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MEYER Lettres Alchymiques (1764).
LETTRES ALCHYMIQUES
Frédéric Meyer
Frédéric Meyer, que cite Chevreul dans ses "Quatre articles sur l'alchimie" (1851), reste un auteur relativement méconnu.
Voici ce qu’en dit Ferdinand Hoefer dans son « Histoire de la Chimie » (1866) :
Frédéric meyer, apothicaire d’Osnabruck, publia en 1764 un livre intitulé "Essais de chimie sur la chaux vive, la matière élastique et électrique, le feu, et l'acide universel" (1). La théorie qu'il y développe se trouve en opposition directe avec les faits; c'est un exemple curieux de cet aveuglement de l'esprit humain, qui se refuse systématiquement à la lumière de la vérité. Selon Meyer, la pierre calcaire, loin de perdre, gagne au contraire quelque chose pendant sa calcination.On sait que la chaux commune (carbonate de chaux), effervescible avec les acides, étant soumise à l'action du feu, se convertit en chaux Vive (chaux caustique), en abandonnant son acide carbonique. Suivant Meyer, c'est tout le contraire qui arrive : la chaux commune, qui se distingue de l'autre par son défaut de causticité et d'insolubilité, absorberait dans le feu un acide particulier, appelé par l'auteur acidum pingue, acide qui convertirait la pierre calcaire (carbonate) en chaux caustique, et lui enlèverait la propriété de faire effervescence avec les acides. Il en serait de même lorsqu'on verse de l'alcali fixe ou volatil (carbonate de potasse ou d'ammoniaque) dans de l'eau de chaux : la chaux se troublerait en cédant à l'alcali son acidum pingue, et en lui donnant ainsi la causticité qu'elle perd.
Deux objections devaient faire crouler immédiatement ce vain échafaudage : la première, c'est que la chaux perd de son poids lorsque, selon la théorie de Meyer, elle absorberait son acide pingue, et vice versa. Il y a donc là une contradiction flagrante avec les faits. La seconde objection, qui est également sans réplique, c'est que ce prétendu acide est un être fantastique. Si vous demandez à l'auteur de vous montrer son acidum pingue, il vous répondra que c'est une matière semblable à celle du feu et de la lumière; que c'est par l'intermédiaire de cet acide insaisissable que la chaux s'unit aux huiles, qu'elle dissout le soufre; que c'est lui qui s'échappe du charbon qui brûle; que c'est lui qui augmente le poids des métaux pendant la calcination. etc. On voit que cet acidum pingue est tantôt l'acide carbonique, tantôt l'oxygène, enfin que c'est tout ce que l'on voudra, sauf un corps réel.
Voilà ce qui ne manque jamais d'arriver lorsqu'on viole la logique et l'expérience, pour faire triompher une conception purement imaginaire.
On s'abuserait étrangement si l'on croyait que la théorie de Meyer dut dès son apparition tomber d'elle-même. Cette théorie, quelque fausse qu'elle fût, trouva, au contraire, des défenseurs, sinon nombreux, du moins très-ardents. Nous devons les condamner tous à l'oubli .
(1) "Chymische Versuche zur nähern Erkenntniss des ungelöschten Kalks, der elastischen und electrischen Materie, etc."; Han. et Leipz., 1764, in- Trad. en français par Le Dreux; Paris, 1766, in-11.
On comprendra aisément qu’il y avait dans la démarche et les théories de Meyer, quelques éléments qui ne pouvaient qu’irriter les « scientifiques » de son temps…
L.A.T.
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