Le Christ Bon Pasteur
Mosaïque en la chapelle San Lorenzo Fuori Le Mura, Rome
LE PASTEUR
Hermas
Présentation du texte
Rédigé au Ier ou au IIème siècle de notre ère, probablement
à Rome, le Pasteur est un texte qui
fit longtemps partie du canon néo-testamentaire chrétien, au même titre que les
Evangiles, les Actes des Apôtres et les Actes de Paul, ainsi que de
l’Apocalypse de Jean. Son succès fut considérable dans le monde chrétien et,
bien qu’il ne fasse plus partie du canon, sa lecture est toujours actuellement
recommandée aux Chrétiens.
Son auteur, Hermas, est considéré comme l’un des Pères
Apostoliques de l’Eglise, c’est-à-dire les premiers théologiens qui succédèrent
aux apôtres ayant connu directement le Christ, et qui reçurent un enseignement
direct de ces apôtres. Divers écrits rédigés entre le IIème et le IVème siècle (Le
Fragment de Muratori, le Catalogue Libérien des Papes et le Poème contre
Marcion du Pseudo-Tertullien) semblent attester qu’Hermas était le frère du
pape Pie Ier, dont le pontificat s’étendit de 140 à 155. Mais d’autres sources –
saint Paul entre autres - indiquent qu’il était contemporain du pape Clément
Ier, qui dirigea l’Eglise de 88 à 97. L’identité d’Hermas n’est donc pas
définitivement établie.
Le Pasteur,
composé de cinq « visions », de douze « préceptes » et de
dix « similitudes », est un écrit mystique où l’on assiste à la
rencontre de son auteur avec des entités spirituelles qui lui délivrent des
« messages ». Ce texte est
une sorte de nouvelle apocalypse, quelque peu à la manière de l’Apocalypse de
Jean de Pathmos, mais en teintes plus optimistes, et animée d’un esprit de
pénitence presque sereine, tout en étant proche également par son propos de
l’Evangile de l’Apôtre Jean.
Liens avec l’Hermétisme
J’ai souhaité insérer ce texte dans Le Miroir Alchimique pour ses similitudes - et disons même sa
complicité, voire plus - avec l’un des textes les plus réputés de l’Hermétisme,
j’ai cité le Poïmandrès, ou Pimandre, attribué à Hermès Trismégiste,
et qui constitue le premier traité du Corpus
Hermeticum.
(Egalement consultable dans Le Miroir Alchimique, le Corpus
Hermeticum, qui comporte 17 traités, a été rédigé au IIème siècle de notre
ère – tout comme le Pasteur d’Hermas.
Il est l’une des œuvres essentielles à la compréhension de cet Hermétisme qui
constitue la « superstructure » philosophique et métaphysique de l’alchimie dans
la Tradition spirituelle occidentale).
Malgré l’importance des développements ésotériques du Poïmandrès, face à une plus grande
simplicité philosophique du Pasteur,
on peut ressentir la « vibration commune » qui anime ces deux textes. Ressemblance
de ton sans doute, mais, d’une manière plus motivée :
- ressemblance des noms d’auteurs (Hermas et Hermès)
- ressemblance des titres (Poïmandrès signifiant « le
pasteur de l’homme »)
- ressemblance des scenarii (dans les deux textes, un humain
rencontre une entité divine, un « pasteur », qui lui délivre un message d’ordre
spirituel)
En outre, et ce n’est pas de moindre importance, les
ressemblances idéologiques sont souvent frappantes.
Ressemblances idéologiques donc, la principale étant sans
doute – dans une perspective d’ailleurs non limitée à ces deux textes - l’accord
du Christianisme et de l’Hermétisme sur le principe de l’existence d’un Dieu
suprême unique et bon. L’Hermétisme,
bien qu’admettant l’existence d’un dieu secondaire, le Démiurge – présent dans
le Poïmandrès -, émanation du Dieu
suprême et chargé de la mission de créer le monde, l’Hermétisme donc, en accord
parfait avec le Christianisme sur ce point, ne considèrera jamais que le monde
est mauvais et qu’il faille à tout prix s’en extraire, contrairement aux
gnostiques dualistes avec lesquels il fut parfois – erronément – confondu.
Qu’est-ce qui explique ces similitudes, confortées par le
fait que le Christianisme et l’Hermétisme sont restés associés pendant de longs
siècles (à cet égard, on peut évoquer le cas de cet Hermès Trismégiste,
personnage mythique et central de l’Hermétisme, qui figurera dans la galerie
chrétienne des prophètes païens ayant annoncé l’avènement du Christianisme,
prophète qui sera en outre souvent cité et favorablement commenté par plusieurs
théologiens chrétiens) ?
Hermès Trismégiste
Cathédrale de Sienne (Italie)
On a supposé que les deux auteurs, bien que s’adressant à
des publics différents, ont soit puisé à une source commune, soit se sont
copiés l’un l’autre…
L’helléniste Louis Ménard, dans son Etude sur l’origine des livres hermétiques (1867), fait état du
rapprochement souvent évoqué par les historiens qui le précèdent, entre le Poïmandrès et le Pasteur d’Hermas; sa propre analyse le conduit à penser que le Poïmandrès est inspiré du Pasteur.
Mais le chanoine Gustave Bardy, qui fut enseignant à l'Institut catholique de Lille, contredit
quant à lui la thèse de Ménard, et postule l’existence d’une source commune aux
deux textes (in Le Pasteur d'Hermas et
les livres hermétiques, étude parue en 1911 dans la Revue biblique).
Oswald Wirth, symboliste et franc-maçon réputé, dans un
article intitulé Le Pasteur d’Hermas (paru dans la revue Le Symbolisme, n° 1 -
octobre 1911), se pose la question suivante :
« On peut se demander comment Hermas, qui avait fait fortune dans le
commerce et l'agriculture, après avoir été affranchi par la maitresse
chrétienne à laquelle il avait été vendu tout enfant, a pu être amené à user
d'un symbolisme aussi maçonnique ». La question de Wirth n’apporte rien quant à
l’origine du texte, mais montre clairement qu’il contient bien autre chose qu’une
terminologie ou une idéologie strictement chrétienne. Le point de vue de Wirth
est évidemment maçonnique, mais l’on n’ignore pas l’importance capitale de l’apport
hermétique et alchimique dans le symbolisme de la Franc-Maçonnerie.
Quoi qu'il en soit, on s’accorde à trouver traces nettes d’une
compatibilité évidente entre le Christianisme des origines et l'Hermétisme.
Quoiqu’il en soit encore, on peut aisément admettre que, entre-copiés
ou non, le Pasteur et le Poïmandrès, contemporains donc et si semblables,
s’inspirent forcément d’une source commune…
Est-ce le Message du
Christ ? Est-ce l’Hermétisme en
soi, antérieur à ce Message et inspiré de concepts religieux, ésotériques et
philosophiques développés dans l’Egypte hellénistique ? Ou y a-t-il eu rencontre
« fortuite » de deux conceptions, suivie d’une alliance objective,
qui ait donné lieu à une sorte de synthèse dont se seraient inspirés Hermas et
Hermès ? Peut-on imaginer un lien
entre mort et résurrection du Christ et mort et résurrection d’Osiris, comme le
suggère Louis Cattiaux (in L’Hermétisme, extrait du Florilège Cattésien), ce
qui confirmerait l’origine hermétique du Christianisme ? Ou, pour aller plus loin encore, Hermétisme
et Christianisme seraient-ils issus tous deux du Védisme, comme le suggère non
sans arguments Emile Burnouf dans La Science
des Religions, où il décrit de
manière presque impressionnante les similitudes existant entre la naissance du
Christ et la naissance d’Agni, le Feu, dont le « père » est également
un charpentier ? On notera enfin
que dans les premiers temps du Christianisme, le Christ était généralement
représenté sous les traits d’un pasteur, ce qui achève de conforter les liens
soupçonnés.
Conclusion
Pour ma part, je considère que le Pasteur d’Hermas et le
Poïmandres d’Hermès Trismégiste ont été rédigés par un même auteur ou groupe d’auteurs.
Bien qu’ayant été « récupéré » par le Christianisme, le Pasteur d’Hermas
est un texte hermétiste, et donc
alchimique, qui décrit le Grand Œuvre de manière plus concrète, avec sa Tour
(ou Athanor), son animal fabuleux aux trois couleurs (alchimiques d’ailleurs),
son Esprit-Saint qui fait irrésistiblement penser, dans ses
manifestations, au Spiritus Mundi bien
connu des alchimistes, etc…
Le Pasteur d’Hermas et le Poïmandrès sont une même histoire,
sous deux versions. Le Poïmandrès est théorique, le Pasteur est technique. L’un
et l’autre sont donc à inscrire dans la liste des traités les plus importants
de notre Art.
L.A.T.
Vision I
1. Mon maître m'avait vendu à une certaine Rhodè à Rome.
Bien des années après, je la revis et me mis à l'aimer comme une soeur. 2.
Quelque temps après, je la vis se baignant dans le Tibre, je lui tendis la main
et la sortis du fleuve. Voyant sa beauté, je réfléchissais, me disant en mon
coeur : je serais bien heureux si j'avais une femme de cette beauté et de ce
caractère. Voilà uniquement ce que je pensai, sans aller plus loin. 3. Quelque
temps après, je marchais vers Cumes et je réfléchissais que les oeuvres de Dieu
sont grandes, remarquables et fortes : tout en marchant, je m'endormis :
l'esprit me saisit et m'emmena par une route non frayée, où l'homme ne pouvait
marcher. L'endroit était escarpé, tout déchiqueté par les eaux. Je traversai le
fleuve qui était là et arrivé dans la plaine, je m'agenouille et me mets à
prier Dieu et à lui faire l'aveu de mes péchés. 4. Pendant ma prière, le ciel
s'ouvrit et je vois cette femme que j'avais désirée : elle me salue du ciel et
me dit : " Bonjour, Hermas. " 5. Je la regarde et lui dit : "
Maîtresse, que faites-vous là ? " Et elle me répond : " J'ai été
transportée au ciel pour dénoncer tes péchés au Seigneur. " 6. Je lui
dis : "Vous êtes maintenant ma dénonciatrice ? - Non, dit-elle, écoute les
paroles que je vais te dire : Dieu, qui habite dans les cieux (cf. Ps. 2,4 ;
123, 1), qui du néant, a créé les êtres, les a multipliés et les a fait croître
(cf. Gn 1, 28 ; 8, 17 ; etc.) en vue de sa sainte église, est irrité contre toi
parce que tu as commis une faute à mon égard. " 7. Je lui réponds en ces
termes : " J'ai commis une faute à votre égard ? En quel endroit, quand
vous ai-je jamais dit une parole déplacée ? Ne vous ai-je pas toujours tenue
pour une déesse ? Ne me suis-je pas toujours comporté envers vous comme envers
une soeur ? Pourquoi, femme, m'accuser faussement de vice et d'impureté ?
" 8. Elle rit et me dit : " Le désir du vice est monté à ton coeur.
Et ne te semble-t-il pas que pour un homme juste, c'est chose vicieuse que le
désir du vice monte à son coeur ? C est une faute, et une grande, dit-elle, car
l'homme juste pense juste. C'est par ses justes pensées qu'il accroît sa
réputation dans les cieux et qu'il se rend le Seigneur indulgent pour tous ses
actes. Mais ceux dont les pensées sont mauvaises en leur coeur ne s'attirent
que mort et captivité, surtout ceux qui jouissent de cette vie-ci,
s'enorgueillissent de leurs richesses et ne s'attachent pas aux biens futurs.
9. Elles connaîtront le repentir, les âmes de ceux qui n'ont pas d'espérance,
qui ont renoncé à eux-mêmes et à leur vie. Mais toi, prie Dieu : il guérira tes
péchés (cf. Dt 30, 3) et ceux de toute ta maison et de tous les saints. "
1. Quand elle eut dit ces mots, les cieux se fermèrent et
moi, j'étais tout tremblant et affligé. Je me disais : Si ce péché est inscrit
contre moi, comment pourrai-je faire mon salut ? Comment apaiserai-je Dieu pour
mes péchés réellement accomplis ? Par quelles paroles demanderai-je au Seigneur
de me devenir favorable ? 2. Voilà quelles étaient mes réflexions et mes
hésitations lorsque je vois en face de moi un siège garni de laine, blanc comme
neige et grand. Et vint une vieille femme en habits resplendissants, tenant un
livre dans ses mains ; elle s'assit seule et me salue : " Bonjour, Hermas.
" Et moi, affligé, en pleurs, je lui dis : " Bonjour, Madame. "
3. Et elle me dit : " Pourquoi cet air renfrogné, Hermas, toi patient,
calme, toujours souriant ? Pourquoi es-tu à ce point abattu et sans gaieté ?
" Et moi, je lui dis : " C'est parce qu'une femme excellente dit que
j'ai commis une faute à son égard. " 4. Et elle : " Une telle chose
n'arrive pas à un serviteur de Dieu ? Mais de toute façon, un désir t'est monté
au coeur à son sujet. Pour les serviteurs de Dieu, une telle intention entraîne
le péché : intention mauvaise, stupéfiante, pour un esprit très saint et déjà
éprouvé, de désirer une mauvaise action, et surtout si c'est Hermas le
continent qui s'abstient de tout mauvais désir, qui est plein de parfaite
simplicité et de grande innocence.
" 1. Ce n'est d'ailleurs pas pour cela que Dieu est
irrité contre toi ; mais il entend que tu ramènes à lui tes enfants qui se sont
mal conduits à l'égard du Seigneur et de vous, leurs parents. Tu aimais trop
tes enfants, tu ne les reprenais pas ; au contraire, tu les laissais se corrompre
terriblement. Voilà pourquoi le Seigneur t'en veut. Mais il guérira tous les
dommages qu'a subis ta maison, car c'est à cause de leurs péchés et de leurs
fautes que tu es ruiné dans tes affaires temporelles. 2. La grande miséricorde
du Seigneur a eu pitié de toi et de ta maison, et il te donnera la force et il
t'assiéra dans sa gloire. A toi, il te suffit de ne pas te laisser aller : aie
du courage et raffermis ta maison. Le forgeron, par le marteau, vient à bout de
l'objet qu'il veut : de même, un langage quotidien de justice vient à bout de
la pire turpitude. Ne cesse donc pas de reprendre tes enfants, car je sais que
s'ils se repentent du fond de leur coeur, ils seront inscrits sur les livres de
la vie avec les Saints. " 3. Ce discours fini, elle me dit : "
Veux-tu m'entendre lire ? - Oui, dis-je, oui, Madame. " Elle dit : "
Fais bien attention et écoute les louanges de Dieu. " J'entendis de
grandes choses, des choses admirables, mais je n'ai pu en garder le souvenir :
toutes ces paroles donnent le frisson, l'homme n'a pas la force de les
supporter. Les dernières cependant, je me les rappelle : elles étaient à notre
portée et douces. 4. " Vois, le Dieu des Puissances (cf. Ps 58, 6 ; etc.),
celui qui, par son pouvoir invisible et supérieur, par sa grande intelligence,
a créé le monde (cf. Ac 17, 24), qui, par sa glorieuse volonté, a revêtu de
charme ses créatures, qui, par son verbe puissant, a solidifié le ciel (cf. Is
42, 5) et a assis la terre sur les eaux (cf. Ps 135, 6), qui, par une sagesse
et une prévoyance particulières, a fondé sa sainte église et l'a aussi bénie,
vois, il déplace les cieux et les montagnes (cf. Ps 45, 3) et les monts et les
mers et toute route devient unie pour ses élus ; ainsi il accomplit la promesse
qu'il leur a faite dans la gloire et la joie, si du moins ils observent les
commandements du Seigneur, qu'ils ont reçus avec une grande foi. "
1. Quand elle eut fini de lire et qu'elle se fut levée de
son siège, vinrent quatre jeunes gens qui enlevèrent le siège et s'en allèrent
vers l'Orient. 2. Elle m'appelle, me touche la poitrine et me dit : " Ma
lecture t'a-t-elle plu ? " Et je lui dis : " Madame, les dernières
paroles me plaisent, mais les précédentes sont pénibles et dures. " Elle
me répondit : " Les dernières sont pour les justes, les précédentes, pour
les gentils et les apostats. " 3. Elle me parlait encore quand deux hommes
apparurent, la prirent par les bras et s'en allèrent, dans la direction du
siège, vers l'Orient. Elle eut pour partir un air joyeux et en se retirant,
elle me dit : " Sois un homme, Hermas. "
1. J'allais à Cumes, à la même époque que l'année précédente
; tout en marchant, je me souvins de ma vision de l'année précédente et, de
nouveau, un esprit m'enlève et me transporte au même endroit que l'année
précédente. 2. Arrivé là, je m'agenouille, me mets à prier le Seigneur et
glorifier son nom (cf. Ps 85, 9, 12 ; Is 24, 15 ; 2 Th 1, 12) de ce qu'il m'a
jugé digne et m'a fait connaître mes péchés antérieurs. 3. Je m'étais relevé de
ma prière quand je vois en face de moi cette femme âgée que j'avais déjà vue
l'année précédente : elle marchait et lisait un petit livre. Et elle me dit : - Peux-tu annoncer ceci aux élus de Dieu ? " Je lui dis : " Madame, je
ne puis retenir tant de choses ; donnez-moi plutôt le livre, que je le recopie
" - Prends, dit-elle, et tu me le rendras. " 4. Je le pris et allai à
l'écart dans le champ, où je le recopiai tout, lettres après lettres, car je ne
distinguais pas les syllabes. Quand j'eus fini de recopier les lettres du
petit livre, soudain il me fut arraché de la main. Par qui ? Je ne le vis
point.
1. Après quinze jours de jeûne et beaucoup de prières au
Seigneur, le sens du texte me fut révélé. Voici ce qui était écrit : 2. "
Tes fils, Hermas, se sont révoltés contre Dieu, ils ont blasphémé le nom du
Seigneur et ont trahi leurs parents avec beaucoup de malice, et ils se sont
entendus appeler traîtres à leurs parents, et leur trahison ne leur profita
pas, mais ils ajoutèrent encore à leurs péchés la débauche et les ravages du
vice et ils ont ainsi mis le comble à leurs iniquités. 3. Fais connaître ces
paroles à tous tes enfants et à ta compagne, qui, désormais, te sera une soeur.
Car elle ne domine pas sa langue : c'est par là qu'elle pèche ; mais après
avoir entendu ces paroles, elle la dominera et obtiendra miséricorde. 4. Quand
tu auras fait connaître ces paroles que le Maître m'a enjoint de te révéler,
tous les péchés antérieurs leur seront remis ainsi qu'à tous les saints qui ont
péché jusqu'à ce jour, s'ils se repentent du fond de leur coeur et en arrachent
les hésitations. 5 Car le Maître l'a juré par sa gloire à propos des élus : si,
après ce jour fixé, il se commet encore un péché, ils n'obtiendront plus le
salut. Car, pour les justes, la repentance a une limite, les jours de la
repentance seront révolus pour tous les saints ; mais pour les gentils, la
repentance peut se faire jusqu'au dernier jour. 6. Tu diras donc aux chefs de
l'église de marcher droit dans les voies de la justice, pour recevoir
pleinement, avec grande gloire, ce qui leur fut promis 7. Persévérez donc, vous
qui pratiquez la justice (cf. Ps 15, 2 ; He 11, 33), bannissez toute hésitation
pour prendre place parmi les saints anges. Bienheureux, vous qui endurerez
l'épreuve qui arrive, la grande épreuve, et tous ceux qui ne renieront pas leur
vie ! 8. Car le Seigneur l'a juré par son Fils : ceux qui renieront le Seigneur
seront rejetés de la vie, ceux du moins qui le renieront dans les jours qui
viennent ; car ceux qui l'ont renié antérieurement, dans sa grande miséricorde,
le Seigneur leur est redevenu favorable.
" 1. Et toi, Hermas, ne garde plus rancune à tes
enfants, ne renvoie pas ta soeur : ainsi, ils se purifieront de leurs péchés
antérieurs. Ils recevront une éducation convenable, si tu abandonnes ta rancune
à leur égard. La rancune provoque la mort. Toi, Hermas, tu as subi de grandes tribulations
personnelles à cause des errements de ta maison : c'est que tu ne te souciais
pas d'elle, tu l'as négligée et tu t'es enlisé dans tes mauvaises affaires. 2.
Ce qui te sauve, c'est de n'avoir pas abandonné le Dieu vivant (cf. He 3, 12)
et aussi ta simplicité et ta grande continence. Voilà ce qui te sauve si tu
persévères ; voilà ce qui sauve tous ceux qui agissent ainsi et marchent dans
la voie de l'innocence et de la simplicité. Ceux-là l'emporteront sur toute
méchanceté et tiendront bon jusqu'à la vie éternelle. 3. Bienheureux, tous ceux
qui pratiquent la justice (cf. Ps 106, 3) ; ils ne périront pas, de toute
éternité. 4. Tu diras à Maxime : " Vois, une épreuve arrive : si bon te
semble, renie de nouveau. Le Seigneur est tout près de ceux qui se
convertissent, comme il est dit dans le livre d'Eldad et Modad, qui ont
prophétisé pour le peuple dans le désert. "
1. Une révélation, frères, me fut faite quand je dormais,
par un jeune homme très beau qui me dit : " La femme âgée de qui tu obtins
le petit livre, qui est-elle, à ton avis ? " Moi, je dis : " La
Sibylle. - Tu fais erreur, dit-il, ce n'est pas elle. - Qui donc est-ce ?
dis-je. - L'église ", dit-il. Je repartis : " Et pourquoi est-elle si
âgée ? - Parce que dit-il, elle fut créée avant tout le reste. Voilà pourquoi
elle est âgée ; c'est pour elle que le monde a été formé. " 2. Ensuite,
j'eus une vision chez moi. La femme âgée vint et me demanda si j'avais déjà
donné le petit livre aux anciens. Je dis que non. " Tu as eu raison, dit-elle.
J'ai certains mots à ajouter. Quand j'aurai achevé l'ensemble, tu le feras
connaître à tous les élus. 3. Tu feras donc deux copies du petit livre et tu en
enverras une à Clément, l'autre à Grapté. Et Clément l'enverra aux autres
villes : c'est sa mission. Grapté, elle, avertira les veuves et les orphelins.
Toi, tu le liras à cette ville, en présence des anciens qui dirigent l'église.
"
1. La vision que je vis, frères, la voici. 2. J'avais jeûné
souvent et demandé au Seigneur de m'accorder la révélation qu'il avait promis
de me faire par l'entremise de cette femme âgée ; la nuit même, je la vis et
elle me dit : " Puisque tu as un désir si vif de tout connaître, viens
dans le champ où tu cultives de l'épeautre, et vers la cinquième heure, je
t'apparaîtrai et te montrerai ce qu'il te faut voir. " 3. Je lui demandai
: " Madame, à quel endroit du champ ? - Où tu veux ", dit-elle. Je
choisis un bel endroit écarté. Mais avant que je lui réponde et lui indique
l'endroit, elle me dit : " Je viendrai là où tu veux. " 4. J'allai
donc, frères, dans le champ et je comptais les heures ; j'arrivai à l'endroit
où je lui avais dit de venir et j'aperçois un banc en ivoire et sur le banc, un
coussin de lin et au-dessus, une fine gaze de lin déployée. 5. De voir ces
objets sans aucun être humain à cet endroit, je fus frappé de stupeur et comme
un tremblement me prit et mes cheveux se dressèrent. Et une sorte de frisson me
saisit, d'être ainsi tout seul. Mais je rentrai en moi-même, je me souvins de
la gloire de Dieu, je repris courage : je m'agenouillai et de nouveau, comme
antérieurement, je fis au Seigneur l'aveu de mes fautes. 6. Et elle vint, avec
six jeunes gens que j'avais vus auparavant, s'approcha de moi, m'écouta prier
et avouer mes fautes au Seigneur. Et me touchant, elle me dit : " Hermas,
cesse de prier seulement pour tes fautes ; prie aussi pour la justice, afin
d'en obtenir un peu pour ta maison. " 7. Alors, de la main, elle me
relève, me conduit près du banc et dit aux jeunes gens : " Allez-vous en
construire la tour. " 8. Les jeunes gens se retirèrent, nous laissant
seuls ; elle me dit : " Assieds-toi ici. " Je lui réponds : "
Madame, faites d'abord asseoir les anciens. - Assieds-toi, dit-elle, comme je
le dis " 9. Je voulus alors m'asseoir à droite, mais elle ne me le permit
pas et me fit signe de la main de m'asseoir à gauche. Je réfléchissais et
m'affligeais de ce qu'elle ne m'avait pas permis de m'asseoir à droite, quand
elle me dit : " Tu t'affliges, Hermas ? A droite, c'est le lieu réservé à
d'autres, à ceux qui ont déjà plu au Seigneur et qui ont souffert à cause du
Nom. Il s'en faut encore de beaucoup que tu puisses t'asseoir avec eux. Mais
persévère, comme jusqu'ici, dans la simplicité et tu t'assiéras avec eux et
aussi tous ceux qui feront ce qu'ils ont fait et subiront ce qu'ils ont subi.
"
1. " Et qu'ont-ils subi ? " dis-je. " Écoute,
dit-elle : les coups, la prison, de grandes catastrophes, la croix, les fauves,
à cause du Nom. C'est pour cela que leur est réservé le côté droit du lieu
saint, à eux et à quiconque souffre pour le Nom. Les autres ont le côté gauche.
Mais pour les deux catégories -qu'ils soient assis à gauche ou à droite - ce
sont les mêmes dons, les mêmes promesses ; seulement, ceux-là sont assis à droite
et jouissent d'une certaine gloire. 2. Toi, tu désires t'asseoir à droite avec
eux, mais tes défauts sont nombreux. Tu devras être purifié de tes défauts et
tous ceux qui n'auront pas hésité seront purifiés de tous leurs péchés jusqu'à
ce jour. " 3. Après ces paroles, elle voulut s'en aller. M'étant jeté à
ses pieds, je la suppliai par le Seigneur de m'accorder la vision qu'elle
m'avait promise. 4. Elle, de nouveau, me saisit la main, me relève et me fait
asseoir à gauche. Elle-même s'assit à droite. Elle lève un bâton éclatant et
dit : " Vois-tu une grande chose ? - Madame, je ne vois rien, dis-je. -
Tiens, dit-elle, tu ne vois pas en face de toi une grande tour bâtie sut les
eaux avec de brillantes pierres carrées ? " 5. Elle était bâtie en carré
par les six jeunes gens venus avec elle. Des myriades d'autres hommes
apportaient des pierres, les uns, du fond de l'eau, les autres, de la terre,
et ils les passaient aux six jeunes gens. Eux, les recevaient et bâtissaient.
6. Ils plaçaient telles quelles dans la construction toutes les pierres
retirées du fond de l'eau, car d'avance, elles s'agençaient et s'emboîtaient
parfaitement aux jointures avec les autres pierres ; elles se soudaient si bien
entre elles qu'on ne voyait pas les joints. La construction paraissait bâtie
d'un seul bloc. 7. Parmi les pierres qu'on amenait de la terre ferme, on
rejetait les unes, on utilisait les autres ; on en brisait d'autres encore et
on les jetait loin de la tour. 8. Beaucoup d'autres pierres gisaient autour de
l'édifice ; on ne les utilisait pas à la construction : les unes étaient
effritées, d'autres, fêlées, d'autres, mutilées ; d'autres encore, blanches et
rondes, ne pouvaient s'emboîter dans la construction. 9. Je voyais d'autres
pierres jetées loin de la tour, tombant sur la route et sans s'y arrêter,
roulant dans des endroits impraticables ; d'autres tombaient dans le feu et
brûlaient, d'autres tombaient près de l'eau et ne parvenaient pas à y rouler,
malgré leur désir.
1. Après m'avoir montré cela, elle voulut s'en aller. Je lui
dis : " Madame, quelle utilité pour moi de voir ces choses, si je n'en
connais pas le sens ? " Elle me répond : " Tu t'acharnes à vouloir
connaître ce qui concerne la tour. - Oui, dis-je, Madame, pour l'annoncer aux
frères, les rendre joyeux et par ce récit, leur faire connaître Dieu dans toute
sa gloire. " 2. Elle me dit : " Beaucoup l'entendront. Mais après
l'avoir entendu, les uns se réjouiront, d'autres, en revanche, pleureront ; mais
même ces derniers, s'ils y font attention et se repentent, se réjouiront eux
aussi. Écoute donc les paraboles de la tour. Car je te dévoilerai tout ;
seulement, ne me harcèle plus dorénavant à propos de révélations : elles ont un
terme. Mais tu ne cesseras pas de m'en demander : tu es insatiable. 3. La tour
que tu vois construire, c'est moi, l'église, que tu as vue maintenant et
auparavant. Demande ce que tu veux à propos de la tour : je te le dévoilerai
pour que tu te réjouisses avec les saints. " 4. Je lui dis : "
Madame, puisque vous m'avez jugé digne de toutes révélations, faites-les moi.
" Et elle me dit : " Ce qu'il convient de te révéler te sera révélé.
Seulement, que ton coeur soit tourné vers Dieu et ne doute de rien de ce que tu
verras. " 5. Je lui demandai : " Pourquoi la tour est-elle bâtie sur
les eaux, Madame ? - Je t'ai dit auparavant, dit-elle, que tu es curieux des
écritures et que tu recherches avec soin. Et en cherchant, tu trouves la
vérité. Écoute pourquoi la tour a été construite sur les eaux : parce que votre
vie a été sauvée par l'eau et qu'elle le sera encore. La tour a été érigée par
la parole du Nom tout-puissant et glorieux, et elle est maintenue par la force
invisible du Maître. "
1. Je lui dis en réponse : " Madame, la chose est
grande et admirable. Et les jeunes gens qui travaillent, qui sont-ils, Madame ?
- Ce sont les saints anges de Dieu, les premiers créés à qui le Seigneur a
confié toute la création à développer, à bâtir, à gouverner. C'est par eux donc
que sera achevée la construction de la tour. 2. - Et les autres qui amènent les
pierres, qui sont-ils ? - Ce sont aussi des saints anges de Dieu. Mais les six
premiers leur sont supérieurs. Quand donc la construction de la tour sera
achevée, tous ensemble, ils se réjouiront autour d'elle et glorifieront le
Seigneur de ce qu'elle sera achevée. " 3. Je lui demandai : " Madame,
je voudrais connaître la destination et la signification des pierres. "
Elle me répondit : " Ne va pas croire que tu sois entre tous digne de
cette révélation, car d'autres sont avant toi et meilleurs que toi ; c'est à
eux que devraient être révélées ces visions. Mais pour que soit glorifié le nom
du Seigneur (Ps 86, 9, 12), tu as reçu et recevras encore ces révélations, pour
les hésitants, ceux qui se demandent en leur coeur si tout cela est réel ou
non. Dis-leur que tout cela est vrai, que rien de tout cela n'est en dehors de
la vérité, mais que tout est sûr, solide et bien fondé.
" 1. Écoute maintenant ce qui concerne les pierres qui
entrent dans la construction. Les pierres carrées blanches, s'agençant bien
entre elles, ce sont les apôtres, les évêques, les docteurs, les diacres qui
ont marché selon la sainteté de Dieu et qui ont exercé leur ministère d'évêque,
de docteur, de diacre avec pureté et sainteté, pour les élus de Dieu ; les uns
sont morts, les autres vivent encore. Et toujours ils se sont accordés entre
eux, ont maintenu la paix entre eux et se sont écoutés mutuellement : c'est
pour cela que dans la construction de la tour leurs joints sont bien agencés.
2. - Les pierres qu'on tire du fond de l'eau, qu'on pose sur la construction et
qui s'agencent bien par leurs joints aux autres déjà utilisées, qui sont-elles
? - Ce sont ceux qui ont souffert pour le nom de Dieu. 3. - Et les autres, celles
qu'on apporte de la terre ferme, je voudrais savoir qui elles sont, Madame.
" Elle dit : " Celles qui entrent dans la construction sont
équarries, ce sont ceux que le Seigneur a approuvés, parce qu'ils ont marché
dans la voie droite du Seigneur et qu'ils ont respectés parfaitement ses
commandements. 4. - Et celles qu'on amène et qu'on place dans la construction,
qui sont-elles ? Des nouveaux venus à la foi, et fidèles ; les anges leur
rappellent de faire le bien et on n'a trouvé en eux aucun mal. 5. - Et celles
qu'on repoussait et qu'on rejetait, qui sont-elles ? Ce sont ceux qui ont
péché et qui veulent se repentir ; c'est pourquoi on ne les a pas rejetés très
loin de la tour : ils seront utiles à la construction s'ils se repentent. Ceux
donc qui sont enclins à la repentance, s'ils se repentent, seront fermes dans
la foi, à la condition qu'ils se repentent maintenant, pendant que la tour est
encore en construction. Quand elle sera achevée, il n'y aura plus de place pour
eux : ils seront rejetés ; il ne leur restera qu'une faveur : celle de rester
près de la tour.
" 1. Tu veux connaître les pierres qu'on brise et qu'on
jette bien loin de la tour ? Ce sont les fils d'iniquité ; ils n'ont eu qu'une
foi hypocrite et ne se sont pas dépouillés de tout mal. C'est pourquoi ils
n'obtiennent pas le salut : ils sont inutiles à la construction a cause de
leurs vices ; ils ont donc été brisés et rejetés au loin, par la colère du
Seigneur, car ils l'avaient irrité. 2. Parmi les autres que tu as vues joncher
le sol sans entrer dans la construction, celles qui sont effritées sont ceux
qui ont connu la vérité, mais qui ne persévèrent pas en elle et qui ne
fréquentent pas assidûment les saints : d'où leur inutilité. 3. - Et celles qui
ont des fêlures, qui sont-elles ? - Ce sont ceux qui, dans leur coeur, gardent
une rancune mutuelle et ne font pas régner la paix entre eux (1 Th 5, 13 ; cf.
Mc 9, 50), tout en gardant un masque de paix. Et quand ils se séparent, leurs
vices persistent dans leur coeur : voilà les fêlures que présentent ces pierres
4. Les pierres mutilées, ce sont ceux qui ont la foi et qui pour l'essentiel
s'en tiennent à la justice, mais en qui subsistent des restes d'iniquité :
c'est pourquoi elles sont mutilées et tronquées. 5. - Et les pierres blanches,
rondes, qui ne peuvent s'adapter à la construction, qui sont-elles, Madame ?
" Elle me répondit : " Jusques à quand faudra-t-il que, par stupidité
et balourdise, tu demandes tout sans rien comprendre par toi-même ? Ce sont
ceux qui possèdent la foi, mais aussi les richesses de ce monde. Et quand
arrive l'épreuve, à cause de leurs richesses et de leurs affaires, ils renient
leur Seigneur. " 6. Je lui dis en réponse : " Madame, quand
seront-ils donc utilisables pour la construction ? - Quand, dit-elle, on aura
rogné la richesse qui les entraîne, alors, ils seront utilisables. Une pierre
ronde, sans être taillée, sans rejeter un morceau d'elle-même, ne peut devenir
carrée : de même, les riches de ce monde, si on ne rogne pas leurs richesses,
ne peuvent être utiles au Seigneur. 7. Instruis-toi d'abord d'après toi-même :
lorsque tu étais riche, tu étais inutile ; c'est maintenant que tu es tout à
fait utilisable pour la vie. Devenez utilisables pour Dieu ! Car toi-même tu as
été une de ces pierres.
" 1. Les autres pierres que tu as vues jetées loin de
la tour, tombant sur le chemin et roulant dans des endroits impraticables, ce
sont ceux qui ont eu la foi, mais qui, à cause de leurs doutes, abandonnent la
voie de vérité. Ils se figurent trouver une meilleure voie, ils errent et ils
se traînent lamentablement par des chemins non frayés. 2. Celles qui tombent
dans le feu et brûlent, ce sont ceux qui à jamais se sont écartés du Dieu
vivant (Hé. 3, 12) et l'idée de la repentance n'est plus montée à leur coeur :
ils n'ont plus que le goût de la débauche et des turpitudes qu'ils ont
commises. 3. Et celles qui tombent près des eaux, mais qui ne parviennent pas à
rouler dans l'eau, tu veux savoir qui elles sont ? Ce sont ceux qui ont entendu
la parole de Dieu (Mc 4, 18 ; Mt 13, 20, 22) et qui veulent être baptisés au
nom du Seigneur (Ac 19, 5 ; cf. 2, 38 ; 10, 48). Seulement, lorsqu'ils se
rappellent la sainteté qu'exige la vérité, ils changent d'avis et se mettent de
nouveau à la remorque de leurs passions mauvaises " (Qo 18, 30). 4. Elle
avait fini l'explication de la tour. 5. Je m'enhardis et lui demandai si toutes
ces pierres rejetées et impropres à la construction pouvaient se repentir et
trouver place dans la tour. " Elles peuvent, dit-elle, se repentir, mais
non pas s'agencer dans cette tour. 6. Elles s'agenceront dans un autre lieu
beaucoup plus petit, et cela, lorsqu'elles auront été éprouvées et auront expié
leurs péchés pendant le temps fixé. Et ils seront délivrés pour avoir eu part à
la Parole de Justice. Et cette délivrance leur arrivera au sortir de leurs
épreuves, quand montera à leur coeur la pensée des turpitudes qu'ils ont
commises. Sinon, ils ne seront pas sauvés, vu la dureté de leur coeur. "
1. Quand j'eus fini de lui poser toutes ces questions, elle
me dit : " Veux-tu voir autre chose ? " Moi, très désireux de voir,
j'en fus fort réjoui. 2. Me fixant des yeux, elle me sourit et me dit : "
Tu vois sept femmes autour de la construction ? - Oui, dis-je, Madame. - La
tour est supportée par elle, sur l'ordre du Seigneur. 3. Écoute maintenant
leurs fonctions. La première, qui de ses mains domine les autres, s'appelle
la Foi ; c'est par elle que sont sauvés les élus du Seigneur. 4. La suivante,
qui a une ceinture et un air viril, s'appelle Continence : c'est la fille de la
Foi. Quiconque s'attache à elle est heureux pendant sa vie, parce qu'il
s'abstient de toute mauvaise action, car il a confiance que, s'il s'abstient de
tout désir pervers, il héritera de la vie éternelle. 5. - Et les autres,
Madame, quelles sont-elles ? Elles sont filles l'une de l'autre et s'appellent
Simplicité, Science, Innocence, Sainteté, Amour. Si tu accomplis toutes les
oeuvres de leur mère, tu pourras vivre. 6. - Je voudrais savoir, dis-je,
Madame, quel est le pouvoir de chacune d'elles. - Écoute, dit-elle, quels sont
leurs pouvoirs. 7. Il sont subordonnés les uns aux autres et se suivent selon
l'ordre de naissance de chacune. De la Foi naît Continence ; de Continence,
Simplicité ; de Simplicité, Innocence ; d'Innocence, Sainteté ; de Sainteté,
Science ; de Science, Amour. Leurs oeuvres sont pures, saintes, divines. 8.
Quiconque se fait leur serviteur et a la force de persévérer dans leurs oeuvres
aura sa demeure dans la tour avec les saints de Dieu. " 9. Je lui demandai
au sujet des temps, si c'était déjà la fin. Mais elle s'écria d'une voix forte
: " Insensé, ne vois-tu pas que la tour est encore en construction ? Dès
qu'elle sera achevée, ce sera la fin. Et elle sera vite achevée. Ne me demande
plus rien : il vous est suffisant, à toi et aux saints, de vous rappeler cela
et de renouveler vos esprits. 10. Mais ce n'est pas pour toi seul que tout cela
a été révélé : tu dois le faire connaître à tous, dans trois jours ; 11. tu
dois en effet d'abord réfléchir toi-même. Je t'enjoins premièrement, Hermas, de
répéter à la lettre pour les saints toutes les paroles que je vais te dire,
pour qu'après les avoir écoutées et observées. ils soient purifiés de leurs
péchés et toi avec eux.
" 1. Écoutez-moi, mes enfants. C'est moi qui vous ai
élevés en toute simplicité, innocence et sainteté, par la miséricorde du
Seigneur, qui a fait tomber sur vous goutte à goutte la justice pour vous
justifier et vous sanctifier de tout vice et de toute perversité. Mais vous,
vous ne voulez pas vous corriger de vos vices. 2. Maintenant donc, écoutez-moi
et faites la paix entre vous (1 Th 5, 13), rendez-vous visite et secourez-vous
les uns les autres (cf. Ac 20, 35) et n'accaparez pas pour vous seuls les biens
que Dieu a créés, mais donnez-en aussi en abondance aux indigents. 3. Car les
uns, à force de ripailles, finissent par affaiblir leur corps et miner leur
santé. D'autres, qui n'ont pas à manger, voient leur santé ruinée par
l'insuffisance d'aliments, et leur corps dépérit. 4. Cette intempérance vous
est nuisible, à vous qui possédez et qui ne donnez rien aux indigents ! 5.
Voyez le jugement qui arrive. Vous qui avez de trop, cherchez ceux qui ont
faim, tandis que la tour n'est pas encore achevée ; car après son achèvement,
même si vous voulez faire le bien, vous n'aurez plus l'occasion. 6. Faites donc
en sorte, vous qui tirez orgueil de vos richesses, que les indigents n'aient
pas à se lamenter (Lc 5, 4), que leurs lamentations ne montent pas jusqu'au
Seigneur et qu'avec tous vos biens, vous ne trouviez fermée la porte de la
tour. 7. Je m'adresse maintenant aux chefs de l'église et à ceux qui occupent
les premiers rangs. Ne vous rendez pas semblables aux empoisonneurs : eux, ils
portent leurs poisons dans des boîtes ; vous, votre poison et votre venin, vous
les avez dans le coeur. 8. Vous êtes endurcis et vous refusez de purifier votre
coeur et de réaliser l'accord de votre pensée, dans la pureté du coeur pour
obtenir miséricorde du grand Roi (Ps 47, 3 ; etc.). 9. Veillez donc, mes enfants,
à ce que ces divisions ne vous privent pas de la vie. 10. Comment
prétendez-vous former les élus du Seigneur, sans avoir vous-mêmes de formation?
Formez-vous donc les uns les autres et faites la paix parmi vous (1 Tb 5, 13),
afin que moi aussi, me tenant joyeuse en face du Père, je puisse rendre de vous
tous à votre Seigneur un compte favorable. "
1. Quand elle eut fini de causer avec moi, arrivèrent les
six jeunes gens occupés à la construction : ils l'emportèrent près de la tour
et quatre autres enlevèrent le banc et l'emportèrent aussi près de la tour. Je
ne vis pas leur visage, car ils me tournaient le dos. 2. Comme elle se
retirait, je lui demandai de me faire une révélation au sujet des trois formes
sous lesquelles elle m'était apparue. Elle me répondit : " À ce sujet,
c'est à un autre qu'il faut demander une révélation. " 3. Je l'avais vue,
frères, dans la première vision de l'année précédente, très âgée et assise dans
un fauteuil. 4. Dans la suivante, elle avait l'aspect plus jeune, mais le corps
et les cheveux encore vieux, et elle me parlait debout ; elle était plus
joyeuse qu'auparavant. 5. Lors de la troisième vision, elle était entièrement
jeune et très belle : d'une vieille, elle n'avait plus que les cheveux ; elle
fut extrêmement joyeuse et était assise sur un banc. 6. Ces détails, j'étais
fort intrigué de les comprendre par la révélation promise. Et la nuit, je vois
en vision la femme âgée qui me dit : " Toute demande exige l'humilité.
Fais donc jeûne et tu obtiendras ce que tu demandes au Seigneur. " 7. Je
fis donc jeûne un jour et la nuit même m'apparut un jeune homme qui me dit :
" Pourquoi demandes-tu continuellement des révélations dans ta prière ?
Prends garde, en demandant trop, de nuire à ton corps. 8. Les révélations
précédentes doivent te suffire. Es-tu capable de supporter des révélations plus
fortes que celle que tu as déjà eues? ~ 9. Je lui réponds : " Seigneur, je
ne demande qu'un détail, concernant les trois formes de la femme âgée, pour
compléter la révélation. " Il me répond : " Jusqu'à quand serez-vous
insensés ? Hélas ! Ce qui vous rend insensés, c'est de douter et aussi de ne
pas tourner votre coeur vers le Seigneur. " 10. Je lui réponds de nouveau
: " Mais par vous, Seigneur, nous connaîtrons ces points plus exactement.
"
1 " Écoute, dit-il ; voici ce que tu cherches à propos
des trois formes. 2. Dans la première vision, pourquoi la femme âgée t'est-elle
apparue âgée et assise dans un fauteuil ? Parce que votre esprit était déjà
vieilli, déjà flétri et sans force, de par votre mollesse et vos doutes. 3. Les
vieillards, parce qu'ils n'ont plus l'espoir de rajeunir, ne s'attendent plus à
rien autre qu'à la mort : de même, vous, amollis par les affaires du siècle,
vous vous êtes laissés aller à l'abattement et vous ne vous en êtes pas remis
de vos soucis au Seigneur (Ps 54, 23 ; cf. 1 P. 5. 7) ; aussi votre coeur a été
brisé et les chagrins vous ont vieillis. 4. - Pourquoi était-elle assise dans un
fauteuil ? Je voudrais le savoir, Seigneur. Parce que tout homme faible, à
cause de sa faiblesse, est obligé de s'asseoir pour réconforter son corps
débile. Voilà le sens général de la première vision.
" 1. Lors de la seconde vision, tu la vis debout, l'air
plus jeune et plus gai qu'auparavant, mais avec le corps et les cheveux d'une
vieille. Écoute, dit-il, la comparaison suivante. 2. Un vieillard qu'ont déjà
conduit au désespoir la faiblesse et l'indigence, n'attend plus rien que le
dernier jour de sa vie ; mais voici que brusquement lui échoit un héritage ; à
cette nouvelle, il s'est levé et tout à la joie, il s'est revêtu de force. Il
n'est plus couché, mais debout ; son esprit déjà flétri par ses peines
antérieures, rajeunit ; il n'est plus toujours assis, mais agit en homme : il
en va de même pour vous, une fois entendue la révélation que le Seigneur vous a
faite. 3. Il a eu pitié de vous, il a rajeuni votre esprit ; vous, vous avez
rejeté votre mollesse et la force vous est revenue et vous vous êtes affermis
dans la foi. Et voyant votre force, le Seigneur s'est réjoui ; c'est pourquoi
il vous a montré la construction de la tour et il vous fera encore d'autres
révélations, si du fond du coeur vous faites la paix entre vous (1 Th 5, 13).
" 1. Lors de la troisième vision, tu la vis plus jeune,
belle, gaie, d'un physique charmant. 2. Si un affligé reçoit une bonne
nouvelle, tout de suite il oublie ses misères antérieures ; il n'est plus
sensible qu'à cette nouvelle, et il reprend force désormais pour le bien et,
par la joie éprouvée, son esprit redevient jeune. Il en va de même pour vous :
la vue de ces biens a rajeuni vos esprits. 3. Quant au fait que tu l'as vue
assise sur un banc, c'est là une position stable, puisque le banc a quatre
pieds et qu'il tient ferme. Le monde aussi est soutenu par quatre éléments. 4.
Ceux qui se seront repentis seront complètement rajeunis et raffermis - ceux du
moins qui du fond du coeur se seront repentis. Tu as reçu ainsi la révélation
complète. Ne demande plus dorénavant de révélations : si tu en as besoin, tu en
recevras une. "
1. Voici la vision que j'eus, frères, à vingt jours de la
précédente, préfiguration de l'épreuve qui arrive. 2. Je m'en allais par la Voie Campanienne à ma propriété de campagne située à peu près à dix stades de
la voie publique. Le chemin est cependant facile. 3. Marchant seul, je demande
au Seigneur de parfaire les révélations et visions qu'il m'a envoyées par sa
sainte église, pour m'affermir et accorder la repentance à ses serviteurs pris
au piège : ainsi sera glorifié son nom sublime (Ps 86, 9, 12 ; cf. 99, 3) et
glorieux, puisqu'il m'a jugé digne de me montrer ses merveilles. 4. Je le
glorifiais et lui rendais grâces, quand un bruit de voix me répondit : "
Rejette le doute, Hermas. " Je me mis alors à réfléchir et me dis : "
Quelles raisons aurais-je de douter, moi qui ai été affermi à ce point par le Seigneur
et qui ai vu ces merveilles ? " 5. Et je m'avançai un peu, frères, et
voilà que je vois un nuage de poussière qui a l'air de monter au ciel. Je me
dis : " Serait-ce un troupeau qui approche et soulève la poussière ?
" C'était éloigné de moi d'un stade à peu près. 6. Mais il grandissait de
plus en plus et j'y devinai quelque chose de divin. Le soleil parvint à percer
quelque peu et voilà que je vois une bête énorme comme une baleine et de sa
gueule sortaient des sauterelles de feu. Le monstre avait bien cent pieds de
long et sa tête avait le calibre d'une grosse jarre 7. Je me mis à pleurer et à
demander au Seigneur de me délivrer du monstre. Et je me souvins de la parole
entendue : " Rejette le doute, Hermas ! " 8. Alors, frères, je me
remplis de la foi du Seigneur, me rappelai son enseignement sublime, et dans un
accès de courage, je me livrai au monstre. Il s'avançait avec un ronflement à
anéantir une ville. 9. Je m'avance tout près de lui et voilà cette énorme bête
qui s'étend à terre et ne projette plus rien que sa langue : elle ne fit plus
aucun mouvement jusqu'à ce que je fusse passé. 10. Le monstre avait sur la tête
quatre couleurs : noir, puis feu et sang, puis or et puis blanc.
1. J'avais dépassé la bête et m'étais avancé d'environ
trente pas et voilà que vient à ma rencontre une jeune fille parée comme si
elle sortait de la chambre nuptiale (Ps 19, 5 ; Ap 21, 2), tout en blanc, avec
des souliers blancs, voilée jusqu'au front et avec un bonnet comme coiffure.
Elle avait les cheveux blancs. 2. Je sus, d'après mes visions, que c'était
l'église et mon contentement s'en accrut. Elle me salue ainsi : " Bonjour,
l'homme. " Et moi, je lui rendis son salut : " Bonjour, Madame.
" 3. Elle me répond : " Tu n'as rien rencontré ? - Madame, lui
dis-je, j'ai rencontré un monstre tel qu'il pourrait anéantir des peuples !
Mais par la puissance du Seigneur et sa miséricorde, je lui ai échappé. 4. - Tu
as eu le bonheur d'échapper, dit-elle, parce que tu t'en es remis à Dieu de tes
soucis (Ps 55, 23), que tu as ouvert ton coeur au Seigneur (Ps 62, 7) et que tu
as cru ne pouvoir être sauvé que par son nom grand et glorieux. Voilà pourquoi
le Seigneur t'a envoyé celui de ses anges qui a charge des bêtes sauvages. Son
nom est Thegri : il lui a fermé la gueule pour éviter qu'il te fasse du mal (Dn
6, 23 ; Hé 11, 33). Tu as échappé à une grande catastrophe par ta foi : la vue
d'un tel monstre ne t'a pas ébranlé. 5. Maintenant donc, retire-toi et va
expliquer à ses élus les exploits glorieux du Seigneur et dis-leur que ce
monstre est la préfiguration de la grande épreuve qui arrive. Si vous vous y
préparez et que, du fond d'un coeur repentant, vous reveniez vers le Seigneur,
vous pourrez y échapper, mais il faut que votre coeur soit pur et irréprochable
et que le reste de vos jours, vous serviez le Seigneur sans mériter de blâme.
Vous vous en êtes remis de vos soucis au Seigneur (Ps 55, 23) et il les
dissipera. 6. Croyez au Seigneur, vous qui doutez : il peut aussi bien
détourner sa colère de vous que vous envoyer des châtiments, à vous qui doutez.
Malheur à ceux qui ont entendu ces paroles sans les comprendre. Il vaudrait
mieux pour eux n'être pas nés " (Mt 26, 24 ; Mc 14, 21).
1. Je lui posai une question sur les quatre couleurs que la
bête avait sur la tête. Elle me répondit : " De nouveau cette minutie
déplacée pour de tels sujets ! - Il est vrai, dis-je, Madame ; mais faites-moi
savoir ce que c'est 2. - Écoutez, dit-elle. Le noir, c'est ce monde où vous
habitez ; 3. Le feu et le sang veulent dire que le monde doit périr par le feu
et le sang ; 4. La partie dorée, c'est vous, qui avez fui ce monde (2 P 2, 20).
En effet, l'or est éprouvé par le feu (1 P 1, 7 ; cf. Qo 2, 5 ; Pr. 17, 3 ; Jb
23, 10) et devient par là utilisable ; c'est ainsi que vous êtes éprouvés, vous
qui habitez avec les gens d'ici. Vous qui aurez tenu bon et subi de leur part
l'épreuve du feu, vous serez purifiés. L'or rejette ainsi ses scories ; de
même, vous rejetterez toute affliction et toute angoisse, vous serez purifiés
et utilisables pour la construction de la tour. 5. La partie blanche, c'est le
monde qui arrive, où habiteront les élus du Seigneur : car ils seront sans
tache et purs, les élus de Dieu pour la vie éternelle. 6. Toi donc, ne cesse
pas d'en parler aux saints. Vous tenez là la préfiguration de la grande épreuve
qui vient. Mais si vous le voulez, elle ne sera rien. Rappelez-vous ce qui fut
écrit antérieurement. " 7. Sur ce, elle s'en alla et je ne vis pas par où
elle était partie : car il y eut un nuage et moi, je fis demi-tour, pris de peur
: j'avais l'impression que le monstre revenait.
1. J'avais prié dans ma maison et je m'étais assis sur le
lit quand je vis entrer un homme d'apparence glorieuse, en costume de berger,
enveloppe d'une peau de chèvre blanche, une besace sur les épaules et un bâton
à la main. Il me salua et je lui rendis son salut. 2. Tout de suite, il s'assit
près de moi et me dit : " J'ai été envoyé par le plus vénérable des anges,
pour habiter avec toi tout le reste de tes jours. " 3. Il me sembla qu'il
était là pour m'éprouver et je lui dis : " Mais toi, qui es-tu ? Car moi,
dis-je, je sais bien à qui j'ai été confié. " Il me dit : " Tu ne me
reconnais pas ? - Non, dis-je. - Je suis, dit-il, le Pasteur à qui tu as été
confié. " 4. Il parlait encore que son aspect changea et alors je le
reconnus : c'était bien celui à qui j'avais été confié ; et tout de suite,
rempli de confusion, la peur me saisit et la douleur m'accable : ne lui
avais-je pas répondu de façon méchante, insensée ? 5. Mais il me répondit :
" Ne te trouble pas ; au contraire, raffermis-toi dans les préceptes que
je vais te donner. Car j'ai été envoyé, dit-il, pour te montrer encore une fois
tout ce que tu as vu précédemment, les principaux points qui vous sont utiles.
Toi donc, prends note tout d'abord des Préceptes et des Similitudes. Le reste,
tu l'écriras comme je te l'indiquerai ; si je t'ordonne, dit-il, d'écrire
d'abord les Préceptes et les Similitudes, c'est pour que, les ayant sous la
main, tu puisses les lire et les observer. " 6. J'ai donc écrit les
Préceptes et les Similitudes, comme il me l'avait ordonné. 7. Et si vous les
écoutez, si vous les observez, si vous marchez dans cette voie et les mettez en
pratique avec un coeur pur, vous obtiendrez du Seigneur tout ce qu'il vous a
promis. Mais si, après les avoir entendus, vous ne vous repentez pas, si vous ajoutez encore à vos péchés, vous
recevrez du Seigneur tout le contraire. Voici tout ce que m'a ordonné d'écrire
le Pasteur, l'ange de la repentance.
1. " Premier point entre tous : crois qu'il n'y a qu'un
seul Dieu, celui qui a tout créé et organisé (Ep 3,9), qui a tout fait passer
du néant à l'être (2 M 7,28 ; cf. Sg 1,14), qui contient tout et qui n'est pas
contenu. 2. Crois donc en lui et crains-le, et, et par cette crainte, sois
continent. Observe ces préceptes et tu rejetteras de toi toute dépravation, tu
revêtiras toute vertu de justice et tu vivras pour Dieu - si du moins tu
observes ce commandement. "
1. Il me dit : " Maintiens-toi dans la simplicité,
l'innocence, et tu seras comme les petits enfants qui ignorent le mal
destructeur de la vie des hommes. 2. Et d'abord, ne dis du mal de personne et
ne prends pas de plaisir à écouter le médisant (cf. Jc 4,11) ; sinon, tu auras
part, toi qui l'écoutes, au péché du médisant, si du moins tu ajoutes foi à la
médisance entendue. Car en y ajoutant foi, tu seras, toi aussi, hostile à ton
frère, et c'est ainsi que tu auras part au péché de médisance. 3. La médisance
est mauvaise, c'est un démon agité, jamais en paix, il ne se plaît que dans les
discordes. Tiens-toi donc bien loin de lui et tes rapports avec tout le monde
seront toujours parfaits. 4. Revêts-toi de gravité : avec elle, point
d'achoppement, mais rien que des chemins unis et de l'allégresse. Fais le bien
et du produit du labeur que Dieu t'accorde, donne à tous les indigents avec
simplicité, sans t'inquiéter (de savoir) à qui tu donneras et à qui tu ne
donneras pas : donne à tous ; car Dieu veut qu'on fasse profiter tout le monde
de ses propres largesses. 5. Ceux qui reçoivent rendront compte à Dieu du motif
et de la destination de ce qu'ils auront reçu : ceux qui recevront dans le
besoin ne seront pas jugés, mais ceux qui trompent pour recevoir seront punis.
6. Celui qui donne, lui, est irréprochable, car, comme il a reçu du Seigneur ce
ministère à remplir, il l'a rempli avec simplicité : sans examiner à qui donner
et à qui ne pas donner. Et le ministère qui s'est ainsi achevé dans cette
simplicité est glorieux devant Dieu. Celui donc qui s'acquitte ainsi de son
service vivra pour Dieu. 7. Observe donc ce précepte comme je te l'ai dit, pour
que ta repentance et celle de ta maison soient trouvées simples, pures,
innocentes et incorruptibles. "
1. Il me dit de nouveau : " Aime la vérité, qu'elle
seule puisse sortir de ta bouche ; de la sorte, l'esprit que Dieu a logé dans
ta chair sera trouvé authentique aux yeux de tous les hommes et ainsi sera
glorifié le Seigneur, qui habite en toi, car le Seigneur est vrai en toutes ses
paroles et il n'y a en lui aucun mensonge. 2. Les menteurs renient donc le
Seigneur et le dépouillent, puisqu'ils ne lui rendent pas le dépôt qu'il leur a
confié. Car ils ont reçu de lui un esprit qui ne ment pas ; s'ils le lui
rendent mensonger, ils violent le commandement du Seigneur et se font
spoliateurs. " 3. En entendant cela, je fondis en larmes. Il me voit
pleurer et me dit : " Pourquoi pleures-tu ? -Parce que, Seigneur, dis-je,
je ne sais pas si je puis être sauvé. - Pourquoi ? dit-il - C'est que dans ma
vie, Seigneur, je n'ai pas encore dit une parole vraie, mais depuis toujours,
j'ai vécu de fourberie envers tous et j'ai fait passer mes mensonges pour la
vérité aux yeux de tout le monde. Personne ne m'a jamais contredit : on a eu
confiance en mes paroles. Comment donc puis-je vivre, Seigneur, après ces
vilenies ? 4.-Tu penses bien et juste, dit-il. Car tu aurais dû, comme
serviteur de Dieu, marcher dans la vérité, ne pas faire cohabiter en toi une
mauvaise conscience avec l'esprit de vérité, ne pas affliger un esprit auguste
et véridique. - Jamais, Seigneur, dis-je, je n'ai entendu parler de règles si
précises. 5. Maintenant donc, dit-il, tu les entends. Observe-les : ainsi, même
les mensonges que tu faisais antérieurement dans tes affaires obtiendront
créance, puisqu'on trouvera vrai ton langage d'aujourd'hui ; car ils peuvent
aussi obtenir créance. Si tu observes ces préceptes et qu'à partir de maintenant
tu ne dises plus que la vérité, tu pourras acquérir la vie et quiconque
observera ce commandement et s'abstiendra du mensonge, ce grand vice, celui-ci
vivra pour Dieu.
" 1. Je t'ordonne, dit-il de garder la chasteté et que
ne monte pas à ton coeur le désir d'une autre femme que la tienne, ni d'une
quelconque fornication, ni d'aucun autre vice semblable. Car ce faisant, tu
commettrais un grand péché. Souviens-toi toujours de ta femme et tu ne pécheras
jamais 2. Si ces désirs montent à ton coeur, tu pécheras et si ce sont d'autres
pensées aussi mauvaises, tu commets un péché. Car ce désir, pour un serviteur
de Dieu, est un grand péché. Mais si on accomplit cet acte vicieux, c'est la
mort qu'on se prépare. 3. Veilles-y donc, abstiens-toi de ce désir, car là où
habite la sainteté, au coeur d'un homme juste, l'iniquité ne devrait pas
monter. " 4. Je lui dis : " Seigneur, permettez-moi de vous poser
quelques questions. - Parle, dit-il. - Seigneur, dis-je, si quelqu'un a une femme
qui croit au Seigneur, et qu'il découvre qu'elle est adultère, est-ce qu'il
commet un péché à vivre avec elle ? 5. -Tout le temps qu'il l'ignore, dit-il,
il ne commet pas de péché ; mais s'il apprend le péché de sa femme et qu'elle,
au lieu de se repentir, persiste dans l'adultère, à vivre avec elle le mari
partage sa faute et participe à l'adultère. 6.-Que fera donc le mari,
Seigneur, dis-je, si la femme persiste dans cette passion ? -Qu'il la renvoie,
dit-il, et qu'il reste seul. Mais si, après avoir renvoyé sa femme, il en
épouse une autre, lui aussi alors, il commet l'adultère (Mc 10, 11 ; Mt 5, 32 ;
19, 9 ; cf. 1 Co 7, 11). 7.-Et si, Seigneur, dis-je, après avoir été renvoyée,
la femme se repent et veut revenir à son mari, ne faudra-t-il pas l'accueillir
? 8. - Certes, dit-il. Si le mari ne l'accueille pas, il pèche, il se charge
d'un lourd péché, car il faut accueillir celui qui a péché et qui se repent,
mais non beaucoup de fois. Pour les serviteurs de Dieu, il n'y a qu'une
repentance. C'est en vue du repentir que l'homme ne doit pas se remarier. Cette
attitude vaut d'ailleurs aussi bien pour la femme que pour l'homme. 9.
L'adultère, dit-il, ne consiste pas uniquement à souiller sa chair : celui-là aussi
commet l'adultère, qui vit comme les gentils. Donc, si quelqu'un persiste dans
cette conduite sans se repentir, écarte-toi de lui, ne vis plus avec lui ;
sinon tu as part à sa faute. 10. Si on vous a enjoint de ne pas vous remarier,
homme ou femme, c'est parce que, dans de tels cas, la repentance est possible.
11. Donc, dit-il, mon intention n'est pas de faciliter l'accomplissement de
tels péchés, mais t'empêcher que le pécheur retombe. Pour ce qui est du péché
antérieur, il y a quelqu'un qui peut apporter remède : c'est celui qui a le
pouvoir de tout faire. "
1. Je continuai à le questionner : " Puisque le
Seigneur m'a jugé digne de vous avoir toujours dans ma maison, supportez encore
quelques paroles de moi, car je ne comprends rien et mon coeur s'est endurci
(Mc 6, 52) par mes méfaits passés. Instruisez-moi, car je suis tout à fait
dépourvu d'intelligence et je ne comprends absolument rien. " 2. Il me dit
en réponse : " Je suis, moi, dit-il, préposé à la repentance et à tous ceux
qui se repentent, je donne l'intelligence. Ne te semble-t-il pas, dit-il, que
le fait de se repentir est lui-même de l'intelligence ? Le repentir, dit-il,
est un acte de grande intelligence ; car le pécheur comprend qu'il a fait le
mal devant le Seigneur (Jg 2, 11 ; 3, 12 ; 4, 1 ; 10, 6 ; 13, 1 ; etc.) et
l'acte qu'il a commis lui remonte au coeur et il se repent et il ne commet plus
le vice ; au contraire, il met tout son zèle à faire le bien, humilie son âme
et l'éprouve, puisqu'elle a péché. Tu vois donc que le repentir est un acte de
grande intelligence. 3. - Voici pourquoi, Seigneur, dis-je, je vous demande
tout cela avec autant de minutie. C'est d'abord que je suis un pécheur, que je
veux savoir ce que je dois faire pour pouvoir vivre, car mes péchés sont nombreux
et divers. 4.-Tu vivras, dit-il, si tu observes mes commandements et si tu
marches dans leur voie, et quiconque sera attentif à ces commandements et les
observera, vivra pour Dieu. "
1. " Seigneur, dis-je, j'ajouterai encore une question.
- Parle, dit-il. - J'ai entendu certains docteurs dire qu'il n'y a pas d'autre
repentance que celle du jour où nous descendîmes dans l'eau et où nous reçûmes
le pardon de nos péchés antérieurs. " 2. Il me dit : " Ce que tu as
entendu est exact. Il en est ainsi. Celui qui a reçu le pardon de ses péchés ne
devrait, en effet, plus pécher, mais demeurer en sainteté. 3. Mais puisqu'il te
faut toutes les précisions, je t'indiquerai ceci aussi, sans donner prétexte de
pécher à ceux qui croiront ou à ceux qui se mettent maintenant à croire au
Seigneur, car les uns comme les autres n'ont pas à faire repentance de leurs
péchés : ils ont l'absolution de leurs péchés antérieurs. 4. C'est donc
uniquement pour ceux qui ont été appelés avant ces tout derniers jours que le Seigneur
a institué une repentance. Car le Seigneur connaît les coeurs, et sachant tout
d'avance, il a connu la faiblesse des hommes et les multiples intrigues du
diable, qui fera du tort aux serviteurs de Dieu et exercera contre eux sa
malice. 5. Dans sa grande miséricorde, le Seigneur s'est ému pour sa créature
et a institué cette repentance et il m'a accordé de la diriger. 6. Mais je te
le dis, reprit-il : si, après cet appel important et solennel, quelqu'un,
séduit par le diable, commet un péché, il dispose d'une seule repentance ; mais
s'il pèche coup sur coup, même s'il se repent, la repentance est inutile à un
tel homme : il aura bien de la peine à jouir de la vie. " 7. Je lui dis :
" Seigneur, je reviens à la vie après ces renseignements détaillés. Car je
sais que si je n'ajoute plus à mes péchés, je serai sauvé. - Tu seras sauvé,
dit-il, et tous ceux qui feront ainsi. "
1. Je le questionnai de nouveau : " Seigneur, puisque
pour une fois vous tolérez mes questions, indiquez-moi encore ceci. - Parle,
dit-il. - Si une femme, Seigneur, dis-je, ou un homme meurt et que le conjoint
se remarie, ce dernier commet-il une faute en se remariant ? 2. - Non, dit-il,
mais s'il reste seul, il s'acquiert auprès du Seigneur un honneur, une gloire
supplémentaire (cf. 1 Co 7, 38-40). Mais s'il se remarie, il ne pèche point. 3.
Observe donc scrupuleusement la chasteté et la sainteté, et tu vivras pour
Dieu. Tout ce que je te dis et te dirai, observe-le à partir de ce jour où tu
m'es confié et j'habiterai dans ta maison. 4. De tes fautes passées, tu auras
rémission, si tu observes mes commandements. Et tous auront rémission, s'ils
observent mes commandements et s'ils marchent dans cette chasteté.
" 1. Sois patient, dit-il, et prudent, et tu triompheras
de toutes les turpitudes et tu réaliseras toute justice. 2. Si tu es patient,
l'Esprit-Saint qui habite en toi sera pur de n'être pas obscurci par un autre
esprit mauvais. Trouvant un large espace libre, il sera content, il se réjouira
avec le vase qu'il habite et servira Dieu avec grande allégresse, puisqu'il
aura en lui la plénitude. 3. Mais si arrive un accès de colère, tout de suite
l'Esprit-Saint, qui est délicat, se trouve à l'étroit, sans espace pur, et il
cherche à quitter ce lieu : il est étouffé par l'esprit mauvais, il n'a plus
l'espace où servir Dieu comme il veut, souillé qu'il est par la colère. Car le
Seigneur habite dans la patience et le diable dans la colère. 4. Que ces deux
esprits habitent ensemble est donc un grand malheur pour l'homme en qui ils
habitent 5. Si tu prends une toute petite goutte d'absinthe et que tu la verses
dans un pot de miel, n'est-il pas vrai que tout le miel est perdu, que tant de
miel est gâté par si peu d'absinthe, qu'elle corrompt la douceur du miel qui
n'a plus le même charme pour le maître, puisqu'il est devenu amer et a perdu
son utilité ? Mais si on ne jette pas d'absinthe dans le miel, on le trouve
doux et le maître peut l'utiliser. 6. Tu le vois donc : la patience surpasse le
miel en douceur, elle est utile au Seigneur et il habite en elle ; en revanche,
la colère est amère et inutilisable. Si donc on mêle la colère et la patience,
la patience en est souillée et Dieu n'a que faire de sa prière. 7. - Je
voudrais, Seigneur, dis-je, connaître les effets de la colère, pour m'en bien
garder. - Certes, dit-il, si tu ne t'en lardes pas, toi et ta maison, tu
anéantis tous tes espoirs. Garde-toi d'elle, car je suis avec toi. Et ils se
garderont d'elle, tous ceux qui feront repentance du fond de leur coeur ; car
je serai avec eux et je les protégerai, puisqu'ils ont été justifiés par l'ange
le plus vénérable.
" 1. Écoute, dit-il, quels sont les effets de la
colère, comment elle est mauvaise, comment par sa puissance elle pervertit mes
serviteurs, comment elle les détourne de la justice. Elle ne détourne pas, il
est vrai, ceux qui sont entiers dans leur foi, elle ne peut rien sur eux, car
ma puissance est avec eux ; elle n'égare que les gens vides de leur foi et
hésitants. 2. Quand elle voit de telles gens tranquilles, elle s'insinue en
leur coeur. Alors, pour un rien, l'homme ou la femme se laissent gagner par
l'aigreur, à propos de détails de la vie quotidienne, de nourriture, d'une
chicane, d'un ami, d'un cadeau donné ou reçu ou de toute autre niaiserie
pareille : tout cela est fou, vain, insensé, funeste aux serviteurs de Dieu. 3.
La patience, elle, a de la grandeur de la force, une énergie vigoureuse et
solide qui s'épand largement ; elle est gaie, réjouie, sans souci ; elle
glorifie le Seigneur à toute occasion (Tb 4, 19 ; Ps 34, 2). Rien en elle n'est
amer : en tout, elle reste douce et calme. La patience habite avec ceux qui ont
la foi entière. 4. La colère est tout d'abord sotte, légère, stupide ; ensuite,
de la stupidité, naît l'aigreur, de l'aigreur, l'irritation, de l'irritation,
la fureur, de la fureur, le ressentiment. Et ce ressentiment, né de tant de
maux, devient un péché énorme et incurable. 5. Lorsque tous ces esprits
viennent habiter un même vase où habite déjà l'Esprit-Saint, le vase ne peut
plus tout contenir, et déborde. 6. Donc l'esprit délicat, qui n'a pas
l'habitude de demeurer avec un mauvais esprit ni avec la dureté, s'éloigne d'un
tel homme et cherche à habiter avec la douceur et le calme. 7. Mais quand il
s'éloigne de l'homme, en qui il habitait, cet homme se vide de l'esprit juste
et désormais plein des esprits mauvais, il s'agite dans tous ses actes,
tiraillé en tous sens par les esprits mauvais et il devient complètement
aveugle, loin de la droite réflexion. Voilà ce qui arrive à tous les
colériques. 8. Abstiens-toi donc de la colère, cet esprit si mauvais!
Revêts-toi de patience, résiste à la colère, à l'aigreur et tu seras trouvé en
compagnie de la sainteté qu'aime le Seigneur. Veille à ne pas négliger ce
commandement, car si tu parviens à l'observer, tu pourras garder aussi les
autres commandements que je vais t'imposer. Aie de la force, de l'énergie à
leur propos, et qu'ils en aient aussi, tous ceux qui veulent marcher dans cette
voie.
" 1. Je t'ai ordonné, dit-il, dans le premier Précepte,
de garder la foi, la crainte et la continence. - Oui, Seigneur, dis-je. -
Maintenant, dit-il, je veux te montrer leurs vertus, pour que tu comprennes
quels sont leur force et leurs effets respectifs. Leurs effets sont de deux
sortes : ils ont rapport au juste et à l'injuste. 2. Toi, aie confiance au
juste, mais non à l'injuste ; car la justice suit une voie droite, l'injustice,
une voie tortueuses. Suis donc la voie droite et unie, laisse la voie
tortueuse. 3. La voie tortueuse n'est pas frayée, mais impraticable, pleine
d'obstacles, rocailleuse, épineuse. Elle est funeste à ceux qui la prennent ;
4. mais ceux qui prennent la voie droite marchent sur un terrain uni et sans
obstacles, car elle n'est ni rocailleuse, ni épineuse. Tu vois donc qu'il est
plus avantageux de la prendre. 5. - Il me plaît, Seigneur, dis-je, de la
prendre. - Tu la prendras, dit-il, et quiconque du fond du coeur se tournera
vers le Seigneur (Jr 24, 5 ; Jl 2, 12 ; cf. Ps 22, 9 ; 51, 15) la prendra.
" 1. Écoute maintenant, dit-il, ce qui concerne la foi.
Il y a deux anges avec l'homme : l'un, de justice, l'autre, du mal. 2. -
Comment donc, Seigneur, dis-je, distinguerai-je leur action, si les deux anges
habitent avec moi ? 3. - Écoute, dit-il, et comprends. L'ange de justice est
délicat, modeste, doux, calme. Quand c'est lui qui monte à ton coeur, d'emblée,
il te parle de justice, de chasteté, de sainteté, de tempérance, de tout acte
juste, de toute vertu noble. Quand tout cela te monte au coeur, sache que
l'ange de justice est avec toi, car ce sont là les oeuvres de l'ange de justice
; aie confiance en lui et en ses oeuvres. 4. Vois maintenant les oeuvres de
l'ange du mal. Et tout d'abord, il est colérique, amer, insensé ; et ses
oeuvres mauvaises corrompent les serviteurs de Dieu. Quand donc il monte à ton
coeur, connais-le d'après ses oeuvres. 5. - Comment je le distinguerai,
Seigneur, dis-je, je l'ignore. - Écoute, dit-il. Quand la colère s'empare de
toi, ou l'aigreur, sache qu'il est en toi ; de même les désirs d'activité
dispersée, les folles dépenses en festins nombreux, en boissons enivrantes, en
orgies incessantes, en raffinements variés et superflus, la passion des femmes,
de la grande richesse, l'orgueil exagéré, la jactance et tout ce qui y ressemble
: si cela te monte au coeur, sache que l'ange du mal est en toi. 6. Puisque
donc tu connais ses oeuvres, éloigne-toi de lui, ne crois pas en lui, car ses
oeuvres sont mauvaises et funestes aux serviteurs de Dieu. Voilà quelle est
l'action des deux anges. Comprends-la et mets ta confiance dans l'ange de
justice. 7. Éloigne-toi de l'ange du mal puisque son enseignement est mauvais
en tout. Car si quelqu'un est très fidèle et que le désir de cet ange monte à
son coeur, il est inévitable que celui-là, homme ou femme, commette le péché.
8. Qu'un homme ou une femme, au contraire, soit tout à fait dépravé et que les
oeuvres de l'ange de justice montent à son coeur, il est inévitable qu'il fasse
le bien. 9. Tu vois donc qu'il est bon de suivre l'ange de justice et de
renoncer à l'ange du mal. 10. Ce commandement indique ce qui concerne la foi,
pour que tu aies foi dans les oeuvres de l'ange de justice et en les
accomplissant, tu vivras pour Dieu. Crois aussi que les oeuvres de l'ange du
mal sont funestes ; en les évitant, tu vivras pour Dieu.
" 1. Crains, dit-il, le Seigneur, et garde ses
commandements (Qo 12, 13). En gardant les commandements de Dieu, tu seras fort
en toute action et ta façon d'agir sera incomparable. Car en craignant le Seigneur,
tu feras tout bien. C'est cette crainte-là qu'il te faut avoir, et tu seras
sauvé. 2. Le diable, ne le crains pas. En craignant le Seigneur, tu triompheras
du diable, car il n'a pas de pouvoir. Et qui n'a pas de pouvoir n'inspire pas
de crainte. Mais celui dont le pouvoir est renommé, celui-là se fait
craindre. Car quiconque a du pouvoir inspire de la crainte ; celui qui n'en a
pas est méprisé de tous. 3. Crains les oeuvres du diable, parce qu'elles sont
mauvaises. Et en craignant le Seigneur, tu craindras les oeuvres du diable et
loin de les accomplir, tu les éviteras. 4. Il y a deux sortes de crainte : si
tu veux faire le mal, crains le Seigneur, et tu ne le feras pas. Mais si tu
veux faire le bien, crains encore le Seigneur, et tu le feras". Tant la
crainte du Seigneur est puissante, grande, glorieuse. Crains donc le Seigneur
et tu vivras pour lui. Et tous ceux qui le craindront et observeront ses
commandements, vivront pour Dieu. 5. - Pourquoi, Seigneur, dis-je, avez-vous
dit seulement de ceux qui observent ses commandements : " Ils vivront
pour Dieu " ? - Parce que, dit-il, toute la création craint le Seigneur,
mais elle ne garde pas toute ses commandements Ce sont donc ceux qui le
craignent et qui gardent ces commandements qui vivent auprès de Dieu. Mais ceux
qui ne les gardent pas n'ont pas la vie en eux.
1. Je t'ai dit, reprit-il, que les créatures de Dieu sont de
deux sortes ; la tempérance aussi est de deux sortes. Car il est des choses
dont il faut s'abstenir et des chose dont il ne le faut pas. 2. - Faites-moi
connaître, Seigneur, dis-je, ce dont je dois et ce dont je ne dois pas
m'abstenir. - Écoute, dit-il. Abstiens-toi du mal et ne le fais pas ; mais ne
t'abstiens pas du bien : fais-le, au contraire. Car si tu t'abstiens de faire
le bien, tu commets un grand péché ; en revanche, si tu t'abstiens de faire le
mal, tu commets un grand acte de justice. Abstiens-toi donc de tout mal, et
fais le bien. 3. - Quels sont, Seigneur, dis-je, les vices dont il faut nous abstenir
? - Écoute, dit-il : l'adultère, la fornication, les excès de boisson, la
mollesse coupable, les festins multipliés, le luxe que permet la richesse,
l'ostentation, l'orgueil, la jactance, le mensonge, la médisance, l'hypocrisie,
la rancune et tout méchant propos. 4. Voilà de loin les plus mauvaises actions
dans la vie des hommes. De ces actions, le serviteur de Dieu doit s'abstenir ;
car celui qui ne s'en abstient pas ne peut vivre pour Dieu. Écoute donc les
vices qui s'ensuivent. 5. - Il y a encore, Seigneur, dis-je, d'autres mauvaises
actions ? - Et beaucoup, dit-il, dont le serviteur de Dieu doit s'abstenir : le
vol, le mensonge, la spoliation, le faux témoignage, la cupidité, la passion
mauvaise, la tromperie, la vaine gloire, la vantardise et tous les vices
semblables. 6. Ne te semble-t-il pas que tout cela est mal ? - C'est très mal,
dis-je, pour les serviteurs de Dieu. - De tout cela, il faut que le serviteur
de Dieu s'abstienne. Abstiens-toi donc de tout cela, afin de vivre pour Dieu et
d'être inscrit avec ceux qui s'en abstiennent. Voilà ce dont tu dois
t'abstenir. 7. Ce dont il ne faut pas s'abstenir, ce qu'il faut faire, le
voici. Ne t'abstiens pas du bien, fais-le au contraire. 8. - Montrez-moi,
Seigneur, dis-je, la puissance des bonnes actions, pour que je suive leur voie,
que je les serve afin de pouvoir être sauvé en les accomplissant. - Écoute,
dit-il, les oeuvres du bien qu'il te faut accomplir et non éviter. 9. En tout
premier lieu, la foi, la crainte du Seigneur, l'amour, la concorde, la parole
de justice, la vérité, la résignation : il n'y a rien de meilleur dans la vie
humaine. Si quelqu'un les observe, loin de s'en abstenir, il est bienheureux
dans sa vie. 10. Et voici les suites de ces vertus : assister les veuves,
visiter les orphelins et les indigents, racheter de l'esclavage les serviteurs
de Dieu, être hospitalier (car dans l'hospitalité se rencontre parfois
l'occasion de faire le bien), ne s'opposer à personne, être calme, se faire
l'inférieur de tout le monde, honorer les vieillards, pratiquer la justice,
garder la fraternité, supporter la violence, être patient, n'avoir pas de
rancune, consoler les âmes affligées, ne pas rejeter ceux qui sont inquiets
dans la foi, mais les convertir, leur rendre du coeur, reprendre les pécheurs,
ne pas accabler les débiteurs et les indigents, et autres actions semblables.
11. Ne te semble-t-i1 pas que ce soient là de bonnes actions ? reprit-il. -
Qu'y a-t-il de mieux, Seigneur ? dis-je. - Marche donc dans cette voie, dit-il,
ne t'en abstiens plus et tu vivras pour Dieu. 12. Observe ce commandement ; si
tu fais le bien au lieu de t'en abstenir, tu vivras pour Dieu et tous vivront
pour Dieu, qui agiront ainsi. Et je le répète : si tu ne fais pas le mal, si tu
t'en abstiens, tu vivras pour Dieu et vivront pour Dieu tous ceux qui garderont
ces préceptes et marcheront dans leur voie. "
1. Il me dit : " Enlève de toi le doute et n'hésite pas
le moins du monde à demander quelque chose à Dieu, sans te dire : "
Comment pourrais-je demander quelque chose à Dieu et l'obtenir, après avoir
commis de si grands péchés à son égard ? " 2. Ne raisonne pas ainsi, mais
plutôt, du fond du coeur, tourne-toi vers le Seigneur (Jr 24, 7 ; Jl 2, 12) et
prie-le avec confiance et tu connaîtras sa grande miséricorde : il n'aura garde
de t'abandonner ; au contraire, il comblera la prière de ton âme. 3. Car Dieu
n'est pas comme les hommes rancuniers : il ne connaît pas la rancune et il a
compassion de sa créature. 4. Toi donc, purifie ton coeur de toutes les vanités
de ce monde et de ce que je t'ai dit auparavant ; prie le Seigneur et tu
obtiendras tout ; aucune de tes prières ne sera repoussée, si toutefois tu
pries le Seigneur avec confiance. 5. En revanche, si tu doutes en ton coeur, tu
n'obtiendras rien de tes prières ; car ceux qui doutent de Dieu sont des
irrésolus et ils n'obtiennent rien de ce qu'ils demandent. 6. Au contraire,
ceux dont la foi est entière, demandent tout avec pleine confiance dans le
Seigneur (Ps 2, 13 ; etc.) et ils sont exaucés, parce qu'ils prient avec foi,
sans incertitude. Tout homme incertain, s'il ne se repent pas, sera bien
difficilement sauvé. 7. Purifie donc ton coeur de tout doute, revêts-toi de
foi, car elle est forte ; aie confiance que Dieu exaucera toutes tes prières.
Et si un jour tu as demandé quelque chose au Seigneur et qu'il tarde à te
l'accorder, ne sois pas ébranlé de ce que la prière de ton âme n'a pas été
exaucée tout de suite : de toute façon, c'est en vue d'une épreuve ou à cause
d'une faute que tu ignores, que tu tardes à être exaucé. 8. Ne cesse donc pas
de demander ce que ton âme souhaite et tu l'obtiendras. Mais si en priant, tu
tombes dans le découragement et le doute, n'accuse que toi et non celui qui te
donne. 9. Vois ce doute : il est mauvais, insensé, et il déracine de la foi
bien des gens, même des gens très fidèles et fermes, Car le doute est le fils
du diable et il fait beaucoup de mal aux serviteurs de Dieu. 10. Méprise donc
le doute, triomphes-en en tout ; revêts-toi dans ce but d'une foi ferme et puissante.
C'est la foi qui promet tout, qui accomplit tout ; le doute, (lui n'a même pas
confiance en lui-même, échoue dans tout ce qu'il entreprend. 11. Tu vois,
dit-il, que la foi vient d'en haut, du Seigneur, et qu'elle a grande puissance
; le doute, lui, n'est qu'un esprit terrestre qui vient du diable ; il n'a
aucune puissance. 12. Sers donc la foi qui a la puissance, et éloigne-toi du
doute, qui n'en a pas, et tu vivras pour Dieu, et tous ceux qui pensent ainsi,
vivront pour Dieu.
" 1. Éloigne de toi, dit-il, la tristesse, car elle est
soeur du doute et de la colère. 2. - Comment, Seigneur, dis-je, est-elle leur
soeur ? Il me semble que la colère est une chose, le doute, une autre chose, et
la tristesse, une autre encore. - Tu n'es pas un homme intelligent, dit-il ; ne
comprends-tu pas que la tristesse est le plus méchant de tous les esprits et le
plus redoutable pour les serviteurs de Dieu et que plus que tous les esprits,
elle ruine l'homme, chasse l'Esprit-Saint et puis le sauve (cf. 2 Co. 7, 10) ?
3. - Il est vrai, Seigneur, dis-je, je ne suis pas intelligent et je ne
comprends pas ces paraboles. je ne vois pas comment elle peut chasser, puis
sauver. 4. - Écoute, dit-il. Ceux qui n'ont jamais fait de recherche au sujet
de la vérité, de la divinité, qui se sont bornés à croire, enfoncés dans les
affaires, la richesse, les amitiés païennes et dans de nombreuses autres
occupations de ce monde, tous ceux qui ne vivent que pour cela ne peuvent
comprendre les paraboles concernant la divinité. Ces divertissements les
obscurcissent, les perdent, et ils se dessèchent. 5. Les bons vignobles, s'ils
viennent à manquer de soins, sont desséchés par les chardons et les herbes de
toute espèce : de même, les hommes qui ont embrassé la foi et qui se perdent
dans ces multiples activités dont j'ai parlé, s'égarent loin de leur bon sens
et ne comprennent plus rien à la justice : même lorsqu'on leur parle de la
divinité et de la vérité, leur esprit est tout à leurs affaires et ils ne
comprennent rien. 6. Mais ceux qui craignent Dieu, qui s'inquiètent de la
divinité et de la vérité, qui tiennent leur coeur (tourné) vers le Seigneur,
ceux-là saisissant et comprennent plus vite tout ce qu'on leur dit, car ils ont
en eux la crainte du Seigneur (cf. Ps 111, 10 ; Pr 1, 7, etc.) ; là où habite
le Seigneur, se trouve aussi la complète intelligence. Attache-toi donc
fermement au Seigneur et tu saisiras et comprendras tout.
1. Écoute donc, dit-il, esprit borné, comment la tristesse
chasse l'Esprit-Saint et puis sauve (2 Co 7, 10). 2. Quand un hésitant
entreprend une action et qu'il échoue à cause de son hésitation, la tristesse
s'insinue en lui et attriste l'Esprit-Saint et le chasse. 3. Ensuite, lorsqu'à
son tour la colère s'empare d'un homme à propos de quoi que ce soit et
l'aigrit, de nouveau la tristesse s'insinue dans le coeur de l'homme qui s'est
laissé aller à la colère ; il s'attriste sur ce qu'il a fait et il se repent
d'avoir fait le mal. 4. Donc, cette tristesse semble apporter le salut, puisque
celui qui a fait le mal s'est repenti. Ces deux attitudes attristent l'esprit :
le doute, parce qu'il échoue dans ce qu'il entreprend, la colère, parce qu'elle
fait le mal. Tous les deux, le doute et la colère, sont affligeants pour
l'Esprit-Saint. 5. Éloigne donc de toi la tristesse et n'étouffe par
l'Esprit-Saint (Ep 4, 30) qui habite en toi, de peur qu'il ne prie Dieu contre
toi et ne s'éloigne de toi. 6. Car l'Esprit de Dieu qui a été donné à ta chair
ne supporte ni la tristesse ni le manque d'espace.
1. " Revêts-toi donc de la gaieté (Qo. 26, 4) qui plaît
toujours à Dieu et qu'il accueille favorablement : fais-en tes délices. Tout
homme gai fait le bien, pense le bien et méprise la tristesse. 2. L'homme
triste fait toujours le mal. D'abord, il fait le mal parce qu'il attriste
l'Esprit-Saint donné joyeux à l'homme ; ensuite, en attristant l'Esprit-Saint,
il commet l'iniquité en ne priant pas le Seigneur et en ne lui avouant pas ses
péchés. Car jamais la prière de l'homme triste n'a la force de monter à l'autel
de Dieu. 3. - Pourquoi, dis-je, la prière d'un homme triste ne monte-t-elle pas
à l'autel ? - Parce que, dit-il, la tristesse siège dans son coeur. Mêlée à la
prière, la tristesse ne lui permet pas de monter pure à l'autel. Le vinaigre et
le vin, mêlés, n'ont plus le même agrément : de même la tristesse, mêlée à
l'Esprit-Saint, n'est pas capable de la même prière- 4. Purifie-toi donc de
cette tristesse mauvaise et tu vivra pour Dieu, et ils vivront pour Dieu, ceux
qui rejetteront loin d'eux la tristesse et se revêtiront de la seule joie.
"
1. Il me montra des hommes assis sur un banc et un autre
homme assis dans une chaire. Et il me dit : " Tu vois les gens assis sur
le banc? - Je vois, dis-je, Seigneur. - Ceux-là, dit-il, sont fidèles, et celui
qui est assis dans la chaire est un faux prophète : il corrompt le jugement des
serviteurs de Dieu, mais de ceux qui doutent, non des fidèles. 2. Ceux qui
doutent viennent à lui comme à un devin et le questionnent sur leur avenir.
Et ce faux prophète, sans avoir en lui aucune puissance d'esprit divin, leur
répond selon leurs questions et leurs désirs du vice, et il remplit leurs âmes
de ce qu'ils souhaitent. 3. Car étant vain lui-même, il donne des réponses
vaines à des hommes vains. Quelle que soit la question, il répond selon la
vanité de son interlocuteur. Il y ajoute cependant quelque vérité, car le
diable le remplit de son esprit, dans l'espoir de briser quelque juste. 4. Or,
ceux qui sont forts dans la foi du Seigneur, revêtus de vérité, ne s'attachent
pas à de tels esprits, mais se gardent d'eux ; ceux, en revanche, qui sont
hésitants et qui constamment changent d'avis, consultent les devins comme les
gentils et se chargent du péché plus grand encore de l'idolâtrie : en effet,
celui qui questionne un faux prophète sur quelque affaire, est idolâtre, vide
de vérité et insensé. 5. Car tout esprit donné par Dieu n'a pas besoin d'être
questionné, mais possédant la puissance de la divinité, il dit tout
spontanément, puisqu'il vient d'en haut (Jc 3, 15), de la puissance de l'Esprit
divin. 6. Mais un esprit qu'on doit questionner et qui parle selon les désirs
des hommes, est terrestre et léger, puisqu'il n'a pas de puissance ; et il ne
dit mot, s'il n'est questionné. 7. - Mais comment, Seigneur, dis-je, saura-t-on
qui parmi eux est le vrai et qui est le faux prophète ? - Voici, dit-il, au
sujet des deux sortes de prophètes, et c'est d'après ce que je vais te dire que
tu éprouveras le vrai et le faux prophète. éprouve l'homme qui détient l'Esprit
divin d'après sa vie ! 8. D'abord, celui qui détient l'Esprit divin venant d'en
haut, est doux, calme, modeste ; il s'abstient de tout mal, de tout vain désir
de ce monde ; il se fait l'inférieur de tous et ne répond à aucune question de
qui que ce soit ; il ne se parle pas en particulier et ce n'est pas lorsque
l'homme a envie de parler que parle l'Esprit-Saint : il parle lorsque Dieu veut
qu'il parle. 9. Quand donc l'homme qui détient l'Esprit divin entre dans une
assemblée d'hommes justes qui ont foi en l'Esprit divin, et que cette assemblée
fait une prière à Dieu, alors l'ange de l'Esprit prophétique qui est près de
lui remplit cet homme et celui-ci, rempli de l'Esprit-Saint, parle à la foule
comme le veut le Seigneur. 10. Voilà comment se manifestera l'Esprit de la
divinité ; telle est la puissance du Seigneur sur l'Esprit de la divinité. 11.
Écoute maintenant, dit-il, ce qui concerne l'esprit terrestre, vain, sans puissance,
insensé. 12. D'abord, cet homme qui croit posséder l'Esprit s'exalte lui-même,
il veut obtenir le premier rang et le voilà tout de suite effronté, impudent,
bavard ; il se vautre dans de multiples raffinements et de multiples autres
illusions et il accepte des rémunérations pour ses prophéties ; s'il n'en
reçoit pas, il ne prophétise pas. Est-ce qu'un Esprit divin peut accepter un
salaire pour prophétiser ? Il n'est pas possible qu'un prophète de Dieu agisse
ainsi : l'esprit de tels prophètes est terrestre. 13. Ensuite, il n'approche
pas du tout d'une assemblée d'hommes justes : il les fuit. Il s'attache aux
hésitants pleins de vanité, c'est dans les coins qu'il leur fait des prophéties
et il les trompe en ne leur disant que des choses vaines, conformes à leurs
désirs : car c'est à des gens vains qu'il répond. Un pot vide ajouté à d'autres
pots vides ne se brise pas ; ils font (seulement) le même bruit. 14. Quand le
faux prophète entre dans une assemblée pleine d'hommes justes qui détiennent
l'Esprit de divinité, s'ils se mettent à prier, cet homme se vide et l'esprit
terrestre, pris par la peur, s'enfuit de lui et l'homme est atteint de mutisme,
et tout brisé, il ne peut plus parler. 15. Si tu serres à la réserve du vin ou
de l'huile et que tu mettes au milieu un pot vide, quand tu voudras débarrasser
la réserve, le pot que tu y as mis vide, tu le retrouveras vide. De même les
prophètes vides, quand ils reviennent parmi les esprits des justes, tels ils
sont venus, tels on les retrouve. 16. Voilà la vie des deux genres de
prophètes, éprouve donc d'après ses actes et sa vie, l'homme qui se dit porteur
de l'Esprit. 17. Toi, aie confiance en l'Esprit qui vient de Dieu et qui a de
la puissance, mais n'aie pas du tout confiance en l'esprit terrestre et vide,
car il n'y a pas de puissance en lui : il vient du diable. 18. Écoute la
comparaison que je vais te faire. Prends une pierre et jette-la vers le ciel :
vois si tu peux l'atteindre ! Ou bien prends une seringue et lance un jet vers
le ciel : vois si tu peux percer le ciel! 19. - Comment, Seigneur, dis-je, cela
pourrait-il arriver ? Ce sont deux choses impossibles! - Autant elles sont
impossibles, dit-il, autant les esprits terrestres sont impuissants et débiles.
20. Prends donc la force qui vient d'en haut : la grêle est un très petit
grain, mais quand elle tombe sur la tête d'un homme, quel mal elle fait ! Ou
bien prends la goutte qui du toit tombe à terre et perce la pierre. 21. Tu vois
ainsi que les plus petites choses qui tombent d'en haut sur la terre ont une
grande force ; de même, l'esprit divin qui vient d'en haut est puissant".
Aie donc confiance en cet esprit et éloigne-toi de l'autre. "
1. Il me dit : " Ecarte de toi tout désir mauvais ;
revêts-toi du désir bon et saint. Car revêtu de ce désir, tu auras le désir
mauvais, tu lui mettras un frein comme tu voudras, 2. Le désir mauvais est
sauvage et bien difficile à apprivoiser. Il est terrible et, par sa sauvagerie,
il perd beaucoup d'hommes. Mais surtout le serviteur de Dieu, s'il tombe dans
ce désir et qu'il manque de discernement, est perdu par lui d'horrible façon.
Il provoque aussi la perte de ceux qui ne sont pas revêtus du bon désir et qui
se laissent ballotter par ce siècle. Ceux-là, il les livre à la mort. 3. - Quelles
sont, Seigneur, dis-je, les oeuvres du mauvais désir qui livrent les hommes à
la mort ? Faites-les moi connaître, pour que je m'en éloigne. - Écoute, dit-il,
par quelles oeuvres le mauvais désir fait mourir les serviteurs de Dieu.
" 1. Avant tout autre, le désir d'une autre femme, d'un
autre homme, le luxe que permet la richesse, les festins multipliés et vains,
l'ivresse et les mille autre voluptés insensées ; car toute volupté est
insensée et vaine pour les serviteurs de Dieu. 2. Ces désirs sont mauvais, ils
tuent les serviteurs de Dieu, car ce désir mauvais est fils du diable ; il faut
donc s'abstenir des désirs mauvais, pour que, par cette abstention, vous viviez
pour Dieu. 3. Tous ceux qui sont dominés par eux n'y résistent pas, mourront finalement
: car ces désirs sont mortels. 4. Quant à toi, revêts-toi du désir de justice
et cuirassé de la crainte du Seigneur, résiste-leur (Ep. 6, 13) ; car la
crainte de Dieu habite dans le bon désir. Le désir mauvais, s'il te voit
cuirassé de la crainte de Dieu et offrant de la résistance, fuira loin de toi
(Jc 4, 7) et tu ne le verras plus : il craindra tes armes. 5. Et toi, vainqueur
et couronné pour sa défaite, va auprès du juste désir, offre-lui le prix que tu
as reçu et sers-le selon ses volontés. Si tu sers le bon désir et te soumets à
ses ordres, tu pourras triompher du mauvais désir et lui commander comme tu
voudras. "
1. " Je voudrais savoir, Seigneur, dis-je, de quelle
façon je dois servir le bon désir. - Écoute, dit-il. Pratique la justice (Ps
15, 2 ; Ac 10, 35) et la vertu, la vérité et la crainte du Seigneur, la foi, la
douceur et tout ce qui est semblable. En les pratiquant, tu plairas au service
de Dieu et tu vivras pour lui. Et quiconque sera au service du bon désir, vivra
pour Dieu. " 2. Il avait achevé les douze commandements et il me dit :
" Tu possèdes maintenant ces préceptes ; marche dans cette voie et exhorte
ceux qui les entendront à faire une repentance purificatrice le reste des jours
de leur vie. 3. Ce ministère dont je te charge, remplis-le scrupuleusement : tu
feras ainsi une grande oeuvre. Car tu trouveras bon accueil auprès de ceux qui
se disposent à faire repentance et ils croiront en tes paroles. Moi, je serai
avec toi et je les forcerai à te croire. " 4. Je lui dis : "
Seigneur, ces préceptes sont grands, beaux, glorieux et ils peuvent réjouir le
coeur de l'homme (Ps 19, 9 ; 104, 15) qui sera capable de les observer. Mais je
ne sais, Seigneur, si ces préceptes peuvent être gardés par un homme, car ils
sont très durs. " 5. En réponse, il me dit : " Si tu te mets en tête
qu'ils peuvent être gardés, tu les garderas facilement et ils ne seront pas
durs ; mais si te monte déjà au coeur l'idée qu'ils ne peuvent être gardés par
un homme, tu ne les garderas pas. 6. Mais je te l'affirme : si tu ne les gardes
pas, si tu les négliges, tu n'obtiendras pas le salut, ni tes enfants, ni ta
maison, car tu te condamnes toi-même par ton sentiment que ces préceptes ne
peuvent être gardés par un homme. "
1. Et il me dit cela d'une façon si indignée que j'en fus
tout bouleversé et qu'il me fit grand peur. Son extérieur avait changé au point
qu'un homme n'aurait pu soutenir sa colère. 2. Me voyant tout troublé et
bouleversé, il se mit à me parler d'une façon plus posée et plus sereine ; il
me dit : " Homme insensé, inintelligent, hésitant, tu ne saisis pas
combien la gloire de Dieu est grande (Ps 21, 6 ; 57, 12 ; 108, 6 ; 113, 4),
forte, admirable, qu'il a créé le monde pour l'homme (Ps 8, 7), qu'il a soumis
toute la création à l'homme, qu'il lui a donné l'empire absolu sur tout ce qui
est sous le ciel ? 3. Si donc, dit-il, l'homme est seigneur de toutes les
créatures de Dieu et qu'il les domine toutes, ne peut-il pas aussi dominer ces
préceptes ? Certes, dit-il, il peut tout dominer, y compris ces préceptes,
l'homme qui a le Seigneur dans son coeur. 4. En revanche, pour ceux qui ne
l'ont que sur le bout des lèvres, dont le coeur endurci est loin de Dieu, ces
préceptes sont durs et impraticables. 5. Vous donc, les hommes vains et légers
dans la foi, mettez le Seigneur dans votre coeur et vous connaîtrez qu'il n'y a
rien de plus facile que ces préceptes, ni de plus doux, ni de plus humain. 6.
Convertissez-vous, vous qui suivez les préceptes du diable, préceptes
difficiles, amers, brutaux, impudiques, et ne craignez plus le diable, car il
n'a aucun pouvoir contre vous. 7. Moi, l'Ange de la repentance qui triomphe du
diable, je serai avec vous. Il peut faire peur, le diable, mais cette peur
manque de force. Ne le craignez donc pas et il vous fuit "
1. Je lui dis : " Seigneur, écoute encore quelques
mots. - Dis ce que tu veux, dit-il. - L'homme, Seigneur, dis-je, a le désir de
garder les préceptes de Dieu et il n'est personne qui ne demande au Seigneur de
l'affermir dans ses préceptes et de l'y soumettre. Mais le diable est dur et il
domine les hommes. 2. - Il ne peut, dit-il, dominer les serviteurs de Dieu, si
du fond du coeur, ils espèrent en lui. Le diable a le pouvoir de lutter, il n'a
pas celui de triompher. Si donc vous lui opposez de la résistance, vaincu il
vous fuira tout honteux (Jc 4, 7). Mais tous ceux qui sont vides, dit-il,
craignent le diable comme s'il avait du pouvoir. 3. Un homme a rempli de bon
vin tout un assortiment d'amphores et parmi ces amphores, quelques-unes ne sont
pas tour à fait pleines. S'il vient voir ses amphores, il ne s'occupe pas des
pleines, car il sait qu'elles sont pleines. Il s'occupe de celles qui ne le
sont pas, car il craint qu'elles ne s'aigrissent - les amphores non remplies
s'aigrissent vite et le vin perd son agrément. 4. De même, le diable : il vient
éprouver tous les serviteurs de Dieu (1 P 5, 8). Tous ceux qui sont entiers
dans leur foi lui résistent énergiquement et lui, faute de trouver l'endroit
par où entrer en eux, les quitte. Il va alors vers ceux qui ne sont pas bien
remplis de la foi, il trouve de la place et entre en eux : il fait en eux ce
qu'il veut ; ils deviennent pour lui des esclaves.
" 1. Et moi, l'Ange de la repentance, je vous le dis -
ne craignez pas le diable, car j'ai été envoyé, dit-il, pour être avec vous qui
vous repentez du fond du coeur et pour vous affermir dans la foi. 2. Ayez donc
confiance en Dieu, vous qui, à cause de vos péchés, désespériez de la vie, qui
ajoutiez à vos péchés, qui alourdissiez votre vie, puisque, si vous vous
convertissez au Seigneur du fond de votre coeur (Jr 24, 7 ; Jl, 2, 12), si vous
pratiquez la justice (Ps 14, 2 ; Ac 10, 35 ; He 11, 3) le reste des jours de
votre vie, si vous le servez convenablement selon sa volonté, il vous guérira
de vos péchés passés et vous donnera le pouvoir de triompher des oeuvres du
diable. La menace du diable, ne la craignez pas du tout : il est sans force,
comme les nerfs d'un mort. 3. Écoutez-moi donc et craignez celui qui peut tout,
sauver et perdre (Jc 4, 12 ; Mt 10, 28 ; Lc 6,9 ; etc.), et observez ses
commandements et vous vivrez pour Dieu. " 4. Je lui dis : " Seigneur,
je suis maintenant affermi dans tous les commandements de Dieu, parce que vous
êtes avec moi. Et je sais que vous abattrez toute la puissance du diable et
nous, nous le dominerons et nous l'emporterons sur toutes ses oeuvres. Et
j'espère que, le Seigneur me donnant la force, je pourrai garder les préceptes
que vous m'avez ordonnés. 5. - Tu les garderas, dit-il, si ton coeur purifié se
tourne vers le Seigneur, et tous les garderont qui se purifieront le coeur des
vains désirs de ce monde, et ils vivront pour Dieu. "
Similitudes qu'il m'exposa :
Similitude I
1. Il me dit : " Vous savez que vous habitez sur une
terre étrangère, vous les serviteurs de Dieu. En effet, votre cité est loin de
celle-ci. Si donc vous connaissez, dit-il, votre cité, celle que vous devez
habiter un jour, pourquoi vous procurer ainsi des champs, des installations
coûteuses, des édifices, des demeures inutiles ? 2. Celui qui se procure ces
choses dans cette cité ne s'attend donc pas à retourner dans sa propre cité. 3.
Insensé, inconstant, malheureux ! Ne comprends-tu pas que tout cela est
étranger et au pouvoir d'un autre ? Car le maître de cette cité dira : "
je ne veux pas que tu habites dans ma cité ; va-t'en de cette cité, puisque tu
n'obéis pas à mes lois. " 4. Toi donc, qui possèdes des champs, des
maisons et beaucoup d'autres biens, expulsé par lui, que feras-tu de ton champ,
de ta demeure et de tout le reste que tu t'étais préparé? Car le maître de ce
pays te parle justement : " Ou bien obéis à mes lois, ou bien sors de mon
pays. " 5. Que feras-tu donc, toi qui suis la loi de ta propre cité ? A
cause de tes champs et du reste de tes biens, renieras-tu tout à fait ta loi et
marcheras-tu selon la loi de cette cité-ci ? Prends garde qu'il ne soit
dangereux de renier ta loi, car si tu veux retourner dans ta cité, crains qu'on
ne t'y accueille plus, pour avoir renié la loi de ta cité, et que tu en sois
exclu. 6. Veilles-y donc : puisque tu habites sur une terre étrangère, ne te
réserve rien de plus que le strict nécessaire et sois prêt : ainsi, lorsqu'il
plaira au maître de cette cité de t'expulser pour opposition à ses lois, tu
sortiras de sa cité, tu rejoindras la tienne et tu vivras selon ta loi, sans
dommage, dans la joie. 7. Veillez-y donc, vous qui servez le Seigneur et l'avez
dans votre coeur ; faites les oeuvres de Dieu, vous souvenant de ses
commandements (Ps 103, 18) et des promesses qu'il a faites, ayez confiance
qu'il les tiendra si ses commandements sont observés. 8. Au lieu de champs,
rachetez donc des âmes éprouvées, dans la mesure de vos moyens, et visitez les
veuves et les orphelins (Jc 1, 27), ne les méprisez pas : votre richesse et
toutes vos installations, dépensez-les à des champs et des demeures de ce
genre, puisque vous les avez reçues de Dieu. 9. Car le maître vous a enrichis
pour que vous lui rendiez ces services. Il vaut beaucoup mieux acheter des
champs, des biens, des maisons de ce genre : tu les retrouveras dans ta cité
quand tu y retourneras. 10. Cette richesse-là est noble et sainte, elle
n'entraîne ni chagrin, ni crainte, mais de la joie. Ne recherchez pas les
richesses des païens, c'est dangereux pour vous, les serviteurs de Dieu. 11.
Ayez vos richesses propres, qui puissent vous réjouir. Ne faites pas de fraude,
ne touchez pas au bien d'autrui, ne le désirez pas. Il est mal de désirer les
biens d'autrui. Accomplis ta tâche et tu seras sauvé. "
1. Je marchais vers mon champ et remarquant un ormeau et une
vigne, je réfléchissais à ces arbres et à leurs fruits : m'apparaît le Pasteur,
qui me dit : " Que penses-tu en toi-même de l'ormeau et de la vigne ? - je
pense, Seigneur, dis-je, qu'ils se conviennent parfaitement l'un à l'autre. 2.
- Ces deux arbres, dit-il, sont mis là comme modèle pour les serviteurs de
Dieu. - je voudrais savoir, dis-je, le modèle que peuvent offrir les arbres
dont tu parles. Tu vois, dit-il, l'ormeau et la vigne ? - Oui, dis-je,
Seigneur. 3. - La vigne, elle, dit-il, porte des fruits, mais l'ormeau est un
arbre stérile. Mais si elle ne grimpe pas sur l'ormeau, cette vigne, rabattue à
terre, ne peut porter beaucoup de fruits et ceux qu'elle porte sont pourris, si
elle n'est pas suspendue à l'ormeau. Donc, quand la vigne est attachée à
l'ormeau, elle porte des fruits de par elle-même et de par l'ormeau. 4. Tu vois
donc que l'ormeau aussi donne beaucoup de fruits, pas moins que la vigne, et
même Plus. - Comment plus, Seigneur ? dis-je. - Parce que, dit-il, la vigne
suspendue à l'ormeau donne beaucoup de beaux fruits et que, rabattue à terre,
elle n'en porte que de pourris et fort peu. Cette parabole vaut pour les
serviteurs de Dieu, le pauvre et le riche. 5. - Comment, dis-je, Seigneur ?
Apprends-le-moi. - Écoute, dit-il. Le riche a beaucoup de biens, mais à l'égard
du Seigneur, il est pauvre, parce que distrait par ses richesses ; la prière et
la confession au Seigneur ont pour lui trop peu d'importance et s'il les fait,
elles sont brèves, faibles et sans aucun pouvoir. Mais si le riche s'attache au
pauvre et qu'il subvienne à ses besoins avec la confiance que le bien qu'il
fait au pauvre pourra trouver son salaire auprès de Dieu (car le pauvre est
riche par la prière et la confession, et sa prière a un grand pouvoir auprès de
Dieu), alors le riche subvient sans hésitation à tous les besoins du pauvre. 6.
Et le pauvre secouru par le riche prie pour ce dernier et rend grâces à Dieu
pour son bienfaiteur : et celui-ci redouble de zèle pour le pauvre, pour qu'il
ne manque de rien dans sa vie, car il sait que la prière du pauvre est bien
accueillie et riche auprès de Dieu. 7. Ainsi, tous les deux accomplissent leur
tâche : le pauvre le fait par la prière - c'est sa richesse et il l'a reçue du
Seigneur, il la rend au Seigneur à l'intention de celui qui l'aide. Et le riche
de même, la richesse qu'il avait reçue du Seigneur, sans hésitation il la donne
au pauvre. C'est là une oeuvre grande et bien accueillie de Dieu : car le riche
a bien compris le sens de sa richesse et il a fait part au pauvre des dons du
Seigneur et s'est acquitté convenablement de sa tâche. 8. Pour les hommes,
l'ormeau paraît ne pas porter de fruit ; ils ne savent ni ne comprennent que
s'il survient une sécheresse, l'ormeau, qui a de l'eau, nourrit la vigne et
celle-ci, continuellement pourvue d'eau, donne le double de fruits, pour
elle-même et pour l'ormeau. De même les pauvres, en priant le Seigneur pour les
riches, assurent un plein développement aux richesses de ces derniers, et à
leur tour, les riches, en subvenant aux besoins des pauvres, donnent pleine
satisfaction à leur âme. 9. Tous deux participent donc à l'oeuvre juste : celui
qui agit ainsi ne sera pas abandonné de Dieu, mais sera inscrit sur les livres
des vivants. 10. Heureux ceux qui possèdent et qui comprennent que c'est du
Seigneur qu'ils tiennent leurs richesses, car celui qui le comprend pourra
aussi rendre de bons services. "
1. Il me montra beaucoup d'arbres sans feuilles, qui me
parurent comme morts. Ils étaient tous semblables. Il me dit : " Vois-tu
ces arbres ? - je les vois, Seigneur, dis-je, semblables et morts. " Il me
répond en ces termes : " Ces arbres que tu vois, ce sont les habitants de
ce monde. 2. - Et pourquoi donc, Seigneur, dis-je, sont-ils morts et semblables
? - Parce que, dit-il, ni les justes ni les pécheurs ne se distinguent dans ce
monde, mais sont semblables. Car ce monde pour les justes est un hiver et les
justes ne se remarquent pas, puisqu'ils l'habitent avec les pécheurs. 3. En
hiver, les arbres, dépouillés de leurs feuilles, sont semblables et on ne peut
distinguer lesquels sont morts ou vivants : de même, dans ce monde, ne se
distinguent ni les justes, ni les pécheurs ; ils sont tous semblables. "
Il me montre de nouveau beaucoup d'arbres, les uns
verdoyants, les autres secs. Et il me dit : " Vois-tu ces arbres ? - je
vois, dis-je, Seigneur, que les uns sont verdoyants, les autres, secs. 2. - Ces
arbres verdoyants, dit-il, ce sont les justes qui habiteront dans le monde qui
arrive. Car le monde qui arrive est un été pour les justes et un hiver pour les
pécheurs. Quand donc brillera la miséricorde du Seigneur, les serviteurs de
Dieu pourront être distingués et ils seront visibles pour tous. 3. En été, les
fruits de chaque arbre sont bien visibles et on peut savoir de quelle espèce
ils sont : de même, dans ce monde-là, les fruits des justes seront bien
visibles et on connaîtra qu'ils sont tous vigoureux. 4. Mais les gentils et les
pécheurs - les arbres secs que tu as vus - seront trouvés tels : secs et
stériles dans ce monde-là et comme du bois mort ils seront brûlés, il sera
clair que leur conduite, au cours de leur vie, fut mauvaise. Car les pécheurs
seront brûlés parce qu'ils ont péché et ne se sont pas repentis, et les gentils
seront brûlés parce qu'ils n'ont pas connu leur Créateur. 5. Toi donc, porte
des fruits en toi-même, afin qu'en cet été-là ton fruit soit connu. Évite les
occupations multiples et ne commets plus aucun péché. Ceux qui ont beaucoup
d'occupations commettent aussi beaucoup de péchés : ils sont absorbés par leurs
affaires et ils ne servent plus en rien le Seigneur. 6. Comment donc, dit-il,
un tel homme pourrait-il demander quelque chose au Seigneur et être exaucé,
s'il ne sert pas le Seigneur ? Ceux qui le servent recevront ce qu'ils
demandent, mais ceux qui ne le servent pas ne recevront rien du tout. 7. Celui
qui n'a qu'une occupation peut aussi servir le Seigneur ; il n'est pas à
craindre que son esprit se corrompe loin du Seigneur, mais il le servira avec
une pensée pure. Si tu agis ainsi, tu pourras porter des fruits dans le monde
qui arrive et quiconque agira ainsi portera des fruits. "
1. Je jeûnais assis sur une montagne et je rendais grâces à
Dieu de tout ce qu'il avait fait pour moi. Soudain j'aperçois le Pasteur
assis près de moi qui me dit ceci : - Pourquoi es-tu venu ici de si grand matin
? - C'est que, Seigneur, je monte la garde. 2. - Qu'est-ce que cette garde ?
dit-il. - Je jeûne, Seigneur, dis-je. - Et quel est, reprend-il, le jeûne que
vous observez ? - Je jeûne comme d'habitude, Seigneur, dis-je. 3. - Vous ne
savez pas, dit-il, jeûner pour le Seigneur, et ce n'en est pas un, ce jeûne
sans valeur que vous observez. - Pourquoi dites-vous cela, Seigneur ? dis-je. -
Je dis, reprend-il, que ce jeûne que vous vous imaginez observer n'en est pas
un ; mais je vais t'enseigner quel est le jeûne agréable parfait aux yeux du
Seigneur. - Oui, dis-je, Seigneur, vous me rendrez heureux si je puis connaître
le jeûne agréable à Dieu. - Écoute, dit-il. 4. Dieu ne veut pas de ce jeûne
vain. Car en jeûnant de cette façon pour Dieu, tu ne fais rien pour la justice.
Jeûne pour Dieu de la façon suivante. 5. Ne fais rien de mal dans ta vie et
sers le Seigneur avec un coeur pur ; observe ses commandements (Mt 19, 17) en
marchant selon ses préceptes et qu'aucun mauvais désir ne monte à ton coeur.
Aie confiance en Dieu ; je crois que, si tu agis ainsi en le craignant et en
t'abstenant de toute mauvaise action, tu vivras pour Dieu. Et si tu agis ainsi,
tu mèneras à bien un jeûne important et agréable à Dieu.
" 1. Écoute cette parabole que je vais t'exposer,
relative au jeûne. 2. Quelqu'un avait une terre et beaucoup d'esclaves. Dans
une partie de sa terre, il planta une vigne, il choisit un serviteur très
fidèle qui lui plaisait et sur le point de partir à l'étranger, il l'appela et
lui dit : " Charge. toi de cette vigne que j'ai plantée, entoure-la d'une
clôture pendant mon absence, mais n'y fais rien autre. Observe cet ordre et tu
seras libre chez moi. " Le maître de l'esclave partit pour l'étranger. 3.
Après ce départ, l'esclave s'occupa et entoura la vigne d'une clôture ; mais la
clôture achevée, il s'aperçut que la vigne était pleine d'herbes. 4. Il réfléchit
et se dit en lui-même : " J'ai exécuté l'ordre du maître ; maintenant, je
vais bêcher la vigne et elle sera meilleure, une fois bêchée ; débarrassée des
herbes, elle donnera plus de fruits, puisqu'elle ne sera plus étouffée. Décidé,
il bêcha la vigne et arracha toutes les herbes qui s'y trouvaient. Et la vigne
devint très belle et florissante, sans les herbes qui l'étouffaient. 5. Après
un certain temps revint le naître de l'esclave et de la terre ; il alla à son
vignoble, il le vit clôturé convenablement et en plus, bêché et débarrassé de
toutes les herbes, et les vignes florissantes : il se réjouit fort des travaux
de l'esclave. 6. Il appela donc son fils bien-aimé, son héritier, et ses amis
qui étaient ses conseillers. Il leur dit ce qu'il avait ordonné à l'esclave et
tout ce qu'il avait trouvé réalisé. Et ceux-là se réjouirent avec l'esclave du
témoignage que le maître lui rendait. 7. Et le maître leur dit : " J'ai
promis la liberté à cet esclave s'il exécutait l'ordre que je lui avais donné.
Il l'a exécuté et en plus, il a bien travaillé la vigne et par là il m'a plu
singulièrement. Aussi, en récompense de ce travail qu'il a fourni, je veux le
faire cohéritier de mon fils, parce qu'il a eu une bonne idée et que, loin de
l'écarter, il l'a réalisée. " 8. Le fils du maître approuva cette
intention de désigner l'esclave comme son cohéritier. 9. Quelques jours plus
tard, le maître faisait un banquet et il envoya du banquet beaucoup de mets à
cet esclave. Celui-ci accepta les mets que le maître lui envoyait, il en retint
suffisamment pour lui et distribua le reste à ses compagnons d'esclavage. 10.
Ceux-ci le reçurent, se réjouirent et se mirent à prier pour lui afin que, de
les avoir ainsi traités, il fût encore plus en faveur auprès du maître. 11.
Celui-ci entendit parler de tout ce qui s'était passé et de nouveau, il se
réjouit fort de la conduite de l'esclave. Il appela de nouveau ses amis et son
fils et leur rapporta le geste qu'il avait fait à propos des mets reçus. Et
eux, furent encore plus d'avis qu'il devînt cohéritier du fils du maître.
"
1. Je lui dis : " Moi, Seigneur, je ne comprends pas
ces paraboles et je ne puis en avoir idée si vous ne me les expliquez pas. 2. -
Je t'expliquerai tout, dit-il, et tout ce que je te dirai, je te l'éclaircirai.
3. Garde les commandements du Seigneur (Qo 12, 13 ; Mt 19, 17) et tu plairas à
Dieu et tu seras inscrit au nombre de ceux qui gardent ses commandements. Mais
si tu fais du bien en dehors du commandement de Dieu, tu t'acquerras une gloire
plus grande et tu seras plus estimé aux yeux de Dieu que tu ne l'aurais été. Si
donc, tout en gardant les commandements de Dieu, tu y ajoutes ces bonnes
oeuvres, tu te réjouiras, à condition de les faire selon mes indications.
" 4. Je lui dis : " Seigneur, tout ce que vous m'indiquerez, je
l'observerai. Car je sais que vous êtes avec moi. - Je serai, dit-il, avec toi,
puisque tu as un tel désir de faire le bien, et je serai avec tous ceux,
dit-il, qui ont le même désir. 5. Ton jeûne, dit-il, si les commandements du
Seigneur sont observés, sera fort beau. Voilà donc comment tu observeras le
jeûne que tu veux pratiquer. 6. Tout d'abord, garde-toi de toute parole
mauvaise et de tout désir mauvais et purifie ton coeur de toutes les vanités de
ce siècle. Si tu observes cela, ton jeûne sera parfait. 7. Et voici comment tu
feras. Après avoir accompli ce que tu as écrit auparavant, le jour que tu
jeûneras, tu ne prendras rien, sauf du pain et de l'eau et tu calculeras le
prix des aliments que tu aurais pu manger ce jour-là et tu le mettras de côté
pour le donner à une veuve, à un orphelin, ou à un indigent et ainsi tu te
feras humble pour que grâce à cette humilité, celui qui a reçu l'aumône rassasie son âme et prie le Seigneur pour toi. 8. Si donc tu accomplis le jeûne
comme je te le prescris, ton sacrifice sera bien reçu (Qo 35, 9 ; Ph 4, 18 ;
cf. Is 56, 7 ; Mt 5, 24 ; 1 P 2, 5) de Dieu et ton jeûne sera inscrit et
l'oeuvre ainsi accomplie sera belle, joyeuse, bien accueillie par le Seigneur.
9. Voilà ce que tu observeras avec tes enfants et toute ta maison. Et par là tu
seras heureux et tous ceux qui, après avoir entendu ces préceptes, les
observeront, seront heureux et tout ce qu'ils demanderont au Seigneur, ils
l'obtiendront. "
1. Je lui demandai instamment de m'expliquer le sens
symbolique du champ, du maître, de la vigne, de l'esclave qui avait clôturé la
vigne, des pieux et des herbes arrachées de la vigne, du fils et des amis
conseillers. Car j'avais compris que tout cela était une parabole. 2. Il me dit
en réponse : " Tu es bien hardi avec tes questions ! Tu ne dois pas du
tout poser de questions, dit-il, car si quelque chose doit t'être montré, il te
le sera. " Je lui dis : " Seigneur, tout ce que vous me montrerez
sans l'expliquer, c'est en vain que je l'aurai vu et je n'en saisirai pas le
sens. De même, si vous me dites des paraboles sans me les expliquer, c'est en
vain que aurai entendu quelque chose de vous. " 3. De nouveau il me
répondit en ces termes : " Tout serviteur de Dieu qui a le Seigneur dans
son coeur peut lui demander la compréhension et il l'obtient (Jc 1, 5, 6 ; 1 R
3, 11) ; et il peut alors s'expliquer n'importe quelle parabole et grâce au
Seigneur tout ce qui est dit en paraboles lui devient compréhensible. Mais ceux
qui sont nonchalants et paresseux pour la prière hésitent à demander au
Seigneur. 4. Le Seigneur est miséricordieux et il exauce tous ceux qui le
prient sans hésitation. Quant à toi qui as été raffermi par l'ange glorieux,
qui as reçu de lui une telle prière et qui n'es pas paresseux, pourquoi ne
demandes-tu pas au Seigneur - et ne reçois-tu pas de lui - la compréhension ?
" 5. Je lui dis : " Seigneur, puisque je vous ai près de moi, c'est
vous nécessairement que je dois prier et questionner. Car vous me montrez tout et
vous me parlez. Si je voyais ou entendais cela sans vous, c'est au Seigneur que
je demanderais de m'expliquer. "
1. " Je t'ai déjà dit, reprit-il, et il n'y a pas
longtemps, que tu es rusé et hardi pour demander l'explication des paraboles.
Mais puisque tu es si persévérant, je t'expliquerai le sens symbolique du champ
et de tout ce qui s'y rapporte, pour que tu puisses l'expliquer à tous. Entre
donc, dit-il, et comprends 2. Le champ, c'est ce monde-ci (Mt 13, 38) et le
maître du champ, c'est celui qui a créé toutes choses (Ep 3, 9 ; Ap 3, 11 ; He
3, 4 ; Qo 18, 1), qui les a organisées et qui leur a donné la force (Ps 68,
29). Le fils, c'est le Saint-Esprit et l'esclave, c'est le Fils de Dieu ; les
vignes, c'est ce peuple qu'il a lui-même planté. 3. Les pieux, ce sont les
saints anges du Seigneur qui retiennent son peuple. Les herbes arrachées à la
vigne sont les iniquités des serviteurs de Dieu ; les mets que du festin il a
envoyé à l'esclave sont les commandements qu'il a donnés à son peuple par
l'intermédiaire de son fils. Les amis et conseillers sont les saints anges
créés les premiers. Le voyage du maître, c'est le temps qui reste jusqu'à la
parousie de Dieu. " 4. Je lui dis : " Seigneur, tout cela est grand,
admirable et glorieux. Est-ce que j'aurais pu, Seigneur, dis-je, comprendre
cela par moi-même ? Aucun autre homme non plus, même très intelligent, ne
pourrait le comprendre. Expliquez-moi encore, Seigneur, ce que je vais vous
demander. 5. - Parle, dit-il, si tu désires une explication. - Pourquoi, Seigneur,
dis-je, le Fils de Dieu apparaît-il dans la parabole sous la forme d'un esclave
"
1. " Écoute, dit-il, le Fils de Dieu n'apparaît pas
sous la forme d'un esclave, mais avec grande puissance et souveraineté. -
Comment, Seigneur, dis-je, je ne comprends pas. 2. - Puisque, dit-il, Dieu a
planté le vignoble, c'est-à-dire qu'il a créé son peuple et l'a confié à son
Fils. Et son Fils a constitué les anges gardiens des hommes de ce peuple. Et
lui-même a purifié leurs péchés au prix d'un grand labeur et en supportant de
grandes peines, car personne ne peut bêcher une vigne sans peine et sans fatigue.
3. Lui donc, après avoir purifié les péchés de son peuple, il leur a montré les
sentiers de la vie (Ps 15, 11 ; Pr 16, 17) en leur donnant la loi qu'il avait
reçue de son Père (Jn 10, 18 ; 12, 49 ; 14, 31 ; 15, 10). Tu vois, dit-il qu'il
est le Seigneur de son peuple, puisqu'il a reçu plein pouvoir de son Père (Mt
28, 18 ; Ep 1, 20-23). 4. Quant au fait que le maître a pris son fils comme
conseiller et les anges glorieux, au sujet de l'héritage à accorder à
l'esclave, écoute. 5. L'Esprit-Saint préexistant, qui a créé toutes choses,
Dieu l'a fait habiter dans la chair qu'il avait choisie. Cette chair donc, dans
laquelle l'Esprit-Saint prit demeure, servit fort bien l'Esprit, en marchant
dans la voie de la sainteté et de la pureté, sans souiller l'Esprit en aucune
façon. 6. Elle s'était conduite dignement, saintement ; elle avait pris sa part
des labeurs de l'Esprit et avait collaboré avec lui en toute chose ; elle avait
vécu de fermeté et de courage : c'est pourquoi Dieu la choisit comme associée
de l'Esprit-Saint. Car la tenue de cette chair avait plu à Dieu : elle ne
s'était pas souillée sur terre pendant que s'y tenait l'Esprit-Saint. 7. Il prit
donc comme conseiller son Fils et les anges glorieux pour que cette chair qui
avait servi l'Esprit-Saint sans reproche, obtînt un lieu de repos et ne parût
pas perdre le salaire de ses services. Car toute chair recevra sa rémunération,
qui sera trouvée intacte et sans tache et où l'Esprit-Saint aura pris demeure.
8. Tu as ainsi l'explication de cette parabole. "
1. " J'ai eu grand plaisir, Seigneur, dis-je, à
entendre l'explication. - Écoute maintenant, dit-il : garde ta chair pure et
intacte, pour que l'esprit qui est venu habiter en elle porte témoignage en sa
faveur et quelle soit justifiée. 2. Veille à ce que ne monte jamais à ton coeur
l'idée que ta chair est périssable et veille à ne pas en abuser par quelque
souillure. Si tu souilles ta chair, tu souilleras aussi l'Esprit-Saint ; si
donc tu souilles ta chair, tu ne vivras pas. 3. - Seigneur, dis-je, s'il y eut
ignorance avant qu'on entende ces paroles, comment sera sauvé l'homme qui a
souillé sa chair ? - Au sujet des ignorances antérieures, dit-il, Dieu seul
peut donner la guérison, car il a tout pouvoir. 4. Mais désormais veille sur
toi-même et le Seigneur, dans sa grande miséricorde, les guérira, si désormais
tu ne souilles pas ta chair ni l'esprit. Car les deux vont ensemble et ils ne
peuvent être souillés séparément. Garde-les donc purs tous les deux et tu
vivras pour Dieu. "
1. Assis dans ma maison, je glorifiais le Seigneur pour tout
ce que j'avais vu et à propos des préceptes, je découvrais qu'ils sont beaux,
forts, joyeux, glorieux et capables de sauver l'âme de l'homme (Jc 1, 21) et je
me disais : " je serai heureux si je marche selon ces préceptes et
quiconque marchera dans cette voie sera heureux " (Ps 1, 1-2 ; 119, 1). 2.
Pendant que je me dis cela, je le vois assis tout à coup à côté de moi et me
disant ceci : " Pourquoi cette hésitations à propos des préceptes que je
t'ai donnés ? Ils sont beaux. N'hésite en rien ; au contraire, revêts-toi de la
foi du Seigneur et tu marcheras dans leur voie. Car moi, je t'affermirai en
eux. 3. Ces préceptes sont utiles à ceux qui font repentance, car s'ils ne
marchent pas dans cette voie, leur repentance sera inutile. 4. Vous donc qui
faites repentance, rejetez les vices de ce monde qui vous anéantissent. Revêtus
de toute la vertu de justice, vous pourrez observer ces préceptes ; mais
n'ajoutez plus rien à vos péchés. Et si vous n'y ajoutez rien, vous ferez
tomber beaucoup de vos péchés antérieurs. Marchez donc selon ces préceptes et
vous vivrez pour Dieu. Tout cela, c'est moi qui vous l'ai dit. " 5. Après
qu'il m'eut dit cela, il reprend : " Allons dans les champs, et je vous
montrerai les pasteurs des brebis. - Allons-y, dis-je, Seigneur. " Nous
allâmes dans une plaine et là, il me montre un berger tout jeune, complètement
vêtu de jaune. 6. Il paissait de très nombreuses brebis et ces brebis vivaient
comme dans les voluptés et les délices ; elles étaient joyeuses et bondissaient
çà et là ; et le berger lui-même était fort content de son troupeau ; sa
physionomie était toute joyeuse et il allait et venait parmi ses brebis. Je vis
aussi d'autres brebis ensemble dans les délices et les voluptés ; toutefois,
elles ne bondissaient pas.
1. Il me dit : " Vois-tu ce berger ? - Je vois,
Seigneur, dis-je. - C'est, dit-il, l'ange de volupté et d'erreur. Il anéantit
les âmes des serviteurs de Dieu, de ceux qui sont vains - en les détournant de
la vérité, en les trompant par des désirs mauvais, dans lesquels ils meurent.
2. Car il oublient les préceptes du Dieu vivant et marchent dans les erreurs et
les voluptés vaines et ils vont à leur perte de par cet ange : pour les uns,
c'est la mort, pour les autres, seulement la corruption. " 3. Je lui dis
: " Seigneur, je ne sais ce qu'est cette mort et cette corruption. -
Écoute, dit-il. Toutes les brebis que tu as vues fort joyeuses et bondissantes,
ce sont ceux qui se sont définitivement écartés de Dieu et qui se sont livrés
aux passions de ce monde. Pour eux, il n'y a pas de repentance qui donne la
vie, car ils ont blasphémé le nom du Seigneur ; pour eux, c'est donc la mort.
4. Celles que tu as vues paître dans le même lieu sans bondir, ce sont ceux qui
se sont livrés aux voluptés et aux erreurs, mais sans aucun blasphème contre le
Seigneur. Ils sont donc seulement corrompus loin de la vérité ; pour eux
existe un espoir de repentance par quoi ils pourraient vivre. La corruption
comporte donc un certain espoir de restauration, alors que la mort comporte la
perdition éternelle. " 5. Nous avançâmes un peu et il me montra un berger
de grande taille, sauvage d'aspect, entouré d'une peau de chèvre blanche, une
besace sur l'épaule avec dans la main un très solide bâton à noeuds et un long
fouet. Il avait le regard si sévère qu'il faisait peur : tel était son regard !
6. Ce berger recevait du tout jeune berger les brebis qui paissaient dans les
délices et les voluptés, mais sans bondir, et il les poussait dans un lieu
escarpé plein de chardons et d'épines, si bien qu'elles ne pouvaient s'en
dégager : au contraire, elles s'y empêtraient. 7. Là, embarrassées, elles
paissaient les chardons et les épines et elles souffraient beaucoup des
écorchures que l'ange leur faisait. Il les chassait de-ci de-là sans leur
donner aucun répit : bref, ces brebis n'étaient jamais tranquilles.
1. De les voir ainsi fouettées et malmenées, je me faisais
du chagrin pour elles, tant elles étaient tourmentées sans aucun répit. 2. Je
dis au Pasteur qui causait avec moi : " Seigneur, quel est ce berger si
cruel, si sévère, qui n'a absolument pas pitié de ces brebis ? - C'est, dit-il,
l'ange du châtiment, l'un des anges justes, mais préposé au châtiment. 3. Il
reçoit donc ceux qui errent loin de Dieu et qui ont suivi la voie des passions
et des erreurs de ce monde ; il leur inflige suivant ce que chacun mérite, des
châtiments terribles et variés. 4. - Je voudrais, Seigneur, dis-je, connaître
la nature de ces châtiments variés. Écoute, dit-il, les diverses épreuves et
châtiments : ce sont ceux de la vie ; car ils sont châtiés, les uns par des
dommages, d'autres par l'indigence, d'autres par des maladies diverses,
d'autres par une insécurité totale ; d'autres sont outragés par des gens
indignes et subissent bien d'autres tourments. 5. Beaucoup de gens, en effet,
sans suite dans leurs intentions, entreprennent mille choses sans que rien leur
réussisse et ils disent que leurs affaires ne marchent pas bien et l'idée
qu'ils ont commis des turpitudes ne leur monte pas au coeur ; au contraire, ils
accusent le Seigneur. 6. Quand donc ils sont accablés par toutes ces épreuves,
alors ils me sont livrés en vue d'une bonne formation et ils s'affermissent
dans la foi du Seigneur (Ps 51, 10) et le restant de leurs jours, ils le
servent avec un coeur pur. Lorsque donc ils font repentance, alors les
turpitudes qu'ils ont commises leur remontent au coeur, alors ils glorifient le
Seigneur de ce qu'il est un juge équitable (Ps 7, 12 ; 2 M 12, 5 ; 2 Tm 4, 8)
et que chacun a souffert justement selon ses actes (cf. Mt 16, 27 ; Ap 2, 23 ;
Ps 62, 13 ; etc.). Désormais, ils servent le Seigneur d'un coeur pur et toutes
leurs affaires marchent bien, car ils reçoivent du Seigneur tout ce qu'ils
demandent (Mt 21, 22 ; 1 Jn 3, 22). Et alors ils glorifient le Seigneur de
m'avoir été livrés et ils ne subissent plus aucun mal. "
1. Je lui dis : " Seigneur, expliquez-moi encore ceci.
Que recherches-tu encore ? dit-il. - Est-ce que les efféminés et les égarés,
Seigneur, dis-je, sont torturés pendant un temps égal à celui qu'ils ont passé
dans les voluptés et les égarements ? " Il me répond : " Ils sont
torturés pendant un temps égal. 2. - Leurs tortures sont brèves, Seigneur,
dis-je. Il faudrait en effet que des gens qui vivent ainsi dans les voluptés et
oublient Dieu soient torturés sept fois plus longtemps. " 3. Il me dit :
" Insensé : Tu ne saisis pas la force de la torture. - Si je saisissais,
Seigneur, dis-je, je ne demanderais pas que vous me réexpliquiez. - Écoute,
dit-il, voici leur force respective. 4. La volupté et l'erreur durent une
heure, mais une heure de torture vaut trente jours" 4. Si donc on passe un
jour dans les délices et l'erreur, et un jour dans les tortures, ce jour de
torture équivaut à une année entière. Autant de jours on passe dans les
voluptés, autant d'années on passe dans les tortures. Tu vois donc, dit-il, que
la durée de la volupté et de l'erreur est très réduite, mais que celle du
châtiment et de la torture est longue. "
1. " Je n'ai pas tout compris, Seigneur, dis-je, de la
durée de l'erreur, de la volupté et de la torture expliquez-le-moi plus
clairement. " Il me dit en réponse : 2. " Ta stupidité persiste et tu
ne veux pas purifier ton coeur et servir Dieu. Veille, dit-il, à ce que les
temps ne s'accomplissent et que tu ne sois trouvé insensé. Écoute, dit-il, pour
comprendre ce que tu souhaites. 3. Celui qui vit un jour dans les voluptés et
l'erreur et n'en fait qu'à sa tête, se revêt d'une grande démence et ne se rend
pas compte de ce qu'il fait : le lendemain, il oublie ce qu'il a fait la
veille. La volupté et l'erreur n'ont pas de mémoire à cause de la démence dont
elles sont revêtues. Mais quand le châtiment et les supplices s'attachent à un
homme, ne serait-ce qu'un jour, c'est pendant toute une année que cet homme est
châtié et supplicié, car le châtiment et le supplice ont la mémoire longue. 4.
Ainsi éprouvé et châtié pendant tout un an, il se souvient alors des voluptés
et de l'erreur et reconnaît que c'est à cause d'elles qu'il subit ces maux Tout
homme vivant dans la volupté et l'erreur est ainsi éprouvé parce que possédant
la vie il s'était livré à la mort 5. Quelles sont, Seigneur, dis-je, les
voluptés nuisibles ? Tout ce que l'homme fait avec plaisir, dit-il, est
volupté. Ainsi le colérique, qui agit selon sa passion, s'adonne à la volupté,
de même l'adultère, l'ivrogne, le médisant, le menteur, l'ambitieux, le
spoliateur, et quiconque faisant de même agit selon sa maladie, s'adonne par
cet acte à la volupté. 6. Toutes ces voluptés sont mauvaises pour les
serviteurs de Dieu. C'est donc à cause de ces erreurs que souffrent ceux qui
sont châtiés et éprouvés. 7. Mais il y a aussi des voluptés qui sauvent les
hommes, car beaucoup de gens éprouvent une volupté à faire le bien : c'est leur
propre plaisir qui les y pousse. Cette volupté-là est utile aux serviteurs de
Dieu et procure la vie à un tel homme. Les voluptés nuisibles dont nous avons
parlé ne lui attirent qu'épreuves et châtiments ; et s'ils s'obstinent sans se
repentir, ils s'attirent la mort. "
1. Peu de jours après, je le vis dans la même plaine où
j'avais vu aussi les bergers et il me dit : " Que cherches-tu encore ? -
Me voici, Seigneur, dis-je, pour vous demander de faire sortir de chez moi le
pasteur justicier, car il m'impose trop de tribulations. - Il faut, dit-il, que
tu aies des tribulations ; c'est ainsi qu'en a décidé l'ange glorieux à ton
égard : il veut que tu sois éprouvé. - Qu'ai-je donc fait, Seigneur, dis-je, de
si pervers pour être livré à cet ange ? 2. - Écoute, dit-il, tes péchés sont
nombreux, mais pas assez graves pour que tu sois livré à cet ange. En revanche,
ta maison a commis de grands péchés, de grandes iniquités et l'ange glorieux
s'est irrité des forfaits de tes gens et c'est pourquoi il a ordonné que tu
aies des tribulations pendant quelque temps, pour que ceux-là aussi se
repentent et se purifient de toute passion de ce monde. Quand ils se seront
repentis et purifiés, alors l'ange du châtiment s'éloignera de toi. " 3.
Je lui dis : " Seigneur, si eux ont commis de quoi irriter l'ange
glorieux, moi, qu'ai-je fait ? - Ils ne peuvent, dit-il, avoir des tribulations
autrement que si tu en as, toi, la tête de la maison. Car si tu en as,
nécessairement ils en auront aussi ; mais si tu connais la prospérité, aucune
tribulation ne peut les atteindre. 4. - Mais voyez, Seigneur, dis-je, ils se
sont repentis du fond de leur coeur. - Tu te figures donc que les péchés de
ceux qui se repentent leur sont remis d'emblée ? Pas du tout. Il faut que celui
qui s'est repenti éprouve son âme, s'humilie grandement dans toute sa con, duite
et soit accablé de beaucoup de tribulations variées. Et s'il supporte les
tribulations qui lui arrivent, celui qui a tout créé et tout affermi (Ep 3, 9 ;
Ps 68, 29) fera preuve d'une grande miséricorde et lui donnera la guérison,
5. et cela complètement, s'il voit le coeur du pénitent pur de toute action
mauvaise. Il est donc utile à toi et à ta maison d'avoir des tribulations. Mais
pourquoi tant parler ? Tu dois en avoir, comme l'a ordonné cet ange du Seigneur
qui t'a confié à moi. Et rends grâces au Seigneur de ce qu'il t'a jugé digne de
connaître d'avance ta tribulation : ainsi, la connaissant d'avance, tu la
supporteras vaillamment. " 6. Je lui dis : " Seigneur, soyez avec
moi, et je pourrai supporter toute tribulation. - Je serai, dit-il, avec toi,
et je demanderai à l'ange justicier de t'accabler sans trop d'acharnement. Mais
pendant peu de temps tu auras des tribulations et ensuite tu seras rétabli dans
ton rang. Seulement, continue à t'humilier et à servir le Seigneur Dieu du fond
d'un coeur pur, et tes enfants aussi, et ta maison, et marche dans la voie des
préceptes que je t'ai donnés ; ainsi, ta repentance pourra être ferme et pure.
7. Et si tu observes cela avec ta maison, toute tribulation s'éloignera de toi
; et la tribulation s'éloignera de tous ceux qui marcheront dans la voie de mes
préceptes. "
Il me montra un grand saule couvrant des plaines et des
montagnes, et à l'abri sous le saule étaient venus tous ceux qui sont appelés
selon le nom du Seigneur. 2. Se tenait debout sous le saule l'ange glorieux du
Seigneur, d'une taille énorme, avec une grande faucille et il coupait des
branches du saule et il les donnait à la foule abritée sous le saule. Il leur
remettait de petites branches d'environ une coudée. 3. Quand tout le monde eut
reçu sa branche, l'ange déposa sa faucille et cet arbre était malgré tout entier, comme je l'avais vu auparavant. 4. Je m'étonnais, me disant en
moi-même : " Comment se fait-il qu'avec tant de rameaux enlevés cet arbre
soit encore entier ? " Le Pasteur me dit - " Ne t'étonne pas de ce
que l'arbre, avec tant de rameaux enlevés, soit encore entier. Allons ! dit-il,
regarde bien tout et on t'expliquera ce que c'est. " 5. L'ange qui avait
remis les rameaux à la foule les redemanda ; ils étaient appelés dans l'ordre
selon lequel ils les avaient reçus et chacun lui rendait le rameau. L'ange du
Seigneur les reprenait et les examinait. 6. De certains, il recevait des
rameaux desséchés et mangés comme par des vers et l'ange disait à ceux qui
remettaient de tels rameaux de former un groupe séparé. 7. D'autres remettaient
des rameaux desséchés, mais non mangés par des vers et l'ange leur disait aussi
de former un groupe séparé. 8. D'autres les remettaient à moitié desséchés, et
eux aussi formaient un groupe séparé. 9. D'autres remettaient des rameaux à
moitié desséchés et fendillés, et eux aussi formaient un groupe séparé. 10.
D'autres remettaient leurs rameaux verts et fendillés, et eux aussi formaient un
groupe séparé. 11. D'autres remettaient des rameaux dont une moitié était sèche
et l'autre verte, et eux aussi formaient un groupe séparé. 12. D'autres
rapportaient leurs rameaux verts aux deux tiers et desséchés pour le reste, et
eux aussi formaient un groupe séparé. 13. D'autres remettaient leurs rameaux
secs aux deux tiers et verts pour le reste, et eux aussi formaient un groupe
séparé. 14. D'autres remettaient leurs rameaux presque complètement verts : un
tout petit bout était desséché, rien que la pointe, mais ils étaient fendillés
; et eux aussi formaient un groupe séparé. 15. Les rameaux de certains autres
n'avaient qu'un tout petit bout vert, tout le reste étant desséché ; et eux
aussi formaient un groupe séparé. 16. D'autres revenaient avec des rameaux
verts comme ils les avaient reçus de l'ange. La plus grande partie de la foule
remettait de tels rameaux et l'ange s'en réjouissait beaucoup ; et eux aussi
formaient un groupe séparé. 17. D'autres remettaient leurs rameaux verts avec
de nouvelles pousses, et eux aussi formaient un groupe séparé. 18. D'autres
remettaient leurs rameaux verts avec des pousses, mais ces dernières portaient
comme des fruits et les hommes que l'on trouvait porteurs de tels rameaux
étaient très joyeux et l'ange se réjouissait à leur propos et le Pasteur aussi
en était très joyeux avec lui.
1. L'ange du Seigneur ordonna qu'on apportât des couronnes,
et des couronnes furent apportées qui semblaient faites de palmes et il
couronna les hommes qui avaient remis les rameaux avec des pousses et des
fruits, et il les envoya dans la tour. 2. Et il envoya aussi dans la tour les
autres qui avaient remis des rameaux verts avec des pousses, mais sans fruits
sur ces dernières, et il les marquait d'un signe. 3. Tous ceux qui allaient
dans la tour avaient des vêtements blancs comme neige. 4. Et ceux qui avaient
remis leurs rameaux verts comme il les avaient reçus, il les envoyait aussi,
après leur avoir donné un vêtement blanc et un signe. 5. Après avoir terminé,
l'ange dit au Pasteur : " Moi, je m'en vais ; toi, fais entrer ceux-ci
dans les murs, où chacun mérite d'habiter. Examine avec soin leurs rameaux et
ne les fais entrer qu'ensuite ; fais cet examen sérieusement ; veille à ce
qu'aucun ne t'échappe et si quelqu'un t'échappe, dit-il, moi, je les
contrôlerai à l'autel. " Sur ces mots au Pasteur, il s'en alla. 6. Après
son départ, le Pasteur me dit : " Prenons les rameaux de tous les autres et plantons-les, pour voir si quelques-uns d'entre eux pourront vivre. Je lui dis : " Seigneur, ces rameaux secs, comment peuvent-ils vivre ?
" 7. Il me répond : "cet arbre est un saule, et il est vivace de naturel.
Si donc on plante ces rameaux et qu'ils reçoivent un peu de sève, beaucoup
d'entre eux vivront. Et puis, j'essaierai de leur donner de l'eau ; si l'un
d'entre eux peut vivre, je me réjouirai avec eux et s'il ne vit pas, je ne
serai pas convaincu de négligence. " 8. Le Pasteur me demanda de les
appeler comme ils étaient rangés ; ils vinrent groupe par groupe et remirent
leurs rameaux au Pasteur. Le Pasteur les reprenait et, dans l'ordre, il les
plantait et ensuite leur versait tant d'eau qu'on ne les voyait plus. 9. Après
les avoir arrosés, il me dit : " Allons-nous-en et revenons dans peu de
jours examiner ces rameaux, car celui qui a créé cet arbre souhaite que vivent
tous ceux qui reçoivent un rameau de lui. Et moi, j'espère que ces rameaux,
trouvant de l'humidité et gorgés d'eau, vivront pour la plupart. "
1. Je lui dis : " Seigneur, fais-moi savoir ce qu'est
cet arbre, car je ne m'explique pas qu'amputé de tant de branches, il soit
encore entier, sans qu'absolument rien en paraisse coupé. Voilà ce que je ne
m'explique pas. 2. - Écoute, dit-il. Ce grand arbre qui couvre des plaines, des
montagnes et toute la terre, c'est la loi de Dieu, donnée au monde entier, et
cette loi, c'est le Fils de Dieu annoncé jusqu'aux confins de la terre. Les
peuples qui se trouvent sous l'arbre, ce sont ceux qui ont entendu l'annonce et
qui ont cru en elle. 3. L'ange grand et glorieux, c'est Michaël qui détient le
pouvoir sur ce peuple et qui le gouverne. C'est lui qui donne la loi et la met
dans le coeur des croyants. Il examine donc si ceux à qui il a donné la loi
l'ont bien observée. Tu vois aussi beaucoup de rameaux devenus inutiles : tu
reconnaîtras en eux tous ceux qui n'ont pas observé la loi et tu verras la
demeure de chacun. " 5. Je lui dis : " Seigneur, pourquoi a-t-il
envoyé les uns dans la tour et vous a-t-il laissé les autres ? - Tous ceux,
dit-il, qui ont transgressé la loi qu'ils ont reçue de lui, il les a laissés en
mon pouvoir en vue de la repentance, et tous ceux qui se sont plus dans la loi
et l'ont observée, il les tient en son propre pouvoir. 6. - Quels sont donc,
Seigneur, dis-je, ceux qui ont été couronnés et qui se rendent dans la tour ?
" En réponse il me dit : " Ces hommes couronnés sont ceux qui ont
lutté avec le diable et qui l'ont vaincu : ils ont subi la mort pour la loi. 7.
Les autres qui ont remis leurs rameaux verts avec de nouvelles pousses, mais
sans fruits, ont été éprouvés pour la loi, mais ils n'en sont pas morts et
n'ont pas renié la loi non plus. 8. Ceux qui les ont remis verts comme ils les
avaient reçus, sont des saints, des justes qui ont marché loin avec un coeur
pur et qui ont gardé les commandements du Seigneur (Qo 12, 13). Tu sauras le
reste quand j'examinerai ces rameaux plantés et arrosés. "
1. Peu de jours après, nous revînmes dans ce lieu et le
Pasteur s'assit à la place de l'ange de grande taille et moi j'étais à ses
côtés. Il me dit : " Revêts-toi d'un tablier et aide-moi. " Je me
revêtis d'un tablier propre, fait avec un sac. 2. Me voyant revêtu et prêt à
l'aider : " Appelle, dit-il, les hommes dont le rameau a été planté, dans
l'ordre où ils les ont remis. J'allai dans la plaine et les appelai tous, et
tous les groupes se formèrent. 3. Il leur dit : " Que chacun arrache son
propre rameau et me l'apporte. " 4. Les remirent les premiers ceux dont
les rameaux avaient été desséchés et mutilés : ils se trouvèrent pareillement
desséchés et mutilés ; il leur dit de former un groupe séparé. 5. Ensuite les
remirent ceux qui avaient des rameaux desséchés, mais non mutilés. Certains
d'entre eux les remirent verts, d'autres, desséchés et rongés comme par des
vers. A ceux qui les avaient remis verts, il dit de former un groupe séparé ; à
ceux qui les avaient remis desséchés et rongés, il dit de se mettre avec les
premiers. 6. Ensuite les remirent ceux qui en avaient eu à moitié desséchés et
fendillés, et beaucoup d'entre eux les remirent verts et sans fentes ;
certains, verts, avec de nouvelles pousses et des fruits sur ces dernières,
comme en avaient ceux qui s'étaient rendus couronnés dans la tour. Certains les
remirent desséchés et rongés, d'autres, desséchés, mais non rongés, d'autres,
comme ils étaient auparavant, à moitié desséchés et fendillés. Et il leur dit
de se séparer, les uns rejoignant leurs groupes respectifs, les autres restant
à part.
1. Les remettaient ensuite ceux qui avaient eu des rameaux
verts mais fendillés. Tous ceux-là les remirent verts et prirent place dans
leur propre groupe. Le Pasteur se réjouit de ce que tous s'étaient transformés
et s'étaient débarrassés de leurs fentes. 2. Les remirent aussi ceux qui en
avaient eu à moitié verts et à moitié desséchés. Les rameaux de certains furent
trouvés entièrement verts, de certains autres, à moitié verts, d'autres,
desséchés et rongés, d'autres encore verts avec de nouvelles pousses. Tous
ceux-là furent envoyés vers leurs groupes respectifs. 3. Les remirent ensuite
ceux qui en avaient eu dont les deux tiers étaient verts et un tiers desséché.
Beaucoup d'entre eux les remirent verts, beaucoup à moitié verts, d'autres,
desséchés et rongés. Tous ceux-là prirent place dans leurs propres groupes. 4.
Les remirent ensuite ceux qui avaient eu des rameaux desséchés aux deux tiers
et verts pour le reste ; beaucoup d'entre eux les remirent à moitié desséchés,
certains, desséchés et rongés, certains encore, à moitié desséchés et fendillés
; très peu les remirent verts ; et tous ceux-là prirent place dans leurs
groupes respectifs. 5. Les remirent ensuite ceux qui avaient eu des rameaux
verts, mais avec un rien de desséché et de fendillé ; parmi eux, certains les
remirent verts et certains verts avec de nouvelles pousses. Ceux-là aussi s'en
allèrent dans leurs groupes respectifs. 6. Les remirent ensuite ceux qui en
avaient eu avec un rien de vert et tout le reste desséché. Les rameaux de
ceux-là furent trouvés pour la plus grande part verts avec de nouvelles pousses
et des fruits sur celles-ci, et d'autres, entièrement verts. À ce propos, le
Pasteur se réjouit très fort de les avoir trouvés tels. Ceux-là aussi s'en
allèrent chacun dans son propre groupe.
1. Après avoir examiné les rameaux de tout le monde, le
Pasteur me dit : " Je t'ai dit que cet arbre est vivace. Vois-tu, dit-il,
combien ont fait repentance et ont été sauvés ? - Je vois, Seigneur, dis-je. -
Pour que tu voies que la miséricorde de Dieu est grande et glorieuse, il a
aussi donné un esprit à ceux qui sont dignes de la repentance. 2. - Pourquoi
donc, Seigneur, dis-je, tous n'ont-ils pas fait repentance ? - Ceux que le
Seigneur a vus sur le point de purifier leur coeur et de le servir du fond de
leur âme, il leur a accordé la repentance. Ceux dont il vit la fourberie et la
perversité, prêts à ne faire repentance que par hypocrisie, à ceux-là il n'a
pas accordé la repentance, de peur qu'ils ne blasphèment de nouveau sa loi.
" 3. Je lui dis : " Seigneur, montrez-moi maintenant ce que sont ceux
qui vous ont remis les rameaux, et quelle est leur demeure. Ainsi, après
l'avoir entendu, ceux qui ont cru et ont reçu le sceau, mais qui l'ont brisé et
ne l'ont pas gardé entier, connaîtront leurs actes, se repentiront et recevront
de vous un insigne ; et ils glorifieront le Seigneur de ce qu'il a eu pitié
d'eux et vous a envoyé pour renouveler leurs esprits. 4. - Écoute, dit-il. Ceux
dont les rameaux furent trouvés desséchés et rongés de vers, ce sont les apostats,
traîtres à l'église, qui dans leurs péchés ont blasphémé le Seigneur et qui
encore ont rougi du nom du Seigneur invoqué sur eux (Ac 15, 17 ; Jc 2, 7 ; Gn
48, 16 ; etc.). Ceux-là donc pour Dieu sont morts définitivement. Tu vois que
pas un d'entre eux n'a fait repentance, même après avoir entendu les paroles
que, sur mon ordre, tu leur as dites. La vie s'est donc retirée de telles gens.
5. Ceux qui les ont remis desséchés, mais non pourris, ils sont tout près des
premiers : c'étaient des hypocrites qui introduisaient des doctrines
hétérodoxes et détournaient les serviteurs de Dieu et surtout les pécheurs
qu'ils empêchaient de faire repentance, en les convainquant par des doctrines
folles. Ceux-là ont un espoir de faire repentance. 6. Et tu vois que beaucoup
d'entre eux ont déjà fait repentance depuis que tu leur as dit mes préceptes.
D'autres encore feront repentance et tous ceux qui ne feront pas repentance ont
déjà perdu la vie ; mais tous ceux d'entre eux qui se sont repentis sont
devenus bons et leur demeure a été fixée dans les premiers murs ; certains même
sont montés dans la tour. Tu vois donc, dit-il, que le repentir des pécheurs
assure la vie, et l'impénitence, la mort.
" 1. Écoute aussi ce qui concerne ceux qui les ont
remis à moitié desséchés et fendillés. Ceux parmi eux dont les rameaux étaient
seulement à moitié desséchés, sont les indécis ; ils ne sont ni vivants ni
morts. 2. Ceux qui les avaient à moitié desséchés et fendillés, ce sont des
indécis et des médisants qui ne sont jamais en paix entre eux (1 Th 5, 13),
mais toujours en dispute. Eux aussi cependant ont encore la possibilité de
faire repentance. Tu vois, dit-il, que certains d'entre eux ont fait repentance
et de tous on peut encore espérer la repentance. 3. Tous ceux d'entre eux,
dit-il, qui ont fait repentance ont leur demeure dans la tour ; tous ceux
d'entre eux qui mettront trop de temps à se repentir habiteront les murs extérieurs; ceux qui ne feront pas repentance, mais s'obstineront encore
dans leur conduite, mourront de mort certaine. 4. Ceux qui ont remis des
rameaux verts, mais fendillés ont toujours été fidèles et bons, mais il y avait
entre eux de la jalousie pour des questions de priorité et d'honneurs. Et ils
sont tous bien fous de rivaliser ainsi pour les premiers rangs. 5. Mais après
avoir entendu mes préceptes, puisqu'ils étaient bons, ils se sont purifiés et
ont rapidement fait repentance. Et leur demeure fut fixée dans la tour. Mais si
l'un d'entre eux en revient aux dissensions, il sera rejeté de la tour et
perdra sa vie. 6. La vie appartient à tous ceux qui observent les commandements
du Seigneur (Qo 12, 13). Or, dans les commandements, il n'est question ni de
priorité, ni d'honneurs, mais de patience et d'humilité pour l'homme. C'est
dans de telles gens que réside la vie du Seigneur ; dans les querelleurs et les
violateurs de la loi, c'est la mort.
" 1. Ceux qui ont remis leurs rameaux à moitié verts et
à moitié desséchés, ce sont ceux qui sont ballottés dans les affaires et qui ne
s'attachent pas aux saints. C'est pourquoi en eux une moitié vit et l'autre
moitié est morte. 2. Mais beaucoup, après avoir entendu mes commandements, ont
fait repentance et tous ceux-là du moins ont leur demeure dans la tour.
Certains autres se sont définitivement éloignés : ils n'ont donc plus de
repentir possible. Car à cause de leurs affaires, ils ont blasphémé le
Seigneur et l'ont renié. Ils ont donc perdu la vie de par le crime qu'ils ont
commis. 3. Beaucoup d'autres sont indécis : ceux-là ont encore la possibilité
de faire repentance, s'ils le font vite, et leur de. meure sera dans la tour.
S'ils y mettent trop de temps, ils habiteront dans les murs extérieurs et
s'ils ne font pas repentance, ils ont déjà perdu, eux aussi, la vie. 4. Ceux
qui les ont remis verts aux deux tiers et desséchés pour le restera ce sont
ceux qui ont renié de diverses façons. 5. Beaucoup d'entre eux ont fait
repentance et sont allés habiter dans la tour. Beaucoup se sont éloignés
définitivement de Dieu : ceux-là ont perdu définitivement la vie. Certains
d'entre eux ont hésité et douté : ceux-là ont encore une repentance possible,
s'ils la font vite, sans s'obstiner dans leurs plaisirs. Mais s'ils s'obstinent
dans leur conduite, eux-mêmes travaillent à leur mort.
" 1. Ceux qui ont remis des rameaux desséchés aux deux
tiers et verts pour le reste, ce sont ceux qui ont été fidèles, mais qui se
sont enrichis et ont acquis trop de renom auprès des gentils. Ils se sont
revêtus d'un grand orgueil et sont devenus arrogants, ont abandonné la vérité
et se sont séparés des justes ; bien mieux, ils ont vécu avec les gentils et
cette voie leur est devenue plus agréable. Ils ne se sont pas éloignés
définitivement de Dieu : ils sont restés dans la foi sans faire les oeuvres de
la foi. 2. Beaucoup d'entre eux ont fait repentance et leur demeure fut fixée
dans la tour. 3. D'autres vivant définitivement avec les gentils et entraînés
par la vaine considération où ceux-ci les tenaient, se sont éloignés de Dieu et
ont fait les oeuvres des gentils : ceux-là ont donc été comptés au nombre des
gentils. 4. D'autres parmi eux furent dans l'incertitude, parce qu'ils
n'espéraient plus le salut à cause des actions qu'ils avaient commises.
D'autres furent dans l'incertitude et ont jeté la discorde entre eux. Pour ces
gens et pour ceux qui furent dans l'incertitude à cause de leurs actes, il y a
encore possibilité de repentance. Mais leur repentance doit être rapide pour
que leur demeure soit fixée à l'intérieur de la tour. Pour ceux qui ne se
repentent pas, mais qui s'obstinent dans les plaisirs, la mort est proche.
" 1. Ceux qui ont remis des rameaux verts, mais avec le
bout desséché et fendillé, ce sont ceux qui furent toujours bons, fidèles et
glorieux auprès du Seigneur, mais qui ont péché quelque peu par légère
concupiscence et légères rancunes. Et après avoir entendu mes paroles, la plus
grande partie se sont repentis rapidement et leur demeure fut fixée dans la
tour. 2. Certains d'entre eux ont hésité ; certains, par leurs hésitations, ont
aggravé la discorde. Ces gens ont encore l'espoir de la repentance. car ils ont
toujours été bons ; il serait difficile que l'un d'eux meure. 3. Ceux qui ont
remis leurs rameaux desséchés avec un rien de vert ce sont ceux qui n'ont eu
que la foi et qui ont fait les oeuvres de l'iniquité. Ils ne se sont pourtant
jamais éloignés de Dieu, ils ont porté le nom avec joie et reçu avec joie chez
eux les serviteurs de Dieu. A l'annonce de cette repentance, ils se sont
repentis sans hésiter et ils pratiquent toute la vertu de justice (Ac 10, 15 ;
He 11, 33). 4. Certains d'entre eux souffrent même et endurent avec joie, ayant
conscience des actes qu'ils ont commis. De tous ceux-là, la demeure sera dans
la tour. "
1. Après avoir achevé l'explication de tous les rameaux, il
me dit : " Retire-toi, et dis à tous de faire repentance et ils vivront
pour Dieu. En effet, le Seigneur a eu pitié et m'a envoyé pour offrir à tous la
repentance (2 P 3, 9), encore que certains n'en soient pas dignes, vu leurs
oeuvres. Mais le Seigneur est patient et il veut que soit sauvé l'appel qui
vient de son Fils. " 2. Je lui dis : " Seigneur, j'espère qu'après
avoir entendu cela, tous feront repentance ; je suis persuadé que chacun, ayant
conscience de ses actes et craignant Dieu, fera repentance. " 3. Il me dit
en réponse : " Tous ceux, dit-il, qui, du fond de leur coeur se
repentiront et se purifieront des vices signalés antérieurement et n'ajouteront
plus rien à leurs péchés, ceux-là recevront du Seigneur guérison de leurs
péchés antérieurs, si du moins ils n'ont aucune hésitation au sujet de ses
commandements, et ils vivront pour Dieu. Mais tous ceux qui ajoutent à leurs
péchés et marchent dans les passions de ce monde, se condamneront à la mort. 4.
Toi, marche selon mes préceptes et tu vivras, et quiconque marchera dans leur
voie et les pratiquera bien, vivra pour Dieu. " 5. Après m'avoir montré et
exposé tout cela, il me dit : " Le reste, je te l'expliquerai dans
quelques jours. "
1. Quand j'eus écrit les préceptes et les paraboles du
Pasteur, l'ange de la repentance, il vint à moi et me dit : " Je veux te
montrer tout ce que t'a montré l'Esprit-Saint qui t'a parlé sous la forme de
l'église. Car cet Esprit est le fils de Dieu. 2. Aussi longtemps que tu étais trop
faible par la chair, rien ne te fut montré par l'intermédiaire d'un ange ; mais
quand tu fus affermi grâce à l'Esprit et que tu eus par toi-même la force de
soutenir la vue d'un ange, alors te fut montrée par l'intermédiaire de l'église
la construction de la tour. Dans de bonnes et saintes dispositions, tu as pu
tout voir, comme de la part d'une vierge. Maintenant, tu vois grâce à un ange,
mais inspiré par le même Esprit. 3. Il faut que par moi tu apprennes tout d'une
façon plus précise. L'ange glorieux m'a donné mission d'habiter ta demeure,
pour que tu voies tout de sang-froid, et non plus avec appréhension comme
auparavant. 4. Et il m'emporta en Arcadie, sur une montagne arrondie ; il me
fit asseoir au sommet de la montagne et il me montra une grande plaine, et
autour de la plaine, douze montagnes, toutes d'aspect différent. 5. La première
était noire comme suie ; la seconde, sèche, sans herbes ; la troisième, pleine
de chardons et d'épines ; 6. la quatrième, avec des herbes à demi desséchées,
vertes au sommet, sèches près des racines ; certaines herbes, lorsque le soleil
luisait, se desséchaient. 7. La cinquième montagne était fort rocailleuse, mais
avait des herbes vertes ; la sixième montagne était remplie de crevasses, les
unes petites, les autres grandes ; les crevasses avaient des herbes, mais ces
herbes n'étaient pas fort florissantes : elles paraissaient plutôt flétries. 8.
La septième montagne avait des herbes riantes et tout entière elle était
exubérante ; toutes les espèces de troupeaux et d'oiseaux se nourrissaient sur
cette montagne et plus les troupeaux et les oiseaux y mangeaient, plus les
herbes de cette montagne poussaient. La huitième était pleine de sources et
toutes les espèces de la création du Seigneur venaient boire aux sources de cette
montagne. 9. La neuvième n'avait pas du tout d'eau et était toute déserte. Il y
avait là des bêtes sauvages et des reptiles qui provoquent mort d'hommes. La
dixième montagne avait de très grands arbres et était toute ombragée ; sous ces
ombrages étaient couchées beaucoup de brebis qui se reposaient et ruminaient.
10. La onzième montagne était couverte d'arbres, et ces arbres fruitiers
étaient parés de fruits de toute espèce, pour qu'à les voir on désirât en
manger. La douzième montagne était toute blanche ; son aspect était très riant,
et en elle-même la montagne était très belle.
1. Au milieu de la plaine, il me montra un grand rocher
blanc qui s'y dressait. Il était plus haut que les montagnes et carré, de façon
à contenir le monde entier. 2. Ce rocher était ancien, une porte y était
creusée, mais cette porte paraissait avoir été creusée récemment. Elle
resplendissait plus que le soleil : je m'étonnais de son éclat. 3. Autour de la
porte se tenaient douze vierges. Les quatre qui se tenaient aux angles me
paraissaient plus glorieuses, mais les autres l'étaient aussi. Aux quatre côtés
de la porte, à mi-distance des quatre premières, se tenaient deux par deux les autres vierges. 4. Elles étaient revêtues de tuniques de lin, avec une
charmante ceinture et laissaient sortir l'épaule droite, comme si elles se
préparaient à porter un fardeau. Elles étaient ainsi toutes prêtes, pleines de
joie et d'entrain. 5. A cette vue, je m'étonnais en moi-même de voir des choses
aussi grandes et glorieuses ; et puis, je me demandais pourquoi ces vierges si
délicates se campaient là d'une façon aussi virile, comme pour soutenir le ciel
tout entier. 6. Le Pasteur me dit : " Pourquoi réfléchir ainsi en
toi-même, t'embarrasser et te faire du chagrin ? Ce que tu ne peux comprendre,
aie l'intelligence de ne pas t'y essayer ; demande plutôt au Seigneur de te donner
assez d'intelligence pour comprendre ces choses. 7. Ce qui est derrière toi, tu
ne peux le voir ; ce qui est en face de toi, tu le vois ; ce que donc tu ne
peux voir, ne t'en tourmente pas ; ce que tu vois, essaie d'en venir à bout,
sans t'occuper inutilement d'autre chose. je t'expliquerai tout ce que je te
montrerai. Regarde donc le reste. "
1. Je vis alors que six hommes étaient arrivés, de grande
taille, glorieux et semblables d'aspect. Et ils appelèrent une foule d'hommes.
Et ces nouveaux venus étaient de grande taille, très beaux et forts. Et les six
hommes leur firent construire une tour sur le rocher. Les hommes qui étaient
venus construire la tour firent alors un grand tumulte en courant tout autour
de la porte. 2. Et les vierges qui se tenaient autour de la porte dirent aux
hommes de hâter la construction de la tour ; elles tendaient les mains comme
pour recevoir d'eux quelque charge. 3. Les six hommes ordonnèrent à des pierres
de sortir d'un abîme et de venir pour la construction de la tour, et dix
pierres montèrent, carrées, brillantes, non taillées. 4. Les six hommes
appelèrent les vierges et leur dirent de se charger de toutes les pierres qui
viendraient pour la construction de la tour, de passer par la porte et de les
remettre aux hommes qui allaient construire. 5. Et les vierges se chargèrent
mutuellement des dix premières pierres montées de l'abîme et ensemble les
portèrent l'une après l'autre.
1. Elles portaient les pierres dans l'ordre même où elles se
tenaient autour de la porte : les vierges qui paraissaient vigoureuses se
plaçaient sous les angles de la pierre ; les autres, sous les côtés ; elles
portaient ainsi toutes les pierres, en passant par la porte, selon l'ordre
reçu, et les remettaient aux hommes dans la tour. Et eux, avec les pierres,
bâtissaient. 2. La tour se construisait sur le grand rocher et au-dessus de la
porte. Ces dix pierres furent donc ajustées et couvrirent tout le rocher et
devinrent ainsi le fondement de la construction de la tour. Le rocher et la
porte supportaient toute la tour. 3. Après les dix pierres, vingt-cinq autres
montèrent de l'abîme. Elles aussi furent ajustées à la construction, portées
par les vierges comme les précédentes. Après celles-là montèrent trente-cinq
pierres et elles furent de même ajustées à la tour. Après celles-là, quarante
autres montèrent et toutes celles-ci furent aussi employées à la construction
de la tour. Il y eut donc quatre assises dans les fondations de la tour. 4. Et
il n'en monta plus du fond de l'eau et les constructeurs eurent quelque répit.
Puis les six hommes ordonnèrent à la foule innombrable d'apporter des pierres
des montagnes, pour la construction de la tour. 5. Elles étaient apportées de
toutes les montagnes, de couleurs variées, taillées par les hommes et étaient
remises aux vierges. Elles les transportaient par la porte et les remettaient
pour la construction de la tour, et quand ces pierres de couleurs différentes
étaient mises dans la construction, elles devenaient semblablement blanches en changeant
leurs couleurs précédentes. 6. Certaines pierres étaient remises par les hommes
pour la construction, mais elles ne devenaient pas brillantes : elles restaient
telles qu'on les avait posées, car elles n'avaient pas été remises par les
vierges ni passées par la porte. Ces pierres donc ne convenaient pas à la
construction de la tour. 7. Les ayant remarquées, les six hommes ordonnèrent de
les enlever et de les remporter à l'endroit où on les avait prises ; 8. et ils
disent aux hommes qui remportaient ces pierres : " En aucune façon ne
remettez vous-mêmes des pierres aux constructeurs ; déposez-les au pied de la
tour pour que les vierges, les faisant passer par la porte, les remettent au
chantier. Car si, disent-ils, elles ne passent pas la porte dans les mains des
vierges, elles ne peuvent changer de couleur. Ne vous fatiguez donc pas,
disent-ils, inutilement. "
1. On cessa ce jour-là de bâtir, mais la tour ne fut pas
achevée. On devait en effet reprendre la construction, mais il y eut une pause.
Les six hommes ordonnèrent à tous les constructeurs de se retirer un peu et de
se reposer ; aux vierges, ils ordonnèrent de ne pas s'écarter de la tour, et il
me semblait qu'on les laissait là pour la garder. 2. Quand tous furent partis
se reposer, je dis au Pasteur : " Pourquoi donc, Seigneur, dis-je, la
construction de la tour n'a-t-elle pas été achevée ? - Elle ne peut encore être
achevée, dit-il, si son propriétaire ne vient pas examiner cette construction
pour remplacer les pierres qu'il trouverait pourries ; car c'est selon sa
volonté que la tour est construite. 3. Je voudrais, Seigneur, dis-je, savoir ce
que signifie la construction de la tour et le rocher, la porte, les montagnes,
les vierges et les pierres montées de l'abîme, non taillées et entrées telles
quelles dans la construction, 4. et pourquoi ont d'abord été posées dans les
fondations dix pierres, puis vingt-cinq, puis trente-cinq, puis quarante ; et
ces pierres qui étaient entrées dans la construction, qui ont ensuite été
enlevées et reportées à leur place : sur tout cela, Seigneur, calmez mon âme,
expliquez-moi tout. 5. - Si ta curiosité n'est pas trouvée vaine, dit-il, tu
sauras tout. Dans peu de jours, nous reviendrons ici et tu verras tout ce qui
doit encore se produire dans cette tour et tu comprendras en détail toutes les
paraboles. " 6. Peu de jours après, nous revînmes à l'endroit où nous nous
étions assis et il me dit : " Allons à la tour, car le propriétaire vient
l'examiner. " Et nous allâmes à la tour et il n'y avait absolument personne
autour d'elle, si ce n'est les seules vierges. 7. Le Pasteur demanda aux
vierges si le propriétaire de la tour était là et elles répondirent qu'il
allait arriver pour examiner la construction.
1. Et voilà que peu après j'aperçois un cortège nombreux
d'hommes qui s'avançaient ; et au milieu, un homme d'une taille telle qu'il
dépassait la tour. 2. Et les six hommes préposés à la construction marchaient
avec lui, à sa droite et à sa gauche et tous ceux qui avaient travaillé à la
construction étaient avec lui et beaucoup d'autres encore l'entouraient. Et
les vierges qui gardaient la tour, accourues à sa rencontre, l'embrassèrent et
se mirent à marcher avec lui autour de la construction. 3. Cet homme
l'examinait minutieusement, au point de tâter chaque pierre séparément ; tenant
un bâton à la main, il frappait une à une les pierres de la construction. 4. Et
quand il frappait, certaines d'entre elles s'en trouvaient noires comme suie,
d'autres effritées, d'autres fendillées, d'autres mutilées, d'autres ni
blanches ni noires, d'autres raboteuses, ne s'ajustant plus aux autres pierres,
d'autres toutes tachées. Telle était la diversité des pierres trouvées hors
d'usage pour la construction. 5. Il ordonna de les retirer toutes de la tour et
de les placer auprès, et d'en apporter d'autres pour les remplacer. 6. Les
constructeurs lui demandèrent de quelle montagne il voulait qu'on apportât les
pierres à mettre à la place des autres. Et il leur dit de les apporter non des
montagnes, mais d'une plaine voisines. 7. On creusa la plaine et on y trouva
des pierres brillantes, cubiques, et certaines rondes. Toutes les pierres qui
se trouvaient dans cette plaine furent apportées et les vierges les passaient
par la porte. 8. Les pierres cubiques furent taillées et mises à la place de
celles qu'on avait enlevées ; les rondes ne furent pas placées dans la
construction, car elles étaient dures et la taille ne se faisait que lentement
; on les mit près de la tour, dans l'idée de les tailler plus tard et de les
placer dans la construction, car elles étaient fort brillantes.
1. Après avoir achevé, l'homme glorieux, maître de la tour
entière, appela le Pasteur et lui confia toutes les pierres qui étaient près de
la tour et qu'on avait enlevées de la construction, et il lui dit : 2. "
Nettoie avec soin ces pierres et emploie à la construction de la tour celles
qui peuvent s'ajuster aux autres ; celles qui ne s'y ajustent pas, jette-les
loin de la tour. " 3. Cet ordre donné au Pasteur, il s'en alla, accompagné
de tous ceux avec qui il était venu ; et les vierges restaient toujours autour
de la bâtisse, pour la garder. 4. Je dis au Pasteur : " Comment ces
pierres peuvent-elles rentrer dans la construction, puisqu'elles ont été
rejetées comme indignes ? " Il me dit en réponse : Vois-tu ces pierres ?
- je les vois, Seigneur, dis-je. - je vais, moi, dit-il, tailler la plupart
d'entre elles et les employer à la construction et elles s'ajusteront aux
autres pierres. 5. - Comment, Seigneur, dis-je, peuvent-elles après avoir été
taillées remplir le même espace ? " Il me dit en réponse : " Toutes
celles qu'on trouvera trop petites seront mises à l'intérieur des murs ; les
plus grosses auront place à l'extérieur et soutiendront les autres. " 6.
Sur ce, il ajouta : " Allons-nous-en et revenons dans deux jours pour
nettoyer aux environs de la tour, de peur que le maître ne survienne à
l'improviste, ne trouve l'endroit sale et ne se fâche ; auquel cas ces pierres
n'entreraient pas dans la construction de la tour et moi, je paraîtrais
négligent aux yeux du Maître. " 7. Et deux jours après, nous revînmes à la
tour et il me dit : " Examinons toutes les pierres et voyons celles qui
peuvent entrer dans la construction. Examinons, Seigneur, lui dis-je. "
1. Pour commencer, nous examinâmes les pierres noires ; nous
les retrouvâmes telles qu'elles avaient été enlevées de la tour et le Pasteur
ordonna de les éloigner de la tour et de les mettre à part. 2. Ensuite, il
examina les effritées. Il en prit beaucoup et les tailla et dit aux vierges de
les ramasser et de les employer à la construction ; et les vierges les
ramassèrent et allèrent les placer à l'intérieur des murs de la tour. Les
autres, il dit de les mettre avec les noires, car elles se trouvèrent noires
aussi. 3. Ensuite, il examina les fendillées : il en tailla beaucoup et les fit
mettre par les vierges dans la construction ; on en fit l'extérieur des murs,
car elles se trouvèrent plus solides. Les autres, vu le grand nombre de fentes,
ne purent être taillées ; pour ce motif, elles furent exclues de la
construction de la tour. 4. Il examina ensuite les mutilées ; beaucoup d'entre
elles se trouvèrent noires, et certaines avec de grandes fentes. Et il dit de
les mettre avec les écartées. Celles qui restaient, il les nettoya, les tailla
et dit de les placer dans la construction. Les vierges les ramassèrent et les
ajustèrent à l'intérieur des murs, car elles étaient moins solides. 5. Il
examina ensuite celles qui étaient à moitié blanches et à moitié noires.
Beaucoup d'entre elles se trouvèrent noires et il dit de les mettre avec les
pierres écartées ; toutes les autres furent ramassées par les vierges : comme
elles étaient blanches, les vierges elles-mêmes les ajustèrent à la
construction. On en fit l'extérieur des murs, car elles se trouvèrent assez
solides pour pouvoir contenir celles qu'on mettait au milieu : aucune d'entre
elles n'avait été mutilée. 6. Il examina ensuite celles qui étaient dures et
raboteuses et quelques-unes d'entre elles furent rejetées, car on ne pouvait
les tailler : elles se trouvèrent trop dures. Les autres furent taillées,
ramassées par les vierges et ajustées à l'intérieur des murs de la tour : elles
étaient en effet moins solides. 7. Il examina ensuite celles qui portaient des
taches et, parmi elles, très peu se noircirent et furent rejetées avec les
autres ; celles qui restaient se trouvèrent brillantes et solides et elles
furent ajustées par les vierges à la construction ; on en fit l'extérieur des
murs, vu leur résistance.
1. Il vint ensuite examiner les pierres blanches et rondes
et il me dit : " Que faisons-nous de ces pierres ? Que sais-je, moi,
Seigneur, répondis-je ? - Tu n'as aucune idée à ce sujet ? 2. - Seigneur,
dis-je, je ne connais pas ce métier, je ne suis pas tailleur de pierres et je
ne puis avoir aucune idée là-dessus. - Ne vois-tu pas, dit-il, qu'elles sont
toutes rondes et que, si je veux les faire cubiques, il faudra les tailler
énormément ? Or, il faut nécessairement que certaines d'entre elles entrent dans
la construction. 3. - S'il y a nécessité, Seigneur, dis-je, pourquoi vous
tourmenter ? Pourquoi ne pas choisir pour la construction celles que vous
préférez et les y ajuster ? " Il choisit parmi elles les plus grosses et
les plus brillantes, et les tailla. Les vierges les ramassèrent et les
ajustèrent à l'extérieur des murs. 4. Les autres qui étaient en trop furent
ramassées et entreposées dans la plaine d'où on les avait apportées, mais on ne
les jeta pas au rebut : " Parce que, dit-il, il reste encore un peu de la
tour à construire, et le maître veut absolument que ces pierres soient ajustées
à la construction, parce qu'elles sont fort brillantes. " 5. Il appela
douze femmes d'une très grande beauté, vêtues de noir, avec une ceinture, les
épaules dégagées, les cheveux déroulés. Ces femmes me parurent sauvages et le
Pasteur leur dit de ramasser les pierres rejetées de la construction et de les
remporter dans les montagnes d'où on les avait fait venir. 6. Elles les
ramassèrent avec joie, les remportèrent toutes et les remirent là où on les
avait prises. Quand toutes ces pierres eurent été enlevées, qu'il n'en restait
plus une autour de la construction, le Pasteur me dit : " Faisons le tour
de l'édifice et voyons s'il n'a pas quelque défaut. " Et je fis le tour
avec lui. 7. Voyant la tour bien faite, le Pasteur était fort content de la
construction, car la tour était bâtie comme d'une seule pierre, sans le moindre
joint. Et la pierre paraissait avoir été dégagée du rocher, car elle faisait
l'effet d'un monolithe.
1. Me promenant avec lui, j'étais content de voir des choses
aussi édifiantes. Et le Pasteur me dit : " Va me chercher de la chaux et
des petits tessons, pour égaliser les pierres ramassées et employées à la
construction. Car il faut que tout le pourtour de l'édifice soit égalisé ; 2.
Je fis comme il l'ordonnait et lui apportait le tout. " Aide-moi,
dit-il, et l'ouvrage sera vite achevé. " Il égalisa donc les pierres
entrées dans la construction, puis il dit de balayer et de nettoyer les alentours
de l'édifice. 3. Les vierges prirent des balais, enlevèrent de la tour tous les
déchets, nettoyèrent à l'eau, et l'emplacement de la tour devint riant et très
gracieux. 4. Le Pasteur me dit : " Tout a été lavé ; si le maître vient
examiner la tour, il n'aura rien à nous reprocher. Sur ces mots, il voulait se
retirer. 5. Mais moi, je le saisis par sa besace et je me mis à le conjurer, au
nom du Seigneur, de m'expliquer ce qu'il m'avait montré. Il me dit : "
J'ai encore quelques occupations, mais ensuite, je t'expliquerai tout.
Attends-moi ici jusqu'à ce que je revienne ! 6. Je lui dis : " Seigneur,
que ferai-je ici tout seul ? - Tu n'es pas seul, dit-il. Ces vierges sont avec
toi. Confie-moi donc à elles, dis-je. " Le Pasteur les appelle et leur dit
: " je vous confie cet homme jusqu'à ce que je revienne. " Et il s'en
alla. 7. Moi, je restai seul avec les vierges. Elles étaient très contentes et
avaient pour moi beaucoup d'attentions, surtout les quatre principales d'entre
elles.
1. Les vierges me disent : " Le Pasteur ne revient plus
ici aujourd'hui. - Que vais-je donc faire ? répondis-je. - Attends-le jusqu'à
ce soir, disent-elles ; s'il vient, il te parlera ; s'il ne vient pas, tu
resteras ici avec nous jusqu'à ce qu'il revienne. " 2. Je leur dis :
" Je l'attendrai jusqu'à ce soir et s'il ne revient pas, je retournerai
chez moi et reviendrai demain matin. " Elles me répondent : " Tu nous
as été confié ; tu ne peux t'éloigner de nous. 8. - Où dont faut-il que je
reste ? répliquai-je. - Tu dormiras avec nous, disent-elles, comme un frère, et
non comme un mari. Car tu es notre frère et désormais nous devons habiter avec
toi, car nous t'aimons beaucoup. " Moi, je rougissais de rester avec
elles, 4. et celle qui me semblait être la première d'entre elles se mit à me
donner des baisers et à m'embrasser ; et les autres, la voyant m'embrasser, se
mirent aussi à me donner des baisers, à m'entraîner tout autour de l'édifice et
à jouer avec moi. 5. Et moi, comme si j'étais tout rajeuni, je me mis aussi à
jouer avec elles ; et les unes faisaient des choeurs, d'autres dansaient,
d'autres chantaient. Moi, en silence, je me promenais avec elles autour de
l'édifice et avec elles, j'étais joyeux. 6. Le soir venu, je voulus me retirer
chez moi ; elles ne le permirent pas, mais me retinrent; je restai avec elles
la nuit et je dormis près de la tour. 7. Car les vierges avaient étendu à terre
leurs tuniques de lin et m'avaient fait me coucher au milieu d'elles. Et elles
ne firent rien du tout, que prier. Et moi avec elles et non moins qu'elles, je
priais sans cesse et les vierges se réjouissaient de me voir ainsi prier. Je
restai là jusqu'au lendemain à la deuxième heure avec les vierges. 8. Ensuite
arriva le Pasteur et il leur dit : " Vous ne lui avez fait aucune violence
? - Demandez-lui, disent-elles. Je lui réponds : " Seigneur, j'ai eu
grande joie à rester avec elles. - De quoi as-tu dîné? dit-il. - J'ai dîné,
Seigneur, dis-je, des paroles du Seigneur, toute la nuit. Elles t'ont bien
accueilli ? - Oui, Seigneur, dis-je. 9. - Et maintenant, dit-il, que veux-tu
que je t'explique d'abord ? - Comme vous m'avez montré depuis le début,
Seigneur, dis-je : je vous demande, Seigneur, de m'expliquer au fur et à mesure
de mes questions. - Je t'expliquerai, dit-il, comme tu le veux et je ne te
cacherai rien du tout. "
1. " Avant tout, Seigneur, dis-je, expliquez-moi ceci :
que représentent le rocher et la porte ? - Ce rocher, dit-il, et la porte,
c'est le Fils de Dieu. - Comment se fait-il, Seigneur, dis-je, que le rocher
est ancien et la porte récente ? - Écoute et comprends, dit-il, homme borné. 2.
Le Fils de Dieu est né avant la création tout entière, si bien qu'il a été le
conseiller de son Père pour la création (Pr 8, 27-30) ; voilà pourquoi le
rocher est ancien. - Et la porte, pourquoi est-elle neuve, Seigneur, dis-je ?
3. - Parce que, dit-il, c'est aux derniers jours de l'accomplissement qu'il
s'est manifesté ; et la porte a été faite récemment pour que ceux qui doivent
être sauvés entrent par elle dans le royaume de Dieu (Jn 3, 5 ; cf. Mc 9, 47 ;
etc.). 4. As-tu vu, dit-il, que les pierres qui avaient passé par la porte
étaient utilisées dans la construction de la tour, et que celles qui n'y
passaient pas étaient rejetées à leur ancienne place ? - Je l'ai vu, Seigneur,
dis-je. - De même, dit-il, personne ne rentrera dans le royaume de Dieu (Jn 3,
5), s'il n'a pas pris son saint nom. 5. Car si tu veux entrer dans une ville et
que cette ville soit tout entourée de remparts et n'ait qu'une porte, peux-tu
entrer dans cette ville autrement que par la seule porte qu'elle ait ? -
Comment donc, Seigneur, dis-je, cela pourrait-il se faire autrement ? - Si tu
ne peux y entrer que par la seule porte qu'elle ait, dit-il, de même un homme
ne peut entrer dans le royaume de Dieu (Jn 3, 5) que par le nom de son fils
bien-aimé. 6. Tu as vu, dit-il, la foule qui bâtissait la tour ? - Je l'ai vue,
Seigneur, dis-je. - Tous ceux-là, dit-il sont des anges glorieux. C'est par eux
que le Fils de Dieu a été entouré d'un rempart et la porte, c'est le Fils de
Dieu. C'est la seule entrée qui conduise au Seigneur. Personne donc ne
s'introduira auprès de lui si ce n'est par son Fils (Jn 14, 6). 7. As-tu vu,
dit-il, les six hommes et au milieu d'eux un autre homme glorieux, de grande
taille, qui faisait le tour de l'édifice ? et qui a rejeté de la construction
comme indignes les pierres (que tu sais) ? - Je les ai vus, Seigneur, dis-je.
8. - L'homme glorieux, dit-il, c'est le Fils de Dieu et les six autres sont les
anges glorieux qui l'escortent à sa droite et à sa gauche. Aucun de ces anges
glorieux, dit-il, ne s'introduira sans lui auprès de Dieu. Quiconque n'aura pas
reçu son nom n'entrera pas dans le royaume de Dieu " (Jn 3, 5).
1. " Et la tour, dis-je, que symbolise-t-elle ? - Cette
tour, dit-il, c'est l'église. 2. - Et ces vierges, qui sont-elles ? - Ce sont
des esprits saints, dit-il. Et il n'est possible à un homme d'entrer dans le
royaume de Dieu que si ces vierges l'ont revêtu de leur propre vêtement. Car si
tu ne prends que le nom sans prendre le vêtement, cela ne te servira de rien,
car ces vierges sont les puissances du Fils de Dieu. Si tu portes le nom sans
revêtir sa puissance, c'est en vain que tu seras porteur du nom. 3. Les pierres
que tu as vues rejetées, ce sont les gens qui portaient le nom sans être
revêtus du vêtement des vierges. - Quel est, Seigneur, dis-je, leur vêtement ?
- Leur nom même, dit-il, est leur vêtement Celui qui porte le nom du Fils de
Dieu doit porter aussi leurs noms, car le Fils lui-même porte le nom de ces
vierges. 4. Toutes les pierres que tu as vues entrer dans la construction de la
tour, apportées par leurs mains, et y rester, ce sont les gens revêtus de la
puissance de ces vierges. 5. C'est pourquoi tu vois la tour ne faire qu'une
pierre avec le rocher : de même, ceux qui ont cru au Seigneur par son Fils (cf.
Jn 1, 7) et sont revêtus de ces esprits, formeront un seul esprit, un seul
corps (Ep 4, 4) et leurs vêtements n'auront qu'une couleur. De telles gens qui
portent le nom des vierges ont leur demeure dans la tour. 6. - Et les pierres
qui ont été rejetées, Seigneur, dis-je, pourquoi l'ont-elles été ? Elles
avaient pourtant passé par la porte et avaient été placées dans la construction
de la tour par les mains des vierges. - Puisque tu t'occupes de tout et
recherches la minutie, écoute, voici ce qui concerne les pierres rejetées. 7.
Tous ces gens, dit-il, ont pris le nom du Fils de Dieu et aussi la puissance
des vierges. Accueillant ces esprits, ils en furent affermis et se trouvaient
parmi les serviteurs de Dieu; ils n'avaient qu'un seul esprit, un seul corps
(Ep 4, 4) et un seul vêtement; ils pensaient de même et pratiquaient la justice
(2 Co 13, 11; Ph 2, 2 ; Ps. 14, 2 ; Ac 10, 35 ; He 11, 33). 8. Mais après un
certain temps, ils furent séduits par les femmes que tu as vues revêtues de
noir, les épaules dégagées, les cheveux déroulés... et belles ! Les voyant, ils
les désirèrent et se revêtirent de leur puissance, et rejetèrent le vêtement et
la puissance des vierges. 9. Ceux-là ont été rejetés de la maison de Dieu et
leur furent confiés. Ceux qui ne se sont pas laissés tromper par la beauté de
ces femmes, sont restés dans la maison de Dieu. Voilà, dit-il, l'explication
des pierres rejetées. "
1. " Eh quoi ! Seigneur, dis-je, si ces hommes, même
tels, font repentance et rejettent le désir de ces femmes et reviennent aux
vierges et marchent selon leur puissance et selon leurs oeuvres,
n'entreront-ils pas dans la maison de Dieu ? 2. - Ils entreront, répondit-il,
s'ils renoncent aux oeuvres de ces femmes, recouvrent la vertu des vierges et
marchent dans leurs oeuvres. Et précisément une pause est intervenue dans la
construction pour qu'ils puissent, en cas de repentir, rentrer dans la
construction de la tour. Mais s'ils ne font pas repentance, d'autres entreront
et eux seront définitivement rejetés. " 3. Là-dessus, je rendis grâces au
Seigneur d'avoir eu pitié de tous ceux qui s'appellent selon son nom (Is 43, 7)
et de nous avoir envoyé l'ange de la repentance, à nous qui avions péché à son égard,
d'avoir renouvelé notre esprit et renouvelé notre vie alors que nous étions
déjà corrompus et sans espoir de vivre. 4. " À présent, Seigneur, dis-je,
montrez-moi pourquoi la tour n'a pas été construite à terre, mais sur le rocher
et sur la porte. - Tu es de nouveau, dit-il, stupide et insensé ? - C'est une
nécessité, Seigneur, dis-je, de tout vous demander, car je n'y puis absolument
rien comprendre : ce sont pour les hommes des choses imposantes, glorieuses, et
difficiles à saisir. 5. - Écoute, dit-il. Le nom du Fils de Dieu est grand,
immense, et il soutient le monde entier. Si donc toute la création est soutenue
par le Fils de Dieu, que penses-tu de ceux qu'il appelle, qui portent le nom du
Fils de Dieu et marchent selon ses préceptes ? 6. Vois-tu maintenant ceux qu'il
soutient ? Ce sont ceux qui du fond du coeur portent son nom. Il s'est fait
lui-même leur assise et c'est une joie pour lui de les soutenir, puisqu'ils
n'ont pas honte de porter son nom. "
1. " Dites-moi, Seigneur, dis-je, le nom des vierges et
des femmes vêtues de noir. - Écoute, dit-il, le nom des vierges les plus
fortes, celles qui se tenaient aux angles. 2. La première, c'est la Foi, la
seconde, la Tempérance, la troisième, la Force, la quatrième, la Patience ; les
autres, placées entre les premières, ont comme nom : Simplicité, Innocence,
Sainteté, Gaieté, Vérité, Intelligence, Concorde, Amour. Celui qui porte ces
noms et celui du Fils de Dieu pourra entrer dans le royaume de Dieu (Jn 3, 5).
3. Écoute aussi, dit-il, le nom des femmes vêtues de noir ; quatre d'entre
elles sont les plus fortes : la première, Incrédulité, la seconde,
Intempérance, la troisième, Désobéissance, la quatrième, Tromperie. Leurs
suivantes s'appellent : Tristesse, Méchanceté, Débauche, Colère, Fausseté,
Démence, Médisance, Haine. Le serviteur de Dieu qui porte ces noms verra le
royaume de Dieu, mais n'y entrera pas. 4. - Et les pierres, Seigneur, dis-je,
sorties de l'abîme et ajustées à la construction, qui sont-elles ? - Les dix
premières dit-il, posées dans les fondations, c'est la première génération ;
les vingt-cinq suivantes sont la seconde génération d'hommes justes ; les
trente-cinq suivantes sont les prophètes de Dieu et ses serviteurs et les
quarante sont les Apôtres, les docteurs qui ont proclamé la doctrine du Fils de
Dieu. 5. - Et pourquoi, Seigneur, dis-je, les vierges ont-elles fait passer ces
pierres par la porte pour les livrer aux constructeurs de la tour ? 6. - Parce
que ce furent les premiers à porter ces esprits et ils ne s'écartèrent pas du
tout les uns des autres, ni les esprits, des hommes, ni les hommes, des esprits
: ceux-ci restèrent avec eux jusqu'à leur mort et si ces hommes n'avaient pas
eu ces esprits avec eux, ils n'auraient pas été utilisables pour la
construction de la tour. "
1. " Expliquez-moi encore, Seigneur, dis-je. - Que
cherches-tu encore ? dit-il. - Pourquoi, Seigneur, dis-je, les pierres
ont-elles dû monter du fond de l'eau pour être placées dans la construction de
la tour, tout en portant ces esprits ? 2. - Il leur fallait sortir de l'eau,
dit-il pour recevoir la vie : elles ne pouvaient entrer dans le royaume de Dieu
(Jn 3, 5) autrement qu'en rejetant la mort qu'était leur vie antérieure. 3. Ces
morts reçurent donc eux aussi le sceau du Fils de Dieu et entrèrent dans le
royaume de Dieu (Jn 3, 5). Avant de porter le nom du Fils de Dieu, dit-il,
l'homme est mort ; et lorsqu'il reçoit le sceau, il rejette la mort et reçoit
la vie. 4. Et le sceau, c'est l'eau : ils descendent donc dans l'eau en étant
morts et ils en sortent vivants. A eux aussi donc fut annoncé ce sceau et ils
en usèrent pour entrer dans le royaume de Dieu (Jn 3, 5). 5. - Pourquoi,
Seigneur, dis-je, les quarante pierres sont-elles montées aussi avec elles de
l'abîme, tout en ayant déjà reçu le sceau ? - Parce que, dit-il, ces Apôtres et
ces docteurs qui ont prêché le nom du Fils de Dieu, après être morts dans la
vertu et la foi du Fils de Dieu, l'ont prêché aussi à ceux qui étaient morts
avant eux et leur ont donné le sceau qu'ils annonçaient. 6. Avec eux donc, ils
sont descendus dans l'eau et ensuite en sont sortis. Mais c'est vivants qu'ils
sont descendus pour ensuite remonter vivants, alors que ceux qui étaient morts
avant eux sont descendus morts et sont remontés vivants. 7. C'est grâce à eux
que ces derniers ont reçu la vie et connu le nom du Fils de Dieu. C'est
pourquoi ils sont remontés avec eux et ont été ajustés à la construction de la
tour, y prenant place sans être taillés ; car ils étaient morts dans la justice
et dans une grande pureté : il ne leur manquait que ce sceau. Tu as maintenant
l'explication de ces faits. - Oui, Seigneur, dis-je.
" 1. Maintenant, Seigneur, expliquez-moi ce qui
concerne les montagnes. Pourquoi leur aspect est-il si différent et bigarré ? -
Écoute, dit-il. Ces douze montagnes sont les douze tribus qui se partagent le
monde entier ; le Fils de Dieu leur fut annoncé par les Apôtres. 2. - Mais
pourquoi cet aspect si différent et bigarré ? Expliquez-moi, Seigneur. -
Écoute, dit-il. Ces douze tribus qui se partagent le monde entier forment douze
nations. Elles sont diverses par les sentiments et l'esprit. Telles ces
montagnes bigarrées que tu as vues, telle aussi la bigarrure de sentiment et
d'esprit de ces nations. Mais je vais te montrer la conduite de chacune en particulier.
3. - Tout d'abord, Seigneur, dis-je, expliquez-moi comment il se fait que les
pierres de ces montagnes pourtant bigarrées, une fois placées dans la
construction, devinrent brillantes et de la même couleur blanche, comme les
pierres qui sont montées du fond de l'eau. 4. - C'est parce que toutes les
nations, dit-il, qui habitent sous le ciel, après avoir entendu l'annonce et
avoir cru, ont pris le nom du Fils de Dieu. Et après avoir reçu le sceau, ces
gens n'eurent plus qu'un même sentiment et un même esprit (Ep 4, 4), une même
foi et un même amour, et avec le nom, ils ont porté les esprits des vierges.
Voilà pourquoi la tour a pris une même couleur éclatante, comme le soleil. 5.
Mais après être entrés dans le même lieu et avoir formé un seul corps, certains
d'entre eux se sont souillés et ils ont été rejetés du peuple des justes et ils
sont redevenus tels qu'ils étaient auparavant et même plutôt pires. "
1. " Comment, Seigneur, dis-je, ont-ils pu devenir
pires après avoir connu Dieu ? - Celui, dit-il, qui ne connaît pas Dieu et fait
le mal, mérite déjà une certaine punition pour sa méchanceté ; mais celui qui
connaît Dieu ne doit plus faire le mal, mais le bien. 2. Si donc celui qui doit
faire le bien fait le mal, ne semble-t-il pas avoir plus de méchanceté que
celui qui ne connaît pas Dieu ? C'est pourquoi ceux qui ne connaissent pas Dieu
et font le mal sont condamnés à mort, alors que ceux qui connaissent Dieu, qui
ont vu sa grandeur et malgré cela font encore le mal seront doublement châtiés
et mourront pour l'éternité. Et c'est ainsi que sera purifiée l'église de Dieu.
3. Tu as vu ces pierres enlevées de la tour, livrées aux esprits mauvais et
écartées de là : ceux qui auront été purifiés formeront un seul corps. La tour,
après purification, semblait être d'une seule pierre, ainsi sera aussi l'église
de Dieu, une fois purifiée et débarrassée des méchants, des hypocrites, des
blasphémateurs, des indécis, des pécheurs de toutes sortes. 4. Après leur
exclusion, l'église de Dieu sera un seul corps, un sentiment, un seul esprit,
une seule foi, un seul amour. Alors le Fils de Dieu sera content et il se
réjouira au milieu d'eux d'avoir retrouvé son peuple pur. - Tout cela,
Seigneur, dis-je, est grand et admirable. 5. Mais montrez-moi encore, Seigneur,
dis-je, la qualité et la conduite de chaque montagne, pour que chaque âme
fidèle au Seigneur célèbre son nom grand, admirable (Ps 9, 2 ; 86, 9 ; 99, 3)
et glorieux. - Voici, dit-il, la diversité des montagnes et des douze nations.
" 1. Voici ce que sont les croyants venus de la
première montagne, la noire : des apostats, des gens qui ont blasphémé contre
le Seigneur et ont trahi les serviteurs de Dieu. Pour ceux-là, point de
repentance, mais la mort : c'est pourquoi ils sont noirs, car c'est une
engeance sans loi. 2. Voici ce que sont les croyants venus de la deuxième
montagne, celle qui est rase : ce sont des hypocrites et des docteurs du vice.
Ils sont semblables aux précédents : ils n'ont aucun fruit de justice (Ph 1, 11
; He 12, 11 ; Jc 3, 8). Leur montagne est sans fruits : de même, les gens de
cette espèce ont le nom, mais ils sont vides de foi et il n'y a en eux aucun
fruit de vérité. Pour eux la repentance est possible, s'ils se repentent vite ;
mais s'ils tardent, pour eux comme pour les précédents, ce sera la mort. 3. -
Pourquoi donc, Seigneur, dis-je, la repentance est-elle possible pour eux,
alors qu'elle ne l'est pas pour les premiers ? Leur conduite est pourtant à peu
près la même ! - La repentance leur reste possible, dit-il, parce qu'ils n'ont
pas blasphémé contre leur Seigneur et qu'ils n'ont pas trahi les serviteurs de
Dieu. C'est le désir du gain qui les a faits hypocrites et chacun a enseigné de
façon à flatter les désirs des pécheurs. Ils en seront punis, mais la repentance
leur reste possible parce qu'ils n'ont été ni blasphémateurs, ni traîtres.
" 1. Voici ce que sont les croyants venus de la
troisième montagne, celle qui a des chardons et des épines. Parmi eux, les uns
sont riches, les autres, enfoncés dans d'innombrables affaires. Les épines
symbolisent les riches, les chardons, ceux qui sont enfoncés dans des affaires
multiples (cf. Mt 13, 22 ; Mc 4, 18-19). 2. Ces derniers, enfoncés dans leurs
multiples affaires de tout genre, ne s'attachent pas aux serviteurs de Dieu :
ils errent à l'aventure, étouffés par leurs affaires. Les riches, eux,
s'attachent difficilement aux serviteurs de Dieu, par peur d'être sollicités.
De telles gens entreront difficilement dans le royaume de Dieu (Mc 10, 23). 3.
Il est difficile de marcher pieds nus dans les chardons : de même il est
difficile à de telles gens d'entrer dans le royaume de Dieu (Mc 10, 23.). 4. Il
leur reste à tous la possibilité de faire repentance, à condition de faire
vite, pour revenir de ces jours-ci sur ce qu'ils n'ont pas accompli
précédemment et faire quelque bien. Si donc ils se repentent et font quelque
bien, ils vivront pour Dieu ; mais s'ils s'obstinent dans leurs oeuvres, ils
seront livrés à ces femmes qui les feront mourir.
" 1. Voici ce que sont les croyants venus de la
quatrième montagne, toute couverte d'herbes, vertes au sommet, séchées près de
la racine et certaines desséchées par le soleil : ce sont des indécis ; ils ont
le Seigneur sur les lèvres sans l'avoir dans le coeur. 2. C'est pourquoi leur
base est desséchée et sans force ; seules les paroles sont vivantes, mais leurs
oeuvres sont mortes. De telles gens ne vivent ni ne sont morts ; ils sont
semblables aux indécis, qui ne sont non plus ni verts ni secs ; car ils ne
vivent ni ne sont morts. 3. Ces herbes, de voir le soleil se dessèchent ; de
même, les indécis, dès qu'ils entendent parler de persécution, sacrifient par
lâcheté aux idoles et rougissent du nom de leur Seigneur. 4. De telles gens ne
vivent ni ne sont morts. Mais eux aussi, s'ils font vite repentance, pourront
vivre ; et s'ils ne font pas repentance, ils sont déjà livrés aux femmes qui
leur enlèvent la vie.
" 1. Voici ce que sont les croyants venus de la
cinquième montagne, verdoyante et raboteuse : ils sont fidèles, mais indociles,
arrogants, infatués d'eux-mêmes : voulant tout savoir, ils ne savent rien du
tout ; 2. à cause de cette arrogance, l'intelligence s'est éloignée d'eux et la
démence, la folie est entrée en eux. Ils se vantent d'avoir l'intelligence et
ils ont la prétention d'être docteurs, pauvres fous ! 3. De par cet orgueil,
beaucoup de gens qui voulaient s'élever sont tombés. Car c'est un grand démon
que la suffisance et la vanité. Beaucoup d'entre eux ont donc été rejetés ;
certains ont fait repentance, ont cru de nouveau et, reconnaissant leur
propre folie, se sont soumis à ceux qui ont l'intelligence. 4. Mais les autres
aussi peuvent encore faire repentance, car ils n'étaient pas mauvais, plutôt
sots et insensés. Si donc ils font repentance, ils vivront pour Dieu ; et s'ils
ne se repentent pas, ils habiteront avec les femmes qui leur ont fait tant de
mal.
" 1. Voici ce que sont les croyants venus de la sixième
montagne, celle qui a des crevasses grandes et petites et des herbes flétries
dans ces crevasses : 2. ceux qui ont de petites crevasses, ce sont ceux qui se
gardent rancune mutuellement et, de par leurs médisances réciproques, ils sont
flétris dans la foi. Mais beaucoup d'entre eux ont fait repentance. Et les
autres se repentiront quand ils entendront mes préceptes ; car leurs médisances
ne sont pas graves et ils se repentiront vite. 3. Ceux qui ont de grandes
crevasses s'obstinent dans la médisance, deviennent rancuniers et ne décolèrent
plus les uns contre les autres. Ceux-là donc ont été rejetés loin de la tour et
jugés indignes de la construction. De telles gens vivront difficilement. 4. Si
Dieu notre Seigneur qui domine tout et tient sous son pouvoir toute la création
ne garde pas de ressentiment à l'égard de ceux qui avouent leurs péchés, s'il
leur devient propice, un homme mortel et plein de péchés pourra-t-il garder
rancune à un homme, comme s'il avait le pouvoir de le perdre ou de le sauver
(Jc 4, 12) ? 5. je vous le dis, moi, l'ange de la repentance : vous tous qui avez
ce penchant, supprimez-le et faites repentance, et le Seigneur guérira vos
péchés précédents, si vous vous purifiez de ce démon ; sinon, vous lui serez
livrés pour la mort.
" 1. La septième montagne où les herbes étaient vertes
et riantes était tout entière florissante et toutes sortes de troupeaux et
d'oiseaux se nourrissaient des herbes de cette montagne et ces herbes, à peine
coupées, repoussaient plus abondamment ; voici ce que sont les croyants venus
de là : 2. ils ont toujours été simples, innocents, bienheureux, sans
ressentiment les uns contre les autres, toujours satisfaits des serviteurs de
Dieu, revêtus de l'esprit saint de ces vierges, toujours pleins de compassion
pour tout homme et à force de peines, ils ont pu secourir tout le monde, sans
hauteur et sans hésitation. 3. Et le Seigneur, voyant leur simplicité et leur
candeur, les a comblés dans le travail de leurs mains et les a remplis de
grâces pour toutes leurs entreprises. 4. Je vous dis, à vous qui êtes tels,
moi, l'ange de la repentance : restez tels et votre postérité ne sera pas
effacée à jamais. Car le Seigneur vous a éprouvés et vous a inscrits au nombre
des nôtres, et toute votre postérité habitera avec le Fils de Dieu ; car vous
avez eu part à son Esprit.
" 1. Voici ce que sont les croyants venus de la
huitième montagne, remplie de sources où venaient s'abreuver toute la création
du Seigneur : 2. ce sont les Apôtres et les docteurs qui ont prêché dans le
monde entier et qui ont enseigné en toute pureté et sainteté la parole du
Seigneur : ils ne se sont jamais égarés par passion mauvaise, mais ont toujours
marché dans la justice et la vérité, selon l'Esprit-Saint qu'ils avaient reçu.
La place de tels hommes est à côté des anges.
" 1. Voici ce que sont les croyants venus de la
neuvième montagne, pleine de reptiles et de fauves qui causent mort d'homme. 2.
Ceux qui ont des taches sont des diacres qui ont mal agi dans leur ministère,
qui ont dérobé la subsistance des veuves et des orphelins et qui se sont
enrichis des ressources qu'ils avaient reçues pour secourir ; s'ils s'obstinent
dans cette passion, ils sont déjà morts et n'ont plus aucun espoir de vivre.
Mais s'ils se convertissent et achèvent saintement leur ministère, ils pourront
vivre. 3. Ceux qui ont la gale, ce sont ceux qui ont renié le Seigneur et ne
sont pas revenus à lui, mais pareils à des terres en friche et désertes, ils ne
s'attachent plus aux serviteurs de Dieu : ils vivent isolés et perdent leur âme
(Mt 10, 39 ; Lc 9, 24 ; 17, 33 ; Jn 12, 25). 4. Une vigne abandonnée dans une
haie se flétrit faute de soins ; les mauvaises herbes l'étouffent ; elle
redevient sauvage avec le temps et n'a plus de valeur pour son maître : de
même, de telles gens, s'abandonnant eux-mêmes, deviennent sauvages et perdent
toute utilité aux yeux du Seigneur. 5. Ceux-là peuvent encore faire repentance,
si ce n'est pas du fond du coeur qu'ils ont renié le Seigneur ; mais si
quelqu'un l'a renié du fond du coeur, je ne sais s'il peut vivre. 6. Et ce que
je dis ne vaut pas pour les jours qui viennent : il n'est pas question qu'après
avoir renié on fasse désormais encore repentance. Car il est impossible que
soit sauvé celui qui devrait encore renier son Seigneur. C'est pour ceux qui
l'ont renié dans le passé qu'il semble y avoir possibilité de faire repentance.
Si donc quelqu'un veut faire repentance, qu'il fasse vite, avant que la tour ne
soit achevée. Sinon, il sera mis à mort par les femmes. 7. Et les mutilés, ce
sont les fourbes et les médisants ; et les serpents que tu as vus sur la
montagne les représentent. Ces bêtes, par leur venin propre, empoisonnent
l'homme et le font mourir ; de même, les paroles de ces gens empoisonnent
l'homme et le font mourir. 8. Ceux-là n'ont plus qu'une foi mutilée, à cause de
la conduite qu'ils ont. Certains ont fait repentance et ont été sauvés ; les
autres, tels qu'ils sont, peuvent être sauvés, s'ils se repentent. Et s'ils ne
se repentent pas, ils mourront de par ces femmes dont ils ont l'esprit.
" 1. Voici ce que sont les croyants venus de la dixième
montagne, dont les arbres abritaient des brebis : 2. des évêques et des gens
hospitaliers qui ont toujours reçu avec plaisir les serviteurs de Dieu, en
dehors de toute hypocrisie. Et ces évêques, dans leur ministère, ont
continuellement protégé les indigents et les veuves, et ont toujours mené une
vie sainte. 3. Ceux-là donc seront à leur tour protégés par le Seigneur pour
l'éternité. Ceux qui ont agi ainsi sont glorieux auprès de Dieu et déjà
maintenant leur place est avec les anges, s'ils continuent jusqu'à la fin à
servir le Seigneur.
" 1. Voici ce que sont les croyants venus de la onzième
montagne, dont les arbres étaient ornés d'une foule de fruits très variés : 2.
des hommes qui ont souffert pour le nom du Fils de Dieu, qui souffrirent même
avec empressement, du fond de leur coeur et qui ont livré leur vie (Ac. 15,
26). 3. - Et pourquoi donc, Seigneur, dis-je, tous ces arbres ont-ils des fruits
et certains, des fruits plus beaux ? - Écoute dit-il. Tous ceux qui ont
souffert à cause du nom sont glorieux auprès de Dieu et leurs péchés à eux tous
ont été effacés, parce qu'ils ont souffert pour le nom du Fils de Dieu. Mais
voici pourquoi leurs fruits sont variés et certains meilleurs. 4. Tous ceux,
dit-il, qui, traînés devant les autorités, ont été soumis à la question et
n'ont pas nié, mais au contraire ont souffert avec empressement, ceux-là sont
beaucoup plus glorieux auprès du Seigneur et leurs fruits sont les meilleurs.
Tous ceux, en revanche, qui furent tremblants et indécis, qui se demandèrent en
leur coeur s'ils renieraient ou confesseraient le Seigneur, mais qui pour
finir ont souffert, ceux-là ont des fruits plus médiocres, par la faute de cette
intention qui montait à leur coeur. Car c'est une mauvaise intention pour un
serviteur que celle de renier son propre maître. 5. Veillez donc, vous qui avez
cette intention, à ce qu'elle ne demeure pas dans votre coeur et que vous ne
mouriez pour Dieu. Et vous qui souffrez pour Dieu, vous devez le glorifier (1 P
4, 13, 15, 16) de ce qu'il vous a jugés dignes de porter son nom et d'être
guéris de tous vos péchés. 6. Félicitez-vous donc et croyez avoir accompli une
grande oeuvre lorsque quelqu'un d'entre vous souffre pour Dieu. Le Seigneur
vous fait don de la vie et vous ne comprenez pas ! Car vos péchés vous
alourdissaient et si vous n'aviez pas souffert pour le nom du Seigneur, à cause
de vos péchés, vous seriez morts pour Dieu. 7. je dis cela pour vous qui
hésitez à renier ou à confesser. Confessez que vous avez un Seigneur, de peur
d'être, en le reniant, jetés en prison. 8. Si les gentils punissent leurs
esclaves, s'ils renient leur maître, que fera de vous, à votre avis, le
Seigneur maître de toutes choses ? Rejetez ces desseins de vos coeurs, afin de
vivre éternellement pour Dieu.
" 1. Voici ce que sont les croyants venus de la
douzième montagne : comme de petits enfants au coeur de qui ne monte pas la
moindre idée du mal, ils ne savent même pas ce qu'est le mal et sont toujours
restés dans l'innocence. 2. Ces hommes, très certainement, habiteront le
royaume de Dieu, car en aucune circonstance ils n'ont souillé les commandements
de Dieu, mais ont persévéré tous les jours de leur vie dans l'innocence et le
même état d'esprit. 3. Vous tous qui persévérerez ainsi et serez comme les
petits enfants (Mt 18, 3) sans malice, vous serez plus glorieux que tous les
précédents. Tous les petits enfants sont glorieux auprès de Dieu et premiers
pour lui. Bienheureux donc, vous qui écarterez de vous le mal et vous revêtirez
de l'innocence : les premiers de tous, vous vivrez pour Dieu. " 4. Après
qu'il eut achevé les paraboles des montagnes, je lui dis : " Seigneur,
expliquez-moi maintenant les pierres extraites de la plaine et mises à la place
des pierres enlevées de la tour et aussi des pierres rondes mises dans la
construction et celles qui encore maintenant sont rondes. "
1. " Écoute, dit-il, cela aussi. Les pierres extraites
de la plaine et entrées dans la construction de la tour à la place des pierres
enlevées, ce sont les racines de cette montagne blanche. 2. Comme les croyants
venus de cette montagne blanche se sont trouvés innocents, le maître de la tour
a fait employer pour la construction de la tour des pierres venant des racines
de cette montagne. Il savait, en effet, que si ces pierres entraient dans la
construction de la tour, elles resteraient brillantes sans qu'aucune ne
noircît. 3. S'il avait encore ajouté des pierres provenant des montagnes, il
lui aurait fallu de nouveau examiner et purifier la tour. En revanche, tous
ceux-ci se sont trouvés d'une blancheur éclatante, ceux qui croient et aussi
ceux qui sont appelés à croire, car ils sont de la même race. Bienheureuse
race, car elle est innocente. 4. Voici maintenant ce qui concerne les pierres
rondes et brillantes. Elles viennent toutes de cette montagne blanche, mais
voici pourquoi on les a trouvées rondes. Ce sont leurs richesses qui leur ont
un peu voilé la vérité et les ont obscurcis ; mais ils ne se sont jamais
éloignés de Dieu et aucune parole mauvaise n'est jamais sortie de leur bouche
(cf. Ep 4, 29), mais toujours l'équité et la vérité. 5. Voyant d'après leur
mentalité qu'ils pouvaient servir la vérité et rester bons, le Seigneur fit
rogner leurs richesses, sans les leur enlever totalement, pour qu'ils pussent
faire quelque bien de ce qui leur restait ; et ces gens vivront pour Dieu, car
ils sont de bonne race. C'est pourquoi ces pierres ont été rognées légèrement
et puis employées à la construction de la tour.
Quant aux autres qui jusqu'à présent sont restées rondes et
n'ont pas été ajustées à la bâtisse, parce qu'elles n'avaient pas encore reçu
le sceau, elles ont été remises à leur place : elles ont été trouvées trop
rondes. 2. Il faut les couper de ce siècle et de la vanité de leurs oeuvres ;
alors, ils seront dignes du royaume de Dieu. Car il faut qu'ils entrent dans le
royaume de Dieu (Jn 3, 5) ; c'est, en effet, une race innocente que le Seigneur
a bénie. De cette race, personne ne mourra. Il se peut que l'un d'entre eux,
séduit par le diable infâme, commette quelque faute - il reviendra très vite
vers son Seigneur. 3. Je vous estime heureux, moi, l'ange de la repentance,
vous tous qui êtes innocents comme des petits enfants, car votre fortune est
bonne et glorieuse devant Dieu. 4. Je vous le dis à vous tous qui avez reçu le
sceau : soyez simples, oubliez les offenses, ne vous obstinez pas dans votre
malice ou dans le souvenir amer des offenses, n'ayez qu'un seul esprit,
remédiez à ces discordes funestes, écartez-les de vous : le maître du troupeau
sera content de tout cela. 5. Il se réjouira s'il trouve toutes ses brebis en
bonne santé sans qu'aucune ne soit égarée. Mais s'il découvre que certaines
d'entre elles sont égarées, malheur aux bergers : 6. et si ce sont les bergers
eux-mêmes qu'on trouve égarés, que répondront-ils au maître de leurs troupeaux
? Car enfin, pourront-ils se dire égarés par une brebis ? On ne les croira pas,
car c'est une chose incroyable qu'un berger puisse souffrir du fait d'une brebis
; il sera plus lourdement puni à cause de son mensonge. Et moi aussi je suis
berger et il faut de toute nécessité que je rende compte de vous.
" 1. Guérissez-vous donc, pendant que la tour est
encore en construction. 2. Le Seigneur habite dans les hommes qui aiment la
paix ; car en vérité la paix lui est chère et il s'écarte très loin des
querelleurs qu'a perdus leur malice. Rendez-lui donc votre esprit intact comme
vous l'avez reçu. 3. Si tu donnes au foulon un vêtement neuf et intact, tu comptes
bien le ravoir intact ; et s'il te le rend déchiré, le reprendras-tu ? Ne te
fâcheras-tu pas tout de suite ? Ne le poursuivras-tu pas de reproches, disant :
" Je t'ai donné ce vêtement intact. Pourquoi l'as-tu déchiré et mis hors
d'usage ? Car à cause de la déchirure que tu y as faite, il est inutilisable.
" Ne diras-tu pas tout cela au foulon pour la déchirure qu'il a faite à
ton vêtement ? 4. Si donc toi, tu te fais du chagrin pour ce vêtement et te
plains de ne pas le ravoir intact, que penses-tu que le Seigneur te fera, lui
qui t'a donné un esprit intact que tu as rendu tout entier inutile au point
qu'il ne puisse plus servir du tout à ton Maître ? Car il est devenu inutile
depuis le jour où tu l'as corrompu. Le Maître de cet esprit ne te fera-t-il pas
mourir pour ce crime ? 5. - Certes, dis-je, c'est ainsi qu'il traitera tous
ceux qui s'obstinent dans le souvenir des offenses. Ne foulez pas aux pieds,
dit-il, sa miséricorde, mais plutôt glorifiez-le d'être si patient pour vos
fautes et de ne pas vous ressembler. Faites repentance : cela vous sera utile.
" 1. Tout ce qui est écrit ci-dessus, c'est moi, le
Pasteur, l'Ange de la repentance, qui l'ai montré et exposé pour les serviteurs
de Dieu. Si donc vous croyez, si vous écoutez mes paroles, si vous marchez dans
cette voie, si vous corrigez votre route, vous pourrez vivre. Mais si vous vous
obstinez dans la malice et le souvenir des offenses, personne de ce genre ne
vivra pour Dieu. Tout ce que j'avais à dire vous a été dit. " 2. Le Pasteur
me dit alors : " Tu m'as tout demandé ? - Oui, Seigneur, dis-je. -
Pourquoi ne m'as-tu rien demandé à propos de la forme des pierres placées dans
la construction et que nous avons égalisées ? - Je l'ai oublié, Seigneur,
dis-je. 3. - Voici, dit-il, ce qui les concerne : ce sont ceux qui ont écouté
mes préceptes et ont fait repentance du fond de leur coeur. Le Seigneur a vu
que leur repentance était bonne et pure et qu'ils pouvaient y persévérer ;
c'est pourquoi il a fait effacer leurs péchés antérieurs. Les creux
représentaient ces péchés et ils ont été comblés pour qu'ils n'apparussent
plus. "
1. Quand j'eus achevé d'écrire ce livre, l'ange qui m'avait
confié au Pasteur vint dans la maison où j'étais et s'assit sur le lit ; et le
Pasteur apparut debout à sa droite. Alors l'ange m'appela et me dit : " Je
t'ai confié, dit-il toi et ta maison, à ce Pasteur, pour qu'il te protège. -
Oui, Seigneur, dis-je. - Si donc tu veux être protégé, dit-il, contre tout
sévice ou violence, avoir du succès dans toutes tes bonnes oeuvres et tes
bonnes paroles, et garder toute la vertu de justice, marche selon ses
préceptes, que je t'ai donnés, et tu pourras triompher de tout mal. 3. Si tu
gardes en effet ses préceptes, tu pourras fouler au pied toutes les cupidités
et toutes les délices de ce siècle et le succès te suivra dans toutes tes
bonnes oeuvres. Adopte pour toi sa perfection et sa modestie et dis à tout le
monde qu'il jouit d'un grand honneur et d'une grande dignité auprès du Seigneur
et qu'il a dans ses fonctions un grand pouvoir et une grande puissance. C'est à
lui seul qu'a été attribué pour le monde entier le pouvoir d'organiser la
repentance. Ne te semble-t-il pas puissant ? Mais vous faites fi de sa
perfection et du tact avec lequel il vous traite. "
1. Je lui dis : " Demandez au Pasteur lui-même si,
depuis qu'il est chez moi, j'ai commis quelque faute qui l'aurait offensé. 2. -
Et moi, reprit l'ange, je sais bien que tu n'as pas commis de faute et que tu
n'en commettras pas. Mais je ce dis cela pour que tu persévères. Le Pasteur a
bonne impression de toi, il me l'a dit. Toi, tu feras connaître mes paroles aux
autres, pour qu'eux aussi, qui ont fait ou feront repentance, aient les mêmes
sentiments que toi ; ainsi le Pasteur me parlera d'eux en bons termes et moi,
au Seigneur. 3. - Pour ma part, Seigneur, dis-je, je proclame à tout homme les
merveilles du Seigneur et j'espère que tous ceux qui ont péché auparavant, en
entendant mes paroles, feront spontanément repentance pour recouvrer la vie. 4.
- Persévère, dit-il, dans cette mission, conduis-la à bon terme. Tous ceux qui
appliquent les préceptes du Pasteur obtiendront la vie et lui-même, une grande
gloire auprès du Seigneur. Tous ceux, en revanche, qui n'observent pas ces
préceptes, tournent le dos à leur propre vie et méprisent le Pasteur ; lui,
n'en a pas moins d'honneur auprès de Dieu. Tous ceux donc qui le méprisent et
n'observent pas ses commandements se livrent eux-mêmes à la mort et chacun
d'eux est comptable de son propre sang. Je te le dis encore : mets-toi au
service de ses préceptes et tu posséderas le remède pour tes péchés.
" 1. Je t'ai envoyé ces vierges pour qu'elles habitent
avec toi ; j'ai en effet constaté qu'elles sont affables à ton égard. Tu as en
elles des aides, de façon à pouvoir mieux observer les préceptes du Pasteur. Il
ne se peut pas en effet que sans ces vierges on puisse observer les préceptes.
je vois qu'elles sont volontiers avec toi ; mais je leur donnerai l'ordre de ne
pas du tout s'écarter de ta maison. 2. Seulement, toi, nettoie-la bien ; car
elles habiteront avec plaisir une maison propre ; elles sont elles-mêmes pures,
chastes, actives et toutes ont un grand crédit auprès du Seigneur. Si donc
elles trouvent la maison propre, elles y resteront ; mais s'il s'y produit la
moindre souillure, elles la quitteront sur-le-champ, car ces vierges n'aiment
pas du tout la souillure. " 3. Je lui réponds : " J'espère, Seigneur,
que je leur plairai de façon qu'elles habitent toujours ma maison. Le Pasteur,
à qui tu m'as confié, ne se plaint en rien de moi ; de même, elles ne se
plaindront pas de moi. " 4. L'ange dit au Pasteur : " Je vois,
dit-il, que ce serviteur de Dieu veut vivre et qu'il gardera les préceptes et
logera ces vierges dans une maison propre. " 5. Sur ces mots, il me confia
de nouveau au Pasteur, appela ces vierges et leur dit : " Puisque je vois
que vous habitez volontiers la maison de cet homme, je vous le recommande, et
aussi sa maison : ne la quittez jamais. " Elles, de leur côté, eurent
plaisir à entendre ces mots.
1. Il me dit ensuite : " Aie dans tes fonctions une
énergie virile, révèle à tout le monde les merveilles du Seigneur et tu auras
de grands mérites par ce ministère. Quiconque marchera selon ces préceptes,
vivra et sera heureux dans sa vie ; quiconque les aura négligés ne vivra pas et
son existence ici-bas sera malheureuse. 2. A tous ceux qui peuvent faire le
bien, dis de ne pas cesser de le faire ; accomplir de bonnes oeuvres leur est
utile. Je dis qu'il convient d'arracher tout homme à la misère. Celui qui, par
l'indigence, est dans sa vie quotidienne en butte aux difficultés, endure un
grand tourment et une grande épreuve. 3. Celui donc qui arrache à la nécessité
l'âme d'un tel homme se crée une grande joie : car quelqu'un qui est tenaillé
par des misères de ce genre souffre le même supplice et les mêmes tortures que
celui qui est dans les fers. Et beaucoup, quand ils ne peuvent plus supporter
ces souffrances, se donnent la mort. Celui donc qui, connaissant la misère d'un
tel homme, ne l'en retire pas, commet un grand péché et devient comptable de
son sang. 4. Faites donc de bonnes oeuvres, vous tous qui avez reçu ces
préceptes du Seigneur, de peur que la construction de la tour ne s'achève
pendant que vous tardez à les faire. C'est pour vous, en effet, qu'ont été
interrompus les travaux. Si donc vous ne vous hâtez pas, la tour sera achevée
et vous en serez exclus. " 5. Quand il eut fini de me parler, l'ange se
leva du lit et, prenant avec lui le Pasteur et les vierges, il se retira, mais
il me dit qu'il renverrait chez moi ce Pasteur et ces vierges.