Johannes von Heidenbergdit Jean Trithème (1462-1516)Musée Condé, Chantilly, H Meister
dit Jean Trithème (1462-1516)
Musée Condé, Chantilly, H Meister
Extrait d’un ouvrage hermétique de
Jean TRITHEME
« Dieu est un feu essentiel et caché, qui réside en toutes choses et spécialement dans l’homme. Ce feu engendre toutes choses. Il les engendre et les engendrera dans le futur ; et ce qui est engendré c’est la vraie lumière divine qui existe de toute éternité. Dieu est un feu mais nul feu ne peut brûler, nulle lumière ne peut se manifester dans la nature sans l’adjonction d’air qui détermine la combustion ; et de même l’Esprit Saint doit agir en nous comme un » air « ou » souffle " divin, faisant jaillir du feu divin un souffle sur le feu interne de l’âme, en sorte que la lumière apparaisse, car la lumière doit être alimentée par le feu, et cette lumière est amour, bonheur et joie dans l’éternelle divinité. Cette lumière est Jésus, qui émane de toute éternité de Jéhovah. Celui qui ne possède pas cette lumière au dedans de lui est plongé dans un feu sans clarté ; mais si cette lumière est en lui, alors le Christ est en lui, s’incarne en lui, et il connaîtra cette lumière telle qu’elle existe dans la nature. Toutes choses, telles que nous les voyons, sont intérieurement feu et lumière, où se cache l’essence de l’esprit. Toutes choses sont une trinité de feu, de lumière et d’air. En d’autres termes, « l’Esprit », le « Père », est une lumière suressentielle ; le « Fils », c’est la lumière manifestée ; le « Saint Esprit », est un air mobile, divin et suressentiel. Ce feu réside dans le cœur et envoie ses rayons par tout le corps de l’homme, et y détermine la vie. Mais nulle lumière ne naît du feu sans la présence de l’esprit de sainteté… Toutes choses ont été faites par la puissance du verbe divin, qui est l’esprit ou souffle divin émané dès le principe de la fontaine divine. Ce souffle est l’esprit ou âme du monde et on le nomme « Spiritus Mundi ». Il était d’abord semblable à l’air, puis il se contracta en un brouillard ou substance nébuleuse et finalement se transmua en « eau ». Cette « eau » était d’abord esprit et vie, parce qu’elle était imprégnée et vivifiée par l’esprit. L’obscurité emplissait l’abîme ; mais par la profération du verbe, la lumière y fût engendrée et les ténèbres furent illuminées par la lumière, et « l’âme du monde » prit naissance. Cette lumière spirituelle, que nous appelons « Nature », ou âme du monde est un corps spirituel qui, au moyen de l’Alchimie peut être rendue tangible et visible ; mais comme elle existe à l’état invisible, On la nomme « esprit ». C’est un fluide universel et vivant, diffusé partout dans la Nature, et qui pénètre tous les êtres. C’est la plus subtile de toutes les substances la plus puissante à cause de ses qualités inhérentes ; elle pénètre tous les corps, et détermine les formes en lesquelles elle déploie son activité. Par son action, elle libère les formes de toutes imperfections ; elle rend pur l’impur, parfait l’imparfait, et immortel ce qui est mortel, en s’y fixant. Cette essence ou cet esprit émana du centre dès le principe, et s’incorpora dans la substance dont l’univers est formé. C’est le « Sel de la Terre », et sans sa présence, l’herbe ne croîtrait pas, ni les prés ne verdiraient ; et plus cette essence est condensée, concentrée et coagulée dans les formes, et plus elles ont de stabilité. Cette substance est la plus subtile de toutes choses ; incorruptible et immuable en son essence, elle remplit l’infini de l’espace. Le soleil et les planètes ne sont que des coagulats de ce principe universel ; de leur cœur palpitant ils distribuent l’abondance de leur vie, et l’envoient dans les formes des mondes inférieurs et dans tous les êtres, agissant par leur propre centre, et élevant les formes sur la voie de la perfection. Les formes en qui se fixe ce vivant principe, deviennent parfaites et durables, en sorte qu’elles ne s’altèrent, ni ne se détériorent, ni ne changent plus au contact de l’air ; l’eau ne peut plus les dissoudre, ni le feu les détruire, ni les éléments terrestres les dévorer. Cet esprit s’obtient de la même manière qu’il est communiqué à la terre par les astres ; et ceci se fait par le moyen de l’eau, qui lui sert de véhicule. Ce n’est pas la Pierre des Philosophes ; mais celle-ci peut en être préparée en fixant le volatil. Je vous avise de faire grande attention à l’acte de faire bouillir l’eau ; ne laissez point votre esprit se troubler de choses de moindre importance. Faites-la bouillir lentement, puis laissez-la putréfier jusqu’à ce qu’elle ait atteint la couleur convenable, car l’onde de vie renferme le germe de la sagesse. En bouillant, l’eau se transformera en terre. Cette terre se changera en un pur fluide cristallin qui produira un excellent feu rouge ; mais cette eau et ce feu, réduits en une seule essence, produisent la grande Panacée, composée de douceur et de force : l’Agneau et le Lion sont unis. "
Jean TRITHEME