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ROSE CROIX Confessio Fraternitatis (1615).





CONFESSIO FRATERNITATIS

1615


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Imprimée à Kassel (Allemagne) en 1615, la Confessio Fraternitatis est le second manifeste - anonyme - d'une série de trois, révélant l'existence d'une fraternité secrète d'alchimistes, les "Frères de la Rose+Croix", placée sous le patronage d'un personnage mythique, Christian Rosenkreutz (c'est-à-dire "Christian Rose+Croix", dont on a pu supposer – plus ou moins justement - qu'il s'identifiait au Maître Hiram Abif, personnage-clef de la rituélie maçonnique).

Cette fraternité, presque mythique elle-même, influencera l'imaginaire de plusieurs ordres dits "initiatiques", et ceci jusqu'à nos jours.

Les deux autres manifestes sont :

-          La Fama Fraternitatis (1614)
-          Les Noces Chymiques de Christian Rosenkreutz (1616)


L.A.T.

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CHAPITRE PREMIER

N’interprétez pas prématurément et ne jugez point avec parti pris le tableau de notre Fraternité tel qu’il est exposé dans le présent manifeste, la Fama Fraternitatis. En présence de la décadence de la civilisation, Jéhovah a cherché à sauver l’humanité en révélant aux hommes de bonne volonté les secrets que, précédemment, il avait réservé pour ses élus.

Cette sagesse acquise permettra à l’homme vraiment pieux d’être sauvé, tandis que les malheurs s’abattront, multipliés, sur tous les impies. Au moment où fut promulgué dans la Fama le véritable but de notre Ordre, il a surgi des malentendus par lesquels on nous accuse faussement d’hérésie et de trahison. Nous espérons que ce document nous réhabilitera en incitant les savants d’Europe à se joindre à nous pour la propagande de la connaissance de Dieu selon la volonté de notre illustre fondateur.


CHAPITRE II

Maints esprits se prétendent amplement satisfaits de la philosophie ordinaire de notre époque (en 1614).

Nous la déclarons fausse et appelée à disparaître par sa propre faiblesse. Mais de même que la Nature nous donne un remède pour chaque maladie, ainsi notre Fraternité pourvoit à toutes les infirmités des divers systèmes philosophiques existants. La philosophie secrète des R.C. est basée sur la connaissance de la totalité des facultés sciences et arts. Notre système de révélation divine qui s’occupe beaucoup de théologie et de médecine, mais peu de jurisprudence , nous permet d’étudier les cieux et la Terre et, en particulier, l’homme, dans la nature duquel se trouve enfoui le grand secret. Si les savants auxquels nous faisons appel se joignent à nous, nous leur révélerons des secrets insoupçonnés, les merveilles du travail caché de la Nature.


CHAPITRE III

Nous ne pouvons malheureusement décrire en entier les beautés de notre Fraternité, car nous risquons, d’une part, d’éblouir les ignorants par des explications dépassant leur conception et, d’autre part, de voir ridiculiser par le vulgaire des mystères qu’il ne comprendrait pas. Nous craignons aussi que certains esprits ne soient déconcertés par la portée de notre proclamation : ne comprenant pas les merveilles de ce sixième âge, ils n’ont pas la perception des grands changements à venir, tout comme l’aveugle vivant dans un monde de lumière ne peut s’en rendre compte qu’au moyen d’un des autres sens, le toucher.


CHAPITRE IV

Nous croyons fermement que grâce à de longues méditations sur les inventions de l’esprit humain et sur les mystères de la vie, grâce à la coopération des anges et des esprits, enfin par son expérience et ses laborieuses observations personnelles, notre bien-aimé Père Christian R.-C. a été pleinement illuminé par la sagesse divine. Aussi pouvons-nous affirmer que si toutes les publications du monde entier venaient à se perdre, ou les fondations de la science à s’écrouler, la Fraternité des R.-C. serait à même de rétablir la structure intellectuelle du monde sur une base de vérité et d’intégrité divines. En présence de l’étendue et de la profondeur de cette connaissance, les esprits désireux d en comprendre les mystères n’ont pas, généralement, les moyens d’atteindre directement à cette sagesse ; ils y parviendront par des efforts successifs. Aussi, notre Fraternité comprend-elle un certain nombre de grades que chacun doit franchir pour avancer pas à pas vers le Grand Arcane.

Puisqu’il a plu à Dieu de nous éclairer par Son sixième luminaire. n’est-il pas préférable de chercher la vérité de cette manière, plutôt que de s’égarer dans le labyrinthe de l’ignorance, humaine ?

Tous ceux qui acquièrent cette connaissance se rendent maîtres de tous les arts et de tous les métiers il n’existe pour eux aucun secret et toutes les belles oeuvres du passé, du présent et de l’avenir leur sont accessibles. Le monde entier devient pour eux comme un livre ouvert ; il n’y aura plus aucune contradiction entre la science et la théologie. Réjouis-toi, ô humanité le moment est venu où Dieu décrète l’agrandissement et la prospérité de notre Fraternité ce travail, nous l’entreprenons avec joie.

Le portail de la sagesse s’est actuellement ouvert au monde ; mais les Frères ne pourront se faire connaître qu’à ceux qui méritent ce privilège car il nous est interdit de révéler notre connaissance, même à nos propres enfants. Le droit d’accéder aux vérités spirituelles ne s’obtient pas par héritage, il doit s’acquérir par la pureté de l’âme.


CHAPITRE V

Bien qu’on puisse nous accuser d’indiscrétion, puisque nous offrons si librement nos trésors, sans faire de distinction entre le devin, le sage, le prince, le paysan, nous affirmons que nous ne trahissons pas votre confiance. La publication de notre Fama n’est compréhensible que pour ceux qui ont droit à l’initiation ; notre société même ne peut être découverte par la curiosité des chercheurs, mais seulement par les penseurs sérieux et sanctifiés. Si notre Fama a paru en cinq langues mères, c’est afin que les justes de tous pays puissent nous connaître, fussent-ils en dehors de la catégorie des savants. Les indignes auront beau se présenter à nos portes et en réclamer l’entrée ; Dieu nous a interdit d’écouter leur voix. Il nous enveloppe de Ses nuées en nous donnant Sa protection et nous met ainsi à l’abri du danger.

Dieu a également décidé que les membres de l’Ordre des R-C ; ne pourront être aperçus par aucun oeil humain tant qu’il n’aura pas reçu l’énergie visuelle de l’aigle. Nous engageons encore à réformer les gouvernements de l’Europe pour leur donner la forme du système appliqué par les philosophes de Damcar. Tout homme désireux d’acquérir la connaissance en recevra proportionnellement à son degré de compréhension.

Les règles de la fausse théologie seront abolies, et Dieu fera connaître Sa volonté par Ses philosophes élus.


CHAPITRE VI

Dans le but d’abréger, il suffit de dire que notre Père C.R.C., né au XIIII, siècle, mourut à l’âge de 106 ans, nous laissant la tâche de répandre dans le monde entier la doctrine de la religion philosophique. Notre Fraternité est à la disposition de tous ceux qui cherchent sincèrement la vérité ; mais nous prévenons publiquement les hypocrites et les impies qu’ils sont hors d’état de nous trahir et de nous nuire, car notre Fraternité est sous la protection effective de Dieu ; tous ceux qui chercheraient à lui faire tort verraient leurs mauvais desseins se retourner contre eux-mêmes, tandis que les trésors de notre Fraternité resteront inviolés pour être utilisés par le Lion (le Christ), lorsqu’il viendra établir Son royaume.


CHAPITRE VII

Nous déclarons qu’avant la fin du monde Dieu fera jaillir un grand flot de lumière spirituelle pour alléger nos souffrances. Tout ce qui aura obscurci ou vicié les arts, les religions et les gouvernements humains et qui gène même le sage dans la recherche du réel, sera mis au grand jour, afin que chacun puisse recueillir le fruit de la vérité. Sans aucunement nous mettre en cause, on admettra que ces réformes sont les résultats du progrès. La Fraternité des R.-C. ne prétend pas accaparer la gloire de cette vaste réforme divine, car bien d’autres individualités honnêtes, sincères et sages, étrangères à notre fraternité, contribueront par leur intelligence et leurs écrits à en hâter l’avènement.


CHAPITRE VIII

Personne ne doit douter, affirmons-nous, que Dieu a envoyé des messagers en dévoilant des indices célestes, tels que les nouvelles étoiles du Serpent et du Cygne pour annoncer la venue d’un grand conseil des Élus. Cela prouve que Dieu manifeste dans la Nature visible pour le petit nombre sachant discerner les signes et symboles de tout ce qui doit arriver. Dieu a donné à l’homme deux yeux, deux narines, deux oreilles, mais une seule langue, tandis que les trois premiers organes perçoivent la sagesse de la Nature dans l’esprit, la langue seule est capable de la traduire. De tous temps il y a eu des êtres illuminés qui ont vu, senti, entendu la volonté de Dieu, et il adviendra bientôt que ceux qui ont vu, senti, entendu élèveront la voix et révéleront la vérité ; mais auparavant le monde devra se débarrasser des intoxications de la fausse science et de la fausse théologie en ouvrant son coeur à la vertu et à l’entendement ; c’est alors qu’il pourra saluer le soleil levant du vrai, du beau, du bien.


CHAPITRE IX

Nous avons une écriture magique, reproduction de ce divin alphabet avec lequel Dieu a transcrit Sa volonté sur la nature terrestre et céleste. Avec ce nouveau langage nous lisons la volonté de Dieu pour toutes Ses créatures ; aussi, de même que les astronomes prédisent les éclipses, ainsi nous pronostiquons les obscurations de l’église et leur durée Notre langage est semblable à celui d’Adam et d’Enoch avant la chute et bien que nous comprenions ces mystères et sachions les expliquer dans cette langue sacrée, nous ne pouvons en faire autant en latin, qui est une langue contaminée par la confusion de Babylone.


CHAPITRE X

Malgré certaines personnalités puissantes qui nous sont hostiles et nous entravent motif pour lequel nous gardons l’incognito nous exhortons tous ceux qui voudraient adhérer à notre Fraternité d’étudier sans cesse les écritures sacrées ; en le faisant, ils ne pourront être loin de nous. Cela ne veut pas dire de citer la Bible à tous propos ; mais ils doivent rechercher sa signification véridique et éternelle, que découvrent rarement les théologiens, les scientistes ou mathématiciens par la suite de l’aveuglement dû à l’esprit de ces sociétés. Nous prétendons que, depuis le commencement du monde, l’homme n’a jamais reçu de meilleur livre que la sainte Bible. Béni soit celui qui la possède, doublement béni celui qui en fait sa lecture, plus encore celui qui s’y conforme.


CHAPITRE XI

Nous désirons ardemment faire comprendre l’exposé que nous avons fait dans la Fama Fraternitatis de la question de la transmutation des métaux et de la Panacée. Tout en admettant que ces deux opérations puissent être réalisées par l’homme, nous craignons que certains grands esprits ne se fourvoient dans la vraie recherche de la connaissance et de l’entendement, pour se limiter à celle de la transmutation des métaux. Lorsqu’on donne à l’homme le pouvoir de guérir, d’éviter la pauvreté, d’atteindre aux dignités mondaines, il est inévitablement assailli par de nombreuses tentations, et à moins de posséder la vraie connaissance et une pleine compréhension, il deviendra une menace pour l’humanité. L’alchimiste qui réussit dans l’art de transmuer muer les métaux inférieurs peut faire bien du mal, à moins que son entendement ne soit aussi grand que la fortune qu’il s’est créée lui-même. Nous affirmons, par conséquent, que l’homme doit d’abord obtenir la connaissance, la vertu et l’entendement ; après cela, toutes choses pourront lui être accordées par surcroît.


CHAPITRE XII

En matière de conclusion, nous vous exhortons de toute notre âme à rejeter tous les livres sans valeur de pseudo-alchimistes et philosophes (nombreux à cette époque), qui faussent l’idée de la Sainte-Trinité et trompent le crédule par des énigmes vides de sens. De tels hommes se confondent avec ceux qui cherchent le bien, ce qui rend la vérité difficile à discerner. Croyez-nous, la vérité est simple et ne saurait se dissimuler, tandis que la fausseté est compliquée, profondément cachée, orgueilleuse et sa connaissance factice ; semblant refléter un éclat divin, elle est souvent prise pour l’expression de la sagesse divine. Vous qui êtes sages, vous vous détournerez de ces faux enseignements et viendrez à nous, qui ne cherchons pas à posséder votre argent, mais vous offrons librement notre plus grand trésor.

Nous ne désirons pas vos biens, mais vous faire partager les nôtres. Nous ne nous moquons pas des paraboles ; au contraire, nous vous invitons à comprendre toutes les paraboles et tous les secrets ; nous ne demandons pas que vous nous receviez, mais nous vous invitons à venir dans nos palais royaux, non pas de notre propre mouvement, mais de par la volonté de l’Esprit Divin, sur le désir de notre tout bienveillant Père R.-C. et pour les besoins de votre vie présente, qui sont si grands.


CHAPITRE XIII

Notre position vis-à-vis de vous étant ainsi bien définie, puisque nous reconnaissons le Christ, nous vouons notre existence à la vraie philosophie et à une vie faite de dignité, et nous invitons journellement et admettons dans notre Fraternité les plus dignes de toutes nationalités, appelés plus tard à partager avec nous la lumière divine. Ne voudriez-vous pas vous joindre à nous pour vous perfectionner dans le développement de tous les arts et rendre service au monde ? Si vous faites ce pas en avant, les trésors du monde entier vous seront donnés un jour et l’obscurité qui enveloppe la connaissance humaine par suite de la vanité des arts et des sciences matérielles sera dissipée à tout jamais.


CHAPITRE XIV

Nous avertissons à nouveau ceux qui se laisseraient fasciner par le scintillement de l’or ou ceux qui, tout en étant intègres, à présent, pourraient plus tard devenir victimes des grandes richesses et mener une vie paresseuse et mondaine, de ne pas venir troubler notre silence sacré par leurs clameurs. Bien qu’il existe un remède guérissant toutes les maladies et donnant à tous les hommes la sagesse, il est toutefois contraire à la volonté de Dieu que les hommes atteignent à l’entendement par des moyens autres que la vertu, le travail et l’intégrité. Il ne nous est pas permis de nous manifester à qui que ce soit, excepté si c’est la volonté de Dieu. Ceux qui croiraient partager nos richesses spirituelles, en dépit de Sa Volonté ou sans Sa consécration, s’apercevront qu’ils perdront plus vite leur voie à nous chercher qu’à atteindre au bonheur en nous trouvant.


Fin de la Confessio Fraternitatis