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GLAUBER L'Oeuvre minérale.




L’ŒUVRE MINÉRALE


OU EST ENSEIGNÉE

La séparation de l’Or des Pierres à Feu,
Sable, Argile, & autres Fossiles, par l’Esprit de Sel,
ce qui ne se peut faire par autre voie,

Comme aussi une Panacée,
ou Médecine universelle,
antimoniale, & son usage.


JOHANN RUDOLF GLAUBER


XVIIe siècle

Sans doute il se trouvera des gens, lesquels ne sachant pas les divers Voyages que j’ai faits ni les autres empêchements que je puis avoir eu, s’imagineront que je ne veux, ou que je ne puis pas tenir ma parole sur avoir néglige jusqu’ici l’Edition de certains traités dont j’avais fait mention, il s’en trouvera d’autres lesquels connaissant mon naturel & la calomnie de mes ennemis s’imagineront que je tienne cachées a dessein les choses que j’avais promises. C’est pourquoi je suis résolu de tenir ma parole, pour faire voir à ceux-ci que je ne suit point touché de l’insulte de ces envieux & à ceux-là que je les veux convaincre par une sensible démonstration en publiant & communiquant au public quelques un de mes secrets. Quoi que l’ingratitude du monde me donne occasion de les celer, toutefois la candeur de mon âme l’a emporté par-dessus cette considération. Outre cela j’ai été poussé par une autre raison c’est qu’il y a certains Esprits ambitieux, qui se vantent d’avoir la connaissance de mes Secrets ce qui a été cause que beaucoup se sont persuadés que mes Ecrits ne venaient pas de moi mais de quelque autre, auquel ils attribuaient la louange qui m’était due ; & on m’est souvent arrivé que ceux qui avaient reçu un Secret de moi, se sont vantes d’en être les Inventeurs par l’ostentation d’une vaine gloire.

Il y en a aussi qui n’étant pas venus аu bout de leur dessin m’accusent faussement d’avoir écrit des sottises, mais ils ne doivent blâmer que leur ignorance, & non pas mes savants écrits. Toutes ses ces considérations étaient capables à empêcher que je ne misse mes Ouvrages en lumière, je t’ai voulu faire en faveur des honnêtes gens. Ainsi je soutiens hautement que mes Ecrits ne sont point des sottises, mais des vérités bien certaines, qu’ils ne sont point non plus des inventions d’autre, mais celles de mon esprit : Au reste je vous avertis mon cher Lecteur, que je n’imite pas la plupart des Ecrivains qui s’étudient plutôt à l’ornement des paroles qu’à la doctrine mais pour moi je ne me sers que d’un style simple & naïf & ne cherche que l ‘utilité de mon prochain : C’est pourquoi j’ai mieux aimé me servir de la prolixité des paroles, laquelle est ennuyeuse aux oreilles délicates, que de la breveté laquelle est ordinairement obscure ; quoi quelle soit ornée des figures de la Rhétorique. Je commencerai donc, après avoir invoqué le Saint Nom de Dieu, mon Ouvrage, lequel j’ai divisé en trois Parties, sous le titre de L’Oeuvre Minérale. Dans la première il sera montré comment l’or peut être tiré du sable & des cailloux par le moyen de l’esprit de sel. Quoi que ce Secret semble de peu d’importance toutefois il est capable de nourrir celui qui s’en servira, pourvu qu’il ait la connaissance des pierres & du sable, propres à cette opération.

Dans la seconde il sera traité de l’origine & de la génération, des métaux, & de la mort tant des minéraux que des métaux.

Dans la troisième sera montré la possibilité de la Transmutation métallique par diverses raisons ; ce qui n’ayant encore été fait par personne que je sache, ce sera le fondement de toute la philosophie Métallique & comme la Couronne d’or de tous mes Ecrits. Dieu veuille que je puisse accomplir mon dessein à sa gloire, & à l’utilité de mon prochain.



LA PREMIÈRE PARTIE DE L'OEUVRE MINÉRALE


PROCÉDÉ TRÈS PROFITABLE

Pour séparer L’Or des pierres à feu terre grasse, talc rouge & noir, & autres fossiles contenant en eux un Or subtil & spongieux, qui ne peut être séparé par autre voie, soit pour la petite quantité, ou pour la dureté du Minéral ou pour ses grands frais. Ce qui est très aise avec l’esprit de Sel.

Sache premièrement, ami Lecteur, que toute sorte de sable, terre grasse, pierres à feu, & autres fossiles, ne contiennent pas de l’Or, mais seulement quelques-uns, sans la connaissance desquelles ce secret ne vaut rien, & d’autant que la connaissance de celle-ci est très nécessaire à l’Artisan, je veux montrer comment il les faut éprouver, afin de connaître s’ils contiennent de l'Or ou non, afin que tu ne travailles pas en vain mais au contraire avec utilité.

La folie des hommes est merveilleuse, ils cherchent toujours des choses incertaines & lais­sent les certaines, quoiqu’elles soient exposées à la vue de chacun ; car beaucoup dans le désir de gagner des richesses, travaillent après des choses incertaines. De mille, à peine s’en trouve-t-il un qui vienne à bout de son dessein, quoique les métaux puissent être perfectionnés & purifiés ; j’entends les métaux imparfaits & im­purs, afin qu’il en puisse être extrait de bon Or & bonne Lune mais cet art est donné à fort peu de gens & même chacun n’est pas propre de venir à bout d’un tel travail, d’autant qu’il demande un ingénieux Artisan mais les choses qui sont certaines peuvent être faites avec peu de frais & peu de travail par un Chimiste vulgaire, s’il est homme ingénieux, & qu’il ne cherche point de choses trop relevées & de trop grand profit aux premiers essais. C’est pourquoi prends bien garde à l’extraction des susdites pierres, car si tu penses en extraire avec l’esprit de Sel de beau­coup de sortes, qui n’ont point d'Or, sans doute tu n’y trouveras point d'Or, & si tu penses en extraire quelque peu qu’elles contiennent, & que tu ignore sa séparation par la voie de l’Antimoine, tu n’en dois point attendre de profit.

Il est donc premièrement nécessaire d’avoir la connaissance de ces pierres, & après de la séparation par la voie de l’Antimoine ; c’est pourquoi si tu viens à manquer, ne m’en impute point la faute, mais à ta seule ignorance, pour ne connaître pas l’extraction de l’or, car j’ai écrit assez clairement, quand même si il y aurait quelque chose d’oublié ; c’est pourquoi je t’avertis de prendre bien garde à ton travail, autrement il te sera inutile, car il est très assuré qu’il si trouve en beaucoup d’endroits des pierres, terre grasse & sable, qui ont & contiennent bien souvent beaucoup d’or, & encore qu’ils n’en aient pas en abondance, néanmoins il en peut être extrait avec profit ; mais des pierres qui en contiennent beaucoup, il en peut être extrait avec grand profit. Il se trouve aussi des roches & des montagnes d’or, & de grandes montagnes remplies de sable & terre grasse pleines d’or, ne rendant pas ce qu’il coûte pour les laver, à cause de leur trop grande raréfaction, spongiosité & légèreté, à cause qu’en le lavant, il s’en va avec le sable ; néanmoins quoi qu’il en soit, il en peut être extrait avec profit par l’esprit de Sel, & par l’antimoine fixe & purifié : En un mot c’est un secret par lequel un homme ne saurait être nuisible à un autre, comme il arrive en d’autres opérations mécaniques ; c’est pourquoi il n’y a point d’homme qui doive être honteux d’y travailler, car Dieu au commencement créa l’or dans la terre & dans les pierres, afin que tous l’en puissions extraire à la gloire de son nom, & profit de notre prochain, même il n’a pas défendu le véritable usage c’est pourquoi je dis en vérité que j’ai ici décrit cet Art, quoi que méprisé par les ignorants, il est de grand pro­fit & presque incompréhensible. Maintenant considère la chose un peu plus avant & tu trouveras en chaque place dans la terre de grands trésors qui se peuvent avoir mais qui ne sont pas découverts à cause de l’ignorance. En vérité tous connaissent qu’il y a en divers endroits (du sable & terre grasse, qui contient de l’or, lequel pour les susdites raisons est laissé en friche sans être travaillé, mais il le peut être aisément par mes préceptes.

Il se trouve aussi des montagnes d’argent, desquelles l’argent ne saurait être extrait, à cause du peu de poids qu’il a ; il se trouve aussi en beaucoup de places une certaine terre jaune ou rougeâtre ou semblable à la terre grasse, laquelle quoi qu’elle contienne beaucoup d’argent, il n’en peut être extrait avec profit par la voie susdite ; néanmoins elle se peut séparer avec profit non avec l’esprit de Sel, qui le laisse sans le touchée, mais pat un autre chose qui se trouve par tout en abondance, dont pour certaines raisons nous n’en dirons rien en cet endroit.

Et cette voie de séparation fait beaucoup pour la minière de cuivre qui n’est pas abondante, de laquelle on n’en saurait tirer aucun profit par la voie ordinaire, pour le séparer du cuivre & après le réduire en un meilleur métal, ou la changeant en vert-de-gris faute d’un meilleur Art, laquelle chose peut très bien & très honnêtement entretenir plus que d’une famille. Par cette voie on peut séparer des scories, de l’or, l’argent & le cuivre avec profit, mais d’autant que j’ai résolu de ne traiter ici que de la seule extraction de l’or hors des pierres, je laisse avec raison de traiter de l’extraction de l’argent & du cuivre pour en traiter autre part, à cause qu’elle se doit faire par un autre menstrue. Si je veux que cette démonstration soit approuvée, elle sera suivie d’autres très excellentes., Mais à présent j’ai entrepris une plus noble manière pour l’amour de ma Patrie, par laquelle il se voit clairement que quoique l’Allemagne soit réduite à la nécessité, elle est néanmoins assez riche, si elle veut seulement prendre garde à ses trésors cachés. Il n’est pas nécessaire de présenter le morceau caché, car il suffit de la démonstration, il n’est pas aussi bon de présenter ce qui est bon à ceux qui le négligent, car aux ingrats la meilleure chose ne leur est pas agréable le veux donner en peu de mots la démonstration & l’ex-traction de ces pierres, ne doutant pas qu’un expert & expérimenté Chimiste, n’en tire du profit & n’en remercie Dieu, ce que le paresseux ne sera pas.

Pour ce qui concerne les susdites pierres, desquelles l’or doit être extrait, c’est où consiste tout le secret. Toute sorte de pierres pour la plupart ont un invisible, & quelquefois visible & invisible, volatil & corporel tout ensemble ; mais communément beaucoup contiennent du fer impur, semblable à un Or volatil & un peu de soufre semblable au cuivre.

Les pierres que les Allemands appellent Quartzen & Hornstein contiennent de l’or pur & corporel, quoi qu’il soit mêlé avec Lune & Cuivre, peuvent être brûlées & broyés, & extraits avec le mercure, & s’ils abondent en Or peuvent être purgés par la fonte, ce travail est ordinaire aux Mi­neurs, & à ceux qui s’exercent aux métaux : desquelles choses je n’entent pas parler, d’autant que d’autres en ont écrit auparavant ; mais pour des pierres, Quartzen & Hornstem, qui se trouvent presque partout, qui ne contiennent qu’une quantité d’Or ferreux & marcassiteux, soit-il fixe ou volatil, il n’en peut être séparé avec profit par le mercure ni par la fonte : c’est pourquoi elles sont négligées par les Mineurs, soit par ignorance, ou à cause des frais insupportables ; mais j’ai éprouvé ces pierres méprisées, & si peu d’Or qu’elles contiennent, il se pouvait séparer avec grand profit, Je ne veux pas attendre davantage d’en publier la connaissance, pour l’amour de mon prochain, ne doutant nullement que cette publication sera profitable à beaucoup, car je n’ignore pas qu’il y en a aussi bien des Doctes que des Savants, Nobles & Roturiers, Séculiers & Ecclésiastiques, auquel & il est fort difficile de maintenir leurs familles, lesquelles à cause des guerres, ou autres accidents, sont tombées dans la pauvreté & à leur considération, & d’autres qui sont nécessiteux, j’ai publié ce secret lequel étant bien travaillé ne rapportera pas un petit profit tous les années, particulièrement aux en­droits où les pierres se trouvent en abondance, comme aussi l’esprit de sel, la description duquel est donnée en la première partie de mes Fourneaux & ci-après en sera donné une meilleure, si rien ne m’empêche & cependant sers-toi de celui-ci. Que si par fortune il arrivait que tu ne puisses venir à bout de ce travail susdit, ne rougis point d’apprendre les opérations manuelles, lesquelles ne se peuvent décrire exactement par ceux qui sont expérimentés, autrement tu perdrais le temps & les frais, sans qu’il te portait aucun profit, & quand à ces pierres, sache qu’il y en a beaucoup qui se trouvent en diverses places, principalement aux endroits sablonneux & montagneux, mais en quelques-uns plus & meilleures qu’en d’autres, car rarement se trouve-t’il du sable sans pierres, & souvent de fois le sable même ne manque pas d’Or ; mais il s’en trouve fort peu sur le bord des rivières, parce que l’eau lavant & emportant le sable, découvre les pierres en grande abondance, quoi qu’elles ne se connaissent pas si aisément par le dehors, comme celles qui sont trouvées nettes dans le sable, à cause qu’elles sont couvertes de boues, c’est pourquoi il les faut rompre avec un mar­teau, afin de voir ce qui est en elles ; ce qui se connaîtra mieux, si on les brûle, & éteint en eau froide, car les pierres qui conservent leur blancheur après être rougies & éteintes, ne con­tiennent rien ; mais si elles deviennent rougeâtres, elles font voir qu’il y a quelque chose en elles & plus rouges elles sont, plus témoignent-elles leur valeur.

Or ceci ne se doit pas entendre des pierres sablonneuses qui rougissent en quelque endroit dans le feu qui ne contiennent point d’Or, mais des pier­res desquelles on tire du feu par une mutuelle percussion, lesquelles plus pures elles sont, & plus elles contiennent d’Or plus pur. Il y a aussi des pierres desquelles le feu en est tiré par percussion qui rougissent au feu, & ne contiennent point d’Or mais du Fer lesquelles tu connaîtras par ce rouge clair qu’elles ont auparavant les brûler, & étant brûlées se changent en un rouge obscur qui ne luit point & qui est cru ; mais les pierres qui contiennent Or étant brûlées, acquièrent une couleur jaune Or ou rougeâtre, comme si elles étaient couvertes d’Or & cela se trouve par tout le corps, si elles sont rompues en pièces; celles-ci donnent un pur Or mais les autres don­nent une extraction rouge comme sang, bonne pour les usages de la Chimie, mais particulière ment pour exalter la Lune par ciment, car pour l’Or il s’y en trouve rarement : ce qui doit être bien observé, autrement tu extrairas du Fer pour de l’Or & par ce moyen perdras ton travail.

Comme aussi les meilleures pierres qui contiennent l’Or sont celles qui sont blanches & luisantes par-ci par-là au travers, ayant dans toute leur substance des lignes & taches verres, rouges, jaunes, bleues, rousses & brunes. Il y a aussi des pierres noires, desquelles on tire du feu par percussion, contenant l’Or & Fer desquelles ils peu-vent être séparés avec profit ayant quelquefois beaucoup d’Or ferreux en quantité, séparable par l’art, comme il sera dit ci-après.

Les pierres qui retiennent une blancheur après être brûlées sont très bonnes, ayant des veines vertes & bleues & autres semblables, comme aussi celles qui après être brûlées ont des taches noires sans aucunes veines.

Mais les pierres, Quartz & Hornstein encore qu’elles ne s’altèrent point en les brûlant néanmoins si on y voit de l’Or volatil & spirituel auparavant, d’elles-mêmes elles donnent de l’Or par la force de la séparation. Le sable gros & subtil, contient Or jaune, jette en la brûlant la fumée de couleur bleue, & qui est exalte en couleur brune ; mais celle qui ne s’altère pas ne contient rien de bon. La terre subtile, jaune ou rouge, passant au travers du sable ou montagne, semblable à une, veine, contient aussi Or qui est la plupart volatil & non meurt, s’enfuyant quand on le veut ré­duire, ayant entrée dans Lune & autres métaux par cette raison se peut conserver.

Et pour la plus grande & assurée connaissance, tu peux éprouver les pierres avec du verre fusible, laquelle chose est traitée dans la qua­trième Partie de mes Fourneaux, afin que tu n’aies pas occasion de m’imputer la faute de ton erreur ; c’est pourquoi je veux que tu entendes, que toutes les pierres ne contiennent pas d’Or & qu’il n’est pas séparable en toutes par l’esprit de sel : c’est pourquoi il te les faut connaître auparavant que de les employer au travail.


Maintenant s’ensuit la préparation des Pierres & l’extraction de l’Or qui est en elles par l’esprit de Sel.

Premièrement les pierres étant rougies dans le feu, il les faut éteindre en eau froide, après les tirer hors étant froides, & les mettre en fine poudre.

NB. Quand elles sont rompues dans le mortier la meilleure part peut être aisément séparée de la plus mauvaise, car quand elles sont en fine poudre toujours si la partie meilleure va en poudre rouge premièrement, & la mauvaise étant plus épaisse et plus dure, ne contient que fort peu ou rien du tout: que si elles sont grossièrement pilées & passées par un fin tamis la plus subtile part passera au travers le tamis en poudre rouge, & ce qui ne vaut rien étant resté dans le tamis, comme, une poudre blanche qu’il faut jeter mais s’il y parait quelque rougeur il la faut mettre derechef en poudre dans le mortier & la tamiser, & la meilleure part passera en poudre rouge, le reste doit être jeté mais il te faut observer que toutes & chacunes de ces pierres ne sont pas séparables étant battues en poudre car quelques-unes, étant battues retiennent partout la même couleur sans faire aucune séparation des meilleurs parties, lesquelles il te faut mettre en fine poudre, et en faire l’extraction sans aucune séparation, mais, celles qui sont séparables, sont plus aisées à faire l’extraction, d’autant que tout l'Or qui est contenu dans une livre, pour le plus souvent, peut être assemblé & tiré en trois ou quatre onces de fine poudre séparée, comme a été dit, & comme cela il n’est pas nécessaire de faire l’extraction de toute la pierre, ni d’employer tant d'esprit de sel mais le sable & la terre grasse n’ont pas besoin de cette préparation mais sans aucune préparation on en fait l’extraction avec l’esprit de sel.

Prends des pierres ci-dessus préparées & séparés, 2, 3, 4, ou 6 livres & les mets dans une cucurbite de verre entière, & verse dessus de l’esprit de sel, qui surnage de trois ou quatre doigts, & le mets sur le sable ou bain chaut, afin que l’esprit de sel fasse l’extraction de l’Or & le laisse comme cela l’espace de cinq ou six heures, tant que l’esprit soit teint d’un rouge épais, & qu’il n’en tire plus de teinture. Il pourrait arriver qu’à la première fois, quoique rarement, il ne sera pas teint d’une si grande teinture, néanmoins il te le faut tirer par inclination, & mettre sur d’autre poudre de pierres, & faire comme dit est dans une autre cucurbite sur le feu, pour en ex­traire l’Or ; cela fait tire-le par inclination, & le verse dans un autre cucurbite ou il y ait de la poudre de pierres fraîche, réitérant comme cela, tant qu’il soit suffisamment teint d’Or, lequel tu garderas à part, tant que tu en ayez une grande quantité, afin que tout l’Or soit séparé à une fois hors du sel, comme il fera dit ci-après.

Cela fait, remets de nouvel esprit de sel sur les pierres qui sont resté dans la première cucurbite, & le laisse si longtemps sur le feu tant qu’il soit teint, & qu’il ait extrait l’Or qui a resté dans les pierres, qui n’avait pas été extrait à la première fois ; tire-le après par inclination, & le verse sur les pierres réservées dans la seconde cucurbite, & dans la troisième, pour extraire le résidu de l'Or, qui n’avait pas été extrait la première fois, & ainsi pareillement aux autres réservées, tant que l’esprit de sel soit suffisamment coloré, & qu’il n’en tire plus de, teinture lequel tu tireras hors, & la mettras avec le premier réservé. Vous mettrez derechef de nouvel esprit sur la matière restée, afin d’extraire tout l’Or & sur la fin mettez-y de l’eau commune, afin de tirer hors tout l’esprit teint de l’Or qui reste dans les pierres, afin qu’il n’y ait point d’Or de perdu.

Ce travail doit être si longtemps & si souvent réitéré, tant qu’il ne reste ni pierres ni esprit, & dans le même temps vous jetterez les pierres qui ont été extraites & lavées, afin d’emplir derechef les cucurbites avec de nouvelles pierres, & continuer comme cela le dit travail ; & si vous n’avez plus d’esprit pour continuer la dite extraction, vous pouvez séparer l’Or extrait d’avec l’esprit, laquelle chose se fait com­me s’ensuit. Il faut avoir premièrement une bonne quantité de verres, ou retortes, de la meilleure terre, qui puisse retenir les esprits, lesquels vous emplirez si avant de vos esprits teints, tant que l’esprit dans, l’extraction ne s’enfuie par dessus, quoi fait, il le faut extraire au bain sec peu a peu hors de l’Or, duquel esprit vous pouvez vous servir derechef comme au premier travail & l’Or qui est laissé au fond du vaisseau, il le faut tirer hors avec un fil de fer crochu, & le garder (qui sera comme une terre rouge) pour son usage, jusqu’à ce qu’en ait une bonne quantité, autant qu’il suffit pour en faire la séparation & purgation, qui se fera après par l’Antimoine.

Mais quand tu feras l’extraction hors du talc rouge avec l’esprit de sel, grenats rouge ou noir, émeri, pierre calamine, où autres fossiles, lesquels autre Or fixe, contiennent beaucoup d’or qui n’est pas meurt, & qui est volatil ; il faut que Vous jette dans l’extraction un peu de fer, sa voir dans la dissolution, lequel retiens & fixe l’Or qui s’enfuirait autrement dans la fusion ; c’est pourquoi les dissolutions & extractions de talc, & autres choses contenant de l’Or volatil, sont mieux faites avec des cucurbites de fer, ou avec des alambics de terre, qu’avec les retortes de Verre ou de terre, d’autant que cet Or Volatil ne tire seulement que ce qui lui est nécessaire pour la fixation ; & ce fer es après aisément séparé de Or par Antimoine, comme il sera enseigné ci-après. Ceci est à noter, que tout le grenat ne se dissout pas entièrement dans l’esprit sel, quoi qu’il soit laissé long-temps en digestion, retenant toujours sa première couleur, c’est pourquoi il y a cette différence à faire, ou il faut apprendre une préparation qui est requise pour la dissolution de l’Or qui est contenu en eux.

Et pour le talc, il ne le faut pas extraire avec une chaleur excessive, autrement toute sa substance se dissoudrait dans l’esprit, & empêcherait ton travail, à casée qu’il y a pour lors peu de profit ; c’est pourquoi cela se fait, afin que ce peu Or dispersé dans une grande de quantité de talc, soit réduit en un petit volume car il n’est pas nécessaire que tout le talc soit rendu fusible d’autant qu’il apporterait du dommage mais il n’y a point de danger aux pierres, a cause que l’esprit de sel ne les dissous, pas comme il fait le talc, mais extrait seulement l’Or, le corps de la pierre étant laissé en son entier. La pierre calamine doit être aussi gouvernée d’autre façon; dans l’extraction & fixation, que les grenats, pierres, & talc, d’autant qu’elle se dissout presque toute dans l’esprit de sel c’est un travail dont il n’est pas nécessaire de parler ici, à cause qu’il est particulièrement traité ailleurs de son extraction & fixation & je ne désire pas d’en traiter ici, mais seulement de l’extraction de l’Or hors des pierres à feu qui se peuvent trouver par tout, & c’est le chemin de l’extraction de l’Or hors des pierres à feu & sable par la chaleur avec l’esprit de sel, pour être fait dans des vaisseaux de verre, mais il y a une autre voie aussi, qui se fait à froid sans vaisseaux de verre, lequel je crois mérite d’être mis au jour, afin qu’avec le susdit travail vous puissez choisit celui qu’il vous plait. Il se fait comme s’enfuit. Il vous faut avoir quantité d’entonnoirs de terre bien cuits, qui ne boivent pas les esprits & à leur défaut, il en faut avoir dé verre très fort. Il faut aussi avoir un banc, avec quantité de trous pour y mettre les susdits entonnoirs & au-dessous il y faut placer des écuelles de verre, ou bassins pour recevoir l’esprit de sel.


La façon du travail par les entonnoirs

Il faut mettre les entonnoirs dans les trous du banc, puis il faut premièrement mettre un gros morceau de pierre dans le plus étroit de l’entonnoir, sur lequel vous en mettrez de plus petites pièces, & par-dessus celles-là encore de plus petites autant qu’il en faut pour emplir l’étroit de l’entonnoir & la partie large doit être après remplie de la poudre de pierres, à la réserve de trois ou quatre doigts d’épois pour l’esprit de sel, & par ce moyen ces grosses pièces qui sont au fonds empêcheront que la fine poudre ne passe avec la fusion de l’esprit de sel.

Ce fait, mettez sur les pierres qui sont dans l’entonnoir, de l’esprit de sel, de l’épaisseur de deux ou trois doigts, lequel travaillera sur les pierres, & en extraira l’Or, qui tombera dans l’écuelle ou bassin qui est dessous & d’autant que le plus souvent il passe à la première fois de là poudre avec l’esprit de sel, il vous faut cohober l’esprit sur les pierres, tant que le passage soit bouché, & que l’esprit sorte clair ; ce fait, versez le dit esprit dans le second entonnoir les pierres, puis au troisième & comme cela en-suivant, tant qu’il passe, ou tant qu’il soi suffisamment teint, lequel vous garderez tant que vous en ayez une quantité suffisante, pour être distillé par la retorte, pour séparer l’esprit d’avec l’or lors cet esprit étant passé au travers des pierres des entonnoirs, selon l’ordre, & bien teints, versez derechef de nouvel esprit de sel dans les entonnoirs, selon l’ordre, commençant par le premier (comme a été dit) jusqu’au dernier ; & quand verrez que l’esprit qui passe ne se teint plus, c’est signe que tout l’Or en est extrait alors il n’y faut plus mettre d’esprit, mais de l’eau commune, afin que l’eau en passant attire tout l’esprit de sel resté dans les pierres, & que rien ne soit perdu, laquelle eau acide étant gardée à part, sert pour le même usage ce que étant fait, tirez hors les pierres extraites & emplissez les entonnoirs avec de nouvelles pierres comme devant, pour être extraites, réitérant tant que vous aurez des pierres & de l’esprit mais il ne faut pas mêler l’esprit qui n’est pas bien teint avec celui qui est bien coloré de Or, il le faut garder à part pour le mettre sur des nouvelles pierres préparées dans les entonnoirs, selon l’ordré, tant qu’il soit suffisamment teint,& étant teints séparez-le par des retortes de verre avec le reste en faisant l’extraction hors de Or & étant extrait servez vous en dans un nouveau travail de même que de l’autre & par ce moyen avec 100 livres d’esprit de selon peut extraire 1000 livres de pierres préparés & en séparer Or qui est contenu en elles ce qui ne peut être fait par la fusion ni autrement, mais le principal point étant bien, gouverné afin que l’esprit ne se gâte ou ne se perde & par cette voie beaucoup de pierres peuvent être extraites avec peu d’esprit mais il faut remarquer dans l’extraction qui se fait a froid qu’il faut que l’esprit de sel soit plus fort que dans celle qui se fait par la chaleur dans les cucurbites autrement les affaires n’iraient pas, bien mais avec un fort esprit, l’extraction se fait plutôt & en est plus aisée par la voie froide, que par celle qui se fait avec la chaleur & n’est pas si dangereuse si pénible, ni de si grande dépense. Cette extraction donc par le froid demande un esprit de sel plus puissant que celle qui se fait par la chaleur.

Et c’est ici la manière par laquelle ces pierres l’Or & autres fossiles Or, sont préparées & sont extraites avec l’esprit de sel, lequel en est aussi séparé derechef d’avec eux, maintenant je montrerai la façon de la purification de l’Or qui a demeuré dans la retorte.

Le pur Or étant extrait hors des pierres, non celui qui est ferreux, il n’est pas besoin de grand travail pour le purifier, car tu le peux par la fusion avec du borax, ou avec le flux qui le fait des parties égales de nitre & de tartre ; mais l’Or qui est extrait des pierres, & qui est mêlé avec du fer, comme il est pour la plupart, il ne le faut pas fondre par le flux, d’autant qu’il ne se purifie pas par là, ni ne rend pas Or malléable, il le faut séparer par le Plomb par lequel il sera purgé & malléable, & si cet Or a d’ailleurs aucunes impuretés soufreuses mêlées avec lui, il ne re peut séparer par le Plomb, d’autant qu’il est pour la plupart réduit en scories & autres impuretés par le Fer, avec perte ; c’est pourquoi il faut qu’il soit purgé avec trois parts d’antimoine, & séparé par ce moyen il ne se perd rien. C’est la meilleure voie pour la séparation & purification de l’Or ferreux autrement ne peut être séparé sans perte.


Le moyen de séparer l’Or impur par Antimoine.

Il est très nécessaire de connaître ce travail si vous voulez avoir aucun profit de la susdite extraction des pierres par l’esprit de sel lequel sans cette réduction & séparation est de nulle valeur. Et quel profit, je vous prie, y peut-il avoir à l’extraction d’un or qui n’est pas murs lequel ne saurait être purgé par la voie ordinaire, demandant un Artisan industrieux dans la fusion, par laquelle; il soit séparé de ses fèces superflues, & fixé, car il est aisé de conjecturer qu’un Or si spirituel & volatil mêlé avec du Fer, ne se peut réduire en corps par un flux commun, mais plutôt en scories, d’autant que l’expérience nous certifie que Or dissout, avec l’esprit de sel & aussi le fer, ou autre chose soufreuse ; l’esprit de sel en étant extrait ne saurait être entièrement réduit par le flux vulgaire fait de nitre & de tartre, parce qu’il s’en va en scories. Que si cela arrive à un pur Or fixe & corporel, se pourrait-il faire autrement avec celui qui est sale, volatil & incorporel? car Or qui est extrait des pierres est ordinairement ferreux, & le fer ayant une grande affinité avec Or (par laquelle raison étant étroitement unis ils sont difficilement séparées, & comme cela il s’en va plus aisément avec le Fer en scories qu’il n’en est se-pare) ; il vous faut par nécessité faire un flux, qui n’attire pas seulement l’Or mais qui le purifie & le nettoie, ce qui ne se fait que par l’Antimoine seulement lequel avec son soufre combustible & fusible travaille aisément sur l’Or qui est mêlé avec le Fer, mais par son Mercure il attire à soi le plus pur Or corporel, le nettoie, & sépare de toutes scories sans aucune perte, c’est pourquoi il ne se peut trouver un meilleur flux: Il est vrai qu’il demande une industrieuse & ingénieuse séparation de Antimoine d’avec l’Or sans perdre d’Or. Ce qui se fait comme s’ensuit.

Prends premièrement Or ferreux qui a été laissé après l’extraction de l’esprit de sel; qu’il soie mis en fine poudre dans une retorte ou pot de fer, mêles-y deux on trois parts Antimoine en poudre, & les mêle dans un fort creuset, qui soit plein & couvert, & le fonds dans notre quatrième fourneau, tant qu’il flue comme de l’eau ; cela étant fait, verse-le tout ensemble dans vu cornet chaud, joint par le dedans avec de la cire ; & lors qu’il sera froid, sépare le régule de la scorie ( qui aura la plupart de Or ) avec un marteau, & le mets a part; ce fait, fonds derechef la scorie de Antimoine ( qui contient beaucoup Or) qui a été laissée dans le creuset & y mets vu peu de limaille de. Fer; mêle avec un fil de fer crochu, & lé soufre combustible de Antimoine sera mortifie par l’adjonction du Fer & rendra un régule qui contiendra le reste de Or, ayant égard à la quantité du Fer qui a été mis, & il y aura plus ou moins de scorie ordinairement il répond poids pour poids, au poids du Fer alors jette la masse, bien fluente, dans le cornet chaud, & joint au-dedans avec de la cire ; étant froid, sépares en derechef le ré­gule d’avec la scorie, avec un marteau, lequel garderas aussi à part, fonds derechef la scorie comme devant & la précipites avec du Fer, & en tires le régule, lequel garderas aussi à part, d’autant qu’il contient de Or & Lune mêlez ensemble, car le meilleur Or est précipité a la première fois, en site la plus basse, & à la fin seulement Lune, c’est pourquoi chaque régule doit être garde séparément, afin que le pur Or soit a part, & Or argenté ou contenant Lune aussi a part.

Et si Antimoine perd sa fusibilité par l’addition du Fer & qu’il ne jette plus de régule, il est nécessaire toutes les fois que la précipitation se fait par l’addition du Fer, d’y jeter un peu de nitre, afin de faire la masse dans le creuset pour précipiter le régule & tout Or & Lune étant réduits en trois, ou quatre régule il faut garder à part la scorie qui a été laissé de laquelle sera parle ci-après,


S’ensuit le moyen de séparer Or & Lune de Antimoine

Les susdits régules antimoniales peuvent être purgées en diverses façons, premièrement par le moyen des soufflets sur une coupelle de terre, comme est la coutume des Orfèvres quand ils rendent Or fusible par Antimoine ce travail est ennuyant & ne saurait être souvent fait sans danger de la santé ni même en grande quantité ; c’est pourquoi quand on sait une meilleure voie, c’est une folie de pratiquer celle-là. Le régule peut être aussi purifié avec du Plomb par la coupelle ce travail peut être fait en grande quantité mais il y faut beaucoup de charbon & de Plomb & l’Antimoine n’y saurait être conservé. Or il peut être fait avec profit mieux que par les deux susdites façons comme s’ensuit Vous pouvez si vous voulez calciner les régules avec du sel commun, les réduire en cendre, & puis les fondre, par laquelle voie Or & Lune en peuvent aisément être tirés. Vous pouvez aussi les fondre dans un creuset & par l’addition de certains sel séparer Antimoine de l’Or & Lune réduisant l’Or en scorie étant séparées ils se trouvent purifiées malléable, quoi que ce soit la voie la plus aisée, elle est néanmoins fort dangereuse ; car si vous n’y procédez avec conduite, les sels gâtent & usent beaucoup Soleil & Lune, & quelquefois laissent l’Or qui n’est pas malléable & vous contraignent de réitérer votre travail.

Mais celui qui entend à le faire avec le nitre seulement, il peut avec grand profit, en peu de temps, & en grande quantité, purifier le susdit régule sans perdre Or, Lune ni antimoine. Il y a aussi d’au­tres manières pour cela qu’il serait inutile de mettre par écrit ; c’est pourquoi je veux ensei­gner la meilleure de toutes, qui est grandement profitable dans la séparation du régule en grande quantité. Il est premièrement nécessaire d’avoir un Fourneau particulier, avec va feu presque semblable à celui de la première Partie de nos Fourneaux Philosophiques, lequel est bâti pour la sublimation des fleurs. Il y manque la grille, mais il doit avoir de petits trous pour allumer les charbons, afin que l’antimoine se séparant l’Or soit élevé & sublimé aux vaisseaux sublimatoires. Ce Fourneau étant droitement bâti & échauffé jette dessus avec une cuillère autant de ré­gule que le feu en peut porter, lequel se fondra, promptement, & s’élèvera peu à peu, l’air étant attiré par les trous sans aucune difficulté, le régule étant sublimé, il en faut jeter davantage, si vous en avez jusqu’à ce que le régule soi entièrement sublimé & séparé de Or & Lune, lesquels sont laisses dans le feu purs & malléables. Le Fourneau étant froid, il faut retirer les fleurs & les garder pour l’usage dont nous parlerons ci-après. Par cette voie vous ne séparerez pas seulement une grande quantité de régule hors d’Or & Lune en peu de temps ; mais aussi vous garderez l’antimoine, lequel peur servir en beaucoup d’usages de l’Alchimie & Médecine, avec grand profit : ce qui est certainement une belle connaissance car non seulement on peut gagner beaucoup sans faire tort à son prochain, mais encore assister quantité de malades par cette excellente Médecine faite de fleurs. C’est un don particulier de Dieu, de quoi nous avons à lui rendre grâces, immortelles, & c’est ici le meilleur de tous les moyens pour séparer l’Or de l’antimoine que je connaisse, lequel ne se fait pas seulement en grande quantité, dans peu de temps, & à peu de frais mais aussi sans perte d’antimoine.


S’ensuit l’usage des Fleurs Antimoniales

Premièrement, vous pourrez garder les fleurs les plus blanches qui sont au pot le plus bas pour une Médecine universelle avec le sel de tartre & réduire les autres qui ne sont pas si pures en régule, lequel sera propre à divers usages, comme il sera montré ci-après, ou bien vous les pouvez mêler avec poids égal de soufre commun, ou antimoine, lesquels étant mêlés & mis dans un creuset couvert & fondus, ils rendront un antimoine semblable au naturel, bon pour purifier l’Or ou bien mêlez les avec d’autres métaux ou minéraux afin que par ce moyen ils soient rendus meilleurs, ou bien servez vous-en pour la Chirurgie, car ce sont les meilleurs emplâtres strityques. Enfin on se peut servir des susdites fleurs en beaucoup de choses avec bon succès & profit.

Les scories antimoniales peuvent aussi être réduites en fleurs, & pour le même usage, comme aussi celles qui sont faites avec le ré­gule, à cause que dans cette fusion & séparation de l’Or qui a été extrait des pierres & du talc, le seul Or qui était meurt & fixe, a été séparé du régule; & l’Or qui n’était pas meurt, & qui est volatil, a resté dans la scorie, lequel est élevé avec les fleurs. Il s’ensuit donc que celles-ci sont meilleures, tant pour la Médecine, que pour la transmutation métallique.

Ou si tu veux ajouter audit Antimoine du vieux Fer & le réduire dans le Fourneau, & prendre le régule contenant Or & Lune, lequel peut être mis en usage en autres opérations Chimiques, où il est besoin de régule, comme il sera montré ci-après, mais la, scorie rend un régule avec un feu violent en un Fourneau, avec une parti­culière séparation par extraction, quoi qu’il ne contienne point d’Or, on s’en peut néanmoins servir avec profit : comme si on le mêle avec l’Etain dans la fonte, il le rend dur & sonnant, très utile pour en façonner diverses sortes de choses, & qui ne se noircit pas si aisément que l’Etain commun & si tu ne le veux, tu en peux faire des poids à peser.

Ici nous avons traité de l’extraction de l’Or hors des pierres à feu, & de sa purification par l’Antimoine, maintenant je veux vous apprendre comme il se faut servir du reste de Antimoine tant pour perfectionner les métaux imparfaits, que pour la Médecine, aussi bien pour conserver la santé, que pour guérir les maladies.

Mais voyant que nous avons fait mention d’une Médecine universelle fait de Antimoine dessus dit, je ne veux pas que tu penses qu’elle puisse guérir généralement toutes intempéries sans distinction, ce qui est seulement attribué à la pierre des Philosophes, mais non par moi à cette Médecine. Je n’attribue que ce que j’en ai éprouvé je puis assurer avec vérité, qu’il n’y a après la pierre des Philosophes, près que point de comparable à elle ; car elle ne préserve pas seulement le corps de diverses maladies, mais l’affranchi heureusement de celles dont il est attaqué : c’est pourquoi elle peut avec raison porter le nom de Médecine universelle.


Voici la préparation

Prend des fleurs purifiées hors de la scorie une livre a savoir de Antimoine par lequel Or extrait a été purifié, lesquelles pour la plupart sont de couleur jaune ou rouge contenant un Or volatil & non mort & à son défaut, prenez les fleurs faites du régule doré étant pour la plupart blanches, lesquelles mettrez ; dans un fort verre qui ait un col long, & mettez dessus trois ou quatre d’esprit de vin tartarisé ; mêlez-les bien ensemble, en les remuent & mettez par dessus un col crochu, dans lequel mettrez quelques onces de Mercure, comme il est démontré dans la cinquième partie des Fourneaux Philosophiques bouchant bien les jointures avec vessie de Bœuf triple mouillée, laquelle étant sèche, placez le verre dans le bain, & donnez le feu par degrés, afin que l’esprit de vin & Antimoine se puissent digérer, l’y laissant l’espace de vingt-quatre heures; & in­continent que le feu en est hors, tirez le vaisseau, & étant froid, retirez ou séparez l’esprit teint en rouge d’avec les fleurs ; remettez de nouvel esprit, &mettez au bain comme devant à digérer par vingt-quatre heures, tant qu’il soit rouge, réitérant cela par trois fois, ou tant que l’esprit ne se teigne plus. Pour lorsqu’il n’en faut plus mettre, filtrez l’esprit teint par le papier brun, les fleurs qui restent après l’extraction, ne sont plus nécessaires en cette affaire, lesquelles pourrez garder à part ou jeter mais il faut mettre l’esprit teint dans une cucurbite avec l’alambic, & en extraire la moitié hors de la teinture, lequel-esprit distillé peut servir derechef au même travail, mais la teinture laissée dans la cucurbite, est la Médecine de laquelle nous avons fait men­tion. Maintenant que nous avons parlé de l’esprit de vin tartarisé, afin de satisfaire celui qui en pourrait douter, j’en veux ici donner la description, laquelle se fait comme s’ensuit.

Prenez 20 ou 30 livres de tartre, mettez les dans une grande retorte lutée au sable & en distillez; l’esprit un feu doux. Ce travail se peut mieux faire, &plutôt par, l’instrument de notre second Fourneau ; & d’au­tant qu’il requière de grands & amples récipients à cause, qu’il est très pénétrant, vous pouvez appliquer premièrement un Serpent d’étain ou cuivre au col de la retorte au lieu du récipient, lequel doit être placé dans un tonneau plein d’eau froide, afin que les esprits soient refroidis & re­tenus par ce moyen. Il en faut après extraire la moitié par une cucurbite de verre avec son alam­bic, car l’autre moitié avec l’huile noire ne sert de rien en ce travail, & par cette raison la faut ôter. Apres cela mêlez cette subtile partie distillée avec la moitié de la tête morte du susdit esprit, calcinée à blancheur, & en tirez ou distillez derechef la moitié par le bain, par une cucurbite & son alambic, les jointures bien closes, & le tartre calciné retiendra avec lui la fétidité & le flegme ensemble, &ne distillera que le plus pur & subtil de l’esprit, lequel il faut mêler derechef avec l’autre moitié de tartre calciné en blancheur, & rectifier par un autre alambic. La tête morte peut être derechef calcinée pour en retirer la fétidité, afin de s’en pouvoir servir derechef. C’est ici l’esprit de vin tartarisé, avec lequel la susdite Teinture & essence doit être tirée & extraite, & non seulement de cela, mais de tous autres métaux, ce qui ne se peut faire autrement.

Et s’il était nécessaire, j’écrirais quelques au­tres choses de la très grande force & vertu qu’il a pour purifier les métaux imparfaits, avec lesquels il a une grande affinité, car il peut séparer le pur de l’impur, de quoi nous parlerons plus amplement en autre lieu ; mais quand ce n’est que pour la purification des métaux, il n’a pas besoin d’ une si grande rectification, comme il est requis à l’extraction des Médecines, métalliques, &vous le pouvez tirer en abondance h ors de la lie sèche. Il y a aussi un autre esprit devin tartarisé, duquel on se peut servir en la susdite opéra­tion. Il se fait comme s’ensuit. Dissolvez dans une livre d’esprit de vin, six onces de cristal de tartre laquelle dissolution peut servir à la susdite extraction, & de même façon.


Avertissement

Ne conçoit pas mauvaise opinion de cette Médecine pour être tirée d’une chose si basse, & sans beaucoup de subtilité. Ne dis point en toi-même : Si ceci est vrai, qu’une si fameuse & excellent Médecine puisse être faite par une voie si aisée, à quoi nous sont nécessaires tant de diverses décoctions précieuses, & dégoûtantes ? pourquoi ne se sert-on de celle-ci en leur place ? certainement il vaudrait mieux se servir de celle-ci ; mais qui sera si audacieux que d’oser déplaire à une si grande multitude, qui soutient cette sorte de décoctions ? certainement personne ; & il y en a peu qui puissent abandonner leur ancienne coutume, laquelle prévaut, encore qu’elle doive être corrigée. J’espère que, le temps viendra, que les Médecins ne travailleront pas par avarice, mais par la charité que nous devons à notre prochain, & que les malades seront pleinement soulagés par leur assistance. Mais pour la vertu d’une si grande Médecine, j’en ferai l’ouverture à ceux qui sont plus jeunes & moins expérimentés que moi je laisse son jugement libre à chacun.


Les Vertus de cette Médecine.

Cette teinture antimoniale, évacue par dessus toutes les autres Médecines, les humeurs vicieuses,& purge insensiblement toutes les impuretés du sang, outre les obstructions du foie, de la rate, des reins, & autres entrailles, faisant attraction de toutes les malignités & d’autant qu’il nettoyé le sang, il guérit la lèpre, la vérole, le scorbut, & autres maladies qui proviennent de l’impureté du sang, par sa vertu atténuante & pénétrante, elle, résout toutes les humeurs tartareuses, évacue celles qui engendrent la goutte, la pierre des reins & de la vessie, mais non le tartre qui est parfaitement coagulé : toutefois il en allège la douleur, & empêche son accroisse-ment, mais n’étant pas dure ou coagulée, elle l’attire & évacue entièrement & fondamentalement hors de toutes parts ; il guérir toutes fièvres & autres maladies provenant des humeurs superflues ; il évacue doucement les eaux qui sont entre cuir & chair, par selles & urines, en peu de temps, fortifie & purge les principales parties, & les garanti de tous accidents contre nature : C’est un excellent préservatif en temps de peste & autres maladies contagieuses; pour ceux qui l’ont déjà, c’est un excellent remède, chassent promptement toute la maladie hors du cœur en l’évacuant; en peu de mots, c’est la plus excellente Médecine universelle, douce & grandement profitable aux vieux & aux jeunes; mais elle doit être diversement administrée, à cause de la force & vertu dont elle est douée; d’autant qu’elle ressemble à un grand feu qui en éteint un moindre. Certainement on ne saurait désirer une meilleure Médecine que celle-ci, laquelle est extraite d’une chose basse & méprisée, en peu de temps, à peu de frais, & avec peu de peine. Je confesse ingénument que je n’ai jamais vu son semblable, & je ne doute point qu’elle ne soit la meilleure du monde. Pourquoi donc en cherchons-nous aucune autre que celle-ci? Elle excelle en toutes les choses qui sont requises en la véritable Médecine ; mais encore qu’elle soit très excellente, je suis certain que plusieurs auront, mauvaise opinion, pour ce qu’elle est préparée de Antimoine qui est vue chose vile & méprisée, & par une voie facile, mais cela n’importe, car je monde veut être trompé, ad­mirant les choses splendides, & méprisant les choses basses, quoi que Dieu même se plaise en la simplicité.


L’usage & la dose de cette Médecine.

Voyant que de toutes les Médecines celle-ci a le plus de verni & de pouvoir, il est nécessaire qu’on en use diversement ; car tou­jours une petite dose est plus sûre qu’une gran­de, parce qu’elle peut être souvent réitérée ; à quoi il faut bien prendre garde en toutes les maladies de vieux ou de jeunes. Aux petits en-sans de deux, trois, quatre, ou six mois, contre les vers, galles, fièvres, & épilepsie, vous n’avez besoin d’en donner qu’environ une demi-goutte dans un propre véhicule laquelle il faut réitérer trois on quatre fois le jour; elle tue les vers, évacue l’estomac des mauvaises humeurs, les recrée, & les garantit de galle, les garanti de la petite vérole, & de la rougeole, si on en use sous les mois une fois : mais aux enfants de l’âge de deux où trois ans, il leur en faut donner une goutte; & aux enfants de l’âge de deux, trois, quatre, ou cinq ans, une goutte & demie ; aux jeunes gens depuis l’âge de quinze à vingt-quatre ans, on en peut donner deux, trois, où quatre gouttes, à des corps robustes, depuis l’âge de vingt-cinq à cinquante ans, quatre, cinq, six, ou set gouttes: enfin la dose doit être augmentée ou diminuée selon la qualité de la maladie, & du malade; Et pour là pierre, ou la goutte, on en doit donner quelques gouttes tous les jours dans du vin, ou de la bière, le matin a jeun, à moins que le malade soit trop faible, car pour lors il en faut donner deux ou trois fois le jour, & con­tinuer cela tant que le malade doit guéri, sur-quoi il faut observer qu’il garde une diète mo­dérée.

Pour la lèpre, la vérole, & le scorbut, il en faut donner tous les matins une dose, & la maladie sera entièrement détruite. Si le malade est extrêmement faible il lui en faut seulement donner de deux jours l’un, aussi long-temps qu’il sera nécessaire. Dans l’épilepsie, il en faut donner tous les jours, comme aussi dans l’hydropisie ; à toutes les fièvres, deux ou-trois heures avant l’accès. Pour la petite, il en faut donner incontinent, & répéter tous les jours, mais pour se présenter, il en faut prendre une fois toutes les semaines. Pour toutes les autres maladies internes, il en faut donner tous les jours jusqu’au déclin de la maladie; mais après on en doit user peu à peu, tant que la maladie soit entièrement guérie.

Aux externes, comme aux blessures nouvelles faites par un coup, chute, blessure d’épée, ou balle, os rompus, &c. tous les jours vue fois, avec l’application extérieure nécessaire des emplâtres, aux vieilles fistules 8e cancers, tous les jours une fois par dedans, mais, par dehors il, faut quel le mal soit nettoyé avec des onguents minéraux ; car par cette voie, pour si mauvais, si invétéré & désespéré qu’il puisse être, il fera véritablement guéri, sans peine, & sans tourment.

Or quoi que cette Médecine soit la plus précieuse de toutes, néanmoins il y a un menstrue qui n’est point corrosif, avec lequel on peut non seulement & avec plus de facilité qu’avec l’esprit de vin tartarisé, extraire une Médecine universelle hors de Antimoine, qui sera douée de plus gran­des vertus que la susdite, de laquelle pour le prix d’un richedalle on en peut faire vue quantité en trois jours, qui suffira pour guérir mille hom­mes. Tous les végétaux, animaux & minéraux, & métaux, sont aussi dissous par cette Méde­cine, & réduits en leur première matière & par cette voie non seulement les poissons sont chan­gés en très-salutaires Médecines, mais aussi les choses amères sont privées de leur amertume, d’autant que les choses en sont tellement corrigées, qu’elles ne provoquent pus le vomissements, ni les selles, qui sont de très violents cathartiques, étant transmuées en excellents restauratifs ; les fétides même étant corrigés, en acquièrent vue odeur agréable, & (ce qui est merveilleux ) il ne dissout pas seulement les végétaux, animaux,& minéraux, & les choses qui en proviennent, mais encore le verre même ; c’est pourquoi il faut toujours choisir les verres les plus forts pour les digestions & pour lés solutions & à leur défaut très faibles doivent être changés toutes lès six heures. Cette Médecine n’est nullement altérée par les choses qu’elle réduit & tourne en sa première matière médicinale, ni en sa vertu, ni en sa couleur, gardant toujours le milieu, se; tenant entre le pur & l’impur duquel l’un tombe au fonds, & l’autre nage sur le menstrue, qui peut encore servir derechef. Enfin les vertus de ce menstrue ne sauraient être assez louées pour la préparation des Médecines, & il peut bien être com­parée l’eau Mercurielle de Basile Valentin, & à l’Alcaest de Paracelse & d’Helmont, lequel je juge être le feu des Maccabées, tournée en une eau épaisse sous la terre ; ç’est un feu perpétuel qui ne brûle pas toujours visiblement, c’est une eau permanente, ne mouillant point les mains, le Savon des Sages, l’Azoth des Philosophes, & le Bain Royal.

Quoi que je connaisse ce menstrue il y a quel­ques années, & que je m’en sois souvent servi dans les métalliques, & trouvé beaucoup de secrets par son moyen, néanmoins je ne m’en étais jamais servi dans la Médecine, jusqu’à ce qu’il me fut demandé par un amateur des écrits d’Helmont, si je connaissais la préparation de la liqueur Alcaest de Paracelse ; & comme il m’eut parlé de quelques vertus de cette liqueur pour la préparation des Médecines, je commençai à songer en moi-même, & remarquai que c’était mon bain secret qui purifie les métaux c’est pourquoi je l’éprouvai tout sur l’heure avec les végétaux & animaux ( car je connaissais sa vertu dans les métalliques ) & je trouvai des choses incroyables & étonnantes, qui m’étaient inconnues : c’est pourquoi j’affirme & confesse sincèrement, que toutes & chacune les Médecines qui ont été inventées par d’autres, & par moi même, pour si rares & chères qu’­elles puissent être, ne sont que peu de chose à mon jugement, puis que cette clef universelle nous manquai, sans laquelle nos végétaux, minéraux, & animaux, de quelque façon qu’on veut travailler, ne sauraient être parfaitement résous : c’est pourquoi nous n’allons eu qu’une partie de leurs vertus ; mais à présent nous n’avons pas besoin de beaucoup d’art, de labeur, ni de dépense, pour réduire tout lé corps sans, corrosifs en sa première matière, laquelle ressemble à une liqueur très-belle, jetant hors & terrestréité superflue, & devient une Médecine très salutaire faite des trois principes dans leur pureté ; ce qui ne se peut faire que par ce menstrue ; car quelle autre chose peuvent les Médecine extraire des herbes, sinon des sirops, des, électuaires, des conserves, & des eaux ? avec les quelles préparations les herbes ne sauraient être améliorées, mais seulement qualifiées avec addition de sucre ou de miel, à cause qu’il ne se fait point de séparation du pur d’avec l’impur ou du bon d’allée le mauvais, car le tout est laisse ensemble dans les électuaires & dans les conserves & dans les sirops& dans les eaux distillées, il n’y en a seulement qu’une part. Il est vrai que les extraits par l’esprit de vin ne sont pas à mépriser, s’ils sont bien préparés, mais ils ne sont pas meilleurs que leurs simples, lesquels outre cela sont privés de ce que l’esprit de vin n’en a pu tirer & quoi que le demeurant soit calciné pour en tirer le sel, & pour le mêler avec l’extrait, toutefois ce n’est pas chose de grande conséquence car le feu détruit la vertu des herbes, en sorte que les sels fixes, encore qu’ils soient; cristallisés, ne perfectionnent rien dans les Médecines excepté ceux qui sans aucune combustion l’ont faite du jus des herbes, desquelles il est traité en la troisième Partie des Fourneaux Philosophiques. Au reste il n’y a personne qui ose extraire des herbes efficaces pour la Médecine, parce qu’en la préparation elles ne sont pas, corrigées ni amandées.

Or en cette manière les herbes les plus puissantes, lesquelles sans cette préparation ne sont que des poisons, sont morts & purifiées par cette liqueur d’Alcaest ; ce qui fait qu’elles peuvent être données aux maladies les plus désespérées ; car Dieu n’a point créé les herbes en vain, comme quelques uns pensent, puis qu’il les a expressément créées pour manifester ses merveilles. Voyez l’Opium, la Mandragore, la Ciguë, le Jusquiame, & autres choses assoupissantes, comme quoi elles sont mortelles étant administrées imprudemment ; mais étant cor­rigées pat ce menstrue, elles deviennent douces & excellentes Médecines: combien dangereux est l’Esula, la. Scammonée, l’Ellébore, la Catapucte, le Gommiguta, & autres violents purga­tifs, lors qu’ils sont donnez à propos. Il n’y a personne qui l’ignore ; toutes ces choses sont corrigées par cette voie & changées en très-salutaires médicaments. Qui est celui, je vous prie, qui ose manger du Napelus, des Champignons, & autres végétaux vénéneux? Ils sont aussi tellement corrigés par cette liqueur d’Alcaest, que non seulement ils ne sont plus venimeux, mais sont tournés en douces & salutaires Médecines pour beaucoup de maladies. Nux Vomica, Coque de Levant, & autres choses qui troublent le cerveau, sont par ce moyen très-salutaires. Comme aussi ces animaux vénéneux’» tels que sont les Araignées, Crapaud, Serpents, Vipères, &c. en sont tellement corrigés, qu’ils n’ont pas seulement perdu leur qualité véné­neuse mais ils résistent & détruisent le poison.

Considère les Araignées qui ont une Croix pour signe, qui changent de peau tous les mois, & se renouvellent eux-mêmes; ce que les Ser­pents & l’Alcion ne font qu’une fois l’année. Plusieurs savent la grande vertu qu’ont les Vers de terre crus, &c. au mois de Mai, pour résou­dre les humeurs tartareuses, & la vérole. Qu’est-ce qu’ils ne feront donc pas, s’ils sont corrigées par ce menstrue ? Les Cantharides, & mille pieds, autrement Cloportes, sont aussi telle­ment corrigés, qu’ils peuvent être mis plus seulement en usage pour provoquer l’urine ; & si on pouvait avoir ce grand & vénéneux Basilic, dont les Fables font mention, qui tue les hom­mes par sa seule vue (ce qui est faux selon la lettre) il pourrait être changé en Médecine par cette liqueur d’Alcaest, de même que ce Basilic minéral, la poudre à Canon, qui tue dans un moment un nombre infini d’hommes; com­me aussi l’Arsenic, l’Orpiment, le Kobolt, & semblables, ils peuvent être privés de leur ma­lignité, & réduits en très-excellentes Médecines. Enfin ses excellentes vertus, qui sont manifestes pour corriger le venin des simples, ne sauraient être suffisamment décrites ; c’est pourquoi il mérite que nous employons nos soins à le chercher de tout notre pouvoir, afin que nous pouvons préparer des Médecines admirables, & qu’à l’advenir les malades ne soient pas si tourmentés avec des boissons amères & importunes. A la vérité je ne saurais assez admirer ses grandes vertus, qui ont été & long-temps cachées. Ce n’est pas une chose corrosive, & néanmoins il dissout toutes choses, mais quelques-unes plus vite que les autres. Il change & améliore leur vertu naturelle; c’est pourquoi il peut être la consolation des Spagyriques, qui ont cherché long-temps de rares Médecines, étant celle par laquelle les végétaux sont séparés & corrigés ; comme aussi les animaux & minéraux. Cela doit obliger un Médecin consciencieux d’avoir en recommandation la préparation de ce menstrue universel, par le moyen duquel il peut préparer les Médecines : son origine, & sa préparation, sont viles ; mais la vertu est très-efficace, son invention & son usage très-difficile à trouver, c’est pourquoi on ne le peut obtenir que par un don de Dieu, du quel procède toute sorte de bien .Ne pense donc pas que la gloutonnerie, l’ivrognerie, la méchanceté, la vanité, & la menterie, soient le chemin par lequel on y parvient, vu que c’est un don de ce Dieu miséricordieux ? mais afin que tu saches ce qu’il faut déterminer concernant la préparation des Médecines pré­parées des simples vénéneux, je le veux brièvement exposer. Par exemple, vue tous les végétaux, animaux, & minéraux, qu’on appelle poisons, & qui font la guerre à la Nature hu­maine, lors qu’ils sont donnés au dedans, & pourtant non sans cause rejeté de tout le mon­de, ils sont semblables à un ennemi invincible, qui cherche de tout son pouvoir d’oppresser & de détruire son adversaire ; mais étant arrêté par un Médiateur qui n’a pas moins de force, & réconcilié avec son contraire, il n’a plus cette malignité qu’il avait auparavant sa réconcilia­tion, l’autre ne pouvant résister a un si puissant ennemi, étant fait son ami, & le secourant à l’encontre des autres ennemis semblables & invincibles. Il en est de même aux venins, végétaux, animaux, & minéraux, détruisant la Nature humaine, lesquels par la liqueur Alcaest, qui est comme le réconciliateur, sont si cor­rigés, qu’ils ne portent aucun dommage; & de plus grands ennemis qu’ils étaient, ils se prêtent une mutuelle assistance après la réconcilia­tion. Il n’y a point de chose semblable dans la Nature, qui puisse si promptement corriger les poisons, les réduire en leur première matière, & en faire une essence salutaire. Ainsi je finis cette déclaration, qui n’a pas été écrite sans raison & qui touchera, ces cœurs qui ne sont pas endur­cis. C’est ici certainement la véritable correc­tion Philosophique, avec laquelle ce qui est malin, est réduit est vile substance salutaire. A quoi peut servir cette correction, qui est faite par la mixtion d’autres choses, comme des cathartiques & cordiaux ? En vérité rien du tour, même les cordiaux ne font que débiliter les cathartiques, car la Nature n’est pas capable de détruire un purgatif vénéneux en une fois, ni d’attirer une chose réconfortant, ou corroborative ; pour-ce qu’une purgation étant donnée incontinent, elle met sa malignité dans le corps, à la quelle malignité la Nature résiste & s’efforce de chasser l’ennemi, auparavant qu’elle en puisse attirer l’ami réconfortant c’est pourquoi cet ami est chassé avec son ennemi. Le même arrive dans le mélange du sucre, miel & autres choses douces, avec les amères, acides, &c. Les choses déplaisantes ne sont pas corrigées par les choses douces, mais elles acquièrent un goût & une saveur différents, sans aucune autre alté­ration essentielle. Cette correction est sembla­ble à celles qui se sont dans les Tavernes, pour corriger avec des fumées odoriférantes l’air qui était infecté auparavant par les crachats, vomissements, & puanteurs des ivrognes. Elle leur est agréable, quoi qu’ils attirent aussi bien la mauvaise que la bonne odeur aromatique, d’au­tant qu’ils sont privés de jugement, mais elle ne le serait pas aux personnes sobres qui ont l’usage de la raison. De la même façon sont corri­gés aujourd’hui le simples ; mais une véritable & philosophique correction es faite par elle-même, sans addition d’autre choie, par le bénéfice du feu seulement tant actuel que potentiel, humide, mûrissent, séparant, & corrigeant la malignité : ce qui se fait par la liqueur Alcaest, comme il est appelle par Paracelse & par Helmont.

Or des savoir si ma liqueur est le même Alcaest de Paracelse, & d’Helmont, il n’importe, pourvu qu’elle ait les mêmes vertus.

Le feu & la vertu du feu peuvent faire beau­coup, non pas en brûlant & détruisant, mais par nutrition & maturité, entretenant & humectation Touchant ce feu humide, voyez Artéphius, Bernard, Basile, Paracelse, &c. La maturité ne se fait jamais par choses froides, mais par les chaudes, lesquelles produisent vu germe. Si pas hasard la Nature a laissé quelque chose d’im­parfait dans le Royaume végétal, minéral & animal, il peut être corrigé par le moyen de l’art avec la liqueur d’Alcaest, qui est la meilleure correction, jusqu’à ce que par le bénéfice de l’Art, & par l’assistance de la Nature, on ait inventé quelque remède plus excellent. . Et ce sont ici les vertus incroyables de cette liqueur Alcaest, duquel l’usage sert pour la préparation des Médecines; & d’autant qu’il été dit ci-devant qu’il montre aussi ses vertus d’ans les métalliques, je ne saurais les cacher aux studieux. Il ne sera pas ici fait mention de toutes, car il est doté d’un si grand nombre, qu’il est impossible à homme mortel de les pouvoir nombrer.


Les vertus de l’Alkaest qui sont manifestées, dans les Métalliques.

Premièrement ce menstrue Philosophique dissout radicalement tous les minéraux & métaux sans violence, & les réduit en de douées & salutaires médecines, de l’Or il s’en fait Or potable de Lune, Lune potable; &, par conséquent des autres métaux, des métaux potables ; de telle façon qu’il peut bien être appelle le Mercure universel. 

Secondement, il purge, lave, & transmute les minéraux & métaux en un espèce plus noble;c’est pourquoi il peut bien être appelle le Savon de Sapience, par lequel le dire des Philosophes est confirmé, le Feu & l’Azoth blanchissent le Laton.

Troisièmement, par lui tous les minéraux & métaux sont mûris & fixés ; de sorte qu’après cela l’Or ou Lune qui ne sont pas morts, & qui sont incorporés en iceux, peuvent être tirés hors par la coupellation avec profit ; c’es pourquoi il peut être, avec raison, comparé au seau d’Her­mès.

Quatrièmement il rend les métaux volatils, & les conjoint radicalement ensemble ; tellement qu’ils soutiennent le feu, & l’un opère dans l’autre dans le feu, il détruit & vivifie, tue & ressuscite ; c’est pourquoi il est comparé au Phénix.

Cinquièmement, il sépare les métaux mêlées sans aucune perte, & fort promptement mais d’un autre façon que les menstrues corrosifs, de sorte que chacun se peut séparer à part par exemple sur le point de séparer Or, Lune, Cuivre, Fer, Etain &Plomb, & mêlez ensemble, ou bien deux, trois, ou quatre d’eux mêlez, de façon que chacun paroisse séparément sans perte d’aucun, vous n’avez pas besoin de coupeller ce mélange avec Etain, par laquelle voie Or & Lune en sont extraits & tout le reste perdu ; mais par cette voie ils sont tous préservés & sont retirés d’un après l’autre très puissamment & doucement en l’espace d’une demi heure, par ce très fort vinaigre des Philosophes.

Sixièmement, les métaux sont soudainement mortifiés & réduits en vu verre transparent, irréductible, semblable à un Amause, mais se réservant la nature & propriété de chaque métal, lequel dans la réduction de l ’Or donne de parfait Lune, par lequel le dire des Philosophes est con­firmé, la corruption d’une chose est la génération d’une autre d’une autre : comme aussi celui de Paracelse ; de quelque chose ne fait rien & de rien quelque chose. Au reste cette huile incombustible, ou eau permanente, montre la vérité des écrits des Philosophes, lesquels généralement assurent que la solution, putréfaction, distillation, sublimation, circulation, ascension, descension, cohobation, incération, calcination, coagulation, fixation, & fermentation, &c. se sont dans leur travail en une fois, en une manière & dans un seul vaisseau. Dans cette seule opération toutes les couleurs apparaissent, desquelles les Philosophes font mention, comme la tête de Corbeau, le lait Virginal, le sang de Dragon, la queue de Paon, Lyon vert & rouge, &c. Par cette liqueur d’Alcaest, on voit la vérité du discours Hermétique ; Ce qui est en haut est comme ce qui est en bas, &c. & beaucoup d’autres choses sont exécutées, comme le, secret Chalyps de Sendivogius, & l’huile de Talc qui est tant recherchée.

C’est jusqu’où est allée mon expérience, même je ne doute point que je n’obtienne par son moyen cette universelle Salamandre, qui vit dans !e feu.

Ces choses que j’écris sont très-véritables, quoi qu’elles soient incroyables aux ignorants, à cause de ses merveilleuses vertus. Je le voudrais publier au monde pour le bien public, mais par considération je n’ai pas jugé à propos de le communiquer pour certaines causes, néanmoins de peur que la science ne périsse, & afin que la véritable & presque éteinte Mé­decine, pour la guérison des maladies vulgaire­ment incurables, puisse être mise en usage, j’ai découvert ce secret menstrue à deux de mes amis, sa séparation, & son usage.

Mais toi ne penses pas à cause que j’ai écris de ces choses si hautes, que l’entendes de rendre le secret commun à tous en général. Je ne l’entends pas comme-cela; mais je fais mon possible pour confirmer celui qui cherche, & lui donner occasion de chercher plus avant, pour trouver ce secret, dans lequel il ne trouvera pas seulement là vérité de mes paroles, mais par son exercice il trouvera tous les j ours des choses plus grandes que celles-ci.

Et d’autant que je n’ai jamais aspiré à la vanité de richesses & des, honneurs, je pourrais bien être persuadé de laisser à d’autres mes la- beurs les plus difficiles, à cause que dans mon vieux âge ses travaux sont pénibles & fort ennuyeux ; outre cela la Philosophie m’a mon­tré un autre chemin, tellement que j’ai déterminé de m’abstenir de tout mon pouvoir de ces vanités, & de chercher le bien permanent & une vie tranquille ne manquera pas à ceux qui les cherchent.

Voyant & remarquant la vérité infaillible des écrits des Anciens qui sont calomniés par des, envieux ignorants, je ne puis m’empêcher de dé­fendre leurs paroles, & de venger leurs injures en peu de paroles, montrant la possibilité de la, transmutation métallique, mais je n’affirme point que par l’art que j’ai exercé beaucoup d’années, & par la possibilité que je défends j’aie gagné beaucoup de bien ; d’autant que je n’ai pu faire des essais qu’en petite quantité pour trouver la possibilité ce sans aucun profit, seulement en particulier ; car je n’ai jamais fait aucun essai en aucune chose du travail universel le réservant jusqu’à ce que j’aie un temps & un lieu plus convenable. Toutefois je ne veux pas dénier une telle Médecine Universelle, d’autant que j’en ai vu les principes & les fondements de l’art ; c’est pourquoi j’ai dessein d’ôter tous les obstacles des soins domestiques, & d’en faire l’épreuve ; car qui pourra douter plus longtemps de sa possibilité, vu qu’elle est prouvée par de très-excellents hommes, même par des Rois & par des Princes ? Ce menstrue est suffisant pour défendre les écrits des Philosophes, sans la transmutation métallique, & je crois véritablement que le temps s’approche, auquel Dieu, avant que de juger le monde, parle feu, montrera sa grande puissance aux Nations, par la révélation & incroyable force des choses naturelles, dont la transmutation des métaux n’est pas la moindre. Je la déclare dans la troisième Partie de l’Opération minérale, au profit de mon & prochain, & pour la vérité.


Je vais montrer comme quoi le susdit régule des fleurs & scories de Antimoine peu être mis en usage pour l’amélioration des métaux imparfaits en sorte néanmoins que l’art ne soit point profané.

Le régule d’Antimoine étant une humeur radicale métallique peut faire dé grandes choses ; car étant réduit en eau sans aucun corrosif, il dissout tous les métaux, les nettoie, lave, meurt, purifie & les change en meilleure espèce de telle façon qu’on en peut retirer un profit particulier qui n’est pas à mépriser : Mais comme quoi il peut être réduit en eau, & dissoudre les métaux par icelle, les rendre volatils, & les fixer derechef, il a été montré par Artéphius, Basile, & Paracelse, c’est pourquoi il n’est pas nécessaire de répéter ici leurs écrits, auxquels je renvoie le Lecteur.

Non seulement le régule, mais aussi toute sorte d’Antimoine peut servir en diverses manières pour la séparation des métaux, & pour l’extraction de l’Or caché, ce qui ne peut être fait sans plomb, com­me il se verra par l’exemple suivant.

Quand vous trouvez une marcassite ou autre fossile ferreux, qui résiste & ne se veut rendre à l’épreuve du Plomb, mettez-y trois parts d’Antimoine & étant bien mêlé, fondez-les dans un creuset couvert, & étant fondus, versez-les dans le cornet & quand tout est froid séparez le régule, lequel purgerez derechef par le feu, comme devant & vous trouverez de l’Or qui était dans le fossile s’il en était abondante, & qu’il eut davantage Or ; car on ne le tire pas tout à une fois avec le premier régule, il faut faire un autre régule En y mettant davantage de fer & nitre, lequel est aussi d’une nature approchante de l’Or, & si ces marcassites & fossiles ne sont point ferreuses, vous pouvez y mettre, ou mêler dans la première fusion, du fer & nitre autrement ils ne rendront point de régule ; en y mettant davantage d’écaille de fer, vous ferez davantage de régule, & pour le même usage que celui duquel a été parlé ci-devant en la fusion & réparation dé l’extraction de l’Or, les poids peuvent être aussi faits des scories. Parce moyen sont facilement séparez la pierre calamine, marcassite, Kobolt, étain, talc, & autres fossiles contenant de l’Or.

Au reste tout ce qui contient d’Or, comme celui du Stirie, Carinthie, de Grenate & Transylvanie &c. peut très-aisément être séparé par cette voie avec profit; & si le fer n’avait point d’Or, pourvu que Antimoine en ait, il peut être séparé par fusion avec le fer si on en fait un régule le reste de Antimoine peut être derechef fondu avec nouveau fer, & nouveau nitre de plus grand poids que celui-là, mais moins que celui-ci & être réduit en régule propre pour l’usage suivant. Des scories on en doit faire des poids afin que rien ne soit perdu. Si tu as Antimoine 100 livres lequel contienne deux ducats & que tu en veuille séparer l’Or. Prends le poids de 100 livres, divisé en trois ou quatre parts, fonds-le selon l’art y joignant un peu de fer & de sel de frêne & les réduits en petits régules, du poids d’une ou deux livres ; pour lors fonds la scorie avec la moitié de son poids dé fer dans un creuset fort & large, & tu auras davantage de régule, environ 50 livres ou davantage, & de scorie 40 livres dont tu, feras des poids, ou des balles pour un canon, &c. le reste environ 8 ou 9 livres s’en va en fumée, & comme cela tu as réduit l’Or, qui était en 100 livres de poids en une ou 2 livres lesquels tu peux sublimer en fleurs, laissant l’Or au feu pour leur usage, mais les 50 ou 60 livres préparé par le moyen de beaucoup de fer, elles ont fort peu ou point l’Or, tu le peux mêler avec Etain, pour le rendre plus beau, plus dur, & fondant, & pour faire diverses sortes de belles choses, comme plats, écuelles, &c. Car Etain mêlé avec le régule ressemble Lune en blancheur & dureté, sonnant de même que lui, il ne se salit pas si aisément que celui qui n’est pas mêlé.

Maintenant voyons quel profit provient de la séparation de cet Antimoine si méprisé. Posez le cas que 100 livres d’Antimoine, coûtent trois richedalles, car la plupart du Polonais est vendu pour cela, & quoi que celui d’Hongrie & de Transylvanie soit plus cher, néanmoins celui-ci a plus d’or, auxquelles joignez 60 livres de vieux fer, qui est vendu pour demi richedalle, que les frais des charbons & creusets nécessaires vaillent un demi richedalle davantage, la dépense de tout n’est que quatre richedalles, au lieu desquelles je prends deux ducats, en Or livres 6o de régule, 90 livres de scorie, & une ou 2 livres de fleurs. Les 60 livres de régule peuvent être vendus au prix de l’étain, c’est pourquoi la livre est vendu un quart de riche-dalles, & par ce moyen tout le prix est quinze richedalles, lors les 80 livres de scorie peuvent être vendus à 40 f. ou pour le moins 24 f. ou une demi richedalle, & le tout conté & rabattu, comme ils sont, restera seize richedalles.

Et quoi que l’Antimoine ne rendit qu’un ducat, & que 1 livre de régule ne fut vendu que la huitième partie d’une richedalle, néanmoins le reste sera six richedalles, & dans un jour deux hommes peuvent aisément séparer 200 livres & supposé qu’il ne contienne point d’Or, Comme quelque Antimoine n’en a point, néanmoins on peut gagner journellement quatre ou cinq richedalles.

Mais quand tu as 100 livres de Antimoine, qui contient 3, 4, ou 5 ducats, & que le fer requis à la séparation contienne un ou deux ducats, alors il y a d’autant plus de gain. Que celui donc qui entreprend cette affaire cherche le meilleur Antimoine & Fer & il pourrait aisément gagner- tous les jours 20, 30, & quelquefois 60 richedalles. Et si tu peux avoir tant de régule, que tu ne le puisses tout mêler avec Etain pour n’en avoir pas alors il peut être vendu en parcelles, de façon que la livre se vendent pour la, quatrième partie d’une richedalle, par laquelle voie le profit journalier de séparation ne diminuera pas, au contraire il augmentera, comme il se verra par le discours suivant. Le régule de Antimoine est l’espèce masculine du Plomb son première être étant l’Or impur & non meurt, mais le premier être du Plomb commun, est Lune impure & non mûre, comme l’expérience le témoigne, car toujours l’Antimoine purgé & fixe donne dé l’Or mais le Plomb commun donne seulement Lune & d’autant que l’Antimoine qui est meilleur que le Plomb commun est appelé le Plomb des Philosophes ou leur plomb secret, appelé comme cela de plusieurs, mais connu de peu de gens, non que la chose soit inconnu, ou d’une origine inconnue, mais à rai-son de ses vertus & propriétés cachées. Je dis que toutes ses vertus ne sauraient être connues par homme mortel quoi qu’il eut cent ans pour cherche cette nature admirable car le centre de toutes choses merveilleuses ne se peut jamais trouver.


Son Usage

Ayant fait mention du régule d’Antimoine qui est Plomb & meilleur que le commun il faut aussi qu’il purifie les métaux les lave & en sépare Or, & Lune, qui est caché en eux ; ce que le commun peut faire, auquel si on ajoute les métaux il en attire la partie la plus impure dans la coupelle, & la converti en scorie & l’entraîne en bas avec lui dans la porosité des cen­dres, laissant le plus pur Or & Lune dans la coupelle, mais de quelques-uns, comme de Etain, Fer,& de Plomb, qui n’obéissent pas au plomb il n’en peut extraire leur Or, & Lune & il n’y a personne qui ait écrit la voie de cette séparation ; II est vrai que Lazarus Erker, & d’autres aussi, ont décrit la ma­nière pour séparer Lune hors de Etain, & Fer, laquelle ne doit pas être méprisée. S’il était accidentellement mêlé avec la Lune, il se peur séparer par cette voie, mais non pas s’il a été engendré radicalement, & mêlé avec eux, pource qu’il demande un autre Plomb qui embrasse volontaire­ment Etain & Fer, ce qu’aucune autre chose ne peut faire que le régule.

Mais comme Etain & Fer, pour la plupart con­tiennent beaucoup Or & Fer particulièrement Etain, qui est inséparable du commun; il vaut bien mieux chercher un autre Etain, & un autre moyen de séparation, comme il se voit apertement chez les affineurs, lesquels éprouvent le Etain & Fer par la voie commune sur le test. Cependant que lie Etain & le Fer liquéfiés dans le plomb, montrent leur opiniâtreté, quittant par une propriété na­turelle & contraire, s’élevant par dessus en guise de scorie ou cendres, sans aucune séparation, a la réserve de l’or & de l’argent, s’ils sont mêlés ensemble accidentellement, lesquels demeurent avec le Plomb, mais non pas s’ils sont cachés dans leur milieu ou centre : Mais afin que cette vérité paroisse, je la veux montrer par un exemple. Mettez sur le test au-dessous d’une tuile 16 parts de plomb & une d’Etain à la façon des épreuves, donnez feu de fonte pour séparer la scorie; lors presque tout l’Etain, s’enfuira ou sera brûlé au fond & séparé comme cendres au-dessus du plomb sublimé, le­quel n’est point privé de son Or & Lune incorporez ensemble, ce que je montrerai après. Quand tout est sublimé & calciné hors du plomb, le test qui est au dessous de la tuile étant ôté, & le reste du Plomb, répandu, tu ne trouveras pas davantage Lune après la coupellation, que ce que les 16. parties de plomb contenaient auparavant si elles n’avaient pas été coupellées avec l’Etain, & même quelques fois moins, une partie étant ôtée dans l’examen par l’Etain le même se fait avec le Fer encore qu’on y adjoint du Cuivre avec du verre de Plomb pour retenir l’étain, & le Fer,& pour en séparer leur Or & Lune on n’avancerait rien ; car bien que par ce moyen Or & Lune pût s’extraire quelque peu d’argent davantage, cela ne viendrait pas d’Etain, ni de Fer, mais de Cuivre ; c’est pourquoi il le faut tirer par une autre voie dont nous parlerons en fuite.

Et dans le même temps je veux prouver clai­rement que la séparation de Etain & Fer par le Plomb commun pour en tirer leur Or & Lune n’est de nulle valeur, parce que demeurant en eux, ils sont ré­duits en cendres ou scories.

Prenez quel Etain que ce soit & le réduisez en cendres par Plomb ou par agitation dans un vaisseau de terre poli (l’éprouvant auparavant par la voie commune pour en savoir faire la distinction) lequel calcinerez bien, afin que Etain, corporel en grain puisse être calciné, ou qu’é­tant fondu, il pusse être séparé des cendres ; alors prenez une partie ces cendres, & du flux, suivant six parts, ou davantage : les ayant mê­lés, fondez les dans un fort creuset à feu violent, tant que le flux ait consommé toute la chaux de Etain & que des deux il n’en soit fait qu’un, à savoir un verre rouge, ou jaune, le­quel peut être éprouvé avec un fil d’archal crochu mis dedans : s’il n’est pas encore clair, il faut couvrir derechef le creuset, & donner plus grand feu, tant que l’épreuve soit parfaite. Ce travail est fini en demi-heure ; ce fait, jetez le dans un mortier de bronze, & le couvrez tant qu’il soit froid, de peur qu’il ne s’enfuie par haut, & qu’il ne se perd.

Après mêlez-le en poudre, à laquelle il faut mener le poids égal de limaille de Fer; étant mêlés, mettez les dans un creuset fort & cou, vert, d’autant que le flux est fort pénétrant, & donnez grand feu de fusion pendant demi-heure ; ce fait, tirez le hors, car Etain a fait séparation, & réduit quelque partie de Plomb du flux, se retirant au fonds, qui se peut séparer étant froide, & être réduite en scorie sur, le têt, & en suite être coupellée : alors vous trouverez-un grain d’Or, tirés de Etain, sans aucun Lune. Et si auparavant vous avez pesé moins de 100 livres de chaux d’Etain, & en suite ce grain d’or, vous pouvez aisément juger combien d’Or est contenu dans 100 livres de poids de cendres d’Etain pour le moins trois, quatre, cinq, ou six onces le tout si votre travail à été juste.

Vous voyez donc que la faute ne doit pas être imputée aux métaux, mais aux ignorants de la séparation de l’Or & Lune.

Il ne faut pas pourtant que tu te persuades de gagner beaucoup de richesses par cette voie de Etain, car je n’ai pas écris ceci à cette fin, mais seulement pour en faire voir la possibilité; & si tu penses que l’Or vienne du fer par le flux, mêle la limaille de Fer avec le flux, auparavant y met­tre la chaux Etain & tu trouveras en ce faisant que Or ne vient, pas du flux ou du Fer, mais de l’Etain. Donc étant assuré que c’est l’Etain qui contient Or, tu peux considérer comment il se tire très-convenablement avec d’autre Plomb, & par autre voie, comme il fera dit ci-après. Et ne pense pas que Etain contienne davantage l’Or que tu as entendu, car il y en a davantage, s’il en est sagement ex­trait. Je ne dénie pas qu’il ne se puisse tirer davantage Or de l’Etain mais il se faut donner plus de soin a qu’à celui-ci, si tu en désirés avoir davantage. On, le peut extraire non seulement par le flux, mais par plusieurs autres maximes, car ce qui en est écrit, n’est que pour montrer la possibilité que Or qui est contenu dans les imparfaits,, peut être extrait par une préparation secrète.


Le Flux requis à cette Opération

Prenez une part de sable blanc & pur, ou de pierres à feu, ne contenant point Or fusible, auxquels vous mettrez trois parts de litharge de Plomb, étant mêlés, fondez les dans un fort creuset afin qu’il s’en fasse un verre jaune transparent, lequel verserez afin qu’il se produise ; puis le mettez en poudre, & vous en servez en la manière susdite. Si vous demandez comment se mêle le sable & les pierres, vu qu’ils ne sont pas de nature métallique ; je réponds, que la chaux d’Etain, non plus que les autres fossiles qui résistent, ne peuvent être examinées par le Plomb seul, pour les raisons suivantes, d’autant que dans la calcination de Etain sa nature métallique est cachée, & ses parties impures & terrestres sont manifestées ; c’est pourquoi il n’a plus d’affinité avec le Plomb, & autres métaux, si les parties ca­chées du plomb, & des autres métaux, ne sont manifestées, & si les manifestes ne sont cachées, car pour lors ils s’embrassent aisément l’un l’autre, & sont derechef bien mêlés ensemble, comme sans altération.

Pour ce qui est de l’altération des autres mé­taux, ce n’est pas ici le leu d’en traiter, mais seulement de celle du Plomb & l’Etain dont nous avons-fait la véritable description.

Le plomb réduit en cendres par lui-même, ou en litharge, & privé de sa forme métallique, ne peut être mis en usage dans ce travail sans le sable, ou sans les pierres, pour les raisons suivantes. Le Plomb, & le verre de plomb fait par lui-même est grandement fusible & volatil, & la chaux d’Etain se fond difficilement, & quand ces deux chaux seraient mêlées pour être fondues dans un creuset, toutefois elles ne se mêleraient pas, ni étant fondues ne s’embrassaient pas l’une l’autre, à cause de la différence de leur fusibilité d’autant que la chaux de plomb se fond aisément toute seule par un petit feu, perce & pé­nètre le creuset, la chaux d'Etain demeurant dans le Creuset; c’est pourquoi il faut joindre du sable on des pierres avec le Plomb, empêcher sa fusibilité, afin qu’il puisse endurer le même de­gré du chaleur avec ceux qui sont difficiles a fondre, Car chaque chose embrasse & affecte mutuellement son semblable, comme l’eau fait l’eau ; l’huile, l’huile, le verre, le verre ; & les métaux, les autres métaux ; mais l’eau ne se mêle pas avec l’huile, ni aussi les verres avec les métaux, mais Ses-métaux avec les métaux, & le verre avec le verre, quoi qu’il soit fait de mé­taux ou de sable. Ainsi ceux qui mêlent les chaux des métaux difficilement malléables, ou autre chose dure avec le plomb, pour les examiner, errent grandement, ne considérant pas que le Plomb corporel n’a point d’affinité avec eux, ils persistent dans leur erreur & par conséquent ne trouvent rien qui vaille.

Mais quand la chaux des métaux est jointe avec le Plomb par un médium, comme le sable & les pierres, & qu’il en est fait un verre transparent, alors le plomb étant précipité & séparé du mélange il ne se peut que Or & Lune contenu en eux ne soit tiré avec lui. C’est ici une véritable & philosophique épreuve, laquelle ne doit être méprisée, d’autant que beaucoup de choses peuvent être faites par son moyen.

Mais il ne faut pas oublier que dans la mu­tuelle mixtion & fusion du verre de Plomb & de la chaux d'Etain & d’autres métaux durs, on pourrait aisément errer en la précipitation ( qui est faite avec le mélange du fer ) de Or avec le Plomb dans le régule, de sorte qu’on ne gagne rien, à cause de l’excès ou du défaut, car si le mélange demeure long-temps dans le feu sans fondre, il se brûle ; de sorte qu’il ne saurait être bien se-paré, s’il demeure trop long-temps en fonte, l’Or est attiré par la scorie, à cause du mélange du Fer, ayant grande affinité avec l’Or; par cette voie on ne gagnerait rien, c’est pourquoi ce travail doit être fait différemment avec sagesse & industrie. Il faut avoir soin de ne point brûler le régule du Plomb avec trop de feu, quand tu le ré­duits en scorie, de peur d’attirer l’Or hors du Fer & le réduire en scorie; & quoi que ceci puisse être prévu par industrie, néanmoins nous ne pouvons pas tout sur l’heure faire que chacun soit Maître aux Arts, car ce travail requière grande diligence &exercice journalier, outre la lecture des Livres ; mais ce secret sera communiqué autre part.

Je te fais donc cette admonition, afin que tu ne m’imputes point ton erreur, mais à toi-même : ce que j’ai écrit est véritable, & de là n’en infère point une impossibilité de l’attraction de Or hors du Plomb par le Fer, ni de fa réduc­tion en scorie ; ce qui ne m’étonne point, quoi qu’il te semble incroyable. Mais afin que tu en fois certain, assure-t’en par l’épreuve suivante. Prends 200 livres de Plomb du poids le plus bas des Affineurs, mets les sur le test dans ta tuile avec huit ou dix plotons de pur Or, d'Etain deux ou trois livres & 6 ou 7 de Fer du poids le plus bas ; fais les fon­dre ensemble pendant une heure, pour le réduire en scorie, comme les Examineurs ont coutume de faire; alors tire-le & sépare le Plomb des scories, pour coupeller ce qui est séparé : alors pèse les grains d’Or laissez, & tu trouveras que la moitié a été consommée par les scories. Que si cela se fait d’un Or corporel & fixe, pourquoi ne se sera-il pas d'un Or nouvellement extrait hors des métaux imparfaits ? c’est pourquoi il te faut chercher diligemment la nature des métaux, & pour lors les choses ne te feront pas incroyables.

On voit donc par cet exemple, & par les au­tres dont nous avons fait mention, que la séparation qui est faite par le test & par les coupelles n’est pas légitime & véritable, & par conséquent qu’il faut chercher une autre séparation des métaux plus profitable, d’autant que par celle-ci la plus grande partie de Or & Lune se brûle en scorie, dont l’expérience rend témoignage. C’est pour cela que les susdits exemples ont été mis en avant, à quoi se rapporte aussi la façon de la preuve pour savoir combien les scories ont attiré d’or. Ce qui se fait en la manière suivante. Prenez le résidu des scories noires, auxquelles tu joindras le double de leur poids de sel de tartre, mets-le dans un creuset qui ne soit rempli qu’à moitié, de peur qu’il ne s’en aille par l’ébullition, & le couvre en sorte que rien ne tombe dedans, sous la tuile ou entre les charbons ardents, l’espace d’une ou deux heures à digérer, & il se précipitera un nouveau régule de Plomb, lequel étant séparé hors de la scorie, sera coupellé, & tu trouveras de nouveaux grains d’or attirés par le Fer de la scorie & séparés par le sel de tartre, lequel domine la férocité du fer. Ainsi tu as entendu par deux exemples, comme quoi dans la coction de la séparation de l’Or peut être tiré du plomb, par l’étain & Fer, c’est pourquoi il est nécessaire que l’Or soit séparé des susdits métaux par le régule d’anti­moine, & non par le Plomb si tu désires en extraire la véritable substance avec profit.

L’or peut être aussi séparé du verre de Plomb, étant premièrement dissout avec les cendres d'Etain, avec poudre de charbon, le mettant en flux, & le remuant avec un fil de fer, comme aussi avec du soufre commun, le brûlant par-dessus, mais la susdite manière avec le Fer doit être préférée aux autres deux qui gâtent l’Or, &c. c’est pourquoi les scories restantes doivent être recueillies, desquelles par le moyen d’une autre fournaise attractive, on peut recouvrer l’Or & Lune qui en ont été perdus.

Toutes ces démonstrations n’ont été alléguées que pour faire voir que l'Or qui est dans l’Etain & le Fer peut être séparé par le régule d’Antimoine, & non par le Plomb Or, comme quoi cette préparation se doit faire, vous l’entendrez dans la troisième Partie, là où nous traiterons du plomb spécifié par Paracelse, dans son Livre appelle, le Ciel des Philosophes & autres travaux chimiques & artificiels, c’est pourquoi nous n’en dirons rien, comme étant superflu de discourir d’une même chose en divers endroits, cependant exerce-toi aux choses les plus petites, afin que tu sois plus intelligent dans les plus grandes. Ne t’étonne point de ma libéralité à publier de si grands Secrets, j’ai raison de le faire, d’autant que je ne puis porter un si grand fardeau tout seul, & il ne sert de rien aux riches & aux avares de vendre leurs biens à ceux qui ne gardent pas leur parole, & qui ne payent point après qu’ils ont eu le secret, ce qui m’est arrivé : C’est pourquoi j’ai résolu de communiquer quelques Secrets indifféremment à tout le monde afin que le pauvre en reçoive du profit, sachant bien qu’encore que j’écrive clairement, néanmoins tout le monde ne me comprendra pas d’abord. Il y en a qui ont la tête si dure, qu’ils ne sauraient imiter un travail, quoi qu’ils l’aient vu plusieurs fois. Plusieurs m’ont visité souvent pour voir ma nouvelle façon de distiller, néanmoins après l’avoir vu ils ne l’ont pas su imiter, jusqu’à ce que par de fréquences opérations, ils ont rencontré la véritable méthode. D’autres ont abandonné le travail lors qu’ils ne leur réussi pas aussitôt, qu’ils le souhaitaient. Si cela arrive à ceux qui ont une démonstration oculaire, il arrivera bien plus aisément à ceux qui en ont seulement lu ou je veux dire quelque chose ; c’est pourquoi je suis certain que quand bien je publierais tous mes Secrets en général & en particulier, ils ne pourraient pas être exécutés, par toutes sortes de personnes.

Et pour l’Esprit de Sel qui est nécessaire à ce travail, vous le trouverez dans la première Par­tie de mes Fourneaux, laquelle est corrigée & le moyen, de la séparation dans la quatrième Partie.


F I N



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