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ZOSIME DE PANOPOLIS (IIIème siècle)





ZOSIME 
(IIIème siècle)

III. i. — LE DIVIN ZOSIME
SUR LA VERTU.[1] — LEÇON I

1. La composition des eaux, le mouvement, l’accroissement, l’enlèvement et la restitution de la nature corporelle, la séparation de l’esprit d’avec le corps,[2] et la fixation de l’esprit sur le corps; les opérations qui ne résultent pas de l’addition de natures étrangères et tirées du dehors, mais qui sont dues à la nature propre, unique, agissant sur elle-même, dérivée d’une seule espèce, ainsi que (l’emploi) des minerais durcis et solidifiés, et des extraits liquides du tissu des plantes; tout ce système uniforme et polychrome comprend la recherche multiple et infiniment variée de toutes choses, la recherche de la nature, subordonnée à l’influence lunaire et à la mesure du temps, lesquelles règlent le terme et l’accroissement suivant lesquels la nature se transforme.

2. En disant ces choses, je m’endormis; et je vis un sacrificateur qui se tenait debout devant moi, en haut d’un autel en forme de coupe.[3] Cet autel avait quinze marches à monter. Le prêtre s’y tenait debout, et j’entendis une voix d’en haut qui me disait: J’ai accompli l’action de descendre les quinze marches, en marchant vers l’obscurité, et l’action de monter les marches, en allant vers la lumière. C’est le sacrificateur qui me renouvelle, en rejetant la nature épaisse du corps. Ainsi consacré prêtre par la nécessité, je deviens un esprit.

Ayant entendu la voix de celui qui se tenait debout sur l’autel en forme de coupe, je lui demandai qui il était. Et lui, d’une voix grêle, me répondit en ces termes : « Je suis Ion,[4] le prêtre des sanctuaires, et je subis une violence intolérable. Quelqu’un est venu au matin précipitamment, et il m’a violenté, me pourfendant avec un glaive, et me démembrant, suivant les règles de la combinaison. Il a enlevé toute la peau de ma tête, avec l’épée qu’il tenait (en main); il a mêlé les os avec la chair[5] et il les a fait brûler avec le feu du traitement. C’est ainsi que j’ai appris, par la transformation du corps, à devenir esprit. Telle est la violence intolérable (que j’ai subie).

Comme il m’entretenait encore, et que je le forçais de me parler, ses yeux devinrent comme du sang, et il vomit toutes ses chairs. Et je le vis (changé en) petit homme contrefait, se déchirer lui-même avec ses propres dents, et s’affaisser.

3. Rempli de crainte, je m’éveillai et je songeai: « N’est-ce-pas là la composition des eaux? n. Je fus persuadé que j’avais bien compris; et je m’endormis de nouveau. Je vis le même autel en forme de coupe, et, à la partie supérieure, de l’eau bouillonnante et beaucoup de peuple s’y portant sans relâche.[6] Et il n’y avait personne que je pusse interroger en dehors de l’autel. Je monte alors vers l’autel, pour voir ce spectacle. Et j’aperçois un petit homme, un barbier blanchi par les années, qui me dit : « Que regardes- tu? » Je lui répondis que j’étais surpris de voir l’agitation de Peau et celle des hommes brûlés et vivants. Il me répondit en ces termes : « Ce spectacle que tu vois, c’est l’entrée, et la sortie, et la mutation ». Je lui demandai encore:

Quelle mutation? Et il me répondit: « C’est le lieu de l’opération appelée macération; car les hommes qui veulent obtenir la vertu entrent ici et deviennent des esprits, après avoir fui le corps. Alors je lui dis : « Et toi es-tu un esprit? » Et il me répondit: « Oui un esprit et un gardien d’esprits a. Pendant notre entretien, l’ébullition allant en croissant, et le peuple poussant des cris lamentables, je vis un homme de cuivre, tenant dans sa main une tablette de plomb.[7] Il me dit les mots suivants, en regardant la tablette: « Je prescris à tous ceux qui sont soumis au châtiment de se calmer, de prendre chacun une tablette de plomb, d’écrire de leur propre main, et de tenir les yeux levés en l’air et les bouches ouvertes, jusqu’à ce que leur vendange[8] soit développée ». L’acte suivit la parole et le maître de la maison me dit : « Tu as contemplé, tu as allongé le cou vers le haut et tu as vu ce qui s’est fait ». Je lui répondis que je voyais, et il me dit: « Celui que tu vois est l’homme de cuivre; c’est le chef des sacrificateurs et le sacrifié, celui qui vomit ses propres chairs. L’autorité lui a été donnée sur cette eau et sur les gens punis ».

4. Après avoir eu cette apparition, je m’éveillai de nouveau. Je lui dis : Quelle est la cause de cette vision? N’est-ce donc pas là l’eau blanche et jaune bouillonnante, l’eau divine? Et j’ai trouvé que j’avais bien compris. Je dis qu’il est beau de parler et beau d’écouter, beau de donner et beau de recevoir, beau d’âtre pauvre et beau d’être riche. Or, comment la nature apprend-elle à donner et à recevoir? L’homme de cuivre donne et la pierre liquéfiée reçoit ; le minéral donne et la plante reçoit; les astres donnent et les fleurs reçoivent; le ciel donne et La terre reçoit; les coups de foudre donnent le feu qui s’élance. Dans l’autel en forme de coupe, toutes choses s’entrelacent, et toutes se dissocient: toutes choses s’unissent; toutes se combinent; toutes choses se mêlent, et toutes se séparent; toutes choses sont mouillées, et toutes sont asséchées; toutes choses fleurissent et toutes se déflorent. En effet, pour chacune c’est par la méthode, par la mesure, par la pesée exacte des quatre éléments que se fait l’entrelacement et la dissociation de toutes choses; aucune liaison ne se produit sans méthode. Il y a une méthode naturelle, pour souffler et pour aspirer, pour conserver les classes stationnaires, pour les augmenter et pour les diminuer. Lorsque toutes choses, en un mot, concordent par la division et par l’union, sans que la méthode soit négligée en rien, la nature est transformée ; car la nature, étant retournée sur elle-même, se transforme: il s’agit de la nature et du lien de la vertu dans l’univers entier.

5. Bref, mon ami, bâtis un temple monolithe, semblable à la céruse, à l’albâtre, n’ayant ni commencement ni fin dans sa construction. Qu’il y ait à l’intérieur une source d’eau très pure, étincelante comme le soleil. Observe avec soin de quel côté est l’entrée du temple et prends en main une épée; cherche alors l’entrée, car il est étroit ic lieu où se trouve l’ouverture. Un serpent est couché à l’entrée, gardant le temple. Empare-toi de lui; tu l’immoleras d’abord; dépouille-le, et prenant sa chair et ses os, sépare ses membres; puis réunissant les membres avec les os, à l’entrée du temple, fais-en un marchepied, monte dessus, et entre : tu trouveras là ce que tu cherches. Le prêtre, cet homme de cuivre, que tu vois assis dans la source, rassemblant (en lui) la couleur, ne le regarde pas comme un homme de cuivre ; car il a changé la couleur de sa nature et il est devenu un homme d’argent. Si tu le veux, tu l’auras bientôt (à l’état d’) homme d’or.[9]

6. Ce préambule est une entrée destinée à te manifester les fleurs des discours qui vont suivre (c’est-à-dire) la recherche des vertus, du savoir, de la raison, les doctrines de l’intelligence, les méthodes efficaces, les révélations qui éclaircissent les paroles secrètes. Ainsi la vertu poursuit le Tout, en son temps et avec méthode,

7. Que signifient ces mots: « La nature triomphant des natures o?et ceci « Au moment où elle est accomplie, elle est prise de vertige »? et encore:

o Resserrée dans la recherche, elle prend le visage commun de l’œuvre du

- Tout, et elle absorbe la matière propre de l’espèce-»? Et ceci: « tombée ensuite en dehors (de) sa première apparence, elle croit mourir o? Et ceci:

« Lorsque, parlant une langue barbare, elle imite celui qui parle la langue hébraïque; alors, se défendant elle-même, La malheureuse se rend plus légère en mélangeant ses propres membres. »? Et ceci ! L’ensemble liquide est mené à maturité par le feu

8. Appuyé sur la clarté de ces conceptions de l’intelligence, transforme la nature, et considère la matière multiple comme étant une. N’expose clairement à personne une telle propriété; mais suffis-toi à toi-même, de crainte qu’en parlant, tu ne te détruises toi-même. Car le silence enseigne la vertu, il est beau de voir les mutations des quatre métaux [le plomb, le cuivre l’asèm (ou l’argent), l’étain], changés en or parfait.

Prenant du sel, mouille le soufre, de façon à amener la masse en consistance de cire mielleuse. Enchaîne la force de l’un et l’autre; ajoutes-y de la couperose et fabriques-en un acide, premier ferment de la couleur blanche, tiré de la couperose. Avec ces (substances) tu amèneras par degré le cuivre dompté à l’apparence blanche. Fais distiller par la cinquième méthode, au moyen des trois vapeurs sublimées: tu trouveras l’or attendu. Voilà comment en domptant la matière tu obtiens l’espèce unique, tirée de plusieurs espèces.[10]

III. ii. — LA CHAUX[11]
ZOSIME DIT AU SUJET DE LA CHAUX
1. Je vais vous rendre (les choses) claires. On sait que la pierre alabastron[12] est appelée cerveau,[13] parce qu’elle est l’agent fixateur de toute teinture volatile. Prenant donc la pierre alabastron, fais.la cuire une nuit et un jour; aie de la chaux, prends du vinaigre très fort et fais bouillir : tu seras étonné; car tu réaliseras une fabrication divine, un produit qui blanchit au plus haut degré la surface (des métaux). Laisse déposer, puis ajoute du vinaigre très fort, en opérant dans un vase sans couvercle, afin d’enlever la vapeur sublimée, à mesure qu’elle se forme au-dessus. Prenant encore du vinaigre fort, fais élever cette vapeur pendant sept jours, et opère ainsi jusqu’à ce que la vapeur ne monte plus. Laisse durant quarante jours le produit (exposé) au soleil et à la rosée, à l’époque fixée ; puis adoucis avec de l’eau de pluie. Fais sécher au soleil, et conserve.

C’est là le mystère incommuniqué, qu’aucun des prophètes n’a osé divulguer par la parole; mais ils l’ont révélé seulement aux initiés. Ils l’ont appelé la pierre encéphale dans leurs écrits symboliques, la pierre non-pierre, la chose inconnue qui est connue de tous, la chose méprisée qui est très précieuse, la chose donnée et non-donnée de Dieu.[14] Pour moi, je la saluerai du nom de (pierre) non donnée et donnée de Dieu: c’est la seule, dans notre œuvre, qui domine la matière. Telle est la préparation qui possède la puissance, le mystère mithriaque.

2. L’esprit du feu s’unit avec la pierre et devient un esprit de genre unique. Or je vous expliquerai les œuvres de la pierre. Mélangée avec la coma- ris, elle produit les perles, et c’est là ce que l’on a nommé chrysolithe. L’esprit opère toutes choses par la puissance de la poudre sèche. Et moi, je vais vous expliquer le mot comaris, chose que personne n’a osé divulguer; mais ceux-ci (les anciens) la transmettaient aux personnes intelligentes. Elle détient la puissance féminine, celle que l’on doit préférer; car le blanchiment est devenu un objet de vénération pour tout prophète.

Je vous expliquerai aussi la puissance de la perle. Elle accomplit ses œuvres, mise en décoction dans l’huile. Elle représente la puissance féminine. Prenant la perle, tu la mettras en décoction avec de l’huile, dans un vase non bouché, sans couvercle, pendant 3 heures, sur un feu modéré. Prenant un chiffon de laine, frotte-le contre la perle, afin d’en ôter l’huile et tiens, (la perle disponible) pour les besoins des teintures; car l’accomplissement de la (transformation) matérielle a lieu au moyen de la perle.

2 bis. Stephanus[15] dit : Prenez (le métal composé) des quatre éléments, (ajoutez-y l’arsenic le plus élevé[16] et le plus bas, le rugueux et le roux, le mile et la femelle, à poids égaux, afin de les unir entre eux. Car de même que l’oiseau couve ses œufs et les mène à terme dans la chaleur, de même vous couverez et mènerez à terme votre œuvre,[17] après l’avoir porté au dehors, arrosé avec les eaux divines, exposé au soleil et dans des lieux chauds; après l’avoir fait cuire sur un feu doux, en le déposant dans du lait virginal.[18] Prenez garde à la fumée. Plongez le produit dans l’Hadès;[19] [ressortez-le, arrosez-le avec du safran de Cilicie, au soleil et dans des lieux chauds; faites cuire sur un feu doux, avec du lait virginal, en dehors de la fumée. Enfoncez-le dans l’Hadès[20]]. Remuez avec soin, jusqu’à ce que la préparation ait pris de la consistance, et ne puisse s’échapper du feu. Alors, prenez-en (une partie), et lorsque l’âme et l’esprit se sont unifiés (avec le corps) et ne forment plus qu’un seul être, projetez sur le corps métallique de l’argent et vous aurez de l’or, tel que n’en renferment pas les trésors des rois.

Voilà le mystère des philosophes, celui que nos pères ont juré de ne point révéler ni publier.

3. On entend par élévation, la montée des fleurs:[21] l’eau avec laquelle le produit a été arrosé s’élève et monte sans obstacle, par suite de l’association intime du corps avec le soufre.[22] Sinon (le corps) reste au fond (du vase à sublimation?) Contentons-nous du mortier et du filtre pour les deux teintures.

Quant au cuivre, Zosime dit à son sujet: a Altéré par la plupart des eaux, à cause de l’humidité de l’air et de la chaleur, il augmente de volume et se couvre de fleurs, qui sont de beaucoup les plus douces; il fructifie par l’action productrice de la nature ».

III. iii. — AGATHODEMON,
Après l’affinage du cuivre et son noircissement, puis son blanchiment ultérieur, alors aura lieu le jaunissement solide.

III. iv. — HERMÈS
Si tu ne dépouilles pas les corps de leur nature corporelle et si tu ne donnes pas une nature corporelle aux êtres incorporels, rien de ce que tu attends n’aura lieu.[23]

III. v. — ZOSIME
LEÇON II
1. Enfin je fus pris du désir de monter les sept degrés et de voir les sept châtiments; et comme il convient, en un seul des jours (fixés), j’effectuai la route de l’ascension. En m’y reprenant à plusieurs reprises, je parcourus la route. Au retour, je ne retrouvai pas mon chemin. Plongé dans un grand découragement, ne voyant pas comment sortir, je tombai dans le sommeil.

J’aperçus pendant mon sommeil un certain petit homme, un barbier revêtu d’une robe rouge et d’un habillement royal, qui se tenait debout en dehors du lieu des châtiments, et il me dit: Que fais-tu (là), ô homme? Et moi je lui répondis: Je m’arrête ici parce hue, m’étant écarté de tout chemin, je me trouve égaré. Il me dit (alors): Suis-moi. Et moi, je vins et je le suivis. Comme nous étions près du lieu des châtiments, je vis celui qui me guidait, ce petit barbier, s’engager dans ce lieu et tout son corps fut consumé par le feu.

2. A cette vue, je m’éloignai, je tremblai de peur; puis je me réveillai, et je me dis en moi-même : Qu’est-ce que je vois? et de nouveau je tirai mon raisonnement au clair et je compris que ce barbier était l’homme de cuivre, revêtu d’un habillement rouge, et je (me) dis : J’ai bien compris, c’est l’homme de cuivre. Il faut d’abord qu’il s’engage dans le lieu des châtiments.

3. De nouveau mon âme désira monter le 3e degré. Et de nouveau, seul, je suivis le chemin; et comme j’étais près du lieu des châtiments, je m’égarai encore, ne sachant pas ma route, et je m’arrêtai désespéré. Et de nouveau, semblablement, je vis un vieillard blanchi par les années, devenu tout à fait blanc, d’une blancheur aveuglante. Il s’appelait Agathodémon. Se retournant, ce vieillard aux cheveux blancs me considéra pendant une grande heure, Et moi je lui demandai : Montre-moi le droit chemin. Il ne se retourna pas vers moi, mais il s’empressa de suivre sa propre route. En allant et venant, de ci, de là, je gagnai en hâte l’autel. Lorsque je fus arrivé en haut sur l’autel, je vis le vieillard aux cheveux blancs s’engager dans le lieu du châtiment. O démiurges des natures célestes! Comme il fut aussitôt embrasé tout entier! Quel récit effroyable, mes frères ! Car, par suite de la violence du châtiment, ses yeux se remplirent de sang. Je (lui) adressai la parole et lui demandai: Pourquoi es-tu étendu? Mais lui, ayant entr’ouvert la bouche, me dit: Je suis l’homme de plomb et je subis une violence intolérable[24] ». Là-dessus, saisi d’une grande crainte, je m’éveillai et je cherchai en moi-même la raison de ce fait. De nouveau je réfléchis et je me dis:

J’ai bien compris par là qu’il faut rejeter le plomb; la vision se rapporte réellement à la composition des liquides.

III. v — OUVRAGE DU MÊME ZOSIME
LEÇON III
1. De nouveau, je remarquai le divin et sacré autel en forme de coupe, et je vis un prêtre revêtu d’une (robe) blanche, tombant jusqu’à ses pieds, lequel célébrait ces effrayants mystères, et je dis: Quel est celui-ci? Et il me répondit: C’est le prêtre des sanctuaires. C’est lui qui a l’habitude d’ensanglanter les corps, de rendre les yeux clairvoyants et de ressusciter les morts. Alors, tombant de nouveau (à terre), je m’endormis encore. Pendant que je montais le quatrième degré, je vis, du côté de l’orient, (quelqu’un) venir, tenant dans sa main un glaive. Un autre, derrière lui, portait un objet circulaire, d’une blancheur éclatante, et très beau à voir, appelé Méridien du Cinabre.[25] Comme j’approchais du lieu du châtiment, il me dit que celui qui tenait un glaive, devait lui trancher la tâte, sacrifier son corps et couper ses chairs par morceaux, afin que ses chairs fussent d’abord bouillies dans l’appareil, et qu’alors elles fussent portées au lieu du châtiment.

M’étant réveillé de nouveau, je (me) dis : j’ai bien compris; il s’agit des liquides dans l’art des métaux. Celui qui portait le glaive dit encore Vous avez accompli l’ascension des sept degrés. L’autre reprit, en même temps qu’il laissait dissoudre les plombs par tous les liquides (?),[26] l’Art s’accomplit

III. vi. — LE DIVIN ZOSIME
SUR LA VERTU ET L’INTERPRÉTATION[27]
1. Pour obéir à son penchant et en vue d’expliquer le songe qu’il avait fait,[28] il dit : Je vis un autel en forme de coupe; un esprit igné, debout sur l’autel, présidait à l’effervescence, aux bouillonnements et à la calcination des hommes qui s’élevaient. Je m’informai, au sujet du peuple qui se tenait debout, et je dis: Je vois avec étonnement l’effervescence et Le bouillonnement; comment ces hommes en ignition sont-ils vivants? Et me répondant, il me dit: Cette effervescence que tu vois, c’est le lieu où s’exerce la macération. Les hommes qui veulent obtenir la vertu entrent ici; ils perdent leurs corps (et) deviennent des esprits. L’exercice (à la vertu) s’explique par là, à cause du (mot) exercer;[29] car, en rejetant l’épaisseur du corps, ils deviennent des esprits.

2. Démocrite dit quelque chose d’analogue: « Poursuis le traitement jusqu’à ce qu’il se forme un ios jaune comme la couleur d’or, arrivant à l’état d’esprit au moyen de l’ios » En effet, l’ios provenant de la substance privée de corps, par l’action du serpent, signifie l’esprit.[30] En raison de l’accomplissement de la coloration jaune, l’ios est appelée couleur d’or, » C’est de cette façon qu’ils se transmettent leur pensée de vive voix et la proclament, jusqu’à ce qu’ils soient parvenus à une apparence uniforme. Et il poursuit:

« Traite jusqu’à ce que tu puisses faire couler » — faire couler vient de liquéfaction et non d’extraction, car ils changent la lettre s en t.[31] — Il dit ainsi : « Fais couler »; ce qu’il entend de la liquéfaction, comme nous l’avons expliqué. Quant à ses paroles : « Fais le traitement, jusqu’à ce que tu puisses faire couler »; ceci équivaut au mot employé plus haut d’écoulement simultané.[32]

3. L’expression de sidérite,[33] nom employé aussi par ceux qui sont signalés plus bas, désigne, conformément à ce qu’il rapporte : le molybdochalque et la pierre étésienne.

La pyrite, matière employée à cause de sa faculté colorante, après qu’elle a été brûlée ou soumise, à l’action du feu, signifie le cuivre (tiré de la pyrite).

Semblablement le mot argyrite s’emploie pour la matière qui reste après l’expulsion du mercure; car le cuivre débarrassé de l’excès du mercure devient de l’argyrite;[34] tandis que la pierre étésienne est le mercure même, selon la vraie interprétation de l’ensemble des opérations (?). En effet le départ du mercure annonce la prochaine apparition de la couleur d’or par le feu.

Il dit « sidérite » à cause de la nécessité de faire intervenir la combinaison du plomb. En effet les substances combinées produisent la sidérite.[35]

4. Semblablement, qu’est-ce que le cœur du fer? Lorsque la masse est brisée, comme il arrive pendant cette extraction — en employant les mots conformément aux analogies — nous trouvons la théorie manifeste, et elle nous révèle le secret.

Dans d’autres passages, Démocrite dit: « Pratique le traitement avec la saumure additionnée de vinaigre ou d’urine, ou avec les deux réunis ». Entends d’ailleurs (comme tu le comprends d’après l’écrit, ou comme la chose y est expliquée), que la chose est possible en opérant avec d’autres liquides; attendu que rien de tout cela ne demeure (dans la préparation), ces liquides étant déversés ensuite, lors du lavage de la composition.

5. C’est à ce sujet que le très ancien Ostanès, dans ses démonstrations, dit: Quelqu’un raconte ceci sur un certain Sophar, qui vécut antérieurement en Perse. Ce divin Sophar s’exprime ainsi : « Il existe sur un pilier un aigle d’airain,[36] qui descend dans la fontaine pure et s’y baigne chaque jour, se renouvelant par ce régime ». Puis il dit: « L’aigle, dont nous avons donné l’interprétation, a l’habitude de se baigner chaque jour ». Comment donc, faisant entendre la même chose d’une autre manière, rejette-t-il l’ablution et le lavage quotidien? Il faut (s’expliquer) exactement au sujet de la présente opération. Tenu dans l’incertitude à cause de la doctrine (ambiguë) du philosophe, nous devons cependant laver et rajeunir l’aigle de cuivre pendant 365 jours entiers; comme il convient d’après la suite de son traité, car Ostanès s’exprime ainsi: Presse la vendange.[37] Plus bas, il explique qu’il faut entendre par là[38] le lavage par écoulement; par ce mystère, on doit comprendre l’ios. Il ajoute, en s’exprimant très clairement: « Va vers le courant du Nil; tu trouveras là une pierre ayant un esprit; prends-la, coupe-la en deux; mets ta main dans l’intérieur et tires-en le cœur: car son âme est dans son cœur. » Par l’expression: « Va vers le courant du Nil, tu trouveras là une pierre ayant un esprit » ; il désigne clairement les produits lavés par les courants (d’eau), pendant la macération de notre pierre. Voilà comment tout minerai de cuivre est employé pour la génération des métaux, ainsi que tout minerai de plomb. « Tu trouveras, dit-il, cette pierre qui a un esprit » ce qui se rapporte à l’expulsion du mercure.

6. C’est pour ces raisons que mon excellent (maître), Démocrite, distingue lui-même et dit : « Reçois cette pierre qui n’est pas une pierre, cette chose précieuse qui n’a pas de valeur, cet objet polymorphe qui n’a point de forme, cet inconnu qui est connu de tous, qui a plusieurs noms et qui n’a pas de nom:[39] « je veux parler de l’aphrosélinon ». Car cette pierre n’est pas une pierre, et tout en étant très précieuse elle n’a aucune valeur vénale; sa nature est unique, son nom unique. Cependant on lui a donné plusieurs dénominations, je ne dis pas absolument parlant, mais selon sa nature; de sorte que si on l’appelle soit: être qui fuit le feu, soit: vapeur blanche, soit: cuivre blanc, on ne ment pas.

Il dit qu’elle (se réduit entièrement) en nuage condensé, attendu qu’elle fuit le feu, à la différence de tous les autres corps métalliques; c’est la vapeur sublimée du cinabre, et seule elle blanchit le cuivre. Fais-la donc chauffer doucement et éteins-la dans du lait d’ânesse ou de chèvre. [Rends- toi compte, après avoir opéré le rapprochement, qu’elle fuit le feu, à la différence de tous les autres corps; que c’est la vapeur sublimée du cinabre, et que seule elle blanchit le cuivre.)

. Comment les philosophes comprennent-ils cette pensée, à savoir que (Démocrite) appelle pierre, la pyrite débarrassée de son mercure? Cet excellent philosophe (dit): « Qui ne sait que la vapeur sublimée du cinabre est le mercure? c’est par son moyen qu’il est fabriqué. C’est pourquoi si quelqu’un, après avoir délayé le cinabre dans l’huile de natron, après l’avoir mélangé et renfermé dans des vases doubles, l’expose ensuite à un feu continu, il recueillera toute la vapeur fixée par la chaleur sur les corps (métalliques)[40] ».

Ainsi donc la pierre, je veux dire celle au moyen de laquelle on obtient la fixation sur le corps (métallique) de la magnésie, n’est pas une vraie pierre.[41] En effet, il est dans sa nature de s’écouler (par volatilisation).

N’entends-tu pas ce que Démocrite dit plus haut: a Prenant du mercure, fixe le corps de la magnésie au moyen d’une matière mélangée, de façon à obtenir une seule substance métallique, le molybdochalque. » N’est-ce donc pas là l’aphrosélinon? Car tout le monde sait que, pendant leur ascension, Aphrodite (Vénus) et Séléné (la Lune) forment un composé, que nous dénommons l’aphrosélinon. Or, tout le monde sait aussi que les astrologues assignent le cuivre à Vénus, pendant son ascension.

Les uns disent que le mercure est une chose plus épaisse; les autres, que le mercure est une chose plus spirituelle : attendu que, dans le déclin de la lune, il y a décroissement de la lumière:[42] Ce déclin ou écoulement résulte aussi de la nature propre de tous les autres astres. Jupiter seul est appelé d’abord électrum, pendant son ascension;[43] tout électrum étant composé au moins de trois métaux.

8. Ainsi donc, dans son sens propre, l’argent répond à l’ascension de la lune;[44] comme l’a montré l’excellent Philosophe, employant les dénominations exactes, au sujet des deux argents,[45] et lorsqu’il dénomme l’aphrosélinon. De même que la lumière est vue en esprit à l’opposé de la lune, tandis qu’elle naît et meurt corporellement dans cet astre;[46] de même aussi, naît et meurt le (vif) argent,[47] tiré du corps (métallique) de la magnésie; il est esprit quant à sa nature.

Nous trouvons encore des explications sur ces choses dans le traité de la Vertu en Action de Zosime; car lui-même demande: « Et toi, tu es donc un esprit? « Et celui-ci répond et dit : « Je suis esprit et gardien d’esprits[48] ». En effet celui-ci étant esprit, en raison de la substance spirituelle qui réside dans la lune,[49] il reprend un corps métallique par son union avec les solides; et il fait à ce corps un esprit qui pénètre pour ainsi dire dans sa profondeur……………………………………………… (passage inintelligible).

N’as-tu pas entendu, dit-il, proférer à haute voix cette parole souvent répétée : Défends le cuivre, combats le mercure et rends tout à fait incorporel, jusqu’à destruction : tel est l’art ». Or il n’a rien employé pour cela, sauf le mercure et la magnésie, et ces deux substances sont réunies dans la fixation. « Prends, dit-il, le mercure (et) le corps (métallique) de la magnésie; tu obtiens l’esprit par l’expulsion du mercure ». « On le trouve, dit-il encore, vers les courants du Nil »; ce qui signifie l’écoulement simultané par fusion, comme il a été expliqué précédemment.[50] Alors, ainsi qu’il le dit: « rien ne manque, rien n’est ajourné, à l’exception de la vapeur[51] » c’est-à-dire que l’opérateur peut, grâce à sa faculté de voir et de comprendre, voir et comprendre les choses énoncées.

9. En effet, que prescrit encore Hermès,[52] lorsqu’il parle de ce qui tombe de la lune à son déclin, et dit où (cela) se trouve, où on le traite et comment cela possède une nature qui résiste au feu? «Tu le trouveras chez moi et chez Agathodémon. Par l’expression déclin,[53] il parle de l’écoulement, et (cela) devient plus clair par l’addition de ces mots: « ce qui tombe au déclin lunaire »; à ceux-ci: « la substance de la lune ». En effet, le corps demeure fixé par le déclin. La nature de la magnésie lunarisée acquiert ainsi en totalité le caractère spécifique de la lune,[54] et se développe à l’occasion du déclin (qui répond à la volatilisation du mercure). De telle sorte que le principe actif tombe (de la lune) par ce déclin, le corps (métallique) demeurant transformé.

Revenons maintenant au déclin et à la faculté de voir et de pénétrer, qui résulte du déclin, du courant et de l’écoulement, conformément à la nature séparative de l’écoulement. Prends la magnésie traitée par l’art philosophique, en la brûlant par le feu, non pendant l’incandescence; mais pendant le déclin du feu, afin que l’esprit soit conservé et qu’il ne s’évapore pas par la violence de l’incandescence.

10. Comprends ainsi ce que dit Ostanès: « Mets ta main à l’intérieur de la pierre, et tires-en le cœur, parce que son âme est dans son cœur[55] ». Ainsi donc, par un semblable déclin, cette pierre rejette tout ce qui est à l’intérieur, et le fond du cœur est rejeté; de même que l’esprit, qui est l’ios jaune, établi en principe comme la couleur d’or; car ces choses sont en rapport avec ce que dit aussi Démocrite

« Traite la pyrite jusqu’à ce qu’elle soit jaune comme la couleur d’or et vérifie si le métal devient sans ombre.[56] S’il ne devient pas sans ombre, ne t’en prends pas au cuivre, mais à toi-même : c’est que tu n’auras pas bien opéré. Traite donc jusqu’à ce que le cuivre, devenu jaune et sans ombre, teigne tout corps en or et devienne comme la couleur d’or ».

Il faut dès lors considérer et observer s’il devient jaune sans ombre, comme la couleur d’or : s’il ne devient pas sans ombre, il ne peut teindre en jaune comme la couleur d’or. En effet, il n’est pas d’or (ou doré) quant à sa qualité, puisque ce sont certaines qualités qui rendent jaune; car le mot qualité[57] a pour étymologie le mot fabriquer.[58] (Le jaune) produit une teinture, en raison de sa qualité dorée; car il est évident que les actions exercées par les qualités sont en quelque sorte incorporelles. De là découle l’action de dorer; attendu que si la couleur ne possède pas la qualité jaune[59] dans sa propre substance, elle ne peut ni faire de l’or, ni teindre en or Mais notre or, qui possède la qualité voulue, peut faire de l’or et teindre en or. C’est là le grand mystère, (à savoir) que la qualité devient or et alors elle fait de l’or.[60]

11. Voilà pourquoi la Couronne des philosophes[61] dit que la qualité, par la transmutation, réalise ce que l’on cherche. Il nous persuade et nous invite à l’interroger, disant: a Quelle est cette qualité? » Il répond : la qualité de la poudre de projection réside dans les qualités dorées. Si elle n’acquiert pas la qualité dorée et ne devient pas de l’or, possédant la couleur parfaite, elle ne peut faire de l’or. Ainsi donc, comme il le dit, vérifie si le jaune est devenu sans ombre, c’est-à-dire (un être) incorporel, un ios jaune comme la couleur d’or. Ce qu’il faut donc vérifier, c’est si le jaune est devenu sans ombre et paraît comme la couleur d’or.

Le commentateur poursuit en exposant des discussions subtiles et alambiquées dont nous supprimons la traduction.

12. ………………………………. Si tu commences par blanchir, le jaunissement sera parfait, parfait et solide. Dans le cas où il ne serait pas exact, il faut observer que le jaunissement dépend du degré de blanchiment: si le blanchiment passe, le jaunissement passe aussi.

13. Il sera nécessaire d’observer et de surveiller le blanchiment, et de le prolonger. Hermès exige que le lavage dure pendant six mois, à partir du mois de Méchir; Ostanès, dans son traité, parlant de l’aigle, exige une année entière. Ajoutons que les philosophes œcuméniques, les savants modernes, les exégètes de Platon et d’Aristote, résumant le compte des dissolutions et des chauffes, disent 2 fois 8 centaines et 3 fois 3 dizaines et 4 fois, montrant que onze cent (fois) la combinaison doit être remaniée, et décomposée, pour que le blanchiment devienne parfait et s’accomplisse en vue d’un jaunissement parfait et solide. Zosime disait encore plus expressément : Ne craignez pas de multiplier les chauffes et les expulsions de l’eau[62] des corps, attendu que la chauffe mille fois répétée du cuivre le rend plus apte à la teinture.

On n’a pas traduit la fin de ce §, qui est un développement sans intérêt.

14. Il convient d’admirer le concours des qualités; car les actions incorporelles effectuées par leur concours ont accompli cette merveilleuse Chrysopée, par la production d’une seule substance.

La chaleur du feu, la liquidité de l’eau, le froid de l’air, toutes qualités concourant avec la solidité de la terre, ont forcé le corps (métallique) de la magnésie de passer à la mutation et à la transformation. Où sont donc ceux qui disent qu’il est impossible de changer la nature? Car voici que la nature des solides change et acquiert la qualité dorée ; de même le molybdochalque s’est changé, en prenant la qualité dorée, et s’est rapproché du noir; de même l’argent commun se change par notre opération en or.

Les § 15, 16, 17 sont de pures subtilités, dont nous supprimons la traduction.

18. La présente composition part de l’unité, et se constitue en triade par l’expulsion du mercure; l’unité de constitution résulte d’une triade à éléments sépares. C’est ainsi qu’une triade unique, partagée, constituée par des éléments séparés, constitue le monde, par la providence du premier auteur, cause et démiurge de la création. Par suite, il est appelé Trismégiste, ayant envisagé suivant la triade ce qui est fait et ce qui fait. Or ce qui est fait, c’est le molybdochalque (et la) pierre étésienne; et ce qui fait, c’est le chaud, et le froid, et le fluide, d’abord triade première indivisible, et puis unité divisée.

On juge inutile de donner la traduction du commencement du § 19.

19. …………………. (Zosime) dit en parlant de ces matières : « Brûlez le cuivre dans la coin- position blanche s, afin de vous détourner de toute autre cuisson; (il veut) convaincre ceux qui brûlent au moyen du soufre, de l’arsenic, ou de la sandaraque, que l’on ne réussit pas avec ces matières. La pyrite chauffée avec elles ne devient pas blanche, mais noire, et ne peut plus ensuite être blanchie. Mais si on la chauffe avec la composition blanche, elle blanchit et est affinée par le lavage, ainsi qu’il a été écrit.

20. A la fin (la matière) est blanchie et jaunie, comme le dit Ostanès: « En même temps que vous blanchissez, vous jaunissez. Et Zosime dit: «Veillez à ne pas négliger le moment favorable au blanchissement: car à ce moment deux choses se produisent à la fois, le blanchissement et le jaunissement». Rien n’est blanchi d’abord et jauni plus tard; mais on blanchit et on jaunit dans une opération continue, suivant l’unité de cette composition trisubstantielle. Telle est la répartition triadique: Par le blanchiment, par la monade conjonctive, les trois substances sont blanchies et jaunies; (tandis que) par la triade distinctive, elles sont désunies et s’écoulent. Le livre de Démocrite s’exprimait ainsi : (Traite avec la saumure, ou le vinaigre de saumure, ou comme tu l’imagineras ». Il déclare d’abord que le cuivre ne teint pas, mais que le cuivre brûlé par l’huile de natron, après avoir subi ce traitement à plusieurs reprises, devient plus beau que l’or. Le cuivre ne teint pas, tant qu’il conserve une essence unique; mais il est teint par sa combinaison (avec d’autres corps). Comment donc sans cette combinaison et avant que le cuivre soit teint, pourrait-on réussir à teindre les objets soumis à l’action du feu? Mais cela suffit pour montrer pourquoi la première opération ne réussit pas.

21. Quant à nous, nous remarquerons aussi que la cuisson par l’huile de natron a été mentionnée par le Philosophe, en opposition, comme réserve et pour se faire entendre. De même que celui qui regarde dans un miroir ne regarde pas les ombres, mais ce qu’elles font entendre, comprenant la réalité à travers les apparences fictives; de même il s’est servi, pour se faire entendre, de l’expression « par l’huile de natron s, afin de nous faire comprendre la vérité. Voilà pourquoi au lieu des mots « vinaigre de natron » il emploie la dénomination huile de natron s. Le métal est brûlé par la composition blanche, affiné, blanchi, lavé dans le vinaigre de natron. Dans celui-ci il est en même temps jauni, c’est-à-dire blanchi à l’extérieur et jauni à l’intérieur.

22. Il faut mettre (le métal) au feu, seulement pour l’échauffer, et prendre garde qu’il ne se produise de la fumée; car s’il se produit de la fumée, la couleur disparaît.[63] C’est dans ce sens que le libéral et excellent Démocrite... dit au sujet du cuivre: « Ne le chauffe pas trop fortement, mon ami, de peur de lui faire perdre sa beauté; ne l’expose jamais à la flamme du feu: ce n’est pas avantageux, car il se volatilise. Expose-le au feu, comme à l’action d’un soleil ardent; conserve-lui toute sa matière sublimable et rends-le pareil au jaune d’œuf. » Nous interprétons (cet auteur, en admettant) que par l‘expression : « ne le chauffe pas trop fortement et ne l’expose jamais à la flamme du feu »; il rejetait de ce soufflage, toute calcination et toute action directe de la flamme. Dans cette vue il modère le feu et l’air, afin d’éviter la calcination qui sépare (les composants de l’alliage), et (il a recours) à un lut résistant au feu, bien feutré, pour enduire à l’extérieur les appareils, à deux ou trois reprises, afin d’éviter la calcination, tout en réalisant l’échauffement. Non seulement il se sert de ce lut, mais encore il prend soin d’enduire les interstices des compartiments des appareils.

De même que le Démiurge, après avoir séparé le firmament de l’élément liquide, place l’eau au-dessous du firmament; de même l’opérateur prend soin des interstices, afin que dans les appareils la composition ne soit pas calcinée et ne se dissipe pas. De même encore que (le Démiurge) a ordonné que le soleil, en accomplissant son cours, passe au-dessus de tous les êtres délicats, (sans) brûler les corps vivants, les parties molles et les corps qui flottent à la surface; de même l’opérateur a ordonné que l’air souffle du dehors et à travers, afin que ces corps refroidis par là soient préservés de la combustion. Et cette intelligence démiurgique, opérant entre la composition supérieure et le feu mis au-dessous, dispose les choses de façon à tempérer l’action (du feu) sur les matières placées au-dessus. Deux fois huit centaines et trois fois trois dizaines et quatre, voilà combien de fois le feu doit être suspendu. C’est ainsi qu’il faut un grand tempérament, afin d’éviter que tout le produit ne soit brûlé et toute la partie liquide perdue. Car il dit: Tout le liquide, par la violence de l’action du feu, serait perdu.

23. Ainsi, toute la vapeur contenue dans la composition étant conservée et celle-ci devenue de la couleur du jaune d’œuf, passons à la seconde et grande macération. C’est celle qui transforme la nature, qui révèle la nature recélée dans la profondeur intime. A ce passage se rapporte le dire de Stephanus : « le but de la philosophie, c’est la dissolution du corps, la séparation de l’âme et du corps n. Ici voyons Démocrite disant : « Rien ne manque, il n’y a plus rien à exposer, excepté la montée de la vapeur et de l’eau[64] ». Stephanus dit à son tour: « Il ne faut pas... (phrase inintelligible). Mais nous enlevons les eaux qui surnagent, afin de voir sa beauté, de contempler la belle forme de la beauté ineffable, la grâce du trône d’or. Que faut-il donc faire? Comment ferons-nous l’enlèvement de l’eau[65]? » Mais si le feu est contraire au traitement des espèces, comment faut-il (faire) autrement? dit-il; si le métal ne peut être chauffé sans feu, que ferons-nous? Opérerons-nous sans feu? Et que sera un commencement n’ayant pas de fin, dans cette opération pratique que nous décrivons? Que voulait donc dire notre philosophe, le maître le plus complet en toutes choses, ce professeur plein de sens? Il n’a rien omis de ce ‘qui tend à la pratique, sans le comprendre parmi les choses qui complètent son exposition. Voilà pourquoi il dit ici : « Prenant du plomb, je ne dis pas du plomb ordinaire, mais notre plomb, étends-le sur une largeur double. Après l’avoir disposé pour l’œuvre au moyen d’un outil, opère la montée de l’eau[66] ». Fais bien attention, dit-il : si tu es embarrassé, va en Égypte, et prenant un tissu épais, lave, presse ta vendange[67] ». Zosime s’explique aussi en disant Prenant du sel, extrais le soufre blanc, en mouillant avec un jus acide. « Stephanus dit : Lorsque tu feras la composition avec la matière, il y aura une dépense excessive ».

24. Notre libéral et parfait Stephanus, le révélateur des mystères, (dit) : « Mets sur la nature morte[68] la vapeur sublimée, place (le mélange) dans un sac de lin très épais et exprime toute l’eau; le superflu sera ainsi extrait plus vite. Mets du sel de Cappadoce en quantité égale, mouille avec une liqueur acide, jusqu’à ce que le produit ait pris une consistance piteuse; puis fais sécher, en broyant avec du vinaigre de natron. Celui qui opère ainsi est un homme parfait; il suit la marche prescrite dans les ouvrages, la marche indirecte et détournée ». Pour celui qui préfère adopter une voie plus agréable et dépourvue de complications, il dit « Prends du natron 2 parties; de l’alun rond, 1 partie; du misy, 2 parties; du sel de Cappadoce, 4 parties; mets dans du vinaigre très fort et fais une liqueur. A l’aide de ces (ingrédients) tu ôteras aux feuilles (métalliques) leur éclat. Une telle liqueur suffit pour le commencement et la fin de l’expérience ».

III. vii. — SUR L’ÉVAPORATION DE L’EAU DIVINE
(QUI FIXE LE MERCURE)[69]
1. Me trouvant une fois dans vos demeures, ô femme,[70] afin de t’entendre, j’admirais toute l’opération de ce qui est appelé chez toi le « structeur. » Je tombai dans une grande stupéfaction, à la vue de ces effets, et je me mis à vénérer comme divin le poxamo;[71] je pensais, (en considérant) l’intelligence de chaque artisan (de l’œuvre) ; comment, trouvant secours dans leurs devanciers, ils perfectionnaient leurs propres recherches.

Ce qui me surprenait, c’était la cuisson de l’oiseau[72] soumis à la filtration; c’était de voir comment il la subit, par le moyen de la vapeur sublimée, de la chaleur et d’un liquide approprié, alors qu’il participe à la teinture. Surpris, mon esprit revient à notre objet d’étude; il examine si c’est par suite de l’émission de la vapeur de l’eau divine que notre composition peut être cuite et teinte. Or je cherchais si quelqu’un des anciens fait mention de cet instrument, et (rien) ne se présentait à mon esprit. Découragé, je compulsai les livres et je trouvai dans ceux des Juifs, à côté de l’instrument traditionnel nommé tribicos, la description de ton propre instrument. Voici comment la chose est présentée.

Prenant de l’arsenic (sulfuré), blanchis-le de la manière suivante. Fais une pâte grasse, de la largeur d’un petit miroir très mince; perce-la de petits trous, en manière de crible, et place par dessus, en l’ajustant bien, un petit récipient, renfermant une partie de soufre; mets dans le crible de l’arsenic, la quantité que tu voudras. Après avoir recouvert avec un autre récipient, et avoir luté les points de jonction, au bout de 2 jours et 2 nuits, tu trouveras de la céruse.[73] Prends-en un quart de mine et souffle pendant tout un jour, en y ajoutant un peu de bitume, etc. Telle est la construction de l’appareil.

2. Quant à moi je reviendrai à notre objet, en montrant, d’après l’écrit lui-même, qu’il n’y a pas blanchiment, puisqu’il conseille de faire durer la cuisson 2 jours et 2 nuits; tandis qu’une heure suffit pour évaporer une grande quantité de soufre. Mais par là, il fournit un motif à tes réflexions. En effet Agathodémon a rappelé que l’arsenic est toute la composition; c’est celle sur laquelle j’ai fortement discouru dans le 6e chapitre, sur la cuisson, dans mon livre sur l’Action;[74] beaucoup d’autres anciens l’ont rappelée explicitement et avec intention. Mais le début de l’écrit, qu’enseigne-t-il sur le sujet présent? Il dit ; « Le blanchiment par l’arsenic s’étend jusqu’à l’arsenic non blanchi ». C’est dans le même sens que Démocrite dit « si la flamme est trop forte, le jaune se produit; mais (cela) ne te servira pas maintenant, car tu veux blanchir les corps (métalliques)[75] ».

3. Or comment y a-t-il un homme assez simple pour ne pas entendre par là toutes les espèces de l’arsenic (sulfuré)? Et même l’arsenic lamelleux, comme l’expose L’écrit précité?

Si les matières[76] sont blanchies de cette façon, et non pas seulement à la surface, le métal sera entièrement blanc et il ne perdra passa couleur au feu; il sera blanc dans l’intérieur ainsi qu’à la surface. Or comment n’est-on pas capable d’entendre l’arsenic blanchi, là où l’écrit a prescrit de le projeter et de le soumettre à l’insufflation; cet arsenic ne contenant aucune (partie) de soufre,[77] mais s’évaporant en nature[78] sous l’action du feu? Mais si la composition renferme du soufre, il recommande non seulement de souffler, mais encore d’ajouter du bitume, afin que par là le Tout soit désulfuré et devienne pur et brillant.

4. Voilà toutes les choses qu’il m’est permis de dire là-dessus, et vous en êtes témoins. Mais si vous y trouvez bien des ressources, vous êtes aussi des maîtres pour le reste. Je vous conseille conformément à ce que j’ai appris jusqu’ici, ayant accepté de vous, moi aussi, les fruits de l’œuvre finale. L’écrit dit qu’on opère également sur les monnaies.[79] Or ce procédé s’exécute dans l’Ecrevisse.[80]

5. Pour la composition,[81] le vase de terre cuite a une ouverture, destinée à découvrir la coupe placée sur la kérotakis, afin que l’on puisse voir si la matière blanchit ou jaunit. Or l’ouverture du vase de terre cuite est fermée au moyen d’une autre coupe,[82] afin que le produit ne s’évapore pas; et que l’alliage de l’Écrevisse[83] ne s’échappe pas par là. L’opération a lieu en un seul jour. Si la décoction est conduite autrement, ainsi que la cuisson, il faudra deux fourneaux: le premier, pour les fioles apparentes; le second, pour les kérotakis, les vases à fixation, ou les bocaux. Si l’on veut y faire digérer l’alliage de l’Écrevisse, ou les matières analogues, on le placera sur la kérotakis, en l’y étendant, et en évitant qu’il ne coule. Le vieux Zosime disait: « Je connais une classe unique qui renferme deux opérations: l’une pour que la fluidité soit produite par l’extraction; la seconde pour que l’humidité du plomb soit desséchée jusqu’à épuisement. Car elle se fixera et se desséchera ».

III. viii. — SUR LA MÊME EAU DIVINE
1. Prenant des œufs, la quantité que tu voudras, fais-les bouillir, et après les avoir cassés, êtes-en tout le blanc;[84] mais n’emploie pas la coquille.[85] Prenant un vase de verre mâle et femelle,[86] celui qui est appelé alambic, jettes-y les jaunes des œufs,[87] en usant de la pesée ci-après: une once de jaune; coquille des œufs calcinée, deux carats, ni plus ni moins, mais juste comme il a été écrit. Ensuite, délaie; puis, prenant d’autres œufs, casse-les et jette (les) dans l’alambic avec les jaunes délayés, de façon que les œufs entiers soient recouverts par les jaunes.

Lute l’alambic et son chapiteau au récipient,[88] avec beaucoup de soin; en te servant de suif, ou de plâtre, ou bien de cire d’abeille, ou de cendre mélangée d’huile, ou de ce que tu voudras. Fais digérer dans du crottin de cheval ou d’âne, ou sur un feu de sciure de bois, ou dans un four de pâtissier. Emploie n’importe quel genre de caléfaction convenable, au degré que peut supporter la main humaine.

Que le lieu où les appareils sont installés soit à l’abri du vent, qu’il reçoive la lumière de l’est ou du sud, mais non celle du couchant, ou du nord, ou du nord-ouest, ou du nord-est, à cause du refroidissement.[89] Fais digérer pendant 14 ou 21 jours, jusqu’à ce que cesse la montée des vapeurs; et maintiens lutés avec soin les joints de l’appareil, afin de conserver l’odeur; car si elle s’échappe, tout le travail est perdu. En effet, cette odeur est tout à fait désagréable, et c’est dans cette odeur que réside le travail.[90]

2. La première eau qui passe (à la distillation) est blanche.

La seconde coule goutte à goutte elle est d’une odeur désagréable, toute pareille (au lait de chaux).[91] Ensuite, quand la montée de l’eau a cessé, tu enlèves le récipient dans lequel l’eau a coulé, tu (le) fermes, et tu le gardes avec soin. Découvrant l’alambic, tu te boucheras le nez à cause de l’odeur; et tu trouveras dans le vase femelle les scories (caput mortuum).

Ne refuse pas au mort de parvenir à la résurrection; mais attends la résurrection du (mort) dont on a désespéré.[92] Ensuite mélange avec la cendre d’autres jaunes d’œufs, comme dans l’art de la savonnerie; délaie ensemble les matières humides et les matières sèches, et jette (le tout) dans un alambic. Opère comme il a été prescrit antérieurement, en changeant le récipient de l’eau, c’est-à-dire le rogion.

Fais cela jusqu’à trois fois et tu auras d’abord la première eau blanche, comme il a été dit précédemment, cette (eau) que les anciens ont nommée eau de pluie; puis, la seconde eau, jaune-verdâtre, qu’ils ont nommée huile de raifort; puis la troisième eau, d’un noir verdâtre.[93]

Tu auras aussi les scories qui sont dans le têt. Lorsque tu ouvriras l’appareil, tu trouveras la première fois la scorie tournant au noir, —la seconde fois, blanche; — la troisième fois, jaune.[94]

Après la première, la seconde et la troisième extractions d’eau et ouvertures de l’appareil, tu réunis les eaux des trois extractions, c’est-à-dire les eaux divines qui s’y trouvent, avec le résidu contenu dans le vase femelle. Après cela, prenant un alambic de verre, fais-y entrer les matières, bouche l’alambic avec une poterie cuite, capable de s’ajuster aux bords de l’alambic. Lute avec tout le soin possible, à l’aide d’un lut qui résiste au feu. Aban donne sur le fumier du fourneau, pendant quarante et un jours, jusqu’à ce que la décomposition ayant eu lieu, la matière teinte devienne semblable à la matière tinctoriale, et que la nature domine la nature. En effet, de cette façon, les matières sulfureuses sont dominées par les matières sulfureuses[95] et les matières humides par les matières humides correspondantes.

3. Ne prends pas souci du poids, ni de la fraîcheur des œufs, ou de leurs jaunes; seulement, broie ensemble les matières liquides et les matières sèches, comme il a été dit précédemment, et mets-les dans l’alambic. Après le quarante et unième jour, découvre l’alambic et tu y trouveras une composition entièrement vert clair, c’est-à-dire tournée en ios. Celui qui fait l’ios, sait quelle opération il accomplit; mais celui qui n’en fait pas ne produit rien.

Or, après le quarante et unième jour, ôte l’alambic du lieu chaud et laisse le pendant cinq jours éloigné de toute source de chaleur. Les cinq jours (écoulés), place l’alambic sur de la braise de sciure de bois et extrais-en l’eau divine; tu la recevras, non dans ta main, mais dans un vase de verre. Puis, prenant cette eau, mets-la dans un alambic, comme il a été écrit précédemment, et fais chauffer pendant deux ou trois jours. Après avoir enlevé, délaie, et expose au soleil sur une coquille. Lorsque le produit sera devenu compacte comme du savon, fais chauffer une once d’argent, et projettes-(y) de cette eau solidifiée, c’est-à-dire deux karats de poudre sèche, et tu auras de l’or.[96]

Le nombre total des jours de l’opération est de cent dix jours, d’après ce qu’ont dit Zosime, le Chrétien et Stephanus.[97] Quant à moi, après avoir bien butiné de tous côtés comme l’abeille, et tressé une couronne avec beaucoup de fleurs, je t’en ai fait hommage, à toi mon maître. Ensuite, je t’exposerai quels sont les appareils. Portez-vous bien en Jésus-Christ, notre Dieu, maintenant, toujours et dans tous les siècles des siècles. Amen.

III. ix. — ZOSIME DE PANOPOLIS[98]
MÉMOIRES AUTHENTIQUES SUR L’EAU DIVINE
1. Ceci est le divin et grand mystère; l’objet que l’on cherche. Ceci est le Tout. De lui (provient) le Tout, et par lui (existe) le Tout. Deux natures, une seule essence; car l’une attire l’une; et l’une domine l’une. Ceci est l’eau d’argent,[99] l’hermaphrodite, ce qui fuit toujours,[100] ce qui est attiré vers ses propres éléments. C’est l’eau divine, que tout le monde a ignorée, dont la nature est difficile à contempler; car ce n’est ni un métal, ni de l’eau toujours en mouvement, ni un corps (métallique); elle n’est pas dominée.

2. C’est le Tout en toutes choses; il a vie et esprit et il est destructeur. Celui qui comprend cela possède l’or et l’argent. La puissance a été cachée, mais elle est déposée dans Erotyle.[101]

III. x. — CONSEILS ET RECOMMANDATIONS
POUR CEUX QUI PRATIQUENT L’ART[102]
1. Je vous le déclare, à vous les sages : sans l’appareil propre à traiter le cuivre, et sans le temps prescrit pour l’opération de l’iosis (lequel temps est court ou long) et pour le mélange des dix espèces susdites,[103] sèches ou liquides, que l’on broie ensemble, n’espérez rien faire, ô hommes, vous qui appartenez à la troupe de l’or, à la race d’or, aux enfants de la tête d’or; vous qui êtes les amants de la sagesse et les investigateurs de la matière du jaune d’œuf.[104] Mais vous, gens du creuset, vous vous raillez mutuellement et vous ne suivez pas mes avis, à moi qui vous engage à vous conformer aux préceptes des maîtres et à leurs écrits; à moi qui vous fais connaître leurs opinions, révélées par la puissance de la parole divine.

2. Cette eau a deux couleurs, blanche et jaune; ils lui ont donné mille noms divers. Sans l’eau divine, rien n’existe. Par elle toute la composition est entreprise; par elle, elle est chauffée; par elle, elle est brûlée; par elle, elle est fixée; par elle, elle est jaunie; par elle, elle est décomposée; par elle, elle est teinte; par là, elle subit l’iosis, elle est affinée et soumise à la cuisson. En effet, il dit: « En projetant l’eau de soufre natif et un peu de gomme, tu teindras un corps quelconque ». Toutes (les substances) qui tirent leur origine de l’eau, sont en opposition avec celles qui tirent leur origine du feu; de sorte que sans le catalogue de tous les liquides, rien n’est certain.

3. Quelques-uns l’ont rappelé, — et peut-être même tous: il est nécessaire que cette eau, en guise de levain, détermine la fermentation destinée à produire le semblable au moyen du semblable, dans le corps métallique qui doit être teint. En effet, de même que le levain du pain, pris en petite quantité, fait fermenter une grande masse de pate; de même aussi ce petit morceau d’or va faire fermenter toute la matière sèche.[105]

4. D’autres, mêlant ensemble deux espèces de choses, les résidus dorés des (substances) sulfureuses avec les matières d’or, les ont associées : les unes aux produits bruts et non fermentés, les autres aux produits cuits ensemble dans l’eau de l’iosis.

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En haut les choses célestes, et en bas les choses terrestres; par le mâle et la femelle l’œuvre est accomplie.[106]

III. xi. — ZOSIME DE PANOPOLIS
ÉCRIT AUTHENTIQUE
Sur l’art sacré et divin de la fabrication de l’or et de l’argent[107]

Abrégé sommaire.

1. Prenant l’âme du cuivre qui est au-dessus de l’eau du mercure, fais (en) un corps volatil; car l’âme du cuivre retenue dans la matière en fusion monte en haut;[108] la partie liquide reste en bas dans l’appareil à kérotakis, et doit être fixée au moyen de la gomme:[109] c’est la fleur d’or, la liqueur d’or, etc. D’autres entendent par là la coloration, la cuisson, l’œuvre de la doctrine mystique. Au début le cuivre projeté, après traitement dans l’appareil de la fabrication, charme les yeux. Tandis qu’il perd son éclat, on le combine avec la gomme dorée, la liqueur d’or, etc.[110] (Voilà ce que) il a écrit au sujet de la confection de l’or, laquelle est proclamée aussi la fixation.

Marie dit : « Prends l’eau de soufre et un peu de gomme, mets-la sur le bain de cendre; on dit que c’est de cette façon que l’eau est fixée ». Marie dit encore : « Pour la préparation de la fleur d’or, place l’eau de soufre et un peu de gomme sur la feuille de la kérotakis, afin qu’elle s’y fixe. Fais digérer à la chaleur du fumier pendant quelque temps ». Après les mots « pendant quelque temps », Marie (ajoute) : « Prends une partie de notre cuivre, une partie d’or; amollis la feuille formée de ces deux métaux unis par fusion, pose (la) sur le soufre, et laisse (le tout) pendant 3 fois 24 heures, jusqu’à ce que le produit soit cuit.

2. Le Philosophe[111] expose la même chose : « après avoir fixé pendant quelque temps à la chaleur du fumier, nous faisons cuire le produit en le traitant par le soufre pendant 2 ou 3 jours, jusqu’à ce qu’il se forme une préparation extrêmement jaune, que l’on transporte dans un autre vase ». Telle est la composition. En effet, après la fixation de l’eau de soufre dans un matras,[112] on met dans un vase, et on fait cuire fortement pendant 2 ou 3 jours.

3. Tous les écrits veulent (que) le feu (soit fait) par progression. On emploie d’abord le bain de cendre ou le fumier, jusqu’à ce que l’eau de soufre se fixe. C’est ainsi qu’ils arrivent à notre mode de cuisson: (Fixe, dit-il, transforme, et change de matras;[113] fais cuire, sur un feu indirect et varié. Quant à moi, j’ai dit dans mon livre du blanc: On fait cuire d’abord pendant un jour, et l’on fixe pendant quelque temps, non seulement en exposant à la vapeur, mais aussi en trempant dans l’eau de soufre ».

4. C’est pour cette raison que le Philosophe, dans le catalogue des liquides, a parlé avec intention de la vapeur; puis de l’eau de soufre. Après avoir opéré la fixation pendant quelque temps, au moyen de la vapeur; puis après avoir traité par l’eau de soufre, nous faisons cuire pendant un jour; comme pour la litharge, lorsqu’on veut l’amener à l’état de céruse. On ajoute le reste de la préparation, si l’on a besoin d’or. Sinon, on souffle avec précaution pour brûler le soufre.[114] On délaie la composition et on la traite de nouveau par l’huile de natron, jusqu’à ce qu’elle perde sa fluidité. On souffle jusqu’à ce que les matières sulfureuses s’échappent, en laissant le métal éclairci.[115] Ainsi on fait bouillir avec l’huile (de natron) désulfurante, jusqu’à ce qua le produit perde sa fluidité, et après avoir grillé par insufflation, on obtient (ce que l’on cherche).

Voici comment nous parvenons au jaunissement. Après avoir délayé et employé les matières susceptibles de jaunir, telles que l’eau de soufre et la gomme; nous fixons légèrement avec la chaleur du fumier. Puis nous faisons cuire 2 ou 3 jours, jusqu’à ce que le produit devienne jaune au plus haut degré. On place ce produit dans le reste de la préparation pendant 3, 5 ou 7 jours, jusqu’à ce qu’il ait subi l’iosis. Puis nous le projetons sur l’argent et nous teignons en or. Nous réglons le feu de façon que la vapeur commence à se fixer.

5. Après avoir fait agir l’eau de soufre sur le molybdochalque, nous faisons chauffer pendant un jour, comme il est dit dans la première classe des liquides blancs; nous opérons sur un feu indirect, ainsi que cela se fait pour la litharge. Si nous voulons blanchir, nous opérons l’iosis de cette manière. Mais si nous avons grillé par soufflage en vue du jaunissement, nous traitons de nouveau par l’eau de soufre natif et la gomme. Après avoir fixé en exposant à la chaleur du fumier, nous faisons cuire pendant 2 ou 3 jours, jusqu’à ce que le produit devienne jaune au plus haut degré. Après l’avoir enlevé, nous transformons en ios le reste de la préparation. J’ai défini la proportion du feu.

III. xii. — SUR LES SUBSTANCES QUI SERVENT DE SUPPORT
ET SUR LES QUATRE CORPS MÉTALLIQUES, D’APRÈS DÉMOCRITE
1. Les quatre corps (métalliques) servent de support,[116] et aucun d’eux ne se volatilise. C’est pour cela qu’il n’a pas parlé de griller (par insufflation) la composition; car si c’était utile, il en aurait fait mention expressément. En effet, il dit : « Rien n’a été omis, rien n’a été ajourné ». Il dit aussi, en parlant de la liqueur d’or Elle teint un corps quelconque ; ce qui s’applique aux quatre corps. C’est aussi pour cette raison qu’il a cité son maître disant: « Teignant toutes les substances »; montrant par là qu’il ne s’agit pas de souffler; mais que les quatre (corps) qui servent de support sont teints et aptes à teindre. Il introduit Pamménès opérant sur le soufre[117] et disant qu’il n’est (Enlève la (nature) sulfureuse au plomb; partout où le soufre entre, il teint ». Elles voulu montrer par la que nous n’avons pas raison de griller le soufres Elle a employé des noms étrangers aux arts dans la description de leurs opérations. Ce n’est pas ainsi que font ceux qui opèrent, lorsqu’ils parlent de notre cuivre ou bien d’un corps métallique quelconque.

On fait une feuille au moyen de deux métaux unis par fusion. Le Philosophe prend cette feuille métallique et la coupe en morceaux; si l’alliage est fondu, cela vaut mieux. Voici ce qu’ils disent: « Ce n’est pas au moyen d’une feuille... ».

2. De cette façon, s’ils parlent de griller, ils ne parlent pas d’une opération faite en dehors, mais pendant leur propre travail. Car ils soumettent au grillage les matières cuites, afin de prendre leur (principe) propre et tinctorial. Ils rejettent les matières cuites, et font évaporer les parties inutiles.[118] Ils donnent d’autres noms aux produits purifiés. Ainsi ils grillent par insufflation, de façon à isoler le principe propre et tinctorial. Voilà comment on brûle dans les cuissons, on expulse par insufflation toutes les matières étrangères, en gardant l’esprit utile et tinctorial.

3. Sur les poids des (substances) crues et cuites.

D’après ce que les écrits disent à cet égard, assurément le soufre doit être expulsé par insufflation. C’est là ce que Marie a voulu faire entendre en disant : « Tu trouveras 5 parties moins le quart, c’est-à-dire moins le soufre chassé par l’insufflation. Semblablement à la fin de son exposé, elle dit que le cuivre, dans son affinage à la fonte, diminue d’un tiers de son poids. Elle dit que ces changements s’accomplissent aussi lorsqu’on blanchit et qu’on jaunit; car les (substances) sulfureuses teignent, mais se volatilisent. Nous nous débarrassons des substances sulfureuses par volatilisation. Il en est de même des plantes, lorsqu’elles sont entièrement dissoutes ; ainsi qu’il arrive lorsqu’on les fait cuire avec l’eau de soufre, rejetant la partie ligneuse.

4. Ce n’est pas sans motif que Agathodémon dit « et unifiées »; mais afin que, pénétrant dans la profondeur du métal de l’argent, les matières tinctoriales puissent échapper à la destruction causée par le feu. Nous nous privons donc des teintures tirées de plantes, sachant que les métaux ne peuvent en emprunter les qualités, et recevoir ainsi à fond la teinture.

Les qualités seules agissent; car le corps ne peut pénétrer dans l’intérieur du corps. Aristote (dit):[119] « les qualités triomphent les unes les autres ». D’après Agathodémon les métaux placés en haut prennent les substances volatiles: c’est ainsi qu’il emprunte l’esprit de la chrysocolle. Ce mot esprit signifie évidemment une substance volatile et les vapeurs sublimées sont du même ordre. Telles sont : la vapeur blanche, la vapeur du cinabre, et

« un esprit plus noir, humide, pur ».[120]

Car toute vapeur sublimée est un esprit, et telles sont les qualités tinctoriales. Le divin Démocrite parle ainsi du blanchiment et Hermès de la fumée. Quand ces (vapeurs) leur étaient utiles, ils les admettaient dans les traitements, mais (en les désignant) par énigmes. C’est pour cela que c’est un mystère. (Ainsi il dit) : « J’ai écrit cela dans le chapitre : Si tu es intelligent. La vapeur du soufre natif, de l’arsenic, et la vapeur blanche de cinabre »... Agathodémon dit aussi: « (la vapeur de) l’arsenic est l’âme de la matière dorée. Après qu’il a été débarrassé de sa partie épaisse et caustique, qu’il a abandonné son corps sulfureux, prends-en alors la partie colorante s.

5. La vapeur c’est l’esprit, l’esprit qui pénètre dans les corps. L’âme diffère de l’esprit. Il appelle âme la nature primitivement sulfureuse et caustique (de l’arsenic?). Sous l’influence purificatrice du feu on conserve l’esprit, si l’on travaille d’après les règles de l’art; car il ne peut être détruit. Telle est la chose utile, l’élément tinctorial. Il faut à l’opérateur une intelligence subtile, afin qu’il reconnaisse l’esprit sorti du corps et qu’il en fasse emploi, et que surveillant son départ il atteigne le but, c’est-à-dire que le corps étant détruit, (il prenne garde que) l’esprit (ne) soit détruit en même temps. Or il n’a pas été détruit; mais il a pénétré dans la profondeur du métal, lorsque l’opérateur a accompli son œuvre.

6. Ceux qui ne reconnaissent pas quand l’œuvre est à point, interprètent mal; car ils ne voient pas autre chose que des matières qui n’ont pas repris leur corps (métallique), des matières brûlées ou incinérées. Tandis qu’ils ne jugent que la partie visible de ces choses, les infortunés, par une sorte de punition, laissent perdre tout et ils ne réussissent pas à éviter la réduction (du produit) en cendre.[121] Dans aucun passage des écrits, on ne mentionne d’autre support (à la teinture), sinon le cuivre seul. Ainsi Marie dit que le cuivre est traité et plus tard brêlé. C’est dans ce sens qu’il joue le rôle de support. Tel est (le rôle du) cuivre ou de l’argent, dans notre opération. Nous ne voulons pas en tirer la qualité, et leur corps, par sa mort, devient inutile. Les plantes aussi sont inutiles, car elles sont consumées par le feu.[122]

7. Agathodémon dit: « La magnésie, l’antimoine et la litharge se volatilisent, après avoir perdu leur pureté s. Marie: « souffle, dit-elle, les vapeurs, jusqu’à ce que les produits sulfureux soient volatilisés avec l’ombre (qui obscurcit le métal), et que le cuivre prenne tout son éclat ». Ainsi notre cuivre reçoit d’eux la vapeur sublimée. Or la vapeur, c’est l’esprit du corps. Lime diffère de l’esprit ...

A partir de ces mots, la fin du § 7 et le § 8, dans M, sont la répétition des § 5, 6, 7; jusqu’à ces mots: ainsi notre cuivre (reçoit) la vapeur sublimée… Dans le texte grec, on a donné les variantes.

9. Démocrite a passé sous silence les poids (dans son premier livre). Il dit: « Il ne reste rien; il n’y a plus rien à exposer, excepté la montée de la vapeur sublimée et de l’eau. Or voici ce qu’il disait au sujet des poids et du soufre, dans le livre suivant : la liqueur blanche d’arsenic, une once, etc. Car il y a deux compositions des soufres... (phrase inintelligible). Le cuivre sera trouvé constitué de telle manière, qu’il puisse unir sa nature (à un autre corps), et dominer avec lui et charmer conjointement. Ainsi la nature charme la nature. Car l’argent, s’unissant à tous les corps métalliques, ne les repousse pas. Quant au cuivre, il le subit volontiers, comme la jument accepte l’accouplement de l’âne, et la chienne celui du loup: ce que font tous les êtres naturels qui se ressemblent. Le cuivre se rouille et se réduit, sans quitter sa propre nature ». Démocrite, dans la classe de la magnésie, dit: « La magnésie blanchie ne laisse pas les corps métalliques se séparer, ni apparaître[123] dans l’ombre du cuivre. » Nous avons achevé le discours sur les poids. Bonne santé.

III. xiii. — SUR LA DIVERSITÉ DU CUIVRE BRÛLÉ
Beaucoup préparent le cuivre brûlé au moyen du soufre.[124] Les traités des autres auteurs le disent avec obscurité. Démocrite seul s’exprime avec une clarté généreuse : « Jetez sur le cuivre un quart de fer sulfuré, c’est-à-dire préparé en fondant avec la pierre magnétique, le quart ou la moitié de soufre; coulez le produit avec le plomb provenant de l’antimoine et de la litharge. Ensuite faites brûler la composition obtenue avec la pyrite, le cuivre et le fer, afin qu’il se forme une scorie convenable. Projetez-y la vapeur sublimée de l’arsenic (sulfuré). Le métal est blanchi par la vapeur du soufre ».

En parlant de la céruse cuite avec le soufre, il veut parler du soufre pur, comme propre à changer le molybdochalque en métal étésien. Lorsqu’il dit: « La magnésie blanchie produit le même effet »; il veut parler du cinabre traité simultanément. Mais quelqu’un objectera : il a parlé d’abord de la magnésie et de la pyrite. Oui, afin que tu apprennes ceci qu’en même temps que le cuivre, on projette le fer et le plomb et les minerais, afin que le molybdochalque devienne du cuivre étésien (doré).

III. xiv. — SUR CE POINT QU’ILS DONNENT LE NOM D’EAU DIVINE À TOUS LES LIQUIDES ET QUE C’EST UNE (SUBSTANCE) COMPLEXE ET NON PAS SIMPLE
1. La vapeur décrite précédemment, tu la feras cuire dans l’huile. La vapeur décrite précédemment, c’est la formule entière; car elle paraît comprendre l’eau divine et l’huile. Ils disent qu’il faut opérer avec tous les liquides, voulant faire entendre (par là) la liquidité. En effet, par tous ces mots : la saumure vinaigrée, ensuite l’huile, puis le miel et le lait, il faut entendre l’eau divine. Le safran par lui-même est impuissant à teindre sans le concours de l’eau divine; ceux qui veulent teindre s’en servent. Marie parle de « la dissolution du comaris et de la chélidoine ». Démocrite (place) dans la dernière classe des liquides blancs « l’eau de chaux qui a coulé » à travers le filtre, ou à travers une chausse.

Toutes les espèces sont traitées par macération, au moyen des liquides simples; puis le produit est soumis au lavage. Ainsi sont lavés les corps (métalliques) solides. On les fait macérer, soit en les délayant, soit en les arrosant. Les produits délayés sont exposés au soleil et à la rosée, à la façon du soufre blanc ou de la litharge. On les fait macérer 1, ou 3, ou 5, ou 7 jours, jusqu’à désagrégation totale.

2. Ces (espèces) ayant été macérées, tu en feras des mélanges et tu soumettras ces mélanges délayés à la rosée et au soleil. Après les avoir desséchés et délayés, en les traitant par l’huile de natron, tu trouveras le plomb noir. Délaie-le, en reprenant avec le mercure, l’eau divine et la gomme; fais cuire sur un feu léger jusqu’à ce que l’eau se soit séparée: tu délaies au soleil jusqu’à ce que la matière soit d’un beau blanc.

3. Ce travail est répété plusieurs fois par ceux qui lavent la scorie. D’après Pébichius : Lave 2 fois 7, et 1 fois 8 plus 8, et encore plus. Démocrite fait la même chose dans sa dernière classe, celle des liquides blancs: il lave de la même façon les feuilles (métalliques) oxydées, et il leur restitue leur éclat. Après avoir desséché, si le métal est devenu brillant, reprends la vapeur, traite les substances qui peuvent jaunir par l’eau divine et la gomme, et fixe (la teinture) sur un feu léger.[125] Lorsque tu auras opéré la fixation, retire la substance, et laisse égoutter sur le résidu de la préparation pendant 2 ou 3, ou 7, ou 41 jours. Si tu y projettes de l’argent commun, tu le teins (aussi). Cherchons ensuite le moment qui convient.

III. xv. — SUR CETTE QUESTION DOIT-ON EN N’IMPORTE QUEL MOMENT ENTREPRENDRE L’ŒUVRE?
1. Il est nécessaire que nous recherchions quels sont les moments opportuns. Il a dit que l’esprit, soumis à l’action du soleil, doit être tiré des fleurs, et macéré depuis le matin; alors par toute action convenable du feu, l’or devient bon pour l’usage. « Car c’est l’œuvre du soleil, dit le grand Hermès, c’est ce qui est produit par lui ». Écoute Hermès disant que l’amollissement des substances destinées à être ramollies se fait à froid. Il s’est expliqué nettement sur ce point à la fin de son écrit sur le blanchiment du plomb. Là aussi il parle de l’or. « Voilà comment opère celui qui prépare le Tout ». C’est là aussi qu’il s’est expliqué sur ce que l’on doit filtrer le Tout par n’importe quel filtre. Cela n’a pas échappé à Agathodémon, et il parle de lavage du minerai et de sa purification, (qui a lieu) lorsque le Tout délayé et liquéfié traverse le filtre ou la chausse. Hermès dit : « Elle devient comme une lessive innocente (?) ». S’il se forme un dépôt, c’est la preuve que les substances et les minerais ne sont pas suffisamment pulvérisés.

2. Hermès s’est expliqué fortement sur ces choses en parlant des cribles, et disant : Si les eaux se meuvent en tous sens, le crible lui-même semble s’écouler ». Elles doivent descendre ensemble, suivant le grand Hermès ; puis elles remontent aussitôt dans l’appareil destiné à en opérer la cuisson. Nous avons exposé ces choses dans notre discours, sauf en ce qui traite du moment opportun. Le moment opportun, c’est celui de l’été, alors que le soleil a une nature (favorable) pour l’opération.

Marie s’en occupe, en décrivant les traitements du petit objet:[126] « L’eau divine sera perdue pour ceux qui ne comprennent pas ce qui a été écrit, à savoir que le produit (utile) est renvoyé vers le haut par le matras et le tube. Mais on a coutume de désigner par cette eau la vapeur du soufre et des arsenics sulfurés. A cause de cela tu m’as raillée, parce que dans un seul et même discours je t’ai exposé un si grand mystère.

3. Cette eau divine, blanchie par des matières blanchissantes, fait blanchir. Si elle est jaunie par des matières jaunissantes, elle fait jaunir. Si elle est noircie au moyen de la couperose et la noix de galle, elle fait noircir et réalise le noircissement de l’argent et celui de notre molybdochalque. Je t’ai parlé précédemment de ce molybdochalque, à l’occasion de notre argent traditionnel. Ainsi l’eau noircie, s’attachant à notre molybdochalque, lui donne une teinture noire fixe; et bien que cette teinture ne soit rien, tous les initiés désirent vivement la connaître. Or l’eau capable de prendre une telle couleur, produit une teinture fixe, l’huile et le miel étant, éliminés.

Le Philosophe dit aussi qu’une petite quantité de soufre natif suffit pour brûler beaucoup d’espèces et qu’il amollit Les pierres et les métaux. Dans cette eau se dissout la composition sulfurée, comme il le dit en parlant de l’Androdamas. Si tu mets du soufre apyre, tu produis une liqueur d’or.[127] Pour la faire agir sur la composition des substances, on délaie la composition des matières sulfureuses ». De la même façon, on la fait bouillir ou cuire. « Comprends bien, dit-il, que si tu mets du soufre apyre, tu produis une liqueur d’or. Au moyen d’un feu de sciure de bois, sur la kérotakis, distille l’eau divine, jusqu’à ce qu’elle contienne (la couleur) d’or. Tu feras cuire en agitant légèrement, et en ajoutant les motaria[128] de la sandaraque faune. [Or ils ont dit les motaria, parce que (la composition) est épaisse comme du sang]. Fais cuire le produit fortement pendant 2 ou 3 jours, et après avoir pressé, verse le résidu de la préparation dans chaque vase: et il se forme de l’ios. Pébichius a dit aussi sur cette question : « Partagez la préparation en deux parties, et mettez-en une moitié dans un vase de terre cuite et l’autre moitié sur le cuivre ; » voulant faire entendre ceci en un seul (mot): la cuisson, par (le vase) de terre cuite, et l’iosis, par le cuivre. Or il a parlé précédemment du blanchiment, en disant que le cuivre est brûlé dans du bois de laurier; c’est-à-dire le soufre natif (avec le cuivre) en présence des feuilles de laurier.[129] Tu peux connaître par là le mérite des anciens, combien clairement ils ont expliqué toutes choses. En paraissant cacher toutes choses, ils ont dit clairement : « D’abord, sur des flammes légères, afin que l’eau de soufre soit absorbée en même temps ». Au sujet de ces flammes, Marie disait : « les flammes progressivement n; puis : le feu graduellement »; afin de faire comprendre qu’il faut opérer suivant une progression convenable, à partir (de l’instant) de la flamme.

Le moment opportun est celui de l’été. La pourpre aussi exige une époque particulière pour les dissolutions et les refroidissements. De même, la gomme en larmes, pour s’écouler spontanément, veut la nature propre de l’été. J’ai pourtant entendu dire à quelques-uns que notre opération se fait en toute circonstance, et j’hésite à le croire.[130]

III. xvi. — SUR L’EXPOSÉ DÉTAILLÉ DE L’OEUVRE
DISCOURS A PHILARETE[131]
1. Voici dans quels termes Démocrite expose ces choses aux prophètes égyptiens: « Je t’écris, ô Philarète, pour t’exposer tout au long la puissance de l’art. Voici le catalogue des espèces : le mercure, tiré du cinabre, l’antimoine de Coptos, de Chalcédoine, d’Italie, la litharge, la céruse, le plomb, l’étain, le fer, le cuivre, la chrysocolle, le claudianon, la cadmie, la pyrite, l’androdamas, le soufre, la sandaraque, l’arsenic, le cinabre. »

2. « Les espèces suivantes sont employées pour l’or et l’argent; car, blanchies, elles blanchissent, et jaunies, elles jaunissent. Celles qui blanchissent sont les suivantes : la terre de Chio, l’astérite, la terre de Samos, la terre de Cimole et l’aphrosélinon. »

3. « Les (espèces) qui se délaient sont celles-ci : le soufre natif, le sel de Cappadoce, les sels de toutes sortes, la fleur de sel, le calcaire, qui a été appelé aussi le suc laiteux du mûrier, (ou) du figuier,[132] l’alun en lamelles, le misy, le chalcanthon, les feuilles de pêcher, les feuilles de laurier[133] ».

4. Voici les (espèces) employées pour jaunir : la terre pontique, celle qui est brûlée, la terre attique, celle qui fournit le bleu mâle et le bleu femelle, commun aux deux teintures;[134] et parmi les plantes, le ricin et la fleur de carthame, la chélidoine et l’ochumenon (basilic);[135] et, parmi les sucs, la gomme[136] ». Il disait au sujet de la gomme : « les sucs sont aussi employés pour la composition blanche ».

5. Mettez en évidence Les produits qui doivent €tre délayés plus tard, en vue de l’opération de l’iosis, et traitez (les) conformément à l’opinion d’après laquelle les corps qui n’ont pas de substance propre agissent convenablement sans feu.[137]

Quelques-uns veulent employer au 2e et au 3e rang dans l’opération de l’iosis, les plantes, telles que la fleur de l’anagallis et la rhubarbe, et les (espèces) semblables; quelques-uns emploient, le safran et la racine de mandragore, celle qui porte de petits tubercules. J’ajouterai que sans elle rien n’est teint, et que toutes (les espèces) sont délayées en même temps qu’elle avec la gomme, dans l’opération de l’iosis. Mais tous ont rappelé qu’il ne faut pas détruire le ferment dans cette liqueur; et il en est de même pour le corps qui doit être teint.

6. Si tu dois teindre en argent, (il faut) faire macérer en même temps une feuille d’argent; pour teindre en or, c’est une feuille d’or. Car le blé engendre le blé, et le lion (engendre) le lion, et l’or (engendre) l’or.[138] Projette, dit-il, de l’argent commun, et tu teindras. Car une seule liqueur est désignée pour les deux (teintures).

Voici à présent ce qui regarde la teinture de la préparation.[139] L’eau divine préparée suivant la vraie formule, celle qui est bien fabriquée, teint les préparations; et lorsque la préparation est teinte, alors elle-même teint à son tour. C’est pour cela que les ferments, les ferments préparatoires, les ferments acides, les ferments dor et analogues sont tenus cachés. [Or en toutes choses tout est découvert par les gens intelligents.]

7. Parlons des quatre corps qui résistent au feu, des corps) qui servent de support (à la teinture), c’est-à-dire de la composition ultérieure. Après l’avoir composée, nous en prenons une partie, en y ajoutant de l’eau divine, jusqu’à ce que se produise la couleur et le ton du corps correspondant,[140] selon Marie. Quand on a obtenu la composition ultérieure, les quatre corps qui servent de support, non-seulement on projette sur eux la composition du ferment d’or, mais aussi la composition de l’eau de soufre. On doit faire la projection sur les (corps) que voici le fer, ou l’étain, ou le plomb, ou le cuivre, etc. Tous ces corps subissent la projection. Écoute ce qu’il dit dans le chapitre des deux compositions : « Si tu projettes sur du fer, (il s’affine) ; si tu projettes, sur du cuivre, il s’affine d’abord; si c’est sur du plomb, il perd sa fluidité ; si tu opères d’abord sur l’étain, il devient rigide. Projette ainsi, dit-il, et pour que tu ne te trompes pas, blanchis d’abord. »

8. Discourons maintenant sur l’affinage[141] du cuivre. Les espèces employées comprennent les feuilles de pêcher et de laurier,[142] ainsi que les terres blanches, (les sucs) de mûrier et de figuier,[143] le suc de tithymale, le natron roux, le sel de Cappadoce et les (substances) semblables. Dans cette liqueur, dit-il, dépose les écailles du cuivre,[144] pendant 15 jours et tu le trouveras affiné, c’est-à-dire blanchi. Telle est la composition de la liqueur du soufre blanc.

Voici ce que le Philosophe a exposé dans la dernière classe des liqueurs:

« Certes le soufre blanc blanchit le cuivre. Mais s’il s’agit du soufre jaune, le cuivre est traité par la couperose et le son; puis, après l’avoir jauni, on met ce cuivre, en même temps que le soufre, dans du vinaigre, etc., afin qu’il devienne ios. » Il dit en effet, que la couperose produit la couleur d’or. Si la couperose est délayée avec le soufre, la pyrite et le son, et le soufre jaune ajouté à ce mélange jaune; et si on le laisse déposer (sur le métal, afin qu’il le ronge), le soufre produit ainsi le jaune.[145]

9. Qu’est-ce donc que l’affinage, ou le jaunissement? L’affinage et le jaunissement diffèrent entre eux seulement par la couleur : c’est-à-dire que l’affinage par le soufre (est) un blanchiment; tandis que l’opération de l’iosis est un jaunissement. Voyons ce qu’il dit encore: « Si tu veux amollir le fer, prépare des écailles[146] menues de fer; dispose une couche de terre de Samos; puis étends une seconde couche d’alun lamelleux. Tu obtiendras un métal mou et blanc. » Or, les espèces de cette nature appartiennent au (genre du) soufre blanc. Hermès, parlant du ramollissement, disait ensuite « Et il sera blanchi », C’est pour cette raison que le Philosophe disait:

« Mets en outre la moitié de la préparation blanche, c’est-à-dire du soufre blanc[147] ».

10. Cherchons maintenant ce que c’est que la rigidité. Le Philosophe (dit):

« Prends du plomb blanc qui a perdu sa fusibilité, grâce à la terre de Chio et à l’alun. Ces espèces appartiennent (au genre) du soufre blanc. Or le soufre blanc, une fois blanchi, fait blanchir ». Démocrite (dit encore) : « Lorsque tu auras affiné, amolli, donné de la rigidité et ôté la fluidité, ou bien lorsque tu auras blanchi ». Le blanchiment (s’obtient) par le soufre blanc. Vois le Philosophe, pris d’un transport divin au sujet de ce soufre blanc : « Si la préparation devient semblable au marbre, il y a là un grand mystère; car elle blanchit le cuivre, c’est-à-dire elle l’affine; elle amollit le fer; elle ôte à l’étain sa flexibilité, au plomb sa fluidité; elle rend les substances solides et les teintures fixes.

Ces teintures, (ce sont) les espèces, depuis le mercure,[148] jusqu’à la chrysocolle, celles qu’on appelle la fleur d’or. Quelques-uns ont parlé à bon droit de ce soufre, au sujet de toutes (des choses). En effet, Stephanus,[149] lorsqu’il disait: les substances solides, parlait des quatre corps. D’autres disaient: « c’est l’eau divine, (c’est) le grand mystère entre tous, ce qui devient semblable au marbre, ce qui blanchit toute substance, ce qui blanchit le corps du molybdochalque,[150] c’est la fumée des cobathia.[151] C’est là ce qui rend les teintures fixes, ce qui maintient solides les substances. » Or, si tu veux parler (de rendre) les substances solides, ce n’est pas pour que les substances amenées à une mollesse oléagineuse se crevassent, mais afin d’éviter la déperdition des (matières) qui ont coutume de disparaître par l’action du feu, depuis la vapeur sublimée jusqu’à la chrysocolle; attendu qu’il s’agit d’obtenir des teintures. Écoute-le parler à ce sujet: « Il faut mettre, en outre, du fer, ou du cuivre, ou de l’étain, ou du plomb ». Voilà ce qu’il nomme des teintures : les quatre corps, lesquels une fois teints, teignent (à leur tour). Or ce qui teint les teintures et les choses teintes, (c’est) l’eau divine, le grand mystère, ce qui est semblable au marbre; ce qui rend toutes choses aptes à l’opération, ce qui brûle le cuivre et le blanchit, ce qui fixe le mercure, ce qui affine, voilà le grand mystère de l’art tout entier. En effet, l’eau jaune est un mystère manifeste.

11. Mets donc un peu de gomme et tu teindras toute sorte de corps. C’est là ce qui agit dans la calcination, le blanchiment, le jaunissement, la fixation du mercure, l’iosis. Lorsqu’il parle des substances solides, en traitant de la destruction des substances, il parle (de la perte) des espèces volatiles. Or ce soufre blanc est récapitulé dans les deux compositions; car il dit : « Si c’est sur le fer, il amollit d’abord, etc. » C’est-à-dire blanchis d’abord toutes choses, comme il a été expliqué, lorsque tu auras affiné et ramolli, rendu rigide et non fluide; blanchis le Tout, les quatre corps qui servent de support. Tel est le début en suivant une marche unique, celle du blanchiment. Or le blanchiment (s’obtient) au moyen du soufre blanc. Le poids des soufres blancs se trouve dans la dernière classe, celle des liqueurs blanches, savoir: arsenic doré 1 once, (autant de) natron et matières semblables, pellicules des feuilles de pêcher et de laurier 1 once, (autant de) suc de mûrier, sel, etc. Il faut mêler ensemble ces matières, suivant la proportion des pesées. Le mercure va, dans les deux compositions, s’emparer de toutes (les matières), c’est-à-dire les ramollir; j’y reviendrai à propos du cinabre.[152] Mais pour que cette amalgamation ait lieu, il ne faut pas délayer les deux compositions avec des blancs d’œufs, de l’eau de gomme blanche. Car dans ces (compositions), le mercure[153] a pour effet d’attaquer tout, de s’emparer de tout, de tout amollir. Je me suis expliqué là-dessus dans (le chapitre des) molybdochalques.

12. Quelques-uns ont adouci l’eau divine, en la rendant plus épaisse, et ont repris les compositions avec le mercure. En effet, la composition blanche contient les œufs et la gomme. D’autres mettaient le Tout dans un grand vase de verre,[154] luté tout autour, et ils faisaient chauffer sur un feu faible; ils y plaçaient de l’eau divine, et cuisaient comme (on fait pour) la pourpre. Il faut procéder dans la transformation comme on le fait avec le produit tiré de la mer, lorsque ce produit est changé en pourpre véritable. Par suite, le Philosophe (dit): « La céruse a une puissance différente en raison de l’helcysma,[155] selon qu’il s’agit de celle qui sert à la teinture en or, c’est-à-dire en pourpre, ou bien de celle qui sert à la teinture en blanc, c’est-à-dire en argent ». La même composition délayée possède plusieurs sortes d’actions. « Toutes les substances (métalliques), dit-il, proviennent de la seule nature du plomb; le cuivre ajouté, tu le sais, forme toute la composition[156] ». Voilà comment il a désigné la mutation par l’helcysma, dans ses démonstrations: « Après avoir fait chauffer l’eau divine ». Par ce mot « faire chauffer, ils ont désigné la production (de la) couleur. Ils ne se sont pas bornés à unir le mercure;[157] mais, en outre, ils ont blanchi et jauni la composition, faisant chauffer sur un feu doux et ne laissant pas la fumée se dissiper par l’instrument. Car c’est en elle que réside l’esprit tinctorial. On fait cuire jusqu’à ce que la couleur soit répandue (dans toute la masse); les uns pendant neuf heures, d’autres pendant deux jours.[158] Cela fait, on recouvre l’instrument avec une coupe et on le place sur une kérotakis, ou dans un matras, au- dessus du fourneau; on chauffe le fourneau, à partir de ce moment, pendant un jour,[159] d’autres pendant deux. On regarde à travers la coupe ce que devient la céruse, puis on enlève le produit.

13. Quelques-uns fabriquent du jaune;[160] ils font un trou au milieu (du vase). A la partie inférieure on ne trouve que des scories, (la vapeur) s’étant séparée à la partie supérieure; car dans (la composition) à deux couleurs, la scorie se rencontre avec le plomb. Après avoir détaché la scorie, on obtient le corps métallique. On pulvérise cette pierre et on l’expose au soleil, jusqu’à ce qu’elle soit blanchie. On prend la moitié du poids du produit, on y ajoute du mercure et du soufre comme complément, ainsi que de la gomme blanche. On fixe sur de la cendre chaude pendant un jour entier, jusqu’à ce que l’eau divine soit complètement desséchée. On ajoute donc de l’eau divine. Lorsque toute cette eau a été consommée, on la renouvelle, et l’on fait chauffer les matras pendant une heure, (sur un feu) indirect: on obtient ainsi la céruse. La substance encore bouillante est transportée sur du soufre apyre, et sur de l’eau de soufre, pour l’autre moitié du poids: on laisse déposer pendant (deux) jours, jusqu’à ce que l’ios soit produit.

14. Quelques-uns enfouissent le vase dans Je crottin de cheval, pendant le même nombre de jours. On y met du cuivre, en ajoutant après la teinture du fer blanchi,[161] si l’on veut fabriquer de l’argent. Si c’est de l’or, on délaie de nouveau avec le produit moitié de son poids de mercure et moitié de soufre (j’entends du soufre jaune), ainsi que de l’eau de soufre natif et de la gomme. On fixe en chauffant par en dessous et l’on commence par faire cuire, pendant deux jours et deux nuits. Après avoir enlevé bouillant, on met de l’eau divine sur le résidu du soufre, et l’on fait chauffer pendant deux jours. Quand le produit est cuit à point, on ajoute de l’argent commun.

15. La préparation du blanc est celle-ci : soufre, arsenic, sandaraque, cinabre, en quantités égales, macérés d’avance; sel de Cappadoce, autant; fleur de sel, alun, lie de vin cuite, calcaire cuit, aphroselinon, misy cru et cuit, natron et sel, mêlés à parties égales avec de l’eau de mer. On expose au soleil pendant un nombre convenable de jours, jusqu’à ce que la teinture de sienne capable de résister au feu. Ensuite on délaie ces matières avec de l’eau divine, de façon à rendre la couleur stable à chaud. Je veux parler de l’eau blanche, (obtenue) au moyen de la chaux délayée. Après avoir rendu la couleur stable, tu la mélanges, à raison d’une mine pour une demi-mine, et la quantité suffisante d’eau divine.

16. L’eau de soufre obtenue au moyen de la chaux se fabrique de la manière suivante: Après avoir mélangé toutes les eaux du catalogue, par portions égales, ajoute des terres blanches jusqu’à ce que (le mélange) devienne très blanc. Mets dans une marmite, installe l’appareil avec du feu dessous et reçois ce qui distille. Emploie ce produit pour le délaiement du soufre et la cuisson de la composition.

17. Le soufre jaune se prépare comme il suit : soufre, arsenic, sandaraque, cinabre, son, couperose, chalcite, misy, alun, natron, sel, bleu d’Arménie; tout cela macéré d’avance. Délaie avec du vinaigre, en exposant au soleil pendant un nombre convenable de jours. De ce soufre tu projettes une demi-mine, pour une mine (de matière).

18. L’eau du soufre pur se prépare comme il suit : les eaux du catalogue, par portions égales; terre pontique, terre attique, bleu d’Arménie; on ajoute des plantes, c’est-à-dire du safran et de la chélidoine, en quantité double. Mets dans une marmite, et, après avoir joint les diverses parties de l’appareil, prends l’eau qui en sort (l’eau de soufre), destinée aux produits qui résistent au feu. Arrose la composition avec de la gomme, du mercure et de l’eau de soufre, comme je l’ai dit précédemment, le tout par moitié. Après avoir fixé sur un bain de cendres chaudes, jusqu’à ce que toute l’eau soit partie, fais cuire pendant jours, jusqu’à ce que le produit soit devenu extrêmement jaune. Enlève le produit encore bouillant, mets-y le résidu de la préparation, et laisse déposer pendant un nombre convenable de jours, jusqu’à ce que le produit soit changé en ios. Après avoir desséché et pulvérisé, on conserve. C’est ce produit que l’on male avec l’argent commun pour teindre. Quelques-uns après avoir opéré l’iosis, enfouissent dans le crottin de cheval.

19. Il a été établi que toutes les espèces (sont) communes aux liqueurs: si ce n’est que les matières blanchies font blanchir, et les matières jaunies font jaunir. Il faut savoir qu’après avoir accompli l’œuvre on doit mêler avec la composition. Quant à savoir ce qui teint le mieux, c’est un soufre dont tout le monde a parlé. Agathodémon, notamment, disait a Prends du soufre, tantôt blanc, tantôt jaune, tantôt noir, tantôt enfin blanc fixe, et tantôt jaune fixe. Il a donc montré, comme on l’a dit, que toutes les espèces (sont) communes aux liqueurs; si ce n’est que blanchies, elles - font blanchir, et que jaunies, elles font jaunir.

III. xvii. — SUR CETTE QUESTION:
QU’EST-CE QUE LA SUBSTANCE SUIVANT L’ART, ET QU’EST-CE QUE LA NON-SUBSTANCE?
1. Démocrite a nommé substances les quatre corps métalliques; il entendait par là le cuivre, le fer, l’étain et le plomb. Tout le monde les emploie dans les deux teintures (d’or et d’argent), et toutes les substances subissent les deux teintures. Toutes les substances ont été reconnues par les Égyptiens comme produites par le plomb seul; car c’est du plomb que proviennent les trois autres corps.[162] Il a donc nommé substances les matiresJ résistant au feu, et les matières qui n’y résistent pas : non-substances. En effet, les non-substances agissent d’une façon convenable, indépendamment du feu. Il disait qu’elles sont engendrées par l’action des appareils et de la combustion; tandis que le vrai résidu de la préparation, préparé sans l’action du feu, produit une teinture table en blanc ou en jaune. L’emploi de la préparation fugace obtenue par la flamme détruit le jaunissement du molybdochalque défectueux, attendu qu’il le fait disparaître. Sur ce point il ne faut pas se tromper. Vois comme il s’exprime à cet égard : Amène à consistance visqueuse; enduis avec la moitié de la préparation destinée à la cuisson et teins avec le reste, de façon que la couleur soit fixée sans le concours du feu.

2. On appelle non-substances les matières sulfureuses ne résistant pas au feu. Mais l’emploi des liquides convenables leur communique la propriété de résister au feu et d’y demeurer stables: car l’eau combat l’action du feu. C’est pour cela qu’il dit: « La nature, acquérant en propre la qualité contraire, devient solide et fixe, dominante et dominée ». Ainsi elle acquiert en propre la qualité sulfureuse, celle qui donne son nom à l’eau de soufre natif. Pourquoi parle-t-Il aussi du contraire? C’est que l’eau est le contraire du feu. Sa qualité liquide empoche que les matières soumises au feu ne s’évaporent et ne se volatilisent. Elles sont comme ensevelies dans l’humidité et retenues jusqu’à ce qu’elles se teignent. L’eau retient parce qu’elle est liquide. C’est pour cela qu’il dit : « La nature acquérant en propre la qualité contraire, » etc. On a expliqué comment au moyen des liquides on obtient des produits qui résistent au feu; or, les liquides, c’est l’eau divine.

III. xviii. — SUR CE QUE L’ART A PARLÉ DE TOUS LES CORPS EN TRAITANT D’UNE TEINTURE UNIQUE
1. D’après le catalogue, on sait que Hermès et Démocrite ont parlé sommairement d’une teinture unique, et les autres y ont fait allusion. C’est ainsi que Africanus dit : Ce que l’on emploie pour la teinture, « sont les métaux, les liquides, les terres et les plantes ». Chymès l’a déclaré avec vérité : « Un est le Tout, et c’est par lui que le Tout a pris naissance. Un est le Tout, et si le Tout ne contenait pas tout, le Tout n’aurait pas pris naissance.[163] Il faut donc que tu projettes le Tout, afin de fabriquer le Tout. Pébichius: « Par le moyen des quatre corps ». Marie : « Par le moyen de la feuille de la kérotakis. Agathodémon: « Après l’affinage du cuivre, (son atténuation et (son) noircissement, et ensuite son blanchiment, alors aura lieu un jaunissement solide ». Toutes les autres (matières) sont expliquées semblablement chez eux.

2. Lorsque Marie parle de cette question, elle dit : « Il existe un grand nombre de corps métalliques, depuis le plomb jusqu’au cuivre ». Lorsqu’elle parle des diplosis, elle dit : « Il y a, en effet, deux sortes de matières employées, tantôt l’alliage de cuivre et d’argent, tantôt l’alliage d’or et d’argent; le molybdochalque et tous les autres y sont compris[164] ». Quant à la purification de l’argent, ou à son noircissement, j’en ai parlé précédemment. Comme quoi une seule teinture s’applique à toutes (les matières), Marie seule le dit et le proclame en ces termes : « Si je parle du cuivre, ou du plomb, ou du fer, j’entends par là (leur) ios. »

III. xix. — LES QUATRE CORPS SONT L’ALIMENT DES TEINTURES
1. Voici comment: Marie dit que le cuivre est teint d’abord, et qu’alors il teint. Leur cuivre, ce sont les quatre corps. Voici les teintures : (elles comprennent) les espèces solides et liquides du catalogue, ainsi que les plantes; les solides, depuis la vapeur sublimée jusqu’à la chrysocolle. Quant à toutes les (espèces) liquides du catalogue, en réalité, il s’agit de l’eau divine.

2. Ainsi, de même que nous sommes nourris au moyen des matières solides et liquides (réunies), et que nous sommes colorés seulement par leur qualité propre, de même se comporte leur cuivre; et de même que nous ne sommes pas nourris au moyen de solides seuls, ou de liquides (seuls), de même aussi le cuivre ne l’est pas davantage. En effet, lorsque nous n’avons reçu (comme aliment) que de la matière solide, nous sommes enflammés, brûlés, empoisonnés; de même aussi leur cuivre. Par contre, si nous n’avons pris que des boissons, nous sommes enivrés, nous avons la tête lourde, nous avons les joues colorées, et nous vomissons; (de même) aussi le cuivre. Lorsqu’il a pris la couleur de l’or, par l’action de l’eau divine, il est alourdi et rejette, et aussitôt après (sa teinte) devient fugace. Mais lorsque nous avons pris en bonne proportion une nourriture composée des deux ordres de matière, solides et liquides, nous sommes alimentés raisonnablement; nos joues se colorent raisonnablement et la faculté nutritive répartit la nourriture dans l’estomac, en raison de sa faculté de la retenir. De même aussi le cuivre, recevant les solides d’un côté à titre d’aliment, se nourrit d’autre part de l’eau divine unie à la gomme, à titre de vin; il se colore, en raison de la faculté de retenir qui réside en lui. C’est ainsi que dans (l’ouvrage) précité, elle a dit: « Les sulfureux sont dominés et retenus par les sulfureux ». De là cette vérité : « La nature charme, vainc et domine la nature ».

3. « De même, dit-elle, que l’homme est composé des quatre éléments; de même aussi le cuivre; et de même que l’homme résulte (de l’association) des liquides, des solides et de l’esprit; de même aussi le cuivre. Or Apollon, dans ses oracles, dit que l’esprit est la vapeur

Et un esprit plus noir, humide, pur.[165]

Marie a parlé convenablement de la vapeur (en disant) : « Le cuivre ne teint pas, mais il est teint; et lorsqu’il a été teint, alors il teint; lorsqu’il a été nourri, il nourrit; lorsqu’il a été complété, il complète ». Bonne santé.

III. xx. — IL FAUT EMPLOYER L’ALUN ROND
DISCOURS CONTRADICTOIRE[166]
1. Tu sais que: Un est le Tout et que du Tout naît le Tout. Or il faut savoir, comme nous l’avons démontré dans nos commentaires précédents, que les philosophes désignent sous le nom unique d’un corps tous ses dérivés; principalement lorsqu’ils parlent du cuivre et du corps de la magnésie. Non seulement la vapeur sublimée rend le cuivre sans ombre; mais encore le cuivre admet toutes les espèces, de même que le corps de la magnésie se fixe avec toutes. En effet il dit: « Fixe le mercure avec le corps de la magnésie.[167] Chercherons-nous donc à retenir la vapeur sur le Tout, afin de le fixer de cette manière? Tous les écrits (disent) passim: « Après avoir retenu la vapeur ». Or nous avons appris par l’expérience que s’il n’y a pas d’or, d’argent, d’étain, de plomb, la vapeur ne s’absorbe pas : que ferions-nous donc des pierres et du fer[168]?

2. Parmi les écrits, les uns disent: Il faut réduire le tout en bouillie et faire absorber l’eau de gomme: d’autres mettent en avant la vapeur (sublimée). Quant à moi je trouve préférable de broyer avec le cinabre. On sait que la cuisson de cette matière produit le mercure. C’est de cette façon qu’on le prépare. En effet, les espèces traitées au soleil, au moyen de l’eau ou du vinaigre, engendrent la vapeur (sublimée). Cela, nous le savons par expérience.

Tous les écrits et (notamment) Chymès et Marie parlent d’un mortier de plomb et d’un pilon de plomb.[169] On y délaie la chaux et le cinabre, avec le vinaigre, au soleil, jusqu’à ce que le mercure se développe. On produit a même effet avec l’étain. Les (espèces) chauffées, ou calcinées, ou fixées, ou teintes, sont susceptibles de fournir le mercure, si l’opération est faite suivant les préceptes de l’art. Quelle que soit celle de ces matières que l’on travaille, si elle est du cinabre en puissance, elle fournit de la vapeur et celle- ci s’échappe, le mélange étant délayé avec toutes sortes de corps.

3. On dira peut-être qu’il est préférable de broyer (le mercure) préalablement fixé et changé en ios; attendu que les écrits ne parlent pas d’une simple fixation. Mais, suivant tous, la vapeur blanche, projetée sur notre cuivre, en fait de l’argent sans ombre. De même Stephanus, en présence de toutes les espèces, imagine qu’il s’agit d’une simple (fixation) par toutes les espèces. Mais, si l’on n’emploie qu’une simple fixation, sachez tous que l’on ne fait rien par là. En effet, la vapeur s’évapore pendant la fixation dans le feu et, l’esprit tinctorial étant perdu, on n’obtient rien; tandis que si le cinabre est cuit avec les espèces, l’esprit n’est pas perdu. Cet esprit, c’est-à-dire la vapeur chauffée par le feu et poussée à la volatilisation, est retenu par les corps congénères qui y sont unis, notamment par l’étain.[170]

4. D’après certain auteur, on doit se servir de l’alun rond,[171] au lieu de la vapeur (du mercure). Marie s’exprime conformément à cette opinion, lorsqu’elle dit: « L’infusion des teintures a lieu dans des fioles vertes; soumises à un feu graduellement croissant. Le fourneau en forme de four a des mamelons, à sa partie supérieure. Si tu ne peux réussir, emploie le double d’alun rond, couleur de cinabre;[172] ce qui vaut mieux pour atteindre le même résultat. Avec d’autres putes on réussit aussi. En effet la vapeur sublimée se fixe seulement sur les quatre corps; quelques-uns disent qu’elle est absorbée par les autres corps, avec le concours de la chrysocolle. Pour ma part, je sais bien que la chrysocolle seule ne la retient pas; (mais) les corps métalliques morts et délayés conservent tous la vapeur[173] ».

5. Il a été dit par Agathodémon que la chrysocolle et la vapeur sont amies l’une de l’autre; (la chrysocolle) la retient; l’une agit comme la limaille[174] », l’autre, même broyée, n’a pas l’adhésion du cinabre.[175] L’une et l’autre, étant délayées ensemble à l’état sec, s’amalgament. Mais la vapeur en puissance agit sur le cuivre en puissance[176] et ils s’unissent ainsi.

6. Il faut chercher comment la vapeur est absorbée par toutes choses, non seulement par les corps métalliques à l’état vivant et délayé, mais encore à l’état brûlé. En fait, elle est absorbée par les métaux, surtout ceux qui tirent leur origine du cuivre.[177] Si tu ne réussis pas, mets le double de cinabre. On réussit ainsi avec tout; c’est là ce que le Philosophe veut exprimer en disant: « lite faut comprendre toutes choses et d’abord ne pas te relâcher de l’art; car la méditation mène au chemin véritable. Ces choses ont été rapportées par moi, qui voulais montrer que l’alun rond agit semblablement, ainsi que l’a dit surtout la divine Marie.

III. xxi. — SUR LES SOUFRES[178]
1. Ne m’as-tu pas demandé l’explication concernant les soufres, demeurant jusqu’à ce jour fidèle à ton serment? Cette explication te sera donnée en temps opportun. Tu sais que ce n’est pas seulement le Philosophe qui a mentionné les soufres, mais encore tous les prophètes; car, sans les soufres il n’y aura rien, c’est-à-dire sans l’eau divine. En effet toute la composition est absorbée par elle; c’est par elle qu’elle est cuite; par elle, qu’elle est brûlée; par elle, qu’elle est fixée; par elle, qu’elle est teinte; par elle, qu’elle subit l’iosis et par elle, qu’elle est affinée.[179] Car il dit : « Mets de l’eau de soufre natif et un peu de gomme: tu teins par là toute sorte de corps ». Ecoute encore le même auteur : « Laisse descendre et le produit se forme:[180] c’est là le mystère manifeste ». Mais quelqu’un dira : « Qu’est-ce qui ressemble à l’eau divine, parmi les sulfureux? — Nous lui répondrons : d’abord qu’est-ce qui a opéré avec autre chose que les eaux divines? Or si (personne) n’a opéré autrement, c’est avec raison que mon Philosophe n’a pas parlé d’autre chose que ce que nous comprenons (par là).

2. On appelle donc divine l’eau de soufre. Ecoute bien. On appelle divine la vapeur sublimée, émise de bas en haut. De même aussi, la cendre formée sur les parois des conduites de fumée est appelée divine. Semblablement aussi les gouttes jaillissantes des bains; les gouttes qui se fixent aux couvercles des chaudières, on les appelle pareillement divines. Le mercure blanc, on l’appelle encore divin, parce que lui aussi est émis de bas en haut.[181]

3. Les anciens[182] ont l’habitude de faire cuire les sulfureux, en les chauffant sur un feu léger dans des fioles. Or ce que le feu effectue par artifice, le soleil l’effectue par le concours de la nature divine. Le grand Hermès dit : « Le soleil qui fait tout ». Hermès dit encore partout

Expose au soleil et délaie la vapeur au soleil ». Çà et là il désigne le soleil. Le feu solaire accomplit toutes les opérations que nous avons dit précédemment s’effectuer dans des fioles. L’autre composition est bouillie de cette façon avec la saumure jusqu’à blanchiment. Il en est de même des choses dont il nous parle comme exécutées sous la canicule et sous l’influence solaire, ainsi que nous l’enseigne l’expérience des deux procédés.

De même que le levain du pain, employé en petite quantité, fait lever une grande quantité de pute; de même aussi la petite feuille d’or ou d’argent engendre toute la poudre de projection (et; fait fermenter toutes choses.

Si nous entendons dire 3, 5 et 7, on veut faire entendre le total 15.

Voilà comment ils jugent à propos d’opérer. On fait tout amollir dans des vases de verre; car les poteries de terre doivent être écartées dans l’opération de l’iosis, de crainte qu’elles n’absorbent la teinture et la fleur de la teinture. Leur nature réceptrice se sature d’abord et se teint avec la fleur d’or, et ensuite la scorie du cuivre n’absorbe plus la fleur de l’iosis.

4. Là, nous opérons la teinture dans des vases de verre, vu qu’ils se prêtent convenablement à l’iosis. Mais il ne faut pas toucher (la teinture) avec les mains, car elle est mortelle. Lorsque l’or y a été dissous, c’est le plus délétère de tous les métaux.

Les uns délaient avec l’ios, ce que tu as appris à connaître j’entends le soufre; ils (en) enduisent la feuille d’argent.

En opérant de cette façon, ils font chauffer progressivement l’appareil de l’art, sur un fourneau arrondi, dans un creuset disposé sur des gradins et l’or se produit.

5. Quelques-uns, et Marie (entre autres), ont mentionné la figure d’en bas.

« C’est ainsi qu’ils ont préparé, le mercure, dit-elle, ainsi que le soufre et l’ios, en délayant l’ensemble au soleil jusqu’à ce que le tout devienne ios. Ils disent que celui-ci (ainsi préparé) est plus actif. Quelques-uns ont accompli cette iosis au soleil seulement, sans rien ajouter, et ils affirment qu’ils ont obtenu l’objet de leur recherche. D’autres ont délayé avec l’eau divine, affirmant que c’est là leur soufre; — c’est aussi leur mercure.[183] J’ai admis l’opinion de ceux-ci plutôt que celle des autres. D’autres projetaient du mercure, tantôt cru, tantôt à l’état de concrétion jaune.[184] Quelques-uns, après l’opération de l’iosis, n’ont rien effectué au delà,

6. Quant aux philosophes, ils s’exprimaient par énigmes au sujet de (l’opération qui succède à) l’iosis, disant: « Pour teindre l’or, il vaut mieux opérer après l’iosis «. D’autres, parmi les hiérogrammates qui ont écrit uniquement sur cet art, en s’occupant du délaiement,[185] disaient que l’iosis seule fait tout, et principalement l’ios. Cela leur convenait ainsi. D’autres, après avoir fait cuire, faisaient chauffer et mettaient au feu, à la suite de la fonte; ceux-ci préféraient traiter le Tout par délaiement. Ceux qui voulaient n’avoir recours qu’au blanchiment, enduisaient une feuille d’argent, faisaient chauffer et cuire. Ils polissaient jusqu’à ce que tout eût absorbé la matière délayée, en opérant avec l’eau (de soufre?), le mercure et quelque substance semblable.

7, Comme dans la cuisson de l’art diverses couleurs se manifestent, Agathodémon plus que tous s’est préoccupé des délaiements. En cela ils sont d’accord pour enduire le petit objet[186] avec du soufre, de la chrysocolle et de la fleur de sel (délayés). Si tu t’aperçois, dit-il, que certaines substances sont brûlées, fais chauffer et délaie au soleil, jusqu’à ce que (la couleur) se développe. Par là, ils ont de préférence indiqué la cuisson et le délaiement. Ils agissent ainsi pour montrer la puissance de la préparation : prenant des objets d’argent et les couvrant d’un enduit jusqu’à moitié, ils font chauffer la préparation; et lorsqu’ils enlèvent l’objet, il est doré dans la partie enduite, tandis que l’autre (partie) reste intacte.[187]

Telle est l’explication concernant l’eau divine.

III. xxii. — SUR LES MESURES
1. L’explication concernant les mesures met en évidence tout le mystère de la cuisson; car c’est là la composition, c’est là le poids, c’est là le blanchiment, c’est là Je jaunissement. Or, dans le discours sur la composition, ces matières (ont été traitées en passant), et il en a été de nouveau question (dans le discours) sur le cuivre et l’iosis. Il paraît employer ce plomb, lorsqu’il dit: « saupoudre avec du plomb », il ne parle pas du plomb simplement, mais il ajoute: « avec notre plomb noir, provenant du minerai de Coptos et de la litharge ». Or l’opération de saupoudrer me paraît être un délaiement, comme je le montre d’après tous les écrits, dans mon Traité sur l’Action, en y parlant du poids. Ils ont l’habitude de peser ensemble secrètement les choses au moyen desquelles ils brûlent, ou saupoudrent, ou projettent. Ils pèsent le plomb destiné au saupoudrage : le blanchiment est soumis à la pesée ainsi que l’ios, lors de la projection. En effet: « rejette, dit-il, la moitié de la préparation blanche, etc. »

2. Ainsi toutes choses ont été cachées dans toutes les opérations de l’art, relativement à la pesée comparative et à l’iosis. Je dis toutes choses en même temps : attendu que si le soufre prédomine dans la coupe, on ne voit pas la composition placée au-dessous, de façon à connaître quand elle est blanchie par (l’action du) soufre lui-même. C’est lorsqu’il devient blanc, que l’on reconnaît que la (composition) située au-dessous a été blanchie. Par suite, Agathodémon disait de prendre (chaque préparation de) soufre,[188] qu’il fût blanc ou quelconque.[189] C’est son état qui indique la cuisson. On enlève et on fait chauffer (le produit) avec le surplus du soufre; il le sépare (en deux portions?), plutôt qu’il ne l’affine; car il s’empare de (la composition) blanchie. Si on le laisse (trop longtemps), il tourne au jaune.

C’est pourquoi le soufre produisant le blanchiment, nous chercherons le poids du Tout d’après les philosophes.[190] On prend dans la (classe) dernière des liquides, une once d’arsenic et moitié autant de natron ; des pellicules de feuilles de pêcher encore tendres, deux onces; du sel, la moitié; du suc de mûrier, une once. Puis on délaie tout cela avec de l’alun lamelleux et du vinaigre, ou de l’urine, ou de la lessive de chaux, jusqu’à ce qu’il se forme une liqueur. Ensuite, on teint les feuilles (métalliques?) ternies; puis on fait disparaître l’ombre du métal. Il faut mettre tous les résidus, et, avant tout, une partie d’arsenic et de sandaraque, deux parties de chaux, ainsi que les eaux divines. Après avoir obtenu une liqueur blanche semblable à du marbre, on arrose avec elle; ou bien l’on y fait cuire dans le vase (Troullon)[191] la composition susdite.

III. xxiii. — COMMENT ON BRÛLE LES CORPS
1. Cherchons maintenant, d’après les philosophes, ce que c’est que brûler les corps ; car l’explication concernant les poids y aboutit et l’ensemble (de notre étude) renferme (cette question). Introduis le Philosophe disant: « Prends la vapeur (qui provient) de l’arsenic, fixe-la suivant l’usage; ajoute du cuivre ou du fer à (la préparation) sulfureuse, et le métal blanchit. Quelques-uns expliquent le (mot) « sulfureuse » par « brûlée »; car ceux—ci dans leur ignorance brûlent le cuivre avec le soufre, et le fer avec la magnésie. Or ce n’est pas là brûler, mais détruire. L’opération de brûler dans le Philosophe est nommée blanchiment. De même que l’affinage et les autres opérations ont été démontrés être un blanchiment; de même aussi l’opération de brûler dont il parle ici est un blanchiment; dans le second (cas), c’est un jaunissement.

2. Ainsi, le Philosophe brûle le cuivre au moyen de l’eau de soufre, pratiquant une décoction, comme il a été dit précédemment. « En effet, dit-il, mets-(y) la moitié de la préparation blanche ce sera le premier degré. Fais la cuire. Nous conservons l’autre moitié pour l’iosis. » C’est aussi pour cette raison que Pébichius, passim, disait « Partagez la préparation en deux parties. Brûlez le cuivre dans du bois de laurier,[192] c’est-à-dire dans la composition blanche; car les corps brûlés de cette façon avec des feuilles de laurier, après avoir été cuits dans l’eau de soufre, sont blanchis en même temps. Tel est le (précepte). Emploie du cuivre ou du fer sulfuré; par ce (procédé), il sera aussi blanchi ». Agathodémon donne le même conseil : à savoir que les corps doivent bouillir et cuire avec la vapeur dans l’eau divine. De cette façon il y a opération de brûler et blanchiment. Car à l’occasion de l’étain le Philosophe supposait la cuisson : « Tu feras cuire la vapeur indiquée précédemment dans l’huile de ricin ou de raifort, après y avoir mélangé un peu d’alun ». Il dit ensuite « Fais les mélanges de l’étain, etc. et toutes choses seront traitées jusqu’au bout avec deux classes (de corps) seulement s. Après avoir parlé des jours, il a mentionné toutes choses; après avoir parlé des huiles, il a mentionné l’eau divine; à la suite de l’alun, le soufre; à la suite de l’étain, les deux formules; car la vapeur (sublimée) imprègne ce métal.[193]

3. Les projections (se font) encore ici avec les liqueurs de soufre; tandis que la cuisson concerne l’ensemble, qui (est) une combustion, ou une décoction et un blanchiment. C’est par là que les corps sont brûlés et cuits. Cette opération (est celle) qui a été proclamée de tout temps; celle que tous les écrits enseignent en ternies mystérieux, (en prescrivant de) brûler le cuivre avec le soufre. Mais les autres (modes de) chauffage sont des destructions, plutôt que des combustions. Le cuivre, s’il est brûlé, (devient) un cuivre propre à tout et apte à la teinture; en disparaissant, il devient électrum. Si l’on force le feu, il devient jaune, la moitié du soufre étant brûlée. Il faut le quart de magnésie. Ainsi nous ajoutons 4 onces de cuivre, 1 once de fer, 6 scrupules de magnésie; 2 chalques[194] d’étain et de plomb, de la cadmie, du claudianon, de la chrysocolle, du cinabre, en proportion du nombre d’onces des métaux. Si tu procèdes en proportions égales, par à peu près, tu peux réussir. Mais opérer dans ces conditions, c’est laborieux et peu sensé. Il faut procéder par pesées. Démocrite ayant dit : (Rien n’a été omis, rien ne manque » ; certes, par le mérite de Démocrite! rien n’est laissé en arrière: la composition des corps dissous, c’est-à-dire la montée de l’eau divine et de la vapeur, nous l’avons exposée sincèrement; et nous avons donné par là l’interprétation du Livre. Maintenant que nous avons décrit la mesure pour l’acte de brûler, examinons celle du jaunissement.

III. xxiv. — SUR LA MESURE DU JAUNISSEMENT
1. Pourquoi Agathodémon a-t-il écrit sur ce sujet? Ce n’est pas en vue d’enseigner la mesure, mais pour dire qu’il faut employer en safran et en chélidoine le double des autres herbes; car celles-ci ont de plus grandes propriétés tinctoriales. Il règle la proportion, en raison du soufre blanc. L’eau tirée des soufres, des jus et des herbes, est appelée ici eau de soufre pur. C’est avec cela qu’ils arrosent et font cuire la composition blanche: elle est jaunie par là. Fais cuire, comme tu l’as entendu dire précédemment, en enlevant dès que la matière jaunit. C’est la mesure du jaunissement. Telle est l’explication concernant la mesure, annoncée plus haut.

2. Il faut savoir que pendant qu’on accomplit l’œuvre, plusieurs causes concourent, les unes visibles à l’œil nu, les autres non. Les premières sont les espèces lavées ou mélangées, le molybdochalque et les similaires, la pyrite et les similaires. Il ne faut pas que la pyrite et l’androdamas soient traités d’avance par le vinaigre, d’après ce que disent les écrits, afin d’éviter que leur partie cuivreuse ne se change en ios; — plus tard elle sera mélangée avec le cinabre et ses similaires. Il est permis (de les exposer) au soleil, ainsi que les autres choses semblables.

3. Marie (place) en première ligne le molybdochalque et les (procédés de) fabrication. L’opération de brûler (est) ce que tous les anciens préconisent. Marie, la première, dit: « Le cuivre brûlé avec le soufre, traité par l’huile de natron, et repris après avoir subi plusieurs fois le même traitement, devient un or excellent et sans ombre. Voici ce que dit le Dieu: Sachez tous que, d’après l’expérience, en brûlant le cuivre (d’abord), le soufre ne produit aucun effet. Mais lorsque vous brûlez (d’abord) le soufre, alors non seulement il rend le cuivre sans tache, mais encore il le rapproche de l’or ». Marie, dans la description située au-dessous de la figure, le proclame une seconde fois, et dit: Ceci m’a été gracieusement révélé par le Dieu, à savoir que le cuivre est d’abord brûlé avec le soufre, puis avec le corps de la magnésie; et l’on souffle jusqu’à ce que les parties sulfureuses s’en échappent avec l’ombre: (alors) le cuivre devient sans ombre».

4. C’est ainsi que tous brûlent. C’est ainsi que dans la chimie (maza)[195] de Moïse on brûle avec du soufre, du sel, de l’alun et du soufre (j’entends le soufre blanc). Ainsi encore Chymès brûle dans beaucoup d’endroits, sur tout lorsqu’il opère avec la chélidoine. Ainsi dans Pébichius, l’opération de brûler dans du bois de laurier[196] est exposée énigmatiquement et par périphrase; les feuilles de laurier signifiant le soufre blanc. Telle est l’explication concernant les mesures.

5. Voici ce que Marie a dit, çà et là, dans mille endroits : « Brûle notre cuivre avec du soufre et, après avoir été repris, il sera sans ombre ». Non seulement elle sait le brûler avec le soufre blanc, mais encore le blanchir et le rendre sans ombre. C’est aussi avec le (soufre) que Démocrite brûle, blanchit et rend sans ombre. Et encore, « non seulement ils brûlent le soufre jaune, mais ils rendent le métal sans ombre et le jaunissent». Voici ce que dit Démocrite: Le safran a la même action que la vapeur; de même que la casia par rapport à la cannelle ». Dans la chimie de Moise, vers la fin, pareillement, il y a ce texte: « Arrose avec l’eau de soufre natif, il deviendra jaune et sans ombre »; c’est-à-dire évidemment, brûlé.

6. Telle est l’opération de brûler; tels sont le blanchiment, le jaunissement, et dans les deux (cas), le fait de rendre (le métal) sans ombre. Brûlant et reprenant de cette manière, vous rendrez le cuivre pareil à l’or (et) sans ombre, apte à la diplosis de l’argent et de l’or.[197] Mais personne, à moins de connaître toute la route, ne pratiquera bien la diplosis; autrement il agirait comme celui qui dessécherait des raisins encore verts. Quelques-uns placent, dans tous leurs pots de terre des vases de verre carrés, pour faire cuire et digérer sur la kérotakis (bain marie); et ils les appellent lécythes (flacons). Agathodémon prescrit de délayer fortement, en se conformant à la marche suivie par les médecins pour les collyres.

7. Tel est donc l’acte de brûler les corps; telle l’explication concernant les mesures. L’acte de brûler est appelée blanchiment; pour le soufre, cet acte est appelé blanchiment et destruction de l’ombre. Le blanchiment même est appelé iosis et l’affinage est aussi un blanchiment. L’acte de brûler est encore appelé jaunissement, la destruction de l’ombre, jaunissement, et l’iosis, jaunissement. Le prophète Chymès, s’écriait avec enthousiasme « Après les projections, il faut le rendre jaune et sans ombre ». Ensuite on t’expliquera le procédé relatif à l’eau divine et à l’iosis ou décomposition.

III. xxv. — SUR L’EAU DIVINE[198]
1. Il faut montrer d’abord que l’eau divine est un composé de tous les liquides, obtenu par leur mélange, et que son nom est donné à tous les liquides. De même que l’on a nommé composition solide, le produit obtenu avec chacune des compositions solides, envisagée spécialement; de même aussi, la composition liquide, tirée de chacune des espèces liquides, est dénommée eau divine, et l’on désigne ces deux compositions par mille noms:

L’eau divine est désignée par les mots: saumure, eau de mer, urine d’impubère, vinaigre, saumure acide, huile de ricin, (huile) de raifort, baume, lait de la mère d’un enfant mâle, lait de vache noire, urine, de génisse et de brebis ; quelques-uns la dénomment urine d’âne; d’autres encore, eau de chaux et de marbre, de lie de vin; eau de soufre, d’arsenic et de sandaraque, de natron, d’alun lamelleux; et encore lait d’ânesse, de chèvre, de chienne; eau de cendre de choux et autres eaux produites par la cendre; d’autres désignent aussi par ce nom l’eau de miel et d’oxymel, de vinaigre, de natron, et l’eau aérienne (rosée), celle du Nil, de l’Arction,[199] le vin Aminéen, le vin de grenade, le yin d’olivier, le cidre, la bière, enfin un liquide quelconque, pour ne pas énumérer toutes les eaux.

2. Les Anciens ont donné souvent des noms divers au blanc et au jaune. Il me paraît convenable d’exposer quelles distinctions le philosophe Pébichius faites dans sa lettre au Philosophe, sur les liqueurs jaunes. « Etends avec du vin Aminéen,... Ils n’ont pas énuméré le vin nouveau, parmi les liqueurs destinées au blanchiment. Pébichius dit encore: Le cidre, le vin d’olivier et le vin de grenade ». En ne distinguant pas davantage, ils n’ont pas rendu service à (leurs) auditeurs, et ils ont agi avec peu d’intelligence. En effet, en traitant des diverses espèces, le Philosophe les emploie pour le blanchiment et pour le jaunissement; il les emploie pour les traitements que tu as entendu signaler précédemment, destinés à brûler et à faire cuire. Il dit à propos de la pyrite: « Prenant la pyrite, traite-la et délaie-la, soit avec de la saumure acide, etc.. Voilà ce qu’il entend par eau divine blanche. Ensuite, à propos du cinabre: « Rends le cinabre blanc au moyen de l’huile, ou du vinaigre et du miel, etc. ». A propos de l’Androdamas, de même encore: « avec la saumure, ou la saumure acide ». Ensuite il ajoute « Fais chauffer l’eau de soufre natif »; afin de te faire connaître que les eaux de mer, l’urine, le vinaigre, l’huile de cinabre, l’eau de miel, tout cela c’est l’eau divine. En effet par une seule espèce il fait entendre le tout. Plus loin, dans l’article de l’Androdamas, voulant parler clairement, il disait: « Fais chauffer l’eau de soufre natif, car les liquides sont les eaux de soufre natif. »

3. Les (matières à) projection tirées de la chaux changent de nom et de couleur, quand il s’agit du soufre blanc. Ce sont la terre de Chio, l’astérite et la sélénite, pour la classe du blanc. Quand il s’agit du jaune, projette de l’ocre attique, du minium du Pont cuit, et les similaires».

Au sujet de la chrysocolle, il dit: « Brûlant cette matière et l’arrosant d’huile jusqu’à sept fois ». Dans la Chrysopée, il a fait blanchir d’abord chacune de ces (substances). Il emploie semblablement la litharge dans les deux compositions. Car il n’y a pas plus de deux décoctions pour accomplir l’opération. Parmi les liqueurs, il comprend la vapeur et la litharge, (mêlées) avec le miel le plus blanc. Il ne négligeait aucun des liquides; mais il les employait dans les deux compositions. En effet il mélangeait une solution de comaris et de lentilles(?), en y ajoutant une préparation de chélidoine; et il disait obtenir la composition de l’eau divine. Il prescrit de faire bouillir l’eau de chaux (obtenue par le marbre) avec de l’huile, et la pyrite avec du miel. Il décrit l’eau divine de diverses façons, dans ses quatre livres. Dans le livre de l’Argent; il parle de la terre de Chio, de l’astérite, de la sélénite, et de sa propre projection. Dans le livre du Jaune, il s’agit de la terre de Sinope, de l’ocre attique et de la pierre phrygienne. « Tu trouveras dans le traité des Pierres, le sang de bouc et le suc de lotos; et, plus loin ce qui est utile... Les sulfureux sont dominés par les sulfureux, et les liquides par les liquides correspondants.[200] En effet les sulfureux sont retenus par les sulfureux.

III. xxvi. — SUR LA PRÉPARATION DE L’OCRE[201]
1. La préparation de l’ocre se fait dans la montagne (voisine) de la mer appelée Adriatique. Il y a là des crevasses de la montagne; à travers les fentes on voit des couches d’ocre en plaques. L’ocre est produite aussi en Babylonie dans la montagne. On voit l’ocre dans les fentes; on l’enlève et on la fait cuire: on obtient ainsi la rubrique, que l’on appelle encore minium de Sinope. Nous, nous n’employons ni cette rubrique, ni ce minium de Sinope. Mais l’ocre indiquée ci-dessus est la véritable teinture; à moins que le métal que l’on se propose de teindre ne soit le corps de la magnésie, ou le plomb noir.

2. Quel rang doit lui être assigné en dehors des matières tinctoriales, tous les écrits s’expliquent sur ce point. Si par conséquent tu veux lui fixer un rang, c’est là que tu trouveras le résultat cherché; surtout si tu suis Marie et le Philosophe. Le Philosophe mentionne les pyrites, le cinabre, le claudianon, la cadmie, l’androdamas, la chrysocolle. Il dit qu’il convient de faire agir sur le molybdochalque, le cinabre, ou le corps de la magnésie, substance qui est appelée plomb noir. Si maintenant tu en viens à la Chrysopée, tu verras quelles (substances) désagrègent l’étain, le fer ou le cuivre : ce sont le cinabre, la litharge blanche. A ton tour comprends ce que tu cherches : par la magnésie, entends le molybdochalque; par le plomb, c’est (encore) le molybdochalque. Lorsqu’ils parlent d’Argyropée ou de Chrysopée, ils entendent le molybdochalque; c’est là le produit qu’ils traitent, puis soumettent (à la teinture). Au moment voulu, ils le fixent, après l’avoir désagrégé; alors ils blanchissent, ou jaunissent le métal durci par eux.

3. Ils blanchissent le cuivre et, après l’avoir broyé, ils le gardent jusqu’au résultat final. L’opération faite avec le soufre et le mercure, ils l’appellent brûler. Ils appellent cuivre brûlé, ce métal rendu couleur de sang (en vue du blanchiment), teint superficiellement et à fond.[202] C’est là ce qu’ils appellent brûler; par là (le Philosophe) fait entendre la composition totale; il désigne sa dilution, (opérée) en vue des deux teintures. En suivant la voie directe, il a parlé d’abord du blanchiment, puis du jaunissement.

III. xxvii. — SUR LE TRAITEMENT DU CORPS MÉTALLIQUE DE LA MAGNÉSIE
1. Introduisons de nouveau les Anciens. Ils disent que le cinabre produit le blanchiment de la magnésie. Pour rendre efficaces les discours antérieurs que j’ai écrits, relativement aux quatre corps qui servent de supports et à la mesure que comporte à leur sujet la composition crue et cuite,[203] il est nécessaire de faire l’application de tout cela à l’explication de la magnésie. Il faut dire comment on forme le corps (métallique) de la magnésie; et si le blanchiment varie suivant la macération, ainsi que je te l’ai dit précédemment. Laisse-la devant le fourneau; que le fourneau soit allumé avec du bois et des écorces de cobathia rouges,[204] car la fumée de ces écorces blanchit tout. Si donc tu en recueilles la fumée, la magnésie l’absorbe et elle est blanchie.

2. N’avons-nous pas rappelé dans le 7e livre, en parlant des cobathia rouges, que nous devions apprendre d’abord de quelle magnésie parlent les philosophes? Si c’est de la (magnésie) simple, provenant de Chypre, ou de la magnésie composée, obtenue par notre art? En effet, en délayant la magnésie simple, ils veulent parler de la composée;[205] mais ils entendaient en même temps la simple. C’est de cette façon que l’art a été caché par le double sens attribué aux dénominations.

3. Le philosophe Hermès, après l’eau de mer, nomme le natron, le vinaigre, le sang de moucheron,[206] le suc du styrax, l’alun lamelleux, et autres substances semblables, et il dit Laisse-la devant le fourneau, comme je l’ai dit précédemment, avec un feu d’écorces de cobathia rouges, car la fumée des cobathia rouges blanchit tout, étant blanche elle-même.[207]

4. Ainsi parle Hermès; mais nous devons savoir que le natron, le styrax, l’alun schisteux et la cendre des rameaux de palmier, c’est le soufre blanc, qui blanchit tout. Quant au sang de moucheron et au vinaigre, c’est l’eau de soufre (obtenue) avec la chaux; les écorces des cobathia rouges, ce sont les sulfureux, principalement l’arsenic, lequel ressemble aux cobathia : ce sont là les corps employés pour teindre en or. Il dit: « La fumée des cobathia blanchit tout. » Voulant enseigner ce que c’est que les cobathia, le Philosophe dit: « La vapeur du soufre blanchit tout. »

5. Maintenant le Philosophe voulant t’enseigner (ce que c’est que) la cendre des palmiers maritimes, qui est aussi l’eau divine, s’exprime ainsi dans la seconde classe, celle des liqueurs blanches: « Ayant dissous la cendre du bois des peupliers blancs dans l’eau de soufre [ceci n’est pas pris dans un sens simple], ou dans l’eau de soufre obtenue par la chaux, laquelle provient de la cendre blanche, du marbre, ou de la chaux vive. » De même que les sulfureux ont été dits (provenir) des cobathia rouges, de même l’eau de soufre tire sa composition du soufre; celui-ci est aussi désigné sous le nom de palmier. De plus (on voit que) le blanchiment de la magnésie composée est produit par la composition du soufre blanc et que la composition liquide du blanc est obtenue par la chaux. Ce sont là toutes (matières) dont (j’ai expliqué) la préparation, dans mon discours sur la composition; j’en ai dit la mesure, dans le discours sur les mesures; le mode de cuisson et la conduite du fourneau, dans le discours sur la cuisson.

6. Voilà pour le blanchiment du corps de la magnésie. Or il vous est loisible, à vous qui avez du bon sens, d’entreprendre ce qui est le mieux et de nous seconder, au lieu de nous précipiter dans ce gouffre (de difficultés). Celui qui fait quelque autre raisonnement concernant cette doctrine, demeure dans une obscurité profonde; il agit comme un homme qui frapperait l’air avec ses mains, et la mer avec ses pieds. Ceux qui marchent dans le vide et parlent tout à fait en l’air, travaillent inutilement par des procédés qui leur sont propres (à modifier) le type du corps (métallique).

7. Mais toi, ô bienheureuse, renonce à ces vains éléments dont on trouble tes oreilles; car j’ai oui dire que tu converses avec Paphnutia la vierge et certains hommes sans instruction.[208] Les choses que tu leur entends dire sont vaines et tu entreprends de faire des raisonnements vides de sens. Renonce à la société des gens qui ont l’esprit aveuglé et l’imagination trop enflammée. Il faut plaindre ces gens-là, et écouter le langage de la vérité, de la bouche des hommes dignes de l’annoncer. Ces gens-là ne veulent pas de secours ; ils ne supportent pas d’être instruits par des maîtres, se flattant d’être des maîtres (eux-mêmes). Ils prétendent être honorés pour leurs raisonnements vains et vides (de sens). Lorsqu’on veut leur enseigner quels sont les degrés de la vérité, ils ne supportent pas la connaissance de l’art et ils ne (la) digèrent pas. Ils désirent l’or plutôt que la raison. Échauffés par une démence extrême, ils deviennent incapables de raisonnement et ne ‘sauraient attendre la richesse. En effet s’ils étaient guidés par la raison, l’or les accompagnerait et serait en leur pouvoir: car la raison est maîtresse de l’or. Celui qui s’y attache, qui la désire et s’y unit, trouvera l’or placé devant nous, au milieu des détours qui le tiennent caché.

8. La raison est l’indicatrice de tous les biens, comme on l’a dit quelque part.[209] La philosophie est la connaissance de la vérité, et révèle les êtres qui existent. Celui qui accepte la raison, verra par elle l’or placé devant (ses) yeux. Mais ceux qui ne supportent pas la raison marchent constamment dans le vide, et entreprennent les actes les plus ridicules. C’est ainsi que le rire fut provoqué par Nilus, ce prêtre ton ami, qui faisait cuire le molybdochalque dans un four de campagne (comme s’il avait fait cuire des pains), opérant avec les cobathia pendant toute une journée. Aveuglé des yeux du corps, il ne pensait pas que son procédé était mauvais, mais il soufflait; et sortant (le produit) après le refroidissement, il ne montrait que de la cendre. Quand on lui demandait où était le blanchiment, embarrassé, il disait qu’il avait pénétré dans la profondeur. Ensuite il mettait du cuivre, il teignait la scorie; car le cuivre n’étant arrêté par aucun solide, passait outre et disparaissait lui-même dans la profondeur; de même pour le blanchiment de la magnésie. Ayant entendu ces choses (de la bouche) de ses contradicteurs, Paphnutia fut tournée en grande dérision; et vous le serez aussi, si vous tombez dans la même démence. Embrasse pour moi Nilus, celui qui cuit avec les cobathia, et sois pleinement édifiée sur l’économie du corps de la magnésie.

III. xxviii. — SUR LE CORPS DE LA MAGNÉSIE ET SUR SON TRAITEMENT
1. Voici ce que Marie expose libéralement et clairement, au sujet de ce qu’elle nomme les pains de la magnésie. Le premier degré dans la vérité du mystère se trouve expliqué dans ces (passages). Ainsi donc Marie veut que ce soit là le corps de la magnésie; elle le proclame non seulement dans ce passage, mais dans beaucoup d’autres. Dans un autre endroit, elle dit Sans le concours du plomb noir, on ne saurait produire ce corps de la magnésie,[210] dont nous avons précisé et accompli la préparation. Telles sont, dit-elle, les doctrines et sans se lasser, (les) enseignant pour la 2e et 3e fois, elle nomme corps de la magnésie le plomb noir et le molybdochalque; à ce sujet, elle parle du cinabre,[211] ou du plomb, et de la pierre étésienne. C’est ce corps qui produit la fusion simultanée[212] de toutes les matières cuites et dorées en puissance. Les matières crues, il les cuit; et il en opère la diplosis. Il produit, dit-elle, en puissance toutes les matières dorées par cuisson; car ce n’est pas encore en acte. Sur ce (point) j’écrirai un autre discours; mais pour le moment occupons-nous de notre sujet.

z. Il a donc été exposé par Marie que le corps de la magnésie, c’est le molybdochalque noir; car il n’a pas encore été teint. C’est ce molybdochalque que tu dois teindre, en y projetant les motaria[213] de la sandaraque jaune, afin que l’or cuit n’existe plus (seulement) en puissance, mais en acte. Ainsi (s’exprime) Marie, après avoir nommé pains le corps de la magnésie.

Nous devons, avant tout, montrer que le Philosophe est du même sentiment, en ce qui (concerne) le corps de la magnésie qu’on appelait : LE TOUT. Ce molybdochalque était le plomb noir. Lorsqu’ils disaient que le mercure est fixé avec le corps de la magnésie, ils voulaient dire par le corps complet, tel qu’il a été exposé dans mon premier mémoire, et que Marie le dit plus haut du corps de la magnésie. Elle dit (encore): Tu trouveras du plomb noir: emploie-le après y avoir mêlé du mercure. » Or c’est lui que dénomment les classes (du Philosophe), c’est lui dont parle le Philosophe dans ses préambules : « Mêle du mercure au corps de la magnésie. » Ainsi le Philosophe lui-même désigne le plomb noir et la pyrite. Il ne parle pas (du plomb) simplement, pour que tu ne t’égares pas, mais il dit à notre (plomb) noir ». Pour que tu ne méconnaisses pas le molybdochalque, il dit que: « le mercure seul rend le cuivre sans ombre; il ne fixera pas (seulement) le corps de la magnésie, mais encore le cuivre ». De cette façon aussi le Philosophe désigne sous le nom du Tout, le corps de la magnésie et le plomb noir.[214] Dans les livres des anciens, le molybdochalque a été rangé dans une seule et même classe (avec le plomb). Ce que l’on proclame du mercure, on le proclame de toute sorte de pierres, comme je l’ai déclaré dans les premiers (chapitres).

3. C’est donc là l’or cuit en puissance. Et s’il est blanchi ou jauni, alors aussi les matières crues réagissent sur les matières cuites c’est-à-dire que si du cuivre blanc est jeté sur du (cuivre) brut de Chypre, il produit de l’argent. Mais s’il est jauni, en le projetant sur de l’argent ordinaire brut, on produit de l’or. Après avoir mouillé avec de la couperose, du vin Aminéen et du vinaigre ordinaire, laisse pendant 14 jours : c’est là le (temps) voulu pour la fabrication de l’argent.

4. Comme on échoue souvent dans le traitement, parce qu’on ne connaît pas la vérité sur le délaiement, rappelons ce qui a été dit touchant les vapeurs: c’est la couperose qui amène la vapeur à la coloration en or. Semblablement aussi, Agathodémon, dans son enseignement sur la teinture préalable, disait ceci : « Afin que tu puisses savoir l’effet que tu produis, en arrivant à cette couperose que tu connais, c’est sa propriété tinctoriale qui amène la vapeur à développer l’or. Cela a été montré dans l’écrit sur l’affinage, et rappelé au sujet des deux (teintures). Dans le discours sur les mesures, il est dit que les pierres les plus belles et aimées de Dieu sont les pierres blanches es les pierres couleur de sang; c’est là ce qu’on a appelé pyrite. Elles sont multicolores et de noms multiples; les uns parlent de l’alabastron,[215] d’autres appliquent aux deux le nom de pyrite, ainsi que je l’ai montré. En effet, nulle autre pierre que la pyrite n’est plus belle et aimée de Dieu.

5. Maintenant le discours a pour sujet le corps de la magnésie. Ce nom unique signifie toutes les choses fabriquées avec la vraie mesure de la macération nécessaire. Le cinabre[216] produit le véritable corps de la magnésie. Ne m’écartant pas de cette vérité, je voulais, moi aussi, égaler la capacité de celui qui a dit:[217] « O femme, je ne parlais pas (du plomb) ordinaire, afin que tu ne t’égarasses pas. » Mais comme je ne suis pas Démocrite, je te jure par son mérite que je ne m’égare pas; et (tu ne tomberas pas dans l’erreur) sana retour de ceux qui prétendent que la cendre sans corps (métallique) a été appelée le corps de la magnésie.[218]

On a dit que le mercure est incorporel. Je dis, moi aussi, que ceux-là ont compris quelque chose. En montrant le résultat à obtenir, ils donnent la mesure de leur intelligence. Mais ils ne tiennent pas en réalité le résultat, car la cendre n’a pas été appelée le corps de la magnésie, mais l’incorporel. Or le mercure est aussi un corps (métallique). Ne va pas m’opposer cette subtilité, que ceci comprend tous les corps métalliques et que la cendre des incorporels a été appelée le corps de la magnésie, il n’en est rien. Mais que veut-il dire, si ce n’est que (les incorporels), étant de nature sulfureuse, se volatilisent? Ce sont donc les choses fixes et non fugaces qui sont appelées des corps. C’est pourquoi Marie dit: « le corps de la magnésie est la chose secrète qui provient du plomb, de la pierre étésienne et du cuivre

6. Toutes les choses de cet ordre, mélangées aux matières volatiles, sont appelées corps. C’est ainsi qu’il parle du mercure, dans son traité des liquides blancs: « mêles-y de l’alun lamelleux, ou du molybdochalque, ou de la chaux, afin que le (mercure) incorporel devienne un corps s. De même, au sujet de la chrysocolle, il dit: « celle-ci aussi est fugace ». Sur le même sujet Agathodémon: «Veille, dit-il, à ce que son esprit tinctorial ne s’en aille pas. » Bien qu’elle soit volatile, on l’appelle un corps; le Philosophe parle de ses mélanges dans la classe de la chrysocolle. « Teins toute sorte de corps avec le cuivre, l’argent, l’or. » Marie, au sujet de la chrysocolle: «... après avoir pesé (opère) avec du molybdochalque, pendant un jour ». Ou bien: « prenant de la chrysocolle et du cinabre, délaie avec de la litharge blanche et fais disparaître (la nature du métal) Si le cuivre est modifié et amené à l’état de corps (métallique), projettes-y de la couleur d’or et tu auras de l’or. Ainsi la chrysocolle reçoit cette qualification de corps, lorsqu’elle a été bien mélangée, et quoiqu’elle soit fugace par elle-même, parce que tu en fais un corps par transmutation.

7. Ainsi, convertir et transmuter,[219] dans ces auteurs, signifie donner un corps aux incorporels, c’est-à-dire aux matières fugaces. Parieur transformation on obtient le molybdochalque, le plomb noir, celui qui doit €tre traité avec le mercure, et devenir le corps de la magnésie. Ils ne veulent pas dire, comme certains, que la mutation s’applique au fait de convertir et de transmuter le mercure. Mais lorsque les matières fugaces ont pris un corps, la conversion a lieu pour tous les corps, par leur teinture en blanc ou en jaune. En effet cette conversion est appelée transmutation, après que les incorporels ont pris un corps, par l’effet de l’art. Dans la conversion rétrograde accomplie par le feu, c’est-à-dire dans le blanchiment ou le jaunissement, les matières délayées fortement et associées par le feu, sont de nouveau rendues fugaces et redeviennent incorporelles.[220] A ce moment elles sont réduites au dernier degré de la division. La vapeur sublimée, la première des matières incorporelles, conduit ainsi à l’art suprême.

8. Ainsi donc, les matières incorporelles sont de nouveau rendues corporelles au moyen du mercure, dans l’iosis, afin que les corps soient formés; mais après que (les matières corporelles) ont été décomposées, elles sont rendues incorporelles et l’effet se produit par une action indépendante du concours du feu.

Ailleurs on a parlé (pour cet effet) des biles[221] et autres matières semblables qui, elles aussi, sont congénères du soufre et de l’eau de soufre. Or quelle autre substance agit bien sans le secours du feu, si ce n’est l’eau divine? C’est d’elle que Pébichius (dit) qu’elle est plus puissante que n’importe quel feu. Dans le Chapitre des Sulfureux, il est dit qu’elle agit sans le secours du feu. Marie (l’appelle) la préparation ignée.[222] Elle dit encore que si les corps ne sont pas rendus incorporels et les incorporels corporels,[223] rien de ce que l’on attend n’aura lieu : c’est-à-dire que si les matières résistant au feu ne sont pas mélangées avec celles qui s’évaporent au feu, on n’obtiendra rien de ce que l’on attend.

9. Quels sont donc les corps et les incorporels dans notre art[224]?

Les incorporels sont la pyrite et ses similaires, la magnésie et ses similaires, le mercure et ses similaires, la chrysocolle et ses similaires, toutes (matières) incorporelles. Les corps sont le cuivre, le fer, l’étain et le plomb: ces (matières) ne s’évaporent pas au feu; ce sont là les corps. Lorsque les unes (de ces matières) sont mêlées aux autres, les corps deviennent incorporels et les incorporels deviennent corps. Mélange de cette manière le mercure, celui qui est désigné dans les classes, et tu produiras ce qui est attendu, ce dont Marie a dit: u Si deux ne deviennent un »; c’est-à-dire si les (matières) volatiles ne se combinent pas avec les matières fixes, rien n’aura lieu de ce qui est attendu. Si l’on ne blanchit et si deux ne deviennent pas trois,[225] avec le soufre blanc qui blanchit (rien n’aura lieu de ce qui est attendu). Mais lorsqu’on jaunit, crois deviennent quatre; car on jaunit avec le soufre jaune. Enfin lorsqu’on teint en violet,[226] toutes les (matière ensemble) parviennent à l’unité.

10. Que veut dire Ostanès, lorsqu’il parle le la combinaison des matières volatiles avec celles qui ne le sont pas? « La pierre pyrite a de l’affinité pour le cuivre. » Ostanès ne parlait pas du mercure, mais du délaiement extrême, c’est-à-dire de la condition où la pyrite ne donne lieu à aucun dépôt, se trouvant entièrement liquéfiée. Il faut dès lors que tu comprennes, au sujet de l’eau et de la liquéfaction, ce que le Philosophe a développé en parlant des lavages et des délaiements. Au sujet du délaiement, il a dit: afin que le produit devienne comme de l’eau). Le Philosophe a dit encore: « La magnésie et l’aimant ont de l’affinité pour le fer. » Et le Maître dit encore: « le mercure a de l’affinité pour l’étain ». Le disciple dit: le mercure s’amalgame à l’étain). Il dit aussi: « Ceci blanchit toute sorte de corps. Le plomb aussi a de l’affinité pour la pyrite; la pierre étésienne, pour le plomb. » Le Philosophe, en faisant ces raisonnements, disait, au sujet de notre art, que la nature charme la nature.

11. Article sur la magnésie : Après avoir tout extrait, tu trouveras un corps noir, ou du plomb noir; souvent aussi une grande quantité de scories, à la partie supérieure. Si on les goûte, on verra qu’elles ressemblent à la lie de vin. Après les avoir rejetées, on trouve, à l’intérieur du plomb noir, le cuivre que celui-ci renferme, la magnésie qui y est contenue. On appelle celle-ci; molybdochalque ou corps de la magnésie. C’est sur celle-ci que j’ai écrit; c’est elle que tous les écrits proclament ; c’est elle qui égare les chercheurs; c’est ce molybdochalque que préconisent les écrits des ancêtres. D’après l’explication d’Apollon, c’est le corps de la magnésie; c’est le cuivre, c’est le corps dont Théophile disait qu’il reçoit une couronne de cuivre; Hermès disait de son côté: « Le corps de la magnésie dont tu désires apprendre le traitement et la mesure... A son sujet nous avons dit que le cinabre, c’est le blanchiment; ou bien encore le jaunissement, lequel exige que les (matières) soient blanchies préalablement. Voilà le traitement, tel qu’il a été décrit par nous.

III. xxix. — SUR LA PIERRE PHILOSOPHALE[227]
1. Marie dit: « Si notre plomb est noir, c’est qu’il l’est devenu; car le plomb commun est noir dès le principe. Or comment est-il formé? Si tu ne prives pas les corps métalliques de leur état et si tu ne ramènes pas les corps privés de leur état à l’état de corps (métalliques); si tu ne fais pas de deux choses une seule, rien de ce que l’on attend n’a lieu.[228] Si le Tout n’est pas atténué dans le feu, si la vapeur sublimée réduite en esprit ne monte pas, rien ne sera mené à terme. « Et encore: « Je ne dis pas avec du plomb simplement, mais avec notre plomb noir. Voici comment l’on prépare le plomb noir; c’est par la cuisson que l’on arrive (à reproduire le) plomb commun. Car le plomb commun est noir dès le principe, tandis que notre plomb devient noir, ne l’étant pas d’abord.

2. Les philosophes ont partagé toutes les opérations de la pierre en quatre phases : 1° noircissement; 2° blanchiment; 3° jaunissement, et 4° teinture en violet. Entre le noircissement, le blanchiment et le jaunissement se place la lévigation ou macération et le lavage des espèces. Or il est impossible que ces choses se fassent autrement que par le traitement opéré au moyen de l’appareil à gorge[229] et de l’union des parties.

3. Pélage le Philosophe dit: « Voici à quel signe on reconnaît que le commencement de la teinture en violet a lieu. C’est la teinture se produisant à l’intérieur qui est la véritable teinture en violet, laquelle a été aussi appelée Ios de l’or. Si on l’accomplit, la teinture a lieu; sinon, elle n’a pas lieu. Veille donc à ce que la teinture pénètre dans la profondeur; sinon la teinture n’a pas lieu. »

4. L’alabastron est la pierre la plus blanche, la pierre encéphale,[230] celle qui est comme une paillette brûlante. Prends-la, pulvérise et fais macérer dans du vinaigre; mets dans un linge, et enfouis le tout dans le crottin de cheval, ou dans la fiente d’oiseau, pendant 20 jours, comme dit le divin Zosime.

5. Les soufres sont au nombre de deux, la composition est une. Donc, il y a deux mercures, savoir la composition blanche et l’eau divine, selon Démocrite. L’eau divine mêlée au soufre rend les substances sulfureuses,[231] parce que ces matières ont une grande affinité entre elles.

6. Synésius expose ceci dans le traité de la Chrysopée : « Démocrite a dit: « Le mercure qui (provient) du cinabre. Et dans le Traité du blanc (Argyropée) il a dit : « Le mercure tiré de la sandaraque, etc.[232] »

7. Dioscorus a dit : « De même que la cire se transforme en assimilant la couleur surajoutée, de même aussi le mercure se transforme.[233] »

8. Il y a deux jaunissements, deux blanchiments,[234] deux compositions, la sèche et la liquide: la composition sèche, dans le catalogue du jaune, ce sont les plantes et les minéraux. Il y a deux compositions liquides : une dans le jaune, et une dans le blanc. Les liquides jaunes dérivent des plantes jaunes,[235] telles que le safran, la chélidoine et les similaires. Dans la composition blanche on comprend: parmi les matières sèches, toutes les matières blanches, telles que la terre de Crète, la terre de Cimole et les analogues parmi les liquides blancs, toutes les eaux blanches, telles que la décoction d’orge (bière?) et les similaires.

9. Olympiodore dit: « La macération a lieu depuis le 25 du mois de méchir jusqu’au 25 du dernier mois de l’automne...[236] Toutes les choses que tu peux faire macérer et lessiver, laisse-les déposer dans des vases (convenables). La macération s’exécute sur la terre limoneuse, jusqu’à ce que la partie limoneuse s’en aille et que le minerai soit isolé. Cet art ne se pratique pas au moyen du feu. »

10. Le feu est de 40 jours pour l’opération entière. Les anciens ont caché l’art sous la multiplicité des discours[237] et ils ont donné un grand nombre de dénominations à l’eau divine.[238]

11. Marie dit:[239] « Si tous les corps métalliques ne sont pas atténués par l’action du feu, et si la vapeur sublimée réduite en esprit ne monte pas, rien ne sera mené à terme. »

Le molybdochalque c’est la pierre étésienne.

Dans toute l’opération la préparation est noire dès le commencement.

Lorsque tu vois tout devenir cendre, comprends alors que tu as bien opéré.[240] Pulvérise cette scorie, épuise-la de sa partie soluble et lave-la six ou sept fois, dans des eaux édulcorées, après chaque fonte. On opère par fusions et selon la richesse du minerai. En effet, en suivant cette marche et le lavage, dit Marie, « la composition est adoucie et pourvue de ses éléments ».

Après la fin de l’iosis, une projection ayant eu lieu, le jaunissement stable des liquides se produit.

En faisant cela tu fais sortir au dehors la nature cachée à l’intérieur. En effet, « transforme, dit-elle, leur nature même, et tu trouveras ce que tu cherches ».

12. Les compositions sont au nombre de deux: le blanchiment et le jaunissement; et il y a deux blanchiments et deux jaunissements,[241] l’un par délaiement et l’autre par cuisson. Le délaiement ne se fait pas d’une manière quelconque, mais seulement dans une demeure consacrée; là existent un lac et de gros poissons.[242]

13. Marie dit: « Joignez le mile et la femelle et vous trouverez ce qui est cherché.[243] » Et Marie dit ailleurs : « N’allez pas toucher avec vos mains, car c’est une préparation ignée.[244] »

14. On donne plusieurs dénominations aux deux compositions, telles que, etc. (Reproduction du texte traduit en tête de la page 182.)

15. Les appareils des compositions doivent être en verre, parce que (alors) ils permettent l’iosis, sans que (les opérateurs) aient besoin de toucher avec leurs mains; car le mercure est mortel, lorsqu’il a dissous l’or : c’est le plus délétère de tous les métaux.

16. Ce que l’on se propose dans la calcination, c’est d’abord le blanchiment, puis le jaunissement. Projette, dit-il, la moitié de la préparation blanche, pour la première opération, et fais-en une décoction de cette manière; l’autre moitié est conservée pour l’iosis. C’est aussi pour cette raison que Pébichius dit, passim « Partagez en deux portions la préparation.[245] » Il disait aussi : « Renferme l’une dans un vase de terre cuite et mets l’autre avec le cuivre ».[246] Il indique, par le vase de terre cuite, la cuisson, et par le cuivre l’iosis. Il voulait parler du blanchiment, en disant : « Brûlez le cuivre sur un feu de bois de laurier, c’est-à-dire dans la composition blanche.

17. Agathodémon dit: « Fais une décoction de l’eau divine avec la vapeur sublimée; de cette façon, on brûle et on opère le blanchiment). Et encore: « Faire cuire la vapeur décrite précédemment avec l’huile de ricin ou de raifort, après y avoir mêlé un peu d’alun ».[247]

18. Zosime dit: « Pour accomplir exactement la présente opération, il faut laver l’aigle d’airain, pendant les 365 jours (de l’année) entiers », et ainsi de suite, dans tout le cours du traité.[248]

19. Le divin Sophar dit : « Je vis un aigle d’airain descendre dans la source pure, etc. » (Reproduction de cinq lignes déjà données à la page 125.)

20. La magnésie tire son étymologie du fait de mélanger (mignuein) les matières unies par la combinaison.

21. Le divin Zosime dit : Démocrite, mon excellent maître, dit avec raison : « Reçois la pierre qui n’est pas une pierre.) (Reproduction d’un passage déjà donné, p. 130, jusqu’à ces mots : « lait d’ânesse ou de chèvre.)

22. Zosime disait : « Ne redoute point de chauffer fortement; épuise l’élément liquide des corps. Il y a mille (modes de) chauffer le cuivre;[249] ils rendent le cuivre plus apte à la teinture. Fais sortir la nature au dehors et tu trouveras ce qui est cherché; car la nature est cachée à l’intérieur. Or, la nature étant extraite, le blanc ne se voit plus; mais après l’expulsion du mercure indiquée précédemment, le jaune apparaît, par le jaunissement annoncé de l’ios. Où sont donc ceux qui déclarent impossible de changer la nature? Voici que la nature est changée; elle devient fixe et prend la qualité de l’or, en retournant vers le noir. En effet, si l’humidité provenant de l’expulsion du mercure, circulant dans la (nature) terrestre du corps solide de la poudre sèche, ne va pas dissoudre et expulser la liquidité, conformément à la propriété essentielle de cette expulsion du mercure, alors rien n’aura lieu de ce qui est attendu. Si l’on n’opère pas la dissolution et l’épuisement de l’élément liquide par l’échauffement, rien n’aura lieu de ce qui est attendu. Si le produit n’est pas dissous et échauffé, puis refroidi, rien n’aura lieu de ce qui est attendu. Mais si toutes choses sont faites à leur rang et par ordre, tu pourras espérer arriver au résultat, avec l’aide de la divine Providence. »

23. Le temps de la gestation n’est pas moindre de neuf mois, quand il n’y a pas avortement. Le temps de la cuisson pour tous les produits, (notamment) lorsqu’on opère sur des lames, n’est pas moindre de neuf heures. Tel est le mode de gestation. Quant au temps de l’opération faite sur l’autel en forme de coupe, il faut tenir compte de la macération. En effet, considère que les modes d’opérer sont au nombre de trois. Le premier mode se rapporte au mélange. Si tu m’as bien compris, il embrasse les substances pétries et fermentées, à la façon de la farine tirée du grain. De même le liquide ne sera pas vaporisé outre mesure, mais seulement selon que le besoin s’en fera sentir; de même aussi, pour la composition. (Reproduction du § 5, p. 142, jusqu’à la fin.)

24. C’est là la pierre étésienne. Edulcore la poudre sèche (de projection) et dessèche. Fixe et affine la poudre sèche, en prenant : couperose, trois parties; magnésie, une partie; cuivre affiné, une partie; poudre sèche, une partie. Délaie ensemble, en arrosant au soleil avec du vinaigre blanc, pendant sept jours; puis fais cuire pendant deux ou trois jours. En enlevant (le produit), tu trouveras l’or teint en rouge couleur de sang. C’est là le cinabre des philosophes et l’homme d’or. La poudre de projection s’est condensée (aux dépens) des liqueurs. Si le feu est excessif, elle devient jaune; mais (alors) elle n’est pas utile.

III. xxx. — SUR LA COMPOSITION DES MATIÈRES PREMIÈRES[250]
La composition relative aux matières premières a réuni dans un seul esprit, ô Théosébie, les compositions partielles des anciens. En outre elle montre, au moyen du fait, les noms des composés (restés) ignorés dans leurs écrits, comme (par exemple) la cendre et les (matières semblables. Or, il faut savoir quelles substances, d’après le Philosophe, produisent la résistance au feu;[251] que le corps allié (au mercure) le rend capable de résister au feu, et ainsi de suite. Car le sage, prenant les matières premières, poursuivra du commencement à la fin. Mais je ne pouvais placer là les produits complets, attendu que je ne les trouvais pas chez ces (auteurs); je ne pouvais exposer ce que (Démocrite) n’avait pas dit; je ne pouvais faire autre chose que réunir avec vraisemblance les choses dispersées, interpréter les choses allégoriques; tout ce qu’il est permis de faire dans des commentaires, je l’ai fait. Bonne santé.

III. xxxi. — SUR LA POUDRE SÈCHE
(DE PROJECTION)
t. La poudre de projection véritable a trois puissances et trois actions procédant de ces puissances. (Ce sont) la teinture, la pénétration, la fixation. Le (corps) mathématique a trois dimensions, la longueur, la largeur et la profondeur. Le corps naturel est triplement étendu et (en outre) susceptible de figure; il a la longueur, la largeur, la profondeur et la capacité de figure. De même aussi, au sujet de (notre) espèce, nous parlerons de la teinture, de la pénétration, de la fixation, et de l’éclat (durable). Or le corps a trois dimensions, nous le désignerons comme figuré, non figuré, et susceptible de prendre toutes les figures; sa matière subissant les puissances et les actions (de la poudre de projection).[252]

III. xxxii. — SUR L’IOS
1. La puissance propre à l’ios est complémentaire de la substance qui en est le support; regardée comme indivisible, elle en fait partie. Sans elle, la substance demeure incomplète. En effet, les parties de substances sont elles-mêmes des substances, comme (le) dit Porphyre; car la substance produit la puissance; et la puissance, l’action; et l’action, les choses en acte. Donc les puissances substantielles proviennent des substances et sont inséparables des substances.

III. xxxiii. — SUR LES CAUSES
1. Il y a, selon le naturaliste Aristote,[253] quatre causes de tout (être) engendré, savoir: les causes efficiente, matérielle, organique et spécifique. Par exemple, la porte a pour cause efficiente, le constructeur qui l’a faite; pour cause matérielle, le bois, le fer, la colle forte; pour cause organique, la hache, la tarière, etc.; pour cause spécifique, l’espèce même de la matière de la porte, ou quelque autre. Selon Platon, il y a encore deux autres (causes): la cause exemplaire et la cause finale.

III. xxxiv. — ENCHAÎNEMENT DE LA VIERGE
1. Traitant le feu du mercure par le feu et alliant l’esprit à l’esprit, afin d’enchaîner par les mains la vierge, ce démon fugace.[254]

Divers ossements des Perses ayant été calcinés par la violence du feu,[255] ils ont perdu leur propre volatilité.

2. Ramenons les deux corps : après les avoir réunis dans le mélange et transformés, ils sont régénérés. L’être sans me devient animé; l’être sans corps est rendu corporel, et ils n’admettent pas d’autre changement.

III. xxxv. — LES HOMMES MÉTALLIQUES
Cet homme d’airain que tu vois dans la fontaine a changé de corps et il est devenu l’homme d’asèm; quelques jours après, tu le vois (transformé en) homme d’or.[256] Arrose-le avec de la saumure acide; de cette façon il devient blanc et convenable.

III. xxxvi. — LAVAGE DE LA CADMIE[257]
1. Après avoir pris la cadmie botruitis,[258] qui reste dans la préparation du cuivre, divise-la en agitant. Pulvérise avec soin: ensuite broie et projette dans l’eau. Broie de nouveau dans l’eau avec le pilon, puis délaie avec la main; lorsque le produit est à point, laisse déposer. Après avoir bien égoutté, verse de nouveau de l’eau et répète la même chose plusieurs fois, jusqu’à ce que l’eau reste sans former de mousse. Après avoir bien égoutté fais sécher au soleil.

III. xxxvii. — SUR LA TEINTURE
1. Si (l’on) n’a pas pratiqué convenablement la teinture noire, le travail de l’argent ne pourra plus être tempéré. Les adeptes d’Agathodémon appellent: teinture supérieure (καταβαφή), celle que l’on exécute en délayant ainsi; quant à la décoction, ils l’appellent teinture simple (βαφή) ; car Ils distinguent la teinture simple et la teinture supérieure. Ils veulent donc que la teinture simple (βαφή) soit (la teinture en) argent et la teinture supérieure (καταβαφή), — (la teinture en) or. A propos de l’acte de brûler, tu trouveras ceci : « Autre chose est de brûler en vue de la teinture simple, et autre chose de brûler en vue de la teinture supérieure. Tout le reste, jusqu’à la raréfaction, l’altération (de nature), (bref) toutes les autres (opérations), ils les dissimulent dans leurs discours.

III. xxxviii. — SUR LE JAUNISSEMENT
1. « Tous ne pensaient pas, ô femme,[259] que le jaunissement suivît immédiatement le blanchiment; or le plus souvent la composition blanche, quand elle est cuite, tourne au jaune ». Et un peu plus loin : « quelques-uns ont fait une chose préférable à celles-ci. En effet, laissant refroidir, ils distillaient et rectifiaient au soleil l’eau divine jaune, pendant le nombre de jours prescrit. Puis ils opéraient la décoction et la cuisson ». Et un peu plus loin : « Eau divine rectifiée, préparée avec de la chaux, deux parties, et du soufre, une partie;[260] on met en décoction dans un pot et on décante; puis on met en décoction de nouveau. C’est là l’eau de soufre, que l’on projette pour obtenir les deux couleurs.[261] »

III. xxxix. — L’EAU AÉRIENNE[262]
1. « Cette composition a besoin d’abord de quelques liquides, etc. (morceau tiré d’Olympiodore, p. 97, premier alinéa tout entier ».

2. Au sujet des minerais, tout le monde s’explique sur ce point. Je commencerai par reproduire le témoignage qui le concerne, à cause de ton incrédulité. Zosime, dans son livre du Compte final, adressé à Théosébie, s’explique en disant:[263] « Pour le roi d’Égypte, ô femme, tout consistait en ces deux arts, l’art de l’analyse,[264] et l’art des produits naturels et minerais. C’est l’art divin des transformations, c’est-à-dire l’art dogmatique pour tous ceux qui s’occupent de manipulations, j’entends les quatre arts relatifs à la fabrication (des métaux). Cet art divin a été révélé aux prêtres seuls, etc. » (La suite, p. 97 jusqu’au bas de la page, et jusqu’aux mots « ils seraient châtiés », qui commencent la page 98.)

3. C’est là l’image du monde, célèbre dans les anciens écrits, le mortier mystique des Égyptiens et des hiérogrammates d’Egypte, par lequel l’affinité des natures charme les natures consubstantielles.[265] Voici le consubstantiel Orphique et la lyre Hermaïque, dans laquelle s’accomplit l’agréable et harmonieuse combinaison des substances. Mélangées suivant les rites, elles s’élancent de la (terre?) vers le chœur céleste; le feu opérant leur transmutation.

4. A la suite, entre le noircissement et le blanchiment, a lieu la macération et le lavage des produits; entre le blanchiment et le jaunissement, le traitement par fusion. De la même façon, comme intermédiaire entre le jaunissement et la teinture en violet, se place la division en deux de la composition. Le terme du blanchiment, c’est le traitement par l’appareil en forme de mamelle.[266]

5. 1° Dans le noircissement, on sépare le produit fondu de la cendre;

2° Dans la macération, on sépare la cendre de la liqueur

3° Puis vient le lavage des espèces brûlées, sept fois répété dans un vase d’Ascalon; ce lavage est le 1er blanchiment et la disparition de la coloration en noir des espèces;

4° Le blanchiment, par le mélange avec une petite quantité d’eau blanche ou jaune, produit ce rayon de miel,[267] recherché par les manipulateurs;

5° Le jaunissement suit; (car) le blanchiment mène au jaunissement;

6° Alors s’accomplit la division en deux de la composition;

7° Celle-ci étant partagée en deux, on prend l’une des parties, laquelle transformée en ios, amollit, délaie et[268] accomplit la fixation.

6. D’autres, dit-il,[269] (se sont expliqués) sur la couleur, sur la décoction et sur l’œuvre de la théorie secrète. On commence par projeter le cuivre. Après le traitement dans le laboratoire, il réjouit les yeux; puis, avec le temps, la teinte devient plus claire,[270] lorsqu’on opère avec de l’or préparé au moyen de la gomme, de la liqueur d’or, etc.

III. xl. — SUR LE BLANCHIMENT
1. Il faut que vous sachiez que la chose capitale c’est le blanchiment; après le blanchiment, on jaunit aussitôt le mystère accompli.

2. Le blanchiment réside dans l’acte de brûler; or brûler c’est revivifier par le feu ; car de telles (matières) se brûlent et se revivifient d’elles-mêmes;[271] elles se fécondent elles-mêmes et engendrent ainsi l’animal cherché par les philosophes.

3. Si tu blanchis, tu teindras facilement, et si tu teins en violet ou en cinabre, tu seras bienheureux, ô Dioscorus; car c’est là ce qui affranchit de la pauvreté, cette maladie incurable.[272]

III. xli. — LIVRE VÉRITABLE DE SOPHÉ L’ÉGYPTIEN ET DU DIVIN SEIGNEUR DES HÉBREUX (ET) DES PUISSANCES SABAOTH
LIVRE MYSTIQUE DE ZOSIME LE THÉBAIN[273]
1. Voici la mesure du mercure.

Agathodémon dit: « Fais cuire, extrais l’or. » On projette le cuivre. On obtient la feuille de Marie, formée de deux métaux;[274] on la fait cuire au feu[275] en vue de la teinture au moyen de l’huile et du miel et on reprend par le mercure: tel est le travail (régulier). Que le cuivre, amené de nouveau à l’état d’ios, soit fondu avec l’or, suivant la mesure du mercure.

Marie dit: « Lorsque la composition s’est formée d’elle-même, ou bien par le moyen de la saumure vinaigrée et qu’on a fait cuire, délaie avec le soufre, c’est-à-dire avec le soufre sublimé, soit dans un flacon, (soit) sur une kérotakis, puis verse, ou délaie, et regarde si lu as accompli l’œuvre. Si tu ne (l’)as pas accompli avec un certain jaune, emploie notre ios avec la matière qui précède la teinture: c’est là ce qui est nécessaire pour rendre l’or parfait; autrement l’or ne jaunit pas. Projette donc de nouveau avec la matière qui précède la teinture, ou bien délaie avec l’argent transformé: du noir scintillant, 1 partie d’ios, de misy brut, ainsi que de la matière qui précède la teinture, afin de dissoudre une portion du cuivre.

2. Il est cuit; car même s’il ne contient pas de mercure, il faut (le) cuire, attendu qu’avant l’action du feu, il n’y a pas de teinture. Il faut lui faire subir l’action purificatrice par les matières (convenables), afin de constater qu’il est pur. Essaie, ou bien fais fondre. Si tu connais les deux marches, celles des Juifs et de, ne crains pas d’essayer, (en exécutant) en détail toutes les choses que je t’ai exposées.

Cette exposition ne donne lieu à aucune équivoque; mais elle a pour but de t’engager à essayer si la fortune t’est favorable et si tu as tout à fait réussi. En t’appuyant sur ces (connaissances), tu n’échoueras pas; mais par cette méthode tu vaincras la pauvreté, surtout, si tu as le talent et l’habileté de surmonter les obstacles. Dans des milliers d’ouvrages on enseigne comment le cuivre est blanchi et jauni convenablement. Il n’est propre à être allié par diplosis que s’il est changé en ios. Il peut être traité méthodiquement par mille (moyens) ; mais il n’est rendu propre à l’alliage que par une seule voie, en devenant notre vrai cuivre; c’est là toute la formule. Telle est la teinture efficace, celle qu’ils leur ont enseignée, la teinture cherchée depuis des siècles et qui ne peut être découverte autrement que de cette façon. Quel est le principe convenable pour ces effets, je te l’ai montré dans l’écrit sur la couperose. On y dit comment le cuivre teint, et l’on y parle du plomb et de tout ce qui est susceptible de recevoir la teinture.

III. xlii. — LIVRE VÉRITABLE DE SOPHÉ L’ÉGYPTIEN ET DU DIVIN MAÎTRE DES HÉBREUX (ET) DES PUISSANCES SABAOTH
1. Discours du livre véritable de Sophé l’Égyptien, du divin Seigneur des Hébreux (et) des puissances Sabaoth. Il y a deux sciences et deux sagesses: celle des Égyptiens et celle des Hébreux, laquelle est rendue plus solide par la justice divine. La science et la sagesse des meilleurs dominent les uns et les autres; elles viennent des siècles anciens. Leur génération est dépourvue de roi, autonome, immatérielle; elle ne recherche rien des corps matériels et corruptibles; elle opère sans subir d’action (étrangère), soutenue maintenant par la prière et la grâce (divine). Le symbole de la chimie est tiré de la création, (aux yeux de ses adeptes) qui sauvent et purifient l’âme divine enchaînée dans les éléments, et surtout qui séparent l’esprit divin confondu avec la chair. De même qu’il existe un soleil, fleur du feu, un soleil céleste, œil droit du monde; de même le cuivre, s’il devient fleur (c’est-à-dire s’il prend la couleur de l’or) par la purification, devient alors un soleil terrestre, qui est roi sur la terre, comme le soleil est roi dans le ciel.

2. Voici[276] les teintures parfaites, communiquant la vraie couleur du soleil,[277] telles que celle de Démocrite, et, l’unité qui transmet la teinture, la comaris scythique, la (teinture) parfaite (de l’argent, celle d’Isis,[278] celle que proclame Héron (Horus?); voici l’affinage de l’or et la liqueur d’or.

La liqueur d’argent versée sur de l’argent produit de l’argent, lorsqu’elle est mise en réaction avec le sidérochalque. Ces (teintures) communiquent (la couleur de) l’argent dans leurs réactions. Elles produisent aussi les doublements et les triplements[279] et les alliages d’or et d’argent. Ainsi il convient de travailler par des moyens artificiels, sans or ni argent; (il convient) d’accomplir des doublements tels, que l’on ne puisse plus séparer l’or et l’argent, comme on le ferait pour des matières adultérées et discordantes, qui n’ont pas produit de l’or véritable. Ainsi quand tu auras obtenu du cuivre sans ombre, tu (le) blanchiras avec des préparations blanchissantes et tu le jauniras avec des préparations jaunissantes; tu le teindras (avec) la cadmie ou le cinabre: c’est ainsi que l’or est fabriqué dans les temples de Vulcain.[280] Je l’ai proclamé en parlant de la fabrication des cendres : c’est en elle que tout le mystère de la teinture a été caché.[281]

3. Le cuivre ayant été blanchi, noirci et jauni, tu teins l’asèm et tu obtiens l’or, à l’aide du cuivre blanchi. En effet, c’est du cuivre que naissent toutes les espèces:[282] j’entends le cinabre, la cadmie, l’or, la sandaraque et le reste. Le plomb se transforme en beaucoup (de corps) et il en est de même du cuivre (destiné aux) couronnes, qui provient de ces corps. Tu trouveras dans les temples de Vulcain (?) les (procédés de) fabrication de l’or. C’est des mélanges (de ces métaux) que naissent toutes les espèces. Leurs traitements engendrent les substances les unes par les autres et il se produit des formes (très diverses) dans les traitements. En les appréciant toutes, fais usage des meilleures.

III. xliii. — CHAPITRES DE ZOSIME A THÉODORE[283]
1. Sur la (pierre) étésienne, c’est-à-dire composée du Tout, en tant que pierre étésienne,[284] et par là d’une grande utilité. En effet, dans les traitements, elle fait apparaître diverses couleurs : l’une dans le traitement de la kérotakis, une autre dans l’opération de la fusion à l’état de liquide oléagineux: à savoir une couleur jaune et une couleur noire. La couleur jaune varie depuis la nuance rougeâtre du foie, la nuance de la myrrhe, celle de la cire, ou toutes celles que tu sais. La couleur noire peut être semblable à l’or et scintillante. Or ce qui est efficace pour le noircissement, l’est aussi pour le jaunissement. Le jaune devient aussi couleur de sang, très stable, et finalement pareil à du safran desséché. Si on le brûle deux ou trois fois avec du soufre, d’après ces écrits, et si on le met en digestion quelque temps dans du fumier, on obtient alors des couleurs transformées et jaunies solidement; leur modification initiale ayant eu lieu dans le sens du mieux et non du pire. Ce sont là les traitements appelés fixateurs, pour les teintures vraiment solides.

2. Sur ce que la teinture, c’est-à-dire l’altération qui se produit dans l’iosis, n’est désignée ni comme blanche, ni comme jaune. En effet les deux soufres qui précèdent, le blanc et le jaune, ont reçu ces noms, ainsi que les teintures. Mais la teinture même, qu’il s’agisse d’un changement ou d’une décomposition, est une opération plus avancée.

3. Sur deux autres corps appelés soufres, qui ne sont pas des soufres de l’ordre des premiers, mais des compositions qu’ils désignent aujourd’hui sous les noms de sulfureuses (ou divines), non en tant que soufre, mais à cause de l’œuvre divine accomplie par ces corps.[285]

4. Sur ce que dans la composition on forme d’abord la matière fixatrice, celle qui résiste au feu et qui est tinctoriale. La première et la seconde nous sont manifestées dans l’asèm naturel, la dernière dans l’or obtenu par teinture. Mais la solution de la question est celle-là.

5. Sur ce que dans la matrice et d’une façon invisible pour nous, la matière fixatrice se forme avec deux (éléments), la semence et le sang; puis l’animal une fois formé résiste au feu. C’est dans le feu de la matrice qu’il est teint, c’est-à-dire qu’il reçoit une couleur, une forme et une grandeur, tout (cela) dans un lieu invisible. Mais lorsque cet être a été enfanté, il se manifeste à nous. C’est ainsi qu’il faut travailler, sans se laisser égarer par l’homonymie[286] des écrits ou des autres préceptes.

6. Sur la décomposition; sur la production du sang; sur la fermentation, la transformation et la régénération; sur l’iosis et l’affinage et les différents noms de l’ios.

Comme quoi l’ios est dit eau de soufre natif; comaris scythique et sanglante; semence d’or et toute semence; ios de cuivre; eau de cuivre et eau de couperose; fleur de cuivre et préparation cuivrée; préparation de miel, corps doux et indestructible, en raison de l’adoucissement, et par suite de la résistance à l’attaque des agents délétères.

On ne l’a pas appelé seulement d’un nom masculin, féminin et neutre; mais encore on lui a donné une forme diminutive, telle que la petite eau de cuivre; d’autres, disent l’eau de la petite masse: or la masse, c’est le cuivre. Voilà pourquoi dans les écritures juives et dans toute écriture, on parle d’une masse inépuisable[287] que Moïse obtenait d’après le précepte du Seigneur.

Or ce mot, corrompu par le temps, est devenu petite masse. D’autres le tirent du phanos qui sert à puiser l’eau et qui porte des mamelons.[288]

7. Sur le bruissement du feu éteint (dans l’eau?); et sur le frémissement, c’est-à-dire le sifflement produit par le retrait du souffle; ou bien sur le souffle produit par aspiration, ou par inspiration, et expiration.[289]

8. Sur ce que quelques-uns des prêtres, ayant trouvé un écrit sincère, ne croyaient pas pouvoir travailler autrement que d’après les démonstrations de cet ouvrage.

9. Sur ce que l’art de l’iosis se rapporte aussi aux deux autres livres. En effet, s’il est autre, quant à l’espèce; du moins, quant au genre, c’est le même : c’est encore l’(art) tinctorial.

10. Sur ce qui est dit de l’affinage, de l’enlèvement de l’ombre, de la transformation et de l’extraction de la nature cachée, de la régénération par le feu: tout cela s’entend du blanchiment.

11. Sur les traitements utiles, depuis le blanc jusqu’au jaune, et depuis le jaune jusqu’au blanc. Au sujet des soufres notamment, il faut rechercher ce que dit le Philosophe dans sa dernière classe des liquides. « Fixe : arsenic, 1 once; soufre, une demi-once; écorce, 1 livre; pèse-les ensemble. Pour le jaune, au lieu de peser les écorces en même temps, mets du safran et de la chélidoine. Au lieu des terres blanches, le même poids d’ocre, de terre de Sinope, ou de couperose, ou de son. Quant aux (matières) qui ne sont pas comprises dans la pesée commune, unifie(-les) avec habileté, à la façon des enfants des médecins.[290] Les liquides sont presque (tous) vulgaires, sauf quelques-uns que tu connais. »

12. Sur ce qu’il faut comprendre que nous nous sommes chargés d’un labeur terrible, en entreprenant de réduire à une essence commune, c’est-à- dire de marier à cette heure les natures; comme quoi tout discours nous a été révélé à nous-marnes; ce qu’il faut rechercher dans ce discours; comme quoi l’art revient à ceci: qu’est-ce? de quelle nature est-ce? et pourquoi est-ce?

13. Sur ce que toutes les teintures des anciens sont réalisées en suivant la marche de la composition solide, c’est-à-dire de l’iosis. Car si vous mettez une partie d’ios, et 1 partie des espèces traitées, c’est-à-dire des poudres appelées tinctoriales, et si vous faites cuire, vous aurez un résultat exact.

14. Sur ce que la matière incombustible est celle qui ne possède plus ce qui peut éprouver la combustion, mais seulement ce qui a été brûlé: il en est ainsi des bois, et (pareillement) des sucs (animaux), dans les fièvres non critiques.

15. Sur ce que le résidu des madères brûlées, c’est-à-dire la scorie, représente l’acte accompli du Tout.

16. Sur la transmutation des quatre éléments (entre eux); comme quoi non seulement les (matières) venant de la terre et de l’eau se changent en feu, mais encore sont emportées vers le haut;[291] car le feu s’élève; or il ne prend pas cette image au hasard, mais à cause de l’art et de ses espèces. Comme quoi ces matières étant d’abord terre et eau deviennent feu, et sont portées vers le haut. En effet c’est par leur seule qualité (propre) que les éléments sont opposés entre eux, et non par leur substance; car la substance n’est pas contraire à la substance, en tant que substance. C’est aussi pour cette raison que le Philosophe appelait substances les quatre éléments. Pour unifier leur substantialité, elles attirent dans leur intérieur la préparation enduite à leur extérieur. De marne que les éléments dissous en eux accomplissent toutes choses, de marne aussi l’art; et de même que les quatre transformations triomphent des mélanges précédents, de marne aussi nos arts, par les transmutations, triomphent des natures.

III. xliv. — SUR LES DIVISIONS DE L’ART CHIMIQUE
1. Comme quoi il faut chercher les discours utiles eux-mêmes, et que faut-il dire au sujet de l’art des discours: ou bien que c’est un art? ou bien avant de poser la question: qu’est-ce? ou de quelle nature est-ce?[292] il faut demander : pourquoi est-ce? En ce qui touche les notions, ils les exposaient chacune en particulier, et tous étaient absurdes et embarrassés; car on peut rencontrer une difficulté indivisible.

De même que les lignes musicales les plus générales étant au nombre de quatre, A, B, G, D, on forme avec elles 24 lignes d’espèces diverses; et qu’il y a aussi des centres et des lignes obliques, selon qu’il a été dit à propos des sons, et attendu qu’il est impossible de composer autrement les mélodies innombrables des hymnes, pour le service (du culte?), la révélation, ou quelque autre partie de la science sacrée... (Phrase inintelligible.)

Puis vient un long développement sur la musique et sur la comparaison entre ses divisions et celles de la chimie. On n’a pas cru utile de traduire les §§ 2, 3, 4.

5. De même que si tu divises en quatre parties la philosophie par excellence, la matière étant répartie suivant sa nature, tu trouveras la (science) générale et la (science) spéciale, ainsi que les différentes classes (de sujets); de même aussi, en cherchant à partager exactement la philosophie (chimique) en quatre parties, nous trouvons qu’elle contient : premièrement le noircissement, secondement le blanchiment, troisièmement le jaunissement, et quatrièmement la teinture en violet.[293] De même encore que chacune des parties susdites comporte des subdivisions et un triage intermédiaires entre les lignes et les points principaux de la ligne, si l’on veut procéder par ordre; de même aussi (en chimie) entre le noircissement et le blanchiment, il y a la macération et le lavage des espèces; entre le blanchiment et le jaunissement, il y a la lévigation. Puis, entre le jaunissement et la teinture en violet, il ya la division par moitié de la composition... Mais la fin de la teinture en violet est impossible sans le traitement au moyen de l’appareil à gorge, et sans l’union des parties. Il est impossible de procéder autrement dans notre science; si quelques-uns, tels que Epibéchius, ont étudié le jaunissement sans parler du blanchiment, ils ne l’ont pas fait sans parler de la macération ou du lavage des espèces, choses qui font maintenant partie (de l’étude) du blanchiment complet

Le § 6 est sans intérêt.

7. Le présent volume est intitulé livre métallique (et) chimique sur la Chrysopée, l’Argyropée, la fixation du mercure. Ce (livre) traite des vapeurs, des teintures qui proviennent des (êtres) vivants (?), ainsi que des teintures des pierres vertes, des grenats et des pierres de toutes autres couleurs, de (la fabrication) des perles, et des colorations en garance des étoffes de peau destinées à l’Empereur. Toutes ces choses sont produites avec les eaux salées et les œufs, au moyen de l’art métallique.[294]

III. xlv. — FABRICATION DU MERCURE
1. Prenant de la céruse et de la sandaraque par parties égales, délaie avec du vinaigre jusqu’à ce que la masse s’épaississe ensuite, mettant dans un vase non étamé, recouvre avec un couvercle de cuivre; lute tout autour et fais chauffer doucement sur des charbons. Lorsque tu présumes que l’opération est à point, découvre légèrement, et, avec une barbe de plume, enlève le mercure.[295]

2. Prenant du minerai couleur d’or, pulvérise, puis évapore jusqu’à ce que le produit soit bien sec. Mélangeant alors avec du sel, fais chauffer dans le fourneau pendant un jour et une nuit. Après avoir enlevé, lave, jusqu’à ce que le sel dissous se soit écoulé; dessèche de nouveau; pétris avec du vinaigre et abandonne un peu (de temps), jusqu’à ce que la matière soit imbibée; puis dessèche. Remets sur le fourneau, (cette fois) sans laver et fais cela encore une fois, en pétrissant avec du vinaigre. Remets au fourneau quatre ou cinq fois, jusqu’à ce que la matière devienne comme du vermillon. Ensuite, prenant de la scorie d’asèm à poids égal, pulvérise et mélange. Puis, après avoir fait fondre, sépare (en deux parties), saupoudre du plomb avec ces deux produits (et chauffe) jusqu’à ce que ces matières soient dissipées. Après avoir fait dessécher, tu trouveras le plomb durci; fais-le fondre par petits fragments; souffle afin de faire apparaître le métal.[296]

3. Prends de la terre provenant des bords du fleuve d’Égypte qui roule de l’or, pétris-la avec un peu de son, qui provient de la (fabrication de la) fleur de farine. Après avoir agité préalablement, mélangé et fait une pâte, mélange de nouveau dans un vase de terre cuite, jusqu’à ce que les deux (substances) soient tout à fait confondues et qu’il se soit formé comme une pâte de pain. Ensuite, reprends et forme de petits pains; puis, ayant étendu avec soin sur une planche, fais évaporer au soleil jusqu’à ce que la matière soit bien sèche. Puis mets dans un mortier; reprends, mets dans une marmite neuve; ferme avec soin la marmite, place-la à une distance d’une palme du sol; recouvre de fumier et fais du feu au-dessous. Lorsque la flamme se produit, découvre, remue avec un instrument de fer, jusqu’à ce que tu voies que le tout est cuit et semblable à une cendre noire. Si la matière n’est pas devenue telle, agite de nouveau en suivant le même procédé; recouvre, fais chauffer ensemble; puis retire du feu et laisse refroidir pendant un jour. Ayant pris une poignée (de cette matière) avec les deux mains, jette-la dans un vase de terre cuite; ajoute du mercure, agite méthodiquement avec la main Ensuite, ôte de la marmite une autre poignée, ajoute une mesure d’eau, et lave. Ajoute encore une autre mesure (d’eau), et lave semblablement; (opère ainsi) jusqu’à ce que la marmite soit vidée; alors lave avec précaution jusqu’à ce qu’on soit parvenu au mercure. Mets dans un linge, presse avec soin jusqu’à épuisement. En déliant le linge, tu trouveras la partie solide. Après avoir fait cela, mets une boulette (du produit) sur un plat neuf; fais au milieu, en enlevant de la matière, une sorte de fossette ; déposes-y la boulette, et recouvrant, dispose le plat de telle sorte qu’il dépasse partout également, à partir de sa partie centrale et jusqu’à la moitié de sa largeur. Recouvre de nouveau la marmite; et que celle-ci adhère au plat. Plaçant (la marmite) sur les pieds d’un support, fais chauffer sur un feu clair, avec du bois sec ou de la bouse de vache, jusqu’à ce que le fond du plat devienne brûlant. Aie de l’eau auprès de toi pour arroser la préparation avec une éponge, en veillant à ce que l’eau ne tombe pas dans le plat. Après la chauffe, retire le plat du feu et, découvrant, tu trouveras ce que tu cherches.[297]

III. xlvi. — SUR LA DIVERSITÉ DU CUIVRE BRÛLÉ
Le premier paragraphe est identique à l’article III, xiii, p. 154.

2. La vapeur sublimée est une substance brûlée au moyen des alambics, sur un feu léger de cobathia.

Quant aux fixations (au moyen) des scories tirées de la partie inférieure, c’est ce que les prophètes des anciens voulaient obtenir. Tout le monde entend par là les minerais, parce que la matière des corps (métalliques) st dite tétrasomie, et aussi parce que les Égyptiens désiraient obtenir le plomb noir.[298] C’est dans cette opération que réside le noircissement. Or sachez que les scories sont tout le mystère;[299] car les anciens parlent du plomb noir, parce qu’il est le support de la substance. Comment cela arrive-t-il? Si tu ne rends pas les corps incorporels, si de deux tu ne fais pas un,[300] aucun des résultats attendus ne se produira. Si toutes choses n’ont pas été atténuées, si la vapeur sublimée n’a pas été réduite à l’état d’esprit, puis fixée, rien ne sera mené à terme. Qu’il s’agisse du molybdochalque, c’est ce que montrent les traitements des deux scories. Or, prépare une liqueur avec le plomb, en prenant : natron, quatre parties; alun rond, une partie; misy, deux parties; sel de Cappadoce, 4 parties; mets (le tout) dans du vinaigre très fort et fabrique une liqueur. Dans ces (opérations), tu ôteras l’éclat aux feuilles (métalliques). C’est de cette façon que la liqueur a été reconnue principe et fin. Lorsque tu verras que tout est devenu cendre,[301] comprends alors que tu as bien exécuté la préparation par le feu. Pulvérise donc cette scorie et épuise-la de sa partie soluble; lave-la six et sept fois dans des eaux édulcorées, après chaque fonte. Ces fontes ont lieu en raison de la richesse du minerai. En suivant cette marche et ce lavage, la composition s’adoucit. Après la fin de l’opération de l’iosis, une projection étant faite, on obtient un jaunissement stable. En faisant cela, tu fais sortir au dehors la nature cachée à l’intérieur. En effet, transforme la nature, dit-il, et tu trouveras ce que tu cherches.[302] La nature étant transformée perd sa couleur blanche.

III. xlvii. — SUR LES APPAREILS ET LES FOURNEAUX
1. Voici la description du fourneau ci-dessous; le Philosophe n’en a pas fait mention, mais il a parlé seulement des prismes et des autres (appareils), sur lesquels j’ai écrit dans (mon) commentaire relatif à la façon de régler le feu. Dans le sanctuaire antique de Memphis,[303] j’ai vu en détail un fourneau qui s’y trouvait; j’ai reconnu qu’il n’avait pas été mis en état par les gens initiés aux choses sacrées. Bonne santé.

2. Un grand nombre de constructions d’appareils ont été décrites par Marie; non seulement ceux qui concernent les eaux divines (ou sulfureuses), mais encore beaucoup d’espèces de kérotakis et de fourneaux. Or les appareils pour le soufre sont ceux qu’il est nécessaire d’exposer en premier lieu. Parmi eux, il faut parler d’abord du récipient en verre, avec le tube en terre, le matras udcoé, le vase à col étroit, dans lequel pénètre le tube disposé en juste proportion avec l’ouverture du récipient.[304]

Il y a une autre manière de recueillir l’eau divine: le tube n’est pas alors disposé comme avec le tribicos, mais placé à l’extrémité d’un autre tube de cuivre;[305] il est long d’une coudée ou d’une coudée et demie. On y ajuste de la même manière un récipient unique et, au-dessous (du tube de cuivre), le matras contenant le soufre apyre. Après avoir tout disposé, on fait chauffer. Voici le modèle. Il faut avoir dans tous Les cas, une coupe pleine d’eau et rafraichir lç vase tout autour avec une éponge.

3. En ce qui touche le soufre, quelques-uns (se servent) du phanos et des appareils semblables, qui ont une base en forme de serpent. Ils y fixent aussi le mercure jaune isolément, en le soumettant à la vapeur du soufre. En cela ils comprennent mal les écrits antiques, qui ont caché que le phanos n’a pas de rôle ici (?). J’ai été surpris (en lisant) cet écrit; car deux mystères y ont été celés. Nous ne cherchons pas comment la combustion par le soufre, qui est blanc et blanchit tout, rend jaune le seul mercure; (comment) ce produit, étant blanc en puissance et en acte, lorsqu’il est brûlé avec un corps blanc, produit du jaune. Il fallait que les modernes recherchassent avant tout ces choses et comprissent l’autre mystère, à savoir que le mercure n’est pas fixé par le soufre seul, mais qu’il faut pour cela la composition tout entière.

4. J’ai ri, en écoutant la lecture de ton écrit qui décrit ce genre d’opérations : « Que le matras, est-il dit, contienne une mine de soufre apyre »... je me suis étonné de ce que, ne pouvant supporter les reproches, tu aies prétendu écrire de pareilles choses; tu as blâmé à tort ce philosophe, car tu n’as pas compris ce qu’il a dit. Dans les précédents commentaires, j’ai dit que je parlais de la fabrication des eaux, mais non de leur distillation; car autre chose est la fabrication, autre chose la distillation. (Chacun) de ces auteurs a parlé amplement de la distillation; mais aucun n’a exposé la fabrication; c’était là le mystère qu’on ne devait pas révéler, celui qui a été tout à fait caché. Or la distillation est de telle nature et (s’accomplit) au moyen de tels appareils.[306] Quant à la fabrication, c’est-à-dire la composition de cette eau, elle a été décrite dans l’exposé détaillé de l’œuvre.[307]

5. Je vais décrire le tribicos.[308] Fabrique, dit-il, trois tubes de cuivre laminé; dispose la lame ductile de façon qu’elle ait l’épaisseur du couvercle, ou un peu plus : par exemple, la moitié de l’épaisseur d’une monnaie de cuivre. Fabrique donc trois tubes dans ces conditions, et fabrique un (gros tube) de cuivre,[309] long d’une coudée, ayant une palme de diamètre. L’ouverture du gros tube sera en proportion convenable; les trois (petits) tubes ont une ouverture adaptée à celle du col du petit récipient. Vis-à-vis du tube du pouce sont les deux tubes de l’index,[310] ajustés au moyen d’une clavette, des deux côtés, près de l’extrémité du gros tube; vers cette extrémité existent trois orifices, ajustés aux tubes ainsi raccordés (avec le gros tube). Ces orifices sont soudés d’une façon excentrique avec le récipient supérieur, celui où se rend la partie volatile.

Place le gros tube de cuivre au-dessus du matras en terre cuite, qui contient le soufre. Après avoir luté les, jointures avec de la pâte de farine, adapte aux extrémités des (petits) tubes des récipients en verre grands et forts, afin qu’ils ne cassent pas, en raison de la chaleur de l’eau. Porte ce qui monte dans les appareils où le Philosophe dit que l’eau s’élève.

6. Quant à la préparation et à la composition, je ne craindrai pas de t’écrire sur ce point, ô ma princesse. La fabrication des eaux comprend ce qui suit:[311] l’Eau de soufre, d’arsenic, de sandaraque; la vapeur, l’eau de lie, l’eau de chaux, l’eau de cendre de choux, l’eau d’alun, l’eau d’urine, de lait d’ânesse, de chèvre; parfois le lait de chienne, le lait de vache, et le lait de la femme mère d’un enfant mile, suivant Agathodémon; le vinaigre, l’eau de mer, le miel et le ricin ou gry (?), l’urine d’un impubère et la gomme. Leur production a lieu comme il suit. Chaque eau se prépare à la façon d’une saumure proprement dite. Quand il s’agit de l’eau de cendre, elle se prépare comme la lessive pour savonner, que j’ai décrite dans l’exposé des manipulations. Si tu ne réussis pas, opère la composition avec une cotyle d’eau. Emploie une once des espèces suivantes,[312] savoir : une once de soufre et une once d’eau pure; une once d’arsenic et une cotyle d’eau ; de la lie cuite, éteinte dans le vinaigre; de la chaux éteinte dans une cotyle d’urine de chat; de l’alun, une once, délayé dans une cotyle d’eau de mer; du natron roux, même quantité. Après avoir fait cuire séparément et ensemble les eaux, pendant un peu de temps, afin qu’elles prennent de la force, fais dessécher ou distiller dans un autre vase, en y mêlant le miel et l’huile. S’il est besoin de soufre blanc,[313] délaie dans l’eau la terre de Chio, l’astérite, l’aphrosélinon de Coptos cuit, la terre de Samos, celles de Carie, de Cimole, ou l’antimoine (?). Mettant dans un vase l’eau devenue bleue, ajoutes-(y) du marbre (tiré) de la terre, du misy brut, et une autre partie de chaux; on en emploie deux parties, suivant les écrits des anciens, où le produit est nommé l’eau double de chaux. Ajuste l’appareil sur le matras, fais monter l’eau et mets en œuvre.

7. L’eau jaune se prépare comme il suit : Soient toutes les eaux obtenues d’après les règles précédentes; au lieu de faire l’addition de deux parties de chaux, ajoute une partie de sel, après avoir fait cuire chacune de ces eaux séparément et les avoir mélangées, délaies-y, non plus des terres blanches, mais des terres jaunes. Car nous voulons obtenir de l’eau jaune. Or, les terres jaunes sont l’ocre attique, le minium du Pont, le misy cuit, la couperose cuite, et les matières semblables; toutes les plantes (jaunes) que l’on connaît communément,[314] ainsi que le jaune d’œuf, le safran des œufs et la chélidoine double. Quant aux herbes, ne les incorpore pas avec l’eau, mais seulement les terres. Puis, changeant de vase, comme on le fait d’ordinaire, ajoute les plantes et fais cuire quatre ou cinq fois, dans l’appareil. Fais monter l’eau et emploie-la, avec addition de gomme. Après avoir découvert (l’appareil), tu trouveras les herbes brûlées, ayant perdu leur teinte propre, c’est-à-dire leur esprit propre. La portion la plus pure de cette eau divine a une vertu et une nature telle que, si vous trempez l’argent dans l’eau bouillante, la teinture sera indélébile. Bonne santé

III. xlviii. — FABRICATION DE L’ARGENT AVEC LA TUTIE[315]
Prenant de la tutie, environ 20 hexages (poids), broyez jusqu’à ce qu’elle devienne or;[316] (prenant) environ 5 hexages de soufre apyre, broyez jusqu’à ce qu’il devienne plomb.[317] Ensuite prenant 6 blancs d’œufs, après avoir décapé, mettez dans l’alambic, et faites cuire pendant deux jours et deux nuits Enlevez pour voir si la matière est bien à point; remettez de nouveau (la matière) et faites cuire (encore) pendant un jour. Ensuite prenant du cuivre, environ 10 hexages, mettez-le dans un creuset et projetez-y 6 cotyles (de la matière ci-dessus): vous obtenez de l’argent.[318]

III. xlix. — DU MÊME ZOSIME SUR LES APPAREILS ET FOURNEAUX. COMMENTAIRES AUTHENTIQUES SUR LA LETTRE W [319]
1. L’élément W est rond, formé de deux parties : il appartient à la septième zone, celle de Saturne,[320] dans le langage des êtres corporels; car dans le langage des incorporels, il y a une autre chose qui ne doit pas être révélée. Nicothée seul (la) sait, lui le personnage caché. Or, dans le langage des êtres corporels, cet élément est appelé l’océan, l’origine et la semence de tous les dieux. Tels les principes fondamentaux du langage des êtres corporels.[321] Sous le nom de ce grand et admirable élément W, on comprend la description des appareils de l’eau divine, celle de tous les fourneaux simples et machinés, de tous, absolument parlant.

2. Zosime (s’adressant) à Théosébie, lui explique ceci avec bonne volonté. (L’exposé des) teintures convenables, ô femme, a fait tourner en ridicule mon livre sur les fourneaux. En effet, beaucoup (d’écrivains), remplis de bienveillance pour leur propre génie, se sont moqués des teintures convenables et ils ont regardé le livre sur les fourneaux et appareils comme n’étant pas conforme à la vérité. Aucun discours ne peut leur persuader ce qui est la vérité, s’il n’est inspiré par leur propre génie. Par un destin fatal, ce qu’ils avaient reçu, ils le tournaient à mal dans leur langage, au détriment de l’art et de leur propre succès, les marnes mots étant détournés malheureusement dans les deux sens (opposés). C’est avec peine que, contraints par la nécessité des démonstrations, ils accordaient quelque point, même au sujet des choses qu’ils avaient comprises précédemment. Mais de tels auteurs ne doivent être approuvés, ni par Dieu, ni par les philosophes. Car les temps (des opérations) étant désignés dans le dernier détail, et après que le Génie les a favorisés dans l’ordre corporel,[322] ils refusent d’accorder un autre point, oubliant toutes les choses évidentes qui précèdent. Ils ont dû partout obéir à la destinée, pour les choses déjà dites et pour leurs contraires, sans pouvoir rien imaginer d’autre, relativement aux êtres corporels; (je dis) rien d’autre que l’ordre fatal de la destinée. Les hommes de cette espèce, Hermès, dans le traité sur les Natures, les appelait des insensés, propres seulement à faire cortège à la destinée, mais incapables de rien comprendre aux choses incorporelles, ni même de concevoir la destinée qui les conduit avec justice. Mais ils font outrage à ses enseignements sur les êtres corporels, et ils se livrent à des imaginations étrangères à leur propre bonheur.

3. Hermès et Zoroastre ont déclaré que la race des philosophes est supérieure à la destinée. En effet, ils ne jouissent pas du bonheur qui vient de celle-ci. Dominant ses plaisirs, ils ne sont pas atteints par les maux qu’elle cause; vivant toujours dans leur for intérieur, ils n’acceptent pas les beaux présents qu’elle offre, parce qu’ils en voient la fin malheureuse. C’est pour cette raison qu’Hésiode[323] nous présente Prométhée donnant des conseils à Epiméthée: « Quel est le bonheur que les hommes jugent le plus grand de tous? Une belle femme, dit-on, avec beaucoup d’argent. » Il dit qu’il ne reçoit aucun présent de Jupiter Olympien; mais il les rejette, enseignant à son frère qu’il doit repousser, au nom de la philosophie, les présents de Jupiter, c’est-à-dire les dons de la destinée.

4. Quant à Zoroastre, se glorifiant de la connaissance de toutes les choses supérieures et de celles de la magie, il dit qu’il se détourne du langage des êtres corporels; que tout ce qui vient de la destinée est mauvais, soit en détail, soit dans l’ensemble. Hermès, toutefois, parlant des choses extérieures, condamne la magie, disant que l’homme spirituel, celui qui se connaît lui-même, ne réussit en rien par la magie, et ne regarde pas comme convenable de violenter la nécessité. Mais il laisse aller (les choses), telles qu’elles vont de nature et d’autorité. Il a pour seul objet de se chercher lui-même, de connaître Dieu, et de dominer la triade innommable. Il laisse la destinée faire ce qu’elle veut, en la laissant agir sur le limon terrestre, c’est-à-dire sur le corps. Il s’exprime ainsi : « Si tu comprends et si tu te conduis convenablement, tu contempleras le fils de Dieu, devenu tout[324] en faveur des âmes saintes. Pour tirer ton âme du sein de la région (corporelle), régie par la destinée, (et l’amener) vers la (région) incorporelle, vois comme il est devenu tout, (c’est-à-dire à la fois) Dieu, ange, et homme sujet à la souffrance. En effet pouvant tout, il devient tout ce qu’il veut; il obéit à son père, en pénétrant tout corps, en éclairant l’esprit de chacun; il s’est élancé dans la région heureuse, là où il était avant d’avoir pris un corps. Tu le suivras, excité et guidé par lui vers cette lumière.

5. Regarde le tableau que Cébès a tracé, ainsi que le trois fois grand Platon et le mille fois grand Hermès; vois comment Toth interprète la première parole hiératique, lui le premier homme, interprète de tous les êtres, et dénominateur de toutes les choses corporelles. Or les Chaldéens, les Parthes, les Mèdes et les Hébreux le nomment Adam: ce qui signifie terre vierge, terre sanglante, terre ignée et terre charnelle.[325] Ces choses se trouvent dans les bibliothèques des Ptolémées, déposées dans chaque sanctuaire, notamment au Sérapéum; (elles y ont été mises) lorsque Asenan, l’un des grands prêtres de Jérusalem, envoya Hermès,[326] qui interpréta toute la Bible hébraïque en grec et en égyptien.

6. C’est ainsi que le premier homme est appelé Toth parmi nous, et parmi eux, Adam; nom donné par la voix des anges. On le désigne symboliquement au moyen des quatre éléments,[327] qui correspondent aux points cardinaux de la sphère, et en disant qu’il se rapporte au corps.[328] En effet, la lettre A de son nom désigne l’Orient (‘Ἀνατολή) et l’Air (Ἀήρ). La lettre D désigne le couchant (Δύσις), qui s’abaisse à cause de sa pesanteur. La lettre M montre le Midi (Μεσεμβρία), c’est-à-dire le feu de la cuisson qui produit la maturation des corps, la 4e zone et la zone moyenne. Ainsi l’Adam charnel, sous sa forme apparente, est appelé Toth ; mais l’homme spirituel contenu en lui (porte un nom) propre et appellatif. Or nous ignorons jusqu’à présent quel est ce nom propre; car Nicothée, ce personnage que l’on ne peut trouver, savait seul ces choses. Quant au nom appellatif, c’est celui de φῶς (lumière, feu) : c’est pour cela que les hommes sont appelés φῶτες (mortels).

7. Lorsqu’il était dans le Paradis sous forme de lumière (φῶς), soumis à l’inspiration de la destinée, ils lui persuadèrent en profitant de son innocence et de son incapacité d’action, de revêtir[329] le (personnage d’)Adam, celui qui (était soumis à) la destinée, celui qui (répond) aux quatre éléments. Lui, à cause de son innocence, ne refusa pas; et ils se vantaient d’avoir asservi (en lui) l’homme extérieur.

C’est dans ce sens qu’Hésiode[330] a parlé du lien avec lequel Jupiter attacha Prométhée. Ensuite, après ce lien, il lui en envoie un autre, (c’est-à-dire) Pandore, que les Hébreux nomment Ève. Or, Prométhée et Épiméthée, c’est un seul et même homme dans le langage allégorique; c’est l’âme et le corps. Prométhée est tantôt l’image de l’âme; tantôt (celle) de l’esprit. C’est aussi l’image de la chair, à cause de la désobéissance d’Épiméthée, commise à l’égard de Prométhée, son propre (frère).

Notre intelligence dit : Le fils de Dieu, qui peut tout et qui devient tout lorsqu’il (le) veut, se manifeste comme il veut à chacun. Jésus-Christ s’ajoutait à Adam et (le) ramenait au Paradis, où les mortels vivaient précédemment.

8. Il apparut aux hommes privés de toute puissance, étant devenu homme (lui-même), sujet à la souffrance et aux coups. (Cependant), ayant secrètement dépouillé son propre caractère mortel, il n’éprouvait (en réalité) aucune souffrance; et il avait semblé fouler aux pieds la mort, et la repousser, pour le présent et jusqu’à la fin du monde : tout cela en secret. Ainsi dépouillé des apparences, il conseillait aux siens d’échanger aussi secrètement leur esprit avec celui de l’Adam qu’ils avaient en eux, de le battre et de le mettre à mort, cet homme aveugle étant amené à rivaliser avec l’homme spirituel et lumineux: c’est ainsi qu’ils tuent leur propre Adam.[331]

9. Ces choses se font jusqu’à ce que vienne le démon Antimimos;[332] jaloux d’eux et voulant les induire de nouveau en erreur, il se dit lui-même fils de Dieu; bien qu’étant sans forme (originale),[333] ni d’âme ni de corps. Mais devenus plus sensés, par suite de la prise de possession de celui qui est réellement fils de Dieu, ils lui abandonnent leur propre Adam; immolant leurs esprits mortels, ils demeurent sauvés, dans le lieu particulier où ils se trouvaient avant (la création du) monde. Ainsi, avant d’accomplir ces choses, il envoie d’abord l’Antimimos, le rival, son précurseur, sorti de la Perse, lequel tient des discours pleins d’erreurs et de fables, et dirige les hommes suivant la destinée. Or les éléments de son nom sont au nombre de neuf, la diphtongue étant conservée,[334] suivant le but que se propose la destinée. Ensuite, après sept périodes, plus ou moins, il viendra aussi lui-même, en vertu de sa nature propre.

10. Ces choses sont dites seulement par les Hébreux, ainsi que par les livres sacrés d’Hermès sur l’homme lumineux et sur le fils de Dieu, son guide; sur l’Adam terrestre et sur Antimimos son guide, qui se dit, par blasphème et erreur le fils de Dieu. Or les Grecs appellent l’Adam terrestre Epiméthée : ce qui veut dire conseillé par son esprit particulier, c’est-à-dire par son frère, qui lui disait de ne pas accepter les dons de Jupiter. Toutefois, s’étant abusé et repenti, et ayant cherché La région heureuse, il explique tout, et il conseille en tout ceux qui ont un entendement spirituel. Mais ceux qui n’ont qu’un entendement corporel, appartiennent à la destinée; ils n’admettent ou ne confessent rien d’autre.

11. Tous ceux qui (font des teintures) convenables et réussissent (par hasard) ne disent pas autre chose; ils persiflent l’art exposé dans le grand livre sur les fourneaux, et ils ne comprennent pas non plus le Poète lorsqu’il dit :

« Mais les Dieux n’avaient pas encore donné en même temps aux hommes.... etc. »

Ils ne réfléchissent à rien et ne voient pas les divers genres de vie des hommes: comme quoi les hommes réussissent différemment dans un seul (et même) art; comment ils opèrent différemment dans un seul (et même) art; comment ils pratiquent un seul (et même) art, au moyen des caractères et des figures diverses des astres (?). Ils ne voient pas que tel artisan est paresseux (?), tel artisan isolé; tel autre dégénère, tel devient pire, tel ne progresse pas. Il arrive aussi que l’on rencontre dans tous les arts des gens qui travaillent un même art avec des outils et des procédés différents, et qui ont à un degré différent l’intelligence et la réussite.

12. Parmi tous les arts, c’est surtout dans l’art sacré qu’il convient de considérer ces choses. Par exemple, après une fracture, si le patient rencontre un prêtre (habile, celui-ci agissant de sa propre inspiration,[335] réunit les fragments, de telle sorte que l’on entend le craquement des os qui se rejoignent. Si l’on ne trouve pas un tel prêtre, que le blessé cependant ne craigne pas de mourir, mais que l’en amène des médecins avec leurs livres, pourvus de dessins et de figures ombrées. Etant pansé conformément aux lignes des figures du livre, le blessé est entouré de liens mécaniquement et il continue à vivre, après avoir repris la santé. Nulle part l’homme ne se résigne à mourir, faute de trouver un prêtre qui réunisse les fractures.

Au contraire, ceux-ci, les malheureux (ignorants), se laissent mourir de faim, plutôt que d’apprendre à connaître et à pratiquer la description des fourneaux, telle qu’elle est tracée: c’est par là que, devenus bienheureux, ils triompheraient de la pauvreté, cette maladie incurable. En voilà assez sur ce chapitre.

13. Quant à moi j’arrive à mon sujet, qui concerne les fourneaux. Ayant reçu les lettres que tu as écrites, j’ai vu que tu m’invites à rédiger pour toi la description des appareils. J’ai été surpris de voir que tu écrives pour obtenir de moi la connaissance des choses qui ne doivent pas être connues; n’as-tu pas entendu le Philosophe; lorsqu’il dit: « Ces choses, je les ai passées volontairement sous silence, parce qu’elles sont décrites amplement dans mes autres écrits »? Cependant tu as voulu les apprendre de moi; ne crois pas du reste que mon écrit soit plus digne de foi que celui des anciens, et sache que je ne pourrais pas (les surpasser). Mais, afin que nous entendions tout ce qui a été dit par eux, je vais t’exposer ce que je sais. Voici ce que c’est.

14. Récipient de verre, tube de terre cuite de la longueur d’une coudée. Matras ou vase à étroite embouchure, dont le goulot est proportionné à la grosseur du tube. Voici le modèle.[336] Il faut avoir une coupe d’eau et mouiller le vase avec une éponge. Pour les vapeurs sublimées, ainsi que pour le mercure, c’est le même vase.

On peut fixer le mercure dans le phanos (vase) et dans des appareils sembla. bics, ayant un récipient de forme serpentine. On jaunit (le mercure) par la vapeur du soufre; c’est là ce que conseillent les anciens écrits, le phanos ne contenant pas le soufre.[337] Tu seras surpris, au sujet de cet écrit, de ce que deux mystères manifestes y ont été cachés. D’abord ne cherchons-nous pas comment la vapeur du soufre, qui blanchit (les métaux, rend (cependant) le mercure jaune, ni comment cela arrive lorsqu’il est brûlé? Et en outre, comment ce mercure, étant blanc en puissance et en fait, devient jaune lorsqu’il est brûlé et fixé par une substance blanche?

15. Il fallait donc que les modernes cherchassent avant tout ces choses. Quant à l’autre mystère, je pense que (le mercure) n’est pas fixé seul, mais avec toute la composition. Maintenant les appareils dans lesquels on exécute aussi la (fabrication de l’eau) de soufre natif, la fixation du mercure, l’arrosage des mélanges et leur teinture sont ceux-ci.

(Suit la formule de l’Écrevisse, Introd., p. 152.)

16. L’ios qui provient du cuivre sans ombre, étant jauni, est soumis à l’action de la sublimation; puis on le dépose dans du miel blanc.

17. La masse molle, jaunie par notre cuivre, agit en son lieu et place, mais moins fortement que : tout cela se trouve chez Agathodémon.

18. La masse molle obtenue avec les petites scories, mettez-la dans le phanos (vase) et fixez avec la vapeur des soufres volatilisés, afin qu’elle devienne comme du cinabre. Ensuite mettez-la dans des bocaux ou dans des coupes, étalez et employez comme ci-dessus.

Signes de : Ciel; soleil (ou or). Terre, ciel.[338]

19. Comme on le voit, toutes les espèces (provenant) des vapeurs, ont été mélangées par Agathodémon : telles sont la chrysocolle, la (pierre) étésienne, la fleur d’or et en général toutes celles qui servent dans la teinture de l’argent, ainsi que le comporte sa dernière classe. Or il emploie les vapeurs, afin d’éviter que l’argent se réduise en scorie, ou qu’il ne cède sa substance aux corps épais et terreux, susceptibles d’être calcinés et torréfiés.

III. l. — SUR LE TRIBICOS ET LE TUBE
1. Je vais te décrire le tribicos. On appelle ainsi la construction en cuivre transmise traditionnellement par Marie.[339] Voici en quels termes: Fabrique, dit-elle, trois tubes de cuivre laminé et aminci, d’une épaisseur dont voici la mesure: ce sera à peu près celle d’une poêle en airain, à faire cuire les gâteaux; la longueur sera d’une coudée et demie. Fabrique donc trois tubes dans ces conditions, et fabrique aussi un (gros) tube, ayant environ une palme de diamètre et une ouverture proportionnée à celle du vase de cuivre.[340] Les trois tubes auront une embouchure adaptée au col du petit récipient, au moyen d’une clavette, par le tube du pouce;[341] afin que les deux tubes de l’index s’adaptent latéralement aux deux mains.[342] Vers l’extrémité du vase de cuivre, existent trois orifices, ajustés aux tubes et bien raccordés. On les soude d’une façon excentrique au récipient supérieur, destiné à recevoir la partie volatile. On place le vase de cuivre au-dessus du matras en terre cuite qui contient le soufre. Après avoir luté les jointures avec de la pâte de farine, adapte aux extrémités des tubes des récipients en verre, grands et forts, afin qu’ils ne cassent pas en raison de la chaleur de l’eau qui entraîne la matière distillée. Voici la figure: Tube de l’index.[343]

Le § 2 est la reproduction du premier alinéa du § 2 de l’article III, xlvii, p. 216. Le § 3 reproduit le § 4 du même article (p. 217), mais avec des variantes très importantes que l’on va donner.

3. J’ai ri en écoutant ce qui est relatif aux diverses classes de ces appareils. Car tu dis : Pour chaque opération, que le matras contienne une mine de soufre apyre. Et je t’ai admirée aussi en ceci que, ne supportant pas le reproche, tu aies prétendu écrire de pareilles choses. De plus tu en es venue à critiquer le Philosophe, parce qu’il a osé dire : « Ces choses je les ai passées sous silence, attendu qu’elles sont déjà exposées avec grands détails dans les écrits des autres... (Lute) avec du suif, ou de la cire, ou de la terre grasse, ou avec ce que tu voudras, et, après avoir calciné, enlève ». Or voici la figure qui se trouve dans les écrits.

Insistant dans un sentiment d’envie indomptable, tu critiques vainement le Philosophe; car tu n’as pas compris ce qu’il dit. Il ne veut pas parler, comme dans les commentaires précédents, de la fabrication des eaux, mais de leur distillation ; car autre chose est la fabrication, autre chose la distillation. Il a dit qu’on n’écrivait rien en détail sur leur mercure; nul d’entre eux n’en exposait la fabrication; car c’était là le mystère caché. C’est une chose celée avec soin. La distillation a donc lieu au moyen de ces appareils, ou d’autres similaires, imaginés par les gens intelligents; tels sont ceux qui ont étudié auparavant les Pneumatiques d’Archimède, ou d’Héron et d’autres auteurs, ainsi que leurs écrits relatifs à la mécanique.

4. Sur d’autres fourneaux. — Comme la suite de notre discours a pour sujet les fourneaux et la teinture, je ne veux pas te répéter ce qui se trouve dans les écrits des autres. En effet, chez Marie, la description du fourneau présentée ici ne figure pas. Le Philosophe n’en a pas fait mention, mais seulement des prismes et des autres (appareils) dont j’ai parlé en passant, dans le commentaire sur les règles du feu.[344] Afin qu’il ne puisse rien manquer à tes écrits, parles-y du fourneau de Marie, celui dont Agathodémon a fait mention, en ces termes: « Or voici la description de la classe des kérotakis destinées au soufre mis en suspension. Prenant une coupe, fais (y) des divisions, c’est-à-dire fais avec une pierre une entaille centrale et circulaire dans le fond de la coupe, afin d’y engager à la partie inférieure une saucière de dimension correspondante.[345] Dispose un vase mince de terre cuite, ajusté et suspendu à la coupe, retenu par elle dans sa partie supérieure; et s’avançant vers la kérotakis de fer. Dispose la feuille (métallique) que tu voudras, conformément à l’écrit, au-dessus du vase et au-dessous de la kérotakis, en même temps que la coupe, de telle façon que tu puisses voir à l’intérieur. Après avoir luté les jointures, fais cuire autant d’heures que le dit notre rédaction. Voilà pour le soufre en suspension. Pour l’arsenic en suspension, on opère semblablement. Pratique un petit trou d’aiguille au centre du vase.

5. Autre coupe de verre placée au-dessous. Le vase de terre cuite sera de dimension telle qu’il s’ajuste aux parties arrondies et conforme à ces parties.[346]

6. C’est le fourneau en forme de four, dit Marie, ayant à la partie supérieure trois trous (suçoirs), destinés à arrêter (les gros morceaux) et à évacuer (les parties fondues).[347] Fais chauffer progressivement, en brûlant des roseaux grecs pendant deux ou trois jours et autant de nuits, selon ce que comporte la teinture, et laisse torréfier complètement dans le fourneau. Puis fais descendre pendant tout un jour de l’asphalte, en y ajoutant ce que tu sais, plus du cuivre blanc ou jaune. Or (cela) peut se faire ainsi: l’appareil en forme de crible blanchit, jaunit, produit de l’ios. Cuis légèrement, comme pour produire du fard, la teinture des mélanges et tout ce que tu pourras imaginer. Telle est la fabrication.

III. li. — LE PREMIER LIVRE DU COMPTE FINAL DE ZOSIME LE THÉBAIN
1. Ici, se trouve confirmé le livre de la Vérité.

Zosime à Théosébie, salut !

Tout le royaume d’Égypte,[348] ô Femme, dépend de ces deux arts, celui des (teintures) convenables et celui des minerais. L’art appelé divin, soit dans ses parties dogmatiques et philosophiques, soit dans la plupart des questions de moindre portée, a été confié à ses gardiens pour leur subsistance. Il en est ainsi non seulement pour cet art, mais encore pour les quatre arts appelés libéraux et pour les arts manuels. Leur puissance créatrice appartient aux rois. S’ils le permettent, celui-là l’expose de vive voix, ou l’interprète d’après les stèles, qui en a reçu la connaissance comme héritage de ses aïeux. Mais celui qui possédait la connaissance de ces choses ne fabriquait pas pour lui-même), car il eût été puni; de même que les artisans qui savent frapper la monnaie royale n’ont pas le droit de la frapper pour eux- mêmes, sous peine de châtiment. De même aussi, sous les rois Égyptiens, les artisans de l’art de la cuisson et ceux qui possédaient la connaissance des procédés n’opéraient pas pour eux-mêmes; mais ils opéraient pour les rois d’Égypte, et travaillaient en vue de leurs trésors. Ils avaient des chefs particuliers placés à leur tête, et grande était la tyrannie exercée dans l’art de la cuisson, non seulement en elle-même, mais aussi en ce qui touche les mines d’or. Car en ce qui touche la fouille, c’était une règle, chez les Égyptiens, qu’il fallait une autorisation écrite.

2. Quelques-uns reprochent à Démocrite et aux anciens... (La suite comme à la page 98, jusqu’à la fin du paragraphe.)

3 Quant aux teintures convenables, personne ni parmi les Juifs, ni parmi les Grecs, ne les a jamais exposées. En effet, ils les plaçaient dans les images, formées avec leurs propres couleurs et destinées à les conserver. Les opérations faites sur les minéraux diffèrent beaucoup des teintures convenables. Ils étaient très jaloux de la divulgation de l’art lui-même; et ne laissaient pas le manipulateur sans punition. Celui qui fait une fouille sans autorisation, peut être précipité (et mis à mort) par les surveillants des marchés de la ville, chargés du recouvrement des impôts royaux. De même il n’était pas permis de mettre en œuvre secrètement les fourneaux, ou de fabriquer en secret les teintures convenables. Aussi tu ne trouveras personne parmi les anciens qui révèle ce qui est caché, et qui expose quelque chose de clair à cet égard. Je n’ai rencontré que Démocrite seul, parmi les anciens, qui ait fait entendre clairement quelque chose à cet égard, dans les énumérations de ses catalogues.

En effet, voici comment il débute, dans le préambule de sa composition sur les arts libéraux: ici observe sa malice. Il parlait seulement, au début, du mercure et du corps de la magnésie. Or les autres (substances) sont toutes de la classe des teintures convenables. Il s’exprime ainsi: Ocre attique, minium du Pont, soufre natif: on en prend une livre; pierre phrygienne, son jaune, couperose sèche, cinabre, misy cuit, misy cru. Tu fabriqueras l’androdamas, le soufre, l’arsenic, la sandaraque. Pour ne pas énumérer tout ce qui est dans les quatre catalogues, tu trouveras toutes les substances propres aux (teintures) et pour que tu exécutes ce qu’il fait entendre la dessus, il a énuméré les (substances) crues et les (substances) cuites, qui répondent aux deux arts. il parle de préférence des teintures parmi les choses convenables. Lorsqu’il dit: misy cru, misy cuit, son jaune, coupe rose sèche et autres similaires; il parle des (substances) qui ont subi un certain traitement, en s’attachant aux arts libéraux. Mais pourquoi ne parle-t-il pas de toutes ces substances, après qu’elles ont été traitées et jaunies, telles que le mercure jaune et le corps (de la magnésie) jaune, et généralement tout le catalogue jaune?

4. Vois comment ce qu’il pensait et ce qu’il écrivait était présenté sous forme énigmatique; il voulait tout faire entendre par énigmes. Les témoignages les plus dignes de foi qu’il ait trouvés sur ces choses, il les a fait entendre par énigmes. Comment se fait-il que sachant qu’il n’y a qu’une teinture et qu’une marche, il représentait celles-ci comme multiples, disant: Parmi ces natures, il n’en est pas de meilleure pour les teintures... »; afin de montrer que les mêmes espèces peuvent servir à composer convenablement plusieurs teintures, la proportion variant suivant la quantité des espèces (destinées aux teintures [?]) depuis une seule jusqu’au nombre de cinquante et une. En même temps, il parle de l’opération naturelle, c’est-à-dire de la matière de la fabrication de l’or, et il met en évidence les teintures naturelles. Il dit encore: « Je vous ai engagés dans un grand travail, si quelques-uns ayant opéré avec une quantité considérable de matière, venaient à échouer Jans la fabrication des produits naturels ».

Au temps d’Hermès, on appelait teintures naturelles celles qui devaient être inscrites (plus tard) sous un titre commun, dans son ouvrage intitulé:

Livre des Teintures naturelles, dédié à Isidore.[349] Lorsqu’elles avaient réussi avec les objets de cuivre, elles devenaient et étaient dites convenables. Au surplus, on reproche aux anciens et surtout à Hermès, de ne les avoir exposées, ni publiquement, ni en secret, et de ne pas avoir fait entendre ce que c’est.

5. Seul, Démocrite l’a exposé dans son ouvrage et l’a fait entendre. Mais eux, ils ont gravé ces procédés sur les stèles dans l’ombre des sanctuaires, en caractères symboliques; ils y ont gravé ces procédés et la chorographie de l’Égypte;[350] de telle sorte que, si quelqu’un osait affronter les ténèbres du sanctuaire pour obtenir la connaissance d’une façon illicite, il ne réussît pas à comprendre les caractères, malgré son audace et sa peine.[351] Mais les Juifs, ayant été initiés, ont transmis ces procédés convenables, qui leur avaient été confiés. Voici ce qu’ils conseillent dans leurs traités: « Si tu découvres nos trésors, abandonne l’or à ceux qui veulent se détruire eux-mêmes. Après avoir trouvé les caractères qui décrivent ces choses, tu réuniras toutes ces richesses en peu (de temps) ; mais si tu te bornes à prendre ces richesses, tu te détruiras toi-même, par suite de l’envie des rois qui gouvernent et de celle de tous les hommes.[352] »

6. Il y avait deux genres de (teintures) convenables, dans les toiles teintes,[353] qu’ils présentaient à leurs prêtres; voici pourquoi elles étaient appelées convenables,[354] c’est parce qu’ils opéraient au moment voulu les teintures, à la volonté de ceux qui (les) attendaient; mais pour ceux qui ne le demandaient pas, ils opéraient autrement. Les (teintures) convenables étaient obtenues par le mélange des espèces tinctoriales, en opérant avec les espèces pures. Les unes appartiennent à ces arts précieux; quant à l’autre genre de teintures pures et naturelles, voici l’interprétation que Hermès grava sur les stèles : « Fais fondre seulement la matière jaune verdâtre, la matière jaune, la noire, la verte et les similaires. » Ils appelaient ces terres, en langage mystique, des minerais. Hermès Indique aussi les espèces de couleurs: « Celles-ci agissent naturellement; mais elles sont surpassées par les produits supraterrestres. Or si quelque initié s’en débarrasse, il obtiendra ce qu’il cherche.

7. Ceux qui apportaient (les couleurs fabriquées par voie surnaturelle (?), étant ainsi mis de côté, conseillaient aux gens considérables d’agir contre nous tous, savants, opérant par des actions naturelles.. Ils ne voulaient pas être mis de côté par les hommes,[355] mais être suppliés et adjurés de céder ce qu’ils avaient fabriqué, en retour des offrandes et des sacrifices. Ils tinrent donc cachés tous les procédés naturels, ceux qui donnent les résultats sans artifice. Ce n’était pas seulement par jalousie contre nous, mais parce qu’ils étaient soucieux de leur existence et ne voulaient pas s’exposer à être battus de verges, chassés, et à mourir de faim, en cessant de recevoir les offrandes des sacrifices. Ils opérèrent ainsi : ils cachèrent les procédés naturels et mirent en avant les leurs, qui étaient d’ordre surnaturel;[356] ils exposèrent à leurs prêtres que les gens du peuple négligeraient les sacrifices, s’ils n’avaient plus recours aux procédés surnaturels, pour s’adresser à ceux qui possédaient cette prétendue connaissance des alliages vulgaires, cet art de fabriquer les eaux et de faire les lavages. C’est ainsi que, par l’effet de la coutume, de la loi et de la crainte, leurs sacrifices étaient très suivis. Ils n’accomplissaient même plus leurs annonces mensongères. Lorsque leurs sanctuaires venaient à être désertés et leurs sacrifices négligés, ils obtenaient encore des hommes restés (auprès d’eux), qu’ils s’adonnassent aux sacrifices, en les flattant par des songes[357] et d’autres tromperies, ainsi que par certains conseils. Ils revenaient sans cesse à ces promesses mensongères et surnaturelles, pour complaire aux hommes amis du plaisir, misérables et ignorants. Toi aussi, ô femme, ils veulent te gagner à leur cause, par l’intermédiaire de leur faux prophète; ils te flattent; étant affamés, (ils convoitent) non seulement les sacrifices, mais encore ton âme.[358]

8. Toi donc, ne te laisses pas séduire, ô femme, ainsi que je te l’ai expliqué dans le livre concernant l’Action. Ne te mets pas à divaguer en cherchant Dieu; mais reste assise à ton foyer, et Dieu viendra à toi, lui qui est partout; il n’est pas confiné dans le lieu le plus bas, comme les démons.[359] Repose ton corps, calme tes passions, résiste au désir, au plaisir, à la colère, au chagrin et aux douze fatalités de la mort. En te dirigeant ainsi, tu appelleras à toi l’être divin, et l’être divin viendra à toi, lui qui est partout et nulle part. Sans être appelée, offre des sacrifices: non pas les (sacrifices) avantageux pour ces hommes, et destinés à les nourrir et à leur complaire; mais des (sacrifices) qui les éloignent et les détruisent, tels que ceux qua préconisés Membrès, s’adressant à Salomon, roi de Jérusalem, et principalement tels que ceux qu’a décrits Salomon lui-marne, d’après sa propre sagesse. En opérant ainsi, tu obtiendras les teintures convenables, authentiques et naturelles. Fais ces choses jusqu’à ce que tu sois devenue parfaite dans ton âme. Mais, lorsque tu reconnaîtras que tu es arrivée à la perfection, alors redoute (l’intervention) des éléments naturels de la matière descendant vers le Pasteur, et te plongeant dans la méditation, remonte ainsi ton origine.

9. Quant à moi, je viendrai au secours de ton insuffisance; mais réfléchis et rappelle-toi la chose cherchée : il faut qu’elle n’éprouve pas d’amoindrissement, mais qu’elle suive ses degrés réguliers.

Écoute-le, quand il dit un peu plus loin: un seul produit existe, en lequel doivent se réunir deux œufs;[360] les composants sont divers; l’un est humide et froid, l’autre sec et froid, et les deux produisent une œuvre unique. Il faut entendre ici les deux couleurs de l’œuf et admirer les changements de couleurs qui proviennent de l’œuf, ainsi que ceux qui précèdent, et toutes les générations de couleurs; comme quoi elles indiquent l’expulsion de la matière (étrangère); après d’autres phénomènes, on peut les observer; mais elles ne reparaissent pas (dans un état) semblable. Pourquoi (faut-il expliquer tout cela)[361]? N’est-ce pas parce qu’ils le cachent par jalousie? Ils ne veulent pas que personne puisse comprendre et trouver par leur secours la voie des teintures favorables. Quelqu’un dira qu’il ne s’agit pas seulement du changement des noms, mais encore de tout l’art, qui n’est pas exposé (par tout le monde) d’une façon semblable; il l’est tantôt d’une façon, tantôt de la façon contraire. Tout cela est nouveau, dis-je ; les artisans le savent, eux qui voient les causes des fautes commises; ils savent que nous avons produit telle chose, plutôt que telle autre; que nous avons négligé telle chose, et que nous avons fait telle autre chose avec plus de paresse.

10. Quant à moi, je reviendrai à mon propos. Il y a deux marches de teintures convenables, selon qu’on opère sur les espèces crues ou cuites. Le procédé de la cuisson est affranchi d’une grande fatigue; il a besoin d’une grande adresse et il est plus court, comme l’a dit la divine Marie. Pour ce procédé de cuisson, il y a de nombreuses variétés de liquides et de feux. Tantôt on cuit avec de l’eau, tantôt avec du vin. (Parmi les feux), les uns sont obtenus avec des charbons et soutenus pendant tout le temps; dans les autres on procède par insufflation, suivant une certaine mesure. Dans d’autres on emploie des broussailles; dans d’autres, des fourneaux, et dans d’autres des chiffons; ou bien l’on opère par d’autres voies : par tous ces moyens on obtient beaucoup de choses diverses. Ainsi, par exemple, pour le noir : suivant la diversité des œufs,[362] on peut avoir le noir des corbeaux, le noir des corneilles, le noir très foncé, la couleur gris cendré sur les toiles peintes. On y dessine aussi[363] des arbres, ou des pierres, ou de l’eau, ou des animaux, tous semblablement. Quant aux autres couleurs susdites, tu en as les démonstrations comprises sous la lettre W.[364] Il faut tenir compte de la proportion des couleurs; si tu entends parler de l’ocre jaune, ne suppose pas simplement que j’aie changé la préparation et que je tienne un langage mystérieux, dans le seul but de créer des difficultés; car dans l’art, toutes les préparations (indiquées pour notre) recherche réussissent.

11. Ces teintures ont une nature propre. Elles résultent de la décomposition de produits tantôt nombreux, tantôt en petit nombre; elles sont fabriquées dans de petits fourneaux, avec des vases de verre, ou bien dans des creusets grands et petits: on opère ainsi dans différents appareils, au moyen de feux diversement réglés. L’épreuve manifeste la bonté des produits obtenus en suivant ces divers perfectionnements. Voici que tu as les démonstrations des feux dans la lettre O, ainsi que celles de toutes les choses cherchées. Tel sera mon commencement, ô femme à la robe de pourpre.

III. lii. — INTERPRÉTATION SUR TOUTES CHOSES EN GÉNÉRAL ET (NOTAMMENT) SUR LES FEUX
1. Veille à ne pas t’égarer et à jaunir non seulement le plomb et le cuivre, mais encore lesespèces métalliques appelées liqueur d’or, or massif [etc.],[365] lesquelles sont au nombre de 78, plus ou moins. J’ai dit 78, plus ou moins, suivant que l’on emploie (ou non) le mercure. Or il faut connaître l’épreuve et la vertu des préparations, ainsi qu’il le rappelle en parlant des feux; il faut faire cuire, en introduisant du fer. En effet, les uns faisaient cuire une demi-heure seulement; d’autres une heure, d’autres deux, d’autres trois, et quelques-uns même quatre.

2. Tout l’art consiste dans les feux légers;[366] fais cuire les couleurs et laisse (sur le feu) jusqu’à refroidissement; regarde dans les (vases) de verre ce qui se passe. De cette façon, (la matière) jaunit par le délaiement et par la décoction. C’est là l’eau divine, l’eau aux deux couleurs, blanche et jaune; on lui a donné mille dénominations.

3. Sans l’eau divine, il n’y a rien: toute la composition s’accomplit par elle; c’est par elle qu’elle est cuite; c’est par elle qu’elle est calcinée; c’est par elle qu’elle est fixée; c’est par elle qu’elle est jaunie; c’est par elle qu’elle est décomposée; c’est par elle qu’elle est teinte; c’est par elle qu’elle subit l’iosis et l’affinage; c’est par elle qu’elle est mise en décoction. En effet, il dit: En employant l’eau du soufre natif et un peu de gomme, tu teindras toute sorte de corps. Toutes les choses qui tirent leur origine de l’eau sont Incompatibles avec celles qui proviennent du feu; de telle sorte que, sans le catalogue de tous les liquides, il n’y a rien de sûr. ‘

4. Quelques-uns, tous peut-être, ont rappelé qu’il faut que cette eau, destinée à agir comme ferment, détruise le semblable par le semblable, en opérant sur le corps que l’on veut teindre, soit en argent, soit en or. Si tu veux teindre l’argent, fais réagir des feuilles d’argent; si c’est l’or, des feuilles d’or. Car Démocrite (dit) : « Projette l’eau (divine) sur l’or commun, et tu donneras une teinte parfaite d’or. Une seule liqueur est reconnue comme agissant sur les deux (métaux). » Il faut donc que l’eau divine joue le rôle d’un levain produisant le semblable, soit avec l’argent, soit avec l’or. En effet, de même que le levain du pain, bien qu’en petite quantité, fait lever une grande quantité de pâte; de même aussi, agit une petite quantité d’or ou d’argent, avec le concours de ce vinaigre.[367]

III. liii. — LA CERUSE
1.... puissance; après l’opération, la céruse est adoucie au moyen de l’eau de pluie et abandonnée à elle-même. Décante l’eau et tu trouves une matière tout à fait blanche. La litharge commune, tirée du plomb, aune puissance merveilleuse quand elle est associée au vinaigre. Le plomb perd ses propriétés métalliques, étant salifié et adouci: cette litharge devient ainsi très blanche et présente tout à fait l’aspect de la céruse.[368]

J’admire aussi la rubrique (minium); (je vois) comment elle jaunit au feu. La sandaraque a aussi une puissance merveilleuse.[369]

III. liv. — SUR LE BLANCHIMENT
1. Je veux que vous sachiez que le point capital en toutes choses, c’est le blanchiment; aussitôt après le blanchiment, on jaunit: c’est le mystère parfait, c’est-à-dire l’iosis, laquelle s’effectue à son tour au moyen du vinaigre, agent des puissances divines. Je vous révélerai d’abord le chapitre de l’huile sulfureuse; et je vous exposerai comment on opère les blanchiments des plombs, et quelle est l’origine de l’esprit tinctorial. Car sans les plombs on ne peut pas accomplir l’œuvre: le plomb sert à éprouver toute substance.[370] C’est ce que le Philosophe u décrit merveilleusement par un exposé indirect, en disant: « Si les substances ont subi l’action des agents qui servent à l’épreuve, (la) nature du produit est indélébile.[371]

2. Je veux que vous sachiez d’abord que l’épreuve définitive se fait avec le vinaigre. En second lieu, c’est l’épreuve par le plomb dont le Philosophe a parlé dans son second chapitre, (en disant) : Si les substances ont subi l’action des agents qui servent à l’épreuve, la nature du produit est indélébile.

III. lv. — EXPLICATION SUR LES FEUX
1. Je vous expliquerai, avec tous les prophètes, la puissance des feux, afin que votre travail soit parfait et conforme aux traditions, de façon à ne pas échouer. En effet, le Philosophe exposait, en parlant des feux, comment l’unité de l’espèce est transformée par un feu excessif; car l’excès des feux est contraire à toute l’opération. Pour les choses auxquelles vous êtes exercés préalablement, je vous transmets les préceptes suivants : Si les matières sulfureuses sont cuites dans des vases de verre, il est nécessaire d’employer les feux dont se servent les peintres avec la kérotakis. Il est nécessaire que le vase de verre soit garni d’un lut céramique, de l’épaisseur d’un demi-doigt; afin que le vase ne casse pas sous l’influence de la chaleur. Voici la proportion convenable pour les feux: Si tu dois faire cuire légèrement les (matières), en les poussant vers le jaune, il est nécessaire d’employer les feux modérés, tels que ceux usités dans le fourneau à fusion des figures en couleur. Lorsque tu veux opérer de façon à amener le produit au jaune, laisse dans le fourneau pendant six heures; je parle de la durée moyenne; cela suffit: les feux amènent ainsi le produit au jaune.

III. lvi. — SUR LES VAPEURS
1. On les appelle vapeurs sublimées, à cause de ce fait que les substances sont élevées de bas ei haut, au-dessus des cendres, vers la partie supérieure, comme il est exposé dans le traitement des eaux. Ainsi on les appelle vapeurs sublimées, à cause de ce fait qu’elles montent du bas vers le sommet de l’appareil, et nous avons exposé comment on opère l’aspiration de ces vapeurs ou de ces gouttes condensées.

On enlève les scories de la marmite, on les délaie et on projette sur elles les âmes que l’on en a tirées.[372] Ces âmes tirées des corps (métalliques), ils les sublimèrent de nouveau au moyen de l’appareil en forme de mamelle, disant que c’était là l’iosis, accomplie par les réactions de longue durée. Ils combinèrent avec les autres vapeurs sublimées ce qu’ils nommaient des corps — ce que nous appelons un corps métallique — en opérant avec les soufres, les sulfures (agissant sur) les feuilles de cuivre, ou d’asèm,[373] ou d’or. C’est de cette façon qu’ils pratiquèrent la teinture avec les matières auxiliaires, sans tenir aucun compte de leur second traitement.

2. Il a désigné l’eau filtrée (agissant) sur les cendres, en disant: ix Dispose l’appareil et apporte les cendres; la cendre éprouve l’action de l’eau, agissant dans l’appareil. » C’est aussi pour cela qu’Agathodémon (dit): « La cendre est tout; c’est sur elle qu’opère la décoction ou la cuisson, ou bien ce que l’on appelle le délaiement. » Ainsi, au moyen de la décomposition, de l’extraction, de l’iosis, de la cuisson modérée, les anciens disaient que le Tout se parfait.

Il est impossible de traiter autrement la fabrication[374] de la composition. Car ce fait que la décoction et l’extraction sont un délaiement est connu des interprètes de la science. L’iosis, ils la nommèrent décoction; la décoction et l’extraction, délaiement, destiné à produire une atténuation extrême. En outre Ils parlèrent du feu, parce qu’il produit la chaleur, la combustion et la flamme. Les anciens traitaient d’enfantillage et de travail de femme la recherche des simples connaisseurs. Mais nous ne sommes pas obligés pour cette raison d’effectuer l’iosis au moyen du feu, ainsi qu’on opère pour les pierres teintes, ou dans le traitement des liquides pour la pourpre fabriquée à froid. Je dis que l’expérience nous enseignera la vérité; elle nous conduira à accomplir l’œuvre une et parfaite et à (obtenir) la poudre de projection stable.

3. Après la fabrication de cet ios, ils transportèrent les vapeurs et (les) réunirent aux scories restantes, et de cette façon ils arrivèrent au terme.

C’est alors qu’ils projetaient la poudre tinctoriale sur les corps, attendu que Zosime dit : « Ainsi les esprits prennent un corps et les corps morts sont ranimés par l’âme qui provient d’eux, et qui est de nouveau reçue en eux. Ils réalisent l’œuvre divine, deux éléments se dominant mutuellement et étant dominés l’un par l’autre. » En effet, il obtient par là l’esprit fugace du corps poursuivant,[375] et il nous instruit à rendre la teinture résistante au feu, par le moyen du feu. Telle est, je pense, d’après le Philosophe, l’eau de chaux, ou de sandaraque, l’eau de natron, l’eau de lie, l’eau fabriquée avec la cendre des sulfureux, l’eau de la première distillation.

4. Il faut la rectifier comme la lessive des savonniers,[376] et recueillir les eaux qui en proviennent: or la lessive des savonniers ne se réduit jamais en vapeur, mais elle est rectifiée.[377] Comment donc, ô philosophes, Zosime[378] peut-il dire que le sens des écritures n’est pas compris, à moins que l’on n’emploie l’appareil qui opère l’extraction sur le cuivre? et que le terme de l’art n’est pas celui-là, mais consiste dans l’appareil et dans la fixation qui y est accomplie? D’autres se servaient seulement de flacons pour les deux genres de compositions.[379] Après avoir fait monter l’eau, ils la réunissaient à la chaux ordinaire, en délayant dans un mortier; non pas suivant une mesure précise, mais de façon que la partie sèche dépassât le liquide de deux, trois ou quatre doigts.





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[1] AK: « Sur la vertu et la composition des Eaux ».

[2] Séparation des métaux d’avec les corps volatils, tels que le soufre ou l’arsenic, auxquels ils sont associés.

[3] Ou de fiole (voir les appareils distillatoires des fig. II, 14, etc., Introd., p. 132, 138 et suiv.; ou plutôt les appareils à kérotakis des fig. 10, 21 et suiv., Introd., p. 143 et suiv.). Tout ceci est la description mystique de diverses opérations chimiques de distillation, de sublimation, de coupellation, accompagnées de grillages, d’effervescences et de changements de couleur.

[4] L: « Je suis celui qui est » : ὦν au lieu de Ἴων.

[5] Voir le serpent Ouroboros, p. 23.

[6] Allégorie de la condensation des vapeurs dans le récipient supérieur.

[7] Allégorie du molybdochalque, placé sur la kérotakis, ou la constituant.

[8] Voir plus loin la vendange d’Hermès, p. 129, note 1.

[9] Origines de l’Alchimie, p. 180. Voir le serpent Ouroboros, I. iv, 5, p. 23. — Ce § répète au fond, sous une forme plus sommaire et avec une allégorie moins compliquée le § 2.

[10] Cet alinéa est une addition étrangère à ce qui précède. C’est une recette pour attaquer le cuivre, avant de faire agir sur lui les vapeurs destinées à le teindre.

[11] Cet article se compose d’une suite de recettes obscures pour fabriquer la pierre philosophale. Les dernières sont postérieures à Zosime, comme l’indique la citation de Stephanus tirée de A (2 bis); à l’exception pourtant de la phrase finale du § 3, laquelle exprime très clairement la formation des sous-sels de cuivre, ou fleurs de cuivre.

[12] Lexique, p. 4.

[13] Voir Lexique, p. 7; Œuf philosophique, p. 19. — Nomenclature de l’œuf, p. 21.

[14] Voir la note de la p. 19.

[15] Cet alinéa manque dans M; il est tiré de A. Il a été reporté plus loin dans le Teste grec, IV, xx, 13, Traité de Comarius. On l’a conservé ici, parce qu’il indique comment les fragments de Zosime ont été augmentés par l’addition successive de morceaux étrangers. — Le nom de Stephanus, appliqué à l’auteur d’un morceau tiré d’un traité de Comarius mérite aussi attention car il prouve que la confusion signalée dans l’Introd., p. 182, entre les œuvres de ces deux auteurs est fort ancienne.

[16] Qui s’est sublimé, en s’oxydant, à la partie supérieure du récipient?

[17] L’œuf philosophique.

[18] Expression symbolique. D’après le Lexicon Alchemi Rulandi (p. 272), c’est l’eau mercurielle, le mercure des philosophes, etc.

[19] Fond des vases où les résidus s’accumulent et sont exposés directement à l’action du feu; comme le montrent, par exemple, les fig. 20 et 21 de l’Introd., p. 143.

[20] Ceci est une répétition; quelque copiste ayant mis bout à bout deux versions parallèles.

[21] Fleurs métalliques, se formant à la surface des métaux par oxydation, ou se sublimant (voir page 71, note 4).

[22] On propose de lire : soufre, au lieu de plomb; le signe étant pareil (voir le Texte grec, p. 114, note de la ligne 23).

[23] Cet axiome a été attribué aussi à Marie, et à d’autres alchimistes. Il signifie d’une part ôter aux métaux purs ou alliés leur corps, ou forme métallique, sous laquelle ils sont fixes d’ordinaire: ce que l’on réalisait en les soumettant à la sublimation, qui rend le zinc, l’antimoine et même le plomb et le cuivre volatils (c’est à-dire esprits), dans l’état d’oxydes (par l’action de l’air), de sulfures (par l’action du soufre ou des sulfures), de chlorures (par l’action du sel marin), etc. D’autre part on leur restitue leur corps, c’est-à-dire on rétablit ces chlorures, oxydes, sulfures, dans l’état métallique avec des propriétés et une coloration nouvelles, dues soit à leur purification, soit au contraire à la formation des alliages. — On lit de même dans le traité attribué à Avicenne (Bibl. chem. de Manget, t. i, p. 629) ut corporeum fat spirituale sublimando et cum est spirituale, fiat iterate corporeum descendendo.

[24] Dans le § 3, il semble s’agir de la calcination de la litharge blanche, opération qui la change en minium rouge. Peut-être aussi est-ce la coupellation.

[25] Le Cinabre est représenté ici dans AK, comme à l’ordinaire, par un cercle avec un point au milieu. — Voir Introd., p. 108; Pl. II, l. 13; et p. 122, note 1. — Ce signe a été aussi le signe du soleil, et plus tard de l’or.

[26] Il semble qu’il s’agisse de l’absorption de la litharge fondue par les parois de la coupelle.

[27] Cet article est formé par une suite de notices et de commentaires, d’époques diverses. Les premiers sont de Zosime; puis viennent des §§ qui rappellent le Chrétien, Stephanus et d’autres auteurs byzantins plus modernes encore, de plus en plus subtils et alambiqués. On n’a pas cru utile d’en donner la traduction absolument complète, l’impression du texte suffisant amplement pour certains passages.

[28] Ce début indique que le texte actuel est un extrait. En effet on lit dans ELc: Commentaire au Philosophe Anonyme sur le traité du divin Zosime le Panopolitain (ou le Thébain), sur la Vertu, etc.

[29] Il y a ici un jeu de mots intraduisible, qui rappelle le double sens français du mot macération, au sens chimique et au sens moral.

[30] Le même mot ios signifie : rouille des métaux, vertu spécifique des corps et venin des serpents. (Introd., p. 254).

[31] On peut interpréter ceci par un jeu de mots fondé sur la ressemblance des deux termes, écoulement, et ῥεῦσις, extraction?

[32] Voir Olympiodore, p. 78, 101 et 113, notes.

[33] Variété de Pyrite. — Voir p. 47.

[34] C’est-à-dire est coloré en blanc d’argent.

[35] Les §§ 3 et 4 sont formés par une suite de phrases, qui semblent presque indépendantes les unes des autres; on dirait des lambeaux d’un vieil écrit, mis bout à bout.

[36] Le sens du mot aigle dans ce passage est obscur. — Au moyen âge, on traduisait « aigle » par sublimation naturelle (Biblioth. des Philosophes Chimiques, t. IV, p. 571; 1754). Mais ce sens ne paraît pas être celui d’Ostanès.

[37] Uvae Hermetis: Eau philosophique désigne la distillation, la solution, la sublimation, la calcination, la fixation » (Lexicon Alch. Rulandi, p. 468). — Ce sens est plus étendu que ne paraît être celui d’Ostanès.

[38] Lc: « Lave l’ios plusieurs fois, au moyen de l’écoulement, et c’est là le mystère. »

[39] Voir page 19, note, 1, et Zosime, III, ii, p. 122.

[40] Lc continue, en abrégeant tout ce passage « On l’appelle Aptrosélinon, parce que cette pierre est produite par Aphrodite (Vénus), qui est le mercure, et par Séléné (la Lune), qui est l’argent. « Car de même que la lumière, etc. », comme à la p. suivante § 8, I. 4.

[41] Attendu que les pierres ne sont pas volatiles. Cp. Bibl. Chem. de Manget, t. I, p. 935.

[42] Le mercure est exprimé par le croissant retourné; lequel exprime aussi la lune à son déclin. — Voir la note 4, plus loin sur le croissant direct, et la note 53, relative au déclin, ἀπορία, et à l’effluve, ἀπορρία, tous deux assimilés à l’écoulement.

[43] Allusion au rôle des trois astres (Mercure, Vénus, la Lune) compris entre la terre et le soleil; opposé à celui de Jupiter. Mercure ou Hermès représentait l’étain, Vénus le cuivre, la Lune l’argent; tandis que l’électrum ou asèm, corps consacré à Jupiter (Introd., p. 82, et 97; pl. I, l. 4, p. 104), était souvent formé par l’association de ces trois métaux; — voir Introd., p. 66.

[44] Le croissant direct, à concavité tournée vers la droite, exprime la lune dans ses premières phases, aussi bien que l’argent.

[45] L’argent proprement dit et l’argent liquide, ou mercure.

[46] Ceci se rapporte-t-il: d’une part, au fait que la lune brille d’une lumière empruntée, qu’elle ne produit pas elle-même? et d’autre part, à l’opposition qui existe en général entre la Lune et le Soleil dans le ciel?

[47] Le mercure.

[48] Zosime, III, iii, 3, p.119.

[49] C’est-à-dire dans l’argent, ou dans le mercure.

[50] V. p. 78, 101 et p. 113, texte et note z.

[51] V. p.57. Lc ajoute après ces mots « et de l’ascension de l’eau; c’est-à-dire excepté ce que l’on peut voir et comprendre: car nous voyons le corps (métallique) de la magnésie; et nous comprenons sa puissance, ainsi qu’il a été énoncé ».

[52] Lc abrège tout ce passage ainsi: « Hermès dit: ce qui tombe de l’effluve lunaire. De même que la lumière de la lune croît et décroît; de même notre argent décroît en perdant son corps, d’une façon correspondante à la lune. L’émission ou l’absorption de l’esprit résulte de la force ou de la modération du feu, qui doit être réglé afin que l’esprit soit conservé, etc. »; dernière ligne du § 9. — Cp. Stephanus, édition Ideler, p. 203, au bas.

[53] L’auteur joue sur la ressemblance des mots grecs qui signifient déclin (ἀπορία) et effluve (ἀπορροία), mots que les manuscrits mêmes confondent et échangent. Tout ce langage allégorique semble exprimer le départ par volatilisation du mercure (lune à son déclin), mercure qui a servi à amalgamer et unir les métaux et qui laisse en partant un alliage couleur d’argent. Ces phénomènes étaient rattachés l’influence lunaire. C’est un mélange d’alchimie et d’astrologie, fondé sur des symboles et des jeux de mots.

[54] C’est-à-dire de l’argent.

[55] Voir plus haut § 5.

[56] C’est-à-dire d’un jaune éclatant.

[57] ποιότης.

[58] ποιεῖν. — Jeu de mots sur qui veut dire la transmutation, la fabrication de l’or.

[59] Le grec porte « blanche », ce qui semble une erreur de copiste.

[60] En d’autres termes, la qualité « or » est indépendante de la substance métallique qui en est le support. Lorsqu’on possède une matière en laquelle cette qualité réside, à la façon du principe essentiel d’une matière colorante, c’est la pierre philosophale, et l’on peut alors teindre en or les autres métaux et faire par là de l’or véritable. Toute la théorie des alchimistes réside dans ces notions subtiles.

[61] Zosime. Ce paragraphe est un commentaire du précédent. — Lc dit simplement: « Stephanus »; n’ayant pas compris la métaphore. En effet Στέφανος, couronne, est le même mot grec que le nom de ce dernier philosophe.

[62] C’est-à-dire l’expulsion du principe de la liquidité.

[63] Il s’agit: soit d’un métal ou d’un alliage, teint en jaune d’or avec le con- cours d’un composant volatil, tel que le mercure, le soufre ou l’arsenic; soit d’un alliage jaune, analogue au laiton, renfermant un composant volatil au feu, tel que le zinc. Les termes du texte sont assez vagues pour comporter ces deux sens.

[64] V. page 57, § 29.

[65] Ou la montée de l’eau. Le Texte de Stephanus, tel que nous le possédons (Ideler, t. II, p. 207), est assez différent et beaucoup plus développé. Le fait de la citation de Stephanus montre qu’il s’agit d’un commentateur bien plus récent que Zosime.

[66] Ceci se rapporte à l’emploi de la kérotakis, où le métal est soumis à l’action des vapeurs (Introd., p. 143 et 144).

[67] Voir la vendange d’Hermès, p. 129.

[68] Caputa mortuum, résidu demeuré au fond des alambics On lit dans la Turba : « Illum igitur fumum suae faeci misceto, donec coaguletur. » (Bibl. chem. de Marget, t. I, p. 449).

[69] Addition de AB.

[70] Théosébie. — Origines de l’Alchimie, p. 9, 64.

[71] Ce sont là sans doute des noms d’instruments. — AB disent : paxamos, le fixateur (?). — A moins qu’il ne s’agisse de Paxamos, auteur culinaire cité par Athénée (Deipn. l. IX, p. 376 d.)

[72] On lit dans la Bibl. des philos, chimiques, p. 583 : Oiseau d’Hermès, l’esprit du feu de nature, enclos dans l’humide du mercure hermétique..., ou la chaleur naturelle unie à l’humide radical. Le mot oiseau a donc un sens emblématique. Il s’explique par le texte qui suit et par les fig. 25, 26, 27 (Introd., p. 149 et 150).

[73] Ce mot semble signifier ici l’acide arsénieux.

[74] Ce passage montre que le livre sur l’Action était un ouvrage étendu, dont nous ne possédons que des extraits.

[75] D’après ces deux paragraphes, on doit changer le sulfure d’arsenic en acide arsénieux par une oxydation lente: puis on emploie cet acide arsénieux à blanchir le cuivre. Le blanchiment peut se faire aussi avec l’arsenic sulfuré lui même; mais alors il est plus lent et plus difficile. C’est ce blanchiment par l’arsenic qui est appelé la fixation du mercure, notre arsenic métallique étant assimilé au mercure, ainsi qu’il a été dit à plusieurs reprises (Introd., p. 99 et 239).

[76] Le cuivre?

[77] On admet ici et dans les lignes suivantes que le signe du soufre a été traduit par erreur par le mot plomb le signe étant le même, comme il a été dit plusieurs fois.

[78] Acide arsénieux.

[79] Falsification. — Introd., p. 33 et 57.

[80] Voir l’appareil appelé Écrevisse (Introd., p. 145 et fig. 28, p. 154). D’après la formule de la fig. 28, p. 152 à 154, on y travaillait le molybdochalque et l’argyrochalque, c’est-à-dire les alliages sur lesquels s’opérait la transmutation.

[81] Le ms. M s’arrête là, ainsi que B. La suite est donnée d’après A: c’est une addition de commentateur praticien, comme le montre la Citation finale de Zosime.

[82] V. Introd., p. 149, 150, 151, fig. 25, 26, 27.

[83] C’est-à-dire afin que l’alliage destiné à la transmutation (molybdochalque) ne perde pas sa portion volatile (mercure? ou arsenic? ou zinc?).

[84] Réd. de A :... « tout le blanc, au moye de vases de terre cuite, et le jaune. »

[85] Ce langage est probablement symbolique, conformément aux pages 19 et 21.

[86] Formé de deux parties s’emboîtant, dont l’une est regardée comme mâle, l’autre comme femelle. p. 69.

[87] « Les blancs et les jaunes » d’après A.

[88] Le sens du mot rogion, employé dans ce passage, autrement dit rogé, (p. 59), est défini par cette description.

[89] Voir p. 30, § 2.

[90] On voit par là qu’il s’agit de la distillation d’un produit sulfuré. V. Introd., p. 69.

[91] C’est-à-dire qu’elle est blanchie à la façon du lait de chaux (?), par le soufre précipité, provenant de la décomposition des polysulfures ou de l’hydrogène sulfuré qui s’est volatilisé. On dit encore aujourd’hui lait de soufre pour une liqueur analogue.

[92] Ceci signifie que le sulfure, formé au fond de l’alambic (scorie ou caput mortuum) se désagrège et blanchit à l’air.

[93] Addition de A « Qu’ils ont nommée aussi huile de ricin. »

[94] Comparer ce texte du Traité attribué à Avicenne, Bibl. Chem. de Manget, t. I, p. 633 : « Et primo distilla et quod primo exit serva seorsim, quia ista est aqua. Reitera aquam per distillationem et quod distillabitur serva et ista est simplex; pone sub fimo et ser, va et quod remanebit in fundo cucurbitae, serva seorsim, quia est terra. »

[95] Voir p. 20, § 12, sur l’œuf philosophique.

[96] Il semble qu’il s’agisse simplement d’une teinture superficielle de l’argent en jaune par un polysulfure. Cependant, le résidu employé comme poudre de projection contenait peut-être d’autres métaux.

[97] Ceci indique un commentateur relativement moderne.

[98] Cette ligne n’existe pas dans M; mais dans AB. — Cet article précède immédiatement dans A, les axiomes mystiques sur le Tout, dérivés de la Chrysopée de Cléopâtre (fig. 11, Introd., p. 132 et fig. 13, p. 136).

[99] Mercure des philosophes et mercure ordinaire.

[100] L’esclave fugitif, Servus fugitivus des Arabes (Introd., p. 217 et 258).

[101] Auteur cité dans le Papyrus W de Leide (Introd., p. 17).

[102] Suite d’articles sans lien. Le premier semble tiré de Démocrite (v. p. 50).

[103] Cp. Démocrite, Questions naturelles, p. 81.

[104] C’est-à-dire de la teinture en jaune ou en or.

[105] V. Introd. Papyrus de Leide, p. 57.

[106] Introd., p. 161, au bas de la fig. 37, et p. 163. — Olympiodore, p. 101, — v. aussi la note de la page 124.

[107] ABK au lieu de l’argent : « du mercure ». — Cet article est un abrégé, renfermant diverses citations techniques de Marie et de Démocrite, relatives aux opérations pour teindre en or et en argent.

[108] S’agit-il de la fleur de cuivre, Introd., p. 232? ou d’une cadmie, Introd., p. 239?

[109] Ce mot désigne la matière qui donnait la coloration jaune, assimilée au jaune d’œuf, Lexique, p. 10. La nature de cette matière n’est pas clairement expliquée.

[110] Les trois phrases précédentes manquent dans BK et ont été ajoutées dans AEL.

[111] Démocrite.

[112] Bouclanion : c’est le même mot que bouclé, plusieurs fois répété. Ce mot paraît le même que Βαυκάλιον, bocal. La figure donnée en marge de A est celle d’un matras ou fiole allongée: v. Introd. p. 165, fig. 42.

[113] Même figure que la précédente, en marge du ms. A.

[114] Soufre, au lieu du mot plomb du texte grec, le signe étant le même.

[115] C’est-à-dire jusqu’à ce que le métal, désulfuré par le grillage, apparaisse dans son éclat. Le commencement des opérations faites sur la kérotakis est obscur; mais il semble qu’à la fin une désulfuration s’obtienne, en combinant le grillage (insufflation) avec l’action d’un fondant (huile de natron). Le résultat est la teinture superficielle du métal en or ou en argent, conformément à ce qui a été dit à l’occasion du Papyrus de Leide, Introd., p. 56, 58 à 60.

[116] A la teinture.

[117] On a remplacé le mot plomb par le mot soufre dans ces deux phrases, à cause du morceau précédent et du sens général. V. p. 123, note 7. De même au paragraphe suivant.

[118] C’est-à-dire le soufre.

[119] Cp. Aristote, Physique, IV, ch. 6, t. II, p. 292, éd. Didot.

[120] La vapeur du soufre qui noircit les métaux? Citation des Oracles d’Apollon, qui se trouve aussi ailleurs, III, xix; 3. — Sur ces oracles, v. Olympiodore, p. 94, note 5.

[121] Addition de M B: « La qualité reste seulement avec le cuivre; car le cuivre seul est fixé et joue le rôle de support ».

[122] Ceci paraît signifier que dans la transmutation le cuivre et l’argent ne conservent ni leur qualité, ou couleur propre, ni leur corps, qui est changé dans celui d’un autre métal. — Quant aux plantes, si on les entend au sens propre comme les teintures végétales, celles-ci sont en effet détruites par le feu. Au sens figuré, les fleurs métalliques et certaines colorations correspondantes sont également évaporées ou détruites par le feu (v. p. 159, note 2).

[123] En s’oxydant séparément.

[124] Introd., p. 233. — Dioscoride, Matière médicale, V, 87.

[125] C’est une opération de teinture superficielle en or, par vernis ou par coloration. — V. Introduction, p. 56, 58 à 60.

[126] Cp. III, xxi, 7.

[127] Page 48. § 10.

[128] C’est-à-dire le résidu de l’expression dans un linge de la sandaraque décomposée. v. Olympiodore, p. 112 et 108.

[129] Voir la note 133.

[130] A la fin de cet article, le ms. A. renvoi à un autre qui se trouve plus loin III, xxix, § 21.

[131] Ce morceau renferme des extraits plus ou moins étendus, tirés de Démocrite, et entremêlés de commentaires.

[132] Noms symboliques.

[133] Ce sont les noms symboliques de quelques substances minérales, analogues aux noms donnés plus haut au calcaire et tirés de la nomenclature prophétique (Introd., p. 10). De semblables substances minérales sont parfois désignées dans d’autres endroits du texte sous le nom de plantes; probablement parce que l’on en tirait des matières colorantes, ou fleurs, d’apparence ana logue aux couleurs végétales et aux fleurs des plantes. V. p. 71, note 4, p. 80; p. 108, note 6; p. 123, note 6; p. 153, note 2; v. aussi p. 84, note 5, etc.

[134] Théophraste parle de ces deux bleus (Introd., p. 245). Le bleu mâle paraît être une couleur de cobalt; le bleu femelle, une couleur de cuivre.

[135] V. Lexique, p. 8, note 1.

[136] Lexique, p. 10.

[137] V. l’article suivant, III, xvii, p. 167.

[138] V. la lettre d’Isis, p. 33. — Olympiodore, p. 96.

[139] Φάρμακον : c’est ce que les alchimistes latins appellent medicina. C’est la liqueur destinée à la teinture des métaux; on lui communique d’abord à elle-même une teinture convenable.

[140] L’or ou l’argent.

[141] Les mots affinage, affiné, sont employés ici, faute de mieux, pour traduire le mot grec ἐξίωσις. En réalité il s’agit de la transformation du métal préalablement changé en ios (oxyde, sulfure, sel basique); et qui est régénéré avec une couleur nouvelle, provenant de la formation d’un alliage, au moins superficiel, tel qu’un arséniure ou un amalgame.

[142] Voir la note 133.

[143] Le calcaire, d’après le texte du § 3.

[144] Introd., p. 233.

[145] La fin de cette recette confuse semble répondre à l’affinage de l’or par un mélange complexe, analogue au cément royal (Introd., p. 14 et 15).

[146] Fer oxydé des batitures (Introd., p. 252).

[147] Le mot soufre blanc a dans tout ce passage un sens particulier. Il paraît s’agir des compositions arsénicales et sulfurées, destinées à produire soit un laiton tournant au blanc, soit un arséniure métallique complexe, analogue au tombac; peut-être même tout alliage métallique blanc, dur et rigide?

[148] D’après M. —ABKELb, l’argent.

[149] Ce passage est dû à un commentateur de date plus récente.

[150] De la magnésie, B.

[151] Lexique, p. 10. — Olympiodore, p. 91, note 4. — Introd. p. 245— En marge de M, on ajoute: l’eau du soufre apyre.

[152] Lc. : Au lieu du cinabre, « de l’argent ». — Signe de l’argent couché ABKE. V. Introd., p. 120, Pl. viii, l. 22. Le sens de ce symbole particulier est incertain.

[153] Au lieu du mercure, ABK : de l’argent. Dans Lb l’argent est à l’accusatif, c’est-à-dire que c’est lui qui est attaqué. Le mot mercure pourrait désigner ici notre arsenic (Introd., p. 239).

[154] Troullos, mot à mot, truelle. C’est quelque instrument inconnu.

[155] Helcysma, scorie d’argent (Introd., p. 266). Il y a un jeu de mots fondé sur le double sens de ce mot, qui signifie à la fois : écume tirée des métaux et produit (coquillage) tiré de la mer.

[156] Molybdochalque.

[157] Lb ajoute: « Au soufre ».

[158] B: Un jour et une nuit. — Lb: 12 heures.

[159] A: Un jour et une nuit.

[160] Ou bien: « préparent du plomb, » suivant la variante adoptée pour le Texte grec, p. 165, l. 8.

[161] Voir III, xiii, p. 154.

[162] On voit que les Égyptiens regardaient le plomb comme le métal fonda mental; sans doute en vertu d’une idée analogue à celle du mercure des philosophes et par ce qu’ils y faisaient résider la qualité métallique par excellence (voir, p. 102, note 2, p. 103, note 4, et Introd., p. 58).

[163] Voir Introd., p. 132, 135, 136, les axiomes de la Chrysopée de Cléopâtre.

[164] Introd., p. 56, 60, 64.

[165] Même citation que dans III, xii, § 3.

[166] Le sous-titre vient probablement de ce que cet article est tiré d’une discussion contradictoire. Cet article a pour but d’expliquer le blanchiment des métaux par le mercure; la préparation de celui-ci au moyen du cinabre mis en contact avec divers métaux, et finale ment l’emploi du sulfure d’arsenic (dé. signé par le nom d’alun rond) pour teindre le cuivre et les alliages qui en dérivent, à la façon du mercure.

[167] Démocrite, Questions naturelles et mystérieuses, p. 46.

[168] Ces matières n’absorbent pas le mercure.

[169] Pour broyer le cinabre et réduire le mercure. Dans Pline, on produit cette réduction, en broyant le cinabre avec du vinaigre dans des mortiers de cuivre, avec des pilons de cuivre: H. N. XXXIII, 41. (Introd. Pl. I, l. 7 p. 104). — Ce passage signifie que le sulfure de mercure, étant réduit par un métal, ce métal fixe en même temps le mercure, si l’on opère par digestion prolongée ; tandis qu’une action brusque met à nu le mercure, qui s’évapore.

[170] Lb porte, au lieu de l’étain: Hermès; le signe étant le même à l’origine

[171] C’est-à-dire employer le sulfure d’arsenic, ou son dérivé (c’est ici l’acide arsénieux, synonyme de l’alun; v. p. 82, note 6), au lieu du cinabre ou du mercure.

[172] Réalgar (Introd., p. 238 et 244, article Cinabre).

[173] Sans doute à la condition de les ramener simultanément à l’état métallique par des agents réducteurs (?).

[174] Des métaux qui s’unissent au mercure.

[175] C’est-à-dire que l’emploi de l’arsenic sublimé ne blanchit pas les métaux aussi facilement que celui du cinabre.

[176] C’est-à-dire qu’au lieu d’employer le cuivre libre et le principe colorant et volatil tiré de l’arsenic à l’état libre, il faut opérer sur des composés susceptibles de les engendrer.

[177] C’est-à-dire par les alliages à base de cuivre, ou supposés tels.

[178] B: Sur les eaux divines.

[179] Cp. p. 147.

[180] Cp. Stephanus, édition Ideler, p. 247, l. 21.

[181] Cette phrase répond à l’axiome: « En haut les choses célestes, etc. » (Introd., p. 162 et 163); le nom d’eau divine correspondant aux choses célestes et en même temps au soufre, par le double sens du mot grec. — On voit aussi par ce paragraphe quel sens compréhensif avaient les mots : soufre ou divin, eau de soufre ou eau divine; mots entre lesquels règne une perpétuelle confusion.

[182] Ce qui suit se compose d’une série d’alinéas, pour la plupart sans liaison les uns avec les autres.

[183] Voir la note 2 de la page 166.

[184] Introd., p. 104, Pl. I, l. 21, et p. 112, Pl. IV, l. 17. Est-ce l’oxyde de mercure précipité?

[185] On remarquera les sens multiples du mot leiow, et du substantif correspondant λειόω. Il s’agit, suivant les cas: soit de polir la surface d’un métal, ou de la rendre lisse à l’aide d’un vernis soit de broyer une poudre; soit de délayer cette poudre dans un liquide (délaiement = λειώσιμον dans le Dictionnaire Français-Grec moderne de Byzantius), ou de la léviger; soit de saupoudrer la poudre sèche, ou d’étendre la poudre délayée dans un liquide visqueux, à la surface d’un métal, lequel se trouvera verni ou teint après avoir subi l’action du feu. Dans le présent, ce dernier sens est surtout applicable.

[186] Voir III, xvi, § 2

[187] Ce dernier § indique clairement qu’il s’agit de donner à un objet d’orfèvrerie une coloration en or superficielle, comme dans les Papyrus de Leide : Introd., p. 59 et 60.

[188] Au-dessus du signe du soufre, E écrit celui du mercure; et Lb donne à la place de ces signes le nom du mercure en toutes lettres.

[189] Cp. III, xvi, § 19.

[190] Voir III, xvi, § 8; § 11, etc.

[191] Cp. III, xvi, §§ 12 et 13.

[192] Voir III, xvi, § 2, etc.. — Ce mot paraît signifier un sulfure arsénical.

[193] Toute cette description se rapporte au blanchiment des métaux par la vapeur de l’arsenic, avec le concours de la liqueur appelée eau divine.

[194] 1 chalque = 8e d’obole=0,091 g. Lb dit « de mercure », au lieu d’étain; probablement parce que le copiste a donné par erreur au signe d’Hermès le sens moderne de mercure, au lieu du sens ancien d’étain (Introd., p. 84).

[195] Voir sur le mot μᾶζα, Introd., p. 209 et 257, et la Diplosis de Moïse, p. 40.

[196] Voir III, xvi, § 3 et note 133; note 192.

[197] On voit qu’il s’agit, ici comme dans les Papyrus de Leide, de fabriquer un alliage d’or, qui conserve plus les propriétés apparentes de ce métal (Introduction, pages 20, 53 et 56).

[198] Cet article est un commentaire plus récent que les vieux auteurs. —- Voir III, xiv.

[199] Plante? (Dioscoride, Mat. méd., V, 104.)

[200] Axiome souvent répété, p. 20 et 145.

[201] Le premier paragraphe est un fragment technique, probablement fort ancien (voir Théophraste, Sur les pierres, t. I, p. 701, éd. Schneider; Leipzig. 1818). On y remarquera l’assimilation avec l’ocre du réalgar, du minium et de la rubrique (voir Introd., p. 261).

[202] Cp. Introd., p. 233, le cuivre brûlé, et plus haut, p. 154 et 178.

[203] V. III, xii, début.

[204] Composé arsenical (voir plus bas).

[205] Molybdochalque.

[206] Lexique, p. 10. Il y a ici un symbolisme et des dénominations semblables aux noms prophétiques du Papyrus V de Leide (Introd., p. 10 et 11) et de Dioscoride.

[207] Olympiodore, p. 91. Dans tout ce passage existe une confusion, qui semble voulue et amenée par la nomenclature prophétique, entre le nom des écailles ou morceaux de cobathia rouges, c’est-à-dire des sulfures d’arsenic (Introd., p. 245) et celui des écorces et rameaux des palmiers. Rappelons que le même mot grec joinix signifie rouge et palmier. La dernière phrase du § 2 montre le caractère intentionnel de ces confusions.

[208] Cette discussion finale parait être adressée par Zosime à Théosébie; (v. Olympiodore, p. 90). Elle est caractéristique et met au jour la personnalité des alchimistes égyptiens et leurs controverses. — Cp. Démocrite, p. 50. — Les noms de Paphnutia et de Nilus méritent d’être notés. Le premier vient s’ajouter à ceux des femmes alchimistes Marie, Cléopâtre, Théosébie. — Nilus était d’ailleurs un nom assez répandu en Égypte: plusieurs personnages historiques l’ont porté.

[209] E Lb « Comme l’a dit le Philosophe ».

[210] « le molybdochalque par lequel Lb.

[211] « du cuivre », BAKELb.

[212] V. p. 78, 101, 113, 118.

[213] V. p. 108, 112, 157.

[214] Le molybdochalque, ABKELb.

[215] Lexique, p. 4. Introd., p. 238.

[216] S’agit-il ici de l’hématite? v. p. 39.

[217] Sans doute Zosime s’adressant à Théosébie.

[218] Voir plus haut ce qui est dit de Nilus, p. 187.

[219] Dans le texte grec l’auteur oppose les mots στροφή et ἐκστροφή, et les verbes correspondants. Ces mots paraissent encore signifier: convertir la nature intérieure d’un métal en or ou en argent, en en transmutant ou extrayant la nature antérieure, qui était celle du cuivre, du plomb, de l’étain ou du fer. Une semblable extraction s’exprime par le mot κατασπάω.

[220] Cp. p. 21.

[221] Il semble que ce soit là une expression symbolique pour désigner les matières colorantes jaunes, et surtout celles qui produisent à froid des sulfures colorés en jaune.

[222] C’est-à-dire la préparation produisant à froid les mêmes effets que le feu.

[223] Voir p. 101.

[224] Voir p. 21, 101 et 191.

[225] V. p. 21.

[226] Ou bien lorsqu’on opère l’iosis, le mot grec ayant ce double sens.

[227] Suite de fragments, réunis à une époque relativement récente, comme le montre d’ailleurs le titre lui-même; la dénomination expresse de pierre philosophale n’existant pas dans auteurs antérieurs au viie siècle, bien que la notion même soit plus ancienne. La plupart de ces fragments reproduisent des textes déjà donnés sous forme plus développée.

[228] Voir la page précédente, etc.

[229] Voir Introd., p. 164; Synésius, §§ 7.

[230] Lexique, p. 4 et 6.

[231] L’auteur joue sur le double sens de qeion.

[232] Synésius, §§ 7 et 8.

[233] Synésius, §§ 7 et 8.

[234] Olympiodore, § 50; et passim.

[235] Cp. note 133, etc.

[236] Ou du mois Méson (voir p. 75).

[237] Olympiodore, début.

[238] Cp. p. 101 et 182.

[239] Tout ce paragraphe semble formé avec des phrases disjointes, tirées des écrits de Marie; elles sont en partie extraites d’Olympiodore, qui les avait prises directement de ces écrits.

[240] Cp. Olympiodore, § 48.

[241] Cp. Olympiodore, § 49.

[242] Cp. Olympiodore, § 50. Dans E Lb « un lieu de repos », au lieu de « gros poissons ».

[243] Cp. p. 147.

[244] Cp. p. 112.

[245] P. 165 et 178.

[246] P. 158.

[247] P. 178.

[248] P. 129 et 135.

[249] Voir p. 154 et 177.

[250] Ceci paraît être une lettre-dédicace, ou un épilogue de Zosime, transformé par quelque copiste en fragment « περὶ ἀφορμῶν συνθέσεως ».

[251] En marge: signe du mercure.

[252] Cp. Synésius, p. 66 et 67; Origines de l’Alchimie, p. 75, 265, 267.

[253] Cp. Aristote, Gener., I, 7 ; — Métaph., I, 3; — Morale à Eudème, — VII, 10 ; — Physique, II, 3. — Platon, Timée, p. 37, D.

[254] Le mercure? Voir page 146, note 3. Dans E on lit: « Au moyen de l’ios du mercure, nous triomphons du feu par le feu, et nous allions », etc.

[255] Var. M: Dispersant les ossements des Perses calcinés, etc.

[256] Cp. le Serpent, p. 23; Zosime, p. 120.

[257] Ce morceau, ainsi que celui sur l’ocre, représente un extrait de quelque auteur perdu, congénère de Dioscoride, Mat. méd. V, 84, vers la fin.

[258] Introd., p. 139.

[259] Théosébie.

[260] C’est à peu près la même formule (celle d’un polysulfure de calcium) que la recette 89 du Papyrus X de Leide; Introduction, pages 46 et 68.

[261] Lb ajoute: « je dis l’eau aérienne ». Le ms. M continue par l’article tiré d’Agatharchide (Introd., p. 185).

[262] Suite de fragments indépendants les uns des autres, et reproduisant parfois des morceaux déjà imprimés avec certaines variantes..

[263] Cp. Olympiodore, p. 97 et Zosime, III, ii, i-3.

[264] Var.: L’art des produits royaux »; ou bien: « L’art des matières opportunes » (astrologie); ou bien encore L’art des teintures convenables ».

[265] Ce mot semble répondre aux discussions sur la nature du Père et du Fils dans la Trinité, au temps du Concile de Nicée; Cp. p. 136.

[266] Cp. Synésius, p. 65.

[267] Synésius, p. 66. — Lb ajoute : Et fabrique la pierre sèche, recherchée, etc. ».

[268] Lb intercale : « Et l’autre partie ».

[269] Addition de A seul. p. 63.

[270] Il semble qu’il s’agisse ici d’une coloration superficielle, obtenue par un procédé d’orfèvre. — Introd., p. 56, 58.

[271] Ce texte se trouve avec des variantes importantes dans Synésius.

[272] Cp. Synésius, p. 63.

[273] Cp. Origines de l’Alchimie, p. 58. Sophé est une forme du nom de Chéops.

[274] Cp. p. 148, 151.

[275] Sur la kérotakis.

[276] Je regarde le mot οὐδαμοῦ comme ajouté ici par l’erreur d’un copiste ; à moins que ce ne soit le débris d’une phrase qui a disparu.

[277] C’est-à-dire de l’or.

[278] Cp. p. 31, note 2, et p. 36, note 3.

[279] Introd., Papyrus de Leide, p. 29.

[280] Il s’agit sans doute des Temples de Phtha (Vulcain). Tout ce morceau semble fort ancien et contemporain du Serment d’Isis et des traités hermétiques. Sur les livres attribués à Chéops, voir la note en tête de l’article précédent.

[281] Cp. Olympiodore, p. 99 et à la suite.

[282] Le cuivre est envisagé ici comme l’agent tinctorial par excellence, le générateur de toute couleur jaune ou rouge dans les métaux ou leurs dérivés, tandis que le plomb est la matière première commune, qui se change dans les divers métaux.

[283] Ce sont les titres des divers ouvrages perdus de Zosime, parfois suivis d’un extrait ou d’un bref commentaire.

[284] Salmasii Plinianœ exercitationes, 776, b, D. Le Lexique (p. 6, 7, 13. l’assimile à la pyrite et à la chrysolithe, au porphyre et à l’androdamas.

[285] L’auteur joue sur le double sens du mot Œt.

[286] Cp. p. 196 et passim.

[287] Tout ce passage paraît se rapporter à la production d’un ferment métallique, indiqué précisément dans le Papyrus X de Leide sous le titre de « masse inépuisable (recette 7, p. 29). — La chimie de Moïse, traité qui sera donné plus loin, est aussi désignée sous le nom de maza (v. p. 180). Ce mot même a été employé comme synonyme de la chimie (Introduction, p. 209, 257).

[288] L’auteur joue sur le mot μαζύγιον, qu’il tire tantôt de μᾶζα, masse ; tantôt de μαζός, mamelon.

[289] Les bruits divers résultant des diverses formes de souffle jouaient un rôle important chez les gnostiques, (Voir Papyrus de Leide W, pagina 1, l. 4 ; pag. 2, l. 1 et suiv.; pag. 3, l. 2, et passim).

[290] C’est le fac secundum artem des formules pharmaceutiques d’aujourd’hui. Les enfants des médecins sont les apprentis.

[291] Au-dessus M donne ici le signe du cinabre, et répète ce signe au-dessus du mot feu.

[292] Voir dans l’article précédent le § 12.

[293] Cp. p. 194. le § 2 qui est un résumé du texte actuel.

[294] Ce paragraphe est étranger à ce qui précède: C’est le titre d’un ouvrage perdu, mais dont certains extraits semblent exister dans notre ve partie.

[295] Cette préparation ne saurait fournir du mercure ordinaire, mais de l’arsenic sublimé, lequel reçoit ici le nom de mercure, parce qu’il blanchit le cuivre. (Introd., p. 99 et 239. — Démocrite, p. 53).

[296] Il semble qu’il s’agisse dans ce paragraphe d’une fabrication d’asèm, dont on opère la diplosis au moyen du plomb. Cp. Introd., Papyrus de Leide, p. 64.

[297] Cette description semble répondre à l’extraction de l’or de son minerai par amalgamation.

[298] Olympiodore, p. 95

[299] Olympiodore, p. 99.

[300] Olympiodore, p. 101.

[301] Olympiodore, p. 107.

[302] La fin de ce paragraphe reproduit avec des variantes notables, le § 11 de la p.196.

[303] Temple de Phta.

[304] Ce sont les appareils des figures 14, 14 bis et 15 de l’Introduction, p. 130 et 140.

[305] Figure 16, p. 140 de l’Introduction.

[306] Ceux qu’il va décrire.

[307] Cependant il va la décrire de nouveau § 6. — Cp. III, xvi, p. 158.

[308] Fig. 15, p. 139 de l’Introduction.

[309] On traduit ainsi le mot χαλκεῖον, qui désigne en effet le gros tube vertical, dans la fig. 16 de la page 140 de l’Introd. ; σωλῆνες doit être entendu des trois tubes abducteurs, par lesquels les produits distillés s’échappent du tribicos; βῆκος ou βίκος est le récipient, où s’écoulent les produits. Ce mot désigne aussi (fig. 14, p. 138) le chapiteau, appelé autrement φιάλη dans la fig. 11 (p. 132). Enfin λωπάς est le matras où l’on place le soufre et qui est exposé directement à l’action du feu. Ces désignations s’appliquent aux figures du manuscrit de Venise.

Dans le manuscrit A, plus moderne (fig. 37, p. 161 de l’Introd.), λωπάς a le même sens; mais χαλκεῖον s’applique ici au chapiteau, qui a pris une forme nouvelle et caractéristique. La description du texte a cessé de répondre à cette dernière forme. La forme du λωπάς s’est également rapprochée de notre chapiteau moderne (v. p. 161 de l’introd.), ou plus exactement de celle du pélican, appareil distillatoire qui était encore usité au siècle dernier.

[310] Les mots άντίχειρος σωλῆν (tube du pouce) et λιΧανός σωλήν (tube de l’index), sont appliqués à des tubes différents dans les fig. 11 (p. 132 de l’introd.) et 15 (p. 139 de l’Introd.). Le premier nom désigne dans les deux figures un petit tube oblique et descendant. Quant au second nom, la fig. 15 parait indiquer le gros tube ascendant, de direction inverse, qui est désigné dans la fig. 14 (p. 138), sous le nom de « tube de terre cuite, et dans la fig. 16 (p. 140), sous le nom de χαλκεῖον, objet dont il a été question dans la note précédente. Ces désignations ne correspondent pas exactement au texte ci-dessus, dans lequel le tube du pouce est mis en opposition avec les deux tubes de l’index: ces derniers représentant deux des petits tubes descendants du tribicos, le tube du pouce serait alors le troisième, comme dans la fig. 15.

[311] Cp. p. 182.

[312] Cp. p. 165, § 15.

[313] Ce mot est une désignation générique, applicable à toutes les espèces suivantes, ainsi qu’il a été dit ailleurs, voir p. 162, § 10 et note, p. 180, § 4, p. 185, § 4 et p. 186, § 5, etc.

[314] Cp. p. 166, § 18. Sur le sens du mot plante, voir p. 71, p. 13, p. 153, note, p. 159, § 4 et note 2, etc.

[315] Recette surajoutée dans le manuscrit de St-Marc et plus moderne.

[316] Prenne la couleur de l’or.

[317] Prenne la couleur du plomb, en agissant sur les oxydes mélangés qui forment la tutie.

[318] C’est-à-dire un alliage blanc.

[319] Ce titre est probablement celui de l’un des livres de Zosime, désignés chacun par l’une des lettres de l’alphabet. Le premier paragraphe serait le début du livre; il roule sur une suite de jeux de mots sur l’oméga, assimilé à l’œuf philosophique et à l’océan.

[320] Saturne occupe le 7e des cercles concentriques ou zones de l’univers, qui ont la terre pour centre commun, dans la classification des astres errants ou planètes; Saturne correspond aussi à la lettre L, dans la concordance des voyelles avec ces astres; ainsi qu’au plomb, dans la nomenclature des métaux (corps métalliques).

[321] Cette multiplicité des langages mystiques, où un même sens s’exprime par des mots divers, tandis qu’un même signe répond à plusieurs sens, se retrouve dans le Papyrus V de Leide, Introd., p. z8. La Cabbale repose aussi sur des conventions analogues.

[322] C’est-à-dire dans l’opération de la régénération des corps métalliques.

[323] Œuvres et Jours, vers 86.

[324] Ce mot vague est expliqué deux lignes plus bas.

[325] Ce texte est mutilé, comme on le voit dans Olympiodore, p. 95, note 5. En effet ce qui est relatif à la terre s’applique à Ève.

[326] Le nom d’Hermès reprend ici le sens générique, suivant lequel il était l’auteur de tous les ouvrages égyptiens. Voir Clément d’Alexandrie, cité dans les Origines de l’Alchimie, p. 39 et 40. On remarquera que l’origine de la traduction grecque de la Bible se trouve expliquée ici autrement que dans la traduction des Septante.

[327] Le même mot signifie lettre et élément.

[328] En tant que formé par la réunion des quatre éléments.

[329] Voir plus haut.

[330] Cp. Théogonie, vers 521, 618.

[331] Ce passage, ainsi que ceux qui précèdent doivent être rapprochés des doctrines des docètes et de celles de certains gnostiques. (Cp. Renan, Histoire des Origines du Christianisme, t. V, p. 421, 458, 525, etc.

[332] Contrefacteur. — Son intervention rappelle le manichéisme et les doctrines persanes sur les deux principes.

[333] Comme son nom l’indique.

[334] S’agit-il d’il d’είμαρμένη, qui a 9 lettres et une diphtongue; ou bien du génitif ἀντιμίμου, qui satisfait aux mêmes conditions, ou bien encore de φαοσφόρος, Lucifer?

[335] C’est la pratique du prêtre rebouteur, envisagée comme supérieure à la science écrite du médecin.

[336] Il répond à la figure 16 de la p. 140 de l’Introd. Ce passage reproduit la fin du second alinéa du § 2 de la p.216, avec des variantes considérables.

[337] Les Ms. indiquent le plomb, sans doute par suite d’une confusion de signes.

[338] Dans B ces signes sont répétés au- dessus des mots : « toutes les espèces ».

[339] Voir l’article précédent, p. 217, § 5. — Il y a ici des variantes considérables.

[340] Ici χαλκεῖον paraît signifier chapiteau (voir la note 1 de la p. 218)

[341] Cp., la note 2 de la p. 218.

[342] C’est-à-dire aux deux récipients correspondants.

[343] Ceci désigne la figure 15 de la p. 139 de l’Introd.

[344] Cp. page 216.

[345] Figure 25 de la page 149 et figure 22 de la page 146 de l’Introduction.

[346] Figures 24 et 24 bis de la page 48 de l’Introduction.

[347] Ce sont les figures 20 et 21, page 143 de l’Introduction.

[348] Cp. p. 203 et Olympiodore, p. 97. — Le texte actuel offre des variantes notables.

[349] Synonyme: Pétésis.

[350] Voir le texte de Clément d’Alexandrie Origines de l’Alchimie, p. 41.

[351] Note de A. « Il faut pénétrer le sens spirituel du caractère, et éviter les opinions tirées des paroles charnelles. » — On voit à quelles imaginations donnaient lieu les vieux textes hiéroglyphiques que l’on ne comprenait plus (Cp. Introduction, p. 135).

[352] Note de A. « Il y a beaucoup de livres relatifs à la chimie. Les uns parlent des teintures naturelles; les autres, des surnaturelles : les deux ordres de livres sont mensonge et vérité dissimulée. »

[353] La teinture des étoffes est ici assimilée à celle des métaux (voir Origines de l’Alchimie, p. 242 et suiv.).

[354] Ou opportunes.

[355] Comme imposteurs.

[356] Ce curieux passage accuse la rivalité des opérateurs procédant par la magie et avec charlatanisme, contre ceux qui opéraient par la science seule et qui leur enlevaient leur clientèle.

[357] Les Papyrus de Leide renferment diverses formules pour procurer des songes et artifices magiques, à côté des procédés chimiques voir Introd. p. 13).

[358] Ce paragraphe montre le caractère des polémiques entre Zosime et ses rivaux, polémiques dont nous avons la trace en plus d’un point de ses écrits. Cp. p. 186 et 187.

[359] Cp. Olympiodore, p. 90.

[360] Dans ce passage, le mot œuf est prit pris dans un sens mystique, comme désignant le produit d’une opération chimique. Cp. p. 18 et 19.

[361] Note de A. « (Ainsi parle) les capable de comprendre, d’une manière droite et saine. »

[362] Voir la note 360.

[363] Sur les étoffes peintes?

[364] Un peu plus loin Zosime vise la section W (voir aussi p. 221). Suidas rapporte que Zosime avait écrit un livre sur la chimie adressé à sa sœur Théosébie, divise en sections désignées par les lettres de l’alphabet grec.

[365] Ou la matière dorée.

[366] Cette phrase est restée, comme la seule trace du morceau tout entier, dans M (voir Introd., p. 185).

[367] B. « … de même un peu d’or la poudre sèche doit faire tout fermenter. »

[368] C’est une fabrication de céruse, au moyen du vinaigre, agissant soit sur le plomb, soit sur la litharge.

[369] On remarquera l’analogie établie entre la formation de la céruse, matière blanche, produite au moyen de la litharge aune et du minium rouge, et la métamorphose de la sandaraque (réalgar) rouge, en acide arsénieux blanc. Dans d’autres passages, l’acide arsénieux est même désigné par le nom de céruse.

[370] Par la coupellation?

[371] En d’autres termes : quand le plomb est intervenu dans la transmutation, le métal transformé résiste ensuite aux essais d’analyse faits au moyen de ce métal.

[372] C’est-à-dire des vapeurs sublimées mercure, arsenic, soufre, etc.

[373] Ms. A, « d’argent ».

[374] Au lieu de la fabrication, les manuscrits portent: la pyrite, (ou son signe), lequel est presque le même.

[375] V. p. 105.

[376] Ce mot ne doit pas être pris dans le sens de la chimie moderne.

[377] Par filtration.

[378] Dans BA, c’est Démocrite.

[379] Sans procéder par distillation, ou sublimation.










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