Celui qui a la matière trouvera bientôt un fourneau.
Clef du Grand Œuvre ou lettres du Sancelrien Tourangeau.
A madame L. D. L. B ***.
t.d.f.a.t.
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Dans la première, sera enseigné où trouver la matière des Sages. Dans la seconde, les vertus et merveilles de l'Elixir blanc et rouge, sur les trois Règnes de la Nature. Dans la troisième, adressée à mon Frère, sera prouvé la réalité du grand Œuvre par tout ce qu'il y a de plus positif dans l'Histoire sacrée et profane, qu'il a tété et sera toujours le fondement, ainsi que le premier mobile de toutes les Religions du monde. Et dans les suivantes, jusqu'au nombre de dix, tout ce qui est permis d'écrire sur cette Science, sans passer les bornes prescrites pour conduire les Elus au but désiré.
In sale omnia, fine sale nihil.
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A corinte, et se trouve à Paris
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Chez cailleau, Imprimeur Libraire rue Saint Severin.
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M. DCC. LXXVII.
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Avis
Préliminaires aux amateurs des vérités spagyriques.
mi lecteur, si tu crois la transmutation des métaux possibles, que tu te sens tant d'esprits des intéressés, ferme résolution de n'être que le dépositaire passager des trésors, que Dieu voudra bien te confier, pour, en les recevant d'une main, en est des de l'autre on prochain le plus secrètement qu'il te sera possible, moi ; c'est pour toi que j'écris. Mais si tes intentions sont d'amasser des trésors pour ton usage seulement satisfaire tes passions, crois-moi ne perd pas ton âme à me feuilleter ; car je n'écris point pour instruire les Avaricieux mais pour les élus seulement.
Tu n'as pas besoin d'aller chercher d'autres livres que ceux que je cite, et même si tu es avancer dans la lecture des Philosophes, et que tu commences à les comprendre; le Triomphe Hermétique, doit seul te suffire. C'est Nicolas Flamel qui m'a d'abord indiqué la première matière, et le Triomphe Hermétique me l'a fait comprendre, comme tu verras par la suite, en sorte qu'il n'y a pas un seul des Philosophes que je ne puisse expliquer à la Lettre ; et je m'étonne, depuis qu'il a plu à la Divine Providence de m'ouvrir les yeux, comment j'ai pu être tant d'années à employer lectures, et tant de temps pour comprendre une chose si aisée, n'y ayant pas un seul des vrais Philosophes qui ne parle clairement, n'enseigne la première matière et ne de la nomme suffisamment pour la faire comprendre les uns d'une façon, les autres d'une autre, suivant les différentes opérations par où elle passe. Je ne crois pas qu'il soit à propos de justifier la science par des arguments ; ayant lu qu'Arnaud de Villeneuve, philosophe du premier ordre, ne put jamais prouver à Raymond Lulle, que la transmutation des métaux exista, ce qu'au contraire, Raymond Lulle, par des paroles auxquelles Arnaud de Villeneuve ne put répondre, le convainquit sans réplique que la transmutation métallique était impossible selon le cours ordinaire la nature, ce dont Arnaud convint pour l'instant et demanda sa revanche pour le lendemain à un temps fixe. En ayant convenu l'un et l'autre et s'y étant rendu, Raymond Lulle, lui dirent alors : Hier vous m'avez justifié par des arguments invincibles, que la transmutation métallique était impossible, et je ne pus par des paroles vous prouver le contraire. Aujourd'hui sans vous parler, je vais vous justifier par effet, quelle est véritable. En conséquence, et ayant fait devant Raymond la transmutation des bas métaux en or et en argent, de quoi Raymond Lulle convaincu, avoua que cette science ne pouvait se prouver par argument; et il fit des excuses à Arnaud, qui inspiré à son sujet, lui apprit le secret, et l'initia presque sur-le-champ dans tous les mystères les plus secrets, en sorte qu'il est parvenu à un des premiers degrés, et n'a cessé comme saint Paul, de confesser toute sa vie son endurcissement et sa conversion ; Aussi, si je réussis, comme je l'espère ; las est rebuté de tout ce que j'ai entendu contre notre divine science, depuis plus de vingt ans que je lis les Philosophes, je ferais quelques transmutations publiques devant l'élite des premiers Médecins, et des travaux pour l'embellissement de Paris, si considérables, et portant le nom d'où on aura sorti l'argent, qu'à l'avenir personne n'osera soutenir la Transmutation Métallique impossible, ce qui est allé contre la puissance de Dieu ; car enfin dans la Création primitive, n'a-t-il pas dit à ses créatures, après les avoir bénites : Allez ; croissez et multipliez, quelle prérogative aurait donc les végétaux par-dessus les métaux, pour que Dieu eût donné de la semence aux uns et en eût refusé aux autres ?
Les métaux ne sont-ils pas en aussi grand d'autorité et considération devant Dieu que les arbres ? Il faut donc convenir, soutient le Cosmopolite (page. 30), que rien n'est sans semence ; car il n'y a point de semence, la chose est morte, eut égard aux composés. Les métaux en ont donc reçu une de la nature, où ils ont été produits sans semence ; s'ils sont sans semence, ils ne peuvent être parfaits, car toutes choses sans semence sont imparfaites, celle des métaux est le mercure et le soufre, qui ne peuvent, en quelques corps, que ce soit, des métaux vulgaires, trouver dans la terre une chaleur suffisante pour mûrir et se régénérer d'eux-mêmes, mais si cela était ainsi, il en naîtrait un grand inconvénient ; Car toute la terre où il croît des métaux ne serait que métal, où il y a des pierres des pierres, des minéraux des minéraux et ne serait plus propre à rien autre chose ; l'homme, la bête ni des végétaux, ne vivant pas et ne pouvant croître, parmi les métaux, les minéraux, ni des pierres.
Voilà pourquoi Dieu n'a pas permis qu'ils pussent se régénérer d'eux-mêmes par le grand inconvénient qu'il en arriverait ; mais Dieu a permis que l'homme puisse, en les prenant, où la Nature a fini, les reproduire sur terre ; et de métaux morts qui sont, en faire des métaux vivants, et il a donné ce secret est à quelques-uns selon son bon plaisir, qui nous en ont laissé des livres qui ne sont pas trop faciles à comprendre du premier abord point ; mais qu'à force de lire, relire, méditez avec patience, on parvient quelquefois d'en comprendre le véritable sens, non pas d'une dixième ou vingtième fois, mais plus souvent à millième, comme il m'est arrivé à moi-même sans jamais me rebuter entièrement, comme je l'exposerai par la suite ; il y a longtemps que je pourrais citer par cœur les principaux passages ci-après rapportés, et si j'ai le bonheur de réussir comme je l'espère, et que je te donne le détail de me et de ce que j'ai souffert en autre depuis vingt ans, je ne crois pas qu'il y ait quelqu'un par la suite, qui fut curieux d'entreprendre la lecture des Philosophes mais ceux qui y sont parvenu (Zachaire et le bon Trévisan entre autres) racontant leurs travaux : cela m'a encouragé, toujours flatter qu'à force de patience et de prière continuelle, je pourrais fléchir la miséricorde de Dieu, et que pensant sur l'emploi que j'en ferais comme mes modèles, j'obtiendrais de sa bonté, la même grâce que je te souhaite, ami Lecteur ; car selon le Cosmopolite, il serait utile que toute la terre habitable fut remplie de Philosophes.
Lis-moi avec attention ; point de chimère dans la tête, loin d'autres occupations, moins de manipulation avant d'entendre les Philosophes, et tu connaîtras alors que tu n'as pas besoin de beaucoup de choses, surtout n'emploie or, argent, ni mercure, ni minéraux quelconque, sel altrament, borax, végétaux de toutes espèces et genres, d'animaux ni de tout ce qui peut sortir de, soit aquatique, bipèdes, volatils, en rampants, dans l'eau, dans la terre, sur la terre ; et souviens-toi qu'il faut un seul métal vivant, réduit à sa première matière qui est le soufre et le mercure rebis des philosophes, et souviens-toi encore que d'un arbre naît un arbre, d'un homme un homme et d'un métal un métal. Et qu'il te faut la semence seulement et non le corps duquel tu ne peux rien faire, s'il n'est réduit à sa première matière, qui est son sperme et sa semence, comme le disent tous les philosophes, lequel attirera son menstrue suivant le pouvoir de la nature, qui est son vaisseau et le feu secret des sages. Rien de plus facile à comprendre ; je te le jure encore une fois, et rien pareillement de plus facile à exécuter, comme Basile Valentin (page. 82.) le dit pour te dire adieu à la fin de ces douze clefs. Celui y a la matière trouvera bientôt un fourneau, comme celui qui a de la farine ne tarde guère à trouver un four, et n'est pas beaucoup embarrassé pour faire cuire du pain.
Pour te faciliter entièrement dans ce commencement et te conduire comme par la main, lis avec attention les dix paragraphes suivants et en exécute les préceptes.
§ I.
Malheur à celui qui, pour faire de l'or de l'argent philosophique, se servira d'autre matière que du sperme et semence de l'or et de l'argent, qu'il tirera d'un métal vivant après l'avoir réduit à sa première matière, sans y employer aucun feu artificiel ou élémentaire, autre que celui secret de la nature, qu'il placera dans son vaisseau aussi secrets pour commencer son ouvrage où la nature a fini le sien, sans pouvoir s'écarter du règne métallique, ni faire aucun mélange de quelque façon et nature qu'il puisse être, ne connaissant point et même ignorants profondément les poids de la nature.
§ II.
Malheur à celui qui emploiera l'or, l'argent et le mercure vulgaire, avant d'avoir trouvé et leur menstrue vivant, leur dissolvant naturel dans lequel ils se fondent, à l'aide du vaisseau secret de la nature, comme la glace dans l'eau chaude, et qu'il est réduit à leur première matière, les tire des bras de la mort et les rend vivants, sans quoi ils ne trouveront que pertes et dommages.
§ III.
Malheur à celui qui pour tromper ses frères, se ventera de savoir faire la pierre ; mais n'ayant pas de l'argent pour y travailler, demandera par avance de l'or, de l'argent ou quelque autre chose de prix, et fou celui qui l'écoutera est s'y fiera.
§ IV.
Malheur à celui qui emploiera pour la confection de l'œuvre autre matière que celle-ci dessus désignée, dont le prix au total ne peut excéder à Paris six livres, et en province dix sols pour faire le premier aimant, et qui demandera quelque chose pour la seconde matière, qui ne coûte que la peine de la ramassées et se trouve partout.
§ V.
Malheur à celui qui demandera pour faire l'œuvre en entier, tout compris, hors le temps et la nourriture d'un seul homme, plus de vingt quatre livres, dans lesquels entreront l'or et l'argent pour la fermentation, dont un gros de chacun sont plus que suffisant, l'huile et tous les vaisseaux généralement quelconques.
§ VI.
Malheur à celui qui, sachant ou croyant savoir l'œuvre, confiera son secret sans connaître à fond le sujet, offrira le vendre pour or et argent aux grands de la Terre, jamais il n'y parviendra.
§ VII.
Malheur éternel présomptueux qui, croyant connaître par mes instructions le secret, et comment opérer pour le mettre à fin, se forgeront dans la tête des idées chimériques de richesses et de possession sur la terre, qui, ayant obtenu de Dieu quelque don pour guérir ses frères, leur vendra bien cher ce qu'il aura trouvé gratis ; car il sera renversé dans ses idées et n'approchera jamais de la table sacrée.
§ VIII.
Malheur à vous, riche de la terre qui, non content de la fortune que Dieu vous a accordé, en désirer de plus considérable, et sous l'espérance d'y parvenir aisément, écoutez ces souffleurs de charbon qui font métier et marchandise de vous tromper, et sous de vaines et imaginaires promesses, dissipe votre réel pour courir après le fictif. Je vous avertis charitablement que vous serez leur dupe ; et qu'ils ne vous procureront que pertes, dommages et angoisses, et qu'ils ne savent que l'art de vous surprendre.
§ IX.
Encore que ces huit paragraphes dussent être suffisant, pour faire ouvrir les yeux aux fourbes et à leur dupe, il faut entièrement que je leur cloue la bouche pour l'avenir par une vérité, à laquelle ils ne pourront jamais répondre. Esprit Saint, ne me quittez point dans ce cas difficile, que de même que la colombe de feu éclairait les israélites, pendant la nuit et la nuée obscures, les cachait pendant le jour aux poursuites de l'armée de pharaon, que la verge d'Aaron dissipa et engloutit les serpents que les faux prophètes de ce roi firent paraître ; de même aussi, O mon Dieu ! Accordez à vos philosophes, ce que je vais révéler de plus secret, sur quoi aucun jusqu'à présent n'a osé écrire, soit impénétrable pour ceux que vous juge n'en jugerez pas digne ; ouvrez les yeux aux uns et fermez les à ces avaricieux, comme Elisée ferma ceux des soldats du roi de Syrie, qu'il conduisit en Samarie sans savoir où ils allaient ; que je les conduise de même de précipice en précipice, qu'ils n'y voient qu'obscurité dans la plus forte lumière. Eclairez au contraire vos élus, comme vous avez fait depuis le commencement du monde ; qu'il puisse conserver le secret que vous leur avez confié d'âge en âge, sans que jusqu'à présent rien en ait publiquement transpiré ; qu'il soit conservé, suivant votre sainte volonté, jusque vers la fin du monde, ou par punition de ceux des grands pêcheurs qui y existeront, vous permettrez qu'il soit révélé à fin de troubler l'ordre public, d'enlever la subordination, et alors tout étant dans le même rang de richesse, le trouble et la confusion se mêlera parmi eux, comme il arriva dans la confusion des langues de la tour de Babel ; ce que vous avez fait annoncer par votre prophète Nostradamus, dont on méprise aujourd'hui les Prophéties et la personne, ainsi qu'il a toujours été d'usage à l'égard de ceux dont on ne connaît point la force des écrits. Rapporterait à la fin de cette lettre la prophétie, et il expliquerait à la lettre.
§ X.
Ecoutez, fils des Sages, la sentence irrévocable que je vais prononcer en dernier ressort, contre les Sophistes souffleurs et fourbes, et vous, Dupes, prêter des oreilles attentives.
Notre première matière au commencement de l'Œuvre, l'antimoine d'Arthéphius, l'humidité visqueuse de Zachaire, le sec et attirent naturellement son humide : cette masse confuse de la lumière sortant des ténèbres, où les yeux du vulgaire ne voient que fèces et abominations, ce reste du chaos de la première matière du monde, ce dissolvant universel de la Nature, cet esprit est qui doit extraire un esprit crû du corps dissous et derechef l'unir avec huile vitale pour opérer des miracles d'une seule chose ; ce menstrue végétal uni au minéral qui doit dissoudre un troisième menstrue essentiel pour composer la poudre des philosophes, cet esprit de Philalète qui ressemble à du métal fondu dans le feu, cette mine de l'acier du Cosmopolite, cette source de la Fontaine du Trévisan, cette humidité selon d'Espagnet avec laquelle la Nature commence toutes ces générations ; l'ouvrage de la Pierre que l'art doit commencer où la nature a fini, cette nature qui se réjouit dans sa nature, contient nature et surmonte nature, enfin cet argent vif de Geber, pour la création duquel il loue et béni le Seigneur de lui avoir donné une substance et des propriétés, qui se rencontrent en nulle autre chose, et à l'occasion duquel Philalète ajoute, sans lui les Alchimistes auraient beau se vanter, tous leurs ouvrages ne se ferraient rien ; tout ceci, dis-je, qui ne traite que d'un seul sujet sous diverses opérations, se doit commencer et cuire dans le vaisseau et au feu secret de la nature, sans pouvoir l'aider en façon quelconque par aucun feu artificiel ou élémentaire de quelque espèce qu'il puisse être, soit d'eau chaude, de charbon de toute espèce, de motte à brûler, de lampe, de bougies, fumier, chaux et autres, sans excepter aucun. La plus légère lumière, fut-elle un seul fil d'or, troubleraient la nature dans cette première opération, il faut qu'elle reste seule et cachée ; et j'ajoute encore : c'est que dix sols sont plus que suffisant pour faire connaître si l'on est dans la véritable voie d'obtenir l'eau sèche qui ne mouille point les mains. Voilà ce qui a jamais été dit de plus clair sur la première matière, et de plus instructif pour ceux qui désirent en avoir les premières connaissances, et je jure, sur tout ce qu'il y a de plus saint, que je sais ce que je dis que je l'ai écrit à la lettre ; et quoique je n'aie point encore opéré comme j'en conviens ; j'ai mon guide le Trévisan, qui, comme moi connaissant la première matière, a fort savamment disputer contre les Philosophes qui avait fait la Pierre ; ce que tu peux vérifier, (page 385,. I.2.). Je puis sans me glorifier, mais moyennant la grâce de Dieu, faire la même chose.
ÉLÉMENT DE LA PHILOSOPHIE HERMÉTIQUE.
Première lettre.
Madame,
uelle joie pour moi, de pouvoir vous convaincre par écrit que je suis enfin parvenu à la connaissance de la première matière de la Pierre des Sages, d'où on la tire, et comment la préparer en Elixir.
Ce don du Ciel, après lequel je soupire depuis si longtemps, ne m'a pas été inspiré que le lundi Ier janvier, sur les quatre à cinq heures du soir. J'en suis d'autant plus satisfaits, que je ne fais plus aucun doute de vous faire occuper la septième place des femmes Philosophes. Marie, sœur de Moïse, en a écrit un petit Traité fort savant ; Nicolas Flamel convient que Pernelle sa femme était aussi en état que lui de la parfaire, les ayant aidé dans toutes ses opérations. Cléopâtre, Reine d'Egypte, l'a possédée ; Thapuntia, Medera et Euthica, l'on pareillement su ; ainsi Madame, vous serez la septième ; nombre Mystérieux des Philosophes. Voilà plus de vingt ans que je suis occuper dans la lecture des Auteurs les plus accrédités. J'ai tout quitté, je me suis expatrié, j'ai fait des vœux au Ciel, je ne me suis point rebuté, et à force persévérer, de frapper à la porte, il m'a été ouvert. Je vais vous faire un détail exact des passages des Philosophes qui m'ont illuminé, et vous conduire comme par la main au but désiré. Je ne me réserverai qu'un seul mot en sept lettres à vous dire à l'oreille, ne pouvant s'écrire, de crainte que cette Lettre ne tomba en des mains profanes, qui abuseraient d'un si grand trésor ; car la terre habitable ne serait-elle pas renversé, si les Avares comme les Sages, pouvaient faire autant d'or, d'argent, de diamants et de perles fines, qu'ils jugeraient à propos. Voilà le seul objet pourquoi les Sages ont été réservés. Je ne puis me dispenser de suivre leur exemple ; mais si je l'ai découvert par mes Lectures, vous traçant mon chemin, vous n'aurez bientôt trouvé ; et travaillant conjointement, m'aidant de vos lumières, favoriser du Ciel, sans quoi il n'y a rien à faire ; parvenu au but, nous ne cesserons de soulager nos frères dans leurs infirmités, de les aider dans leurs besoins et quittant ce monde sans regret, nous espérerons une béatitude éternelle, à laquelle vous, comme moi, ne cessons de prier pour l'obtenir.
Demander à mon frère les quatre volumes de Bibliothèque Philosophes et mon Cosmopolite ; ces cinq volumes renferment toutes mes citations. Lisez et relisez cette lettre plusieurs fois et tâchez même de l'apprendre par cœur ; remplissez-vous en l'esprit et ne la quittez point que vous n'ayez commencé à la comprendre ; marquez-moi vos difficultés, je vous les aplanirai ; lisez sur tout le Triomphe Hermétique, c'est le plus intelligible et l'Auteur, à qui j'ai le plus d'obligation, m'ayant ouvert la première porte. Attachez-vous encore au Trévisan, qui ne l'a découverte qu'à soixante-quatre ans, après bien des travaux et lectures. j'ai le même âge ; mais je n'ai jamais opéré, voulant auparavant entendre et concilier dans mon esprit tous les Auteurs. l'Ouvrage se doit commencer en mars ; mais mes occupations à Paris trop considérable pour ma fortune pour le quitter en ce temps, m'en lève toute espérance pour cette année et la suivante ! Heureux si je puis opérer dans deux ans !
Vous verrez que le Trévisan fut également deux ans, sachant l'Œuvre sans pouvoir l'accomplir. Je ne sais point si je me flatte ; mais je crois que je n'aurais pas beaucoup de difficultés dans l'opération ; n'y est ayant pas un seul Auteur que je n'entende ; de plus, d'ici à ce temps vous pourrez bien vous-même l'avoir faite. Quel chagrin pour mon Epouse qui voulait consulter son Confesseur pour avoir son agrément pour lire des livres approuvés. Quel crève-cœur pour mon frère, à qui par reconnaissance de toutes les obligations que je lui ai, je devais une préférence, et qui a traité la Science de pures inventions et fausse dans son principe, suivant ce que lui avait attesté son Médecin. Qu'elle douleur pour ce Médecin moribond et prêt à partir au milieu de sa course, d'avoir erré si grossièrement, sur le seul préjugé que c'était la doctrine de Paracelse le plus grand ennemi de ce corps. Que la volonté de Dieu soit faite ; mais si je réussis comme je l'espère, je n'enfouirai point ce talent, je rendrais mes guérisons si publique qu'il ne sera pas possible de révoquer jamais en doute cette Science que la notoriété publique annonce d'âge en âge avoir été autrefois possédée à Tours par Monsieur de Beaume, à qui la Ville a l'obligation des Fontaines publiques qui en sont un des principaux ornements.
Pour vous plus encourager encore, Madame, je vais de suite vous envoyer toutes les merveilles que notre Pierre opère sur les trois Règnes de la Nature, ouvrage que j'avais ci-devant ébauché, et que j'ai mis dans le plus grand jour qu'il m'a été possible. Je ne puis vous sceller que je n'ai jamais su à quoi de Dieu m'a appelé, et que jamais homme n'a été plus inconsistant que moi. J'ai passé par plusieurs états sans pouvoir m'y fixer, toujours content sans jamais rien désirer. Il semblait en moi-même que je devais occuper une autre place que celle ou j'étais, remplis de désir et sur-le-champ satisfait, le lendemain je pensais à choses nouvelles. L'esprit d'intérêt ne m'a jamais dominé depuis que je me connais. Toujours désirant voyager, j'avais un secret pressentiment que cela pourrait un jour s'exécuter ; car je puis remercier le Ciel de toutes les grâces qu'il m'a fait, et je puis encore dire, avec vérité, que je n'ai jamais rien désiré sans l'avoir enfin obtenu. Je me rappelle que dans ma tendre jeunesse votre mari, son frère et moi, très proche voisin est presque élevés ensemble, nous avions Alexis Piedmontois qui parle de la Pierre ; que je leur ai acheté ce livre que j'ai encore actuellement à Tours et dont j'ai lu bien des fois les articles où il parle de la sublimation du Mercure. Je vins à Paris en 1755 pour demeurer et le premier livre que j'y ai achetés fut les Œuvres du Cosmopolite, Auteur d'une grande science et de la première réputation ; il m'a occupé seule jusqu'en 1756 que j'achetais les trois premiers livres de la Bibliothèque des Philosophes. Je ne nageais alors en pleine eau et formais bien des idées aussitôt détruites que conçues ; car je n'ai jamais été entêté, quand ce que je pensais être la première matière se trouvait rejeter par un Philosophe, à l'instant je formais d'autres idées ; mais qu'elle fut ma surprise lorsque je vins lire un des passages du Trévisan (page 349) qui s'exprime ainsi.
Laissez aluns, vitriol, sel et tout attramants, borax, eaux fortes quelconques, animaux, bêtes et tout ce que d'eux peut sortir, cheveux, sang, urine, sperme, chair, œuf, pierre et minéraux, laissez tous métaux seulets ; car combien que d'eux soit l'entrée et que notre matière par les dires des Philosophes doit être composée de vif argent, et ce vif-argent n'est autre chose qu'es métaux, comme il appert par Geber et que les métaux ne sont autre chose qu'argent vif congelé par la manière de degré de décoction, toutefois ne sont-ils pas notre Pierre tandis qu'il demeure en forme métallique ; car il est impossible qu'une matière ait deux formes, comment donc voulez-vous qu'ils soient de la Pierre qui est une forme moyenne entre métal et mercure, si première icelle forme ne lui est ôtée et corrompue.
Ce passage me consterna de telle façon je fus près de trois jours sans boire, manger ni dormir, je n'en compris pas d'abord l'étendue, le jetait ensuite mon plan sur la rosée, la neige, le verglas ou autre matière semblable, le flos coeli, le fer à mine, etc. je me figurais y trouver un sel qui pût décomposer les métaux ; je repris courage et il durera jusqu'à ce tomber sur un passage du Triomphe Hermétique (p 254), qui dit : elle s'épouse elle-même, elle s'engrosse elle-même, elle naît d'elle-même, et etc..
Point de difficultés, dis-je alors, qu'on ne peut rien ajouter au premier aimant des Sages hors de sa nature métallique, puisqu'il contient dans son sein, ou attire lui-même des influences célestes, ce qu'il a besoin. Me voilà encore dans la douleur et l'amertume de cœur ; je regardais plus haut dans le même auteur, et j'y lu (page 250).
L'art et le mercure et toutes les autres substances particulières dans lesquelles la Nature finie ses opérations, soit qu'elles soient parfaites, soit qu'elles soient absolument imparfaites, sont entièrement inutiles ou contraire à notre Art.
Je me trouvais alors semblable à une personne dans un bois qui a perdu son grand chemin et ne sait de quel côté tourner ses pas.
Je pris le Cosmopolite que j'ouvris inopinément et j'y lu ce qui suit (page 38).
Que tous les Fils de la Science sachent donc que c'est en vain qu'on cherche de la semence en un arbre coupé ; il la faut chercher seulement en ceux qui sont verts et entiers.
Ce dernier passage qui m'accablait sans ressources, sembla néanmoins me donner une nouvelle espérance ; point de doute, dis-je en moi-même, que les métaux qui ont souffert le feu de fusion sont morts et sans action, il ne faut aller dans les mines pour les prendre avant d'être fondus ; en conséquence j'avais demandé en Angleterre de la mine de plomb et d'étain, et de faire en sorte qu'elle ne mouilla point ; mais lisant quelques jours après la Lumière sortant des ténèbres, Ouvrage très excellent et supérieurement écrit, (page 496), vers la fin de la page, j'y lu :
Delà vient que les métaux qui ont souffert le feu de fusion demeurent comme morts, parce qu'ils sont privés de leur moteur et externe.
Je fus très satisfait de ce passage qui ne confirmait dont mon idée, et attendait avec impatience mes Mines d'Angleterre ; mais reprenant bureaux cet Auteur j'y lu (page 439, dernière ligne).
Mais quelle que misérable Chimiste inféra peut-être de là que les métaux imparfaits étant encore dans leur mine, pourrait bien être le sujet sur lequel l'art doit travailler ; quand on lui accorderait la conséquence, toujours ce serait mal à propos qu'il entreprendrait de travailler sur eux, puisque nous avons fait voir que les vapeurs mercurielles dont ces métaux imparfaits ont été formés, ou les lieux de leurs naissances étaient impurs est contaminés, comment donc pourraient-ils donner cette pureté qu'on demande pour l'élixir. Il n'appartient qu'à la seule nature de les purifier ou à ce bienheureux soufre aurifique, c'est-à-dire, à la Pierre parfaite.
Adieu donc mes pauvres Mine, par bonheur pour moi que la commission ne fut pas faite.
J'en voulus à cet Auteur fort mal à propos ; car son sentiment me fut confirmé par le Cosmopolite (page 58), où expliquant la nature animale, végétale et minérale, il y soutient avec juste raison, que rien n'est produit dans la Nature sans semence ; que les métaux ont en eux-mêmes leur semence, comme les deux autres règnes, et qu'ils peuvent être multipliés comme eux dans leurs semences pour laquelle faire opérer, la Nature n'a pas suffisante chaleur dans la terre.
J'ai resté plusieurs années à lire ; mais sans pouvoir comprendre où gisait le lièvre, et mon esprit était tellement abattu qu'à peine avais-je pris un livre est lu quelques lignes que je le quittais sur-le-champ : cependant plein de mes lectures et connaissant dans mon esprit ce qu'il me fallait sans pouvoir le trouver dans les livres, je lus dans le Trévisan (page 330) où il dit, parlant de l'Œuvre en général :
Elle est tant aisée que si je te disais ou montrais l'art par effet, à peine le pourrait tu croire ni entendre, tant elle est facile ; mais il y a un peu de peine pour entendre nos mots et d'en savoir la vraie tension.
J'avais précédemment lu dans Philalète, tome 5 (page 93), où il dit sur le même sujet, les paroles suivantes : je te jure sur ma foi que si l'on disait seulement le régime et comment il se doit faire, et il n'y aurait pas même jusqu'au fou qui ne se moquassent de notre art, ce que plusieurs autres Auteurs ont confirmé.
Quoique j'eusse désiré que ses Auteurs eussent parlé plus clairement, afin de les entendre avec plus de facilité et parvenir au vrai but, je me moquais du Trévisan, lorsqu'il disait que je trouverais un jour qu'il avait parlé trop clairement, et que moi-même si je l'avais, j écrirai plus obscurément que lui. Je le regardais comme un trompeur et un amuseur de lecteurs ; mais à l'instant même je l'excusais sur ce que cette science était un don de Dieu, qu'il distribue lui-même à qu'il veut, ils ne peuvent parler plus a découvert, de crainte que cet art ne tomba entre les mains de quelques méchants qui la divulgue comme il a été dit ci-devant, d'où il en arriverait des inconvénients, que Dieu ne permettra qu'à la fin du monde. Elle existe, j'en suis sûr, me disais-je à moi-même ; elle est dans les livres suffisamment expliquée. Pour la comprendre, si Dieu le permet, ayons donc le recours à lui, et tâchons de fléchir sa miséricorde. J'ai continué mes vœux, mes prières à l'Etre éternel. Jusqu'à la veille de Noël dernier, revenant de la Messe de minuit, je fus excité de relire mes Auteurs, et au fur et à mesure que je les lisais je me trouve les plus instruit. Je n'ai point quitté l'ouvrage jour et nuit ; car j'en ai passé avec trois heures seulement de repos. Ces trois clefs de la nature, une d'or, une de argent et l'autre de fer, ne frappait continuellement. Bon Dieu me disais-je à moi-même, si je pouvais seulement trouver une de leurs serrures, sûrement je pourrais découvrir les autres ; c'est certainement le sel, le soufre et le mercure ; enfin je me forgeais dans la tête mille et mille idées différentes.
Je n'avais jamais pu rien comprendre dans Flamel à l'endroit où le Juif Abraham enseignait la première matière : voyons donc, me dis-je, ce traité ; et comme Flamel s'y explique (page 199) : voici ce qu'il dit :
Car encore qu'il sût bien intelligiblement figurer et peint, au IVe et Ve feuillet du Livre en question ; toutefois aucun le l'eût sut comprendre sans être fort avancée dans leur Cabale tardive, et sans avoir bien et étudier les Livre des Philosophes.
Voici comment Abraham Juif explique ensuite, (page deux cent).
Premièrement, au quatrième feuillet, il peignait un jeune homme avec des ailes aux talons, ayant une verge caducée en main, entortillée de deux serpents, de laquelle il frappait un casque lui couvrait la tête. Il semblait à mon avis, le Dieu Mercure des païens. Contre lui venait courant et volant à ailes ouvertes, un grand Vieillard qui avait sur la tête une horloge attachée, et en ses mains une faux comme la Mort, de laquelle, terrible et furieux, il voulait trancher les pieds à Mercure.
A l'autre côté du quatrième feuillet, il peignait une belle fleur au sommet d'une montagne très haute, que l'aquilon ébranlait fort rudement. Elle avait la tige bleue, les fleurs blanches et rouges, les feuilles reluisantes comme de l'or fin, à l'entour de laquelle des dragons et griffons aquiloniens faisaient leur nid et leur demeure.
Au cinquième feuillet il y a vain un beau rosier fleuri au milieu d'un beau jardin, appuyé contre un chêne ; aux pieds desquels bouillonnait une fontaine d'eau très blanche, qui s'allait précipiter dans des abîmes ; passant néanmoins premièrement entre les mains d'infinis peuples qui fouillaient en terre, la cherchant ; mais parce qu'ils étaient aveugles, nul ne la connaissait, hormis quelqu'un qui en considérait le poids.
A l'autre page du cinquième feuillet, il y avait Roi avec un grand coutelas, qu'il faisait tuer en sa présence par des Soldats, grande multitude de petits Enfants, les mères desquels pleuraient aux pieds des impitoyables Gendarmes, et ce sang étaient puis après, ramassées par d'autres Soldats, et mis dans un grand vaisseau, dans lequel le Soleil et la Lune du Ciel se venaient baigner.
Ce passage m'a toujours frappé de plus en plus ; et dès que je m'ennuyais dans mes lectures, je le lisais avec goût sans qu'il m'ait jamais rebuté, et à chaque fois il me fournissait de nouvelles idées, sans en comprendre le sens véritable, il en est de même d'un autre passage du petit Paysan, tome IV, (page 190 et suivantes).
Tu sauras que qui que ce soit n'arrive à la connaissance de ses fleurs qu'il ne soit appelé de Dieu, guidé par la foi et par vocation, encore lui arriverait-il dans ses recherches de grandes peines, ennuis et afflictions ; Afin que cette haute science lui soit à grande vénération lorsqu'il possédera comme un trésor cher acheté.
Mais puisque tu es parvenu jusqu'en ces lieux verra que Dieu m'autorise à dire, que de ces deux fleurs provient après leur conjonction, et non point plutôt, la première matière de tous les métaux ; ce qui t'est confirmé par Trévisan sur la fin de la seconde Partie, où il nomme ces deux fleurs homme au rouge et femme blanche ; mais les Philosophes, pour beaucoup de raisons, on dit plusieurs choses sur le sujet de cette première matière pour la couvrir et sa racine d'un voile, et qu'ils se sont aussi gardés de découvrir la seconde matière, quoi qu'il faille premièrement que tu traite cette seconde matière qui est crue et indigeste, ce qui est toutefois le sujet de la Pierre ; il faut que tu la tire comme de l'homme et de la femme, qui après la conjonction devient la matière première que je te déclare ici avec vérité.
Un troisième passage favori est dedans le Triomphe Hermétique (page 222) qui suit :
Je vous déclare que votre conséquence et fort bien tirée, ce Philosophe n'est pas le seul qui parle de cette sorte ; il s'accorde en cela avec le plus grand nombre des anciens et des modernes. Geber qui a su parfaitement le magistère et qui n'a usé d'aucune allégorie, ne traite dans tout sa somme que de métaux et de minéraux des corps et des esprits, et de la manière de les bien préparer pour en faire l'œuvre ; mais comme la matière philosophique est en partie corps, et en partie esprit, qu'en un sens elle est terrestre et qu'en l'autre elle est toute céleste, et que certains Auteurs la considèrent en un sens et les haute la traite en un autre ; cela a donné lieu à l'erreur d'un grand un grand nombre d'Artistes, qui sous le nom d'universalité, rejettent toute matière qui a reçu une détermination de la nature, parce qu'ils ne savent pas détruire la matière particulière pour en séparer le grain et le germe, qui est la pure substance universelle que la matière particulière renferme dans son sein, et à laquelle l'Artiste sage et éclairé, sait rendre absolument toute l'universalité qui lui est nécessaire par la conjonction qu'il fait de son germe avec la matière universalissime, de laquelle il tire son origine. Ne vous effrayez pas à ces expressions singulières, notre art est cabalistique ; vous comprendrez aisément ces mystères avant que vous soyez arrivé à la fin des questions, que vous avez dessein de me faire sur l'Auteur que vous examinez.
Réfléchissant sur ces trois passages, je fermais nonchalamment mon troisième volume et rouvrant, (page 54) je tombais sur ce quatrième passage des douze clefs de Basile Valentin, qui porte :
De plus, remarque que le vin un esprit volatil, car en le distillant, l'esprit sort le premier et le phlegme le dernier ; mais étant par la chaleur continue et tournée en vinaigre, son esprit n'est plus si volatil, car en la distillation du vinaigre, le phlegme aqueux monte le premier au haut de l'alambic, et l'esprit le dernier, quoique ce soit une même matière en l'un et en l'autre, il y a bien néanmoins d'autres qualités dans le vinaigre que dans le vin, parce que le vinaigre n'est plus vin, mais une pourriture du vin, qui par la continuelle chaleur s'est changé en vinaigre, et tous ceux qui ont tiré par le vin par son esprit et rectifié dans un vaisseau circulatoire à bien d'autres forces et d'autres opérations que ce qui est tiré par le vinaigre ; car si on tire le verre d'antimoine par le vin ou par son esprit, il est trop laxatif et purge avec trop de véhémence par en haut, d'autant que sa vertu venimeuse n'étant pas surmonter et éteinte, il est encore empreint de poison ; mais si on le tire par le vinaigre distillé, ce qui en viendra sera d'une belle couleur, et puis, si tirant le vinaigre par le bain-marie, on lave la poudre jaune qui demeure au fond, en versant beaucoup de fois de l'eau commune dessus et en la retirant autant de fois et qu'on ôte toute la force du vinaigre, alors il se fait une poudre douce qui ne lâche pas le ventre comme ci-devant, mais qui est un excellent remède, guérissant beaucoup de maladies, est à bon droit réputé entre les merveilles de la Médecine.
Cette poudre mise dans un lieu humide se résout en liqueur, qui sans faire aucune douleur, est très souveraine pour les maladies externes : que cela suffise.
Après la lecture de ce dernier Chapitre, je me sentis comme tout illuminé. Je commençais à comprendre la première matière dont Basile Valentin très finement venait d'en donner toute la préparation sous l'espèce de l'antimoine condamné par les Philosophes, je méditais quelque temps est fini ma lecture par le passage suivant du Trévisan.
Mais si tu m'opposais de notre Pierre en disant, aussi bien elle n'acquiert rien, je te dis que si fait ; car nous la réduisons afin qu'en icelle réduction se fasse conjonction de nouvelles matières d'une même racine, et sans cette réduction ne se peut faire, mais il y a addition de la matière, ainsi de ces deux matières l'une aide à l'autre pour faire une nature plus digne qu'elle n'était quand elle était toute seule à part et aussi il appert clairement que notre réduction est requise, car après elle, les matières prennent nouvelles formes et vertus, et si met nature nouvelle ; mais en telle réduction comme ils disent, il ne se met point davantage matière nouvelle pour quelque chose qu'ils fassent ; car ce n'est autre chose ce qu'il faut que cuire une matière nue de forme sans rien innover ni exalter par nulle acquisition de matière ni de forme, et par ainsi il appert clairement que leur réduction ne sont que fantaisies folles et erronées.
Ce dernier passage joint au précédent et naturellement combinés, m'a tellement ouvert les yeux qu'il ne m'est plus rester aucun doute ou trouver la première matière qui est le sperme et semence des métaux que la Nature nous présentent continuellement pour les unir à l'aimant disposé par l'art ; à cet effet, afin que commençant où la nature a fini elle puisse suivre les dernières opérations par le secours de l'art, et pousser son ouvrage de la perfection à la plus que perfection pour en gratifier les imparfaits et parfaits métaux, ce que la Nature ne pouvait faire dans les mines, faute de chaleur suffisante, de même qu'elle ne peut séparer l'esprit du vin, à moins que l'art mettant le vin dans une chaudière avec un certain degré de chaleur, n'opère une nouvelle fermentation qui excite la nature à recommencer ses opérations sur le vin et porter sa matière en séparant le phlegme à la plus que perfection autant que l'Artiste le désirera, afin que de cette plus que perfection, l'art puisse en bonifier des vins faibles qui n'auraient pu mûrir dans des années pluvieuses ou froides, en y mêlant une certaine portion.
Si l'Artiste donnait le pépin du raisin à travailler à la nature réduit en sel, et lui ferait opérer comme des miracles sur les vins faibles et gâtés : mon intention n'est tant pas ici Madame, de vous entretenir sur la première matière, je croirais superflu de passer aux opérations, d'autant que je pourrais me tromper, n'ayant jamais opéré, quoique j'aie autrefois fourni force charbon, huile et argent au Fort l'évêque à un illustre prisonnier sorti depuis peu de temps, qui voulait tirer de la suie des cheminées, ensuite de l'antimoine, ce qui n'est que dans les cabinets dorés d'Hermès : voici seulement ce que je pense qu'on doit faire sans vous le donné pour règle assurée. Votre vin se doit tirer à trois fois, il faut le purifier pendant trente jours, tirez de la putréfaction le vin blanc et le rouge des Philosophes qu'il faut avoir grand soin de garder à part ; il ne se gâte jamais quand les vaisseaux sont bien bouchés, il en faut avoir de l'un et de l'autre bonne provision, afin de n'en point manquer comme firent les Vierges folles, les aigles de Philalète accomplies. Il faut composer votre œuf philosophique d'une part de rouge et de trois parts de blanc, ce qui fait le Rebis des Philosophes, leur Mercure vivant, leur eau qui dissout les métaux aussi facilement que l'eau chaude dissout la glace, leur Mercure double, animé ce serviteur rouge et la femme blanche qui demande un degré de chaleur de poule dans l'œuf qui est celle de la nature ; le blanc se fait au bain-marie, le rouge au feu de cendres, le blanc accompli, on imbibe jusqu'à sept fois, et lorsque la pierre est en atomes brillants comme la Lune, l'on s'arrête pour en prendre une partie si l'on veut transmuer en argent ; mais si l'on veut pousser au rouge on commence les imbibitions avec le vin rouge, au fur et à mesure que la Pierre à soif, on lui donne à boire avec la précaution sur la fin qu'il faut toujours couvrir la matière, parce que si les imbibitions étaient trop faibles, le fixe ne se dissoudrait point, et l'ouvrage de la nature en transmuant le Mercure en or, s'arrêterait sur-le-champ ce qu'il est essentiel de remarquer tant au blanc qu'au rouge. On fermente ensuite la Pierre soit avec de l'argent, si c'est la blanche, soit avec de l'or, si c'est eau rouge ; mais pour la médecine il ne faut point de fermentation, ce qui dégraderait la bonté de la Pierre pour le corps humain. Un seul gros d'or ou d'argent pour la fermentation suffit. La projection sur l'argent pour l'or est la plus abondante, ne manquant à l'argent qu'un peu de cuisson pour lui être égal. Je n'entre dans aucun détail de plus ample, me réservant, sitôt que j'aurai eu le temps d'opérer, de donner une idée précise de toute la manipulation, et de ce que l'on voit dans l'œuf, ce qui ne serait qu'une répétition, si je le donnais ici, joint comme j'ai ci-devant dit que je que je pourrais me tromper.
Attachez vos surtout Madame, lorsque vous commencerez à comprendre d'où tirer la première matière, de lire et de relire cent fois s'il le faut, le Triomphe Hermétique ; car c'est à lui à qui j'ai le plus d'obligation. Il vous expliquera, comme à la lettre, comment rendre les métaux réputés morts vivants, métaux je compare à un noyau de pêche qui resterait éternellement dans sa nature, si l'art ou le hasard ne le mettait en terre assez profondément pour y trouver son menstrue naturel, qui dans la saison convenable, aidé des influences célestes, force ce noyau de s'ouvrir pour laisser sortir de son sein le germe d'un côté et la racine de l'autre, qui produisent un arbre vivant d'un noyau qui paraissait mort ; il en est de même des métaux qui ne sont point les seulets du Trévisan, ce qui bien à considérer ; mettez-les en leur terre convenable, la nature est une en toutes choses, et de mort qu'ils vous paraissent ils seront bientôt vivants pour pomper de l'air et de la Terre ce qu'ils auront besoin pour croître, se multiplier comme le noyau, et même multiplié plutôt purifier par leur plus que perfection les métaux imparfaits.
Mais une grande faute et qui m'a reculé peut-être bien des années, est une mauvaise traduction que l'on a fait de la Table d'Emeraude d'Hermès que je suis bien aise de révéler ici : j'en ai l'obligation au Trévisan, quoique l'auteur du Triomphe Hermétique l'eut pareillement corrigé ; mais je n'y avais jamais fait attention, passant tous ces articles sans les lire. Hermès dit, ou plutôt lui fait dire, il est vrai, sans mensonges certain et très véritable, et que ce qui est en bas et comme ce qui est en haut, et ce qui est en haut est comme ce qui est en bas pour faire les miracles d'une seule chose. Le Trévisan dit :
C'est vrai songe et très certain que le haut est de la nature du bas, et le montant du descendant. Conjoint les par un moyen et par une disposition.
Vous voyez donc, Madame, que suivant la première Table on ne devrait prendre qu'une seule matière, au lieu que suivant le Trévisan, il faut joindre le haut avec le bas, qui est le fixe avec le volatil, le patient avec l'agent, le soufre avec le mercure, le mari avec la femme, le père avec sa fille, le frère avec la sœur, l'oncle avec la nièce, et pour tout dire enfin, un mâle avec femelle ; il est vrai que cette femelle comme Eve, doit être sortie d'Adam ; c'est sur ces articles qu'un seul mot que je vous dirai à l'oreille vous rendra sur-le-champ aussi au fait que moi ; mais connaissant votre esprit pénétrant, je pense que je vous en dit suffisamment pour m'égaler et n'avoir aucun besoin de mon secours. Il le se trouvera sûrement d'autres personnes entre les mains desquels ces lettres tomberont, qui ne seront pas fâché que je me sois étendue, et qui auraient même souhaité que je voulusse bien leur faire-part de ce mot à l'oreille que j'ai à vous dire, n'ayant pas trouvé les deux Tables d'Emeraude ci-dessus, satisfaisantes pour un commençant, j'ai pris la liberté et d'en composer une troisième que voici :
Tire du chaos tes sels, soufre et mercure, putréfie, fais les aigles de Philalète, forme ton œuf de son jaune et d'un blanc ; Cuis, imbibe, fermente, multiplie et fait projection ; ainsi le monde a été créé et tiré de puissance en acte.
Vous avez eu connaissance de cette Table, je pense même que vous en avez l'explication, à laquelle je vous prie de n'avoir aucun égard ; je ne connaissais pas alors la première matière ; en sorte que vous pourriez reculer au lieu d'avancer.
Sous très peu de temps vous recevrez les merveilles de la Pierre sur les trois règnes dont je vous ai ci-devant parlé, ce sera un puissant aiguillon, non pour vous, Madame, mais pour ceux qui ne travaillent que pour la récompense.
Je ne pense point que vous trouviez mauvais que je rende cet Ouvrage public. Vous venez de voir dans le Cosmopolite qu'il ne peut y avoir trop d'honnêtes gens qui sachent le grand Œuvre et qu'il serait même très utile que tous les hommes vertueux en fussent instruits, de même que l'était autrefois tous les Rois d'Egypte et de Perse ; mais tout ceci est dans la volonté du Dieu suprême qui la donne à qui bon lui semble : heureux seulement qu'il nous fasse à chacun cette grâce ; car quoique je sois avancé et même instruits, connaissant à fond la première matière et approchant comment il la faut tirer des limbes ou elle est endormie, je ne me vanterais de la savoir qu'après de réelles transmutations et guérisons de maladies désespérées, craignant toujours de résister contre les avis réitérés de mon frère de tout abandonner presque à chaque lettre qu'il n'écrivait autrefois ; car pour lui en avoir envoyé deux trop précipitamment, il vient de me signifier un silence éternel par sa dernière du 15 janvier, marquant qu'il est las de mes folies et de ma conduite.
Je finis en faisant les mêmes prières à Dieu que Flamel (page 260), Philippe Rouillac (page 234), et lui promet s'il m'accorde cette grâce d'en bien user à l'augmentation de la Foi, au profit de mon âme, des pauvres en général, des filles délaissées à marier, et à l'accroissement de la gloire de ce noble Royaume à la tête duquel la Providence vient de placer un second Salomon, qui s'est choisi pour conseils et ministres ce qu'il y a avaient de plus sages et grands personnages parmi son peuple, qui pour exécuter à la terre ses ordres et sa volonté, ne cherchent que les moyens les plus prompts, pour d'un côté acquitter les dettes de l'Etat, de l'autre diminuer les charges d'un peuple jugé trop seulet, peuple qui ne cesse et ne cessera de faire des prières au Ciel pour son Roi, ses frères, toute la famille Royale, et une si illustre assemblée dont la gloire présente et avenir sera à jamais célébrée dans l'Histoire, comme le règne de Nestor ou celui du siècle d'Or. Plaise au Ciel que j'en puisse fournir suffisamment pour réparer le malheur qui vient d'arriver à l'ancien domicile des Rois ; et pour accomplir plus promptement des desseins si nobles, qui paraîtraient en toutes autres mains impossibles, afin que ce peuple reconnaissant pu sur-le-champ jouir d'une exécution qui n'est différée faute de fonds. Comme aussi je finis en vous assurant du profond respect avec lequel je ne cesserais d'être,
Madame votre très humble et très obéissant serviteur.
Le Sancelrien Tourangeau
Paris ce 23 janvier 1776
PS je mettais ce que j'ai promis ci-dessus des prophéties de Nostradamus ; j'y vais satisfaire sur-le-champ. C'est l'article 30 de la quatrième centurie (page 36).
Plus onze fois luna sol ne voudra,
Tous augmenter et baisser de degré,
Et si bas mis, que or ont coudra,
Après faim, peste, découvert le secret.
n voici l'explication littéralement : du temps de Nostradamus, l'or avait onze fois plus de valeur que l'argent ; plus onze fois luna sol ne voudra, voudra veux dire valoir ; tous augmentés et baissés de degré, c'est-à-dire, que l'argent sera augmenté de valeur et l'or diminué ; et si bas mis que peu or on coudra, coudra signifie se soucier, c'est-à-dire, qu'il sera rendu si commun qu'on m'en voudra plus ; après faim, peste, découvert le secret ; ce qui signifie que le secret de la transmutation étant rendu public et n'y ayant plus de subordination, la fin et la peste, fléaux de Dieu s'en suivront ce qui arrivera à la fin du monde, ainsi que Nostradamus le prédit longtemps par avance, raison pour laquelle tous les Philosophes gardent un si profond secret jusqu'à ce qu'il plaise à Dieu qu'il ne se fasse plus aucun travaux manuels sur la terre, ce qui arrivera aussitôt que le pauvre qui est aujourd'hui occupée, soit a cultiver la terre, façonné la vigne, ou à autres ouvrages pénibles, sera en or et argent au niveau du riche qu'il fait actuellement travailler, et lui paye une monnaie fictive une nourriture que ce riche ne sera plus en état de se procurer, ni pour or, ni pour argent. Que deviendront alors mon frère, tous vos confrères dignitaires de cette noble et insigne Eglise, ces Chanoines, Prévôts, Bénéficiaires, Vicaires et vos petits Aumôniers, lorsque ces blés de rente, cette grasse volaille, ce fin gibier et poisson choisis qui vous viennent aujourd'hui en dormant, leur seront refusés en nature et offert en or ou argent.
Solve hoc vinculum mi frater.
Seconde lettre.
Contenant les merveilles et vertus de l'élixir blanc et rouge des Sages, sur les trois règnes de la Nature.
e vous tiens parole, Madame, et comme le contenu en la présente n'est que de pure spéculation, vous n'avez qu'une seule lecture de curiosité à en faire, ce qui ne vous détournera pas longtemps de celle de ma première Lettre, sur laquelle j'attends votre réponse, ainsi que votre sentiment sur la présente.
Observer qu'une fois instruite de la première matière, l'ouvrage n'est plus pour les Philosophes, qu'un amusement de Dame et un jeu d'enfant.
Vous ne serez point surpris de ce que notre Pierre peut opérer, l'ayant déjà, je crois, lu dans l'ouvrage que je vous ai laissé ravir du quoique toutes ces merveilles vous paraissent contre nature, cependant les Philosophes assurent que la Pierre opère encore des choses plus surprenantes, c'est que j'espère vérifier avec vous. Courage, Madame, je tiens l'échelle mystérieuse de Jacob et je vous présenterai une main si sûr, que vous n'aurez rien à craindre pour y monter.
Je ne puis pour le présent donné aucune instruction, mais sur les embarras que vous pourrez rencontrer dans vos lectures, j'y satisferais sur-le-champ. Prenez votre temps, et après avoir fini sur ma première lettre, lisez avec attention ce qui suit, ce sera la récompense commune.
Des merveilles et vertus de notre Elixir blanc et rouge, sur les trois règnes de la Nature.
otre médecine nous préserve de toutes les dispositions qui nous peuvent arriver, parce que surpassant en vertu tous les autres remèdes, elle ne peut pas seulement guérir les maladies que l'on croit ordinairement incurables ; mais encore, elle communique à la personne une très bonne disposition jusqu'à un certain nombre de ses descendants, en leur prolongeant le cours ordinaire de la vie jusqu'à jusqu'au terme prescrit de Dieu, qui est la mort naturelle et non accidentelle.
Je ne puis, sur ce, vous donner une plus judicieuse comparaison, que celle d'une bougie parfaite ou vicier.
Si nous sortons de père et mère sain, fort et robuste, la bougie sera complète, pour la cire et pour la mèche. Si nos pères et mères sont de mauvaise constitution, ou l'un d'eux, la bougie sans sentira, soit pour la mèche soit pour la cire.
Cette bougie allumée, la mort naturelle et sa consommation entière ; mais si la mèche est mal constituée, la cire remplie de bouillon, que quelque chose tombe sur la mèche et l'éteigne, quelquefois au commencement, quelquefois au milieu, aux deux tiers, aux trois quarts restants de la bougie à brûler ; voilà la mort accidentelle que la mauvaise constitution de nos pères et mères, ou de l'un d'eux, nous donne, ou que nous nous donnons à nous-mêmes par nos débauches, passions ou intempérance ; nous mourons souvent au commencement, aux deux tiers, aux trois quarts de notre vie, d'une mort forcée que j'appelle mort accidentelle, causée par notre propre faute. Notre médecine peut réparer ces défauts, et nous conduire jusqu'à la mort naturelle, mais non la passer.
Dieu a confié à ceux qui possèdent ce précieux don, la liberté d'être maître de la vie et de la mort, de lier et de délier ; il les a fait, pour ainsi dire, des demi-dieux, pour vivre plus de cent ans, par apport à leur humanité, parce qu'il y a eu de ces Philosophes qui ont atteint 400 ans, et même on été jusqu'à mille ; mais tous ne pensent pas ainsi, et ceux qui ne veulent pas prolonger leur vie, ont pour motif, que vivant dans ce monde de misère, ils sont privés d'un plus agréable séjour ; car il est assuré que cette Science représente si vivement la gloire éternelle, qu'après avoir abandonné les vanités du siècle, on ne souhaite que d'adorer Dieu, et après cette vie, voire face-à-face le Créateur dans le Paradis.
Une autre raison décisive nous prévient, que quoique les Philosophes peuvent conserver leur vigueur, comme dans leur tendre jeunesse, et retardé en même temps la vieillesse, néanmoins, parce que le temps de leur vie est prescrit par le Tout-puissant, ils ne sont point en état, quand l'heure est venue, de prolonger leurs jours, et de s'immortaliser.
Il y a beaucoup de Philosophes que l'on a cru mort, et qui cependant fort longtemps après leur mort prétendue, ont été vus vivant ; ils ont eux-mêmes fait courir le bruit de leur mort, parce qu'étant tous les jours en danger d'être tourmentés ou d'être mis en prison, sur la réputation qu'ils avaient d'être en possession de la Pierre philosophale, ils ont changé de nom et de pays, ils ont voyagé et voyagent encore aujourd'hui, ils voyageront incognito, jusqu'à la dernière heure de leur vie, comme je serais obligé de faire moi-même, si j'étais trop tourmenté après la possession de ce secret.
La lèpre, la goutte, la paralysie, la pierre, le mal caduc, hydropisie, le mal vénériens, la petite vérole, et tous les accidents qui les accompagnent ne sauraient vous résister à la vertu de cette médecine.
Il faut seulement remarquer que les maladies simples sont plus facilement guéries que les composés : par exemple, si l'incommodité avait été de cent ans, elle serait entièrement guérie dans un mois ; si elle avait été de cinquante ans, environ, on en viendrait à bout dans quinze jours ; si était de vingt ans, en huit jours ; de sept ans en deux jours ; et enfin si la maladie était d'un an, en un jour on en verrait vit la guérison.
Cette médecine fait entendre les sourds, voir les aveugles, parler les muets, marcher les boiteux ; elle peut renouveler l'homme entier, en lui faisant changer la peau, tomber les vieilles dents, les ongles et les cheveux blancs, à la place desquelles vase elle en fait croître nouveau, le selon la couleur que l'on désire
Quoique cet élixir guérisse très peu de jours les infirmités les plus rebelles, il peut aussi donner la mort, même à réduire en cendres une personne qui en prendrait trop, comme l'ont malheureusement expérimenté quelques-uns des Philosophes ; parce qu'alors, par le trop grand usage qu'ils en avaient fait, l'on a reconnu que la chaleur du remède était supérieure à celles de l'heure estomac ; mais voici comment on le prend avec précaution on délaye un ou deux grains de notre élixir dans un vase, avec de bon vin blanc, qui, sur-le-champ devient jaune ; on en boit et l'on en règle la quantité suivant les forces et les tempéraments du malade ; que si la Pierre avait été multipliée une fois il faudra mêler le grain avec mille grains ; si elle a été multipliée deux fois avec 10.000 grains, et toujours de même, à proportion.
On le prépare encore plus facilement de la manière suivante. Ont fait avaler un grain de cet élixir dans quelque liqueur à un mouton, ou bien le quart d'un grain à une volaille : on tue, quatre ou cinq heures après, l'animal qui a souffert la force de la médecine, ensuite on fait cuire la viande qu'on peut manger avec toute assurance, et dont on peut prendre les bouillons, sans craindre aucun danger.
Si l'on mêle de cet élixir avec les emplâtres ordinaires pour les maladies externes, comme ulcères, fistules, cancers, écrouelles, loupes, bubons, et généralement toutes sortes de galles, il procure en très peu de temps une parfaite guérison, et fait encore une opération bien particulière, c'est qu'après que la plaie est guérie, ont ne s'aperçoit point de la cicatrice, et la peau devient plus blanche que la neige même.
Pour l'embellissement du visage, en faire disparaître toutes les cicatrices occasionnées par la petite vérole, ou autre accident ; c'est la vraie huile de talc des anciens, elle rajeunit et rend le teint vermeil ; si l'on y répand seulement une goutte ou deux, elle s'étend tellement par toute la face, qu'elle lui donne une blancheur extraordinaire ; elle entretient même le visage si frais, qu'après la mort de la personne, elle ne paraît que très peu changée, car elle ne pénètre pas seulement la peau, mais encore le crâne et tous les ossements.
Il serait a souhaiter que les Dames jouissent ce trésor, mais il ne faudrait pas aussi qu'il tomba entre les mains de certaines personnes qui en pourraient abuser ; car s'il est utile en plusieurs occasions, dans d'autres, il est en état de pervertir toute la nature ; en effet, pourrait-on imaginer qu'une femme ayant que flairé cet élixir, soit aussitôt délivrée du travail de l'enfantement, avec une si grande facilité, qu'il semble un miracle ; il fait aussi sortir le fruit, en quelques mois qu'il soit de son terme, si l'on en met sur quelque emplâtre, que l'on a dans l'endroit convenable.
Une seule goutte mise dans ce lieu, et échauffe tellement une femme stérile, qu'indubitablement elle devient enceinte pour peu de vertu que l'homme puisse avoir ; lui-même dans l'occasion peut s'en servir comme la femme, et quelques vieux et un puissant qu'il fut, sans blesser aucunement la nature, il serait assuré d'engendrer ; une goutte encore de cet élixir mise aux tempes d'une demoiselle, ou au menton d'une jeune femme, prend une odeur si suave, que quand ils passent dans la rue, où entrent dans quelque maison, on sent cette odeur qui dure près de quinze jours.
Cette médecine à d'autres vertus encore plus incroyables. Quand elle est à l'élixir au blanc, elle a tant de sympathie avec les Dames, qu'elle peut renouveler et rendre leur corps aussi robuste et vigoureux qu'il était dans leur jeunesse, en sorte qu'elles ne paraissent pas avoir plus de dix-neuf ans.
Pour cet effet, on prépare d'abord un bain avec plusieurs herbes odoriférantes, dont elles doivent bien se frotter, pour ce décrasser ; ensuite elles entrent dans un second bain, sans herbes ; mais dans lequel on a dissout, dans une chopine d'esprit de vin, trois grains de l'élixir blanc, qu'on a ensuite jeté dans l'eau ; elle reste un quart d'heure dans ce bain, après quoi, sans s'essuyer, ont fait préparer un grand feu pour faire sécher cette précieuse liqueur, elle se sent alors si forte en elle-même, et leur corps est rendu si blanc, qu'elles ne pourraient pas se l'imaginer, sans l'avoir expérimenté.
Notre bon père Hermès demeure d'accord de cette opération ; mais il veut outre ces bains, qu'on prenne en même temps, pendant sept jours de suite, intérieurement de cet élixir, et il ajoute, si une dame fait la même chose tous les ans, elle vivra exempte de toutes les maladies auxquelles sont sujettes les autres dames, sans en ressentir aucune incommodité, ni l'empêcher de concevoir, en usant alors de notre élixir, comme ci-devant.
Si l'on en donne à une jeunesse de six à sept ans, bien constituée de l'un et de l'autre sexe, cela augmentera leur cru de telle façon, qu'à huit ans ils seront l'un et l'autre aussi formés qu'un autre enfant de quinze ans ; le garçon en état d'engendrer, et la fille de concevoir. Je n'aurais jamais fini sur l'article du règne animal, si je voulais ici rapporter toutes les merveilles qu'elle y opère. Elle est le précieux préservatif de la peste, du mauvais air ; et par conséquent de ses grossiers brouillards, qui détruisent entièrement la poitrine ; elle empêche un homme de s'enivrer, elle excite la passion de Vénus, conserve le vin en sa bonté, lui sert de médecine, quand il est gâté, chasse toutes sortes de poisons, et ce qui est de plus admirable, elle fait chanter en hiver la linotte, le canari, le rossignol, l'alouette, la cigale, et toutes sortes d'oiseaux, comme dans leur propre saison.
Pour se conserver en parfaite santé, on en peut bien prendre en tout temps, mais il vaut mieux que ce soit deux équinoxes ; car alors l'homme se renouvelle avec la nature : pour ce qui regarde les autres opérations, il n'y a point de saison déterminée, il ne s'agit que d'avoir de la poudre parfaite, pour connaître sa bonté, il faut mêler peu à peu dans de l'esprit de vin, et il en doit sortir des étincelles ardentes dorées, et paraître dans le vase une infinité de couleur.
On ne doit point être surpris de tant de rares vertus, si l'on examine que le point de vue de notre élixir est la perfection, même la plus que perfection de la nature, qui conserve les quatre éléments, ou les trois principes en une due égalité, jusqu'à ce que Dieu permettre leur destruction, suivant sa sainte volonté, et ses dessins sur les hommes.
Car enfin, la mort n'est autre chose que la de destruction et la séparation des éléments qui composent le corps de la nature, il n'y a pas de doute que si l'on peut toujours entretenir une juste température, sans qu'un principe surmonte l'autre ; le corps ne mourait jamais, ce qui lui serait facilitée par la subtilité et la fixité de la substance de cette médecine, qui à cause de l'abondance de l'humide radical, principe de toutes choses, peut mettre en action continuelle la chaleur des mixtes, et particulièrement celle des animaux, ce qui fait dire, avec raison, que c'est un sujet digne d'admiration, qui fait une infinité de miracles, lesquelles ne sont que des phénomènes de la simple nature, mais que les ignorants croient être la production de la magie, ne faisant pas réflexions, que c'est à sacrilège et une impiété d'attribués au Démon ce qui est du à l'Auteur de la Nature d'autant plus que l'esprit malin n'opère rien de surnaturel, il ne fait qu'appliquer les choses actives aux passives ; car il connaît pas même l'avenir, par une véritable marque de son ignorance.
Avec notre médecine, on peut faire venir des roses quatre fois l'année, et multiplier tellement la vertu du rosier, qui produira des feuilles et des fleurs la moitié plus qu'à l'ordinaire
Non seulement on peut également faire étendre la vertu des fleurs, des arbres et des légumes, pour leur faire porter du fruit quatre fois l'année, ils en produiront eux-mêmes tous les mois ; et bien loin que leurs forces en fussent diminuées, elle serait augmentées au centuple ; et cela, par le moyen de notre médecine, qui est Soleil terrestre, répandant sans cesse ses fertiles rayons, du centre à la circonférence, et fortifiant tellement la nature des mixtes, qu'ils surpassent à chaque production en force leur état ordinaire.
Les plantes les plus délicates, qui ont de la peine à pousser dans les climats d'une température différente de celle qui est qui leur est naturelle, étant arrosées élixir, deviennent aussi vertueuses que si elles étaient dans leur terroir même.
Cette médecine rend toutes sortes d'herbes propres à grener et à croître au milieu de l'hiver, les plantes venimeuses en sont même si purifiées, que si l'on vient à s'en servir alors les mêmes maux qu'elles auraient pu produire auparavant d'être corrigées, elles guérissent la personne sur-le-champ ; la renoncule des prés, nommée par les herboristes, apium risus, fait mourir en riant, quand on en a mangé ; le napel est si vénéneux, et son poison et si violent, qu'il n'y a presque point de contrepoison qui soit capable d'y remédier, jusque-là même, si dormait à son ombre, on serait ensuite si assoupi, que l'on n'en pourrait plus revenir, comme l'ont expérimenté deux bergers, dans la campagne de Tiburte.
En un mot, la cenit, la morelle, et la mangasbravas des Indes, sont devenus si pressants, qu'aussitôt qu'on en a pris, on devient et enragé ; mais si ces parties antipathiques à la nature des animaux sont corrigées et tempérées par la force supérieure de notre médecine, elles sont alors plus spécifiques que ne seraient les remèdes tirés des minéraux, qui doivent abonder en un sel d'autant plus propres pour servir de contrepoison, qui sont tirés de l'arsenic, de la sandaraque, et de l'orpiment.
Pour corriger ces plantes, on tire le suc de la plantes même qu'on veut faire fructifier, et on dissout deux grains, plus ou moins de notre élixir, dans une pinte de ce suc, duquel on arrose ensuite la racine de la plante, et parce que ce suc et fort semblable à la même plante ; il est facile à croire que la chaleur de la médecine s'unissant intimement avec celle des simples, elle les rend en très peu de temps contraire à leur première nature ; quant à la malignité, en leur faisant produire dans un arbre des fruits meilleurs que les autres de son espèce, et si c'est une plante, des fleurs plus belles que les naturelles, avec des couleurs plus agréables, et une odeur plus forte, de sorte qu'on peut les conserver longtemps, étant moins corruptible que les autres.
Quelques Philosophes ont pris plaisir à faire, non seulement produire du raisin à la vigne tous les mois, mais ils ont mis encore un grain de la poudre physique, dissoute avec du vin, dans le centre de la racine vigne, et elle a produit des feuilles et du raisin marqué de plusieurs petites taches d'or très agréable à voir, les pépins mêmes et étaient aussi empreint, que si on les avait dorés exprès.
On peut encore détruire entièrement une semence de son germe, et ensuite on le lui redonne en plus grande qualité et quantité ; on prend, par exemple une livre de fèves, on les fait bouillir, après on les laisse sécher ; il est assuré que par le degré du feu qu'elles auront souffert, le germe en aura été entièrement détruit ; et par conséquent, elles seront incapables de produire, mais si l'on veut faire revivre et fructifier les fèves, on dissout dans la même eau qu'elles auront bouillis, deux grains de médecine, et alors on y trempe les mêmes fèves ; elles ne manqueront point de s'imprégner de la vertu végétative dont on les avait privées.
En effet, que l'on sème les trois sortes de fèves en même temps, et de la même qualité primitive ; savoir, de celles qui auront été bouillies, qu'il loin de profiter, pourrirons en très peu de temps dans la terre ; qu'on en plantes qui n'est point bouilli, elles pousseront suivant la chaleur et le beau temps ; qu'on sème celles à qui on aura redonné la vie perdue, elles seront moitié moins de temps à pousser que celles ordinaires, et rapporteront au centuple ; il en serait de même de tous les grains, si l'on voulait s'en donner la peine.
Une autre expérience singulière : prenez une plante entière, et très sèche, la dut-on mettre en poudre avec les doigts, comme du tabac, laisser tremper la racine dans une liqueur préparer avec de notre élixir, et en quatre heures de temps, la plante commencera à reverdir, comme si on venait de l'arracher de la terre, et dans la suite, elle portera les mêmes fleurs et les mêmes graines qu'elle aurait produit auparavant, qui iront jusqu'à la plus parfaite maturité.
Palingénésie.
n prend de notre médecine, on la dissout avec de l'esprit de vin, qu'on mêle avec parties égales de l'eau distillée d'une même plante que l'on veut reproduire, on y ajoute trois gros de son propre sel ; on met le dans un vase qui ne doit être rempli jusqu'au goulot ; on le met ensuite dans une place, sans le remuer, et trois jours après, on y voit croître une plante pareille à celle dont on avait distillez l'eau et tiré le sel ; la plante demeure toujours en cet état ; mais si l'on vient à remuer le vase, la forme de la plante se détruit, elle revient néanmoins dans sa première figure, si on la laisse encore reposer trois jours : voilà une des façons de faire la palingénésie ; néanmoins il est certain que si l'on avait les trois principes d'une rose, tellement astralisés et séparés de leurs parties hétérogènes, que par un moyen, unissant entre le sel, le soufre et le mercure, on fit un sel qui se fondît à la moindre chaleur ; il est vrai, dis-je, qu'en mettant ce sel dans un vase, on verrait dedans l'entière représentation de la rose.
Thomas d'Aquin, au Livre intitulé Lettre des Etres, dit que l'on peut, par artifice, accompagné de la nature, dans l'espace d'une heure, tirer de la semence à un concombre, les feuilles, les fleurs et les fruits ; pour le prouver encore davantage, il ajoute ces paroles : parce que j'ai vu, pendant que nous étions à table, pour commencez à dîner, on sema de la graine de concombre, dans une terre préparée est arrosée d'une certaine eau faite exprès, et aussitôt la graine poussa, il en sortit des feuilles et des fleurs, et en suite du fruit que l'on nous servit à table, auparavant que nous fussions à la moitié du repas. (Repas à la saint Thomas III H. à table.)
Raymond Lulle, rapporte que si l'on prend la valeur d'un grain de millet de cette médecine, qu'on la fasse dissoudre dans de l'eau, et qu'on la mette ensuite dans le cœur d'une vigne, jusqu'à la profondeur de concavité d'une noisette, il en naîtra artificiellement des fleurs et des rameaux, ce qu'il dit avoir fait de ses propres mains dans le mois de mai.
Cette terre et eau préparée, ne sont autre chose que le premier et second Ciel magique ; l'or supérieur et inférieur, qui étant unis tous deux ensemble, comme le principe de tous les mixtes sont le premier être de l'or vulgaire, dans lequel on trouve pareillement le premier être de du concombre et de la vigne, ce qui leur donnent une si prompte vertu ; car alors leurs trois principes, actifs et constitutifs, étant augmentés dans le suprême degré par la nature de notre médecine, et n'agissant plus sur leurs parties terrestres, le concombre et la vigne n'ont plus de peine à pousser en très peu de temps, parce qu'ils ont toute la chaleur requise ; que s'ils demeuraient deux ou trois mois pour attendre les influences du soleil élémentaire ; la même chose se pourrait faire de tous les autres végétaux, parce que de même ; qu'on peut faire croître le concombre ; on pourrait avoir aussi en tout temps, des raisins, des pommes, des poires, des fraises, framboises, des melons, des petits pois, et autres légumes et grenage de toute espèce, ainsi que des ananas et autres fruits étrangers, tous en leur parfaite maturité et bonté.
Vertus de notre Elixir sur les Pierres.
l change les pierres , tant naturelles qu'artificielles, en pierres précieuses, il ôte les tâches de ces dernières, il fixe quand il est blanc tout les pierres qui ont la couleur blanche, comme diamant, saphirs, émeraudes et marguerite ; si la pierre est au vert, elle fait des émeraudes de sa couleur, si elle est à la couleur de l'arc-en-ciel, elle fait des opales, avec la poudre jaune, c'est-à-dire, avant qu'elle devienne rouge, on en fait les pierres jaunes, telles sont les hyacinthes, diamants jaunes, topazes ; et enfin avec le rouge, on en fait des escarboucles, rubis et grenat, qui surpassent en beauté et vertus les pierres orientales, et elle monte alors à un si haut degré de perfection, qu'elle fond honte à leurs semblables ; on en voit l'expérience dans le cristal que cette médecine réduit en diamant si fin, si éclatant, si brillant, si pesant, et si fixe, qu'il est plus de diamants que le diamant même ; il faut cependant remarquer dans cette opération le degré de chaleur ; car le cristal se calcinerait par un feu violent, ce qu'il arrive point dans la suite, lorsqu'il est intérieurement pénétré par la médecine.
On doit encore mieux se servir du cristal que l'on aurait fait avec la pierre au blanc, dont trois grains versés sur un verre d'eau de fontaine, la rende sur le moment, dure et transparente, comme est le véritable cristal.
Si l'on veut faire des perles de la semence des orientales, ou des coquilles ; on prend de leurs semences, et l'on la fait dissoudre dans notre médecine, qui la réduira facilement sur un feu doux, en manière de gelées épaisses : c'est cette gelée que l'on peut former avec les mains, et à qui l'on donne telle figure et grosseur que l'on veut, fut-elle comme la perle que l'on montre dans la galerie du grand duc de Florence ; ces perles se font ordinairement rondes ; pour les faire, on prend un moule d'argent, doré en dedans, bien poli et séparé en deux parties, comme ceux des potiers d'étain.
On forme la perle, on a soin d'y faire un petit trou, afin qu'un fil d'or, comme un cheveu, y puisse passer ; on remplit ensuite les deux moitiés du moule de ladite pâte, avec une spatule d'or, on place le fils d'or dans le milieu, on ferme le moule, et on passe et repasse le fil pour faire les perles percées, après quoi on ouvre le moule, on met la perle dans un plat d'or, ainsi que son couvercle, sans la toucher des mains ; on la laisse sécher à l'ombre, sans qu'il y paraisse dessus aucun rayon du soleil. Quand on les a ainsi toutes faites, et qu'elles sont bien séchées, on les passe dans le fils d'or, sans les toucher, et on les trempe dans de l'esprit de vin, dans lequel on aura encore dissout de l'élixir, on retire les perles, et on les fait sécher seconde fois, et alors elles sont parfaites pour l'usage.
Notre Pierre a encore deux vertus très surprenantes ; la première à l'égard du verre à qui elle donne intérieurement toutes sortes de couleur, comme vitres de la Sainte Chapelle à Paris, et la celles des églises de Saint Gatien et de Saint-Marin, en la ville de Tours ; elle rend en outre le verre malléable, semblable à la tasse qui fut présentée à l'empereur Tibère ; il ne s'agit que de lui insinuer une certaine oléaginosité fixe, qui lui manque pour l'extension, et l'unir parfaitement bien en toutes ses parties ; de sorte que l'on pourrait frapper et battre ce verre sur l'enclume, comme tous les métaux d'où il tire son origine.
L'or, avec sa beauté, serait-il à comparer avec ce verre, on en bâtirait des maisons qui ne périraient presque jamais, et au travers desquelles on verrait tout ce qui se passerait dehors, sans qu'on pût être vu au-dedans, par la manière dont il serait posé.
La seconde qualité singulière de notre pierre ou élixir, est que si l'on y trempe un linge ou toute autre matière combustible, le feu ne le peut point consumer, ni donner d'atteinte, de même si l'on en mêle avec de l'huile ordinaire, pour la lampe, le qu'on l'incorpore avec de la cire, pour en faire des flambeaux ou bougies, ils s'enflammeront et brûleront continuellement, sans se consumer, particulièrement si l'on fait la mèche avec de l'amiante, de l'Alun de plume, ou du fil d'or sans soie.
Notre Pierre est une eau sèche qui ne mouille point les mains, un feu humide qui ne brûle point ; par le moyen de ce petit monde, on peut voir tout ce qui est dans le grand, on échauffe les choses froides, ont refroidi les chaudes, on humecte les sèches, on sèche les humides, on rougit les blanches, on blanchit les rouges, on amollit les dures, on durci les molles, on fond les congelées, on congèle les fondues, ont mûri des crues, on réincrude les cuites, on adoucit les aigres, on aigrit les douces, on nettoie les sales, on salit les propres ; on donne la vie aux mortes, on ôte la vie aux vivantes, on augmente les petites, on réduit les grandes, on épaissit les subtiles, on subtilise les épaisses, on rend les douces salées, et les amères douces ; et enfin on rend volatil ce qui est fixe, et le fixe volatil, par de merveilleuses opérations.
Avec cette Pierre, les Philosophes voient, comme dans un miroir, toutes les choses futures ; et c'est par cette Science divine, que Moïse a écrit, que Nostradamus a composé ses centuries que le Sage admire en secret, et les fous méprisent publiquement, parce qu'ils n'en comprennent point le sens mystérieux et caché.
C'est par cette science, et surtout par l'élixir au rouge, que les Philosophes se sont élevées par-dessus le commun des hommes, en prédisant l'avenir, ils ne se sont pas seulement contentés de parler des choses générales, ils ont éclairci des particulières. Ils ont connu et prédit qu'il devait y avoir un jour un Jugement universel, lequel aurait précédé la consommation des siècles, que tous les morts ressusciteront dans leurs corps, que lors de cette résurrection, les âmes s'y joindraient pour ne s'en plus séparés, que les corps glorifiés seraient d'une clarté et une subtilité incroyable, pénétrant les choses les plus solides, au lieu que les réprouvés seront toujours dans les ténèbres et dans l'obscurité, ils souffriront toutes sortes de martyrs, par la seule pensée qu'ils auront du bonheur des élus, et que leur privation de la vue de Dieu sera éternelle.
Ils ont reconnu ce qui s'est passé, lors de la création du monde, et ce qui doit arriver lors de sa fin, par l'extinction du feu centrique, par la rupture du vaisseau qui le conserve en son entier ; vaisseau que ce grand Dieu paraît tenir en sa main, sous la représentation qu'ils nous en ont anciennement laissé d'un globe : ils nous ont encore insinué sa bonté infinie, qui ne tend jamais qu'au mieux, il ne fait point rentrer dans le néant ce qui en est une fois sorti, lors de la consommation des siècles, exaltera sa très sainte Majesté, élèvera le feu très pur qui est au firmament, au-dessus des eaux célestes, donnera degré de plus fort au feu central, tellement que toutes les eaux se résoudront en air, que la Terre sera calcinée par la violence du feu ; de manière que ce feu, après avoir consumer tout ce qui sera impur, subtilisera les eaux qu'il aura circulé en l'air, et les rendra à la Terre purifiée ; en sorte que Dieu sera un monde plus noble que celui-ci, ou habiterons tous les élus, comme Adam, notre premier Père, dans le Paradis terrestre.
Hermès, premier Père des philosophes, longtemps avant le divin Moïse, ne nous a-t-il pas dit ; pour moi si je craignais le jour du Jugement, et d'être damné, pour avoir caché cette Science, je n'en aurait rien dit, et je n'écrirais point pour l'enseigner à ceux qui viendront après moi.
Virgile, dans la 4e de ces épilogues, en interprétant la Sibylle de Cube ; a-t-il pas prophétisé la venue de Jésus Christ, par ces paroles : Utima cumoei venit, etc..
Platon, n'a-t-il pas écrit dans ses ouvrages tout au long de l'évangile de Saint-Jean, In principio erat verbum, jusqu'au mot, suit homo missus a Deo ; ainsi que le rapporte saint Augustin dans ses confidences et confessions ; quoique Saint-Jean n'ait écrit son évangile fort longtemps après la mort de Platon.
Les philosophes, par le moyen de leur élixir peuvent composer différents miroirs, comme miraculeux, dans lesquels on peut voir ce que les hommes écrivent et délibèrent loin de nous, pour ou contre les intérêts, ce qui est justifié bien clairement dans l'Ancien Testament, au livre quatrième des Rois, chapitre 6, où Elysée, Prophète Philosophes, et possesseur d'un de ces miroirs, découvrit au roi d'Israël, les entreprises du roi de Syrie contre lui, celles mêmes que ce roi n'avait communiqué à aucun de ces sujets ; qu'on lise ce chapitre en entier, et l'on verra si ce j'ai écrit des merveilles de notre élixir, et digne, ou non, de la plus grande attention et ferme fois ; on y voit paraître les objets terrestres et compaques, les diaphanes et les aériens, comme sont les esprits élémentaires, invisibles au commun des hommes, avec leurs opérations et constellations, ce qui est encore justifié dans ce que rapporte Elysée, au même chapitre cité.
Il représente encore un homme absent, comme s'il était présent ; quand il y avait entre les deux personnes plusieurs centaines de lieues de distance, elles se parleront et recevront réponse aussi intelligiblement, comme si elles n'étaient éloignées que de quelques pas ; bref elles peuvent s'écrire, comme vous pouvez le comprendre, dans à pays tout ce qui se passe dans les autres, sans envoyer les lettres ni courrier.
Ils peuvent y voir à découvert, et sans peine, ce que le Ciel et la Terre ne sauraient concevoir, et par leur moyen, trouver le Mercure des Philosophes, et le voir aussi clairement que si on le tenait dans ses mains ; on y distingue sa couleur, qui est de saphir, mêlé de blanc.
Ils peuvent également, par le moyen de leurs miroirs, voir le leur soufre qui est de couleur chélidoine, riche trésor de la ne nature végétative, en trouver et pouvoir en cueillir en telle abondance qu'ils désireront, sans jamais risquer d'en trouver la fin, et de ces deux matières, composer un nouveau miroir qui ne paraîtra que rouge, mais si rempli de feu, que par le moindre mouvement ou agitation, il brûlerait et consumerait, à une certaine distance, tout ce qui se rencontrait, aussi promptement, comme le feu du tonnerre, de la même manière qu'Elie fit aux soldats d'Acab, voyez le chapitre premier du quatrième Livre des Rois, où est la preuve de ce que j'avance.
Ils en peuvent faire encore un autre, qui représentent tous ce qui est dans l'air mobile et immobile, selon qu'il est fait sous la juste constellation. On en voit des effets surprenants, mais naturels à ceux à qui Dieu fait la grâce d'en connaître la vertu. Et enfin, un dernier miroir ardent, également utile par sa partie concave que convexe, ce miroir peut rendre les rayons du soleil si multipliés, qu'il peut de très loin brûler et détruire des villes entières, consumer des armées de mer et de terre, comme il l'est rapporté que firent autrefois Archimède, sur les vaisseaux de Metellus, qui assiégeait Syracuse et Procolle, quand les Turcs voulurent prendre à une première fois Constantinople, à quoi il ne fera ne serait jamais parvenu, s'il ne fut mort avant le dernier siège, à moins que la taille ce fut fait de nuit, sans clair de lune.
La manipulation de ces miroirs est très facile, si l'on sait composer les eaux qui séparent l'obscurité des métaux, et ensuite en former ce métal, duquel ils sont fait, dont la glace doit conserver une couleur or rouge comme le sang ; on fait fondre la matière, on la laisse refroidir jusqu'à ce qu'il s'en forme une glace, le que l'on polit soigneusement.
On forme après cela les miroirs physiques, et on leur donne les règles de la dioptrique, il faut que toutes ces opérations soient achevées en peu de temps, afin que la matière resplendissante qui sert à leur faire représenter nos merveilles, soit dans sa plus grande force, et qu'alors en éprouvant les miroirs au soleil du à la lune, il fasse une très belle lumière.
C'est cette lumière qui illumine l'homme dans un instant, lui fait comprendre toutes les langues, qui lui fait pénétrer le fond de la mer, les entrailles de la terre, la création du monde, et parties des miracles de Dieu, dans l'ordre qui y règne ; on y voit, comme dans la page d'un livre, ce que la terre contient sur sa superficie, à la distance de l'horizon ; en un mot ceux qui sont assez heureux de savoir composer de semblables miroirs, quelques méchants hommes qu'ils fussent auparavant, quelque fausse religion qu'ils professassent ; fussent-ils les plus grands athées qui aient encore paru, sont tout d'un coup changé dans leur cœur, deviennent tout à fait gens de bien et dans la plus haute vertu.
Outre ces miroirs que l'on peut faire avec ce métal composé, on en fait encore les véritables talismans, anneaux, cachets, images et figures magiques de nos ancêtres ; et selon les influences des planètes qui ont servi à leur composition, ils opèrent diverses merveilles ; car alors cette matière contenant en puissance et acte les vertus du ciel et de la terre, par le mariage, pour ainsi dire, que l'on fait des signes célestes, avec les corps métalliques ; ils opèrent une infinité de miracles, qui ne seront cru après l'expérience.
De plus, on peut encore, sur ce métal rougi au plus grand feu, marcher hardiment, sans se brûler ; on en fait des balles et menu plomb pour la chasse, qui tueront dans seul coup deux ou trois douzaines de perdrix, si elles étaient attroupées et, à peu de distance, sans qu'il s'en sauvât aucune ; on en fabrique des épées, des sabres, des poignards, des piques et des couteaux, doués d'une si grande force pénétrative, qu'ils perceront les corps les plus durs. Un homme serait invulnérable quand il ne porterait qu'un casque de ce métal de la sorte que les balles des mousquets, les boulets de canon, les bombes, grenades, les carcasses, et autres armes meurtrières ne pourraient jamais faire la moindre meurtrissure à la personne ; au contraire, elles se rompraient aussitôt en mille pièces, et les éclats renvoyés à leur source, iraient plus loin en renversant, d'où ils seraient venus.
Il en est de même des ornements des chevaux, car si on leur fait avec ce métal des mors, des reines, et des fers, ils pourront galoper devant une batterie de canons, sans craindre d'être endommagés ni blessés en façon quelconque.
De ce même métal, au fond des vases de cuisine, soit pour boire ou pour manger ; si l'on vient à y mettre du poison de quelque qualité et qu'il soit, aussitôt le vase sue et chasse en dehors plusieurs grosses tâches, que l'on reconnaît facilement être la malignité d'une chose vénéneuse, pour laquelle on ne saurait prendre un meilleur contrepoison, que la matière même qui sera restée dans le vase.
Par le moyen de ce métal, ont peut causer des tempêtes sur la mer, les apaiser, faire continuer le calme, faire régner les vents d'Est, Ouest, Nord-Est, faire engendrer des nuées, les dissipé, faire paraître le soleil, faire pleuvoir, tonner, neiger, grêler, en tout temps.
Il est aussi capable d'empêcher que personne ne puisse dire ni penser du mal de celui qui en porte, il l'éclaire, et lui fait contenter les esprits bizarres ; il lui fait enfin expliquer et résoudre les arguments les plus équivoques, et les énigmes les plus difficiles, comme Salomon fit à la reine de Sabbat, et Daniel au roi Nabuchodonosor, ainsi que Joseph au Roi pharaon.
Voyez l'histoire du prophète Daniel chapitre 2 et 4, et pour Joseph, dans le livre de la Genèse, chapitre 40 et 41.
Si l'on remplit un tonneau d'eau de pluie, qu'on la laisse croupir, qu'ensuite on sépare l'eau claire et azurée de ses impuretés, qu'on l'expose au soleil dans un vaisseau de bois, et qu'on y jette dedans une goutte de notre huile incombustible, on voit qu'il se lève des ténèbres, comme lors de la création de l'univers, ce qui fait justement dire à Hermès, dans sa table d'émeraude, ainsi le monde a été créé.
Après quoi, si on en met deux gouttes, la lumière se sépare des ténèbres, enfin, si l'on en remet consécutive trois, quatre, cinq et six gouttes, on y voit clairement tout ce qui s'est passé dans les six jours de la création, ce que Moïse nous a si savamment détaillé par la permission de Dieu.
Cela paraît si admirable et si incompréhensible, qu'il est impossible d'en pouvoir, par écrit, donner en détail les circonstances ; l'on aurait même de la peine à croire, si j'avançais qu'on y voit passer, comme dans une procession, tous les hommes de nom qui ont possédé le secret depuis Adam, jusqu'au dernier d'aujourd'hui décédé, et qu'on les y reconnaît très distinctement, et la différence du sexe.
L'on y voit quel corps Adam et Eve ont eu avant leur chute, qu'elle a été le serpent, l'arbre et le fruit défendu ; ce que c'est que le paradis terrestre, où il est situé ; l'on y voit en quel corps les justes ressusciteront, et ce que nous avons reçu d'Adam, quelle est cette chair et ce sang qui est né et engendré en nous par le saint Esprit et l'eau ; car nous ne ressusciterons pas dans le corps que nous a laissé Adam par héritage, mais en chair et sang régénéré par le saint Esprit et l'eau, et tel corps Jésus Christ notre sauveur est monté au Ciel
Si l'on prend les sept métaux, selon leurs planètes, dont on imprime la figure dans leur heure propre, que l'on mette tous ces métaux dans un creuset, et suivant l'ordre que ces planètes tiennent dans le ciel, en commençant par Saturne, que l'on ferme les fenêtres de la chambre où l'on fait l'opération. on sera entouré d'une flamme céleste, qui aura été occasionné par cette de l'élixir que l'on aura versé dans le creuset pour faire fondre les métaux, tout ce qui est alors dans la chambre, paraîtra au reluisant que le soleil : on voit sur sa tête tout le firmament, comme il est représenté au Ciel étoilé, on voit le soleil, la lune et les planètes, avec leur même mouvement qu'ils font toute l'année ; mais enfin tout disparaîtra disparaît dans un quart-d'heure.
Si l'on prend encore un peu de notre pierre avec de l'eau de pluie, que l'on mette le tout dans un vase bouché, dont la troisième partie soit vide, et que l'on le mette dans un lieu où il ne puisse être ébranlé en façon quelconque, on verra dans la pleine lune cette eau augmenter tellement que le vase en sera totalement plein, dans le décours de la lune, l'eau diminuera à proportion, comme elle l'avait augmenté, et cependant elle retiendra toujours son même poids et sa même qualité.
Si à chaque pleine lune, quand elle est sur notre horizon, l'on se retire en particulier dans un jardin, et que l'on jette de notre poudre dans de l'eau de pluie ; peu à peu il montera des exhalaisons avec grande force, jusque dans la concavité de la lune, et si l'on continue chaque mois cette opération, il n'y aura aucun Philosophe qui ait la connaissance de la Pierre des Sages, dont on ne sache le nom et la demeure ; car chacun en même temps sortira de sa maison, le et tournera les yeux vers le Ciel et les quatre parties du monde, il remarquera que cet ouvrage ne peut être fait que par un vrai Philosophe, et ayant la même science et au même temps de la pleine lune par de semblables opérations, il répondra aux premiers Philosophes qui, par ce moyen sera connu, et il connaîtra ainsi tous ceux qui vivent sous l'horizon.
Pour ce sujet, la même nuit qui lui aura ait été répondu par une semblable flamme, il faudra s'oindre les tempes avec de notre élixir blanc, prier Dieu dévotement qu'il nous fasse la grâce de connaître celui qui aura répondu, arrêtant fortement son imagination dans ce seul désir, il s'endormira ; et quand on est éveillé, on rappelle dans sa mémoire ce que l'on a vu pendant la nuit, et l'on sait en même temps le nom et la demeure de tous les Philosophes voisins, et sous l'horizon ; que si l'on ne pouvait pas les trouver tout d'un coup, ils feraient les premiers les démarches pour venir ; s'imaginant vraisemblablement que le nouveau Philosophes n'auraient pas encore l'entière révélation de tout le secret.
Les Philosophes se font aimer de qui ils veulent, se font respecter partout, s'approprient la science des autres, peuvent inventer des machines, où un seul homme dans un métier, travaillera et gagnera plus dans un jour, que cinquante autres hommes ne sauraient ne feraient dans le même métier, en y suivant les routes ordinaires ; ils ont de la hardiesse dans ce qu'ils entreprennent ; et dans les batailles, ils gagnent toujours la victoire, pourvu cependant qu'il porte la Pierre sur eux, qui les empêchent pareillement d'être frappé du tonnerre ; enfin, cet élixir rend ceux qui en usent d'une sagesse si angélique, il ne se trouve rien dans l'univers qu'ils ne connaissent, depuis le cèdre du Liban, jusqu'à l'hysope de sur les murailles ; ils connaissent encore les vertus et propriétés de tout ce qu'il y a sur la terre, et savent tirer du plus grand poison les médecines les plus salutaires.
Celui qui use de notre élixir, pendant neuf matin, et s'en frotte les tempes, est rendu si léger, qu'il lui semble être tout d'air, capable de pouvoir voler, comme les oiseaux, et se rendre comme invisible, par sa grande agilité. Je ne dirais plus rien, étant juste de conserver quelque chose pour une troisième lettre ; je répondrais seulement à ce qu'opposent les Sophistes, contre les guérisons miraculeuses que nous faisons.
Premier argument des Sophistes, contre la médecine universelle.
Il est impossible, objectent-ils, que trois sujets particuliers puissent être guéris par un même remède ; s'ils diffèrent tous les trois en être, en constitution, en aliment et médicaments ; les créatures des trois règnes de la nature diffèrent en être, en constitution, en aliment, et en médicaments ; elles ne peuvent donc être guéries par un même remède.
réponse.
J'avoue que la forme des créatures est différente ; mais il n'en est pas de même de la matière, parce que ces sujets étant tirés des éléments, et il y devant sans doute retourner ; il est évident que les mêmes éléments et médicaments leur serviront à tous les trois également.
Second argument.
Les animaux se nourrissent en partie avec des végétaux, et les végétaux tirent aussi leur nourriture des animaux : ainsi, quel rapport à le règne minéral avait animal et végétal.
réponse.
Il nous est impossible de nous passer de sel que l'on tire des minéraux, comme de la base et du fondement de cet univers.
Le sel est la partie de la terre la plus épurée, l'eau et le mercure en sont les plus spiritueuses, et le soufre est la matière bitumineuse, le donne le mouvement et le degré de perfection aux deux autres principes, qui, tous les trois réunis, composent les métaux et les minéraux ; leur nature est la même que celle des animaux et des plantes, ils ne diffèrent tous qu'en l'espèce que le Souverain Créateur, dans la création du monde, infusa par sa sainte parole à chaque créature en particulier, afin qu'elle se multiplia en son genre et espèce seulement.
Les métaux ont plus de celle de soufre et de mercure ; et c'est ce qui fait qu'ils ont leurs racines beaucoup plus avant dans la terre que les végétaux qui abondent plus en mercure qu'en sel et en soufre, pourquoi ils poussent leurs tuyaux, leurs feuilles, leurs fleurs et leurs fruits dans l'air, et laissent leurs racines dans la terre comme la plus grossière partie.
Enfin, les animaux qui abondent plus en soufre qu'en sel et en mercure, participent d'un corps mobile, volatil, terrestre et aquatique, parce qu'ils ont une âme sensitive qui, après la mort de l'animal, s'en retourne dans sa sphère.
Les corps les plus durs participent donc des éléments matériels, au contraire des corps délicats lesquelles tiennent plus de l'essence spirituelle de ces mêmes éléments.
Cela doit faire comprendre que les éléments subtils doivent agir sur les grossier, comme les créatures les plus pures dominent sur celles qui le sont moins, à-peu-près de même que les minéraux sont assujettis aux végétaux, et réciproquement ceux-ci aux animaux, pour avoir toujours ensemble un rapport convenable, et que le plus subtil des trois, celui qui a le plus de sel, et le plus pur, puisse servir en médecine pour les deux autres règnes. Tout homme sensé conviendra de ces principes, autrement si contre ses propres lumières il persiste dans son erreur, toute réponse, je lui rapporterais ce passage de Philalète, page 11. Ils ont la tête si dure, que quelques signes et quelques miracles qu'ils puissent voir, ils n'abandonneront point leur sophistication, et ne rentreront jamais dans le droit chemin.
Je m'arrête en cet endroit pour donné au public deux ouvrage sur la première matière qui méritent toute son attention, et dont je pense qu'on me sera bon gré, ainsi que des remarques que j'ai fait sur le dernier.
Le premier sert de clôture aux douze clefs de Basile Valentin, page 70.
De la première matière
De la pierre des philosophes.
Une pierre se voit, qui à vil prix se vend,
D'elle un feu fugitif son origine prend.
Notre pierre de lui est faite et composée,
Et de blanche couleur et de rouge parée.
Elle est Pierre et non Pierre, et la nature en elle,
Peut seul démontrer sa vertu non pareille,
Pour d'elle faire sortir un ruisseau clair coulant,
Dans lequel elle ira son Père suffocant,
Et puis icelui mort, gourmande se paîtra,
Jusqu'à ce que son âme en son corps en renaîtra.
Sa Mère, qui est de nature volante,
En puissance lui soit et en tout ressemblante,
Et à la vérité de son Père renaissant,
À bien plus de vertu eût qui n'avaient auparavant.
La Mère du Soleil surpasse les années,
En âge, à cet effet, par toi Vulcain aidée.
Son Père néanmoins précède en origine,
Par son spirituel Etre et Essence divine.
L'Esprit, l'Ame et le Corps sont contenus en deux.
Le magistère vient d'un, qui seuls et un étant,
Peut ensemble assembler le Fixe et le Fuyant.
Elle est deux, elle est trois, et toutefois n'est qu'une.
Si tu n'es sage en cela, n'entendra chose aucune.
Fait laver dans un bain Adam le premier Père,
Où se baigne Vénus, de volupté la Mère,
D'un horrible Dragon ce bain l'on préparait,
Quand toutes ses vertus et ses forces il perdait,
Et comme dit fort bien le Génie de Nature,
On ne peut le nommer que le double Mercure.
Je me tais, j'ai fini, j'ai nommé la Matière,
Heureux, trois fois heureux, qui comprend ce mystère,
Que le soucieux ennui ne te surprenne point.
L'issue fera voir se désirer point.
Le second, dedans le Theatrum Chemicum, volume 1er, page 28.
Clef
Testament Arnaud de Villeneuve, et des ouvrages de tous les sages.
Après avoir purifié et exalté par le feu la Pierre des Philosophes sortant de la terre, et qu'elle est remplie d'une eau très limpide qui accroît visiblement en moins de douze heures, la mettre dans une étuve où l'air soit sec, et dès qu'elle sera épurée par la vapeur d'un feu tempéré, en extraire les parties hétérogènes ; sitôt qu'elle est purgée de fèces, elle devient propre à l'œuvre ; étant ainsi préparée et prête à l'emploi, on tire un sel vierge de ses parties les plus pures que l'on enferme sur-le-champ dans l'œuf philosophique ; avoir grand soin de conserver la chaleur la plus égale pour la cuisson de la matière, qui passera alors par plusieurs couleurs, avec sa compagne, jusqu'à ce qu'elle parvienne à la couleur blanche, qui réjouira l'Artiste, en lui annonçant qu'il est dans le droit chemin, et par la suite, il peut, sans craindre aucun danger, augmenter le degré du feu jusqu'à ce que la matière prennent la couleur rouge et s'y fixe, la fin de l'ouvrage et le triomphe de l'œuvre.
Explication des endroits qui m'ont paru les plus difficiles à comprendre.
Lapis Philosophorum, la Pierre des Philosophes : cette première matière, ainsi que sa préparation, et le feu dont on doit se servir, sont les trois articles sur lesquelles les Sages ont été les plus réservés, convenant que le surplus n'est qu'une œuvre de femmes et un jeu d'enfant. Basile Valentin, dans les vers ci-dessus, désigne la première matière et sa préparation autant qu'il est possible ; si l'on fait une sérieuse attention à ce qu'il en dit, il n'est pas le seul qui la qualifie de Pierre : le triomphe hermétique, page 210, convient que la première matière qu'il nous faut prendre, est véritablement Pierre dans l'état de sa première préparation, puisqu'elle est solide, dure, pesante, cassante et friable.
Il n'est pas le seul qu'ils appellent Pierre. Calid, en son secret d'Alquimie, page 93, y parle de cette façon : c'est une Pierre ville, noire et puante ; qui ne coûte presque rien, elle est un peu pesante, et il ajoute enfin, ceci est la révélation et ouverture de celui qui la cherche.
Le fin Cosmopolite, dans son traité du sel, page 254, s'exprime ainsi. C'est une Pierre et non Pierre : elle est appelée Pierre par sa ressemblance ; premièrement, parce que sa minière est véritablement Pierre au commencement qu'on la tire hors des cavernes de la terre, c'est une matière dure et sèche qui peut se réduire en petites parties, et qui se peut broyer à la façon d'une pierre.
Secondement, parce qu'après la destruction de sa forme qui n'est qu'un soufre puant qu'il faut auparavant lui ôter, et après la destruction sur de ses parties qui avait été composées et unis ensemble par la Nature, il est nécessaire de la réduire en une essence unique, les digérant doucement selon nature, en une Pierre incombustible, résistant au feu et fondant comme cire : ce qu'elle ne peut faire qu'en reprenant son universalité, comme a observé le triomphe hermétique rapporté dans ma première Lettre, page 34.
C'est sans doute que cette première matière, de cette Pierre divine et surnaturelle, qu'il est dit dans Moïse, eduxit aquam de petra et oleumde saxo durissimo.
Avant de quitter cette Pierre, je ne dois pas omettre ici une remarque de la plus grande conséquence pour les commençants, et qui les arrête court, comme il n'est arrivé à moi-même. Les philosophes, à dessein d'embrouiller, nomment souvent cette Pierre notre matière, comme j'ai fait à leur imitation, page 17 de ma première Lettre, lorsque j'ai mis le mot de notre, je n'entendais point cette matière à la sortie de la terre, comme en conviennent tous les Sages, entre autres le triomphe hermétique, page 210 ; mais lorsqu'elle est parfaitement purifiée et réduite en pure substance mercurielle, alors seulement c'est notre matière, suivant le sentiment de la Gazette du petit Paysan, du bon Trévisan, de Zachaire et l'universel de tous les philosophes. In igne perficitur seu exaltur.
Il faut faire ici la même distinction sur le feu sur la première matière. Le feu secret, celui que les philosophes nomme notre feu, n'est pas celui qui commence le premier ouvrage ; et sur cette partie, il y a de grandes distinctions à faire, je vais suivre pour guide le bon Trévisan, page 377, parlant de l'ouvrage de l'Artistes, et en quoi il peut aider à la nature : on y trouve mais seulement le feu est tout l'art de quoi s'aide nature, car nous n'y saurions faire autre chose ; après avoir parlé de l'extraction de notre mercure ou première matière, page 379, on y lit, mais de ceci n'en ai-je rien voulu dire, car c'est le feu qui le parfait ou qui le détruit ; et comme disent à Aros est Calid, en tout notre ouvrage, notre mercure et le feu suffisent au milieu et à la fin, mais au commencement n'est-il pas ainsi, car ce n'est pas notre mercure ce qui est bon à entendre.
Il serait superflu de rapporter d'autres autorités pour justifier du temps qu'il faut appeler notre matière et notre feu : ce que j'ai dit suffira à qu'il entendra en son sens naturel.
Je dois encore observer en passant qu'il y a trois espèces d'or, l'astral, l'élémentaire et le métallique ; que le mercure des Philosophes les contient tous les trois en puissance, sans quoi il ne serait pas possible de les faire passer en acte ; il faut de même faire attention que le mercure des Sages, lorsque les Philosophes l'appellent notre mercure, contient et renferme en lui-même son soufre et son sel, dont l'un le coagule, et l'autre le fait passer en élixir blanc ou rouge, suivant les imbibitions ; et que ce mercure animé est la première matière des métaux dont use la nature dans les mines ; et que l'Artiste sage et éclairé lui fournit sur terre, pour, à l'aide du feu secret, en faire des métaux vivants que l'art lui fait porter à un degré de perfection au-dessus de ce qu'on tire de la terre ; pour de cette outre perfection le les en vivifier et perfectionner sur terre ce que la nature n'a pu faire en terre, faute de chaleur. Limpidissimae aquae potu satiatus ad minus horis duodecim undique visibiliter tumens.
Notre première opération doit mettre en notre Pierre en état de s'engrosser elle-même en moins de douze heures de temps, sans qu'il soit besoin de lui rien ajouter en façon quelconque, sous peine de tout perdre ; la seule attention de l'Artistes est de la mettre dans un milieu convenable où elle puisse remplir ses mamelles vierges d'un lait virginal qu'il faut traire avec prudence et précaution tant qu'elle voudra bien en donner, sans, en façon quelconque, la forcer, et faire de ce lait une bonne provision pour n'en point manquer au besoin, tant pour l'œuvre que pour les imbibitions. Deinde in stupha positus, etc.
Je ne trouve plus que deux difficultés qui méritent attention, et que voici : quod confestim est la première, cum compare suo est la seconde ? quod confestim, sur-le-champ, ce mot à trait aux deux mercures qu'il faut mettre dans l'œuf pour en faire le mercure animé des Philosophes, qui recommande de ne point perdre la chaleur qu'il aura acquise pendant toute l'opération ; c'est pourquoi ils veulent qu'à l'instant même qu'on le tire des mamelles de sa mère, on l'enferme. Et Zachaire, 503, prescrit positivement que la jonction de ces deux mercures, qui est le mariage du ciel et de la terre, se fasse dans l'instant même sans y apporter aucun retardement ; et il prétend que le terme de cette conjonction connu, le reste n'est plus qu'œuvre de femmes et jeux d'enfants, n'étant plus besoin que de cuire les deux matières déjà assemblées ; ce qui me paraît clair.
À l'égard du mot avec sa compagne, Arnaud de Villeneuve entend par-là parler des deux Mercures que Zachaire, page 504, nomme les deux matières déjà assemblées.
Si l'on réfléchit sur ces deux matières qui doivent composer le mercure animé (dont on doit garder de chacun séparément bonne provision pour faire les imbibitions) et sur ce que les Philosophes ont recommandé de faire les blanches avec le mercure blanc, et les rouges avec le mercure rouge citrin ; et qu'on prie en cet endroit le Ciel d'être favorable, on ne sera pas fort embarrassé sur la façon de ces deux mercures, ni sur leur poids pour l'œuf.
Flamel, page de 146, avertis charitablement le Lecteur de faire sur ces deux mercures la plus sérieuse attention ; et qu'il s'y serait trompé sans le livre d'Abraham Juif : il dit bien que le lait de la Lune n'est pas comme le lait virginal du Soleil, que les imbibitions de la blancheur demande lait plus blanc que celle de la rougeur on couleur d'or ; mais il s'arrête en cet endroit sans rien enseigner.
Le Triomphe hermétique, page 310, après avoir dit que de notre liqueur ou lait virginal qu'on tire de la Pierre, on en fait deux mercures, l'un blanc, l'autre rouge, et qu'il faut bien prendre garde de se tromper lors des imbibitions ; que la lunaire est le mercure blanc, et le vinaigre très aigre le mercure rouge. Page 312, en parlant des cohobations du mercure sur son père, il tranche du tout, en disant : si undecies coit aurum, et cum eo emittit suum semen, et debilitatur sere ad mortem usque concipit chalybs et generat filium patre clariorem ; ce qui est le secret des deux mercures qu'il faut conserver séparément, et ne point confondre leur espèce, lors des imbibitions, comme je le viens d'observer.
C'est de ces deux mercures, l'un mâle et l'autre femelle, qu'on compose l'œuf philosophique, qui lors du mélange, devient le mercure animé des Philosophes, et auquel ils ont donné plus de mille noms différents ; leur poids est un du mâle et deux de la femelle.
Il ne reste plus, selon moi, aucune difficulté à aplanir ; et tout est suffisamment intelligible dans le surplus du testament d'Arnaud de Villeneuve. Voilà madame, l'exécution de ce que je vous avais promis par ma première Lettre, et l'accomplissement de ce que me m'avez prescrit par la vôtre du 30 août dernier : vous n'avez plus besoin d'autre Livre car je puis vous certifier avoir rassemblé en peu de mots tout ce qui a été écrit de plus clair et de plus intelligible sur la première matière des Sages, sur leurs différents feux, les moyens de préparer cette matière, tant pour la placer dans l'œuf pour en faire les imbibitions, soit au blanc comme au rouge.
La fermentation se trouvant dans Philalète et nombre d'autres vrais Philosophes, je n'ai pas cru à propos d'en grossir cette Lettre pour vous en donner des extraits que vous pouvez, comme moi, trouver dans les Originaux mêmes.
J'espère, grâce Au ciel finir enfin toutes mes affaires cette année, et exécuter ce que j'ai promis pour la prochaine. Tout est entre les mains de Dieu.
Je ne puis mieux employer mon temps dans mes moments de loisirs, qu'en travaillant à ma troisième Lettre, comme je l'annonce dans le frontispice de la première, je prouverais la réalité de notre Pierre par tout ce que l'histoire sacrée et profane ont de plus précis. Je n'ai point cru mieux faire que de les adresser à mon frère, qui on nie la possibilité, parce qu'il n'en a point de vue d'effets : je me fais un vrai plaisir de lui justifier par une naturelle analyse que je donnerai du sens mystérieux de la première semaine de Moïse ; qu'il ne faut pas prendre à la lettre tout ce que l'on lit ; et j'espère que vous serez satisfaite de ce l'explication que j'en donnerai, à quoi jusqu'à présent personne n'a pensé. Quoique plusieurs Philosophes surtout Philalète, en fasse remarquer le double sens, sans l'expliquer que par rapport au grand œuvre seulement, la Lumière sortant des ténèbres, dont le nom de l'auteur est inconnu, n'a point selon moi, frappé au vrai but. Comme mon intention n'est à cet égard que la gloire de Dieu, et que je n'entends en façon quelconque toucher à son culte, mais au contraire l'augmenter autant qu'il sera en mon pouvoir, je prendrai la liberté, si vous me le permettez, Madame, de vous adresser mon manuscrit, et je le soumettrais à votre correction avant de le faire passer sous les yeux de mon Censeur. Je suis, avec le plus profond respect,
Madame votre très humble et très obéissant serviteur.
Le Sancelrien Tourangeau.
A Paris, ce 19 mars 1777.
PS : je finis ma précédente par une Centurie de Nostradamus, dont l'explication, quoique naturelle, ne sautait pas mieux aux yeux du premier coup. Dans la crainte qu'on me pût reprocher, et à Nostradamus, que la Centurie rapportée était la seule, dans ses Ouvrages, qui concerne à la Philosophie hermétique, je vais en donner une seconde, qui est la 67e de la troisième centurie, page 30.
Une nouvelle secte de Philosophes,
Méprisant mort, or, honneurs et richesses,
Des monts Germains ne seront limitrophes,
A les ensuivre auront appui et presses.
Elle ne peut concerner les frères de la Rose Croix, nés dans l'Allemagne même, et qui y font encore aujourd'hui leur séjour, au lieu que les Philosophes hermétiques, dont parle ici Nostradamus, ne doivent pas même est limitrophe, voisin de l'Allemagne, qui sont les monts Germains désignés parce Prophète, il n'y a que la seule secte des Philosophes hermétiques qui méprise la mort, l'or, les honneurs temporels et les richesses : cette secte doit ouvrir les yeux de ceux qui les écouteront, et verront les guérisons miraculeuses qu'ils opéreront, puisqu'ils seront soutenus d'une puissance : ce qui est annoncé par les mots auront appui, et un chacun en reconnaissant la vérité de ce qu'ils prophétiseront, s'empressera de les suivre, et de s'agréger parmi eux, ce qui est signifiée par le mot et presse.
La troisième que je rapporterai dans la Lettre que j'adresse à mon frère, indique positivement la ville de Tours, d'où doit sortir un Philosophe qui aura de grandes peines ; mais enfin parviendra au but désiré. Le nom de son épouse y est nommé à une Lettre près qui en a été séparée par Nostradamus, pour faire un Anagramme.
FIN