JOUBERT DE LA SALETTE Dictionnaire élémentaire (1754)
À L'USAGE DES JEUNES DISCIPLES D'HERMÈS
J.P. Joubert de la Salette
- Le premier sujet et le feu sont indispensables dans l'œuvre.
- De la préparation du premier sujet résulte une humidité
mercurielle brillante et lumineuse.
- Il y a un sujet particulier propre à l’œuvre.
- Il faut tirer deux choses du sujet et puis les réunir par l'art.
- Il faut en ôter toutes les impuretés pour en faire sortir les choses cachées et tirer d'un chaos le soufre et le mercure, qui étant réunis, font le mercure des sages.
- Ce compost qui est le mercure des philosophes suffit, moyennant le feu, pour faire l'or. Celui-ci, rentré dans son chaos et sorti de ce même chaos, triomphe de toute impureté métallique et peut se multiplier à l'infini.
- Le premier chaos ou sujet est composé du sang du dragon et de la saturnie végétable.
- Le premier chaos ou sujet est le composé de sages et contient les quatre éléments.
- Le premier sujet ou le composé est corporel et spirituel.
- Le premier sujet ou chaos ou composé est fait de deux, soufre et mercure et des trois principes et des quatre éléments qui commencent à se concilier ensemble.
- Du chaos général dérivent ceux particuliers des trois règnes. Le chaos minéral qui contient le soufre et le mercure dans un même sujet est la première matière de l'artiste.
- Le chaos des sages se tire du même premier sujet ou première matière selon les diverses opérations de l'art, imitateur de la nature et d'après les dispositions de la semence ordonnée de Dieu.
- Le premier sujet est la matière de l'art qui se compose de trois substances par le ministère de Vulcain ou du feu.
- Cette première matière ou hylé qui est placée entre le métal et la minière est un chaos ou un composé de fixe et de volatil tout ensemble, que les sages appellent hylé ou la première eau, qu'ils tirent et composent du premier hylé naturel et minéral que la nature avait composé des éléments.
- Cette première matière ou composé se fait par la destruction du corps et l'eau (ou second hylé) qui en est l'âme, l'esprit et l'essence se fait par la destruction de cette première matière.
- On n'a besoin que de cette eau ou âme pour le commencement, le milieu et la fin de l'œuvre. Cette eau est deux fois née du mercure.
- Notre chaos, c'est-à-dire celui que tirent les sages du chaos primitif, s'appelle encore magnésie.
- Notre chaos doit être purifié dans notre feu pour en tirer le mercure philosophique revêtu de la forme d'eau, pour pénétrer, dissoudre les corps terrestres et réveiller le feu interne de la nature, assoupi en eux.
- Le mercure des philosophes est enfermé et emprisonné dans le chaos du premier chaos minéral que présente la nature. Il en est tiré et mis en liberté par le secours de l'art qui vient aider la nature et qui commence où elle a fini. Celui-ci l'aide à son tour à mesure que les esprits se tirent de l'esclavage du corps et se séparent des esprits grossiers de la matière qui restent inutiles au fond du vaisseau.
- Le mercure ainsi dégagé des lieux de sa première coagulation contient une double nature, à savoir : une ignée et fixe qui lui est intérieure, qui est le cœur fixe de toutes choses, permanente au feu et le vrai soufre des philosophes. L'autre humide et volatile qui est antérieure à la précédente, qui est la plus pure et la plus subtile de tous les esprits, la quintessence de tous les éléments, la première matière de toute chose métallique et le vrai mercure des sages.
- On distingue quatre sortes de mercure. Le premier est celui des corps qui est la semence précieuse dont se fait la teinture des philosophes, mercure créé de Dieu. Le second est le bain et le mercure de la nature, le vase des philosophes, l'eau philosophique, le sperme des métaux dans la graine (où réside le point séminal). Le troisième qui se fait des deux précédents est le mercure des philosophes. Le quatrième est le feu secret, moyenne substance de l'eau.
- L'ancien chaos créé de Dieu contenait en confusion et au repos les semences de toutes choses et les contraires y demeuraient en paix.
Les semences métalliques comprises dans notre chaos y sont aussi en paix et attendent que l'artiste dise Fiât lux, en séparant la lumière des ténèbres, en réduisant la semence métallique de puissance en acte, en rendant l'invisible visible.
- L'ancien chaos était toute chose et n'était rien de particulier. Le chaos métallique produit par la nature contient en soi tous les métaux et n'est point métal. La nature commençait un métal en lui, mais empêchée dans son cours, elle ne vous a donné qu'un chaos.
- Le ciel et la terre des philosophes sont contenus en confusion dans ce chaos métallique. Il est une image de la mort et cependant la terre catholique a une vie cachée.
- Le chaos minéral ouvert, les éléments séparés, les éléments purifiés se réunissent en huile en forme d'eau visqueuse qui est ce chaos ou composé philosophique, et le soleil qu'il faut nourrir et laver sort du sein de la mer. Le sage marie le ciel et la terre et unit les eaux supérieures aux inférieures.
- De ce chaos ou composé philosophique qui est notre première matière, le sage en tire un esprit visible, qui néanmoins est incompréhensible, qui est la racine de vie du corps et le mercure des philosophes, dont la liqueur doit être rendue matérielle jusqu'à ce qu'elle arrive à un degré de souveraine et parfaite médecine.
- Ce corps dont on tire un esprit qui est une eau d'or sans corrosion, est informe et ressemble à un chaos, à un avorton ou un ouvrage de hasard. L'esprit qu'il contient est sous des formes méprisables, aussi fait-on payer à vil prix sa matière par les ignorants, tandis que les sages et les savants l'estiment uniquement parce qu'ils en connaissent la valeur.
- Cet être unique composé de deux substances dont la troisième est cachée est le vaisseau d'Hermès (les colombes de Diane) où l'air qu'il faut cuire est un milieu entre le métal et le mercure. C'est l'enfant philosophique, c'est une seule essence qui accomplit d'elle-même le grand œuvre, à l'aide d'un feu gradué qui en est la nourriture.
- Cet enfant doit être d'abord purifié de ses phlegmes et en huile ramené sept fois à sa mère qui est la lune blanche. Il doit être lavé, nourri et allaité du lait de ses propres mamelles et recevoir son accroissement et sa force par les imbibitions et être perfectionné par les aigles volants qui se font par la sublimation et l'addition du véritable soufre, qui aiguisé, en sort plus fort d'un degré à chaque sublimation.
- Cette sublimation fait toutes les opérations des sages. C'est l'élévation ou l'exaltation de la substance d'un état abject à l'état de haute perfection. On reconnaît en notre mercure un mouvement d'ascension dans le premier ouvrage, qui est la préparation du mercure, ce qui constitue toute la difficulté. Le reste n'étant plus qu'un jeu d'enfant et œuvre de femme.
- La sublimation est l'élévation d'une chose sèche avec adhérence au vaisseau, par le moyen du feu. La chose sèche étant notre aimant qui attire naturellement son vaisseau qui est l'humide, car le sec attire l'humide et l'humide tempérera le sec, s'unit à lui par le moyen du sec qui participe de la nature de l'un et de l'autre.
- Dès que Neptune est sorti du centre de la mer, il apaise tous les vents et fait un calme général avec son trident, c'est-à-dire que notre pierre ou la matière devient triomphante en siccité.
- C'est le ciel et la terre qui se marient sui le lit d'amitié et c'est le palais royal ; ce sont les imbibitions. C'est la mère qui nourrit son enfant et l'enfant qui nourrit sa mère s'aidant mutuellement pour augmenter et se multiplier.
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