucidation nous
l'apprendra.
CHAPITRE XVII
De l'Or des Philosophes.
Ce qu'il est.
Ce n'est pas une petite bataille, parmi les Médecins, que
de savoir de quelle matière est tiré l'Elixir de vie. On conclut pourtant que
ce n'est que dans l'or, et non ailleurs, que doit se trouver la Médecine, parce que c'est
dans l'or seul que se trouve l'esprit de la Nature, pour dissiper toute faiblesse et amener
toute guérison. Et là-dessus, tous les Philosophes sont d'accord. Mais on
trouve dans la Philosophie des Adeptes et dans le Trésor de
Nature, qu'il y a beaucoup d'espèces d'or dans les choses naturelles.
Le
premier, Astral ; le second, Minéral, le troisième, Métallique, et le
quatrième, Elémentaire.
Le
premier est nommé Astral, parce qu'il gît encore dans le premier être et est
encore imparfait. Frère Basile Valentin l'appelle Soleil astral, parce que les astres
y ont encore leurs influences et premières opérations. De cette matière spirituelle, dit-il, dont l'or est né au commencement, il est possible
de confectionner un or potable, beaucoup plus parfait et meilleur que celui
qu'on obtiendrait avec l'or terminé, lequel il faut d'abord rendre spirituel
avant d'en faire un or potable. Théophraste Paracelse le nomme Electrum immaturum, et Première composition du Soleil, parce que,
justement, la nature y opère ses premières compositions. Certains l'appellent
aussi Or immaturé, ou Or potentiel. Aureum Vellus le nomme : Premier être du
Soleil, disant : Or et Argent ne servent à rien, s'il ne s'agit pas du premier
être. Théophraste, dans son petit livre Des premiers êtres dit comment on
peut l'obtenir, et, dans ses Archidoxes, révèle clairement comment on doit le préparer pour pouvoir
l'employer.
La Tourbe des Philosophes
l'appelle le Lion Vert, parce qu'il est encore vert, non mûr et imparfait.
Hermès et d'autres philosophes le nomment Terre Noire, Aigle Artotique, Saturne, Plombagine,
Racine du soleil ; et cela, non seulement à cause de son poids, mais parce que
la nature, en gestation du soleil et de la lune, forma une masse plombée. Mais
comment les Montagnards le nomment, cela ne peut être révélé, à cause des
indignes curieux qui pourraient en abuser.
L'or
minéral est celui qui est encore enfoui dans la gangue de la mine, avant que le
métal brillant, par la fusion, apparaisse.
L'or élémentaire est ainsi nommé bien que ce ne soit pas
de l'or selon l'espèce vulgaire. On le sépare par l'Art spagyrique, et c'est de
lui qu'est tirée la quintessence de l'or médical. La porte close des quatre
éléments s'ouvre et ils donnent alors leurs qualités cachées, le SEL, le SOUFRE et le MERCURE, séparément et
différenciés. Un chimiste habile et expérimenté saura les obtenir facilement
par ses opérations manuelles.
Pour
terminer ce chapitre, nous dirons que la meilleure matière première qu'on
puisse choisir est l'Or Astral, ou premier être de l'or. D'après le témoignage
et l'expérience de tous les Philosophes, elle est la plus utile et même la
seule qu'on puisse choisir pour le travail.
Comment on doit préparer l'Or, l'Argent
et les autres métaux et en tirer
la quintessence.
Lorsque les Anciens s'aperçurent, et, par l'expérience,
purent s'assurer que les plus puissants réconfortants des facultés du coeur
reposaient dans l'or et l'argent, ils s'appliquèrent à en tirer les principes
pour les adapter à leur médecine. Mais, tels qu'ils sont employés aujourd'hui
ils ne peuvent être d'aucune utilité à l'homme, puisque aucun métal ne peut
agir dans le corps s'il n'est auparavant rendu potable et spirituel,
afin que l'estomac puisse le digérer. Il est donc nécessaire qu'ils soient
détruits par le véritable art spagyrique, et que la vertu médicinale essentielle en
soit retirée et rendue potable, et cela sans le moyen d'aucun corrosif.
C'est cette préparation que j'ai indiquée avec suffisamment de clarté dans ma Panacea Aurea ; mais, qu'un
chacun ne puisse le comprendre aussi facilement que la recette de la tarte aux
pommes, cela se conçoit et aussi que l'art n'est pas à la portée de tous, mais
doit être pratiqué à la sueur de son front en grande dévotion et humilité. Tout
ne peut être appris par la lecture des Maîtres ; la prière fervente est
requise et aussi le courage de mettre soi-même la main au charbon, ainsi que je l'ai fait
moi-même en mon temps. Les pigeons ne tombent pas tout rôtis dans le bec de ceux qui restent
assis derrière le fourneau. Il faut prendre beaucoup de peine, voyager, errer
ça et là, parfois à grand frais et dangers même pour la vie. Quoi qu'il en
soit, je vais répéter encore une fois mes explications, pour celui qui est un
zélé étudiant de la
Médecine Hermétique.
Prenez de l'eau vivante Zoybeth, 6 parties, et de l'or
raffiné par l'antimoine, 1 partie. Faites de cela un amalgame et le sublimez
par le feu jusqu'à ce que le feu l'ait réduit en poudre impalpable. On doit
mettre cet alcool dans une fiole et verser dessus le Struthion végétable,
c'est-à-dire, le vinaigre distillé, le dépassant de trois doigts. Bouchez
hermétiquement et mettez à une chaleur moyenne. Alors l'esprit commence à
extraire l'or et se colore en rouge foncé. Quand le vinaigre est suffisamment
coloré, on le sépare et on le remplace par d'autre ; on répète le procédé
jusqu'à ce qu'il n'y ait plus rien à extraire. On mélange alors toutes les
solutions et on les met au bain-marie, à distiller. Quand tout le vinaigre a
été extrait, il reste au fond l'essence de l'or, qui ne peut plus être changée
en un autre corps. Cette essence doit être édulcorée et distillée par la
retorte pour en obtenir un esprit potable. C'est là l'humide radical et vrai
vinaigre de l'or dont tu dois prendre 10 parties, et de la chaux d'or subtilement
préparée, 1 partie; tu les mettras dans une fiole hermétiquement bouchée, à
digérer à un feux doux de lampe, puis à filtrer au papier. Alors l'or potable
est terminé, et, par un grand mystère, il peut purger, rénover et restaurer le
corps humain. C'est la quintessence de l'or des Archidoxes de Paracelse.
Pour
nous résumer, on doit, pour commencer, préparer l'or à
l'état de chaux impalpable et volatile; puis, cette chaux volatile étant
dissoute dans le Struthion, les conjoindre comme il est dit jusqu'à ce qu'ils soient tous
deux spiritualisés.
Tous les métaux
doivent être préparés de la sorte et portés à la volatilité afin qu'ils ne
puissent plus être réduits en métal, car à l'état de métal, ils ne peuvent être
d'aucune utilité pour le corps. Ainsi on préparera l'argent potable, le fer
potable, le cuivre potable, l'étain potable et le plomb potable, à l'aide d'un
menstrue végétable et de leur propre humide. Pour terminer ce chapitre, et par pure charité chrétienne,
je révélerai et communiquerai ceci : Que le véritable Or Potable se trouve dans une
seule et unique chose, méprisée et bien connue; et celui qui connaît bien cette
racine dorée et considère la vraie et unique matière, n'a nul besoin de travailler sur l'or
commun, si coûteux, de le détruire et spiritualiser, car il retrouvera cette
même essence, et en bien plus grande quantité, dans l'aimant de l'or. Car l'or
et tous les minéraux sont attirés par leur première matière, afin de retourner
à leur première naissance. Cette matière est le véritable esprit du SEL,
du
SOUFRE et du MERCURE réunis en un seul corps.
Le Lion rouge et le Roi sont l'or et l'argent; le dragon
et l'aigle sont l'homme et la femme, qui pourront teindre l'or vulgaire et le
perfectionner, jusqu'à en faire une médecine plus puissante que toute autre.
(Ce perfectionnement est placé sous le signe de la Planète ou Pomme du
paradis, et se trouve scellé tout d'abord dans son astre ou premier être.) Il
nous faut en être dès maintenant et toujours
reconnaissants humblement à la
Haute et Puissante Divinité.
CHAPITRE XX
Comment on doit préparer
la quintessence
des Perles et des Pierres
Précieuses.
Dans la
préparation des perles et autres pierres précieuses, on commet généralement
l'erreur de les broyer dans un mortier de bronze ou sur un marbre, pour rendre
la poudre subtile à la langue. Mais comme le marbre est beaucoup plus tendre
que les pierres, ces dernières usent le marbre et s'en incorporent une
partie, ce dont les apothicaires ne se soucient pas. Celui qui veut s'en assurer de ses propres
yeux n'a qu'à jeter un coup d'oeil sur les marbres et mortiers qui servent à
cet usage et se demander si l'absorption du bronze et du marbre peut aider à la
guérison des maladies ? Ma conscience me force à faire cette remarque. Ces
préparations ne peuvent pas avoir de vertus; vous pouvez immédiatement vous en
assurer en les traitant par l'eau‑forte, qui laisse tout de suite tomber les matières
broyées au fond du récipient. Et comment le patient pourrait-il digérer de semblables
matières, que ni le feu ni les corrosifs ne peuvent dissoudre, quand son
estomac a parfois de la peine à concocter de la tendre et pure farine !
Mais,
si les perles et pierres précieuses sont préparées de telle sorte qu'elles se
résolvent dans une eau particulière, sans laisser au fond aucune lie, —
comme toute essence et véritable médecine doit le faire, — alors l'effet et la vertu
seront puissants.
Voici
le secret de leur préparation :
Prenez
perles, coraux ou autres pierres précieuses, et procédez avec le menstrue
universel, comme il est dit dans l'Elucidaire et, lorsque lesdites matières sont réduites en leur
première matière par le menstrue, elles peuvent, par digestion continuelle,
être amenées au degré du plus haut Arcane.
En
particulier : prenez de l'esprit de nature balsamique, 8 livres, et des perles
orientales 2
livres; mettez-les
dans une cornue de verre et laissez-les dans la cendre chaude un jour.
Soutirez alors
l'esprit et en versez d'autre. Renouvelez l'opération jusqu'à ce que vous ne
puissiez plus rien extraire. On jette alors les fèces et on filtre la liqueur
par le papier puis on verse dessus de l'eau de pluie distillée et du vinaigre de
montagne; on voit alors les perles se déposer au fond, subtilement
et de couleur de neige. Il faut ensuite en séparer par la retorte l'esprit
essentiel. Ainsi le corps se trouve résolu, extrait et réduit en matière
première. Alors le magistère est terminé. Bien peu de médecines peuvent lui
être comparées ; il le cède de bien peu à l'or potable. On l'emploie contre
les contractures, crampes dangereuses, délires. Il fortifie le cerveau, le
coeur, donne une bonne mémoire, guérit de l'apoplexie, des étourdissements,
des vertiges, dissout la pierre et agit singulièrement dans l'épilepsie, la
goutte, les palpitations de coeur. C'est aussi le meilleur préservatif contre
la paralysie. Il fortifie l'Humide Radical, arrête tous les écoulements,
renouvelle et multiplie le Sérum de vie, augmente le
sperme, donne du lait aux femmes, sert contre l'impuissance, remonte les corps
abattus, fortifie tous les esprits vitaux, guérit tous les maux internes et
maintient le corps sain.
On
en administre 10 à 20 gouttes dans un
vin généreux ou dans quelque médicament approprié à la maladie.
CHAPITRE XXI
Comment on doit préparer la véritable
essence et teinture de coraux.
La véritable teinture de coraux est recherchée par beaucoup et
trouvée par bien peu. Quelques-uns ont affirmé l'avoir faite à l'aide de
vinaigre distillé et d'esprit de vin ; mais ce n'est là qu'un sinistre mensonge
ou une simple imagination. Je sais, par ma propre expérience, que c'est
impossible. La teinture de coraux peut devenir un excellent remède universel,
quand elle est préparée par notre eau pontique ; mais celui qui ne connaît pas
cette eau peut employer la voie particulière, de la façon suivante :
Pulvérisez de
beaux coraux d'un rouge éclatant, autant que vous voudrez, et versez dessus le
Grand Circulé de façon qu'il dépasse de trois doigts. Mettez la
préparation dans une cornue bien bouchée sur cendre chaude, où vous la verrez
pousser comme de petits arbres. Lorsque tout est dissous, on sépare les fèces
par le papier ; on verse dessus de l'eau de pluie distillée on en fait
ressortir tout le menstrue, lequel il faut édulcorer puis résoudre une autre
fois avec la rosée du ciel. La rosée du ciel extraite, le reste doit
être traité par la retorte. Il vient d'abord un esprit blanc (qui extrait son
propre corps rouge sang). A la fin viennent les gouttes de couleur rose qui
sont la véritable essence de coraux. Cette teinture, quoique en très petite
quantité, possède la plus grande vertu. A ce
moment elle a le pouvoir de renouveler et de purifier la floraison de tout le
corps humain. Elle enlève en peu de temps les faiblesses résultant d'un sang
vicié et corrompu et rend la santé au corps. Elle régularise et modère les
menstrues des femmes, arrête les hémorragies, fortifie le coeur et l'esprit de
vie ; préserve de tout poison, réconforte l'estomac, ouvre les reins, le foie
et les poumons bouchés ; sert contre la pierre, l'hydropisie, les crampes, la
paralysie ; dissipe la mélancolie, les fantômes, les spectres, l'oppression, la tristesse, aide excellemment les femmes
grosses et en couches et lutte contre tous les maux hystériques. Son effet est
solaire. C'est un merveilleux préservatif d'épidémie et de peste.
La
dose en est de 10, 12, jusqu'à 20
gouttes
dans de bon vin vieux ajouté au médicament spécifique de la Maladie.
CHAPITRE XXII
Comment on doit préparer
la Pierre Végétable
et comment l'employer utilement.
Prenez
le meilleur vin du Rhin : laissez-le bouché pendant un mois, à la chaleur de putréfaction
puis distillez-le au bain-marie, jusqu'à ce que l'esprit soit complètement
passé et séparé de son flegme, pour cela, distillez-le jusqu'à 7 fois. Il doit
brûler comme un véritable feu. Mettez-le ensuite à circuler dans un verre dont
l'orifice soit bien luté, et laissez-le un mois en digestion lente. Ceci fait,
on doit verser 3 doigts de cet esprit au-dessus de son propre sel, obtenu en
sublimant le plus pur tartre, clarifié et cristallisé au plus haut degré.
Mettre la fiole bien bouchée au bain-marie. Il en sortira une huile de belle
couleur rouge sang. On la séparera de son esprit et on la coagulera en une
pierre rouge transparente. Son emploi est merveilleux dans toute maladie
mercurielle.
La dose est de 6 à 10 et 12 grains.
CHAPITRE XXIII
De la
Pierre Animale. Comment on doit
la préparer et de l'emploi judicieux
qu'on doit en faire.
Prenez de notre eau de mer. Elle doit être saine et
propre. Prenez-en 40 mesures (litres). Laissez-là tout un mois à la chaleur
obscure afin qu'elle se puisse convenablement putréfier. Plus elle restera
ainsi et plus elle donnera d'esprit. Puis distillez-la au sable, il en sortira
un esprit fort comme le feu. Cet esprit, on doit bien le rectifier et le
reverser sur la masse noire qui reste puis, par degré, le distiller. Alors il
montera un beau sel cristallin dans le chapiteau. Rectifiez-le et préservez le
bien de peur qu'il ne s'envole. Calcinez le corps qui reste jusqu'à ce qu'il
devienne brun ; puis tirez-en le sel blanc fixe avec son flegme. Vous
distillerez de ce même sel un esprit dans lequel il faudra verser goutte à
goutte le premier esprit volatil qui est résolu en eau, ce qui le fera
fortement mugir ; puis vous en ferez sortir le flegme, doucement, au
bain-marie. Il restera alors au fond du vaisseau une gomme blanche, que vous
enfermerez dans l'oeuf des Philosophes, et vous la cuirez dans un bain vaporeux
jusqu'à ce qu'elle fige en une pierre couleur de rubis transparente. Celle-ci,
à la dose de 6 à 12 grains guérira
tous les maux extérieurs et intérieurs ; elle attirera à elle, comme l'aimant
attire le fer, toutes les maladies sulfureuses, calmera les douleurs de tous les membres, guérira la lèpre, la goutte,
la pierre, la syphilis, la paralysie, l'hydropisie, la phtisie, le cancer et
tous les maux invétérés.
En
somme, la raison humaine ne saurait assez comprendre ni apprécier la vertu des
médicaments préparés à l'aide de l'eau microcosmique, car en elle est cachée
la parfaite guérison de tous les maux ; et le semblable sera vaincu par le
semblable, malgré les ennemis de la vérité, qui ne veulent rien entendre et se
contentent d'errer avec les aveugles.
CHAPITRE XXIV
De la Pierre Minérale.
Comment et de quoi elle est faite.
Au nom du
Seigneur, prends la
Pierre Bleue, telle qu'on la trouve vers le soleil levant et
dans nos montagnes. Prends de ce Lion vert autant que tu voudras ; mets dans
une cornue le flegme à distiller jusqu'à ce que la fumée blanche s'élève.
Laisse refroidir et brise la cornue ; tu trouveras alors le Lion rouge qu'il
faut pulvériser et mettre à la retorte et chauffer à feu violent dans le Lac de
la Vierge et
le vinaigre très aigre. Le feu, tu dois le continuer 8 jours et aussi
longtemps qu'il apparaîtra de la fumée blanche. Quand tu ouvriras la retorte, tu trouveras
la tête de corbeau, en laquelle il y a une colombe blanche. Prends cette terre
noire et calcine-la pendant 4 heures au fourneau de réverbère ou
four à fusion. Puis lave 7 fois avec de l'eau de pluie distillée pour en extraire la colombe
blanche, la calciner, résoudre et évaporer jusqu'à ce que tout le sel,
parfaitement clarifié, apparaisse comme un diamant étincelant. De cette
terre foliée blanche, tu dois prendre 1 partie ; du sang du Lion rouge, 2 parties, et verser dessus le Lac de la Vierge pour que le tout s'y
dissolve. Puis tu filtreras et mettras la composition dans une fiole dûment
scellée, à digestion lente, tempérée, 9 mois, enfin assez longtemps pour que le
tout soit coagulé en une pierre rouge sang. Alors la Pierre Minérale
est terminée,
et c'est la plus précieuse médecine du monde pour toutes les maladies du tartre. La dose est de
3 ou 4 grains dans de bon vin de Malvoisie ou tout autre vieux vin. Elle dépure
la
constitution, rend le coeur joyeux, maintient et conforte l'humide radical, fait
disparaître les cheveux gris, dissipe les maux de tête et toutes sortes de
fièvres et poisons pestilents, guérit la goutte, restaure et renouvelle l'homme
tout entier.
CHAPITRE XXV
De la Médecine Phalaia
et Asa.
Comment il faut la préparer et employer.
Prends
de la racine de phalaia parfaitement nettoyée et verse dessus l'eau de la rosée
céleste de façon qu'elle dépasse de 4 doigts. Le récipient doit avoir un fond
plat et le col, très long, doit être hermétiquement scellé. Mets au feu
vaporeux et non au feu commun produit par le charbon ou le bois. Lorsque la
matière est restée un mois à cette chaleur, elle a eu le temps de s'ouvrir et
son menstrue s'est coloré du plus beau jaune doré.
Tu sépareras et garderas la liqueur pour la préparation de
toutes sortes de remèdes ainsi que je l'indiquerai dans mon petit traité : De
la guérison des catarrhes par la méthode magique, suivant en cela
l'exemple de tous les alchimistes qui ont été avant moi, et afin que cet arcane
reste aux Philosophes qui ont beaucoup peiné et dépensé pour arriver à percer
le mystère. Ils ont brisé beaucoup de vaisseaux, consommé une masse considérable de
charbon et englouti peut-être la totalité de leurs biens. Qu'importe ! Continuez
à chercher et à mettre la main au charbon, et, de par la grâce du plus haut
des Spagyristes, vous obtiendrez ce que moi-même, et d'autres aussi, avons
obtenu.
CHAPITRE XXVI
Comment on doit préparer la Végétable
et l'Animale et comment on peut en tirer
la quintessence.
Pour extraire la quintessence des plantes et des matières
animales, il faut les réduire en leurs trois principes. Après, le mode est le même pour tous les
vrais spagyristes et je l'ai déjà décrit plus haut. Cette eau, tu la verseras sur
son propre sel et tu laisseras la préparation en chaleur modérée, jusqu'à ce
que toute la terre soit dissoute et convertie en eau, et que l'autre principe,
c'est-à-dire le soufre et l'huile soient enfoncés dans son corps. Cette
imbibition ne doit pas être faite en une fois, mais graduellement et goutte à
goutte. Alors l'huile se figera en même temps que le sel. Ce sel enfin sera
dissous dans son propre esprit, et il en restera des fèces qu'on séparera ; le pur
sera placé dans une fiole et mis au feu gradué. L'esprit volatil rendra
le fixe volatil aussi, et le fixe rendra stable le volatil. Le magistère alors sera terminé et les
espèces médicinales transformées en arcane et quintessence qui accompliront des
miracles dans toutes les maladies alors que, sans la bénédiction du Très-Haut,
elles n'auraient aucune vertu.
Quoique
le médecin impie et le malade impénitent prétendent à la légère que seul le
remède agit et qu'il n'est pas besoin de prières, on verra, par l'expérience
journalière, des patients robustes succomber malgré l'emploi de médicaments
puissants. Aussi tout médecin sincère et bon chrétien doit, avant tout, exhorter ses malades à la
pénitence et à la prière. S'il ne le fait pas, il n'y a pas de médecine qui
réussisse. Là, comme dans les maladies provenant de la cause divine, on peut
suivre manifestement le doigt de Dieu.
C'est
pourquoi je recommande à tout médecin digne d'estime et amant de la véritable
Médecine, de requérir la grâce de Dieu et de ne travailler que pour servir sa
plus grande gloire et guérir ses malades. C'est pour ce médecin sincère que
j'ai écrit ce petit traité et pour éclairer certains aveugles, afin qu'il leur prenne
envie de chercher la Perle,
et le vrai chemin qui y mène, sans se lasser ; puis après de remercier le Tout-Puissant, s'il
leur accorde Sa grâce, et d'en user pour Sa très grande gloire et pour le bien
du prochain.
AUTRE COMPENDIUM HERMÉTIQUE
(Extraits)
Comment et d'où les maladies proviennent
Ce
petit traité, intitulé par moi Table du Microcosme, enseigne l'art de la Médecine, ou l'art de
conserver la santé du corps humain, de déceler les causes des maladies et de
chasser les dites maladies.
Mon petit traité
enseignera :
1° La Pathologie,
2° La
Thérapeutique,
3° l'Anatomie,
4° la Chirurgie.
Dans cet art, trois choses sont à considérer :
La cause ou la source d'où provient la maladie ; le lieu
du corps affecté ; la cure et la guérison du mal.
Des causes.
En
ce qui concerne les causes des maladies, les opinions sont très variées ; les
Anciens et les Modernes ont, sur ce point, des sentiments différents ; et il
serait à souhaiter que l'étude des uns fût toujours accompagnée de l'étude des
autres, afin que par comparaison et déduction, on parvienne à posséder la somme
entière de la science. Mais ceci est plutôt un souhait qu'une espérance; il ne
nous appartient pas de louer les uns et de blâmer les autres; et nous entrerons
tout de suite dans le coeur du sujet.
Tous
les maux proviennent des trois principes et de ce que nous avons nommé auparavant
les origines ou causes des maladies. Je veux vous démontrer les plus
importantes; après quoi les autres vous deviendront compréhensibles
facilement.
La
première cause, et la principale, de la dégradation de nos corps, de la
vieillesse et de la mort, oui, de tous les maux qui affligent notre misérable
vie, est la chute de nos premiers parents, qui ne nous ont pas seulement légué
une nature corrompue mais encore la tendance à accomplir tout le mal qui nous
maintient dans la corruption ! C'est de là que vient notre totale
incompréhension des fautes que nous commettons chaque jour dans notre fol
aveuglement et en cédant à l'instinct infernal qui est au plus profond de
nous-même. C'est pourquoi nous nous attirons la colère du Dieu de Justice qui
nous éprouve en nous envoyant toutes sortes de maladies et douleurs. Et c'est
là la cause nommée Cause Divine.
La seconde est la mauvaise influence des astres, car il y
a de fréquents changements dans leur cours. Comme ils déversent sans arrêt
leurs influences sur les choses terrestres, l'humeur radicale ou balsamique de
notre corps en est multipliée ou diminuée ou pervertie, selon les aspects de
ces astres. C'est la cause nommée Cause Astrale.
Trois
autres espèces de causes peuvent apporter un changement et parfois la destruction dans notre corps :
L'hérédité du
tempérament avec lequel nous sommes nés. C'est la Cause Naturelle.
Une autre nous
vient par voie magique, de la perversion d'êtres méchants qui veulent nous
nuire et mener à destruction. C'est la Cause Spirituelle.
La
dernière se trouve dans les choses qui nous sont quotidiennement nécessaires
pour l'entretien de notre vie : le boire, le manger, le mouvement, le repos, le
dormir et la veille, qui doivent être proportionnés aux besoins de chacun, aux tempéraments,
sous peine de provoquer des maladies d'une origine qu'on appelle la Cause Vénéneuse.
De la partie affectée. II est évident qu'elle influence la
forme du mal. Nous n'y insisterons pas.
CHAPITRE II
De la guérison des maladies.
II y
a deux méthodes :
1° la
méthode Galénique : les contraires
doivent être soignés par les contraires.
2° l'ancien Art Hermétique, qui obtient tous les jours de
nouveaux succès et libère le corps des maladies tenues jusqu'à présent pour incurables, et
qui repose sur l'axiome : Les semblables se soignent pas les semblables. Le principe
fondamental en est la sympathie et l'antipathie, dont le médecin doit avant
tout s'informer, car, de ces penchants vont découler les vrais moyens et
remèdes, quand le médecin aura observé l'analogie et la concordance magnétique
entre le Microcosme et le Macrocosme. Il recherchera ensuite, parmi les
plantes, les minéraux et les animaux, s'ils n'ont pas une signature en
conformité avec le membre ou l'organe malade, et choisira l'objet porteur de
cette signature comme remède. Et, puisque la signature est imprimée par
l'esprit, le remède agira quand on l'aura dépouillé de ses parties grossières ;
alors, il ira droit à son semblable. Ainsi la forme ou signature du coeur ira
au coeur, celle des mains ou des pieds ira aux mains ou aux pieds ; et de même
pour la tête, la rate, le foie et tous les membres. Mais le médicament ne devra
contenir que le baume extrait de son corps, afin de conforter le baume du
Microcosme et aider à l'homme.
De même, si le trouble provient de l'eau, du feu, de la
terre ou de l'air, il faut chercher comment il agit sur les principes : Sel,
Soufre, Mercure, et guérir avec la quintessence des
quatre éléments et des trois principes,
quel que soit l'organe atteint, car le semblable guérit son semblable. S'il
arrive qu'on remarque la signature d'un astre, il
faut étudier les influences de cet astre ; et aussi quand on trouve la signature d'un animal ou d'une plante, il faut user de cet animal ou
de cette plante. Par exemple, notre aigle volant a la signature de
l'étoile polaire, qui est celle du corps humain. Il agit donc
universellement sur tous les membres, sur tout le baume du Microcosme.
On
cherchera donc les signatures des trois règnes, car Dieu parle à l'homme au
moyen des signes imprimés sur toute sa création. Ces signes lui parlent et se
recommandent à lui comme le vin par la grappe suspendue à la vigne. C'est par
eux que les Anciens ont eu la connaissance des remèdes, qu'ils ont découvert la
nature et la vertu des végétaux, des animaux et des produits des mines. Et
voici : C'est l'alphabet de la nature, à l'aide duquel on peut lire et
comprendre le grand livre de nature.
Mais,
comme cette connaissance est rare, nous avons cru bon d'indiquer ci-après les
médicaments particuliers dont nous avons éprouvé la force et que l'expérience
nous a démontrés comme merveilleusement actifs.
CHAPITRE III
Des médicaments en particulier.
C'est bien à
juste titre que Damascène conseille de s'en tenir à un petit nombre de Médicaments,
et seulement après en avoir maintes fois éprouvé l'efficacité. L'art de
Médecine est très étendu ; un homme n'a pas assez de toute sa vie pour
l'apprendre dans sa somme. Puisque, dit Hippocrate, l'Art est long et la vie
est courte, il faut s'en tenir aux remèdes longuement éprouvés. Il est utile
et de bon conseil de laisser à ses successeurs, dans des écrits succincts, le
résultat de son expérience. J'ai donc décidé de décrire les médicaments qui
m'ont réussi.
Je
nommerai en premier lieu la Médecine
Universelle, qui détruit toutes les impuretés contraires au baume
universel et les chasse du corps humain en aidant la nature à le réconforter.
La
deuxième est la Teinture du Microcosme, après qu'elle a
été digérée un certain temps dans son juste ferment et qu'elle a été délivrée
de ses superfluités arsenicales, Elle se résout alors en une belle humidité
dont on pourra prendre chaque jour 3 ou 4 gouttes dans du vin, lorsque
le corps aura, bien entendu, été purgé auparavant avec l'or
purgatif.
La
troisième est la Pierre
végétable de 4 à 6 grains chaque matin, pour une cure plus ou moins
prolongée selon les cas.
La
quatrième est la Pierre Animale, qui aura été
confectionnée, de façon spagyrique, avec la mumie d'un homme sain.
La
cinquième agira par attraction magnétique, lorsqu'on aura confectionné un
talisman, sous l'influence de certaines constellations, afin d'en attirer, sur
le patient atteint de maladie d'origine astrale, les exhalaisons spirituelles. La croissance
et la sève de cet arbre planté en lui et nourri de l'esprit universel lui apporteront
la guérison.
La
sixième est la transplantation, par voie naturelle, de la mumie du corps vif à
un animal
raisonnable
: la maladie sera portée du patient sur l'animal et le patient guérira.
La
septième est la Pierre Minérale tirée de notre
Lion.
La huitième est
tirée de Phalaia et d'Asa.
La neuvième est
la quintessence des Perles et la teinture des Coraux.
La dixième, et l'une des meilleures, est l'Elixir
de vie, excellent par sa vertu et par la multiplicité de ses effets, comme les
Philosophes Anciens l'ont connu et affirmé.
CHAPITRE IV
De la préparation des médicaments
en particulier.
Ils
se trompent absolument ceux qui prétendent que l'on doit employer les médicaments
dans leur corporalité. Que l'on réduise simplement le corps en poudre et qu'on
le prépare à la manière des apothicaires, l'effet en sera plutôt nuisible. La
véritable préparation consiste à séparer spagyriquement le pur de l'impur, le
baume ou mumie du poison, et le noyau de la coque. C'est par ce moyen que les
maladies seront promptement et complètement guéries. Mais il faut prendre garde
que les fèces n'y soient point laissées par des étudiants inexpérimentés; le
travail doit être exécuté par des maîtres savants et habiles en qui l'on puisse
placer sa confiance.
Les effets d'un
médicament diffèrent en force selon la façon dont il a été traité alors même qu'il
est appliqué à des maladies de même origine. Aussi le véritable médecin hermétique n'hésite-t-il
pas à mettre lui-même la main au travail.
Pour
arriver au but, sépare la terre du feu, l'esprit du corps, la teinture ou
quintessence des scories, le bon du mauvais, la vie de la mort et le pur de
l'impur avec beaucoup d'industrie et de soins. Par le menstrue universel et le
vinaigre des sages toutes les vertus sont multipliées en une quintessence propre à guérir toutes les
maladies et à fortifier le baume naturel chez l'homme, à cause de leur mutuelle sympathie. Et,
par l'antipathie qu'il a avec la maladie, il la chasse du corps.
Voilà donc ce qui ressort des deux axiomes de médecine :
Guérir le semblable par le semblable et le contraire par le contraire. Tous
deux ont raison : la pure quintessence des médicaments chasse l'impureté qui
lui est contraire, et fortifie le baume du corps, qui lui est semblable. C'est
ce que j'ai voulu te mettre sous les yeux, cher lecteur, avec l'espoir que cela
ne te déplairait pas trop.
CHAPITRE V
De la Médecine Universelle
Nombreux
sont ceux qui prétendent avoir tiré cette médecine universelle de sa matière
première particulière ; mais l'usage et l'expérience ont démontré
le contraire. Car cette médecine universelle doit être tirée d'une matière
universelle et non de quelque corps particulier. Cette matière universelle est
l'eau dont parle la Genèse : I. (2 et 20), et la terre qui en provient (17 et 24). Cette eau est justement la matière dont
toutes les matières sont créées par le moyen du SEL formé par l'eau et la terre. C'est de cette matière universelle que les
anciens tirent leur médecine. Dans cette eau se trouve la véritable semence de
tous les minéraux et métaux ; lorsque la dite semence est concoctée par une
chaleur appropriée, elle prend un corps et devient un métal ou une pierre ou
quelque chose d’approchant. Mais cette eau a en elle deux substances qui sont
toutes deux nécessaires à la formation de toutes choses : l'une est une terre
impure qui est un empêchement et aussi un vêtement du soufre intérieur qui doit
animer toute l'eau ; par cette terre impure l'efficacité dudit soufre est affaiblie
et contrainte. La deuxième substance est le soufre lui-même, par quoi l'eau
pure se coagule et se change en une nature si noble que les vrais Philosophes
l'ont décrite comme un trésor rare et inappréciable.
C'est
ici qu'il faut bien entendre les Philosophes lorsqu'ils disent que tout
minéral a son origine dans le Mercure et le Soufre; mais ils ne veulent
nullement signifier le mercure vulgaire, mais bien l'eau mercurielle décrite
plus haut ; et non plus le soufre vulgaire, mais un corps spirituel où le feu
naturel est caché, et qui coagule l'eau mercurielle et la fige.
L'eau
est aussi comparée à la femme et le soufre à l'homme, l'eau étant coagulée par
longue coction de son soufre interne, et contenant les semences des métaux.
Cette eau a donc
deux substances, l'une interne et l'autre externe. L'interne est le soufre
chaud et sec. Il est invisible, et c'est le Père. L'externe est le corps de
l'eau, humide et froid , il est visible et on le nomme Mercure ou la Mère. Ces
deux qualités, dans lesquelles les quatre éléments sont contenus, mais cachés
par un procédé régulier de la nature, lorsque vous les faites apparaître au
jour, vous obtenez la plus haute des Médecines. Car la chaleur interne n'est
pas autre chose que la nature céleste et la chaleur vivifiante du soleil, par
lequel tout notre monde inférieur a été créé, généré, produit, puis renouvelé
et régénéré. C'est pourquoi l'eau ordinaire est une matière éloignée des métaux. Ceux-ci, par la chaleur de la terre, sont conduits de la forme
aqueuse à la forme de vapeur et purifiés, puis, de nouveau coagulés, par leur
soufre interne, en une matière épaisse d'où proviennent tous les métaux
imparfaits, lorsque la terre mélangée à l'eau est grasse et impure ; et,
lorsque la terre est grasse et pure, il se forme l'or, le métal pur.
La
conception a lieu ainsi : Après que les Astres et les quatre Eléments ont jeté
leur semence et force dans le centre de la terre, l'Archée de la terre les
sublime et les envoie sous forme de vapeur, à travers tous les pores de la
terre, qui est spongieuse ; cette vapeur sublimée se change en eau et fait
croître tous les êtres dans la terre.
Notez,
avant tout, que le Mercure des Philosophes n'est pas le commun ; c'est un
mercure fabriqué par la nature, c'est une eau, non pas l'eau commune, mais
l'eau de notre Saturnie. Dans ce mercure gît tout ce que les sages
recherchent, car, dans son eau est le soufre, ou âme, ou feu vivant, caché mais
fort.
Il
ressort de tout ceci que la médecine universelle ne doit pas être tirée de
l'or vulgaire. Il faut extraire le soufre par le soufre, c'est-à-dire par l'eau
mercurielle animée de son soufre. Si tu prends de l'or et que tu le jettes dans
cette eau, il s'y dissoudra comme la glace se dissout dans l'eau chaude. Cette
eau contient la force de toutes les choses sublunaires et c'est d'elle qu'on
doit faire la médecine universelle, ce qui confirme les dires de Sendivogius :
Celui qui peut coaguler cette eau par la chaleur et l'unir avec son esprit, que l'Oiseau
d'Hermès et l'Esprit Universel ont fixé leur habitacle, et c'est de lui qu'on tire la Médecine
universelle, comme nous dit Sendivogius dans son traité II.
Creuse
une fosse et prends-y notre terre avec l'eau vivante, c'est-à-dire le menstrue
universel ; dans notre eau tu trouveras notre sel armoniac et l'esprit
universel qui contient toutes choses.
Dans
cet élément de l'eau, non seulement on trouve tous les autres éléments, mais
encore on y peut dissoudre, conserver et multiplier toutes choses, et y
fortifier leurs vertus. C'est pourquoi s'y trouvent aussi les Médicaments qui
possèdent la force des choses inférieures et supérieures. Il n'est pas douteux qu'on y puisse
dissoudre tous les corps et les ramener à leur première matière, puisqu'ils ont tous été eau
au commencement. Un être qui a pu se durcir peut aussi redevenir eau, et cela par le moyen de
notre Eau de Mer, ou Eau de vie, ou Eau qui ne mouille pas les mains.
Nulle autre, qu'elle soit de puits ou de fontaine, ou eau-forte ou tout autre
espèce d'eau, ne peut servir ; toutes sont nuisibles sauf trouvera quelque chose mille
fois meilleur que l'or.
CHAPITRE VI
Du Menstrue Universel, dans lequel tous
les métaux se dissolvent comme la glace
dans l'eau.
Tout
est Rien et Rien est Tout. Le menstrue universel sort de ce rien et pourtant
tout provient de lui. C'est à ce menstrue universel qu'il est fait allusion au
premier chapitre de la Genèse ; c'est une force d'enfantement ; une mère et une
nourrice des minéraux, des végétaux et des animaux. Il est esprit et corps.
Ce corps, au
commencement, a une apparence humide et froide, mais il a en lui son esprit,
qui est sa vie, et, quoique son astre soit froid et sec intérieurement, c'est
de lui pourtant, d'un abîme caché, que sortiront les végétaux, animaux et minéraux,
les pierres, les sels, les fruits aqueux, etc. C'est en lui celle qui sera
tirée des rayons du soleil et de la lune par le moyen de notre aimant ou acier.
Le
moyen de puiser cette eau, et de produire notre Sabammice, est peu connu.
Mais assez sur ce sujet !
CHAPITRE VII
De l'Or médical.
On doit savoir que la Médecine Universelle ou Or médical
se trouve dans tous les êtres, mais en peut être extrait plus ou moins facilement. Avant tout,
elle est dans l'Or, dans le Vin et dans l'Homme. La médecine universelle est la Pierre
Philosophale des Anciens, qui, non seulement guérit toutes les maladies, mais
purifie aussi tous les métaux imparfaits, et les change en or pur. Elle se fait
uniquement de la Matière Universelle dont tous les êtres ont été tirés, comme
nous l'avons dit plus haut. Par Médecine universelle, nous entendons parler de
notre magnésie, dont on peut tirer la Panacée d'or et l'Elixir de vie. Nous
reprendrons ce sujet en son lieu.
AU DIEU
UN EN TROIS PERSONNES, QUI M'A
DONNÉ LA COMPRÉHENSION, LE VOULOIR ET LE POUVOIR D'ACCOMPLIR,
MA GRATITUDE ÉTERNELLE.
LA FORCE ET LA PUISSANCE, L'HONNEUR ET LA GLOIRE SOIENT A DIEU NOTRE PÈRE, A
JÉSUS-CHRIST L'AGNEAU ET AU
SAINT-ESPRIT DANS TOUS LES SIÈCLES.
PHALAIA
TRIPARTITE
Extraits du quatrième traité de l'Antidote Chymique.
C'EST-A-DIRE
L'Opération
Fondamentale qui nous apprendra à extraire sans danger la Mumie du Microcosme, et
l'Art d'en faire une Panacée pour la guérison des maladies.
CHAPITRE I
De la Médecine Phalaia et ce qu'elle est.
Phalaia
(Panacée) est une médecine tirée des trois principes : Sel, Soufre et Mercure
coagulés en une pierre transparente et claire, et, par l'Art spagyrique, (par
putréfaction, sublimation, solution,
conjonction, coagulation et fixation) préparée en une médecine unique et une
panacée avec laquelle toutes les maladies.
CHAPITRE
III
De quelle Phalaia l'auteur a voulu parler dans ce petit
traité.
Mon
intention n'est pas ici de parler de la Phalaia Universelle ou Pierre des
Philosophes, mais de la Teinture du Microcosme ou Phalaia Animale, l'ayant, par
la grâce du Tout-Puissant, élaborée de mes propres mains et menée à bonne fin.
Je ne parlerai pas plus en ce moment de la Pierre Minérale et de la Pierre Végétable puisque
mes deux petits traités : La Basilique
Chimique et la Panacée Dorée les décrivent et
les font entendre suffisamment.
CHAPITRE IV
Sous quel aspect la
Phalaia Animale ou Pierre Microcosmique doit se présenter.
Au nom du Dieu
Tout-Puissant, il faut prendre l'eau salée de notre fontaine, telle qu'elle
sort de notre Mer, dont l'origine, au commencement, fut en Judée, et qui en a
été détournée par l'astuce et perfidie des femmes, de façon qu'elle peut se
trouver maintenant dans le monde entier. De cette eau de mer, il faut en
prendre autant qu'on peut en récolter pendant la lune montante ; et bien qu'on puisse en trouver en
n'importe quel temps, celle-ci est toujours la meilleure (surtout au commencement de Mars) ou
lorsqu'il y a conjonction ou bon aspect du Soleil avec la Lune. La récolte
commencera au premier degré du Bélier pour finir au dernier degré de la
Vierge. La récolte faite et suffisamment reposée, il faut en remplir une
cornue aux deux tiers et laisser un tiers vide, et la mettre sur cendres chaudes ; alors vous
verrez les Mélusines aller et venir
dans cette eau de mer, et cela au commencement du printemps. Mais lorsque le soleil passe dans le Lion et
que l'été approche, et que les jours les plus chauds surviennent, les Mélusines
disparaissent, et, à leur place, vous verrez une quantité innombrable de Pygmées monter et descendre jusqu'au bec de la cornue, avec une
agilité telle que je m'en suis souvent étonné. Ces petits gnomes ou pygmées
font un travail singulier, qui consiste à prendre le sel le plus subtil qui se
trouve dans cette mer et à le transporter en haut jusqu'au chapiteau, en
laissant retomber l'eau, par le col, dans le ventre de la cornue, travail
qu'ils répètent jusqu'à ce que tout le sel de la mer soit transporté. Alors ils
disparaissent. Ce sel est le véritable arcane, l'esprit le plus subtil et la
vraie quintessence du Microcosme. Lorsque cette quintessence est extraite et
rectifiée avec l'esprit de vin, elle peut,
d'elle-même, se coaguler en une pierre rouge sang ; ou bien conjointe avec le
sel central de la terre de cette nier, elle peut graduellement devenir une médecine
fixe.
C'est alors la
Phalaia du Microcosme, la Pierre Animale, la Panacée du Petit Monde. Et
crois-moi quand je te dis que j'ai préparé deux fois ce sel blanc de la mer, que j'ai vu de mes yeux
sa précieuse rougeur, et que je peux aller, avec la grâce de Dieu encore plus
loin. Je pourrais décrire la préparation ouvertement et sans paraboles, si ne
me retenait la vision des trahisons contre cette noble science, et aussi
l'ingratitude du monde des renards auxquels on a coupé la queue. Et puis, les
temps ne sont pas venus, ces temps prédits par mon maître Théophraste
Paracelse, qui a affirmé que, bien longtemps après sa mort, ces secrets
seraient divulgués. Ces temps viendront, car :
LE TEMPS APPORTE
A LA LUMIÈRE DU JOUR
TOUT CE QUI ÉTAIT CACHÉ SOUS LA NEIGE
ET LE DON DE DIEU N'EST PAS ESTIMÉ A
SA VALEUR.
CHAPITRE V
De l'emploi de cette Panacée et de sa dose.
On
l'emploie pour toutes les affections internes, de 3 jusqu'à 6 grains, ou le poids
de 6 grains de poivre, bien dissous dans du vieux vin. Et on attend la
transpiration.
APPENDICE
Du triple Or potable.
Il y a trois
degrés d'or potable :
Le
premier est nommé Minéral, le second Animal, et le troisième Végétable.
Pour
préparer l'or potable minéral, il faut l'extraire uniquement de notre Saturne,
de la façon suivante :
Prendre
notre or, celui qui est jeté sur les grands chemins, et qui est noir, blanc et
rouge. Il le faut prendre tel qu'on le trouve, maculé de fange et de terre et
en tirer le suc, lequel ressemble beaucoup à un camphre transparent. On doit le
mettre au bain de purification sept mois de temps, pendant lesquels il va, de
peur, suer du sang, et concevoir une fille vierge étincelante, qu'il prendra ensuite pour
femme. Mais, pour le punir de ce forfait, le juge Justinian l'enfermera,
ainsi que sa femme, dans des prisons séparées, où la femme accouchera d'un
enfant qui sera nommé le Fils des Philosophes. Et l'oeuvre de l'or potable sera
terminé ; il comprendra en tout, du commencement jusqu'à la fin, deux ans.
L'or
potable Animal consiste en ceci :
Prends
de l'eau de notre Mer, autant que tu voudras. Cuis-la jusqu'à ce que tu
obtiennes une pure liqueur qui se changera en une blanche colombe, puis en
l'Oiseau Phénix. Cela advient par la séparation du pur d'avec l'impur et par
une seule et continue cuisson, dont tu verras le commencement et la fin en six
mois. Ainsi sera parachevée la Pierre Animale.
Le
troisième or potable ou Pierre Végétable est extrait de cinq espèces, en huit jours au plus. C'est pourquoi
on l'a aussi nommé Quintessence Végétable. Le mode de préparation est le suivant :
Prends le sel du
Saturne végétal, du soufre végétal et du mercure végétal, autant de chacun
qu'il est nécessaire pour les incorporer. Cuis d'abord le sel de Saturne dans
l'oeuf citrin végétable (mais sans feu), qu'il devienne eau ; puis prends de la
quintessence de rosée céleste, que tu imprégneras de l'âme de la Mer Femelle ;
rectifie avec l'eau de notre Zoybeth végétable jusqu'à ce qu'elle devienne
suave ; mélange tout ce qui a été distillé à travers notre filtre. L'or
potable peut ainsi être confectionné en huit jours et c'est pourquoi on l'appelle Œuvre des huit
jours. Mais celui qui possède à l'avance le mercure végétable et la quintessence, peut le terminer en trois jours ; et on le nomme alors
Œuvre des trois jours. Toutefois, la quintessence de rosée céleste doit être recueillie à
sa juste et véritable époque.
Ce
dernier or potable est un grand réconfortant dans toutes les maladies, quoique
bien moins puissant que le minéral, car il n'agit que selon ses vertus
particulières. Il est plus suave que le miel; sa couleur est d'un beau jaune
d'or clair et son parfum si exquis et plaisant que celui qui le goûte se dit
qu'il en pourrait bien être tiré du royaume des morts et en recouvrer vie.
Aussi, cher disciple, laisse moi te recommander ce secret (que j'ai pu mettre
au jour avec beaucoup de peine, de travail et d'argent), non seulement parce
qu'il peut être mis en oeuvre rapidement, mais aussi parce que tu pourras, par
le moyen d'icelui, réconforter grand nombre de pauvres patients. Et surtout
n'oublie pas que c'est là un arcane qu'il faut cacher diligemment aux indignes
et aux profanateurs !
LA PANACÉE DORÉE
Extraits du sixième traité de l'Antidote Chymique.
Description brève mais approfondie philosophiquement
de l'Or Potable.
Avec
avertissement, instructions et preuves que le véritable Or Potable des
Philosophes ne peut nullement se tirer de l'or ; et que toutes les recettes
doivent être tenues pour fausses, inutiles et sans effet.
Au lecteur studieux et bénévole.
Après que les Philosophes eurent compris qu'un
réconfortant particulier du coeur et des facultés vitales se trouve caché et
comme enfoui dans l'or, ils pensèrent que, avec l'aide de Dieu, il n'y
aurait pas de médicament plus puissant que l'or pour la guérison des maladies. Mais que l'or, sous sa forme corporelle, même subtilement
mêlé à de l'alcool ou réduit en poudre la plus fine, pût agir de quelque façon
dans l'homme, ils n'en avaient nullement la conviction.
Et
que pourraient-ils donc extraire de l'or ? Son esprit ? Mais celui-ci était
trop fortement lié au corps de l'homme pour que la chaleur humaine l'en pût
séparer. Il n'est donc pas étonnant qu'on ait administré en vain l'or
métallique aux malades, et, sans nier les propriétés même du minéral, il eût
fallu, comme dit Avicenne, le débarrasser de sa matière crasse, afin qu'il pût
exercer son influence sans entraves. Théophraste nous enseigne qu'aucun
médicament métallique ne peut être assimilé par le corps humain avant que le
métal ne soit ramené à son essence et rendu spirituel et potable. Quant aux
autres médicaments tirés des métaux, les meilleurs après l'or potable, j'en ai
traité intentionnellement de façon plus sommaire et je les ai indiqués à la fin
pour l'usage et le bien de mon prochain.
Ainsi
est averti le lecteur studieux et bénévole, que je recommande à la protection et à la merci
de Dieu.
CHAPITRE I
Comme
le reconnaîtront les adeptes de la Philosophie, il y a plusieurs sortes d'or
dans les créations de la nature :
Le premier, Astral,
Le second, Minéral,
Le
troisième, Métallique,
Le quatrième, Elémentaire.
On nomme astral
celui qui repose encore dans son origine et, par cela même, est encore
imparfait. Frère Basile (Basile Valentin) l'appelle Astre du Soleil, car les
astres ont encore en lui leur première influence et action. Théophraste
Paracelse l'appelle : Electrum immaturus, et encore : Première
composition du Soleil, parce que, précisément, la nature a opéré en lui ses
premiers mélanges. On pourrait aussi l'appeler avec raison : Or
immature. Aureum Vellus le
nomme : Premier être du Soleil et Théophraste, dans son petit livre des Premiers
êtres indique comment on peut l'obtenir et, dans ses Archidoxes, il laisse clairement
entendre où on le peut trouver et comment on doit le préparer et l'employer.
D'autres
Philosophes le nomment aussi : Saturne plombagin, ou minerai de plomb, non seulement à
cause de sa lourdeur, mais parce que, au commencement, la nature était formée
d'une masse de plomb, conçue par l'union du soleil et de la lune.
L'or
minéral est celui qui est encore caché dans la minière des montagnes, avant
qu'il ait été fondu et séparé de sa gangue sous la forme de simple métal.
L'or
métallique est celui qui a été libéré de sa gangue par la grande force du feu ;
c'est le simple métal.
L'or élémentaire
est celui qui forme l'être même des êtres. Ce n'est pas l'or lui-même, mais il
en peut être séparé par l'Art Spagyrique, de même que de Mars et Vénus et des
métaux moyens tels que : Antimoine, Vitriol, Axonge du Soleil, et autres
semblables. En ces derniers, selon le frère Basile Valentin et d'autres
Philosophes, le Soufre du Soleil se trouve mais ne peut être extrait à moins
que les portes scellées de leurs quatre éléments ne soient ouvertes pour
laisser sortir le Sel, le Soufre et le Mercure séparés ; ce qu'un véritable
chimiste versé dans les secrets de l'Art, obtiendra facilement.
On
donne aussi parfois le nom d'or à certains médicaments : Œuf d'or, Or diaphorétique, Eau d'or, Pilules d'or, bien qu'il
n'entre que fort peu ou point d'or du tout dans leur composition ; ils ne sont
nommés ainsi que pour la force de leur opération et pour leur merveilleuse
influence.
Il
n'est pas dit laquelle de ces quatre espèces d'or doit être employée pour la
confection de l'or potable des Médecins. Il faut donc avant tout connaître
quelle matière et quelle forme il faut choisir pour la rendre médicinale et
buvable.
C'est
du résultat de mes propres expériences que les prochains chapitres vont traiter
pour éclairer le lecteur.
CHAPITRE
II
J'ai
indiqué précédemment avec quelles peines, quels soins et dépenses d'argent et
de temps je suis arrivé peu à peu à m'instruire sur tout ce qui concerne la
chimie, les mines et les métaux et comment, pendant de longues années, j'ai
approfondi les branches de la Science, aussi bien du côté de la théorie que de
la pratique, et comment je me suis assimilé tout ce qu'un véritable chimiste
doit connaître.
De
tous les livres que j'ai étudiés, ceux du Frère Basile Valentin m'ont renseigné
le plus justement sur la matière spirituelle qui a donné naissance à l'or, au
commencement, et de laquelle l'or potable peut être tiré beaucoup plus
facilement et logiquement que de l'or arrivé à l'état parfait. C'est pourquoi
je recommande ses livres aux étudiants sérieux et sincères.
CHAPITRE III
Il
est donc affirmé et prouvé par toutes les expériences des Philosophes qu'il est
impossible
d'obtenir
le véritable or potable de l'or parfait, à moins qu'il ne soit préparé par
l'Art Spagyrique, comme le dit Théophraste.
CHAPITRE IV
Si
donc, l'on veut tirer de l'or parfait un médicament potable, il est
indispensable de le réduire auparavant en une chaux très subtile, mais cette
opération ne doit être faite â l'aide d'aucune eau forte ou corrosive, car il
serait par la suite impossible de dulcifier l'or et de le revivifier.
Quand cela est fait, on doit dissoudre l'or, doucement,
avec suavité, et séparer soigneusement le pur de l'impur, afin de l'amener,
sans aucun corrosif, jusqu'à la plus grande diaphanéité.
CHAPITRE V
Cette
solution de l'or est considérée comme le plus grand secret par les Philosophes
; c'est le plus grand arcane de l'Art Spagyrique, et, seule, la lecture des
livres hermétiques ne pourrait en donner la connaissance sans le travail manuel et les
expériences personnelles, et aussi le commerce d'un ami fidèle. Il est donc
très important de savoir de quel véritable et impérissable menstrue il doit être
confectionné. Ici, un vrai service pourrait être rendu à l'artiste en le mettant sur
la voie juste, qui mène à l'entrée du Trésor de Nature ; mais l'ingratitude du
monde me retient ; la plus sévère et la première obligation du Philosophe est
de ne pas révéler ce secret, afin qu'il ne tombe pas aux mains des indignes et
des impies. Il serait injuste aussi que ce que j'ai acquis avec tant de peine et de
dépenses fût étalé et mis à la portée du paresseux ; et même le vrai Candidat
et vrai Fils de l'Art qui scrute studieusement et respectueusement ces
mystères ne trouvera que dans bien peu d'auteurs des instructions notables et
précises.
CHAPITRE VI
Puisqu'il
est avéré par l'expérience que cette solution ne peut être faite par aucune eau
corrosive, il en faut trouver une autre qui ne soit ni corrosive ni
destructive, mais possède en elle une telle affection et affinité qu'elle
puisse s'unir à l'or pour en extraire le pur et laisser l'impur au fond du vase
; ce à quoi le vin et l'homme seuls peuvent parvenir. Il faut s'en tenir là.
CHAPITRE VII
C'est
avec grande raison que cet or potable est nommé végétable, animal et minéral,
car, sans ces qualités, il ne peut être préparé. Les Philosophes prétendent
que, sans l'esprit du vin, il ne peut être fait ; mais moi, je vous dis en
vérité que notre celer vaut mieux que l'esprit du vin, car c'est justement ce que
Raymond Lulle appelle son eau céleste et qui doit être extraite de deux manières : du Macrocosme
et du Microcosme, car tout ce qui est dans le Grand Monde est aussi dans le
Petit Monde et n'a que même nature, façon, effet et résultat, même odeur et
même goût ; sauf que l'un est plus facile à atteindre que l'autre.
Ô notre sujet
exposé journellement aux yeux de la foule, et pourtant méconnu!
Ô notre Aer sans lequel nul ne peut vivre ! (mis en gras par
L.A.T.)
Ô notre Sel armoniac !
Ô notre Sel végétable !
Ô notre Mercure sans lequel rien ne peut
naître dans le monde entier !
Ô notre
petit oiseau qui s'élève de notre mer !
Ô notre esprit congelé, visible et invisible, fixe et volatil,
eau qui ne mouille pas les mains, eau de notre mer et eau de vie, dont Isaac le
Hollandais parle ainsi :
« Sache, ô mon
fils ! Que le mercure est le premier être de toute chose ; car, avant qu'il y
eût le temps, il y avait l'eau ; mais c'était une eau sèche et pulvérulente ;
cependant spirituelle et volatile ; et,
qui ne connaît pas ce sel, n'obtiendra jamais rien dans l'Art. » Et c'est là notre
soufre volatil.
Mes
chers, fidèles et sincères artistes, je vous ai, par pure sympathie et tout
d'un trait, découvert en quelques mots la vérité. Si, avec l'humilité et
crainte de Dieu, vous approfondissez ce petit discours, vous y trouverez
beaucoup plus que dans maints grands livres. Ne vous laissez donc pas induire en
erreur par tant de termes et d'explications différentes, car tout revient au
même objet, et le véritable menstrue vous a été ici révélé de la façon la plus
claire. Vous en remercierez I'Eternel, Roi et Seigneur de tous les Rois, le
Tout-Puissant Créateur du Ciel et de la Terre (lequel seul peut donner
entendement et sagesse à celui qui l'en prie ardemment). A lui la louange, la
gloire et la reconnaissance éternelle !
Et ne vous offusquez pas de la naïveté de mes discours
dans ce petit traité, car je ne suis ni un beau parleur, ni un orateur, ni un
savant Docteur en controverse. Je n'ai pas enrichi mes instructions de
guirlandes et de mots oiseux, qui ne font rien à l'affaire ni à la santé de
l'homme ; car la vérité est simple et n'a pas besoin d'ornements : La
simplicité est le sceau de la vérité. Et si vous ne découvrez le noyau et
centre de mon or potable et le moyen d'y parvenir, il ne faut pas chercher plus
avant, car j'en ai déjà trop dit. Cet or et premier être est beaucoup plus
parfait que celui tiré d'un métal, aussi ne peut-il se trouver sur tous les
chemins et n'est-il pas bon à récolter en tous temps. Le travail réclame de
très subtiles opérations avant d'être parfait.
CHAPITRE VIII
Pour finir, je
répéterai encore une fois au lecteur attentif et bénévole que l'or potable dont
je parle dans ce petit traité n'est pas celui dont il est fait mention dans les
grands ouvrages et dont il est question pour la trans-mutation des métaux.
Quant à la teinture du soleil, qui a la couleur transparente et subtile, elle
est extraite d'un esprit de vin tartarisé.
La dose en est
de 3 à 6 gouttes tout au plus dans de bon vin vieux, pour quelque maladie que
ce soit, récente ou ancienne. Il s'unit au baume de nature et le fortifie de
telle sorte qu'il expulse et éteint, avec la grâce et l'aide du Dieu
Tout-Puissant, et sans le secours d'aucune autre médecine, tous les maux,
douleurs et troubles du corps.
L'OISEAU D'HERMES
Extraits
du septième Traité de l'Antidote Chymique.
Du Mercure, du Soufre
et du Sel des Philosophes en un seul sujet.
PREMIÈRE PARTIE
DU MERCURE
CHAPITRE I
Du commencement de notre Médecine et de sa génération.
Toute
sagesse et tous précieux dons viennent de Dieu.
Celui donc qui voudrait obtenir notre Médecine sans la
permission du Très-Haut en restera bien éloigné. Mais celui qui est enfant et ami de Dieu
continuera l'oeuvre de la nature : la nature produit et crée selon l'art le
plus élevé; celui qui ne voudrait pas la suivre et l'imiter voudrait voler sans
ailes.
En
tout premier lieu, la Souveraine Majesté a créé les quatre Eléments auxquels la nature entière est
soumise; et ces éléments sont ordonnés de telle sorte qu'ils agissent les uns
sur les autres : le Feu, le premier et le plus noble, agit sur l'Air et produit
le Soufre; l'Air opère dans l'Eau et produit le Sel : l'Eau alors agit dans la
Terre et génère le Mercure. Voilà donc les trois Principes nés des quatre
Eléments ; ils demeurent alors dans la Terre, s'y conservent et s'y
nourrissent; et c'est pourquoi Hermès affirme, dans la Table d'Emeraude : La terre est sa nourrice...
CHAPITRE II
Du Mercure des Philosophes.
Ce qu'il est.
Après que les
Quatre Eléments, de par la Loi de la Nature, ont jeté leur force et puissance au centre de la
Terre, la chaleur qui y est enfermée les sublime et, les remontant en vapeur, à
la surface, les résout en eau, laquelle eau vaporeuse est nommée Mercure. C'est
de ce Mercure que sont nées toutes les choses du monde entier. Et c'est
pourquoi le Mercure des Philosophes n'est pas le mercure vulgaire, ni un corps
quelconque extrait des métaux imparfaits, mais il en est le principe et la racine. Et les
Philosophes n'avaient pas tort en disant : Ce que les sages cherchent est dans
le Mercure. On peut, en vérité, lui donner tous les noms ; puisque c'est de lui
que toutes les choses sont nées; mais son véritable nom est : AER. Croyez-moi
quand je vous dis que, si je n'avais vu de mes yeux et touché de mes mains cet
air coagulé, couleur de neige, Il m'eût été impossible de croire qu'une eau
sèche se trouvait dans notre mer. Quand je l'eus saisie, je fus bien étonné
de voir qu'une chose de si peu de valeur pût être Tout en tout. Doutant encore
de ma découverte, je voulus savoir si c'était véritablement de l'air ; je le mis
dans un vase à découvert, et voici qu'il disparut tout soudainement et
redevint air en peu de temps ; il avait rejoint son chaos, attiré à lui magnétiquement,
parce que, auparavant, il avait été air lui-même. Ce dont je me réjouis
grandement !
C'est
pourquoi je supplie tous ceux qui ont appris à connaître cet AER par son nom et
ses vertus, de se tenir toujours en présence du Seigneur Dieu Tout-Puissant et de
cacher sévèrement ce secret aux indignes, afin de ne pas encourir la
malédiction de tous les Philosophes et la damnation éternelle.
Le
Mercure des Philosophes n'est donc point autre chose qu'un air coagulé et une eau sèche cachée dans
notre Mer. Et ainsi parle Hermès : Le vent l'a porté dans son ventre...
CHAPITRE III
Où et dans quel endroit notre Mercure peut se trouver.
Où doit se trouver notre Mercure, les Philosophes l'ont
soigneusement caché; à peine un sur mille l'indique. Mais à ceux qui le méritent on donne
l'enseignement en paraboles et discours voilés.
Au commencement,
la terre était sans vallées, sans montagnes, sans pierres ni minerais, toute plate et
désertique ; mais elle fut diversifiée en mille manières dès que les éléments
eurent jeté leur semence dans son centre. L'Archée de la Terre ayant sublimé
notre mercure en la Mère, les matrices se trouvent être innombrables, car
autant de lieux autant de matrices, et les unes plus pures que les autres. Cependant,
notre mercure, lui, est unique, tel un fleuve qui sort d'une source. Par la
diversité des matrices il en résulte toutes sortes de couleurs, de sels,
d'huiles, et mille autres choses. Le mercure se répand de toutes parts celui qui court
sur le sel sera salé ; celui qui court sur l'huile sera gras, etc. Car l'eau ne
change pas l'endroit qu'elle atteint mais l'endroit change l'eau. Ainsi, bien
que toutes choses soient en mercure, toutes choses sont différentes, selon la
matrice et le degré de digestion dans la matrice, et le degré de cuisson par le
feu de nature.
Reconnaissons avec tous les Philosophes que notre mercure
est en toutes choses, végétale, animale et minérale, mais qu'il est plus ou
moins difficile à extraire et plus ou moins impur. Aussi, après bien des
recherches, nos prédécesseurs ont-ils trouvé que, d'une seule matière il
pouvait être aisément tiré. Cette matière est Saturne, ou minerai de plomb,
c'est-à-dire l'Antimoine. Ainsi parle Rosinus : Je te dis que notre eau vivante
est tirée du minerai de plomb, qui opère tout. Et le Grand Rosaire dit : Le
mercure des Philosophes est celui en lequel la nature a encore peu travaillé,
et que, sous une apparence métallique, elle a laissé imparfait. De même Flamel
écrit : Dans la terre croît une matière plombifère, un mercure coagulé ; c'est
celle-là qu'on doit prendre. Enfin tous les Philosophes sont d'accord pour
dire que, de Saturne, notre mercure est le plus proche et qu'il peut en être le
plus facilement extrait : feu libre à distiller il en sortira un flegme ; continue
la distillation jusqu'à ce que les esprits blancs ne sortent plus. Mets-les de
côté et place un autre récipient ; augmente le feu jusqu'à ce que tu obtiennes
des gouttelettes rouge sang : c'est le sang du Lion vert qu'on doit coaguler et
figer avec son propre sel. La dose est d'un grain dans l'épilepsie,
l'apoplexie, la paralysie, la manie, la tuberculose, la jaunisse, l'hydropisie,
la pierre, la goutte, l'hypocondrie, la vérole et toutes les
fièvres, pernicieuses ou non.
DEUXIÈME PARTIE
DU SOUFRE
CHAPITRE V
Du Soufre des
Philosophes.
Ce qu'il est.
Dans la première partie, j'ai dit que toutes choses
terrestres proviennent d'une exhalaison ou air volatil, et lorsque la même
vapeur, remontant du centre de la terre, est sublimée, elle se mélange aux
substances huileuses de ladite terre et s'y coagule ; on la nomme alors le
Soufre des Philosophes. Quand on purifie ensuite ce composé par la coction, il en sort, une
substance ardente ; c'est le véritable soufre, que l'on nomme aussi Œuf des
Philosophes et Vitriol des Philosophes. Il ne faut pas oublier toutefois que le
mercure des Sages contient en soi son propre soufre, pur et bon, de par le
juste mélange de la Nature elle-même. Le Soufre des Philosophes n'est donc pas
autre chose qu'un double Mercure. Arrige aures, Pamphile.
CHAPITRE VI
De l'Œuf des Philosophes.
De quelles matières il faut extraire notre Soufre.
Les Philosophes disent : l'Antimoine est le Mercure et le
Vitriol est le Soufre ; mais ce n'est qu'une façon de parler, car ils donnent à
entendre que, pour notre travail, ni le vitriol ni l'antimoine ne sont utiles. Ils s'en tiennent plutôt à l'oeuf, car en lui
sont les quatre éléments en un sujet : le jaune est le feu ou le soufre, le
blanc est l'eau, la petite peau est l'air, et la coquille, la terre ou le sel.
L'oiseau dans l'intérieur sera le véritable mercure, l'âme et la quintessence,
la seule chose dont nous ayons besoin pour notre médecine. Tous les docteurs éclairés savent
que de merveilleux médicaments peuvent être tirés de notre oeuf, qu'ils ont caché sous
les noms de Corps blanc des Philosophes et Clarté des deux
Monticules.
CHAPITRE VII
Comment on doit extraire le Soufre des Philosophes et le préparer.
Prends
6 livres d'oeuf des Philosophes bien frais ; mets-les sur ton fourneau, dans
une retorte,
et place devant un récipient. Distille le flegme à chaleur douce aussi longtemps que les vapeurs
blanches montent et que, dans le récipient, l'oeuf d'Hermès se dépose ; augmente alors le feu et
le continue jusqu'à ce que tu voies l'or volatil tomber en gouttes rouges.
C'est ton soufre des Philosophes, et ton or potable, qui guérit toutes les
maladies et renouvelle le corps humain tout entier. A un homme cassé par l'âge
il redonnera la force de la jeunesse et la vitalité, comme s'il avait de nouveau 25 ans.
TROISIÈME PARTIE
DU SEL
CHAPITRE VIII
Du Sel des Philosophes.
Ce qu'il est.
Nous
avons appris des Saintes Ecritures que Dieu créa le monde entier de rien.
L'homme, seul, fut fait d'un peu de terre ; et cette terre contenait tout le
reste de la création. C'est pourquoi Notre Sauveur Jésus-Christ dit : Vous êtes le sel de la terre (Ev. selon saint Matthieu). C'est dans la
terre que se trouve le sel qui résout, sépare et réduit en première matière
toutes choses. Nous le voyons pour le grain de blé qui ne peut venir à
multiplication et nouvelle naissance s'il n'est jeté dans le champ, où il est résolu
par le corrosif ou sel de la terre.
Mais on trouve
dans la terre trois sortes de sel : l'un volatil et comparé au salmiac ou mercure ; un de
moyenne nature, comparé au sel nitre ou au vitriol ; et le troisième, alcalin
ou fixe, comparé au sel ordinaire et à l'or. Si tu peux suivre et discerner mon
intention, tu auras, en ce peu de mots, plus appris qu'en quinze ans de
travail.
Enfin,
j'ajouterai, pour conclure, et confidentiellement, que notre sel n'est pas
autre chose que Soufre et Mercure, en lesquels gît le Sel.
CHAPITRE IX
Où se trouve notre Sel et de quelles substances on doit
l'extraire.
Le
Sel est la racine de tout l'Art. Il est la clef pour ouvrir et fermer. Aussi tout
le secret est-il caché dans le Sel.
Hermès dit : Le sel des
métaux est la Pierre des Philosophes. Il dit encore : Celui qui a le
sel des métaux connaît le secret des anciens sages. En effet, dans
le sel des métaux sont cachés le corps, l'esprit et l'âme du Soufre et du
Mercure. C'est pourquoi les
Philosophes en ont caché soigneusement l'origine ; mais, à leurs enfants
illuminés, ils disent pourtant qu'il se trouve dans l'Eau. Ils entendent par là que, dans l'eau courante,
il y a beaucoup de beaux silex transparents, semblables à des cristaux, dont
sont faites toutes sortes de pierres précieuses, telles que : hyacinthes,
rubis, topazes, émeraudes et saphirs. J'en ai moi-même souvent préparé.
Et
voici la manière d'opérer :
Prend
le saturne ; calcine-le jusqu'à ce qu'il soit d'un beau rouge ; prends de ce
plomb rouge 5 parties ; calcine 1 partie de silice, et, le tout bien râpé et
mélangé, mets au feu. Il en sortira d'abord des pierres vertes comme
l'émeraude, puis rouges comme rubis, et, suivant le degré du feu, de
différentes couleurs.
Les
Philosophes disent aussi que dans leur pierre réside le plus grand feu. Tout le
monde sait qu'on peut tirer du feu en frappant le silex avec de l'acier. Ils
ajoutent que c'est une chose vile, dont on ne fait point de cas, et sans
laquelle pourtant on ne peut vivre. Et bien, je te le demande. ô mon frère, qu'est-ce
qui est plus méprisé que le silex, qui traîne en tous lieux ? et
pourtant, qui pourrait vivre sans feu? Comment se chauffer et cuire les aliments ? J'ai voulu te
faire entendre ceci afin que tu conviennes que les Philosophes ont bien décrit leur pierre
mais qu'ils ont été incompris des indignes et des ignorants.
Celui
qui désire d'autres éclaircissements les trouvera dans le livre nommé Le Collège des
Philosophes, qui contient les passages concordants des plus célèbres
philosophes. Or, ils disent tous qu'on ne peut parfaire I'oeuvre sans notre sel ; et
c'est notre Salmiac, qui résout tous les corps en huile ou eau claire. C'est la
clef nommée clef de sapience, par laquelle on parvient à tout.
CHAPITRE X
Comment on doit préparer le Sel
des Philosophes.
Notre oeuvre est appelée travail de femmes et jeu d'enfants, parce qu'il suffit de nettoyer, laver, purifier,
résoudre et cuire. Les sels deviendront alors clairs, purs. On doit réitérer la sublimation,
solve et coagula, jusqu'à ce
qu'ils soient devenus tout à fait cristallins. Puis, prends de notre pierre
autant que tu voudras, et mets-la dans une retorte bien lutée, et distille par degrés
; alors il s'élèvera dans la vapeur, avec l'esprit, un sel volatil, qui s'attachera au col. Tu le feras sortir, puis tu pousseras le
feu jusqu'à ce que tu obtiennes l'huile de couleur rouge sang, qui est notre or
éthéré, l'or philosophal, encore puant et venimeux. Tu continueras cette
distillation encore 48 heures ; alors elle sera parfaite et tu pourras la retirer et la bien
préserver afin que rien n'expire.
Prends
alors les fèces qui sont restées au fond de la cornue et calcine-les à feu
ouvert pour les réduire en cendres. Ensuite procède avec de l'eau de pluie
distillée chaude pour en extraire le sel
jusqu'à ce qu'il n'y en ait plus de traces ; l'eau étant filtrée et évaporée,
tu trouveras le sel fixe. Il faut le purifier, filtrer, dissoudre et coaguler
jusqu'à obtention de sels purs et cristallins ; et, lorsque tu auras rectifié
le sel volatil et l'huile obtenus précédemment, tu auras alors les trois
principes d'un même sujet.
Ainsi, notre salmiac, c'est notre
mercure ou esprit ; notre or c'est notre soufre ou âme ; et notre terre, c'est
notre sel ou corps, que l'on nomme, dans d'autres chapitres, Elixir de vie, et
que l'on doit conjoindre et figer, jusqu'à ce que l'on obtienne une pierre
couleur de rubis brun-rouge, de la couleur de la fiole dans laquelle elle a été
fondue. Cette pierre consume toutes les maladies, quelque nom qu'elles portent,
comme un feu dévorant ; sa dose est très petite et son effet très grand. Elle
est souveraine contre le cancer, la lèpre, l'hydropisie, la goutte, la pierre, le
mal vénérien, toutes les fièvres et infections, contre l'impuissance, la
stérilité des hommes et des femmes. En somme, elle répare tout dommage causé au
dedans et au dehors, comme nous l'avons déjà indiqué ailleurs.
Conclusion
du Traité tout entier.
Il
n'y a qu'une seule Pierre, que l'on nomme Magnésie, et une seule matière, qui
est la Matière Première de tous les métaux ; et une seule préparation, au
moyen d'un seul Feu et d'un seule Fourneau que nous appelons Athanor. La seule
préparation est Solution et Congélation ; et notre matière est vraiment
catholique et universelle avant la fermentation, mais, après, elle est
spécifique.
C'est
pourquoi, cher frère, ne te laisse pas tromper par les indications
fallacieuses de trois régimes et de trois espèces, si tu comprends la nature ! Il n'y a qu'une
chose unique, une racine unique, une essence unique, à quoi rien n'est ajouté,
mais à quoi le superflu est ôté. C'est l'Un en Trois. Je n'ai décrit qu'une
seule chose, et je l'ai fait de cette façon pour trois raisons :
1° J'ai voulu
instruire l'étudiant sincère et lui montrer mon bon vouloir. Sont exclus les
traîtres et les perfides, les Misochimistes, les porteurs de nez fins, qui ont
la malice d'entendre l'herbe pousser !
2° J'ai posé, pour les premiers seuls, les principes de l'Œuvre
à étudier consciencieusement et longuement. Quant aux ignorants et aux paresseux,
cordonniers, tailleurs et tonneliers et autres grossiers artisans qui
voudraient l'entreprendre, ils seront là devant comme des ânes devant une lyre.
3`
Enfin, si j'ai écrit d'une façon brève et parfois ambiguë, c'est parce que je
hais les longs bavardages ; mais c'est aussi pour obliger le lecteur sincère à
consulter d'autant plus les ouvrages des anciens Philosophes, et à travailler
selon eux. Il faudra donc exclure aussi ceux qui ne mettent pas volontiers la
main à la pâte ni au charbon et attendent qu'on leur mâche la nourriture dans
la bouche :
CAR DIEU DONNE SES BIENS AUX
LABORIEUX.
Enfin,
je n'ai écrit que pour le seul étudiant craignant Dieu, pieux, diligent et
humble de coeur, lequel, en dehors de ce que je lui enseigne, s'adresse à Dieu
seul pour obtenir cette Médecine. Et cela exclut aussi, bien entendu, les
joueurs, ivrognes, viveurs et vadrouilleurs, les profanes et les impies, en
somme, tous ceux qui s'enfouissent volontairement dans la fange du péché.
Es-tu
donc un pieux et juste interrogateur de la Nature, un continuateur des
Philosophes éclairés? Tu sauras alors déceler dans mon enseignement que ni
l'antimoine, ni l'oeuf, ni le silex ne sont employés dans notre oeuvre; j'ai usé de termes de
comparaison, toutes les substances étant spécifiques, et sortant de notre unique
Mercure, catholique et universel.
Je
supplie le Dieu Tout-Puissant et Omniscient, Celui qui sonde les coeurs et les reins, d'écarter les
traîtres et les impies, de les frapper d'aveuglement : Qu'ils aient sous les
yeux et ne voient pas; qu'ils entendent et ne comprennent pas ; et, s'ils
commencent, qu'ils ne puissent achever ! Mais qu'aux Justes, Il veuille donner avec
condescendance la sagesse et l'entendement, la grâce et la bénédiction que ce travail
exige, afin qu'ils en usent à la plus grande louange et gloire de Son Nom Sacré
!
AMEN !
CANTIQUE
DES CANTIQUES DE SALOMON
Extraits du
huitième traité de l'Antidote chymique.
Sur la Médecine
Universelle.
Sur
l'auteur du Cantique des Cantiques, l'accord est fait depuis toujours : C'est le très sage Roi Salomon.
Le
désaccord est sur le sujet même.
Les
gens versés dans l'étude des choses religieuses ont des opinions variées :
Les
rabbins des Hébreux le tiennent pour un épithalame composé en l'honneur des noces de Salomon avec
la fille du Pharaon Vaphris, roi d'Egypte et fameux conquérant de Hazor,
Meggidon et Gazara.
Les
Talmudistes y voient l'union de Dieu avec la Synagogue.
Les Catholiques
Romains y voient Jésus‑ Christ et la Vierge Marie ; les Allemands, la magnifique
paix qui fleurit au temps de Salomon ; les Français, Jésus-Christ et l'Eglise, son Epouse. D'autres
y voient les augustes fiançailles évoquées par le grand Apôtre des Gentils (Eph. V,
32). Là, discourent l'Epoux et l'Epouse ; les amis et amies des deux les
félicitent. Enfin, ceux qui possèdent la sagesse humaine et la connaissance y
voient un chant à la louange de la Pierre bénie des Sages. Là, en effet,
disent-ils, est admirablement et royalement décrite la transformation de l'épais
en subtil, de l'obscur en clair, de
l'humide en sec, du volatil en fixe.
La
coagulation et l'apparition des couleurs : ch. V (9, 10, 11, 12, 13, 14).
La fixation : ch. II (12) et chap. VIII
(4). Les 4 parties de l'année philosophique jusqu'à la préparation
parfaite :
L'hiver, ou la putréfaction,
ch. II (11).
Le printemps ou l'apparition des
couleurs : ch. II (12).
L'été, ou la citrination :
ch. II (13). L'automne ou la rubification : ch. II (13). Le temps à
employer : ch. VIII (4).
La
multiplication : ch. VI
(7). L'augmentation et l'usage : chap. VIII (8).
Explication sur le "Sujet"
La
matière et la forme, venues de Dieu par le moyen de la nature : ch. I (5 et 6). Le sujet (8).
Le
Lys de l'Art : ch. II (1), préparation et séparation du pur d'avec l'impur.
La
direction du feu : ch. II (7) et ch. IV (16). La définition du Vase : ch. II (9) et
ch. V (4). Le Sceau d'Hermès : ch. 1V (12).
La
putréfaction : ch. III (i).
La
sublimation et la distillation : ch. III (6).
Il n'y a au
monde qu'une seule chose, qui, d'après les Philosophes, contienne en soi le
blanc et le rouge, appelés, l'un, mâle, l'autre femelle. Nul animal, végétal ou
minéral ne peut prétendre à être tel : Elle a la force passive et active,
une substance morte et une vive ; les ignorants la tiennent pour très vile : Elle a en elle
les quatre éléments ; on peut la trouver en tous lieux et chacun la possède
communément; on l'achète à vil prix; on la tient pour un solide ; c'est une
chose que la terre produit et qui descend du ciel, et qui est appelée notre
aigle, notre magnésie, notre Lion vert et notre œuf.
De la préparation
Sa préparation consiste uniquement en la coction au feu.
D'abord lente, modérée vers le milieu, forte à la fin.
Elle
monte de soi-même, noircit, descend et blanchit, croît et décroît, pâlit et
rougit, naît et meurt, ressuscite, puis vit éternellement.
Résumé
Cherche
le centre de l'Univers. Quand tu l'as trouvé, purifie-le ; quand tu l'as
purifié, dissous-le ; quand tu l'as dissout, cuis-le ; quand tu l'as cuit,
fais-le mûrir ; quand il est mûr, fixe-le ; quand il est fixe, fais-le fermenter ; et ainsi tu auras la Grande Médecine.
Deo Gratias
L'esprit
des Philosophes s'empare d'un certain corps terrestre caché dans le centre du
centre, qui sera mis en mouvement par la puissance divine si tu sais te taire
et qui alors, recevra l'influence générique du soleil et de la lune.
Car,
de même que l'homme, créé de la terre, ne génère pas l'homme de la terre, mais
de lui-même, et pourtant prend dans la terre sa nourriture et son accroissement
; de même, tu peux générer l'or et l'argent ; mais il faut d'abord qu'ils
soient nourris de leur substance originelle, qui est cette pure matière dont la
terre
est la nourrice et que je nommerai par son nom véritable : Sulob Suebur.
C'est une pierre unique, objet unique, qu'il faut
recueillir avec soin et avec joie ; mais qui ne coûte rien. On ne le trouve pas
chez les apothicaires, car tout ce qu'on achète chez l'apothicaire a un prix,
ou grand ou petit ; ce qu'il nous faut est regardé comme inutile et sordide ;
cette perle est foulée aux pieds dans la rue ; si tu la possèdes, agis comme je
te l'ai indiqué dans mon petit traité : d'abord distille l'eau jaunâtre ; la
pluie se formera ; puis augmente le feu, et l'esprit très fétide suivra ; il
faut creuser dans cette fétidité, et, pour cela, pousser encore le feu ; il
sortira une huile très rouge, puis une fumée blanche ; on augmente le feu
jusqu'à ce que toute la fumée soit sortie ; puis refroidis ; dans le fond du
vase est la terre noire, spongieuse, que tu sépareras du feu doucement, avec
grande industrie. J'ai dit.
LOUÉ SOIT DIEU EN
TOUTES SES OPÉRATIONS
TABLE DES MATIÈRES
COMPENDIUM
HERMÉTIQUE.
Chap. I. De la vraie Médecine des Anciens.
Chap. II. D'où doit-on tirer la véritable
Médecine
Chap. III. De la juste connaissance et de
l'origine des maladies
Chap. IV. De la véritable cure et de la
guérison des maladies, en général
Chap. V. De quelle manière on doit guérir les
maladies, et des médicaments
Chap. VI. De la Médecine Universelle et de sa
préparation
Chap. VII. De la voie particulière
Chap. VIII. Des
meilleurs médicaments
Chap. IX. De la juste et vraie préparation des médicaments
Chap. X. De la différence des médicaments..
Chap. XI. Du moment propice pour cueillir les espèces
médicinales
Chap. XII et XIII. Des
médicaments composés
Chap. XIV. Suite du
précédent chapitre
Chap. XV. Comment on doit préparer les Médecines universelles
Chap. XVI. De la préparation des médicaments
Chap. XVII. De l'Or des
Philosophes
Chap. XVIII et XIX. Comment on doit
préparer l'Or
Chap. XX. Comment on doit préparer la quintessence des perles et des pierres précieuses
Chap. XXI. Comment on doit
préparer la véritable essence et teinture de coraux
Chap. XXII. Comment
on doit préparer la Pierre Végétable
Chap. XXIII. De la
Pierre Animale
Chap. XXIV. De la Pierre Minérale
Chap. XXV. De la Médecine
Phalaia et Asa
Chap. XXVI. Comment on doit
préparer la Végétable et l'Animale
AUTRE COMPENDIUM
HERMÉTIQUE.
Chap. I. Comment et d'où les maladies proviennent
Chap. II. De la
guérison des maladies
Chap. III. Des médicaments en particulier
Chap. IV. De la préparation
des médicaments
Chap. V. De la Médecine
Universelle
Chap. VI. Du
Menstrue Universel
Chap. VII. De l'Or
médical
ANTIDOTE CHYMIQUE.
Traité IV. PHALAIA TRIPARTITE
Chap. I. De la Médecine Phalaia
Chap. II. En quoi cette médecine diffère des
autres.
Chap. III. De quelle Phalaia l'auteur a voulu
parler.
Chap. IV. Sous
quel aspect la Phalaia Animale doit se présenter
Chap. V. De l'emploi de cette Panacée
Appendice. Du triple Or potable
Traité VI. LA PANACÉE DORÉE
Chap. I
Chap. II
Chap. III
Chap. IV
Chap. V
Chap. VI
Chap. VII
Chap. VIII
Traité VII. L'OISEAU D'HERMÈS
Première partie. Du Mercure
Chap. I. Du commencement de notre Médecine
Chap. II. Du Mercure des Philosophes
Chap. III. Où et dans quel endroit notre Mercure
peut se trouver
Chap. IV. Comment on doit extraire le Mercure
Deuxième partie.
Du Soufre
Chap. V. Du Soufre des Philosophes
Chap. VI. De l'Œuf des Philosophes
Chap. VII. Comment
on doit extraire le Soufre
Troisième partie. Du Sel
Chap. VIII. Du Sel des Philosophes
Chap. IX. Où se trouve notre Sel
Chap. X. Comment
on doit préparer le Sel
Traité VIII. CANTIQUE DES CANTIQUES DE SALOMON
Chap. I. Sur la Médecine Universelle
(Chapitres suivants non repris)
Traité IX et suivants : non repris
THÉRAPEUTIQUE
CHYMIQUE : non repris