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JOHN DEE La monade hiéroglyphique (1564)


Frontispice de la Monas Hieroglyphica, 1564


LA MONADE HIÉROGLYPHIQUE


John Dee


(Version française de Grillot de Givry)


NOTE DE GRILLOT DE GIVRY

La Monas Hieroglyphica, composée à Londres, et terminée en 1564 à Anvers par le Dr John Dee, astrologue de la reine Elisabeth, est un petit traité qui enseigne comment l'hiéroglyphe mercuriel dérive du point central ou iod générateur. Nous l'avons reproduit intégralement avec sa belle préface à Maximilien II. Nous avons seulement omis l'avertissement de la première édition au typographe Guillaume Silvius, dans lequel Jean Dee recommande à celui-ci d'apporter un soin exquis à la composition de son livre et principalement à la reproduction des figures qui l'illustrent, puis de n'en point délivrer d'exemplaires aux gens du vulgaire (promiscuo hominum generi), qui pouvaient en faire mauvais usage. Ces pages eussent été superflues aujourd'hui. Outre que Silvius a très imparfaitement obéi à la première de ces monitions, puisque toutes les éditions de la Monade sont déshonorées par des figures ignobles, inexactes, que pour la première fois nous avons reconstituées scrupuleusement suivant la pensée même de l'auteur, et conformément au texte, la seconde est d'une observation trop difficile pour pouvoir conserver quelque autorité; ces lignes étaient donc sans intérêt.

La présente traduction est la première qui existe en langue vulgaire. Nous avons vainement cherché au British Museum la trace d'une prétendue traduction anglaise signalée par l'Encyclopédie Britannique. Dans les numéros 8, 9 et 12 de l'Initiation de 1893 a été publiée une sorte de paraphrase de la Monade Hiéroglyphique, signée Philophotes, et qui ne mérite pas le nom de traduction. 

GRILLOT DE GIVRY



PRÉFACE

A L'EXCELLENTISSIME MAJESTÉ DU GLORIEUX ROI MAXIMILIEN,
 JEAN DEE DE LONDRES SOUHAITE LE PLUS HEUREUX EMPIRE

Les deux causes qui peuvent animer un homme de ma condition à offrir à un si grand Roi un don si minime sont celles qui m'ont porté à composer ceci; savoir: ma très grande affection pour Votre Majesté et l'insigne rareté ainsi que l'excellence non méprisable du don lui-même, quoique fort petit.

C'est une affection éternelle pour vous qu'ont excitée et produite vos admirables vertus qui sont si grandes, que ceux qui ne les ont pas constatées de leurs propres yeux ne croient que médiocrement ceux qui en rapportent des choses extraordinaires, quoique très vraies. Mais ceux qui ont contemplé soigneusement et attentivement ces mêmes vertus avoueront qu'ils se trouvent, pour les décrire, en proie à une très grande indigence et pauvreté d'expressions et de mots, de telle sorte qu'ils désirent s'étendre le plus possible en longs discours sur leur excellence. Moi-même, au mois de septembre dernier, ayant passe quelque temps à Presbourg, ville de votre Royaume de Hongrie, j'ai reconnu, en témoin oculaire les causes très excellentes et diversement variées de cette difficulté d'exprimer ces vertus. 

Quant à la rareté du don (vraiment minuscule par sa taille), j' en parlerai aussi brièvement que possible en disant que le cours de la vie humaine se présente à moi, entre autres opinions, comme devant être, avec raison, considéré, de tout l'effort de mon esprit investigateur, comme partagé en deux parties (dans l'une desquelles presque tous marchent préférablement). En effet, à peine la courte période de la première enfance (infantia) et celle de la seconde (pueritia) sont-elles passées, que l'option commence déjà à torturer l'âme des adolescents pour décider dans quel genre de vie ils entreront ensuite; ils hésitent un peu devant la bifurcation qui se présente à leur jugement incertain; puis ils se décident enfin, soit (séduits par l'amour de la vérité et de la vertu) à suivre la voie philosophique, à laquelle ils s'appliquent de toutes leurs forces pendant tout le reste de leur vie, soit (enlacées par les charmes mondais ou enflammés par la cupidité des richesses), à embrasser la vie délicate ou avidement lucrative, dans laquelle ils s'efforcent ardemment de travailler par tous les moyens possibles. Et de ceux-ci tu en trouveras certainement un millier, et avec la plus grande facilité, tandis que des premiers (c'est-à-dire de ceux qui sincèrement s'adonnent de tout cœur à la philosophie), tu pourras à grand' peine m'en montrer un seul, qui aura dégusté seulement les premiers et véritables fondements de la physique. Et sur un millier de ceux qui se sont adonnés tout entiers à l'étude de la sapience, il en est à peine un qui aura profondément et pleinement perscruté (sic) les causes du lever, de la course et du coucher des forces, des actions et des corps célestes, et qui même en pourra exposer les principes élémentaires.

Quel est-il donc, alors, celui qui, toutes ces difficultés surmontées, aura aspiré à la spéculation et à la compréhension des vertus supercélestes et des influences métaphysiques? Où est-il, dans tout l'orbe des terres (en ces temps déplorables qui sont les nôtres) ce Magnanime, et cet unique HÉROS? Puisque selon la progression de notre proportion millénaire (que nous avons adoptée non sans motif), c'est PARMI CENT MYRIADES DE SINCÈRES PHILOSOPHES ET PARMI CENT MILLE MYRIADES D'HOMMES VULGAIRES QUE NOUS DEVONS ATTENDRE CET UNIQUE ET TRÈS HEUREUX ENFANT!

Représentons donc à manière pythagorique (comme on l'appelle) le Type HIÉROGLYPHIQUE de cette RARETÉ que nous venons d'exposer. Par ce moyen, les plus grands mystères qu'il faut y considérer vont s'offrir d'eux-mêmes à Votre Excellence qui les contemplera plus attentivement, tels qu'ils ont été décrits suivant cette formule, dans nos Théories cosmopolites. 

Et maintenant, dans quel grade de cette triple rareté (philosophique), ci-dessus exposée Clémentissime ROI, désirerais-je que soit et se place ce don que je fais? Toi-même qui excelles surabondamment dans la cognition des arts les plus grands et des choses les plus secrètes, tu pourras le deviner aisément. Je ne pense pas que je puisse arrogamment le placer au rang de la première et de la plus profonde philosophie. Cependant, quoique d'un ordre inférieur, on peut remarquer qu'il veut parfois s'élever beaucoup plus haut; et précisément à cause de ce degré d'excellence, j'ose promettre à votre Celsitude qu'on peut espérer de ce mien don des fruits abondants; et à cause également de la rareté qui le caractérise, puisqu'il est composé, jusqu'à la dernière phrase, dans ce mode d'écrire suivant lequel je n'ai pu reconnaître, ni par l'audition, ni par la compréhension, des monuments anciens, qu'aucun ouvrage absolu ait été fait jusqu'à ce jour.

Bien que je l'appelle Hiéroglyphique, celui qui l'aura examiné plus attentivement avouera qu'il contient cependant une lumière et une force en quelque sorte mathématique; ce que l'on sait avoir été assez rarement fait en ces choses si rares. 

Et n'est-ce pas rare, je le demande, que les caractères astronomiques vulgaires des Planètes (tirés des documents perdus au inexplicables, ou tout au moins presque barbares) puissent être produits à la vie immortelle et leurs forces particulières être expliquées très éloquemment en toute langue et à toute nation? A quoi vient s'ajouter, ce qui est très rare également, que les corps externes de celles-ci (par les meilleurs arguments Hiéroglyphiques) sont rappelés ou restitués à leurs Symétries mystiques telles qu'elles existèrent autrefois dans les premiers siècles, ou telles qu'elles durent être choisies par nos ancêtres. Dans les figures des Dodécatémories de l'Ecliptique, que nous avons tenté de reconstituer, la chose est si rare qu'elle paraît entièrement nouvelle. Et que tout ceci soit contenu dans cet unique caractère Hiéroglyphique de Mercure (muni d'une certaine figure pointue), voilà qui est tout à fait rarissime. 

Donc vraiment, notre livre peut être nommé par nous le restituteur et l'instaurateur de toute l'Astronomie; et, en ce genre, l'envoyé de notre יהוה de telle sorte que nous avons établi à nouveau, ou restauré par nos avertissements, l'Art sacré de cette notation, totalement oublié et disparu complètement de la mémoire des hommes. Et ceci a été fait par nous de telle sorte qu'avec la plus grande placidité, et comme le plus naturellement du monde, toutes ces interprétations Hiéroglyphiques se placent d'elles-mêmes en leur lieu véritable sans qu'on puisse rien trouver en tout cet opuscule qui soit outré ou impropre. Et de même, tous seront forcés d'avouer qu'il est tout à fait rare d'avoir, par notre Sceau Londonien (Londinensis) d'Hermès, consigné ces choses (à la mémoire éternelle des hommes) et de telle sorte que pour signifier ces choses (dont nous avons parlé) il ne se trouve en ce sceau ni un point superflu ni un point défectueux! Et entre autres ceux qui, dans les plus profondes dispositions de la philosophie et de la sapience, pourront déclarer publiquement son nom.

Ainsi les grammairiens en rendront témoignage, puisqu'ils se verront avertis que l'on donnera ici les raisons des formes de lettres, de leur place, de leur situation dans l'ordre de l'Alphabet, de leurs différents liens, de leur valeur numérale et de plusieurs autres choses (qui doivent être considérées dans l'Alphabet primaire des trois langues). Comme d'ailleurs, aussi rare est le grammairien qui puisse exactement soutenir que la grammaire, qu'il faut apprendre d'un homme, soit une science unique, que celui que nous avons démontré être rarissime sur la terre et que nous avons défendu autrefois apologétiquement. Mais plus de mystères sont manifestés ici par moi et qui ont de très solides fondements (tant de cet art de la Grammaire que de ces mystères qui sont dévoilés à l'aide de celle-ci) jetés dans les Sacro-saintes Ecritures de DIEU omnipotent, que je n'en pourrais exposer en un grand livre, ni qu'on n'en saurait exiger ici en un espace si restreint. Et ne sois pas étonné, ô illustre Roi des Romains, de m'entendre en ce moment, et incidemment rapporter que cette littérature alphabétique contient de grands mystères, puisque Lui-Même (l'Ipséité), qui est le seul Auteur de tous les mystères, s'est comparé lui-même à la première et à la dernière lettre (Α et Ω) (Ce qui ne doit pas s'entendre simplement dans la seule langue grecque, mais qui peut encore être démontré de plusieurs manières au moyen de cet art, soit dans la langue hébraïque, soit dans la langue latine). O combien donc doivent être grands, les mystères des lettres intermédiaires! Et il n'est pas extraordinaire que ceci existe dans ces lettres, puisque toutes choses visibles et invisibles, manifestées ou occultissimes (naturellement ou artificiellement) et émanant de Dieu lui-même, ont été examinées par nous en une très soigneuse recherche, en vue de célébrer et de proclamer sa Bonté, sa Sapience et sa Puissance. C'est pourquoi saint Paul (Ep. aux Romains, ch. I, v. 20) enseignait que le genre humain était inexcusable, même s'il n'eût eu aucun autre monument écrit, témoignant de tous ces mystères, que celui qui, par la création, a été tracé par le doigt même de DIEU en toutes les créatures.

Mais je n'ai pas maintenant la prétention d'exiger de tous les grammairiens qu'ils reconnaissent ceci; mais de prendre à témoin ceux qui travaillent à creuser les secrets mystères des choses, que nous avons présenté (par notre Monade) un rare exemple en ce genre, et de les avertir amicalement que les premières lettres Mystiques des Hébreux, des Grecs et des Romains, formées par Dieu seul, et transmises aux mortels (quelque chose que puisse objecter l'arrogance humaine), ainsi que tous les signes qui les représentent ont été produits par des points, des lignes droites et des périphéries de cercles (disposées par un art merveilleux et sapientissime.) Et bien que l'Eternelle Sapience de notre Père Céleste nous apprenne que toute parole de la loi Mosaïque doit être considérée jusqu'à l'accomplissement d'un Iota et d'un point (S. Matth. cap. V, v. 18), l'ultime analyse de la considération légale étant faite en quelque sorte toute entière dans le IOD et le Hireck (desquels surgissent toutes les lettres et voyelles hébraïques cependant ceci n'est pas contraire à ce que nous disons, que PAR L'UNITÉ DU HIRECK OU APEX, RESTANT IMMOBILE, LA TRINITÉ DES MONADES CONSUBSTANTIELLES EST APERÇUE DANS L'UNITÉ DE CE MÊME IOD, ET EST FORMÉE PAR LA LIGNE DROITE DESCENDANTE ET PAR LES DEUX AUTRES PARTIES DROITES QUI SE JOIGNENT TOUTES A LA PÉRIPHÉRIE. D'où nous découvrons par ce même travail assez approfondi, que les premiers hommes n'ont pu former suivant de tels principes mystiques, cette surprenante construction des lettres hébraïques et des Nekudoth sans être puissamment secondés par l'inspiration de l'Essence Divine. Et quoique, de tous ces mystères, les plus infimes soient les seuls qui puissent être examinés par les jugements des grammairiens vulgaires, cependant, pourvu qu'ils s'accordent eux-mêmes, et par quel merveilleux artifice, avec toute lettre et toute génération des Nekudoth, les plus grands et les plus excellents de ces mystères sont considérés par les plus sapients, et instruisent ceux-ci (par l'anagogie absolutissime).

Mais abandonnant ces Philosophes de la langue et des lettres, je veux m'attacher les Mathématiciens comme témoins très sincères de la rareté de ce don. L'Arithméticien (je ne dis pas le Calculateur) ne sera-t-il pas émerveillé de voir que ses nombres, qu'il cachait abstraits des choses corporelles et libérés de toutes les choses sensibles dans l'entendement pur (in Dianæas), par d'obscurs détours, et dont il traitait là, par diverses spéculations de l'esprit, soient ici, dans notre œuvre, présentés et devenus comme concrets et corporels et que leurs âmes et leurs vies formelles soient séparées d'eux-mêmes, dans nos formules. Et ne sera-t-il pas extrêmement étonné de voir une si considérable production de la Monade, à laquelle nulle autre Monade ni aucun nombre n'est ajouté ni ne peut être extrinsèquement adjoint à dessein de la multiplier? Et ne sera-t-il pas rempli de la plus grande admiration que, dans cette règle très subtile et générale des revenus et des biens, l'évaluation d'une chose proposée et indéterminée (tanquam Chaos) (et capable de résoudre tout doute arithmétique) ainsi que son intérêt, et sa valeur, ou estimation (de la puissance cachée en cette chose elle-même) soit expliquée toujours dès le premier examen par le nombre Dénaire, Géomètre (ô mon Roi!) commencera à hésiter et à être très difficilement d'accord avec lui-même sur les principes de son art (ce qui est extrêmement remarquable), tandis qu'ici, en secret, il les entendra murmurer, désigner et dévoiler par le Mystère Quadratural, Circulaire, et parfaitement égal, de cette Monade Hiéroglyphique. Ici les célèbres travaux d'Archimèdes auraient pu être abrégés et couronnés d'un succès complet, tandis qu'il n'a pas résolu le problème qu'il avait cherché. Il suffit qu'il en ait voulu connaître les grandes lignes. Quel étonnement le musicien pourra à bon droit manifester, lorsque, sans mouvement ni son, il comprendra ici les Harmonies inexplicables et célestes? Et l'Astronome ne se repentira-t-il pas d'avoir souffert extrêmement de la rigueur du froid, des veilles et des labeurs, tandis qu'ici, sans avoir à supporter aucune injure de l'air, abrité sous un toit, les fenêtres et les portes closes, it pourra à tout moment observer très exactement de ses yeux les périphories (c'est-à-dire les circonvolutions) des corps célestes? Et ceci vraiment sans aucunes machines ni instruments de bois ou de métal! Et l'opticien (persperctivus) ne condamnera-t-il pas la stupidité de son talent, lui qui aura travaillé de toutes façons afin de construire un miroir en suivant paraboliquement la ligne de la section du cône (convenablement tracée en forme de cercle) et par le moyen duquel une matière quelconque (capable de s'enflammer), à lui présentée, puisse être portée à un incroyable degré de chaleur par les rayons solaires, tandis qu'ici, par la Section trigone au tétraèdre, est produite une ligne, de la forme circulaire de laquelle on peut faire un miroir qui (même lorsque les nuages obscurcissent le soleil), peut réduire en poussières presque impalpables, et par la puissance de la chaleur (vraiment très grande) toutes sortes de pierres et de métaux. Et celui qui pendant toute sa vie aura travaillé assidûment à de subtiles spéculations de poids, comme it jugera avoir bien employé et ses dépenses, et ses labeurs, lorsque le Magistère de notre Monade lui enseignera ici, par une très certaine expérience que l'élément de la terre peut flotter sur l'eau. Et ceux qui ont agité soigneusement les raisons de la Plénitude et de la vacuité (argument controversé dès les débuts de la Philosophie), verront que par cette loi et par le lien (comme indissoluble) de la nature (formé par Dieu le Tout-Puissant) les surfaces des éléments voisins sont coordonnées, unies et connexes, comme peuvent le montrer aux hommes avec certitude certains effets merveilleux dans le feu, l'air et l'eau, qui doivent être conduits et excités (au gré de leurs désirs) en haut et en bas, à droite et à gauche (ce qui les rend ainsi utiles aux nations, par diverses découvertes, comme le montre tout l'artifice des machines hydrauliques, et autres thaumopœetica de Héron d'Alexandrie, comme on a coutume de les appeler maintenant. De plus, nul ne revendiquera comme étant de sa profession, de pouvoir, au moyen d'une machine quelconque, puiser (exantlare) au moyen de l'eau, l'élément de la terre et l'élever dans le feu; et cependant nos théories de la Monade en démontrent la possibilité. O Sapientissime Roi, placez ces choses dans les Trésors très secrets de votre esprit et de votre mémoire.

Je viens maintenant au Kabbaliste hébreu qui, lorsqu'il verra sa Géométrie, et ses Notaricon et Tzyruph (qui sont comme les trois principales clefs de son art), être exercés hors des limites de la langue nommée Sainte, et même que de tous côtés (par les choses visibles et invisibles qu'il rencontre) les caractères et notes de cette tradition mystique (reçue de Dieu) sont liés ensemble, alors il appellera aussi cet art: saint (s'il le comprend agissant selon la vérité), et il avouera que c'est le même Dieu, bénévolentissime, qui est, sans Philosophie (ou partialité), non celui des Juifs seulement, mais celui de tous les peuples, de toutes les nations et de toutes les langues, et que nul mortel ne se peut excuser de l'ignorance de notre sainte langue. C'est elle que j'ai appelée, dans nos Aphorismes aux Parisiens, la Kabbale véritable, ou de réalité, tandis que j'appelle l'autre vulgaire, ou de paroles seulement ou grammaire Kabbalistique, qui s'appuie sur toutes les lettres que peut écrire l'homme dans tous les alphabets connus. Cette Kabbale réelle, qui nous est née avec la loi de la Création (comme saint Paul l'indique) est aussi plus divine que la grammaire, puisque c'est elle qui est la très fidèle explicatrice de ces arts très nouveaux et profondément abstrus, comme d'autres pourront, d'ailleurs, l'éprouver par notre exemple. Je sais bien (ô Roi) que tu ne craindras pas, bien que ce soit en ta Royale présence, que j'ose proposer cette parabole magique, Notre Monade hiéroglyphique possède, cachée dans le centre du centre, un certain corps terrestre que la divine puissance par laquelle il doit agir, instruit elle-même, sans paroles, et auquel, dès qu'il aura agi, devra être jointe (par une alliance perpétuelle) l'influence gonétique (ou génératrice), lunaire et solaire bien qu'auparavant, au ciel ou ailleurs, elles fussent complètement séparées de ce même corps. Cette union (avec l'approbation de Dieu) étant consommée (celle que j'ai traduite aux Parisiens par της γαμης γαιαν, c'est-à-dire la terre au mariage ou le signe terrestre de l'union influentale) sur sa terre native, celle-ci ne peut être nourrie ou arrosée au delà de la quatrième, grande, complète et vraiment métaphysique révolution; et cette progression étant achevée, celui qui l'aura entretenue disparaîtra d'abord lui-même dans la Métamorphose, et ne se manifestera que très rarement ensuite aux yeux des mortels. Ceci, ô Roi excellent, est la véritable et tant de fois célébrée (et sans crime) Invisibilité des Mages, qui (comme l'avoueront tous les mages futurs), est attachée aux théories de notre Monade. Le Médecin très expert pourra très facilement, au moyen de ces mêmes théories, se conformer à la volonté mystique d'Hippocrate, Car il saura ce qu'il faut et ce à quoi il faut ajouter et retrancher s'il veut avouer dorénavant volontiers que son art et la médecine elle-même sont contenus sous la formule extrêmement concise de notre monade. Le Lapidaire (Beryllisticus) Peut très exactement voir ici, dans une lamelle cristalline, toutes choses qui se trouvent soit sur terre, soit dans l'eau, sous le ciel de la Lune; et dans l'escarboucle ou pierre Adam' (ם) il explorera toute région aérienne et ignée. Et si le vingt et unième théorème de notre Monade hiéroglyphique donne satisfaction au Voarchadumique, il lui indiquera de considérer attentivement Voarh Beth Adumoth et il avouera qu'il ne lui sera pas besoin, pour devenir philosophe d'aller voyager aux Indes ou aux Amériques.

Enfin, quoique nous ayons écrit ailleurs aux Parisiens sur le genre suprême (adeptivum) (c'est-à-dire sur tout ce que l'art et vingt années des plus grands travaux d'Hermès ont pu donner, promettre et obtenir de plus parfait) et sur ce qui appartient à sa Monade (le tout éclairé par une démonstration anagogique), nous assurons fermement à Votre Majesté Royale que tout ceci, par l'œuvre analogique de notre Monade Hiéroglyphique, est exprimé d'une manière si précise que nul autre exemple plus conforme à la vérité ne peut être proposé au genre humain. Ce que l'on doit traduire en soi de deux manières, savoir: absorber l'œuvre dignifiée elle-même, puis imiter la dignification de l'œuvre.

Maintenant tu m'accorderas, ô Roi Maximilien, que j'ai assez parlé (et je crains même, si le vulgaire des hommes entend toutes ces choses, que ce soit plus qu'assez) de la rareté de ce mien présent théorétique (par l'insigne honneur du triple diadème), et que sa bonté a été définie jusqu'à ses dernières limites. Qu'il soit donc suffisant (ô ornement singulier de tous les royaumes) que, tandis que nous avons démontré soigneusement combien notre présent est rare, nul cependant ne se soit trouvé (bien que vraiment médisant par le dérèglement de la langue) qui ait pu faire murmurer l'oiseau Æsopique. Mais tous les modestes et sapients philosophes avoueront qu'il est tellement supérieur, qu'il montre clairement l'indignité de la calomnie de celui-ci, et qu'ils ne dédaigneront pas d'accorder avec moi louanges et honneur à ce Phœnix, des ailes de la seule miséricorde duquel nous avons extrait avec crainte et amour ces très rares plumes théorétiques, destinées à couvrir notre nudité qui nous vient d'Adam, afin que, par elles, nous résistions plus vigoureusement à certains froids très âpres de notre ignorance, et que, très attachés à la pudique Vérité, nous voilions la turpitude de l'erreur aux yeux de ceux qui s'adonnent à la philosophie, Et bien que nous ne nous appuyions ici sur aucune autorité humaine, si cependant quelque notable parole ou écrit de quelque ancien philosophe pouvait être favorablement expliqué par notre lumière, nous ne refuserions pas de le présenter amicalement à notre postérité. Comme dans certains mystères d'Hermès, d'Ostanès, de Pythagore, de Démocrite et d'Anaxagoras, que nous condescendons à approuver par nos démonstrations hiéroglyphiques, sans agir comme ceux qui, au contraire, leur mendient un témoignage. Et tant d'excellence est jointe à tant de rareté que nous protestons que rien n'a été placé par nous en quelque endroit que ce soit de ce livre, ni ouvertement ni secrètement, qui ne soit pas honnête, sincère, conforme à la dignité humaine, et très utile à l'étude véritable de la religion et de la piété très parfaite, Et comme nul, certainement, ne peut marcher en ligne droite parmi de si ardus mystères, hormis celui qui possède toute leur parfaite amplitude, ainsi nul ne montrera plus promptement sa puérilité, sa malice ou son arrogance que celui qui osera condamner comme impie ou rejeter comme frivole quelque chose de celles que nous avons confiées à votre sapience. Qui peut être pris à témoin de ceci, puisque le souverain Roi des rois Omnipotent n'a fait nul plus puissant en autorité, plus expert en pratique de toutes choses, plus perspicace dans le jugement, que le Roi Maximilien? Votre auguste Majesté sera donc envers moi ce qu'elle est envers tous les autres; c'est-à-dire que toutes ces présentes théories lui ayant été prouvées et étant considérées par elle comme définitivement fixées, non seulement elle clora ainsi la bouche de beaucoup de grammaticastres de peu de valeur, mais elle relèvera même les âmes de beaucoup de chercheurs de philosophie, soit déjà abattus par l'incertitude proclamée de si grands mystères, soit craignant, à cause de la rareté des choses, les jugements superbes des ignorants qui ont coutume de condamner les bonnes études tout comme les mauvaises (au hasard, sans discernement, à cause de la seule similitude du nom). Puisque, par suite de la perte extrêmement déplorable des meilleurs livres, on peut constater très évidemment que les uns et les autres de ces hommes ont souvent porté, à diverses époques, beaucoup de détriment à la République chrétienne; c'est certainement par un génie apte à comprendre et à expliquer de si grandes choses, bien qu'elles l'effraient tout d'abord, et par cette étude des mystères, étude universelle, aussi noble que divine, et condamnée grossièrement et vaniteusement par les jugements des ignorants, qu'elle fera certainement bientôt des progrès non médiocres. Mais ce n'est pas ici le lieu de comparer à chacune des sciences véritables, leurs émules, c'est-à-dire les sciences fausses, oisives, odieuses, incommodes et inutiles à la société des hommes, qui seules, et par cette même raison qu'elles sont vulgaires, captivent et circonviennent les hommes; nous reconnaissons qu'elles doivent être repoussées et condamnées, non seulement par le jugement du vulgaire, mais par celui du sapientissime; et nous conseillons qu'il en soit fait très soigneusement ainsi. Mais comment ceux qui, ne connaissant ni l'existence, ni le lieu et la qualité des premières, substantielles vraiment, et qui ne sont que les ombres ténuissimes de celles-ci, osent-ils et peuvent-ils avec quelque apparence de raison, condamner les études non vulgaires des hommes non vulgaires? Que justice soit faite. Qu'il soit attribué à chacun ce qu'il mérite; à ces vulgaires demi-savants qui, non seulement recherchent les ombres des grandes sciences, mais qui falsifient même et adultèrent scélératissimement celles-ci, nous attribuons les folies et toute l'impiété des erreurs; et au contraire, il me semble (ô Roi), non seulement inhumain, mais injuste et presque impie, ou d'outrager (à cause de la calomnie sans valeur du vulgaire) ceux qui sont avancés dans les bonnes et solides études, et qui sont aussi illustres par leurs bonnes mœurs que glorieux par leur intégrité, ou d'exciter la haine contre leur nom et leurs études, ou d'attenter à leur vie.

Car de même que, partout, toutes les ombres, de quelques corps que ce soit, ont des limites communes avec ces mêmes corps (ce qui est très connu des mathématiciens), de même ici, les Sapients (Sophi), pour parler et pour écrire, profèrent des phrases communes à la fois à ces mêmes corps véritables et aux ombres de ceux-ci. Et là où les singes ignorants, téméraires et présomptueux ne s'emparent que des ombres seules, nues et vides, les philosophes, plus sapients, goûtent le fruit très agréable et la solide doctrine des corps eux-mêmes. Et ainsi vraiment nous voyons qu'il adviendra que ce qu'ils croyaient posséder (et qui n'était qu'ombre), leur sera très justement arraché des mains, comme non solide ni sincère; tandis qu'à ceux qui étudient les corps, toute cognition et compréhension honnête et légitime des ombres leur sera en même temps acquise. It convient donc (ô Roi) de choisir avec rectitude entre l'Ombre et le Corps et de distinguer les limites, les qualités et les usages de l'un et de l'autre. Ceci est le glaive royal et impérial de la Justice, qui trouve ici, comme en beaucoup d'autres circonstances, l'occasion d'exercer son office divin. Et cependant, par un certain art très parfait, les Sapients eux-mêmes (Sophi) introduisent très volontiers quelques-unes de ces figures trompeuses (umbratiles) dans les détours sinueux de ces mêmes corps, de peur que les ânes, se ruant grossièrement dans les jardins des Hespérides, ne viennent dévorer les fruits (lactucæ) électissimes, tandis que les chardons leur suffisent.

Tu me pardonneras, ô Roi, de taxer le monde d'injustice (de l'autorité du Christ). Ce n'est pas que je veuille ici, en aucune manière, énumérer les ornements si célèbres de ta sapience; ce n'en est ni le lieu ni le temps, et ce serait même tout à fait superflu. Je m'arrête donc ici. J'offre donc très humblement à Votre Sérénissime Majesté ce mien enfant (Londonien par sa conception, Anversois par sa naissance) de la Monade Hiéroglyphique; en vous priant de toutes mes forces de ne pas dédaigner d'en devenir maintenant le parrain, afin qu'il puisse vraiment ensuite, lorsqu'il sera plus grand en âge et plus recommandable par son autorité, être continuellement gardé en votre présence. Je veux ensuite, ô Clémentissime Roi, qu'il soit ensuite considéré comme vous appartenant, puisque, m'ayant considéré vous-même pendant toute la parturition d'un regard très favorable, vous l'avez rendu présent à mes yeux de telle sorte que le travail de la publication de cette édition est devenu pour moi facile et rapide. Car moi qui l'avais porté en gestation en mon esprit d'abord pendant sept années consécutives, par votre incroyable puissance magnétique après un si long intervalle, je l'ai enfanté avec la plus grande placidité en ce monde inférieur, dans l'espace de douze jours seulement. Qu'il soit propice et favorable, tant à votre Auguste Celsitude qu'à mes très ardentes études de la sincérissime Vérité, c'est ce que je prie de nous accorder cette sacro-sainte Trinité, qui, fondée avant tous les siècles, vit et règne sempiternelle dans l'omnipotence de la Monade ineffable; et à qui seule toute espèce de louange, honneur, vertu et gloire soit, par toute créature, à jamais proclamée et chantée. Amen. 

           Anvers, année 1564, 29 janvier. 



LA MONADE HIÉROGLYPHIQUE

Mathématiquement, Magiquement, Kabbalistiquement et Anagogiquement expliquée
AU SAPIENTISSIME MAXIMILIEN,
Roi des Romains, de Bohême et de Hongrie.



THÉORÈME Ier

C'est par la ligne droite et le cercle que fut faite la première et la plus simple démonstration et représentation des choses, aussi bien non-existantes que cachées sous les voiles de la nature.


THÉORÈME II

Et ni le cercle sans la droite, et ni la droite sans le point ne peuvent être artificiellement produits. C'est donc par la vertu du point et de la monade que les choses ont commencé d'être, en principe. Et toutes celles qui sont affectées à la périphérie, quelque grandes qu'elles soient, ne peuvent, en aucune manière, manquer du secours du point central.



THÉORÈME III

Donc, le point central qu'on voit au centre de la Monade Hiéroglyphique se rapporte à la Terre, autour de laquelle tant le Soleil que la Lune et les autres planètes accomplissent leurs cours. Pour cette raison, puisque le Soleil possède la suprême dignité, nous le représentons par un cercle complet et un centre visible.




THÉORÈME IV

Bien que l'hémicycle de la Lune soit comme supérieur et au-dessus du cercle solaire, cependant il reconnaît le Soleil comme son seigneur et roi ; et on voit qu'il se complaît tellement en sa forme et sa proximité, qu'il rivalise avec lui par la grandeur (apparente aux hommes vulgaires) du semi-diamètre et qu'il reproduit toujours sa lumière ; enfin il désire tellement être imprégné des rayons solaires que, presque transformé en lui, il disparaît complètement du ciel jusqu'à ce que, quelques jours après, il apparaisse, comme nous l'avons représenté, sous une figure corniculée.


THÉORÈME V

Et je donne vraiment un complément au cercle solaire par le semi-cercle de la Lune. Du soir et du matin, il n'a été fait qu'un jour. Qu'il soit donc le premier, celui par qui a été faite la Lumière des Philosophes.


THÉORÈME VI

Nous voyons ici le Soleil et la Lune s'appuyer sur la croix rectiligne. Celle-ci peut signifier fort à propos, par raison hiéroglyphique, soit le Ternaire, soit le Quaternaire. Le Ternaire, en effet, par les deux droites et le point commun à toutes les deux, comme copulatif. Le Quaternaire par les quatre droites renfermant quatre angles droits. (Chacun de ces éléments répétés deux fois, alors s'offre à nous, par cabale, l'Octonaire, que je ne crois pas avoir été connu de nos prédécesseurs les Mages, et que tu considéreras très attentivement.). Le Ternaire magique des premiers Pères et des Sapients consistait en corps, esprit et âme. D'où nous avons ici le Septénaire primaire manifesté, c'est-à-dire par les deux droites et leur point commun, ce qui fait trois, et par les quatre droites que forme ce même point en séparant les deux premières.




THÉORÈME VII

Les éléments étant éloignés de leurs places habituelles, les parties homogènes disloquées de ceux-ci apprendront à l'homme expérimenté que c'est par des lignes droites qu'elles effectueront naturellement leur retour à ces mêmes places. Donc, il ne sera pas absurde de représenter le mystère des quatre éléments (en lesquels peut être réduite chacune des choses élémentées) par quatre droites s'éloignant en quatre sens contraires d'un point unique et indivisible. Ici tu remarqueras soigneusement que les géomètres enseignent que la Ligne est produite par le déplacement du Point , nous avertissons qu'il doit en être de même ici pour une semblable raison, puisque nos lignes Elémentaires sont produites par une continuelle chute (comme un flux) de gouttelettes (stillae) (comme des points physiques) dans notre Magie mécanique.


THÉORÈME VIII

En outre, l'extension kabbalistique du quaternaire selon la formule de numération usitée (lorsque nous disons Un, Deux, Trois et Quatre), présente en abrégé le DÉNAIRE. C'est pourquoi Pythagoras avait coutume de dire 1, 2, 3 et 4 font dix. Ce n'est donc pas au hasard que la Croix Rectiligne (c'est-à-dire la vingt et unième lettre de l'alphabet romain), étant considérée comme formée de quatre droites, a été prise par les plus anciens philosophes latins pour représenter le DÉNAIRE. De plus, le lieu est défini par cela même, où le TERNAIRE, conduisant sa force par le SEPTÉNAIRE, l'a placé.


THÉORÈME IX

On verra que tout ici convient parfaitement au Soleil et à la Lune de notre MONADE, puisque, par la Magie des quatre Eléments, la SÉPARATION très exacte en leurs lignes primitives aura été faite, et ensuite la CONJONCTION circulaire dans le complément SOLAIRE, par les périphéries de ces mêmes lignes (car quelle que soit la grandeur d'une ligne donnée, il est possible de décrire un cercle passant par ses extrémités d'après les lois de la Géométrie). Alors on ne peut donc nier combien est utile, au SOLEIL, et à la LUNE de notre MONADE, la Proportion DENAIRE de la Croix.



THÉORÈME X

La figure suivante de la Dodécatémorie du Bélier, en usage chez les Astronomes, est connue de tout le monde (comme une sorte d'édifice tranchant et pointu) ; et il est constant qu'elle indique l'origine, en ce lieu du ciel, de la Triplicité Ignée.




Ainsi donc nous avons ajouté le signe astronomique du Bélier pour signifier que (dans la pratique de cette MONADE) le ministère du feu est requis. Et ainsi, brièvement, nous avons achevé la considération hiéroglyphique de notre MONADE que nous voulons résumer ainsi, en un seul contexte hiéroglyphique :



Le soleil et la lune de cette monade veulent que leurs éléments dans lesquels la proportion dénaire florira, soient séparés, et ceci s'accomplit par le ministère du feu.


THÉORÈME XI

Le signe mystique du Bélier, constitué par deux semi-cercles, connexes en un point commun, est très justement attribué au lieu de la Nycthemère (Æquinoxiale. Car la période de vingt-quatre heures, partagée par le moyen de l'Æquinoxe, dénote nos sécrétissimes proportions. Je dis nos par rapport à la Terre.



THÉORÈME XII

Les très anciens Sapients et Mages nous ont transmis cinq signes hiéroglyphiques des Planètes, tous composés des caractères de la LUNE et du soleil, avec le signe des Eléments ou le signe hiéroglyphique du Bélier, comme l'indiquent ceux qu'on voit figurés ici :



Chacune de ces figures ne sera pas difficile à expliquer, suivant le mode hiéroglyphique, au moyen de nos principes fondamentaux déjà posés. D'abord nous parlerons par paraphrases de ceux qui possèdent le caractère de la Lune ; ensuite de ceux qui possèdent le caractère du Soleil. Lorsque notre nature LUNAIRE, par la science des Eléments, eut accompli une première révolution autour de notre Terre, elle était appelée mystiquement SATURNE. Puis, à la suivante révolution, elle avait nom JUPITER et gardait une figure plus secrète. Enfin la Lune, élémentée par un troisième tour, était représentée plus obscurément encore par cette figure qu ils avaient coutume d'appeler MERCURE. Voyez comment celui-ci est LUNAIRE. Qu'il soit conduit à une QUATRIÈME Révolution, ceci ne sera pas contraire à notre secret dessein, quoi que prétendent certains Sages.




De cette manière, le Purissime Esprit Magique, à la place de la Lune, administrera l'Œuvre de l'albification, et par sa vertu spirituelle, SEUL, avec nous, et comme au milieu du Jour Naturel, il parlera Hiéroglyphiquement sans paroles, introduisant et imprimant ces quatre figures géogamiques dans la Terre purissime et simplicissime préparée par nous, ou cette dernière figure au lieu de toutes les autres.




THÉORÈME XIII

Donc le caractère mystique de Mars n'est-il pas formé des hiéroglyphes du SOLEII, et du BÉLIER, le Magistère élémental intervenant en partie ? Et celui de VÉNUS, je le demande, n'est-il pas formé de celui du SOLEIL et des Eléments suivant la meilleure explication ? Donc ces planètes regardent la Périphérie SOLAIRE et l'oeuvre de revivification (αναζωπυρησις). Dans la progression de laquelle nous verrons apparaître cet autre Mercure qui est vraiment le frère utérin du premier. Et comme par la complète Magie Lunaire et Solaire des Eléments, cet Hiéroglyphe messager nous parte très distinctement, nous allons plus attentivement l'examiner et l'écouter. Et (par la VOLONTÉ de DIEU) il est le MERCURE des Philosophes, ce très célèbre MICROCOSME et ADAM. Cependant, quelques-uns parmi les très experts avaient coutume de placer au lieu et rang de celui-ci le SOLEIL lui-même.



Ce que nous ne pouvons pratiquer à notre époque, à moins que nous n'ajoutions à cet œuvre chrysocorallique une certaine ÂME, séparée du CORPS par l'art Pyronomique. Ce qui est difficile à accomplir, et très périlleux à cause des feux et des soufres que l'esprit (halitus) apporte avec lui. Mais cette ÂME, certes. pourra accomplir des choses merveilleuses. Par exemple, lier par d'indissolubles liens au disque de la LUNE (ou au moins de MERCURE) LUCIFER  et même Mars (Pyroenta). Et en troisième lieu (comme ils le veulent), nous montrer (pour achever notre nombre septénaire) le Soleil des Philosophes lui-même. Voyez combien exactement, combien clairement cette Anatomie de notre Monade Hiéroglyphique répond à ce que signifient les arcanes de ces deux théorèmes.


THÉORÈME XIV

II est donc déjà clairement confirmé que c'est du Soleil et de la Lune que dépend, tout ce magistère. Le trois fois grand Hermès nous en a avertis autrefois en affirmant que le Soleil est son Père et la Lune sa Mère; et nous savons vraiment qu'il est nourri de la terre rouge sigillée (terra lemnia) par les rayons lunaires et solaires qui exercent autour de lui une singulière influence.


THÉORÈME XV

Nous proposons donc aux Philosophes de considérer les exaltations (labores) du Soleil et de la Lune autour de la Terre. Elles adviennent, pour celle-ci, lorsque la clarté solaire entre dans le Bélier ; alors la Lune reçoit dans le signe suivant (c'est-à-dire du Taureau) une nouvelle dignité de Lumière, et se hausse au-dessus de ses vertus naturelles. Les Anciens expliquaient cette proximité des luminaires (la plus remarquable de toutes) par un certain Signe mystique, sous le nom insigne du Taureau. Il est très certain que c'est là cette exaltation de la Lune, comme il en a été témoigné par écrit (dans les traités des Astronomes) dès les temps les plus anciens. Et ceux-là, seuls, comprennent ce mystère, qui sont devenus les Pontifes absolus des mystères. Et c'est pour la même raison qu'ils ont dit que le Taureau était la maison de Vénus, c'est-à-dire de l'amour conjugal, chaste et prolifique, la Nature (φυσις) se délectant de la Nature, comme le grand Ostanès l'a tenu caché en ses secrétissimes mystères.Elles (les exaltations) adviennent pour le Soleil lorsque celui-ci, après avoir reçu plusieurs éclipses de sa lumière, reçoit la force Martienne, et il est dit alors triompher dans son exaltation dans cette même maison de Mars (qui est notre Bélier). Notre Monade démontre très clairement et très parfaitement ces sécrétissimes mystères par la figure hiéroglyphique du TAUREAU qui est ici représentée, et par celle de MARS que nous avons placée aux théorèmes XII et XIII, et qui indique le SOLEIL tendant par une ligne droite vers le BÉLIER. Par la présente théorie, une autre Anatomie kabbalistique de notre MONADE s'offre donc d'elle-même, dont la véritable et ingénieuse explication est celle-ci : LES EXALTATIONS DE LA LUNE ET DU SOLEIL AU MOYEN DE LA SCIENCE DES ELEMENTS.


ANNOTATION

Il est deux choses que je crois devoir être très expressément remarquées ; la première, que cette figure hiéroglyphique du Taureau nous représente exactement la Diphtongue des Grecs




qui est toujours la terminaison du génitif singulier ; la seconde, -par une simple métathèse de lieu, nous montre doublement la lettre ALPHA (a) par un cercle et un demi-cercle, soit simplement tangents, soit se coupant mutuellement, comme ici.


THEOREME XVI

Il nous faut maintenant philosopher un peu en vue de notre sujet, sur la CROIX. Bien que notre CROIX soit formée de deux droites (comme nous l'avons dit) et vraiment égales entre elles, celles-ci cependant ne se décomposent pas mutuellement en longueurs égales. Mais nous avons voulu employer en la distribution mystique de notre croix des parties tant égales qu'inégales. Elles montrent ainsi qu'une vertu se cache aussi dans la puissance des divisions binaires de la croix Æquilatère, puisqu'elles sont d'égale grandeur. Car, en général, la croix devant être formée de droites égales, la justice de la nature elle-même demande qu'elle soit faite par la décussation parfaitement égale des lignes. Selon la norme de cette justice, nous proposons d'examiner avec soin ce qui va suivre, sur la Croix Æquilatère (qui est la vingt et unième lettre de l'alphabet latin). Si, par le point commun de section et les angles opposés par le sommet de la Croix Rectiligne, Rectangulée et Æquilatère, on suppose une droite la traversant de part en part, de chaque côté de la ligne ainsi traversante, se trouvent formées deux parties de la Croix, parfaitement égales et semblables. Et la figure de celles-ci est semblable à cette lettre des Latins qui est regardée comme la cinquième des voyelles et qui était très usitée par les très anciens Philosophes Latins pour représenter le nombre cinq. Ce que je conçois n'avoir pas été fait par eux hors de propos, puisqu'elle est l'exacte moitié de notre Dénaire.




De ces parties de la figure ainsi doublée (par cette division hypothétique de la Croix) qui en provient, nous sommes conduits par la raison qu'elles représentent chacune le Quinaire (bien que l'une soit droite, l'autre renversée) à imiter ici la multiplication carrée des Racines carrées (ce qui advient ici merveilleusement dans le nombre circulaire, c'est-à-dire le Quinaire), d'où le nombre vingt-cinq se trouve, en effet, produit (puisque cette lettre est la vingtième de l'alphabet et la cinquième des voyelles) Nous considérerons maintenant un autre aspect de cette même Croix Æquilatère c'est le suivant qui est semblable à la position de notre Croix Monadique Nous supposons qu'une semblable division de la Croix en deux semblable division de la Croix en deux parties, est faite ici (comme plus haut).




Alors se montre la figure géminée d'une autre lettre de l'Alphabet Latin l'une droite, l'autre renversée et opposée cette lettre est usitée (d'après la très ancienne coutume des Latins) pour représenter le nombre cinquante. De là me semble qu'il faut d'abord établir ceci de ce que ce signe du Quinaire est essentiellement tiré de notre Dénaire de la Croix, mais que celle-ci est placée au sommet de tous les mystères, il s'ensuit que cette CROIX est le signe hiéroglyphique parachevé. D'où, renfermant dans sa force quinaire la puissance du dénaire, elle s'éjouit du nombre cinquante comme de sa propre production.  Ô mon DIEU, combien profonds sont ces mystères ! et le nom EL donné à cette lettre ! Et même, pour cette raison, nous voyons qu'elle se rapporte a la vertu dénaire de la Croix, puisque, à partir de la première lettre de l'Alphabet, elle marque ce même dénaire de la Croix, et qu'elle se trouve également au dixième rang, en partant de la dernière

Et puisque nous montrons qu'il y a dans la Croix deux parties intégrales semblables à celle-ci (en considérant maintenant leur seule vertu numérale), il est très clair que le nombre centenaire en est produit. Et si, par la loi des carrés, ces deux parties supportent une multiplication mutuelle, elles nous donnent comme produit deux mille cinq cents, et ce carré, comparé au carré du premier nombre circulaire et appliqué à lui, présente encore une différence d'un centenaire, de sorte que la Croix elle-même s'expliquant suivant la puissance de son dénaire, est reconnue être une centurie , et cependant, puisque tout ceci n'est que dans une seule et même figure de la Croix, elle se trouve représenter aussi l'Unité. Ici donc, par ces théories de la Croix (les plus dignes de toutes), nous sommes déjà induits à nombrer et progresser de cette manière Un, dix, cent. Et c'est ainsi que la proportion dénaire de la Croix se présente à nous.


THÉORÈME XVII

Comme il est évident, d'après le dixième Théorème, on peut considérer quatre angles droits, en notre Croix, à chacun desquels le précédent Théorème nous apprend à attribuer la signification du quinaire, suivant une première manière de les placer : et en leur donnant une autre position, le même théorème admet qu'ils deviennent les signes hiéroglyphiques du nombre quinquagénaire, de sorte qu'il est très évident que la Croix, vulgairement, indique le dénaire, et de plus, dans l'ordre de l'Alphabet Latin, elle est la vingt et unième lettre (c'est pourquoi il est advenu que les Sages, appelés Mecubales, désignent le nombre vingt et un par cette même lettre). Enfin il peut être très simplement considéré comme étant un simple signe, quelque autre puissance qualitative et quantitative qu'il possède. De toutes ces choses nous voyons qu'il peut être conclu, par la meilleure démonstration kabbalistique, que notre Croix, par un merveilleux abrégé, peut signifier, pour les Initiés : deux cent cinquante-deux. Car quatre fois cinq, quatre fois cinquante, dix, vingt et un et un, additionnés, font deux cent cinquante-deux. De même que nous pouvons extraire ce nombre par deux autres moyens encore, précédemment énoncés, nous recommandons aux kabbalistes encore inexpérimentés de le produire également, en étudiant ainsi sa brièveté et en jugeant digne de la considération des Philosophes la production variée et ingénieuse de ce nombre magistral. Et je ne vous cacherai pas ici une autre mystagogie mémorable. En considérant que notre Croix déployée se divise encore en deux autres lettres, si nous examinons d'abord d'une certaine manière leur vertu numérale, de sorte que nous conférions pareillement ensuite leur force verbale avec cette même croix, nous comprendrons avec une suprême admiration que c'est de là que naît la Lumière (LVX) le Verbe final et magistral (par cette union et conjonction du Ternaire, dans l'unité du Verbe).


THÉORÈME XVIII

De nos théorèmes douzième et treizième, il peut être inféré que l'Astronomie céleste est comme la source et la directrice de l'Astronomie inférieure. Ayant donc élevé au ciel nos yeux kabbalistiques (illuminés par la contemplation des mystères susdits), nous apercevons très exactement l'Anatomie de notre Monade se montrant ainsi à nous toujours dans la Lumière et la Vie de la Nature, et découvrant très explicitement, de son propre mouvement, les très secrets mystères de cette Analyse physique. Enfin lorsque nous avons contemplé les actions célestes et divines de ce céleste messager, nous avons été conduits à appliquer à cette coordination la figure de l'Œuf. Car il est très connu de tous les astronomes que, dans l'Æther, le circuit qu'il forme par sa course est figuré par un ovale. Et, puisque le Sapient doit comprendre à demi-Mot, voici nos interprétations (ici hiéroglyphiquement proposées) de ce céleste conseil, complètement conformes à tout ce qui a précédé.




Ici avertis, que les misérables Alchimistes apprennent donc à reconnaître leurs nombreuses erreurs, et comprennent ce qu'est l'eau du blanc d'œuf, — ce qu'est l'huile de jaune d'œuf ou la coquille calcaire des œufs, qu'ils comprennent donc à leur désespoir, ces inhabiles imposteurs, toutes les expressions semblables, si nombreuses ! Ici nous avons presque tout proportionné selon la nature Ceci est l'œuf même de l'Aigle, que le Scarabée brisa autrefois à cause de l'injure que la cruauté et la violence de cet oiseau avait causée aux hommes timides et simples. Car il en avait même poursuivi quelques-uns qui fuyaient jusque dans l'antre du Scarabée ou ils venaient implorer son secours. Mais le Scarabée, seul, estimant, à cause de tant d'insolence, que, de toute manière, cette injure devait être vengée par lui, puisqu'il était d'un caractère ardent, préparé a accomplir ceci par la constance et la volonté, et qu'il ne manquait ni dé force ni d'intelligence, ce scarabée poursuivit l'aigle de tous ses efforts et usa de cette très subtile ruse, de laisser choir une ordure dans le sein de Jupiter où l'œuf était déposé, de telle sorte que ce dieu, en s'en débarrassant, précipita à terre l'oeuf qui s'y brisa.

Et le Scarabée, pour cette raison ou pour d'autres, eût complètement exterminé de la terre la race entière de l'aigle, si Jupiter, pour obvier à un si grand mal, n'eût décidé que, pendant le temps de l'année où les aigles veillent attentivement sur leurs œufs, nul scarabée ne vînt voltiger autour de ceux-ci. Je conseille donc à ceux qui sont maltraités par la cruauté de cet oiseau, qu'ils apprennent cet art très utile de ces insectes du Soleil (Heliocanthari) (qui vivent ainsi, cachés par longs espaces de temps). Par les indices et signes desquels il leur serait vraiment très agréable, bien qu'ils ne le fassent pas encore eux-mêmes, de pouvoir tirer vengeance de leur ennemi. Et ils avoueraient (Ô Roi !) que ce n'est pas Æsopus, mais Œdipus qui m'incite à agir, s'ils étaient présents, ceux aux âmes desquels il entreprit pour la première fois de parler des suprêmes mystères de la Nature. J'ai su parfaitement qu'il y en a eu certains qui, par l'artifice du Scarabée, s'ils eussent dissous l'œuf de l'aigle et sa coquille avec l'albumine pure, et eussent formé d'abord un mélange du tout ; puis, s'ils eussent enduit ce mélange de toute la liqueur du jaune, par un procédé habile, en le roulant et l'enroulant sans cesse, comme les scarabées agglomèrent leurs pelotes de terre, alors la grande métamorphose de l'Œuf se fût accomplie, l'albumine elle-même disparaissant et comme enveloppée (comme si un grand nombre de cercles hélicoïdes étaient révolus) dans cette même liqueur du Jaune.




La figure hiéroglyphique ci-dessus de cet artifice ne déplaira pas aux Économes (ordonnateurs) de la Nature. Nous lisons que dans les premiers siècles, cet artifice fut célébré par les plus graves et les plus anciens philosophes, comme très certain et utile. Anaxagoras forma ensuite de ce Magistère une très excellente médecine, comme on peut le voir dans son livre πων εκ στροφων φυσικων. Celui qui s'adonne sincèrement à ces mystères verra clairement ici que rien ne peut exister sans la vertu hiéroglyphique de notre Monade.


THÉORÈME XIX

Que le Soleil et la Lune, beaucoup plus que toutes les autres Planètes, déversent leurs forces corporelles dans tous les corps inférieurs élémentés, c'est ce que démontre, en effet, l'Analyse Pyronomique de toutes les choses qui ont un corps, puisque celles-ci laissent échapper (dans cette analyse) l'humeur aqueuse de la Lune, et la liqueur ignée du Soleil par lesquelles se sustente toute la corporéité terrestre des choses mortelles.


THÉORÈME XX

Bien que nous ayons suffisamment démontré ci-dessus par une bonne raison hiéroglyphique que les Eléments sont représentés par les lignes droites, cependant nous donnerons une spéculation très exacte du point, qui est comme le centre de notre croix. Celui-ci ne peut en aucune manière être absent de notre Ternaire. Mais si quelqu'un, ignorant de la mathèse divine, soutenait que, dans cette position de notre binaire, il peut être absent, qu'il suppose donc un instant qu'il soit absent. Ce qui resterait alors ne serait pas notre Binaire ; mais le Quaternaire paraîtra par le retranchement de ce point et la discontinuation de l'unité des lignes. Or, notre adversaire a supposé avec nous que c'était le Binaire qui nous restait ; le Binaire et le Quaternaire seraient donc une seule chose, suivant la même considération. Ce qui, assez, manifestement, est impossible. Donc ce point doit, de toute nécessité, être présent, puisque avec le binaire il constitue notre ternaire ; et rien ne peut être substitué à sa place. Cependant il ne fait pas partie de la propriété hypostatique de ce Binaire et n'en est nullement une partie intégrante. On démontre ainsi qu'il n'en fait pas partie. Toutes les parties d'une ligne sont des lignes. Or, celui-ci est un point, ce que confirme l'hypothèse. Donc il ne forme pas une partie de ce Binaire et encore moins fait-il partie de la propriété hypostatique de ce Binaire. Ensuite, il faut remarquer par-dessus tout qu'il possède lui-même son hypostase propre, et qu'il n'est nullement contenu dans les étendues linéaires de notre Binaire. Mais -puisqu'on voit ainsi qu'il est commun à l'une et à l'autre (de ces étendues), il est censé recevoir une certaine image secrète de ce Binaire. D'où nous démontrons ici le Quaternaire se reposant (quiescens) dans le Ternaire. Pardonne-moi, Ô mon Dieu ! si j'ai péché envers ta Majesté en révélant un si grand mystère dans des écrits livres à tous ! Mais j'espère que ceux-là seuls qui sont dignes le comprendront vraiment ! Continuons donc maintenant à traiter de ce quaternaire de notre Croix que nous avons indiqué. Recherchons donc ensuite si ce point peut être éloigné de l'endroit où il est représenté. Or, les Mathématiques nous enseignent qu'il peut être facilement déplacé. Car non seulement lorsqu'il est séparé, ce qui reste est notre quaternaire, mais il deviendra beaucoup plus clair et distinct aux yeux de tous. Ce n'est pas une partie de sa proportion substantielle, mais seulement le point superflu de confusion qui est rejeté et éloigné. Ô Omnipotente Majesté Divine, combien nous sommes contraints, nous, mortels, de confesser quelle grande sapience et quelle ineffable infinité de mystères réside dans Sa loi que tu as disposée, par tous ses points et ses lettres, si les plus grands secrets et arcanes terrestres peuvent, par la multiple révélation de ce point unique, placé et examiné par moi (et dans ta lumière) être expliqués et démontrés très fidèlement ! De ce point qui n'est, certes, nullement superflu dans le ternaire divin, mais de ce point qui, par contre, considéré dans le règne des quatre éléments, est ténébreux alors, corruptible et bourbeux. Ô trois et quatre fois heureux ceux qui peuvent atteindre ce point (presque copulatif) du ternaire, et rejeter et éloigner celui, sombre et superflu, du quaternaire ou du Principe des ténèbres. Ainsi nous parviendrons aux ornements des vêtements blancs, éclatants comme la neige, Ô Maximilien ! que Dieu (par cette mystagogie) rende enfin le plus puissant de tous (ou quelque autre de la maison d'Autriche, tandis que moi, je me reposerai dans le Christ), afin de faire régner l'honneur de son nom redoutable dans ces ténèbres abominables et même intolérables (du point superflu sur la terre). Mais de peur que, moi-même, je me répande en paroles superflues (c'est-à-dire qui ne sont pas a leur place), je vais rentrer maintenant, tout de suite, dans les bornes de mon propos. Et puisque j'ai déjà terminé mon discours pour ceux qui placent leurs yeux dans leur cœur, il faut maintenant transformer ma parole pour ceux qui, au contraire, placent leur cœur dans leurs yeux. Voici donc une figure de la croix qui peut, en quelque sorte, représenter ce que nous en avons dit ici.



D'abord en deux lignes égales (également et inégalement croisées), par le point nécessaire, comme on le voit en A ; ensuite en quatre lignes droites distinctes comme en B comme par une sorte de vacuité produite par le point retranché) séparées du point qui, avant, leur était commun, sans qu'il leur soit causé pour cela aucun préjudice. Ceci est la voie par laquelle notre Monade, progressant par le binaire et le TERNAIRE dans le QUATERNAIRE purifié, est restituée à elle-même, unie par le proportion de l'égalité (et que maintenant le tout est égal à toutes ses parties). Et tandis que ceci a lieu, notre monade n'admet cependant rien des unités ni des nombres externes, puisqu'elle se suffit très exactement à elle-même, absolutissime en tous ses nombres, dans l'amplitude desquels elle est diffusée, tant par des modes magiques que par un procédé peu vulgaire de l'artisan ensuite ; et pour le plus grand avantage (en dignité et en puissance) de cette monade elle-même, elle est restituée à sa propre matière première, cependant que tout ce qui ne se rapporte pas à sa proportion naturelle et héréditaire est retranché avec le plus grand soin et diligence, et rejeté pour toujours parmi les impuretés.


THÉORÈME XXI

Si ce qui était caché intérieurement dans les profondeurs de notre Monade était mis au jour, et que, par contre, les parties premières, et comme extérieures de cette monade fussent enfermées au centre, vous avez vu plus haut quelle transformation philosophique de la Monade se produirait alors. Nous vous exposerons donc maintenant une autre commutation locale de la Monade mystique, par ces parties d'où nos caractères hiéroglyphiques des planètes supérieures se sont d'abord offertes à nous. Chacune des autres planètes étant, pour cette raison, retournée en haut. chacune à son tour, et recevant cette position que nous voyons souvent leur être assignée par Platon, si donc elles sont prises convenablement dans cette position, dans cette pointe du Bélier se rassemblent Saturne, Jupiter, Mais, en descendant, la croix représente Vénus et Mercure ; s'ensuivent enfin le Soleil lui-même, et en bas la Lune. Mais ceci sera discuté dans un autre endroit ;



cependant, comme je n'ai pas voulu cacher ces trésors philosophiques de notre Monade, nous avons pris la résolution de donner une raison pour laquelle la situation de la Monade est ainsi déplacée. Mais voyez et écoutez les autres secrets plus grands encore que je sais exister pour votre utilité, touchant cette situation, et que j'expliquerai en peu de mots. Nous distribuons donc la Monade (placée de cette nouvelle manière) dans les membres anatomiques B, D, C, où dans ce nouveau Ternaire les figures C et D sont connues même des paysans.



Mais la troisième figure qui est désignée par B, n'est pas si facile à connaître de tous. Et il faut considérer très attentivement que ces formes connues, D et C, se montrent comme des essences séparées et distinctes de cette figure B ; et deuxièmement, que nous voyons les cornes de la figure C, tournées en bas comme vers la terre ; et que cette partie de D qui illumine ce même C est tournée également vers la terre, c'est-à-dire en bas, dans le centre duquel seul est visible le point vraiment terrestre : et qu'enfin ces deux figures D et C, tournées vers les parties inférieures, forment, mieux que B, son indice hiéroglyphique (de la Terre). Donc la terre peut nous représenter hiéroglyphiquement la stabilité et la fixation. Je laisse donc à conclure de là ce que sont C et D. D'où l'on peut noter maintenant un grand secret : savoir ; comment toutes les choses que nous avons dites en premier lieu du Soleil et de la Lune peuvent recevoir ici une interprétation plus parfaite et tout à fait nécessaire, ces deux astres ayant été jusqu'alors placés à la partie supérieure, et les cornes lunaires dressées en haut. Mais nous avons assez parlé sur ce sujet. Nous examinerons donc maintenant selon les fondements de notre art hiéroglyphique, la nature de cette troisième figure (B). Premièrement, nous la voyons porter au sommet un double croissant de la Lune, ce qui est notre Bélier (mais retourné mystiquement). Ensuite le signe hiéroglyphique des Eléments lui est annexé. Quant à ce qui a trait à la Lune redoublée, ceci peut s'expliquer (selon la matière proposée) : un double degré (gradus) de la Lune. Parlons donc de ces grades que les Physiciens expérimentés ne peuvent trouver qu'au nombre de quatre entre toutes les substances créées ; savoir : être, vivre, sentir et comprendre (esse, vivere, sentire ei intelligere). Et remarquant que les deux premiers de ces grades se trouvent ici, nous dirons ainsi : la Lune existante et vivante. Certains déterminent toute vie par le mouvement ; or, il y a six espèces principales de mouvement. Et la Croix qui est ajoutée indique que l'artifice des Eléments est requis ici. En outre, puisque nous avons rapporté très souvent dans nos théories que l'hiéroglyphe de la Lune est comme un demi-cercle, par contre, le cercle entier signifie le Soleil. Or, ici, nous avons deux demi-cercles, mais séparés (réunis cependant au point commun) et qui, s'ils sont conjugues (comme ils le peuvent être par un certain art), peuvent nous représenter la plénitude circulaire du Soleil. De toutes ces choses considérées ensemble, il ressort que nous pouvons ici, sommairement et hiéroglyphiquement, proférer la sentence suivante : La Lune existante et vivants qui doit être traitée (tractanda) par le magistère des Eléments possédant la puissance de représenter la plénitude solaire par ses deux demi-cercles réunis ensemble par un art secret. Que ce cercle (dont nous avons parlé) que nous désignons dans la figure par la lettre E, soit donc achevé et formé. Rappelons-nous donc d'abord que ce degré solaire ne nous a pas été présenté par la nature ; mais qu'il est artificiel et factice, et qu'il s'est d'abord offert à nous dans son aspect premier et suivant sa nature propre (comme en B) en deux parties séparées et dissoutes, et non solidement réunies sous la forme solaire. Enfin le semi-diamètre de ces demi-cercles n'est pas égal au semi-diamètre de D et C (tels que nous les avons formés et comme chacun peut le voir), mais beaucoup plus petit. D'où il est clair que ce même B n'est pas d'une amplitude si grande que le sont D et C. Et E lui-même nous le confirme très bien, s'étant, par ce moyen, transformé en cercle, de B en la figure E. Alors donc surgit à nos yeux le caractère seul de Vénus. - Nous avons déjà démontré par ces syllogismes hiéroglyphiques que de B nous ne pouvons pas obtenir le vrai D, et que la vraie C n'a pu non plus être complètement dans la nature de B ; d'où celui-ci n'a pu être la vraie lune vivante. Tu peux donc déjà douter au sujet de cette vie et de ce mouvement, s'ils les possèdent véritablement et naturellement , cependant, comme nous l'avons dé]à expliqué aux sages, toutes les choses qui sont dites (sur B) d'une semblable manière, seront au moins analogiques , et tout ce que nous avons brièvement enseigné touchant C et D convient très bien, mais analogiquement, à ce même B, accompagné de ses éléments. Et même ce que nous ajoutons sur la nature du Bélier doit exactement convenir à celui-ci, puisqu'il porte (B) cette figure (bien que renversée) à son sommet, et qu'elle est ajoutée à ce même B qui est la figure mystique des Eléments.

Puisque nous voyons par cette Anatomie que, du corps unique de notre Monade (ainsi séparé par notre art), ce nouveau ternaire se trouve formé, nous ne pouvons douter, pour cette raison, que les membres qui le composent ne renferment et admettent entre eux, et comme de leur plein gré une sympathie et une union monadique très absolue. Ainsi, dans ces membres, se trouve une force magnétique active. Enfin j'ai trouvé bon de faire remarquer ici (par manière de récréation) que ce même B nous présente très clairement autant de lettres rustiques et informes qu'il porte de points lisibles en haut, au sommet et comme à son front, et ces lettres sont ainsi :



au nombre de trois, ou autrement au nombre de six (ou sommairement trois fois trois), et qui sont très grossières et informes, peu stables et inconstantes, faites de telle sorte qu'elles semblent formées d'un ou plusieurs demi-cercles. Mais le moyen de former ces lettres d'une façon plus stable et plus ferme est dans les mains des littérateurs experts. J'ai eu ici devant les yeux une infinité de mystères , mais j'ai voulu, par ce jeu, interrompre cette théorie. Je ne comprends cependant pas les efforts de certains qui s'élèvent contre moi, bien que (notre Monade étant restituée en sa première situation mystique et chacun de ses membres étant ordonné avec art) je les avertisse et les exhorte au moins une fois de retrouver avec soin maintenant quel fut ce Feu du Bélier (Ignis Aretinus) de la Triplicité première. Qu'est-ce que notre feu aequinoxial ? Qui fut cause que le Soleil pouvait être exalté au-dessus de son grade vulgaire ? Et beaucoup d'autres choses plus excellentes qui devront être étudiées par d'heureuses et sapientissimes méditations. Mais, nous hâtant maintenant de passer à autre chose, nous avons voulu uniquement indiquer du doigt, non seulement amicalement, mais très fidèlement, le chemin qui conduit à d'autres secrets (sur lesquels il convient d'insister) en passant cependant sous silence (comme nous l'avons dit) une infinité remarquable d'autres mystères.


THÉORÈME XXII

On comprendra facilement que les mystères de notre monade ne soient pas encore épuisés, si j'offre ici à contempler à votre Sérénité Royale les vases de l'Art Sacré (ceux-ci vraiment et complètement kabbalistiques), habilement tirés de l'officine de cette même Monade et qui ne doivent être révélés qu'aux seuls initiés. Donc, tous les liens qui réunissaient les diverses parties de notre Monade étant savamment rompus, nous donnerons à chacune d'elles (pour les distinguer) une lettre spéciale, comme on le voit ci-dessous :.




Nous avertirons donc qu'en alpha se trouve un certain vase artificiel, formé de A et de B, avec (et en extériorisant ainsi le diamètre qui est commun à l'un et à l'autre) la ligne M, et qui n'est différent, comme on le voit, de cette première lettre de l'alphabet grec, que par une seule transposition locale des parties, Car nous enseignons les premiers par la droite, le cercle et le demi-cercle, la véritable symétrie mystique de celle-ci (quoique nous ayons averti précédemment que cette symétrie pouvait être formée seulement du cercle et du demi-cercle, ce qui aboutit néanmoins au même propos mystique). Ensuite l, et d sont tout d'abord comme les images des autres vases (savoir : l celui de verre et d celui de terre). Mais en second lieu l et d peuvent nous rappeler quelque chose du Pilon et du Mortier qui doivent être préparés (vraiment) d'une telle matière, que nous puissions broyer avec eux, en poudres subtilissimes, les perles artificielles non perforées, les lamelles de cristal et de béryl, les chrysolithes, puis les rubis précieux, les escarboucles et autres rarissimes pierres artificielles. Enfin ce que l'on voit indiqué par la lettre w est un petit vase rempli de Mystères et qui ne s'éloigne de cette dernière lettre de l'Alphabet grec (restituée maintenant à sa primitive mystagogie) que par une seule transposition apparente des parties, celle-ci consistant également en deux demi-cercles. Quant aux figures vulgaires et nécessaires ensuite de ces vases, et la matière (de laquelle ils doivent être faits) il n'est pas utile que nous en traitions ici. Cependant a devra être considéré comme cherchant l'occasion d'exercer son office par un très secret et rapide artifice de respiration (spiraculum), et le sel incorruptible par lequel se conserve le principe premier des choses, ou bien ce qui surnage dans le vitriol après la dissolution offrira aux débutants un spécimen primordial et très bref de notre œuvre, en attendant qu'une voie plus subtile et plus habile de préparer cet œuvre vienne se révéler à eux. Mais dans l, le vase de verre (dans l'exercice de sa fonction particulière), tout air, ou vent extérieur apportera un grand dommage.

Corollaire,  ω est l'homme agréable à voir paraître en tout temps (ommum horarum homo). Qui donc déjà ne peut pressentir les fruits suavissimes et très salutaires de la science sacrée, qui naissent (dis-je), du mystère de ces deux lettres seulement ? Quelques-uns desquels nous tirerons (de notre jardin des Hespérides) et nous ferons voir d'un peu plus près comme dans un miroir ; et l'on constatera qu'ils ne sont formés d'autre chose que de notre Monade. Car la ligne droite qui apparaît dans a est homologue de celle qui, dans cette séparation de l'anatomie finale de notre Croix, est déjà désignée par la lettre M. On peut découvrir ainsi d'où proviennent les autres.

Par ces quelques paroles, je sais que je donne non seulement des principes, mais des démonstrations à ceux au dedans desquels vit et se fortifie la vigueur ignée et l'origine céleste, afin qu'ils prêtent désormais l'oreille au grand Démocrite facilement ; c'est un dogme non mythique, mais mystique et secret, selon lui, que le remède de l'âme et libérateur de toute souffrance a été préparé à ceux qui veulent, et, comme il l'a enseigné, qu'il est recherché à la voix du Créateur de l'Univers, afin que l'homme inspiré de Dieu et engendré divinement apprenne au moyen de la disquisition parfaite et des langages mystiques.


THÉORÈME XXIII

Nous présenterons maintenant ici, soigneusement figurées, les symétries déjà observées par nous dans la construction hiéroglyphique de notre monade, et qui devront être observées par ceux auxquels il sera agréable de les tracer sur des sceaux ou des anneaux, ou de les utiliser de quelque autre manière. Au nom de Jésus-Christ, cloué sur la croix, dont l'esprit écrit rapidement ces choses par moi (qui ne suis, je l'espère et le crois, que le calame qui trace les caractères), nous tirerons maintenant de notre croix des Eléments, toutes les mesures susdites. Et même par la raison (selon la matière de l'argument proposé) que tout ce qui, sous le ciel de la Lune, contient le principe de sa génération du bien est formé de l'agglomération des quatre éléments, ou bien est l'Essence élémentaire elle-même, et ceci de diverses manières non connues du vulgaire ; et parce que, dans nulle chose créée, les éléments ne sont en proportion ou en force égale, et que, cependant, par le moyen de l'art, ils peuvent être ramenés à l'égalité en certaines choses (comme les Sapients le savent), dans notre croix, nous constituons des parties égales et non égales, ce que, pour une autre raison, nous pouvons nommer similitude ou diversité ou unité et pluralité, en admettant en secret la propriété (comme nous en avons averti plus haut) de la Croix Æquilatère. Mais si nous exposions chacune des raisons (que nous connaissons) des symétries ainsi établies, ou bien que nous en démontrions les causes d'une autre manière que nous ne l'avons fait, et assez abondamment (pour les Sapients) en tout cet opuscule, nous franchirions les limites que nous avons non sans raison, prescrites à notre discours.





Un point quelconque étant donné dans un plan, comme A, par exemple, on fait passer par ce point et au delà de lui dans les deux sens, une droite assez longue, CAK ; et sur la ligne CK on élève une perpendiculaire s'étendant dans l'un et l'autre sens, suffisamment loin (à l'infini, comme ont coutume de dire les géomètres, et avec raison, tournant ainsi la difficulté),que l'on admettra être DAE, Puis, en AR, on prend un point où l'on voudra, soit B, et l'on obtiendra une première distance AB (qui sera comme la Commune mesure de notre oeuvre). On prend le triple de celle-ci, et on le porte de A vers C, soit AC ; puis on porte deux fois la distance AB en AE, puis en AD, de telle sorte que toute la distance DE soit le quadruple de AB : alors nous avons formé notre Croix élémentale, c'est-à-dire par le quaternaire des lignes AB, AC, AD et AE. Maintenant, sur la ligne BK on porte une distance égale à AD et l'on obtient BI. Du point I comme centre, et avec IB comme rayon, l'on décrit un cercle BR, qui coupe la droite AK au point R ; et du point R vers K, on porte sur la droite une longueur égale a AB, soit RK, et du point K on tire une ligne droite, de suffisante longueur, formant un angle droit de chaque côté de la droite AK, et qui sera PFK. De ce même point K, prenons dans la direction F une distance égale à AD, soit KF, et par le point K comme centre, et avec KF comme rayon, on décrit un demi-cercle FLP, de telle sorte que FKP en soit le diamètre. Enfin au point C, on élève sur cette même ligne AC une perpendiculaire suffisamment étendue dans les deux sens, soit OCQ ; ensuite, sur la ligne CO, nous portons du point C la distance AB, soit CM, et de M comme centre avec MC commerayon, nous décrivons un demi-cercle CHO, dont le diamètre est CMO. Et de même, sur CQ, du point C, nous portons encore une distance égale à AB, soit CN ; et du centre N, avec NC comme rayon, nous traçons le demi-cercle CGQ, dont CNQ est le diamètre. Noua affirmons, dès lors, que toutes les symétries demandées se trouvent expliquées et décrites dans notre Monade.

Il est bon d'avertir ici celui qui connaît les lois de la mécanique, que toute la ligne CK est composée de neuf parties, dont l'une est notre fondamentale, ce qui, par une autre voie, peut contribuer à porter notre œuvre à la perfection ; ensuite que tous les diamètres et semi-diamètres doivent être désignés ici par des lignes supposées (obscurae) (comme disent les géomètres) ; qu'il ne faut laisser aucun centre visible, excepté le centre solaire qui est ici marqué par la lettre I, et qu'il n'y faut ajouter aucune lettre ; cependant l'adepte de la Mécanique peut ajouter, en guise d'ornement, à la périphérie solaire (en vertu d'une certaine nécessité mystique qui, pour cette raison n'a pas encore été considérée par nous) une surface latérale annulaire (circonscrite par une ligne parallèle à la première). La distance de ces parallèles peut être fixée au quart ou au cinquième environ de la distance AB. Il peut aussi donner à la périphérie lunaire la forme sous laquelle cette planète apparaît dans le ciel aussitôt après sa conjonction avec le soleil, c'est-à-dire sous la forme corniculée, ce qu'il obtiendra si, du point K, dans la direction de R, il porte cette distance (dont nous venons de parler) du quart ou du cinquième de la ligne AB, et si, du point ainsi obtenu, comme centre, il trace avec le même rayon lunaire la seconde partie de la périphérie qui viendra aboutir, par un contact extrêmement ténu, aux deux extrémités du premier demi-cercle. La même opération peut être également répétée aux points M et N, en élevant des perpendiculaires par chacun de ces points, sur lesquelles on portera la sixième partie de AB ou un peu moins ; d'où, comme centre, ou décrira extérieurement avec les deux premiers rayons MC et NC deux autres demi-cercles.

Enfin des parallèles peuvent être tracées de chaque côté des deux lignes de notre croix, distantes chacune des lignes du milieu de la huitième ou de la dixième partie de AB, de telle sorte que notre croix soit, de cette manière, formée comme par quatre superficies linéaires dont la largeur est la quatrième ou la cinquième partie de cette même droite AB.


J'ai voulu, en quelque sorte, esquisser dans la figure ci-dessous ces ornements que chacun peut reproduire à sa fantaisie :




à la condition cependant qu'aucune faute (même minime), contre nos symétries mystiques, n'y soit insérée, de peur que par cette négligence, la discipline nouvelle de ces commensurations hiéroglyphiques (et extrêmement nécessaires) ne soit, dans la suite progressive des temps, détruite ou perturbée, et beaucoup plus profondément que nous n'avons pu ou voulu l'indiquer en ce petit livre ; comme l'enseignera la Vérité, fille du Temps (avec le consentement de Dieu). Mais nous exposerons maintenant méthodiquement certaines choses que pourra rencontrer sur son chemin celui qui s'exercera dans ces symétries de notre Monade. Nous montrerons par plusieurs exemples l'existence de quatre lignes disposées selon le quaternaire des lignes de notre Croix et que l'on ne peut, en considération de celui-ci, énoncer simplement, puis leur proportion et raison particulière et mystique qu'elles prennent d'une autre manière du quaternaire de ces mêmes lignes ; et troisièmement, nous montrerons qu'il existe dans la Nature certaines fonctions utiles et déterminées par Dieu, au moyen des nombres que nous avons soigneusement tirés, soit de ce théorème, soit des autres qui sont contenus dans ce petit livre. Enfin d'autres choses que nous insérerons en lieu opportun, et qui, si elles sont convenablement comprises, porteront des fruits très abondants, ce par quoi nous terminerons très brièvement. 




Autant qu'il existe de nombres écrits dans l'ordre naturel, depuis la Monade première, si, du premier au dernier, ou fait une multiplication continue, c'est- à-dire du premier par le second : du produit de ces deux par le troisième, et de ce produit par le quatrième, et ainsi de suite jusqu'à la fin, le produit final détermine toute la métathèse possible, en autant de lieux et, par la même raison, en autant de choses diverses que l'on voudra. Je te confie donc (Ô Roi), cette opération qui te sera très utile en plusieurs circonstances, tant dans l'étude de la nature, que dans les autres affaires du gouvernement des hommes, et que j'ai coutume d'utiliser avec le plus grand plaisir ans le Tziruph (ou Themura) des Hébreux.


DU QUATERNAIRE
ARTIFICIEL
La multiplication continue donne 12.
L'addition simple donne 8 = 1 + 7 (=4+3)
La Somme de l'addition des parties de toutes les manières possibles donne 24. ce qui est égal à toute la métathèse possible du quaternaire et qui détermine la pureté physique et la souveraine excellence de l'or à 24 karats, lorsqu'il est considéré dans son existence propre sur la Terre.



Je n'ignore pas, en vérité, que plusieurs autres nombres puissent être produits du Quaternaire, par la Vertu Arithmétique et la Puissance formelle. Mais celui qui ne comprendra pas qu'une très grande obscurité se trouve ainsi illuminée par ceux que j'ai arrachés à la nature, et distingués parmi leur si grande multitude, pourra estimer son entendement obtus et non aigu. Combien donc réside d'autorité en nos nombres (comme nous l'avons promis), dans la pondération 


des Eléments, dans les définitions des mesures des temps, dans la certitude des grades qu'on peut assigner à la puissance et à la force des choses, c'est ce qu'il faut examiner dans les schémas suivants. 
Des précédents schémas, plusieurs choses peuvent être déduites, qu'il est préférable d'étudier et d'approfondir silencieusement plutôt que de divulguer ouvertement par des paroles. Cependant, nous avertirons d'une seule chose parmi 


tant d'autres (divulgée pour la première fois par nous, ainsi que tout cet art nouveau), à savoir, que nous avons établi ici la cause rationnelle en vertu de laquelle le Quaternaire ou le Dénaire terminent d'une certaine manière les séries numérales ; et nous affirmons que cette cause n'est pas exactement telle que l'ont décrite les Maîtres qui nous ont précédés, mais telle que nous l'avons rapportée ici. Puisque cette Monade a été intégralement et physiquement restituée à elle-même (c'est-à-dire qu'elle est vraiment la Monade Unitissime, l'Unité éprouvée des Images), il n'est au pouvoir ni de la Nature, ni d'aucun art, d'exciter celle-ci à un mouvement ou à une progression quelconque, autrement que par quatre révolutions supercélestes (et de là est engendre celui que nous avons voulu noter ainsi à cause de son éminence) ; et c'est pour cette raison qu'il n'est, dans le monde élémental, céleste ou supercéleste, aucune puissance créée, influentiale, dont elle n'ait pas été absolument douée et enrichie. C'est l'effet véritable de celle-ci que quatre hommes illustres et amis de la Philosophie ont atteint ensemble (autrefois) dans leur œuvre ; et étonnés, un jour, d'un si grand miracle de cette chose, se consacrèrent dès le lendemain tout entiers à chanter et à prêcher les louanges de Bien, le Très Haut, de ce qu'il leur avait prodigué tant de Sapience et un pouvoir et un empire si grand sur les autres créatures.



THÉORÈME XXIV

De même que nous avons commencé l'exorde de ce petit livre par le Point, la Droite et le Cercle, et que nous avons circonduit de notre point monadique l'extrême effluxion linéaire de nos éléments en un cercle presque analogue à l'Æquinoxial, qui achève sa révolution en 24 heures, de même maintenant enfin nous consommerons et terminerons la métamorphose et la métathèse de toutes les manières possibles du Quaternaire (définie par le nombre 24), par notre présent vingt-quatrième théorème, à l'honneur et la gloire de Celui qui (au témoignage de Jean l'Archipraesul des Mystères divins, dans la quatrième et dernière partie du quatrième chapitre de l'Apocalypse), siège sur un Thrône, autour et devant lequel les quatre Animaux (ayant chacun six ailes), disent Nuit et Jour, sans repos ; Saint, Saint, Saint est le Seigneur Dieu Omnipotent, qui Etait et qui Est, et qui Viendra (venturus est) le même que les 24 vieillards dans les 24 cathèdres placées dans le cercle, adorent, prosternés (ayant jeté leurs couronnes d'Or à terre), disant : Digne es-tu, Seigneur, de recevoir Gloire, Honneur et Vertu, parce que tu as créé toutes choses, et à cause de ta volonté, elles sont et ont été créées.

Amen,

dit
la quatrième lettre
Δ

Celui à qui Dieu a donné la volonté et l'habileté de connaître ainsi ce mystère divin par les monuments éternels des lettres, et de terminer placidissimement, le 25 janvier, ses travaux commencés le 13 du même mois.

En l'an 1564, à Anvers :


Ici l'Œil vulgaire ne verra qu'obscurité et désespérera considérablement.



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