Notre-Dame de Paris - Portail de la Vierge Le Bain des Astres - Condensation de l'Esprit Universel Planche 18 du "Mystère des Cathédrales" de Fulcanelli Dessin de Julien Champagne |
SAVORET Les deux aspects du Grand Oeuvre.
Les deux aspects du Grand Oeuvre
Extrait de "Du Menhir à la Croix "
André Savoret
La connaissance analytique est aux antipodes de la
connaissance réelle. La clef de cette dernière est la réalisation de l’Esprit
Saint. Pour que cet Esprit fasse en nous sa demeure, il faut que nous
renoncions à l’esprit impur, à la fausse lumière du " spiritus mundi
".
Il est écrit dans la genèse que l’esprit ombrait les eaux
primordiales, enveloppées par l’Abîme obscur.
Il faut reconstituer cette eau vierge (Demeure du
Saint-Esprit, disent les litanies) en purifiant notre mental et en oubliant le
fatras de connaissances indigestes dont nous avons souillé le miroir de notre
imagination. Nous serons alors dans les ténèbres mentales, puisque nous ne
puiserons plus dans cette sphère les éléments de la connaissance analytique,
fruits vénéneux de l'arbre de science.
C’est dans cette nuit, dans cet état de nudité spirituelle
de simplification intérieure, que l'esprit pourra descendre et informer, à
nouveau, le chaos microcosmique.
Que nous disent les maîtres de l'alchimie ?
" Ramener une terre appropriée à son état chaotique
primordial, pour obtenir la terre vierge des sages, aspect sensible de la
substance universelle ».
Cette terre vierge est le milieu, la matrice, la nourrice
blanche. Animer ensuite cette terre vierge avec le concours de l'esprit
universel, spécialisation du Ruach Elohim de la Genèse. "
C'est ce même processus qui constitue le mode général de
l'alchimie spirituelle et le mode particulier d'accession à la Connaissance
véritable :
Ramener le mental à la
simplicité de la substance première. Dans ce vide l'esprit descendra, afin de
l'informer.
Ici, se cache un double écueil : D'abord l’homme doit
choisir son Maître et ne servir que lui seul. Or, trop souvent, il se donne,
mais avec réticence, il veut et ne veut pas, dit tantôt oui, tantôt non, le
plus souvent, peut-être. C'est ici le lieu de rappeler la belle parole du Tao :
Avoir peu de foi, c'est ne pas avoir la foi, et celle-ci, qui lui est semblable
: Hors LA VOIE, tout est hors de voie.
Ensuite, l'homme est le champ clos où s’affrontent l'Esprit
Saint et l'esprit impur. Il doit donc veiller sur ses désirs, car selon
l'orientation et la qualité du désir, l'un ou l'autre de ces esprits fera en
lui sa demeure ; en d'autres termes, dans cette terre vierge où toute graine
pourra porter des fruits selon son espèce, germera un rameau de l'arbre de Vie
ou un rameau de l'arbre de la science, conformément au mobile secret de
l'homme.
On peut ici comprendre combien, sans l'aide du Ciel, le
Grand Oeuvre spirituel peut être dangereux, et quelles séductions seront mises
en œuvre pour qu’il nous apporte la mort au lieu de la vie.
Or, l'aide du Ciel vient à qui la demande sincèrement. D'où,
la nécessité de la prière, dont le principe est un acte d'humilité.
Sans l'humilité un tel travail mène directement à la mort spirituelle,
car tout sentiment d'orgueil est signe du Malin. Avec l'humilité, ce travaìl
mène à la réception de l'Esprit-Saint, à l'illumination définitive, pourvu
qu'on n'oublie pas le Commandement essentiel : L'Amour du Prochain.