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PERNETY Dictionnaire Mytho-Hermétique Q à Z.






DICTIONNAIRE MYTHO-HERMÉTIQUE

Dom Pernety


Q à Z




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Q
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Q. Pl. Signifie autant que l'on veut.

Q. V. A volonté.

Q. S. Suffisamment.

Quadrans. Quatre onces.

Quadratus. Surnom de Mercure.

Quandros. Pierre blanche, que les Anciens disaient se trouver dans la cervelle des vautours. Ils pensaient qu'elle avait la propriété de faire venir le lait aux femmes.

Quanli. Plomb.

Quaris. Fiel de pierre.

Quartarium. Le même que quadrants. Il signifie aussi une mesure conte­nant cinq onces de vin, ou quatre on­ces et demie d'huile.

Quebolia. Mirabolans.

Quebric. Arsenic des Philosophes.

Quebrit. Soufre des Sages.

Quebuli. Mirabolans.

Quemli. Plomb.

Quercula. Plante appelée chamœdrys, petit chêne.

Queue de Dragon. C'est, selon Her­mès, le mercure des Philosophes en putréfaction.
queue blanche du dragon. Huile du mercure, ou la pierre au blanc, ainsi nommée de ce que la couleur noire est appelée Dragon, et que la blanche lui succède.
queue rouge du dragon. C'est le magistère au rouge, ou le soufre rouge des Philosophes.
queue de paon. Ce sont les cou­leurs de l'arc-en-ciel, qui se manifes­tent sur la matière dans les opérations de la pierre. Pour indiquer les cou­leurs qui surviennent à cette matière, Basile Valentin et plusieurs autres Phi­losophes ont employé pour symboles successifs, le corbeau pour la couleur noire, le paon pour les couleurs va­riées de l'arc-en-ciel, le cygne pour la blanche, et le phénix pour la rouge.
queue de renard rouge. Minium.

Quiamos. Vena terrœ. Couperose.

Quibrit. Soufre des Philosophes. Morien.

Quintessence. La quintessence, le ma­gnétisme spécifique, le lien, la se­mence des éléments, la composition des éléments purs, sont, dit le Breton (Phi­losophie Spagyrique), des expressions synonymes d'une même chose, d'une même matière ou sujet, dans lequel ré­side la forme. C'est une essence maté­rielle dans laquelle l'esprit céleste est enfermé, et opère. On pourrait définir la quintessence un cinquième principe des mixtes, composé de ce qu'il y a de plus pur dans les quatre éléments.
quintessence des élémens. C'est le mercure des Philosophes. Raymond Lulle et Jean de Roquetaillade, connu sous le nom de Jean de Rupe Scissa, ont fait chacun un Traité qui la pour titre : de Quinta essentiel, dont l'objet est la composition du mercure Hermétique. L'un et l'autre donnent le change aux ignorants, en pariant de cette quintessence, comme si elle se faisait avec l'esprit de vin vulgaire, au lieu qu'il faut l'entendre du vin philosophique. Jean Séger Weidenfeld en à traité fort au long dans son ouvrage qui a pour titre : de Secretis Adeptorum, sive de usu spiritûs vini Lulliani. et esprit de vin est absolument minéral, et non végétal, mais acué et ren­du plus puissant avec les végétaux, suivant l'usage qu'on veut en faire, dit le même Raymond Lulle.

Quinte Nature. Mercure dissolvant des Philosophes.

Quiris. Pierre que l'on trouve dans le nid des huppes. Quelques anciens Na­turalistes attribuaient à cette pierre la propriété de faire découvrir les secrets, et d'exciter des songes extraordinaires à ceux qui la portaient sur eux pendant le sommeil.


R


R. Signifie prenez, mettez.

Raan. Sel armoniac.

Raari. Sel armoniac.

Rabeboya. Racine du grand Flamula ou grand Flambe. Quelques-uns ont donné le nom de Rabeboya à la Lune, ou femelle des Sages.

Rabiel. Sang de dragon.

Rabira. Etain, Jupiter.

Rabric. Soufre des Philosophes.

Racari. Sel armoniac.

Rachi.
Mercure des Sages.
Racho.

Racine. Quelques Physiciens Chymistes ont donné le nom de racines à ce que d'autres appellent principes, et les ont nommés différemment, quoiqu'ils ne soient que les mêmes choses. Ils appellent racines les principes des mixtes, le fixe pur et le volatil pur; tout ce qui entre d'ailleurs dans la composition du mixte est censé hété­rogène, et non racine, parce qu'il est un obstacle à l'union parfaite des ra­cines, d'où dépend la durée; et qu'il en occasionne la séparation, d'où s'ensuit la mort. C'est par cette raison que l'union des principes, faite par l'Alchimie, est permanente et incorrupti­ble.
racine (Sc. Herm.) Mercure des Sages pendant la putréfaction. Ils ont dit que leur matière ou plutôt leur mercure était composé de deux choses sorties d'une même racine; parce qu'en effet d'une et unique matière molle, et qui se trouve partout, comme dit le Cosmopolite, on tire deux choses, une eau et une terre, qui réunies ne font plus qu'une seule chose et ne se sépa­rent jamais. Cette réunion n'en fait plus qu'une seule racine, qui est la se­mence et la vraie racine des métaux philosophiques.
La racine de l'œuvre est, selon Trévisan, le principal ingrédient du composé philosophique; c'est pourquoi Riplée le nomme la base. C'est le soufre mûr du Soleil des Sages, par la vertu duquel les deux autres substances mercurielles se mûrissent et acquièrent le degré de perfection de l'or. Les Phi­losophes l'ont aussi nommé le Feu de Nature.
racine de l'art. Pierre au blanc. Il ne faut pas confondre la racine de l'Art avec la racine de l'Œuvre, parce que le commencement de l'Œuvre est la préparation manuelle, que tout le monde peut faire, de la matière crue, au lieu que l'Art Philosophique ne commence qu'après cette préparation, de laquelle presque aucun Philosophe n'a parlé. Ainsi la racine de l'Œuvre prise dans son principe, est la matière crue, et la racine de l'Art est le mer­cure préparé et la matière au blanc.
racine des métaux. Quelques-uns ont donné ce nom à l'antimoine, d'au­tres au mercure vulgaire. Les uns et les autres se sont trompés. Par Anti­moine et Mercure on doit entendre ceux des Philosophes Hermétiques, qui sont la même chose, et qui est elle-même la racine de l'antimoine et du mercure vulgaire; c'est-à-dire, ce en quoi tout se résout.
racine. Se dit aussi des principales parties du corps humain, d'où les autres semblent dépendre ou tirer leur l'origine. Le cerveau est la racine de tous les ligaments, le cœur est la racine : tous les membres, et le foie est celle du sang. Ces racines ne souffrent souvent que par accident. En les conservant en santé, on conserve tout le corps; mais il faut aussi guérir les accidents, pour conserver le principal. Paracelse.
racine des teintures du soleil et de la lune. C'est le mercure des Sages uni à son soufre.

Racri. Sel armoniac.

Radira. Etain, Jupiter.

Radix Cava. Espèce d'aristoloche, dont la racine est creuse.

Raib. Pierres de toutes espèces.

Raisin de Chêne. Assemblage de pe­tits globules rouges en dehors, blancs et presque laiteux en dedans, d'un ;goût très styptique, que l'on trouve au printemps sur les racines du chêne; c'est dans ce temps-là qu'il faut les cueillir, parce qu'en été ils deviennent ligneux. On les fait sécher à l'ombre, et on les pulvérise ensuite. C'est un spécifique pour la dysenteries, les flux de sang, et les hémorragies. Rulland.

Ramag. Cendre.

Rameau d'Or. Celui qu'Enée porta avec lui, pour avoir entrée dans le Royaume de Pluton, et dont il fallait nécessairement être muni pour aborder Proserpine, est le symbole de la ma­tière des Sages, suivant que l'explique d'Espagnet. Il est pris d'un arbre sem­blable à celui qui produisait les pom­mes des Hespérides, et à celui où était suspendue la Toison d'or. Mais la difficulté est de reconnaître cette bran­che et ce rameau; car les Philosophes, dit le même Auteur, se sont étudiés plus particulièrement à le cacher que toute autre chose. Celui-là seul peut l'arracher : qui Maternas agnoscit aves. .... Et gemims cui forte columbce, Ipsa sub ora viri cœlo vénère volantes. Voyez une explication plus étendue à la fin du sixième livre des Fables Egyptiennes et Grecques dévoilées.

Ramed. Rhubarbe.

Ramich. Noix de galle.

Ramigi, Ramigiri. Colofone.

Ranac. Sel armoniac.

Randeric. Matière de l'œuvre, ou Rebis, avant qu'elle soit parvenue à la blancheur.

Rasahetî. Es ustum, cuivre brûlé.

Rasar. Etain.

Rasas. Plomb blanc.

Raseos.
Cuivre, Vénus.
Rasoes.

Rastig. Jupiter Chymique.

Rastol. Cuivre, airain.

Rastul. Sel. Raved. Rhubarbe.

Raved-Seni. Rhubarbe d'Orient.

Raxad. Sel armoniac.

Rayb. Voyez raib.

Raymond Lulle. Philosophe Hermé­tique, l'un des plus savants, des plus subtils, et dont la lecture est des plus recommandée, comme ayant écrit le plus clairement sur les principes des choses, et comme ayant le plus pénètre dans les secrets de la Nature.
D'Espagnet loue particulièrement son Testament ancien, son Codicille, sa Théorie et sa Pratique. Zachaire y ajoute la Lettre de cet Auteur au Roi d'Angleterre Robert, et dit que sa lecture lui a fait connaître son er­reur. Raymond Lulle parle peu de l'eau tant désirée des Philosophes, mais ce qu'il en dit est très significa­tif. Quant au régime, personne n'en a écrit plus clairement que lui. Il parle sans cesse de vin blanc et de vin rouge; mais il ne faut pas l'enten­dre à la lettre. Voyez vin.

Rayons du Soleil et de la Lune.
Les Philosophes disent, d'après Her­mès, que leur eau mercurielle s'ex­trait des rayons du Soleil et de la Lune au moyen de leur aimant; quel­ques Chymistes se donnent en con­séquence la torture pour trouver un aimant ou un attrament qui puisse produire ou attirer cette matière : Borrichius les désabuse avec tous les vé­ritables Philosophes, lorsqu'ils disent que la matière de laquelle il faut extraire ce mercure se trouve sur terre, et que c'est une terre vierge :
qu'il ne faut point en conséquence chercher à la pêcher dans l'air. Ray­mond Lulle dit positivement qu'elle se tire de la terre, et Hermès dit que la terre est sa nourrice.

Réalgal ou Réalgar. Magistère au rouge.

Rebis. (Sc. Herm.) Matière des Sages dans la première opération de l'Œuvre. L'esprit minéral crud comme de l'eau, dit le bon Trévisan, se mêle avec son corps dans la première dé­coction en le dissolvant. C'est pour­quoi on l'appelle Rebis, parce qu'il est fait de deux choses, savoir du mâle et de la femelle, c'est-à-dire du dissolvant et du corps dissoluble, quoique dans le fond ce ne soit qu'une même chose et une même matière.
Les Philosophes ont aussi donné le nom de Rebis à la matière de l'œuvre parvenue au blanc, parce qu'elle est alors un mercure animé de son soufre, et que ces deux choses sorties d'une même racine ne font qu'un tout homogène. V. androgine, her­maphrodite.
rebis se prend aussi pour les excréments humains, et pour la fiente de pigeons.

Rebolea. Excréments brûlés.

Reboli. Liqueur de mumie.

Rebona. Fiente calcinée au feu.

Rebosola ou Rebisola. Spécifique tiré de l'urine, contre l'ictéricie.

Recepte. Procédé ou mémoire ins­tructif pour faire le Grand Œuvre. On les appelle ainsi, parce qu'ils com­mencent comme les ordonnances des Médecins, par le mot latin Recipe, qui veut dire prenez..
Les ignorants se laissent prendre pour dupes par des fripons qui leur présentent des receptes fausses, et leur demandent de l'or pour en faire. S'ils avaient étudié les principes de la Nature et du grand œuvre dans les ouvrages des vrais Philosophes, ils ne se laisseraient pas surprendre. Ils y verraient que la matière est une, vile, commune, et que celui qui a une quantité suffisante de cette ma­tière, a plus besoin de patience et de travail, que de dépenses à faire; que l'œuvre ne gît pas dans la multitude des choses, et qu'il ne faut qu'une nature, un vase et un fourneau. Qu'ils lisent Trévisan, Zachaire, ils seront bientôt désabusés de ces receptes trompeuses. Si les Philosophes don­nent quelquefois des receptes, ils ont soin d'avertir qu'on ne doit pas les entendre à la lettre, et que quand ils disent prenez ceci, mettez cela, ils ne prétendent pas qu'il faille ajouter ou mettre quelque chose étrangère à ce qui est déjà dans le vase; mais seu­lement qu'il faut continuer le régime pour procurer à la matière un chan­gement de couleur, et la pousser d'un état moins parfait à un plus grand degré de perfection. Il ne faut donc les entendre à la lettre quand ils di­sent prenez., que lorsqu'il faut premiè­rement mettre la matière dans le vase, pour en faire le mercure, ensuite le soufre; quand de ce soufre et du mer­cure il faut faire le Rebis pour par­venir à faire la pierre, et enfin pour de cette pierre avec le mercure en faire l'élixir. Voilà toute l'œuvre.

Recfage. Dissolution du corps par un esprit humide et igné.

Recham. Marbre.
Récipient. En termes de Chymie, est un matras ou ballon adapté au bec du chapiteau d'un alambic ou d'une cornue, pour recevoir la liqueur qui en distille. En termes de Philosophie Hermétique, le récipient est la terre qui demeure au fond du vase, et qui boit et reçoit les vapeurs qui se con­densent au haut du vase, et retom­bent en pluie. Le récipient est le corps, et les vapeurs sont l'esprit, qui se corporifie en s'unissant avec la terre qui le fixe.

Réconciliation. (Sc. Herm.) Les Philosophes hermétiques recomman­dent de réconcilier les ennemis, et de faire la paix entre eux, de manière qu'ils soient unis inséparablement; c'est-à-dire qu'il faut réunir le volatil avec le fixe, en sorte que le volatil de­vienne fixe à jamais. Lambspringius a représenté ce volatil et ce fixe sous diverses figures emblématiques d'ani­maux et d'oiseaux; Flamel, sous celle de deux dragons, l'un ailé, l'autre sans ailes. Mais qui prendra-t-on pour arbitre de leur différend ? et qui sera le médiateur de cette paix ? Il en faut deux, selon tous les Philosophes, Vulcain et Mercure; c'est pour cela qu'on représente ce dernier avec un cadu­cée, autour duquel sont entortillés deux serpents, mâle et femelle, et de propriétés opposées. Les Poètes di­sent aussi que Mercure accordait les ennemis, et rappelait les âmes dans les corps. La Fable donne un exem­ple du pouvoir qu'a Vulcain de réu­nir les choses différentes, lorsqu'elle dit que Vulcain surprit Mars et Vénus en adultère, et les lia ensemble jus­qu'à ce que Mercure vint les délier.

Réconcilier les Ennemis. (Sc. Hermét.) Expressions philosophiques, qui signifient la réunion du fixe avec le volatil, au moyen du mercure et de Vulcain. Voyez réconciliation.

Rectification. Nouvelle dépuration d'un corps ou d'un esprit chymique, par la distillation réitérée, ou par quel­que autre opération en usage pour cet effet. En termes de Chymie hermé­tique, c'est la même chose que subli­mation, ou exaltation de la matière de l'œuvre à un degré plus parfait. Voyez. sublimation.

Rectifier. Donner un plus grand de­gré de perfection. Voyez sublimer.

Reduc. Poudre métallique faite par la calcination. On la réduit en liqueur, et enfin en régule. Planiscampi.

Réduction. Rétrogradation d'une cho­se parvenue à un certain degré de perfection, à un degré qui l'est moins, comme si avec du pain on faisait du grain de froment. Ainsi la réduction des métaux en leur première matière, si recommandée par les Philosophes, est la rétrogradation des métaux Phi­losophiques, et non vulgaires, en leur propre semence, c'est-à-dire un mer­cure Hermétique. Cette réduction s'ap­pelle aussi réincrudation, et se fait par la dissolution du fixe par le volatil de sa propre nature, et duquel il a été fait.
Ainsi la réduction des métaux en leur première matière, n'est pas une opération par laquelle on les réduise dans les quatre éléments, parce qu'ils ne sont que la première matière éloignée; mais en mercure hermétique, qui est la première matière prochaine des métaux philosophiques.
réduction. Se dit aussi de la réu­nion d'une chose avec une autre. C'est ce que d'Espagnet appelle la réincération de l'âme dans la pierre, lorsqu'elle l'a perdue; ce qui se fait, dit-il, en l'allaitant et en la nourrissant d'un lait spirituel et rorifique, jusqu'à ce qu'elle ait acquis une force capable de ré­sister aux atteintes du feu. Cette réduc­tion est donc une opération par la­quelle on incère, on engraisse, on nour­rit, on engrosse, on subtilise et l'on réunit les éléments ou principes, en sorte que le feu agisse sur l'air, l'air sur l'eau, l'eau sur la terre, etc.

Réduire. S'entend aussi dans deux sens différons, comme le terme Réduc­tion, dont voyez l'article.

Réezon. Soufre des Philosophes par­fait au rouge.

Refeetivum. Médicament qui rétablit les forces perdues.

Réfraction. Même chose que conver­sion des éléments.

Régime. (Sc. Herm.) Les Philosophes disent que tout consiste dans le ré­gime du feu. II ne faut pas se laisser prendre au sens littéral de ces paroles. Toute la réussite de l'œuvre dépend en effet du régime du feu; mais ils entendent par ces paroles, non seule­ment la conduite du feu extérieur, excitant, et conservant la matière des impressions de l'air froid; il faut aussi les entendre du régime du feu philo­sophique, c'est-à-dire, du feu de nature, et du feu contre nature, afin que de ces deux biens combinés, naisse un troisième, que les Philosophes appellent feu innaturel. Ces trois feux, avec le feu extérieur, sont les quatre feux qu'Artéphius dit être nécessaires dans l'œuvre. Il n'en nomme cepen­dant que trois, parce qu'il ne parle que des feux Philosophiques, et ce sont ces feux qu'il faut proportionner géométriquement; c'est en cela que consiste tout le secret du régime.
On doit cependant faire attention, dit Philalèthe, que quoique l'action de notre pierre soit unique, c'est-à-dire la cuisson avec le feu naturel, l'état de cette chaleur varie de trois façons. Le feu doit être modéré jusqu'au noir et au commencement du blanc; on aug­mente alors ce feu par degrés, jusqu'à parfaite exsiccation ou incération de la pierre.
On fortifie encore ce feu jusqu'au rouge. Dastin dit : le feu sera léger dans la solution, médiocre dans la sublimation, tempéré dans la coagu­lation, continu dans la déalbation et fort dans la rubification. Le trop grand feu gâte et brûle les fleurs du magistère; un feu trop petit n'excite pas assez, et rien ne se fait. Qu'on fasse donc bien attention qu'il y a deux chaleurs dans notre œuvre, savoir, celle du soufre, et celle du feu extérieur; celui-ci ne se prend pas de la substance de la matière de l'œuvre, parce qu'il n'est pas permanent avec la quantité et le poids du mercure. Celui du soufre au contraire fait corps avec le mercure, et l'anime; il fait partie du magistère, et en est une intégrale et essentielle. C'est pourquoi Aros dit : le mercure et le feu te doivent suffire; ce qu'il faut entendre après la première conjonction. Quel­ques Philosophes donnent pour exem­ple du régime que l'on doit tenir dans les opérations de l'œuvre, le cours du Soleil dans les quatre saisons de l'année, et disent qu'il faut commencer en hiver. Mais on ne doit pas les enten­dre de l'hiver vulgaire, c'est de l'hiver philosophique, c'est-à-dire du temps où la matière se dispose à la génération par la dissolution et la putréfaction de la partie fixe par l'action du volatil et du feu interne. Cet hiver peut se trouver pendant l'été vulgaire, parce qu'on peut commencer l'œuvre en tout temps, Zachaire et Flamel le firent au printemps. Voyez tems, saisons.

Régir. Gouverner, conduire une opé­ration. Voyez, régime.

Règne. (Sc. Herm.) La Fable feint quatre règnes principaux des Dieux, que les Poètes ont aussi appelé âges. Le premier fut celui de Saturne, appelé l'âge d'or; le second, celui de Jupiter, ou l'âge d'argent; le troisième, l'âge de cuivre, ou celui de Vénus; et le quatrième enfin, l'âge de fer, ou celui de Mars. Les Mythologues ont expli­qué ces quatre règnes ou âges dans un sens moral, et les Adeptes, avec plus de raison, l'expliquent dans le sens philosophico-chymique; car ces quatre règnes ne sont en effet que les quatre couleurs principales qui sur­viennent à la matière Philosophique pendant les opérations de l'œuvre, comme on peut le voir dans tous les Livres des Adeptes, qui traitent des opérations de la pierre. La première couleur est le noir, qu'ils attribuent à Saturne; la seconde, le blanc, qu'ils donnent à Jupiter; la troisième, le citrin, qui caractérise Vénus; et la quatrième, le rouge, ou la couleur de pourpre, qui convient à Mars.
regne se dit aussi des divisions ou classes sous lesquelles on range tous les êtres sublunaires. On en compte trois, auxquelles on a donné les noms de règne minéral, règne végé­tal, et règne animal. Sous le premier on comprend les métaux, les miné­raux, les pierres précieuses et brutes, les cailloux, les terres calcaires et gypseuses, les bols, les bitumes et les sels, Le second renferme les arbres, les plantes, et tous les végétaux. Le troi­sième enfin est formé des animaux de toutes espèces, quadrupèdes, vola­tils, reptiles, poissons, et crustacées.
Les individus de chaque règne se multiplient par une semence analogue et spécifiée pour ce règne; de manière qu'un chien engendre un chien, un arbre produit un arbre, et les métaux ont une semence générale propre à tous les individus métalliques. Il ne faut pas employer la semence propre à un règne, pour produire un individu d'un autre règne. Ceux-là se trompent donc, qui croient extraire le mercure Philosophique, semence des métaux, des sels alkalis des plantes, ou des parties prises des animaux. « Sois diligent à la recherche des choses qui s'accordent avec la raison, et avec les livres des Anciens, dit Basile Valentin (Avant-propos); sache que notre pierre ne prend point naissance des choses combustibles, parce qu'elle combat contre le feu, et soutient tous ses efforts, sans en être aucunement altérée. Ne la tire donc point de ces matières, dans lesquelles la nature, toute puissante qu'elle est, ne peut la mettre. Par exemple, si quelqu'un disait que notre pierre est de nature végétale, ce qui néanmoins n'est pas possible, quoiqu'il paraisse en elle je ne sais quoi de végétal, il faut que tu saches que si notre lunaire était de même nature que les autres plantes, elle servirait comme elle de matière propre au feu pour brûler, et ne remporterait de lui qu'un sel mort, ou, comme l'on dit, la tête morte. Quoique nos prédécesseurs aient écrit amplement de la pierre végétale, si tu n'es aussi clairvoyant que Lyncée, leurs écrits surpasseront ta portée; car ils l'ont seulement appelée végétale, à cause qu'elle croît et se multiplie comme une chose végétale.
Bref, sache qu'aucun animal ne peut étendre son espèce, s'il ne le fait par le moyen de choses semblables et d'une même nature. Voilà pourquoi je ne veux point que tu cherches notre pierre autre part ni d'autre côté que dans la semence de sa propre nature, de laquelle Nature l'a produite. Tire de-là aussi une conséquence certaine, qu'il ne te faut aucunement choisir à cet effet une nature animale.
Or, mon ami, afin que je t'enseigne d'où cette semence et cette matière est puisée, songe en toi-même à quelle fin et à quel usage tu veux faire la pierre; alors tu sauras qu'elle ne s'extrait que de racine métallique, ordonnée par le Créateur à la génération seulement des métaux. Remarque premièrement, dit le même Auteur (Lumière des Sages) que nul argent-vif commun ne sert à notre œuvre; car notre argent-vif se tire du meilleur métal, par art Spagyrique, et qu'il est pur, subtil, reluisant, clair comme eau de roche, diaphane comme cristal, et sans ordures. »
Dans le règne minéral, l'or est le plus excellent avec le diamant; dans le végétal, c'est le vin; et dans l'ani­mal, l'homme.

Régule. Est un terme générique, très en usage parmi les Chymistes, pour exprimer la masse qui reste au fond du creuset, quand on y a fondu quelque morceau de mine minérale ou métal­lique. On donne plus ordinairement le nom de régule au culot d'antimoine; et quand il est mêlé avec d'autres métaux, on y ajoute le nom du métal. Ainsi on appelle régule martial, celui où il entre du fer, ou Mars, etc. Nom­bre de Chymistes ont regardé ce der­nier régule comme étant la matière du grand œuvre, et l'ont nommé le Loup. Philalèthe n'a pas peu contri­bué à les induire en erreur, par ce qu'il dit dans son Introitus apertus, dans lequel il paraît le désigner assez clairement. Mais Artéphius qui parle de l'antimoine, et le nomme même par son propre nom, dit aussi que cet antimoine est l'antimoine des par­ties de Saturne, et l'appelle antimoine Saturnial, et dit, notre vinaigre antimonial saturnien. Il s'explique ensuite, en disant qu'il appelle leur matière antimoine, non pas parce qu'elle l'est en effet, mais parce qu'elle en a les propriétés; ce qui suffit pour jeter un jour sur l'endroit de Philalèthe, et empêcher les ignorants de dépenser leur argent à travailler sur l'antimoine vulgaire, ni sur son régule.

Régulifier. Réduire un métal en régule.

Reilli. Sel acide, ou de vinaigre. Réincrudation. Rétrogradation. V.
RÉDUCTION.

Réincruder. Réduire un corps à ses premiers principes. Artéphius dit que réincruder signifie décuire, ramollir les corps jusqu'à ce qu'ils soient dé­pouillés de leur consistance dure et sèche. On ne peut réussir dans l'Œuvre, si on ne réincrude le corps parfait, si on ne le réduit à sa première matière. Voyez, réduire.

Reine. Eau mercurielle des Philoso­phes, qu'ils ont ainsi nommée, parce qu'ils ont appelé Roi leur soufre, qui doit être marié avec cette eau, son épouse naturelle, et sa mère. Basile Valentin et Trévisan sont les deux qui ont employé plus particulièrement ce terme de Reine.

Réitération de destruction. C'est lorsqu'on fait la seconde disposition, pour parvenir à la pierre après avoir fait le soufre. Morien dit que cette disposition ou seconde opération, est une répétition ou réitération de la première.

Rémora Aratri. Plante connue sous le nom d'Arête-bœuf.

Remore. Nom d'un petit poisson que les Anciens disaient avoir la propriété d'arrêter un vaisseau dans sa course, quoique voguant à pleines voiles. Les Philosophes Hermétiques ont donné le nom de Remore et d'Echénéis à la partie fixe de la matière de l'Œuvre, par allusion à la propriété prétendue de ce poisson, parce que cette partie fixe arrête la partie volatile en la fixant.

Rendre l'âme à la pierre après la lui avoir enlevée. Expressions qui signifient les imbibitions de la matière volatile sur la fixe.

Repas délicieux des Philosophes. C'est lorsque leur science leur fait découvrir quelque secret de la nature qu'ils ignoraient.

Réservoir des eaux supérieures et inférieures. Mercure des Sages. Ils l'ont ainsi appelé de ce qu'il est l'abrégé du petit monde, et qu'il est comme la quintessence des éléments.

Résidence. Magistère au rouge, nommé résidence, parce qu'en lui réside tout ce qu'il faut pour animer le mercure, dont il est lui-même comme le résidu et le résultat, et que quand ils ont été réunis et travaillés, ils composent un tout capable de demeurer éternellement dans le feu, et de résister à ses plus fortes attein­tes.

Résine cardiaque. Gomme, ou ex­trait de la racine d'angélique.
RÉSINE DE LA TERRE. C'est le soufre.
RÉSINE POTABLE DE LA TERRE. Soufre sublimé réduit en liqueur appe­lée huile ou baume de soufre.
RÉSINE MINÉRALE. Soufre.
résine d'or. Teinture extraite de ce métal.

Résolution. En termes de Physique et de Chymie, signifie désunion des parties d'un corps mixte. On trouve, par la résolution, cinq choses dans tous les corps, mais quelques-unes plus abondantes dans les uns que dans les autres. 1°. Un corps étheré, ou substance spiritueuse, appelée esprit ou mercure. 2°. Une substance sul­fureuse et volatile. Ces deux le sont tellement, qu'elles s'évaporent fort aisément dans l'air, si l'on n'apporte bien des précautions pour les con­server; elles participent beaucoup du Gaz de Van-Helmont. 3°. Un sel. 4°. Du phlegme, ou partie aqueuse. Enfin une terre, appelée Tête morte. Ces deux dernières substances sont comme le réceptacle des trois autres.
résolution. Signifie aussi Dissolu­tion, Réduction, dont voyez les arti­cles.

Résoudre. C'est désunir les parties d'un corps solide. En termes de Chy­mie Hermétique, c'est réduire le corps dissoluble en eau, par le moyen du mercure; c'est le réincruder, pour le faire tomber en putréfaction, et le dis­poser à la génération du fils du so­leil. Quand on emploie ce terme pour l'opération de la Médecine du troi­sième ordre, il signifie non seulement réduire la matière au blanc ou au rouge, et l'élixir en mercure philoso­phique, mais le préparer, le sublimer, le calciner, le purifier, le conjoindre, le séparer, le laver, le distiller, le fon­dre, l'endurcir, le triturer, l'incérer, etc., parque qu'une même opération fait tout cela dans un même vase, avec trois matières de même nature.

Ressusciter. Voyez résurrection.

Résurrection. Les Philosophes Her­métiques appellent ainsi le passage du noir au blanc dans l'opération du Grand Œuvre; parce que le noir mar­que la putréfaction, qui est un signe de mort. Ils donnent aussi ce nom à la transmutation des métaux imparfaits en or; car, selon eux, le plomb, le fer, etc., sont des métaux morts, qui ne peuvent être ressuscites et glorifiés qu'en devenant or, comme le plus haut degré de leur perfection.

Rets. Filet à pêcher. Les Chymistes Hermétiques ont donné ce nom à leur aimant, parce qu'il attire et prend leur acier, comme un filet prend le pois­son. Voyez aimant. Ce rets doit s'en­tendre de la fixation, qui arrête et fixe les parties nageantes et voltigeantes dans l'eau mercurielle, que les Philo­sophes appellent leur mer. Cette mer nourrit le poisson Remore ou Eché-néis, dont parlent le Cosmopolite et d'Espagnet, c'est-à-dire le grain fixe de l'or des Sages.

Retorte. Vase de verre, de pierre, de terre, ou de fer, en forme de bou­teille, dont le col est courbé sur le côté. Il sert à distiller sans chapiteau. On l'appelle aussi Cornue.

Réverbère ou feu DE réverbère. C'est un feu de flamme qui circule et revient sur la matière qui la produit, comme fait la flamme dans un four à cuire le pain. Le feu de réverbère des Philosophes est le feu intérieur de la matière qui circule dans le vase fermé, et scellé hermétiquement.

Réverbérer. C'est cuire ou faire cir­culer la matière dans le vase Philoso­phique.

Revivification. Action par laquelle on remet un mixte dans le premier état qu'il avait avant d'être corrom­pu par des mélanges.

Revivifier. Rendre à un mixte dé­guisé son premier état qu'il avait reçu de la nature. On revivifie le mercure du cinabre et des autres préparations qu'on lui donne, en le faisant redeve­nir un mercure coulant. On revivifie les métaux, après les avoir réduits en chaux par la calcination, ou par les eaux fortes. En termes de Science Hermétique, revivifier c'est redonner la vie, c'est-à-dire rendre l'âme à son corps. Voyez. rendre.

Rha. Rhapontic.

Rhadamanthe. Fils de Jupiter et d'Europe, fut choisi, avec Eaque et Minos, pour être Juge de l'Empire ténébreux de Pluton. Voyez les Fables Egyptiennes et Grecques dévoilées, liv. 3, ch. 14, § 5.

Rhamnusie. Surnom de la Déesse Némésis.

Rhéa ou Rhée. Une des grandes Di­vinités des Egyptiens, fille du Ciel et de la Terre; eut aussi les noms d'Ops, Cybele et Vesta. Elle épousa son frère Saturne, et en eut Jupiter, Nep­tune et Pluton, Junon, Cérès et Vesta. Mais Saturne ayant appris qu'un de ses enfants le détrônerait, et ayant usurpé l'Empire sur Titan son frère, ils firent un traité, par lequel Saturne s'obligeait à faire périr tous les enfants mâles qui naîtraient de lui. Saturne, pour tenir sa parole, les dévorait à mesure que Rhéa les mettait au monde; ce qui la jetait dans une extrême affliction. Lorsqu'elle fut prête d'accoucher de Jupiter, elle con­certa les moyens de la dérober à la cruauté de son père; en conséquence, après être accouchée, elle donna le petit Jupiter aux Corybantes pour Relever, et présenta un caillou enve­loppé de langes à Saturne, qui le dévora. Voy. les Fables Egyptiennes et Grecques dévoilées, liv. 3, ch. 3 et 4.

Rhésus. Roi de Thrace, vint au se­cours des Troyens avec une puissante cavalerie. Dolon le trahit auprès d'Ulysse et de Diomede, qui pénétrè­rent la nuit dans le camp où était Rhésus, le tuèrent, et enlevèrent ses chevaux avant qu'ils eussent pu boire dans le fleuve Xanthe, condition abso­lument requise pour prendre la ville de Troye. Voyez les Fables Egyptiennes et Grecques dévoilées. Livre 6, Fa­talité 6.

Rhizotomum. Médicament spécifi­que pour guérir radicalement une maladie.

Rhodelaeum. Huile rosat.

Rhodes. Ile de la Mer Méditerra­née, dans laquelle la Fable dit que Cadmus aborda de l'Egypte, qu'il y édifia un temple à Neptune, dont il donna la garde à quelques Phéniciens, et fit des présents à Minerve, entre lesquels se trouvait un vase de cuivre très-beau, très remarquable, et fait à l'antique; que ce Pays était ravagé par des serpents. Cette Fable, selon l'explication des vrais Chymistes, ren­ferme en abrégé tout le Grand Œuvre; car, dit Michel Majer, pourquoi ce présent d'un vase de cuivre fait à l'antique, si ce n'est pour nous donner à entendre qu'il faut faire plus d'at­tention à la matière qu'à la forme ? Et quant à la terre de Rhodes, c'est la vraie terre philosophique, et non aucune autre, qui toutes seraient inu­tiles à cet œuvre. Les serpents dont il est parlé, ne sont ce pas ceux dont presque tous les livres des Chymistes parlent ? Toute l'histoire de Cadmus, qu'on peut voir dans son article, éclaircira encore mieux cette explica­tion.
Il tomba une pluie d'or dans l'île de Rhodes au moment de la naissance de Minerve. Voyez minerve, pluie D'OR.

Rhododapné ou Rhoclodendruin. Laurier-rose.

Rhodomel. Miel rosat.

Rhodostagma. Eau rosé.

Rhoe. Sumach.

Rhoeas. Coquelicot, pavot rouge sau­vage.

Rhua. Voyez rhoe.

Rhypticum. Médicament détersif.

Riastel. Sel.

Riche. Autant en ont les pauvres comme les riches, disent les Philoso­phes. Ce qui ne doit pas s'entendre des hommes, mais des métaux; c'est-à-dire, que les bas métaux ou les mé­taux imparfaits ont également, comme l'or et l'argent, ce grain fixe et ce mer­cure que les Philosophes cherchent. Ils sont plus près dans l'or, l'argent et le mercure, parce que l'or et l'argent sont en effet plus fixes, et que le mer­cure est lui-même un mercure, ayant aussi ce grain fixe, ou bien ce feu qui fait la vie des métaux.
On conclurait donc mal à propos des expressions ci-dessus que les hommes pauvres possèdent la matière de l'œuvre également comme les ri­ches, et qu'ils sont en état d'en faire les frais et les opérations. Il faut une grande connaissance de la nature, ce qu'on ne peut acquérir sans étude. Il faut se fournir la matière et les vases, et n'avoir pas l'esprit occupé à se pro­curer les moyens de subsistance jour­nalière, ce qui ne convient aucune­ment aux gens pauvres. Lorsque les Philosophes disent que la matière est vile, ils la considèrent dans son état de putréfaction et de dissolution en eau, qui est commune à tout le monde. C'est aussi dans ce sens-là qu'ils disent qu'elle ne coûte rien, ou très peu de chose, de même que leur feu, qui est commun, c'est-à-dire, commun à tous les êtres physiques, puisqu'il leur donne la manière d'être, et les y con­serve.

Rien. Les Philosophes ont disputé longtemps, et disputeront encore pour déterminer ce que l'on doit entendre par Rien. Dieu a tout créé de rien;
c'est le texte sacré qui nous le dit. Le sentiment le plus probable et le plus commun, est tiré de l'étymologie même du terme; rien est ce qui n'a point d'existence. Quelques-uns ont prétendu que ce rien ou non-être est quelque chose relativement à lui-mê­me, et n'est rien quant aux choses créées; à peu près comme le commun du peuple appelle vide tout ce qui n'est pas occupé par un corps palpa­ble et sensible. D'autres disent que ce rien doit s'entendre de la première matière de toutes choses, informe et comme dans le chaos, avant la déter­mination que Dieu lui a donnée pour devenir telle ou telle chose existante comme elle est, et que c'est dans cette même matière que tous les corps peu­vent être réduits.
La plupart des Naturalistes sem­blent le penser, Paracelse entre autres :
mais il ne faut pas l'entendre à la lettre; car il ne s'exprime guere ainsi que quand il parle de la solution des corps et de leur putréfaction; et com­me les Philosophes Hermétiques don­nent le nom de chaos à la matière du grand œuvre, et qu'ils disent que cette matière est celle dont tout est com­posé; il n'est pas surprenant que ceux qui ne les entendent pas, aient cru que ces Philosophes confondaient leur chaos avec le rien, ou la chose dont Dieu a tout créé.
Un grand nombre pensent qu'avant la création, Dieu seul avait existence;
qu'il n'y avait ni lieu, ni vide, et que Dieu remplissait tout par son immensité. C'est la façon de penser des gens sensés; car, ou il ne faut point admettre de Dieu, ce qui répu­gne au sens commun, ou il ne faut rien supposer qui ait existé éternelle­ment avec Dieu; pas même le vide, puisque ce serait un lieu, quoique improprement dit, supposé hors de l'immensité de Dieu; ce qui ne peut exister avec l'idée que nous avons de ses perfections infinies. Ce n'est pas en conséquence de cela que quelques Physiciens modernes admettent le vide dans la nature.
Lorsque les Chymistes disent rédui­re les corps à rien, on doit l'entendre de l'altération et du changement qu'ils font dans la configuration actuelle des corps soit par la solution ou la calcination.
Il ne faut pas se laisser induire en erreur par la manière de s'exprimer des Philosophes Hermétiques, lors­qu'ils disent que leur matière ne coûte rien; ils font alors allusion à l'état de cette matière réduite en eau par la dissolution. On sait que l'eau ne coûte rien. Ils en disent autant du feu, parce qu'ils entendent alors parler du feu de la matière, le même qui est com­mun à tous les individus de la nature.

Rillus. Lingotiere.

Risigallum ou Rosagallum. Espèce d'orpiment d'une couleur rouge bla­farde.

Rivière. Les Philosophes ont souvent personnifié des rivières, pour en for­mer les symboles de l'eau mercurielle des Sages, et ont dit, comme les Poè­tes, qu'elles étaient filles de l'Océan. Voyez achelous, persée.
riviere alkalisée. Les Chymistes ont donné ce nom aux fontaines dont l'eau est chargée d'un sel alkali, et di­sent que cette eau s'imprègne de ces sels en passant par des pierres cal­cinées naturellement dans la terre. Le système de Bêcher sur l'origine des fontaines minérales, paraît plus vrai­semblable; on peut le voir dans sa Physica subterranea.

Robe. Est un des noms que les Philo­sophes ont donné aux couleurs qui surviennent à la matière pendant les opérations. Ils ont dit en conséquence que leur Roi, leur Reine changent de robes suivant les saisons. Ainsi
robe blanche est la couleur blan­che, qui succède à la noire, appelée
robe ténébreuse celle qui pa­raît, ou du moins doit paraître dans le cours des opérations philosophiques;
car dans la première préparation de la matière crue, on ne doit pas chercher ces couleurs.
robe de pourpre est la couleur rouge du soufre parfaitement fixé. C'est pourquoi la Fable dit qu'Apollon vêtit une robe de couleur de pour­pre, pour chanter sur la lyre la vic­toire que Jupiter avait remportée sur les Géants.
Les Philosophes appellent aussi du nom de Robe les parties terrestres et grossières dans lesquelles sont renfer­més l'or vif des Sages et leur mercure;
ils disent en conséquence qu'il faut dépouiller les vêtements et les robes de leur Roi et de leur Reine, et les bien purifier avant de les mettre dans le lit nuptial, parce qu'ils doivent y en­trer purs, nus, et tels qu'ils sont venus au monde. Basile Valentin.

Robes. Vinaigre.

Robub. Conserve de fleurs ou de fruits.

Rocher. Les Philosophes ont souvent fait allusion à la dureté des rochers pour signifier la fixité de leur matière, et les anciens Sages en ont formé leurs fables, et leurs métamorphoses de plusieurs personnes en rochers :
tels qu'Atlas, Polydecte, Seryphe et divers autres, par l'aspect de la tête de Méduse; c'est-à-dire, par la propriété fixative du grain fixe ou soufre des Sages.
Ils ont aussi donné le nom de Ro­cher à leur vase, par similitude; parce que leurs métaux s'y forment, comme les métaux vulgaires, et l'or particu­lièrement, dans le roc.

Rohel. Sang de dragon.

Roi. Ce nom a deux sens différons chez les Philosophes. Il s'entend plus ordinairement du soufre des Sages, ou l'or philosophique, par allusion à l'or vulgaire, appelé Roi des métaux. Mais quelquefois ils entendent par le nom de Roi la matière qui doit entrer d'abord dans la confection du mer­cure, et qui est son premier feu, ce grain fixe qui doit surmonter la froi­deur et la volatilité de ce mercure. Basile Valentin semble l'entendre dans ces deux sens au commencement de ses douze Clefs. Dans la suite il donne le nom de Roi au soufre par­fait, et même à la poudre de projec­tion. On ne saurait, dit-il, remporter la victoire, si le Roi n'a empreint sa force et sa vertu à son eau, et s'il ne lui a donné une clef de sa livrée ou couleur royale, pour être dissous par elle, et rendu invisible. Leur Roi est aussi le même que leur Lion. Quand ils en parlent comme poudre de projection, ils disent que c'est un Roi qui aime tellement ses frères, qu'il leur donne sa propre chair à manger, et les rend ainsi tous Rois comme lui, c'est-à-dire Or.

Rompre. Dissoudre, réduire en pou­dre ou en eau.

Rorella. Plante connue sous le nom de Ros solis.

Rosagallum. Voyez risigallum.

Roacod. Vinaigre.

Rose. Les Fables disent que la fleur appelée rosé fut consacrée à Vénus, parce qu'une épine de rosier blessa cette Déesse dans le temps qu'elle accourait au secours d'Adonis qui se mourait, et que son sang teignit en rouge cette fleur qui jusque-là avait été blanche. Cette fable se trouve expliquée dans le liv. 3, ch. 8 et le liv. 4, ch. 4 des Fables dévoilées. Elle ne signifie autre chose que le changement de la couleur blanche de la matière philosophique en couleur rouge, par la jaune intermédiaire appe­lée Vénus. On trouve même souvent dans les livres des Philosophes, la rosé comme symbole des couleurs rouge et blanche.
Abraham Juif, dans Flamel, feint un rosier garni de rosés blanches et rouges, planté sur le sommet d'une montagne, où les vents soufflent avec violence. Ainsi leur rosé blanche est leur matière parvenue à la couleur blanche, et leur rosé rouge est leur soufre aurifique.
rose minérale est l'or philoso­phique.
rose se prend quelquefois pour le tartre, selon Rulland.
rose de vie. C'est, suivant Manget, une liqueur faite avec l'eau-de-vie et la teinture de l'or très-pur, extraite par l'esprit de sel, le tout mêlé ensuite avec le sel de perles.

Rosée. Plusieurs Chymistes ont regar­dé la rosée des mois de mai et de septembre comme la matière de l'Œuvre Hermétique, fondés sans doute sur ce que plusieurs Auteurs ont avancé que la rosée était le réservoir de l'esprit universel de la Nature. François du Soucy, Sieur de Gerzan, en fait un si grand éloge dans son Traité qui a pour titre : le Projet de la Création du Monde, qu'il semble vou­loir insinuer qu'en vain voudrait-on prendre une autre matière pour faire l'œuvre Hermétique. Beaucoup d'au­tres paraissent dans le même senti­ment; mais quand on médite sérieu­sement sur les textes des vrais Philo­sophes, dans lesquels ils parlent de rosée, on est bientôt convaincu qu'ils n'en parient que par similitude, et que la leur est une rosée proprement mé­tallique, c'est-à-dire, leur eau mercurielle sublimée en vapeurs dans le vase, et qui retombe au fond en forme de rosée ou de petite pluie. Ainsi quand ils parlent de rosée du mois de mai, c'est celle du mois de mai de leur printemps Philosophique, sur le­quel domine le signe des Gémeaux de leur Zodiaque, différent du Zodia­que comme on peut le voir dans;
l'article Zodiaque. Philalèthe a même dit positivement que leur rosée est leur eau mercurielle au sortir de la putréfaction.
rosée ou rosée céleste. Mercure des Philosophes.
rosée solaire. Voyez pluie d'or.

Rota. Colofone.

Rotation. Voyez circulation.

Rotengenius. Colofone.

Rôtir. Voyez cuire.

Roue. Suite des opérations de l'Œuvre Hermétique. Tourner la roue, c'est observer le régime du feu. Faire la circulation de la roue, c'est recom­mencer les opérations, soit pour faire la pierre, soit pour la multiplier en qualité. La roue élémentaire des Sa­ges est la conversion des éléments Philosophiques, c'est-à-dire, le change­ment de terre en eau, puis d'eau en terre; l'eau renferme l'air, et la terre contient le feu. Voyez conversion.

Rouge. Terme de l'Art Hermétique, qui signifie le soufre des Philosophes.
rouge sanguin. Magistère parvenu par la cuisson à la couleur de pour­pre.

Rougeur. Même chose que rouge.

Rougir. C'est cuire et digérer la ma­tière de l'œuvre jusqu'à ce qu'elle ait atteint la couleur de pavot des champs.

Rouille. Couleur de rouille de fer que prend la matière avant que de parvenir à la couleur pourprée. C'est pourquoi les Philosophes ont donné le nom de Mars à cette couleur, dont la durée est, selon eux, le temps du règne de ce Dieu. C'est pour cela que Basile Valentin dit que Vénus donne à Mars la couronne royale, pour que le Soleil la prenne de ses mains.

Rubella. Liqueur spiritueuse et dis­solvante, propre à tirer la teinture des corps. Telles sont l'esprit de Vénus, et l'alkaest de Paracelse et de Van-Helmont, plus particulièrement que tous les autres menstrues dissolvants.

Rubification. Continuation du régi­me Hermétique au moyen duquel on parvient à faire passer la matière de la couleur blanche à la rouge.

Rubifier. Rendre rouge. V. rubifi­cation.

Rubinus Sulphuris. Baume de sou­fre.

Rubis. Magistère au rouge parfait.
rubis précieux. Poudre de projec­tion.

Rumex. Espèce de patience dont le suc est rafraîchissant, et dont on don­ne la racine à sucer à ceux qui ont soif. Blanchard.

Ruptorium. Caustique, pierre infer­nale.


Rusangi,
Cuivre brûlé.
Rusatagi.

Ruscias. Mercure.

Ruse. Les Philosophes emploient la ruse pour cacher le secret de leur Art, et faire prendre le change aux ignorants. Ils ont affecté pour cet effet de ne s'expliquer que par des termes mé­taphoriques, par des équivoques, des énigmes, des allégories et des fables. Ils confondent dans leurs écrits le com­mencement et la fin, et communément ils parlent de la première préparation philosophique comme si c'était en effet celle par laquelle on doit d'abord commencer, quoiqu'il y ait une pré­paration manuelle de la matière crue, dont ils ne parlent point, ou n'en font mention que sous le terme de su­blimation du mercure. Elle est cepen­dant si nécessaire, que sans elle on ne peut réussir. Ils donnent cent noms différons à la même chose, et rien, dit Morien, n'a tant induit en erreur les curieux de cette Science. V. matière. Souvent ils insèrent à dessein des espèces de contradictions, qui n'en sont pas pour ceux qui sont au fait, mais qui dégoûtent beaucoup ceux qui veulent étudier leurs ouvrages. L'un dit qu'il ne faut prendre qu'une chose, l'autre dit qu'il en faut nécessairement deux, l'autre trois; et ils ont raison, quoiqu'ils paraissent contraires, parce que le premier entend cette unique chose de leur mercure; le second, de leur mercure animé ou rebis; et le troisième, de leurs trois principes ren­fermés dans ce mercure, savoir le sel, le soufre et le mercure, ou l'esprit, l'âme et le corps. Leur chose unique est le premier principe des métaux, ou leur semence; les deux choses sont, dit Trévisan, deux substances mercurielles extraites de la même racine; et les trois choses sont les deux extrêmes et le milieu qui sert à les réunir, qu'ils ont appelé médium conjungendi tincturas, poculum amoris, etc.
S.N. Signifie selon la nature.
S. Seule veut dire la moitié du poids des ingrédients, indiqué auparavant.


S


Sabena ou Sabon. Lessive de la­quelle on fait le savon.

Sable. Feu de sable. Voyez. feu.

Sabre. Feu des Philosophes.

Sactin. Vitriol.

Sacul. Succin.

Sadir. Scories des métaux.

Safran. Simplement dit, et Safran de Mars des Sages. C'est la matière de l'Art parvenue par la cuisson à la couleur safranée.

Sagani Spiritus. Ce sont les éléments.

Sagda ou Sagdo. Espèce de limon pierreux qui s'attache aux navires. Pline, Solinus et Albert le Grand di­sent qu'il a une vertu attractive pour le bois, comme celle de l'aimant pour le fer.

Sages. Voyez philosophes.

Sagith et Segith. Vitriol.

Sahab. Mercure.

Saic. Argent-vif.

Saisons. Les Philosophes ont leurs quatre saisons, comme les quatre de l'année vulgaire; mais elles sont bien différentes. Ils entendent par saisons les divers états successifs où se trouve la matière de l'Art pendant le cours des opérations, et ces saisons se renou­vellent chaque année Philosophique, c'est-à-dire chaque fois que l'on réi­tère l'opération pour parvenir à la perfection de l'œuvre. Leur hiver est le temps de la dissolution et de la pu­tréfaction : le printemps succède et dure depuis que la couleur noire com­mence à s'évanouir, jusqu'à ce que la couleur blanche soit parfaite : cette blancheur et la safranée qui suit, for­ment leur été; la couleur rouge qui vient après, est leur automne. C'est pourquoi ils disent que l'hiver est la première saison de l'année, et qu'il faut commencer l'œuvre en hiver. Ceux qui recommandent de commencer au printemps, n'ont en vue que la matière avec laquelle il faut faire l'œuvre, et non le commencement du travail de l'Artiste, puisqu'il peut le faire dans tout le cours des saisons vulgaires.

Salamarum. Argent vulgaire que quelques-uns appellent aussi Sel nitre. sal anathrum. Voyez anathron. sal cristallinus. Sel cuit d'urine d'homme.
sal enixum. Sel dissous en huile. sal fusile. Sel décrépité. Quel­ques-uns le prennent pour le sel gemme. Planiscampi.
sal gemmee. Sel gemme ou sel de terre, parce qu'il se tire des mines où il se forme naturellement dans la terre. On lui a donné le nom de sel gemme, ou de pierres précieuses, de ce qu'il est clair et transparent comme le cristal.
sal peregrinorum. Composition

de sel nitre, de sel fusible, de sel gem­me, de galanga, macis, cubebes, alkali tiré du vin, de la liqueur des bayes de genièvre. Elle fortifie l'estomac, aide à la digestion, préserve de putréfac­tion, et empêche de vomir ceux qui vont sur mer. Planiscampi.
sal philosophorum. Composition de sel d'or, d'antimoine, de vitriol, de réglisse, de germandrée, de chi­corée, de valériane, d'absinthe et de sel commun, admirable pour guérir les cancers et le noli-me-tangere. Pla­niscampi.
sal practicum. Mélange de nitre et de sel armoniac, par parties égales, mis à la cave dans une terrine neuve et sans vernis, suspendue ou élevée au-dessus de terre. Ce mélange se résout en liqueur, et s'attache en forme de sel sur la surface extérieure du vase.
sal tabari. Sel alembroth.
sal taberzet. Tartre blanc.

Salamandre. Espèce de lézard que les Anciens croyaient pouvoir vivre dans le feu, sans en être consumée. Les Philosophes Hermétiques ont pris cet animal pour symbole de leur pierre fixée au rouge, c'est pourquoi ils l'ont appelée la Salamandre qui est conçue et qui vit dans le feu. Quel­quefois ils ont donné ce nom à leur mercure; mais plus ordinairement à leur soufre incombustible. La Sala­mandre qui se nourrit du feu, et le Phénix qui renaît de ses cendres, sont les deux symboles les plus communs de ce soufre.

Salefur. Safran.

Salis Astriun. Huile de sel.

Salive de la Lune. Mercure des Phi­losophes, ou la matière de laquelle on extrait ce mercure. Les anciens Sages l'ont représenté sous la fable du Lion de Némée descendu de l'orbe de la Lune. Hercule le tua, et en por­ta la peau le reste de sa vie, pour preuve de sa victoire. Voyez. lion.
salive incombustible. Mercure des Sages.

Saliunca. Lavande, Nard celtique.

Sallena. Espèce de salpêtre. Planis­campi.

Salmacis. Nymphe qui devint éperdument amoureuse d'Hermaphrodite. Elle s'approcha de lui dans une fon­taine, qui depuis prit le nom de la Nymphe; elle le pressa, et lui fit beau­coup d'instances pour l'engager à sa­tisfaire ses désirs passionnés; ne pou­vant l'y déterminer, elle courut à lui pour l'embrasser, et pria les Dieux de lui accorder que leurs deux corps n'en fissent plus qu'un; elle fut exaucée. Hermaphrodite obtint aussi que tous ceux et celles qui se baigneraient dans cette fontaine, participeraient aux deux sexes. Voyez hermaphrodite.
Salmich. Mercure des Sages, ou la matière de laquelle on la tire.

Salmonée. Père de Tyro, laquelle eut de Neptune Nélée et Pélias. Voyez ces deux articles.

Saltabari. Sel alembroth.

Sambac. Jasmin.

Saniech. Sel de tartre.

Sandaracha Grœcorum. Arsenic brûlé, ou orpin rouge réduit en pou­dre.

Sanderich. Pierre au blanc.

Sang. (Sc. Herm.) Beaucoup de Chymistes ont travaillé sur le sang des ani­maux, le prenant pour la matière dont les Philosophes font leur magistère. Quelques-uns de ces derniers l'ont en effet nommée Sang, et Sang humain; mais Philalèthe dit qu'il faut appli­quer le sens de ces expressions à leur matière au noir. En nommant Sang leur matière, ou plutôt leur mercure, ils ont fait allusion au sang des ani­maux qui porte la nourriture dans toutes les parties du corps, et qui est le principe de leur constitution corpo­relle; il en est de même de leur mer­cure, qui est la base et le principe des métaux. Ainsi le sang des petits enfants qu'Hérode fait égorger dans les Hiéro­glyphes d'Abraham Juif, est une allé­gorie de l'humide radical des métaux extrait de la minière des Philosophes, donnée sous le symbole des enfants; parce que cette matière est encore crue, et laissée par la Nature dans la voie de la perfection. Le Soleil et la Lune viennent se baigner dans ce sang, puisqu'il est la fontaine des Phi­losophes dans laquelle se baignent leur Roi et leur Reine. Flamel qui pré­voyait bien que quelques-uns pren­draient cette allégorie à la lettre, a eu soin de prévenir le Lecteur, en disant qu'on doit bien se donner de garde de prendre le sang humain pour matière de l'œuvre, que ce serait une folie et une chose abominable.
sang de brebis. Mercure des Sa­ges.
sang de l'animal. Eau mercurielle, ainsi appelée de ce que les Phi­losophes donnent le nom de Lion à leur matière, et qu'il faut, disent-ils, tourmenter le Lion jusqu'à ce qu'il donne son sang. Bas. Valentin.
sang de latone. Eau sèche extrai­te de la terre vierge des Sages.
sang de la salamandre. Rougeur qui paraît dans le récipient lorsqu'on distille le nitre et le vitriol.
sang du dragon des Chymistes. Teinture d'antimoine.
sang de mercure. Teinture de mercure. En termes de Science Her­métique, c'est le mercure des Sages animé et digéré.
sang de l'hydre de lerne. Dissolvant des Philosophes.
sang de la terre ou aigreur minérale. C'est l'huile de vitriol.
sang spirituel. Mercure des Phi­losophes.
sang du lion vert. Mercure des Sages.

Sanglier d'Erymanthe. Mercure des Sages. Voyez eurysthée.

Sanguinalis. Plante connue sous le nom de corne-de-cerf.

Sanguinaria. Voyez sanguinalis.

Sanguis Draconis. C'est la patience rouge.

Saphir. Pierre précieuse de couleur bleue. Les Philosophes ont donné le nom de Saphir à leur eau mercurielle. Voyez-en la raison dans l'article Eau céleste.

Saphyricum-Anthos, ou Fleur de Saphir. C'est le saphir réduit en eau mercurielle, et la lune aussi réduite en mercure, mêlés ensemble; ce qui fait, dit Planiscampi, un médicament admirable contre les maladies du cer­veau.

Sapo Sapientiœ. Sel commun réduit en huile. Les Philosophes appellent leur azoth Sapo Sapientiœ, ou savon de la sagesse, parce qu'il lave, déterge et purifie le laton de toutes ses impu­retés, c'est-à-dire de la noirceur.

Sarca. Fer, Mars.

Sarcion. Pierre rousse, Manget.

Sarcoticum. Onguent propre à faire renaître les chairs.

Sas de la Nature. C'est l'air. sas hermétique. Eau mercurielle.

Salir. Eau salée des Philosophes.

Saturnales. Pendant les Saturnales chez les Romains, les Mercuriales ou Herméales chez les Grecs, les domesti­ques prenaient la place des maîtres, et ceux-ci servaient leurs domestiques. Bien des gens n'ont jamais pu trouver la raison d'un tel procédé, et il ne faut pas en être surpris. Les Mytho­logues ne sont pas communément Phi­losophes Hermétiques, et ne cherchent guère qu'à donner à la fable des inter­prétations morales, quelquefois phy­siques. Ces fêtes étaient instituées en l'honneur de Saturne, d'où les Philo­sophes extraient leur mercure, qui prend la domination sur l'or, son supé­rieur en tout, pendant le temps du règne de Saturne, c'est-à-dire pendant le temps de la couleur noire ou de la putréfaction. Alors le domestique domine sur son maître, qui reprend ensuite sa domination.

Saturne. Un des grands Dieux des Egyptiens, était fils du Ciel et de la Terre; selon quelques-uns, du Ciel et de Vesta; et suivant Platon, en son Timée, Saturne était fils de l'Océan et de Thétis. Il épousa Ops ou Rhéa sa sœur, et s'empara du Royaume de son père, après l'avoir mutilé. Titan, frère de Saturne, à qui, comme aîné, appartenait le Royaume, fit la guerre à celui-ci pour s'en emparer. Il le céda cependant à Saturne, à condition qu'il ne conserverait aucun des enfants mâles qui lui naîtraient, afin que la couronne retombât dans sa famille. Saturne consentit avec plaisir à cette condition, parce qu'il avait appris qu'un de ses fils le détrônerait. Sa­turne pour tenir sa parole, dévorait lui-même tous les enfants mâles qui lui naissaient. Ops qui en était très mortifiée, usa d'un stratagème pour les conserver. Se sentant enceinte et prête d'accoucher, elle se munit d'un caillou, et après avoir mis Jupiter au monde, elle le donna à nourrir aux Corybantes, et lui substitua son caillou, qu'elle enveloppa de langes, et le présenta à Saturne, qui le dévora, sans y faire attention. Métis fit prendre dans la suite à Saturne un breu­vage qui lui fit rendre le caillou et les enfants qu'il avait engloutis. Titan s'étant aperçu de la supercherie de Rhéa, fit la guerre à son frère, s'em­para de Saturne et de son épouse, et les mit en prison, où ils restèrent jusqu'à ce que Jupiter, devenu grand, les en délivra. Saturne craignit alors pour lui les effets de la prédiction qu'on lui avait faite, et tendit des embûches à Jupiter. Celui-ci les ayant découvertes, fit la guerre à son père, le détrôna et le mutila. Saturne se retira en Italie dans le pays Latium, où régnait Janus, qui le reçut très humainement. Ils régnèrent con­jointement, et procurèrent à leurs Sujets toutes sortes de biens. Voyez l'explication chymique de cette fable, dans le liv. 3, chap. 3 des Fables Egypt. et Grecq. dévoilées.
saturne. Chez les Chymistes vul­gaires, est le plomb. Les Philosophes Hermétiques donnent le nom de Sa­turne à plusieurs choses.
La première est la couleur noire, ou la matière parvenue à cette cou­leur par la dissolution et la putréfac­tion.
La seconde est le plomb commun, le plus imparfait des métaux, et par cette raison le plus éloigné de la ma­tière du Grand Œuvre. Gardez-vous bien, dit Riplée, de travailler sur le Saturne vulgaire, parce qu'il est dit ne mangez point du fils dont la mère est corrompue; et croyez-moi, bien des gens tombent dans l'erreur en tra­vaillant sur Saturne. Saturne sera tou­jours Saturne, dit Avicenne. Rypiée, Philorcii, cap. 1.
La troisième est l'Adrop des Sages, ou Vitriol azoquée de Raymond Lulle. La quatrième est le cuivre commun, le premier des métaux, comme l'assure Arnaud de Villeneuve dans son Miroir de l'Alchymie, disp. 8, vol. 4, du Théâtre Chymique.
Plusieurs Philosophes, dit-il, ont exercé leur science sur les planètes; et notre première planète s'appelle Vénus, la seconde Saturne, la troi­sième Mercure, la quatrième Mars, la cinquième Jupiter, la sixième la Lune, et la septième le Soleil. Basile Valentin dit que la génération du cuivre suit immédiatement ou tient le pre­mier lieu après le Mercure. Bas. de rébus Nat. et super. Nat. c. 4. Rien, dit Paracelse (Lib. 4, Philos, de Ele-mento Aquœ), n'a plus d'affinité avec les minéraux que le vitriol. Le vitriol est le dernier dans la séparation des minéraux, et la génération des métaux suit immédiatement la sienne, entre lesquels le cuivre tient la première place.
Le cinquième n'est autre que la pré­paration philosophique du cuivre phi­losophique, au moyen du menstruel végétable; ce qui lui a fait donner le nom de Plante saturnienne végétable, afin de le distinguer du cuivre avant sa préparation. Mais ce menstrue végé­table est le menstrue Philosophique.
Plusieurs ont pris l'antimoine pour le plomb des Sages, tant à cause des éloges que plusieurs Auteurs donnent à ce minéral, que parce que quelques-uns d'entre eux le nomment ou sem­blent l'indiquer pour la matière de laquelle il faut extraire le mercure des Philosophes. Artéphius appelle cette matière Antimoine des parties de Saturne, et leur mercure Vinaigre antimonial saturnien. Mais il s'expli­que ensuite en disant qu'il appelle cette matière Antimoine, parce qu'elle en a les propriétés. Le plus grand nombre la nomment Race de Saturne, et de Saturnie végétale. Mais en vain chercherait-on à substituer le mercure extrait du plomb au mercure vulgaire, il ne serait que moins pur que lui, et par-là même serait encore plus éloigné de l'œuvre. Il faut trouver une ma­tière qui ait la propriété de purifier et de fixer le mercure. Les Sages, dit Philalethe, l'ont cherchée dans la race de Saturne, et l'y ont trouvée, en y ajoutant un soufre métallique qui lui manquait.
saturne cornu. Nom que les Chy-mistes ont donné à du plomb dissous dans de l'eau-forte, et précipité avec l'esprit de sel.
saturnie VÉGÉTALE OU VÉGÉTA­BLE. Matière, et un des principaux ingrédiens du magistère des Philoso­phes. Elle est, disent les Sages, de race de Saturne. C'est pourquoi quel­ques-uns l'ont nommée Vénus, Ecume de la mer Rouge, leur Lune et leur Femelle. On la qualifie végétable, parce qu'elle végète pendant les opé­rations, et qu'elle renferme le fruit de l'or qu'elle produit dans son tem's, lorsqu'elle est semée dans une terre convenable, et qu'on y applique le régime requis du feu, qui doit être gouverné à l'imitation de celui de la Nature. Voyez saturne.

Saturnien. (Vinaigre) Mercure des Philosophes.

Satyres. La Fable dit que c'était une espèce d'hommes ayant deux petites cornes à la tête, et la forme de boucs depuis la ceinture jusqu'aux pieds;
qu'ils accompagnaient Bacchus avec les Corybantes et les Bacchantes. Les Satyres ayant appris la mort d'Osiris que Typhon avait massacré inhumai­nement firent retentir les rivages du Nil de leurs hurlements et de leurs plaintes. Aussi est-ce le Dieu Pan Egyptien qui a donné lieu aux Satyres des Grecs. Voyez ce que signifient ces Monstres dans l'article Osiris.
Saveur. Sensation que les esprits sul­fureux, salins et mercuriels font sur les organes du goût. Les sels n'ont par eux-mêmes aucun goût, et l'on ne doit attribuer leur mordacité qu'à l'ignéité que leur communique un soufre mercuriel et volatil, qui y est toujours mêlé, et qu'il est très diffi­cile d'en séparer. Les saveurs diffé­rentes, amères, douées, acides, ne viennent que de la différence du mélange du soufre avec le sel; et plus ses saveurs sont pénétrantes, plus il y a de soufre mercuriel.

Savon des Sages. Azoth des Philo­sophes, avec lequel ils purifient, la­vent et blanchissent leur laton. Voyez azoth et mercure.

Saure. Cresson de fontaine.

Saxifrage. Crystal pâle-dtrin. Planis-campi.
saxifrage est aussi le nom que l'on donne en général à tout médica­ment propre à dissoudre la pierre et la gravelle dans les reins et dans la vessie.

Sayrsa. Mars ou fer.

Sbesten. Chaux vive. Rullandus.

Scamandre. Fleuve de Phrygie qui prend sa source au mont Ida. Homère dit que les Dieux l'appellent Xanthe, et les hommes Scamandre. La ville de Troye n'aurait jamais été prise, si les Grecs n'avaient empêché les che­vaux de Rhésus de boire dans ce fleuve. Voyez, rhésus.
Scaopteze. C'est-à-dire Flamme. Dict. Herm.

Scarellum. Alun de plume.

Scartea. Orvale, Toutebonne.

Sceau ou Séel. Matière des Philo­sophes au noir. Il faut entendre la même chose par Sceau Hermétique. Et non la manière de sceller les vases avec la matière même dont ils sont composés.
Le Sceau Hermétique vulgaire est de trois sortes, et se fait en fondant à la flamme de la lampe le cou du vase philosophique ou autre, et en en rapprochant les bords de manière qu'ils se soudent ensemble, et empê­chent l'air d'y entrer ou d'en sortir. La seconde manière consiste à bou­cher le vase avec un bouchon de verre, qui prenne bien juste dans toute sa circonférence; on le lute ensuite avec un bon mastic. La troisième façon est d'adapter au col du vase un autre vase semblable, mais plus petit, et renversé. On les lute aussi avec du mastic.
sceau des sceaux. Le même que Sceau Hermétique.
Les Sept Sceaux d'Hermès sont les opérations secrètes de l'œuvre philo­sophique.

Sceb ou Seb. Alun.

Scedenigi. Pierre Hématite.

Sceller. Voyez séeller.

Schonam. Sel des Philosophes.

Sciden. Céruse.

Science Hermétique. Les Adeptes ou Philosophes disent que cette science est la clef de toutes les autres, parce qu'elle donne la connaissance de toute la Nature. Elle consiste à apprendre la manière de faire un remède propre à guérir tous les maux qui affligent l'humanité, à conserver les hommes en vigueur et dans une santé parfaite aussi longtemps que la constitution du corps humain peut le permettre; à faire une poudre appelée Poudre de projection, qui jetée en quantité pro­portionnée sur les métaux en fusion, les transmue en or ou argent, sui­vant le degré de perfection qu'on lui a donné. Voyez panacée, pierre
philosophale, poudre DE projec­tion et alchymie.

Sciron. Fameux brigand qui attaquait les passants, et leur faisait souffrir tous les maux imaginables. Thésée le fit périr et jeta son corps dans la mer, où ses os se changèrent en rocher. Cette fable ne signifie que la dissolution et la putréfaction désignées par les bri­gandages, et la mort de Sciron est la fixation en pierre de la matière des Philosophes, dont la métamorphose des os de Sciron est le symbole'. Voyez l'histoire de Thésée.

Scirona. Rosée d'automne, suivant Rullandus.

Scirpus. Jonc commun.

Scolymus. Artichaut.

Scorax. Gomme d'olivier. Rullandus.

Scories. Impuretés qui se séparent des minéraux et des métaux pendant la fusion.

Scorith. Soufre.

Scorodon. Ail.

Scorodo Prasum. Ail, poireau, rocambole.

Scorpion. Quelques Chymistes ont donné ce nom au soufre des Philoso­phes. Manget.

Scriptulus. Scrupule, poids usité en Médecine. C'est la troisième partie d'une dragme.

Scrupule. Le tiers pesant d'un gros.

Scylla et Charibde. Monstres fabu­leux, ou rochers de la mer Méditer­ranée, contre lesquels les vaisseaux se brisent souvent. Les Argonautes ne les évitèrent qu'en envoyant une colombe, qui leur servit de guide. Voyez argo­nautes, et les Fables Egypt. et Grecq. dévoilées, liv. 2, chap. 1.

Scytica Radix. Réglisse.

Seb. Signifie ordinairement de l'alun, mais quelquefois l'or. Rulland. En ter­mes de Chymie Hermétique, c'est la matière parvenue à la couleur blanche, appelée Alun et Or blanc.

Sebleinde. Matière de l'œuvre.

Secacul. Plante appelée Sceau de Salomon.

Secret des Secrets. Art de faire la pierre des Sages, ainsi nommé tant à cause du secret que les Philosophes gardent à cet égard, à l'imitation des Prêtres d'Egypte, qu'à cause de son excellence. Une des raisons qu'appor­tent les Philosophes pour s'excuser de ce qu'ils ne divulguent pas un secret si utile à ceux qui le savent, c'est que tout le monde voudrait y travailler, et abandonnerait les autres arts et métiers si nécessaires à la vie. Toute la société en serait troublée et bouleversée.
secret de l'école. C'est particu­lièrement la connaissance de la vérita­ble et prochaine matière de l'œuvre, et de sa première préparation.

Seden. Vase Philosophique.

Seden et Sedina. Sang de dragon.

Séeller. Fermer le vase, le clore hermétiquement. Voyez sceau.
séeller la Mère dans ou sur le ventre de son Enfant. C'est fixer le mercure au moyen du soufre philoso­phique, qui en a été formé. Cette opération doit s'entendre de l'œuvre de la pierre, et de celui de l'élixir. Le sceau qui sert à cela est un petit cer­cle blanc qui se manifeste sur les bords de la matière quand elle com­mence à quitter la noirceur et à se fixer.

Segax. Sang de dragon.

Segîth. Vitriol philosophique.

Seigneur de la Terre. Plomb, selon Manget.
seigneur des métaux. Saturne;
mais le Roi des métaux est l'or.
seigneur des pierres. Sel alkali.
seigneur des maisons célestes.
C'est le signe qui y domine. Voyez zodiaque.

Sel. Substance composée de peu de terre sulfureuse et de beaucoup d'eau mercurielle. Les Chymistes entendent par sel la matière substancielle de corps; dont le soufre est la forme.
On compte en général trois sortes de sels principaux, le nitreux, le ma­rin et le vitriolique; quelques-uns y ajoutent le tartareux. Le marin passe pour être le principe des autres. De ce sel volatilisé se forme le nitre, du nitre le tartre, et du tartre cuit et digéré le vitriol. Ils partagent encore les sels en trois classes, qu'ils appel­lent sel volatil, sel moyen et sel fixe. Le premier ou le volatil mêlé avec la soufre volatil, est proprement le mer­cure, ou le principe des odeurs, des couleurs et des saveurs : le sel moyen qui en est la base, avec le sel fixe, qu'ils appellent proprement corps : de manière que le soufre et le sel fixe sont comme dans un tableau, la toile toute imprimée, et prête à re­cevoir l'ébauche; le sel et le soufre moyen sont l'ébauche même; et le sel avec le soufre mercuriels ou volatils, sont les couleurs fines ménagées, et le vrai coloris, ou la dernière main d'un tableau.
sel. Terre feuillée des Sages, ou pierre au blanc, qui est en effet un sel, mais le premier être de tous les sels, sans être tiré d'aucun sel parti­culier, comme nitre, alun, vitriol, etc.
sel alkali. Le magistère des Sages est un Sel alkali, parce qu'il es* la base de tous les corps; mais en vain pour le faire se servirait-on du sel de soude, ou de quelque autre sel alkali de quelque plante; car, comme dit Basile Valentin, le sel des plantes est un sel mort, qui n'entre point dans le magistère.
sel elebrot. C'est la même chose que sel alkali, ou le magistère au blanc.
sel fusible. Matière des Sages cuite et parfaite au blanc; elle est appelée Sel fusible, parce qu'elle est en effet un sel, et que ce sel fond comme la cire, quand on le met sur une la­mine de métal rougie au feu.
sel des métaux. Plusieurs Chy­mistes prenant ces termes à la lettre, se sont imaginés que la matière des Phi­losophes était les métaux réduits en sel ou vitriol, parce que les Sages don­nent le nom de Sel des métaux à cette matière; mais il faut expliquer ces ter­mes de leur magistère au blanc, parce que de même que le sel est le principe des métaux vulgaires, le sel des Sages est la racine et la première matière des métaux philosophiques. sel des indes. Sel gemme. sel rouge. Soufre rouge des Philo­sophes.
sel anderon. C'est le nitre.
sel allocaph. Sel armoniac.
sel de hongrie. Sel gemme.
sel amer. Alkali.
sel de grece. Alun.
sel indien. Mercure des Sages.
sel de nom. Sel gemme.
sel de pain. Sel marin ou com­mun.
sel fou. Salpêtre.
sel alocoph. Sel armoniac.
sel rouge des indes. Anathron.
sel des sages. Sel armoniac natu­rel. Mais le sel des Sages ou Philoso­phes Hermétiques, est leur matière parvenue à la blancheur.
sel infernal. Nitre.
sel taberzet,
sel cristallin
SEL DE CAPPADOCE, Sel gemme.
sel lucide,
sel adram,
sel solaire. Sel armoniac des Phi­losophes.
sel honoré. Matière de laquelle se fait le mercure hermétique.
sel fleuri. C'est le mercure même, ou eau sèche des Sages. C'est pourquoi Marie (dans son Epître à Aros) dit, prenez les fleurs qui croissent sur les petites montagnes.
sel brûlé. Matière de l'œuvre au noir.
sel spiritualisé, ou Esprit de sel des Philosophes. C'est leur mercure préparé par la sublimation Herméti­que.
selpêtre des sages. Nitre Philoso­phique.
sel DE TERRE,
SEL DE VERRE, Mercure des Sages
sel DE LA MER.
sel armoniac des philosophes.
Matière de l'œuvre pendant sa subli­mation, et dans le temps qu'elle vola­tilise le fixe ou le soufre, ou l'or des Sages.
sel armoniac. Matière parvenue à la couleur blanche; ainsi appelée de ce que l'harmonie commence à s'éta­blir entre les principes de l'œuvre, qui pendant la putréfaction était un chaos plein de confusion.
sel acide. Mercure Philosophique.
sel fixe. Soufre des Sages.
sel volatil. Mercure Hermétique.
sel végétal. Sel de tartre.
sel de saturne. Plomb réduit en sel.
sel universel. Mercure des Sages.

Sémélé. Fille de Cadmus, devint mère de Bacchus, pour avoir accordé ses faveurs à Jupiter. Junon déguisée en vieille, et sous la figure de sa nourrice, lui conseilla de demander en grâce à Jupiter qu'il vînt la voir avec toute sa majesté, et de la même manière qu'il se présentait à Junon, son épouse, Ju­piter y ayant consenti, vint lui rendre visite avec ses foudres et ses tonnerres. Le palais de Sémélé, et Sémélé elle-même en furent réduits en cendres. Jupiter ordonna ensuite à Mercure de tirer l'enfant de ses cendres. Voyez bacchus.

Semence. Dit simplement, signifie, en termes d'Alchymie, le soufre des Philosophes. Mais lorsqu'ils disent Semence des métaux, ils entendent leur mercure, et quelquefois leur magistère parvenu à la couleur blanche.
Quand les Adeptes parlent en géné­ral de la semence des métaux vulgaires, et qu'ils instruisent de la manière dont ils se forment dans les entrailles de la terre, la semence de laquelle ils par­lent, est une vapeur formée par l'union des éléments, portée dans la terre avec l'air et l'eau, sublimée ensuite par le feu central jusqu'à la superficie. Cette vapeur se corporifie et devient onc­tueuse ou visqueuse, s'accroche, en se sublimant, au soufre qu'elle entraîne avec elle, et forme les métaux plus ou moins parfaits, suivant le plus ou moins de pureté du soufre et de la matrice. Voyez les douze Traités du Cosmopolite, et la Physique générale qui est au commencement du Traité des Fables Egyptiennes et Grecques dévoilées.

Semer. C'est cuire, continuer le ré­gime du feu. Semez votre or dans une terre blanche feuillée, et bien prépa­rée; c'est-à-dire, faites passer votre ma­tière de la couleur blanche à la cou­leur rouge. Les Philosophes ont pris très souvent l'agriculture pour sym­bole des opérations de l'art herméti­que; ce qui a fait imaginer la fable de Triptoleme instruit de l'agriculture par Cérès, et les circonstances de la vie d'Osiris et de celles de Bacchus, ou la Fable, disent qu'ils apprirent aux hom­mes l'art de semer et de planter. Voyez leurs articles.

Seminalis. Corrigiole, renouée.

Semis. Qui s'écrit par S, veut dire une demi-once, une demi-livre, etc.

Semissis. Le même que Semis.

Semuncia. Demi-once.

Sempervivum Marînum. Aloës.

Senco. Plomb.

Sendangi. Pierre hématite.

Séparation. Effet de la dissolution du corps par son dissolvant. Cette sépara­tion arrive dans le temps que la matière devient noire; alors commence la sépa­ration des éléments. Ce noir se change en vapeur; c'est la terre qui devient eau. Cette eau se condense, retombe sur la terre, et la blanchit; cette blan­cheur est l'air. A cette blancheur suc­cède la rougeur, et c'est l'air qui devient feu.
Cette séparation ne diffère point de la dissolution du corps et de la con­gélation de l'esprit, parce que ces trois opérations n'en font qu'une, puisqu'il ne se fait point dans l'Œuvre de so­lution du corps sans congélation de l'esprit.

Séparer l'âme du corps. C'est volatili­ser la matière, la faire sublimer.

Sept. (Sc. Herm.) Ce nombre mysté­rieux dans l'Ecriture Sainte, l'est aussi dans le Grand Œuvre. Les Philosophes en parlent souvent; ils ont sept planè­tes, sept règnes, sept opérations, sept cercles, sept métaux; ils disent que leur œuvre ressemble à la création du monde, qui a été faite en sept jours. S. Thomas d'Aquin dit dans son Epî-tre à Frère Raynaug, son ami, que l'œuvre se fait en trois fois sept jours et un. Jacques Bohom, dans son Traité qui a pour titre, Aquarium Sapientium, propose une énigme sur le grand art, dans ces termes :
Septem sunt urbes, septem pro more
metalla, Suntque aies septem, septimus est
numerus;
Septem litterulœ, septem sunt ordine
verba. Tempora sunt septem, sunt totidemque
loca :
Herbce septem, artes septem, septem-
que lapilli.
Septemcumque tribus divide; cautus
eris Dimidium nemo tune prcecipitare pe-
tescet :
Summa : hoc in numéro cuncta quiète
valent.
Mais tous ces sept cercles, règnes, opérations, ne sont qu'une même opé­ration continuée; c'est-à-dire, cuire la matière dans le vase par un régime de feu, conduit selon les règles de l'art. Dans cette même opération se font la putréfaction, la solution, la distil­lation, la sublimation, la calcination, la circulation, et l'incération ou imbibition, qui sont au nombre de sept. Quel­ques-uns y ajoutent la coagulation et la fixation; mais ils omettent la distilla­tion et la circulation, quoique cette dernière soit la seule opération de tout ['œuvre. Flamel, dans son Traité, expli­que les sept paroles des Philosophes dans sept chapitres. Paracelse disait qu'il y avait sept planètes dans le feu, sept métaux dans l'eau, sept herbes en terre, sept Tereniabin dans l'air, et sept membres principaux dans le corps de l'homme. Par Tereniabin, il entend la manne, que les Anciens appelaient Threr.

Septentrion. Quelques Chymistes ont donné ce nom à l'eau forte, d'autres au mercure des Philosophes, parce qu'ils disent qu'il est le principe de l'or, et que l'or vient du septentrion.

Sépulcre. Quelques Adeptes ont ainsi appelé le vase de verre qui contient le compost ou la matière de l'œuvre. Mais d'autres ont donné le nom de sépulcre à une des matières qui renferme l'au­tre, comme ensevelie dans son sein;
et plus souvent à la couleur noire qui survient pendant la putréfaction, parce que la corruption est un signe de mort, et la couleur noire une marque de deuil. Quelquefois le terme de sépulcre a été usité pour signifier le dissolvant des Sages.

Serapias Orchis. Espèce de satyrion dont les fleurs représentent quelque insecte lascif et très-fécond. Blanchard.

Serapinus. Gomme arabique.

Sérapis. Un des grands Dieux do l'Egypte, le même qu'Osiris et Apis. Voyez, ces deux articles.

Serapium. Sirop.

Serex. Lait aigri.

Serf, ou Serviteur. Mercure des Phi­losophes, qu'ils ont aussi appelé Serf fugitif, à cause de sa volatilité.

Sericiacum. Arsenic.

Sericon. Minium. Quelques-uns ont appelé Sericon la matière de l'œuvre parvenue à la couleur rouge.

Serinech. Magistère au blanc.

Seriola ou Seris. Endive.

Sériphe. Ile où régnait Polydecte, lorsque Danaé et Persée y abordèrent;
elle est pleine de pierres et de rochers. Voyez polydecte. On dit que cette quantité de pierres vient de ce que Per­sée en changea tous les habitants en pierre, en leur montrant la tête de Méduse.

Seris. Voyez seriola. Sernec. Vitriol.

Serpent. Rien n'est plus commun que les serpents et les dragons dans les énigmes, les fables et les figures sym­boliques de la Science Hermétique. Les deux que Junon envoya contre Her­cule, dans le temps qu'il était encore au berceau, doivent s'entendre des sels métalliques, que l'on appelle Soleil et Lune, le frère et la sœur. On les appelle serpents, parce qu'ils naissent dans la terre, qu'ils y vivent, et qu'ils y sont cachés sous des formes variées, qui les couvrent comme des habits. Ces serpents furent tués par Hercule, qui signifie le mercure philosophique, et qui les réduit à la putréfaction dans le vase, ce qui est une espèce de mort. Le nom de serpent a été aussi donné au mercure, parce qu'il est coulant comme l'eau, et qu'il serpente comme elle.
serpent vert. Mercure des Sages.
serpent des Philosophes. C'est aussi le même mercure, qui en circu­lant dans le vase, forme des petits ruis­seaux, qui serpentent comme l'esprit de vin.
serpens du Caducée de Mercure. Sont le fixe et le volatil, qui se combat­tent et qui sont ensuite mis d'accord par la fixation.
serpent volant. Mercure des Phi­losophes, ainsi nommé à cause de sa volatilité.
serpent qui dévora les compagnons de Cadmus, et que Cadmus tua en le perçant de sa lance contre un chêne creux. C'est toujours le même mercure que l'Artiste fixe au moyen du feu des Sages, appelé lance.
serpent de mars. Matière de l'œu­vre en putréfaction. « Les anciens Cabalistes, dit Flamel, l'ont décrite dans les Métamorphoses sous différentes histoires, entre autres sous celle du Serpent de Mars, qui avait dévoré les compagnons de Cadmus, lequel le tua en le perçant contre un chêne creux. Remarque ce chêne. »
serpent né du limon de la terre. Mercure des Philosophes. Voyez, py­thon.
serpent qui dévore sa queue. Etait celui que l'on mettait à la main de Sa­turne, comme symbole de l'œuvre, dont la fin, disent les Philosophes, rend témoignage au commencement. C'est le mercure des Sages, suivant Philalèthe. Planiscampi l'interprète de l'esprit de vitriol cohobé plusieurs fois sur sa tête morte. Voyez saturne.
serpentine. La Tourbe parle de la couleur serpentine, ou couleur verte, et dit qu'elle est un signe de végétation. Philalèthe l'appelle la verdeur désirée;
et Raymond Lulle dit que la matière de l'œuvre est de couleur de lézard vert. C'est sans doute la raison pour laquelle la plupart des Philosophes l'ont appelée Saturnie végétable.
Serpheta. Dissolvant de la pierre. Planiscampi.

Serpigo. Mousse.

Serriola. Endive.

Sertula Campana. Mélilot.

Serviteur. Les Philosophes ont donné ce nom à leurs matières, parce qu'elles travaillent suivant leurs désirs, et qu'elles obéissent à leur volonté. Mais ils y ont communément ajouté des épithètes qui les désignent. Ainsi Serviteur fugitif veut dire le mercure volatil. Philalèthe semble l'entendre de la matière, ou de ce même mercure parvenu à la blancheur.
serviteur rouge. Matière de la­quelle les Philosophes extraient leur mercure. Se taisent ceux qui afferment autre teinture que la nôtre, non vraie, ne portant quelque profit. Et se taisent ceux qui vont disant et sermonnant autre soufre que le nôtre, qui est caché dedans la magnésie, et qui veulent tirer autre argent-vif que du serviteur rouge, et autre eau que la nôtre, qui est permanente, qui nullement ne se conjoint qu'à sa nature, et ne mouille autre chose, sinon chose qui soit la propre unité de sa nature. » Bern. Trévisan, Philosophie des métaux.

Sescuncia. Une once et demie, ou douze dragmes.

Sesqui. Signifie la quantité d'un poids ou d'une mesure et demie Sesqwlibra, une livre et demie; sesquiuncia, une once et demie; sesquimensis, un mois et demi, etc.

Seulo. Plomb, Saturne.

Seutiomalache. Quelques-uns l'inter­prètent de la bette, d'autres des épi-nards, d'autres enfin de la mauve. Blanchard.

Sexcunx. Voyez sescuncia.

Sextario. Poids de deux onces.

Sextula. Quatre scrupules.

Sextulo. Une dragme.

Sexunx. Six onces, ou demi-livre, sui­vant l'ancienne manière de compter la livre de médecine, qui n'était compo­sée que de douze onces.

Sezur. Or.

Sfacte. Huile de myrrhe.

Sibar. Argent-vif.

Sibedata. Herbe à l'hirondelle. Planiscampi.

Siciliens ou Sicilium. Nom d'un poids pesant une demi-once. Quel­ques-uns le prennent seulement pour le quart. Blanchard.

Sicyos et Sicys. Concombre.

Sida. Nom donné à la guimauve par quelques-uns, d'autres le donnent à l'orange. Blanchard.

Sief Album. Collyre sec.

Sielocineticum. Remède propre à ex­citer la salivation.

Sigalion. Dieu du silence. Voyez harpocrate.

Sigia ou Sigra. Storax.

Silène. Père nourricier de Bacchus, que les Anciens ont représenté comme un vieillard de petite stature, gros et ventru, chauve, ayant les oreilles droi­tes et pointues, se soutenant à peine, parce qu'il était presque toujours ivre, le plus souvent monté sur un âne, accompagné de Satyres et de Bacchan­tes. Midas le surprit un jour endormi auprès d'une fontaine de vin, le lia d'une guirlande de fleurs, et le mena à Bacchus, qui en était fort en peine. Bacchus récompensa Midas de ce bien­fait, en lui donnant la propriété de changer en or tout ce qu'il toucherait. Voyez bacchus, midas.

Silipit. Cuivre, airain.

Silo. Terre.

Silphyum. Laserpitium.

Simmitium. Céruse.
Simples. Zachaire a substitué ce terme à celui d'ingrédients, ou matières de l'œuvre.

Simus. Gilsa de Paracelse.

Sinapisis. Bol Armene.

Sinon. Amomum.

Sinonia ou Sinovia. Est le gluten, ou substance mucilagineuse et tartareuse qui se pétrifie dans les jointures des membres, et forme cette chaux qu'on voit sortir des nodus de la goutte.

Sion et Sium. Bécabumga, selon quel­ques-uns; cresson de fontaine, selon d'autres. Blanchard.

Sipar. Argent-vif.

Sira. Orpiment.

Sirènes. Monstres marins, que la Fa­ble dit avoir la forme d'une jeune fille jusqu'à la ceinture, et la partie infé­rieure semblable à celle des poissons;
ayant au surplus une voix charmante, chantant si mélodieusement, et jouant si admirablement des instruments de musique, qu'elles attiraient à elles tous ceux qui les entendaient, les assoupis­saient, et les faisaient ensuite périr. Homère en parle fort au long dans son Odyssée.

Sison. Amomum.
Sisyphe. Fils d'Eole, ayant décelé les amours de Jupiter avec Egine, fille du fleuve Asope, fut condamné dans le Tartare à rouler sans cesse un rocher du bas d'une montagne jusqu'au sommet; lorsqu'il y était arrivé, le ro­cher roulait au bas, et Sisyphe était obligé de recommencer le même tra­vail. Cet infortuné est le portrait des mauvais Artistes, qui travaillent toute leur vie sans pouvoir venir à bout de porter la pierre au haut de la mon­tagne Hermétique, où les travaux des Philosophes finissent.

Sitanium. Espèce de froment plus petit que le bled ordinaire.

Sium. Voyez sion.

Smalternium. Succin.

Smyrna. Myrrhe.

Sœur. Magistère au blanc, ainsi nommé, parce qu'ils l'appellent aussi leur Lune, ou Diane, et que la Lune est sœur du Soleil, comme Beja l'était de Gabritius, ou Gabertin. Donnez-nous, dit Aristée dans la Tourbe, don­nez-nous Beja et son frère Gabertin, nous les unirons ensemble d'un lien indissoluble, afin qu'ils puissent engen­drer un fils bien plus parfait que leurs parens. La Fable dit aussi que Diane était sœur de Phébus, et qu'elle servit de Sage-femme à sa mère pour mettre son frère au monde, parce que le blanc doit toujours précéder le rouge, qui est le soleil des Philosophes, et qu'ils naissent tous deux d'une même mère Latone, ou, ce qui est la même chose, de la matière' des Philosophes.

Sœur. Mercure des Sages. Voyez gabertin, inceste.

Soir (le). Les Philosophes ont ainsi appelé leur mercure et leur magistère au blanc, parce que les vapeurs s'élè­vent le soir, et retombent sur la terre. De même leur mercure arrose sa terre, qui devient leur terre fructueuse et fer­tile, leur terre feuillée, dans laquelle ils sèment le grain fermentatif de leur or.

Sol. Dit simplement, signifie le soufre des Philosophes. En termes de Chymie vulgaire, c'est l'or.

Solater. Argent-vif.

Soleil. La grande divinité des Egyp­tiens, des Phéniciens, des Atlantes, etc.; fut honoré sous divers noms chez les différentes Nations. On le confon­dit presque partout avec Apollon, et on lui donnait la même généalogie. Voyez apollon.
Chez les Chymistes le Soleil est l'or vulgaire. Les Philosophes appellent so­leil leur soufre, leur or.
Le Soleil des Sages de source mercurielle, est la partie fixe de la matière du Grand Œuvre, et la Lune est le volatil; ce sont les deux dragons de Flamel. Ils appellent encore Soleil le feu inné dans la matière. Comme le volatil et le fixe sont tirés de la même source mercurielle, les Philosophes di­sent que le Soleil est le père, et la Lune la mère de la pierre des Sages. Quelquefois ils l'entendent à la lettre quand ils parlent de la matière éloi­gnée de l'œuvre, parce qu'il s'agit alors de cette vapeur que le Soleil et la Lune célestes semblent former dans l'air, d'où elle est portée dans les en­trailles de la terre pour y former la semence des métaux, qui est la pro­pre matière du Grand Œuvre.
Les Adeptes ont donné par simili­tude et par allégorie les noms d'arbre solaire et d'arbre lunaire au soufre rouge, et au soufre blanc qu'ils font pour parvenir à la perfection de leur poudre de projection. Voyez arbre.

Solelasar. Alkali.

Solidité. La solidité est opposée à la li­quidité, et il y en a de trois sortes. La première est la consistance, qui arrive lorsque les parties des corps sont rap­prochées et adhérentes les unes aux autres en forme de gelée, ou qu'ils ne fluent pas; mais de manière que la solution en soit très aisée par les deux agents ordinaires, l'eau et le feu. La seconde espèce de solidité est celle des corps, qu'on appelle coagulés. La troi­sième est la fixation qui arrive lorsque les parties en sont très étroitement liées ensemble, et d'une manière com­pacte, comme les métaux et les pier­res. La première espèce est celle des parties molles des animaux; la seconde est celle des végétaux; et la troisième, des minéraux. Beccher.

Solsequium. Soufre des Philosophes.

Solution. Désunion naturelle ou arti­ficielle des corps. La naturelle est de trois sortes, selon les trois règnes de la nature. La putréfaction est la solu­tion du règne animal, la fermentation celle du végétal, et la liquéfaction celle du minéral. Les causes de la solution sont les mêmes que celles du mélange, mais dont les effets sont contraires, parce que leurs proportions sont diffé­rentes, et que la raréfaction fait dans l'un ce que la condensation fait dans l'autre. La solution se divise encore en solution du tout, et en solution dans le continu; la première se fait dans la quantité et la qualité, et la seconde dans la quantité seulement; comme lorsque d'un marc d'argent en en sé­pare la moitié, ou que d'une once de plomb on en sépare quelques parties, qui prises séparément, peuvent être regardées comme des tous.
Lorsque j'ai dit que la putréfaction est la vraie solution du règne animal, je n'en exclus pas le règne végétal; mais parce que la putréfaction est le commencement du règne animal, et qu'elle est beaucoup plus violente que celle des végétaux, qui n'est propre­ment qu'une corruption analogue à la putréfaction.
La solution artificielle' est une divi­sion des parties d'un corps, faite par l'art, comme les solutions des métaux par les eaux fortes, la calcination par le feu élémentaire, etc.
Beaucoup de gens comprennent la dissolution et la résolution, sous le terme de solution. On fait communé­ment succéder celle-ci à la sublima­tion et à la distillation, pour faire dis­soudre la matière restée au fond du vase.
Il y a deux sortes de solutions, l'une se fait au froid, l'autre à la chaleur; la première s'emploie pour les sels, les corrosifs, les corps calcinés, en un mot, tout ce qui participe du sel et du corrosif s'y réduit en huile, en eau ou en liqueur. Elle se fait à l'air, ou dans un lieu humide, à couvert de la pluie et de la poussière. Tout ce que le froid dissout se congelé au chaud en poudre ou en pierre.
La solution qui se fait par le moyen du feu, regarde les corps gras et sul­fureux. Tout ce que la chaleur dissout, le froid le coagule. Il est bon de re­marquer que tout ce qui se dissout au froid humide cache dans son intérieur un feu corrosif; au contraire, tout ce qui se résout par la chaleur, a hors du feu une froideur adoucissante.
La solution philosophique est la conversion de l'humide radical fixe en un corps aqueux. La cause qui pro­duit cette solution, est l'esprit volatil caché dans la première eau. Quand cette eau a fait la solution parfaite du fixe, elle est appelée fontaine de vie, nature, Diane nue et libre.
Les Philosophes ne comptent qu'une solution plusieurs fois répétée dans l'œuvre; tout consiste à dissoudre et à coaguler. Ces solutions sont néan­moins différentes selon les opérations. Dans la première préparation de la matière, de laquelle presque aucun Philosophe n'a parlé, parce qu'ils ne la regardent pas comme philosophique, il se fait une solution du corps dur, et une liquéfaction qui réunit les deux corps dans un seul, en séparant les sco­ries de l'un et de l'autre. Le corps de l'un prend seulement l'esprit de l'autre, sans augmentation sensible de poids, et les esprits ne pénètrent et ne s'unis­sent aux corps que dans la solution. Les corps se subtilisent, leurs parties s'atténuent, et approchent plus de la nature de l'esprit. La première solu­tion philosophique sépare l'esprit du corps, et le lui rend; d'où il arrive qu'il n'y a point de vraie solution des corps sans coagulation de l'esprit. Ainsi quoique les Philosophes parlent de la solution comme d'une opération sépa­rée et différente de la coagulation, ce n'est cependant que la même.
La solution, dissolution et résolu­tion, sont proprement la même chose que la subtilisation. Le moyen de la faire selon l'Art, est un mystère que les Philosophes ne révèlent qu'à ceux qu'ils jugent capables d'être initiés. Elle ne se fait, disent-ils, que dans son propre sang, c'est-à-dire dans la pro­pre eau dont le corps même a été com­posé.

Sonir. Or, soleil.

Souflet. Recevoir un soufflet. C'est bri­ser les vases.
Soufre. Nom que l'on donne en géné­ral à toutes les matières inflammables dont on se sert dans la Chymie, telles que sont le soufre commun, les bitumes, les huiles, etc. Quelquefois les Chimistes donnent ce même nom à des matières nullement inflammables, mais seulement colorées sans aucune autre raison, particulièrement dans les matières minérales, en sorte que l'on voit le mot de soufre attribué à bien des matières même' très opposées entre elles. On donne le nom de soufre en particulier au soufre commun, qui paraît composé de quatre différentes matières; savoir, de terre, de sel, d'une matière purement grasse ou inflamma­ble, et d'un peu de métal. Les trois premières matières y sont à peu près en portions égales, et font presque tout le corps du soufre commun, quand on le suppose épuré par la sublima­tion de sa terre superflue; et c'est alors de la fleur de soufre. Mém. de l'Acad. de 1703, p. 32.
Les Chymistes admettent trois sortes de soufre, qui ne sont que le même, modifié différemment; le soufre volatil ou mercuriel, le soufre moyen, et le soufre fixe. Voyez matiere, sel.
soufre. (Sc. herm.} Lorsque les Philosophes parlent de leur soufre, il ne faut pas s'imaginer qu'ils parlent du soufre commun dont on fait la pou­dre à canon et les allumettes, ni aucun autre soufre séparé et distinct de leur mercure. Quoiqu'ils disent qu'il faut prendre un soufre, un sel et un mer­cure, ces trois choses se trouvent à la vérité dans leur matière, mais elles n'y sont pas sensiblement distinctes. Leur soufre est artificiel, leur mercure l'est aussi, et l'art manifeste leur sel. Mais tout cela ne fait qu'une chose qui les renferme toutes trois. Philalèthe.
Lorsqu'ils disent en général notre soufre, on doit les entendre de leur pierre au blanc ou au rouge; dans ce cas ils les distinguent par la couleur. Leur rouge est leur minière du feu cé­leste, dit d'Espagnet, leur ferment, le principe actif de l'œuvre, dont le mer­cure est le principe passif. Ce n'est pas que le mercure n'agisse aussi, puis" qu'il a un feu interne, et que partout où il y a feu, il y a action; mais on le compare à la femelle, qui dans la géné­ration est censée passive.
Les Philosophes ont donné à ce sou­fre une infinité de noms, qui convien­nent tous à ce qui est mâle, ou fait l'office de mâle dans la génération na­turelle. C'est leur or, qui n'est point actuellement or, mais qui l'est en puis­sance.
soufre blanc. Corps composé de la pure essence de métaux, que quel­ques-uns appellent un argent-vif con­duit de puissance en acte, et extrait, par les opérations du magistère, de tous les principes de la Médecine du premier ordre. Philalèthe.
soufre rouge. Plusieurs Chymistes ont travaillé sur le soufre naturel, et de mine, appelé sulphur nativum par les Latins, comme étant la vraie matière des Philosophes; mais quand ceux-ci lui ont donné ce nom, c'est dans le temps qu'elle est parfaite au rouge ou au blanc. Elle est alors proprement le soufre philosophique; car Raymond Lulle entre autres nous assure que le soufre des Sages n'est point distingué sensiblement de leur mercure, et leur mercure ne se fait point avec le soufre commun, naturel ou factice.
soufre vif. (Sc. herm.) C'est le même que soufre rouge. Rullandus donne le nom de soufre rouge à l'ar­senic.
soufre de vitriol. C'est l'âme de ce minéral.
soufre noir. Antimoine. Planiscampi.
soufre onctueux. Soufre des Phi­losophes.
soufre narcotique du vitriol. Ex­trait du vitriol dont on trouve le pro­cédé dans la Chymie de Béguin. Paracelse regardait ce soufre comme un excellent anodin, et le préférait à tous les autres.
soufre ambrosien est un soufre naturel rouge, beaucoup transparent, et ressemblant au grenat, mais formé en gros morceaux.
soufre vert. Huile de cinabre. Dict. Herm.
soufre incombustible. C'est celui des Sages.
soufre VRAI DES philosophes.
C'est le grain fixe de la matière, le véritable agent interne, qui agit, digère, cuit sa propre matière mercurielle, dans lequel il se trouve renfermé.
soufre zarnet. Soufre philosophi­que.
soufre occulte. Le même que celui de l'article précédent.
soufre de nature. C'est encore le même. Quelques-uns cependant don­nent ce nom à la matière parvenue à la couleur blanche.
L'Auteur du Dictionnaire Herméti­que pourrait s'être trompé, lorsqu'il dit que le soufre de nature est le menstrue essentiel fait avec le mercure et l'esprit de vin sept fois rectifié, qui dis­sout la chaux du soleil et de la lune, ou du moins qui en tire la teinture, laquelle par des opérations faciles et occultes, on redonne à l'or. Le soufre universel est, selon le même Auteur, la lumière de laquelle procèdent tous les soufres particuliers.

Spagyrique (Philosophie). Science qui apprend à diviser les corps, à les ré­soudre, et à en séparer les principes, par des voies, soit naturelles, soit vio­lentes. Son objet est donc l'altération, la purification, et même la perfection des corps, c'est-à-dire leur génération et leur médecine. C'est par la solution qu'on y parvient, et l'on ne saurait y réussir, si l'on ignore leur construction et leurs principes, parce qu'ils servent à cette dissolution. On sépare les par­ties hétérogènes et accidentelles, pour avoir la facilité de réunir et de rejoin­dre intimement les homogènes. La Phi­losophie Spagyrique proprement dite, est la même que la Philosophie Hermé­tique.

Spara. Semence des métaux.

Sparganium. Glaïeul aquatique. Blanchard.

Spartium et Spartiun. Espèce de ge­nêt propre à faire des liens.

Spatha. Ecorce, pelure du fruit de palmier.

Spatula Fœtida. Iris puant.

Spatule de Fer ou de Pierre. Ma­tière de l'œuvre en putréfaction et parvenue à la couleur noire.

Spécifique Universel. Voyez pana­cée.

Speragus. Asperge.

Sperme. Semence des individus dans les trois règnes, animal, végétal et mi­néral. Dans le premier, c'est une subs­tance blanche, humide, onctueuse, composée des parties les plus pures du sang. Dans les végétaux, c'est la semence même, composée de parties huileuses et onctueuses; ce qui leur a fait donner le nom de soufre par les Chymistes. Le sperme des métaux est ce qu'ils appellent proprement soufre. Aristote dit que c'est une vapeur, ce qu'il faut entendre d'une vapeur onc­tueuse, sulfureuse et mercurielle. Les Philosophes ont nommé cette vapeur une liqueur éthérée. Cette vapeur est un soufre minéral, qui pénètre les pierres métalliques et s'y fixe. Le prin­cipe éloigné de cette vapeur est le soufre commun. Le soufre minéral est une humeur onctueuse, incombustible, et que les Philosophes Hermétiques appellent leur Soleil et leur Semence masculine. Bêcher.
Il ne faut pas confondre le sperme avec la semence, l'un est le véhicule de l'autre. Le sperme est le grain génératif et le principe des choses; c'est pourquoi les Philosophes ont donné le nom de sperme des métaux au soufre, et celui de semence au mercure. Le germe dans les semences des végétaux est le sperme.
sperme du mercure. C'est le mer­cure même des Sages.
sperme féminin. Argent-vif des Philosophes.
sperme masculin. Soufre des Sa­ges, ou le grain fixe, qui se développe dans le sperme féminin, et agit sur lui, pour produire l'enfant philosophique, plus vigoureux et plus excellent que ses parents.

Sperniolum. Fraie de grenouilles.

Sphère. Ce terme se prend, dans les ouvrages des Philosophes, en différons sens; quelquefois pour les sphères des planètes, quelquefois pour le fourneau secret. Flamel l'a pris dans ce dernier sens.
sphere du soleil. Quintessence des Sages, ou leur mercure, qu'il faut extraire des rayons du Soleil et de la Lune avec l'acier ou aimant Philoso­phique. On appelle communément sphère l'étendue dans laquelle une chose est renfermée. Il est donc bon d'observer que les sphères du Soleil et de la Lune s'étendent à tout ce qui peut contenir de l'or et de l'argent, en acte ou en puissance.

Sphinx. Monstre fabuleux né de Ty­phon et d'Echidna. n avait la tête et la poitrine semblables à celles d'une jeune fille, le corps d'un chien, les grif­fes d'un lion, la queue d'un dragon, et la voix humaine. Ce monstre se tenait caché dans une caverne près de la ville de Thèbes, et arrêtait les passants pour leur proposer des énigmes à ré­soudre. Il dévorait ceux qui n'y réus­sissaient pas. Œdipe se présenta et ré­solut celle qui lui fut proposée. Il épousa en conséquence celle qui avait été promise pour récompense. Voyez œdipe.

Spiritus. Argent-vif. Planiscampi.

Spis-Glas. Antimoine. Bas. Valentin.

Splendeur. Magistère au blanc.

Spodium. Cendre d'or. Quelques-uns donnent ce nom au pompholix ou tuthie grise.

Sputum Lunse. Mercure Hermétique. Voyez crachat de la lune.

Stagen. Voyez arles crudum.

Stalagmi. Voyez stagen.

Stalticum. Voyez sarcoticum.

Staphyle. Fils de Bacchus, eut une fille nommée Rhéo, qui d'Apollon eut Anye. Voyez les Fables Egypt. et Grecq. dévoilées, liv. 3, chap. 14, § 2.

Staphylinos. Panais.
Starmar. Vapeur de la terre qui forme la semence des métaux. C'est le mer­cure des Philosophes.

Statues. Matières qui entrent dans la composition du magistère des Sages. Raymond Lulle a employé ce terme dans ce sens-là, sans doute d'après Hermès, qui leur donne aussi le nom de Statues, et les appelle des Dieux fabriqués de mains d'hommes. Il pre­nait alors les statues des Idoles, qui en étaient les symboles, pour la chose même. Senior, dans son allégorie de la chasse du Lion, dit : « Je ramasse les mains et les pieds, et je les échauffe dans l'eau extraite des corps des statues, des pierres blanches et jaunes, qui tombe dans les temps de pluie, et que nous avons » soin de ramasser pour faire cuire la tête et les pieds de ce Lion. » Raymond Lulle que je viens de citer, s'exprime à peu près dans les mêmes termes, dans le chap. 4 de son Codi­cille. « C'est pourquoi, dit-il, vous tirez ce Dieu des cœurs des statues par un bain humide de l'eau, et par un bain sec du feu. » On peut voir comment les statues étaient des hiéro­glyphes du grand œuvre, dans le Traité des Fables Egyptiennes et Grecques dévoilées, liv. 1 et liv. 3.

Stella Terrœ. Talc.

Sténo. Nom d'une des Gorgones.

Stérilité du Mercure. Elle ressemble à celle des femelles, qui ne peuvent enfanter et concevoir sans l'approche du mâle. C'est pourquoi les Philoso­phes lui ont donné le nom de femelle, et au soufre celui de mâle.

Stéropés. Forgeron de Vulcain. Voyez vulcain.

Stibinm. Nom Chaldéen de l'anti­moine, selon Basile Valentin.

Stilbus. Antimoine.

Stimmi. Antimoine.

Stoebe. Scabieuse. Blanchard.

Stomoma. Ecaille de fer.

Straax. Voyez arles crudum.

Stratification. Action par laquelle on met des choses différentes couche sur couche, ou lit sur lit, dans un creuset. Cette opération se fait dans la Chymie, lorsqu'on veut calciner ou cémenter un minéral ou un métal, avec du sel ou autre matière pour le purifier.

Strophius. Père de Pylade. Voyez. pylade.

Stupio. Etain, Jupiter.

Stymphalides. Oiseaux d'une gran­deur et d'une grosseur si prodigieuse qu'ils éclipsaient la lumière du soleil avec leurs ailes. Hercule instruit par Minerve, les chassa des bords du fleuve Stymphalide, d'où ils se reti­rèrent dans l'île d'Arétie. Les Philo­sophes Spagyriques expliquent cette fable de ce qui se passe dans les opéra­tions du grand œuvre. Ces oiseaux, di­sent-ils, représentent les esprits du mercure Philosophique, qui montent et descendent dans l'œuf Philosophique. L'Arçadie signifie la terre qui se forme dans le vase, et l'eau qui surnage est le lac Stymphalide d'où ces oiseaux ou esprits s'élèvent et qui semblent éclipser le soleil, parce que la matière devient noire pendant la putréfaction;
Hercule, symbole de la puissance fi­xante et coagulante de l'or physique renfermé dans le vase, ou pris pour l'Artiste, les tue à coups de flèches, et les chasse par le bruit des tymbales d'airain, qui ne sont autres que les vapeurs métalliques de Vénus, comme on peut le voir dans l'article Eurystée, jusqu'à ce qu'ils se retirent dans l'île d'Arétie, c'est-à-dire que l'eau mer-curielle soit desséchée, car Arêtie a une grande analogie avec le mot latin aresco, qui signifie en français sécher.
Quelquefois ils expliquent ces oi­seaux Stymphalides de la teinture d'an­timoine; car les Alchymistes appellent assez souvent oiseaux les esprits mercuriels et arsenicaux de l'antimoine, à cause de leur volatilité; et oiseaux Stymphalides, à cause que les vapeurs de ces esprits sont dangereuses et mor­telles. Le feu, comme un autre Her­cule, les tue de ses flèches, en corri­geant ce qu'ils ont de mauvais. Mais cette explication n'est pas conforme à ce que disent les Auteurs dans leurs Traités Philosophiques, d'autant qu'ils donnent le nom d'antimoine à leur ma­tière, par la seule raison qu'elle en a les propriétés, comme dit Artéphius, et non parce qu'elle est un véritable anti­moine. Voyez les Fables Egyptiennes et Grecques, liv. 5. ch. 9.

Styx. Fontaine d'Arcadie, qui tombe d'un rocher fort élevé, et dont l'eau est un poison mortel pour tous les ani­maux qui en boivent. On lui attribue la propriété de dissoudre toutes sortes de matières, et qu'aucun vase de quel­que matière métallique qu'il soit, ne saurait résister à son action. Les Au­teurs disent qu'elle ne peut être con­tenue que dans la corne du pied d'un mulet ou d'un âne. Les Poètes ont feint que c'était un des fleuves de l'En­fer; quelques-uns faisaient ce fleuve fils de l'Océan et de Thétis, et d'autres de l'Achéron. Les Dieux avaient tant de respect pour ce fleuve, que les serments et les promesses qu'ils faisaient par lui étaient irrévocables. Si quel­qu'un venait à l'enfreindre, il était privé pendant cent ans de la table des Dieux. Voyez les Fables Egypt. et Grecq. dévoilées, liv. 3, ch. 6.

Sublimation. (Sc. Herm.) Purification de la matière par le moyen de la disso­lution et de la réduction en ses prin­cipes. Elle ne consiste pas à faire mon­ter la matière au haut du vase, et l'y faire attacher, séparée du caput mortuum et des fèces; mais à purifier, sub­tiliser et épurer la matière de toutes parties terrestres et hétérogènes, lui donner un degré de perfection dont elle était privée, ou plutôt la délivrer des liens qui la tenaient comme en prison, et l'empêchaient d'agir.
La sublimation est la première pré­paration nécessaire à la matière, tant pour devenir mercure, que pour for­mer le soufre et la pierre. D'Espagnet dit que c'est la préparation dont les Philosophes n'ont pas parlé, parce que c'est un ouvrage manuel que tout le monde peut faire, même sans être instruit des opérations de la Chymie vulgaire. Elle est sans doute cette pré­paration des agents, difficile par-dessus toute autre chose du monde, comme le dit Flamel, mais très aisée à ceux qui la savent.
C'est le second degré, et très néces­saire, par où il faut passer pour parvenir à la transmutation des corps. On entend souvent sous le terme de sublimation, la fixation, l'exaltation et l'élévation. Elle approche même beaucoup de la distillation; car de même que dans celle-ci l'eau monte et se sépare de toutes les parties phlegmatiques et purement aqueuses, et laisse le corps au fond du vase, de même dans la sublimation le spirituel se sé­pare du corporel, le volatil du fixe dans les corps secs, tels que sont les minéraux. On extrait des choses admi­rables des minéraux par le moyen de la sublimation. On en fixe beaucoup, et on les rend propres à résister aux atteintes les plus vives du feu. Pour y réussir on rebroye le sublimé avec ses fèces, on répète la sublimation, et cela jusqu'à ce que rien ne se sublime plus. Lorsque tout est fixe, on le retire du vase, et on l'expose à l'air ou à la cave, pour en faire une huile, qu'on digère ensuite à un feu lent pour le réduire en pierre. Ces pierres ont des propriétés surnaturelles, selon le miné­ral dont elles sont tirées.
La sublimation adoucit beaucoup de corrosifs par la conjonction de deux matières, et rend corrosives beaucoup de choses douées. La plupart de celles-ci deviennent styptiques, austères, amères. Paracelse dit que les métaux sublimés avec le sel armoniac se ré­solvent en huile quand on les expose à l'air, et se durcissent en pierres quand on digère cette huile au feu. Cette sublimation est purement une opération de la Chymie vulgaire; il ne faut pas la confondre avec la sublima­tion Philosophique de laquelle nous avons parlé au commencement de cet article.

Sublimatoire. (Vaisseau) C'est l'œuf qui renferme la matière de l'œuvre. Voyez œuf.

Sublimé. Plusieurs ont été trompés par ce terme qu'ils ont pris pour le nom de la matière dont les Philoso­phes font leur magistère; mais il faut l'entendre de la matière parvenue à la couleur blanche que les Adeptes appellent Mercure sublimé, c'est-à-dire, purifié, exalté. Quelquefois ce terme s'applique à la matière au noir, mais très rarement. Quand on lui don­ne ce nom dans ce sens-là, on a égard à la purification, et à la séparation qui se fait alors des parties grossières et terrestres du laton des Philosophes, que l'azoth blanchit en le lavant de ses impuretés, appelées par quelques Philosophes les Immondices du mort.
Dans cette sublimation sont com­prises toutes les autres opérations :
savoir, la distillation, assation, cuis­son, coagulation, putréfaction, calcination, séparation et conversion des éléments. Sans elle, l'extraction des principes est impossible.
Les Philosophes ont représenté symboliquement cette opération par une aigle qui enlevé un crapaud, par un serpent ailé qui en emporte un au­tre sans ailes, par un dragon qui quitte son écaille, par le vautour qui dévore le foie de Prométhée, et par une infi­nité de fables et d'allégories dont on peut voir l'explication dans les fables Egypt. et Grecq. dévoilées.
sublimé mercuriel. Argent-vif des Sages parvenu à la couleur blan­che après putréfaction.

Sublimer. Purifier, cuire, exalter, perfectionner la matière de l'œuvre, l'élever à un degré de perfection qui lui manque pour devenir plus excel­lente que l'or même, et avoir la pro­priété de changer les métaux impar­faits en or. Voyez sublimation.

Submersion. C'est la dissolution de la matière par la putréfaction, parce qu'elle est noire et aqueuse, et que les matières se confondent et se submergent l'une dans l'autre. Les Phi­losophes ont donné à ce mélange plu­sieurs noms qui ne signifient que la même chose; ingression, conjonction, union, complexion, composition, mix­tion, humation, etc.

Subtiliation. Réduction de la matière de l'œuvre à ses principes; ce qui ses fait par la dissolution et la putréfac­tion. Elle se réduit en eau mercurielle, et puis en poudre subtile com­me les atomes qui voltigent aux rayons du soleil, dit Flamel.

Subtilier. Voyez l'article précédent.

Suc. Ce terme signifie communément une liqueur extraite dé quelque vé­gétal ou animal; et comme le mer­cure des Philosophes est d'abord une espèce de liqueur, ils lui ont donné le nom de Suc de leur plante Saturnien­ne végétable, ou Suc de Lunaire, mais en vain cherche-t-on dans la Bota­nique cette plante Saturnienne et cette Lunaire, parce que ce ne sont point des plantes, et que les Philosophes n'en parlent ainsi que par allégorie. C'est proprement leur matière, qui, quoique principe de végétation, n'est point plante. Ils l'ont nommée Satur­nienne, parce que ce Mercure est dit petit-fils dé Saturne; et Lunaire, parce que le Soleil est le père de leur matière et la Lune en est la mère. Souvent par le terme de suc ils entendent leur magistère au blanc, et quelque­fois leur matière au noir.
Suc des Lis blancs. Matière de l'œuvre parvenue à la couleur blanche.
Suc de lunaire. Mercure hermé­tique extrait de la pierre connue dans les chapitres des livres, disent les Phi­losophes, et non de la plante appelée Lunaire, ou de quelqu'autre que ce puisse être, puisqu'ils recommandent expressément de ne prendre aucun végétal pour faire l'œuvre, n'ayant aucune analogie avec le métal. Ils ont donné aussi à cette Lunaire les noms de Vénus et de Saturnie végétale; c'est pourquoi on appelle aussi ce Suc de Lunaire :
Suc de la saturnie. Qui est la même chose.
SUC DE LA liqueur VÉGÉTABLE.
Quelques-uns disent que c'est le vin, d'autres le vinaigre, d'autre le marc de raisin. Un Auteur a représenté Ba­sile Valentin faisant une sauce à une tortue avec du raisin.
Suc blanc. Argent-vif des Philo­sophes.

Sudur. Sucre.

Sueur ou Sueur du Soleil. Mercure des Sages; ils ont quelquefois donné ce nom à leur matière en putréfac­tion.

Suffo. Pain de pourceaux, cyclamen.

Superficie. On trouve ce nom dans Rullandus, interprété par blanc d'œufs.

Superflu. (Science Herm.) Géber et les autres Philosophes qui l'ont suivi, ont dit qu'il y avait dans leur matière une partie superflue qu'il fallait en ôter. On prend communément ces ter­mes à la lettre, et l'on s'imagine qu'il faut en effet séparer quelque chose de la matière dans la médecine du se­cond ordre; d'autres qu'il ne faut rien ôter absolument; et les uns et les au­tres ont raison : car ces superfluités doivent être séparées dans leur temps;
mais les vrais Sages savent que cette séparation se fait d'elle-même dans la médecine dont nous parlons, et que cette espèce de superflu est très utile à l'œuvre; ce qui a engagé le Philalèthe à le nommer superflu très utile.
Ce superflu est une huile ou une espèce de limon du corps qui nage sur le menstrue après que le corps est dissous. Ce limon est absolument nécessaire pour la conversion du corps en huile; et cette conversion est si nécessaire, qu'on ne pourrait réussir dans l'œuvre sans cela; parce qu'on ne pourrait avoir les principes de l'Art.

Suppression (Feu de). Est celui qu'on fait dessus le vase, ou même dedans, suivant Riplée et Géber.

Sutter. Sucre.

Suie des Métaux. Arsenic.

Sycaminos. Mûrier.

Syce. Figue.

Sylvae Mater. Chèvrefeuille.

Symar. Vert-de-gris.

Symplegades, ou Cyanées. Sont deux écueils situés près du Pont-Euxin, et si peu éloignés l'un de l'autre qu'ils semblent se toucher, ce qui a fait dire aux Poètes qu'ils se heurtaient. Il en est parié dans la fable de la conquête de la toison d'or. Voyez,
jason, toison D'OR.

Synacticum. Médicament astringent.

Syncriticum. Antispasmodique.

Syrinx. Nymphe qui résista toujours aux poursuites du Dieu Pan, et se sauva auprès du fleuve Ladon entre les bras des Naïades, où elle fut chan­gée en roseau.

Syrop de grenades. Pierre au rouge.
Syrtes. Bancs de sable ou écueils des côtes de la mer de Libye, du côté de l'Egypte. Les Argonautes manquèrent d'y périr, et furent obligés de porter leur navire sur les épaules pendant douze jours. Voyez. argonautes.


T


Taaut ou Thaut. Voyez thot.

Tableaux des Philosophes. Ce sont leurs livres, leurs allégories, leurs hié­roglyphes, etc.

Tagetes. Tanaisie.

Tal. Alkali.

Talc des Philosophes. Pierre des Sa­ges fixée au blanc. C'est en, vain que l'on cherche à faire l'huila de talc avec le talc vulgaire. Les Philosophes ne parlent que du leur, et c'est à ce dernier qu'il faut attribuer toutes les qualités desquelles les livres font tant d'éloges.

Tamis des Sages. Mercure Hermé­tique.
tamis de la nature. C'est l'air à travers lequel passent les influences des astres pour venir jusqu'à nous.

Tamue. Matière de l'œuvre préparée et cuite au rouge-de-pavot.

Tamus ou Tanus. Coulevrée, bryoine.

Tanech. Pierre-ponce.

Tantale. Fils de Jupiter et de la Nymphe Plote, reçut les Dieux à sa table, et leur servit entre autres mets son fils Pélops. Cérès fut la seule qui ne le reconnut pas. Elle en détacha une épaule, qu'elle mangea. Les Dieux le ressuscitèrent, et remplacèrent cette épaule par une d'ivoire. Jupiter punit Tantale en le condamnant dans les Enfers à souffrir une faim et une soif perpétuelle, quoique au milieu de l'eau et que les fruits lui descendent jus­qu'à la bouche; quand il veut les prendre, ils s'enfuient de ses mains. Voyez les Fables Egypt. et Grecq. dévoilées, liv. 6, chap. 4.

Taraguas. Bézoar. Taraxicum. Pissenlit.

Targar. Huile de genièvre.

Tarith. Mercure.

Tartar. Tartre.

Tartare. Fils du Chaos, lieu téné­breux où les méchants étaient envoyés pour subir les tourments auxquels ils étaient condamnés. Voyez enfer. Le Tartare des Philosophes est la matière de l'œuvre en putréfaction. Quelque­fois ils entendent par Tartare le tra­vail inutile et fatigant des mauvais Artistes, et disent qu'ils sont condam­nés au Tartare.

Tartre. (Se. Herm.) Basile Valentin et quelques autres Philosophes ont dit que le tartre dissout les métaux; ce qui a fait naître l'idée à plusieurs Chymistes de le regarder comme la matière dont les Philosophes font leur magistère. Philalèthe cependant dit qu'il faut expliquer le terme de tartre de la même manière que la tête du corbeau; et ceux qui sont les moins versés dans cette science, savent que ces expressions signifient la matière des Philosophes au noir.
Le tartre blanc, ou le sel de tartre des Sages, est leur magistère parvenu à la couleur blanche.
tartre de marbre. Ce sont les pierres qui se forment dans le corps humain. On les nomme ainsi de la matière terrestre et tartareuse dont elles se forment.

Taureau. Animal quadrupède d'un grand usage pour l'agriculture. Les Philosophes l'ont donné très souvent pour hiéroglyphe de la matière du Grand Œuvre. Les Egyptiens avaient en conséquence beaucoup de véné­ration pour cet animal, que les Prê­tres présentaient au peuple comme le symbole d'Osiris, un de leurs grands Dieux. Les Philosophes Grecs, ins­truits par ces Prêtres de ce qu'ils en­tendaient par le taureau, inventèrent beaucoup de fables, dans lesquelles ils introduisirent cet animal, et indi­quèrent la qualité chaude et solaire de la matière, en disant que ces tau­reaux jetaient du feu et de la flamme par la bouche et les narines. Tels sont ceux que Jason surmonta et mit sous le joug pour leur faire labourer le champ de Mars, afin de s'emparer par ce moyen de la Toison d'or sus­pendue dans la forêt de ce Dieu. Tel était celui dont Hercule débarrassa l'île de Crète. Les pieds des uns et des autres étaient d'airain. Europe fut enlevée par un taureau, Pasiphaé de­vint amoureuse d'un taureau; Cadmus suivit un bœuf, et bâtit une ville dans l'endroit où il s'arrêta. Le fleuve Achéloiis se changea en taureau pour combattre Hercule; Prothée prenait la forme de taureau, etc.
Les Prêtres d'Egypte nourrissaient avec beaucoup de soins un taureau noir ayant seulement une tache blan­che, et le logeaient dans le temple de Vulcain. le plus grand de leurs Dieux. Osiris, dont ce taureau était le sym­bole, signifiait feu caché, et avait pour sœur et pour épouse Isis, ou une vache, qui avait Mercure pour Con­seiller et Administrateur de tout l'Em­pire pendant les voyages d'Osiris son mari, et après sa mort. Osiris était lui-même le symbole du Soleil et Isis l'était de la Lune; mais du Soleil et de la Lune des Philosophes, et non des astres qui nous éclairent, ou des astres terrestres, l'or et l'argent, que les Chymistes vulgaires appellent So­leil et Lune.
Les Egyptiens parfaitement instruits des secrets les plus cachés de la Na­ture, imaginèrent en conséquence les signes du Zodiaque, toujours par allu­sion à leur Art Hermétique, que le» Philosophes assurent être la clef de toutes les sciences. Ils assignèrent pour cet effet les trois signes du Bélier, du Taureau et de Gemini pour ceux. qui président au commencement de l'année ou du printemps, parce qu'ils sont le commencement de l'œuvre. Les Philosophes, en suivant le sys­tème des anciens Disciples d'Hermès, ont dit pour cette raison, qu'il fallait commencer l'œuvre au printemps, quoi­qu'on puisse le commencer en effet dans toutes les saisons. Ceux qui sont au fait de l'Astrologie en devineront aisément les raisons, pourvu qu'ils aient aussi lu attentivement les livres des Philosophes. Voyez zodiaque.
Il paraît que l'Auteur du Diction­naire Hermétique n'avait pas médité longtemps et sérieusement les ouvra­ges des Philosophes, et combiné leurs raisonnements sur les fables, lorsqu'il interprète les taureaux qui gardaient la Toison d'or, par le feu vulgaire en­tretenu dans des fourneaux chymiques, dont les registres représentent les na­rines de ces animaux. Le taureau fu­rieux qui ravageait l'île de Crète, et qui avait des pieds d'airain comme ceux que Jason mit sous le joug, font voir clairement que ces allégories ou fables ne peuvent s'entendre des four­neaux chymiques, mais du fourneau secret des Philosophes.
Hercule après avoir pris le taureau de l'île de Crète, le conduisit à Eurysthée, c'est-à-dire, à la plus grande fixité, comme on peut le voir dans le livre 5, ch. 1, 7 et 10 des Fables Egypt. et Grecq. dévoilées. Tant que l'eau mercurielle des Philosophes de­meure sur la terre des Sages, signi­fiée par Pisie de Crète, cette terre est ravagée par la dissolution, et in­capable de rien produire; mais sitôt qu'Hercule arrête le taureau, ou fixe cette eau, pour le mener à Eurysthée, elle devient propre à la végétation; on peut la cultiver pour y semer l'or philosophique.
Tefra. Cendre.

Teindre. En termes de Science Her­métique, signifie conduire le régime du feu, l'administrer à la matière pour la digérer et la cuire de manière qu'elle prenne successivement les dif­férentes couleurs desquelles les Philo­sophes font mention, et qu'ils appel­lent signes démonstratifs. C'est dé-là qu'on les a nommés Teinturiers.

Teinture. En termes de Chymie, ne signifie pas l'extraction de la simple couleur des mixtes, mais les couleurs essentielles auxquelles sont adhéren­tes les vertus et les propriétés des corps dont ces teintures sont extraites. L'art Spagyrique distingue plusieurs espèces de teintures; les unes sont dîtes passives, parce qu'elles sont sim­plement extraites, comme la teinture de rosés; les autres se nomment acti­ves, et ce sont celles qui servent à en extraire d'autres; telle est celle du magistère des Sages, ou leur mercure. On les divise encore en teintures na­turelles et teintures artificielles. Dans celles-ci, les unes sont dites animales, quand elles sont extraites' des ani­maux; métalliques, quand on les tire des métaux, etc. On les nomme quel­quefois huiles, esprits, quintessences, selon qu'elles participent plus ou moins des qualités des choses qui ont ces dénominations. Manget, Béguin.
La teinture est le dernier degré de la transmutation des corps naturels. Elle conduit à la perfection toutes les choses imparfaites. Paracelse définit la teinture une matière très noble, qui teint les corps métalliques, et humains, et les change en une essence bien plus excellente et une manière d'être infi­niment plus parfaite que celles dont ils jouissaient auparavant. Elle pénè­tre les corps et les fait fermenter com­me le levain.
La teinture qui transmue les métaux doit être fixe, fusible comme la cire, et incombustible de manière que mise sur une lame rougie au feu, elle y fonde sans fumée, et y pénètre com­me l'huile pénètre le papier.
La vraie teinture des métaux est le soufre métallique exalté. Le mercure est appelé le milieu ou moyen pro­pre à joindre et à réunir les teintures. La pierre au rouge et la pierre au blanc réduites en élixir ou en poudre de projection, sont les deux seuls et vrais principes des teintures des mé­taux; toute autre teinture n'est que tromperie, supercherie et sophistica­tion.
teinture vive. Pierre au rouge.
teinture ILLUMINANTE DES CORPS.
Même chose que poudre de projec­tion. Quelques-uns ont cependant pris ces expressions comme signifiant la pierre au rouge, ou le soufre aurifique des Philosophes, parce qu'ils le nomment Soleil, et que le soleil est comme le principe, ou le distributeur de la lumière. En vain les Chymistes cherchent-ils à tirer la teinture dé l'or vulgaire pour en habiller d'autres mé­taux; la véritable teinture de l'or con­siste dans son soufre radical, qui est inséparable du corps même de l'or, suivant d'Espagne! D'ailleurs quand la chose serait possible, cette tein­ture ne pourrait donner que ce qu'elle a, et ne pourrait teindre qu'un poids d'argent égal à celui de l'or duquel elle a été extraite; au lieu qu'un grain seul de teinture philosophique poussée au point de perfection dont elle est susceptible, teindra un million de grains de métal de quelque espèce qu'il soit.
teinture ROUGE OU teinture DE
pourpre est la même que Teinture illuminante.

Télamon. Fils d'Eaque et frère da Pelée, fut père d'Ajax, qui de lui fut appelé Télamonien. Télamon était un des Argonautes, et accompagna Her­cule lorsqu'il délivra Hésione de la dent meurtrière du monstre marin auquel elle était exposée. Hercule la céda à ce compagnon fidèle. Voyez hésione.
Télémaque. Fils d'Ulysse et de Pé­nélope, était encore jeune quand son père partit pour la guerre de Troye. Pendant cette absence les Amans de Pénélope maltraitèrent Télémaque, qui quitta la maison paternelle pour cher­cher Ulysse. A son retour il chassa, avec l'aide de son père, tous ces Amans importuns. Voyez ulysse.

Thélephe. Fils d'Hercule et de la Nymphe Auge, fut exposé dans les bois, où une biche l'allaita. Ceux qui le trouvèrent, le présentèrent au Roi de Mysie, qui l'adopta et le désigna son successeur. Ayant refusé le passage aux Grecs qui allaient au siège de Troye, il fut blessé d'une flèche d'Achille. La plaie devint extrême­ment douloureuse, et n'y trouvant pas de remède, il consulta l'Oracle, qui lui apprit que celui qui avait fait le mal le guérirait. S'étant réconcilié avec Achille, celui-ci lui donna de la rouille du fer de sa lance; Télephe l'appliqua et fut guéri.

Telesme. Fin, perfection, complé­ment.

Temerus. Brigand que Thésée mit à mort. Voyez thésée.

Temeynchum. Or des Philosophes, ou leur magistère au rouge.

Temples. C'est dans l'Egypte qu'il faut chercher l'origine des temples. Hérodote le dit formellement. Cette coutume de bâtir des temples passa d'Egypte chez les autres Nations, par les Colonies qui y furent transportées. On peut voir dans l'Auteur ci-dessus, la magnificence du temple de Vulcain en Egypte, que tant de Rois voulurent embellir et eurent bien de la peine à achever : c'était une grande gloire si dans un long règne un Prince avait pu achever un portique. Les plus cé­lèbres furent celui de Jupiter Olym­pien, celui d'Apollon à Delphes, de­venu si célèbre par les oracles qui s'y rendaient; celui de la Diane d'Ephese, chef-d'œuvre de l'Art; le Panthéon, ouvrage de la magnificence d'Agrippa, gendre d'Auguste; enfin celui de Bélus, composé seulement d'une grande et magnifique tour à sept étages, dont le plus élevé renfermait la statue de ce Dieu, avec les autres choses dont parle Hérodote.
Les statues des Dieux qu'on y plaçait étaient d'or, d'ivoire ou d'ébène, quelquefois composées de ces trois matières, ce qui est à remarquer par les raisons que nous avons déduites dans le Traité des Fables Egypt. et Grecq. dévoilées.
Quand il s'agissait de bâtir un tem­ple, on environnait le lieu avec des rubans et des couronnes, et les Ves­tales le purifiaient en le lavant avec de l'eau pure et nette. Le Pontife après avoir fait un sacrifice solennel à la Divinité à laquelle il devait être dédié, touchait la pierre qui de­vait servir la première à former le fondement, et le peuple l'y jetait avec quelques pièces de monnaie ou quel­ques morceaux de métal qui n'avait pas encore passé par le creuset. Les temples de Vulcain, de Vénus son épouse, et de Mars se plaçaient aux portes des villes. Ceux de Mercure, d'Apollon, de Minerve et des autres Dieux étaient au dedans des murs. Vitruve (Liv. 2, ch. 2) apporte des raisons de ces différences, qui ont un air de vraisemblance, mais qui mon­trent qu'il n'était pas au fait de celles qui avaient déterminé ceux qui l'avaient précédé à en agir ainsi.
La plupart des temples étaient de figure ronde comme le Panthéon, et ne recevaient de jour que par un trou ou lanterne pratiquée au milieu de la voûte. On remarque cette forme dans les temples de l'antiquité la plus reculée.
Toutes ces choses ne se faisaient pas sans dessein; et si les Egyptiens, suivant saint Chrysostôme, étaient mystérieux jusque dans leurs ma­nières d'agir et dans leurs façons do s'habiller, peut-on douter qu'ils n'aient eu quelque! objet en vue dans la forme de leurs temples ? Si leurs prétendus Dieux et les actions qu'on leur attri­bue ne sont que des allégories de l'Œuvre Hermétique, n'aura-t-on pas raison de penser que cette forme ronde du temple, ou du lieu où étaient placés les Dieux, était un symbole du vase qui contient les Divinités Her­métiques ? Les Philosophes savent bien pourquoi les temples de Vulcain, de Vénus et de Mars étaient à la porte des villes. Il suffit même d'avoir lu assez superficiellement leurs livres, pour y remarquer qu'ils ont donné les noms de ces trois Dieux aux ma­tières du magistère, desquelles doi­vent se composer leur Mercure, leur Jupiter, leur Diane et leur Apollon, dont les temples, pour cette raison, étaient renfermés dans l'enceinte des villes.
Dans la suite les temples prirent une autre forme par la fantaisie des Architectes, qui trouvèrent le carré long plus susceptible des ornements qu'ils imaginèrent; mais ils conser­vèrent presque toujours rond ou en forme de rotonde le lieu principal de l'intérieur des temples; les autres par­ties ne furent censées que comme des accompagnements, ou comme néces­saires pour loger le peuple; tels sont les nefs et les collatéraux.

Temps. Les Philosophes semblent n'être pas d'accord entre eux sur la durée des opérations requises pour parvenir à la fin de l'Œuvre Herméti­que. Les uns disent qu'il faut trois ans, d'autres sept, d'autres jusqu'à douze; mais il s'en trouve qui rédui­sent cette durée à dix-huit mois, Ray­mond Lulle à quinze, Trévisan à peu près au même temps, et Zachaire dit qu'il commença l'œuvre le Lundi des fêtes de Pâques, et fit la projection vers le même temps l'année suivante. Mais dans toutes ces manières do s'exprimer qui paraissent se contre­dire, les Philosophes n'entendent que la même durée du temps suivant leur façon de le compter; parce que leurs mois et leurs saisons ne sont pas ceux du vulgaire. Il nous faut un an, dit Riplée, pour jouir des fruits que nous attendons de nos travaux. Un Ano­nyme explique tous ces différons ter­mes de la manière suivante. Comme nous appelons un jour l'intervalle de temps qu'il faut au soleil pour par­courir le ciel depuis l'orient jusqu'à l'occident, les Philosophes ont donné le nom de jour au temps que dure notre coction. Ceux qui ont dit qu'il ne fallait qu'un mois, ont eu égard au cours du soleil dans chaque signe céleste; et ceux qui parlent d'un an ont en vue les quatre couleurs prin­cipales qui surviennent à la matière; car ces couleurs sont leurs quatre saisons. Voyez saisons.
Les Philosophes disent communé­ment que le Grand Œuvre est un ou­vrage de patience; que l'ennui occa­sionné par la longueur du travail a rebuté beaucoup d'Artistes, et qu'il faut plus de temps que de dépenses pour parvenir à son but. Ils ajoutent que la couleur noire se manifeste et doit se manifester vers le quarantième jour, si l'on a bien opéré; que cette couleur dure jusqu'au quatre-vingt-dixième jour; alors la couleur blanche succède, et puis la rouge. Mais tout cela doit s'entendre de l'ouvrage de la pierre, sans y comprendre la pré­paration manuelle des agent ou prin­cipes matériels de l'œuvre. Ainsi ceux qui parlent d'un an, l'entendent d'une seule préparation philosophique, telle que pourrait être celle du soufre; parce que dans chaque opération les couleurs qu'ils appellent saisons, doi­vent passer successivement. Ceux qui font mention de trois ans, y compren­nent les opérations du soufre, de la pierre, et celle de l'élixir. Quand ils disent sept, neuf ou douze ans, ils y renferment toutes les opérations répétées pour la multiplication, et donnent le nom d'année à chaque opération. Voyez année, Mois, regne.

Ténare. Promontoire de la côte méri­dionale du Péloponnèse; tout auprès sont des gouffres dans la mer, que les Poètes ont feint être les portes de l'Enfer. C'est par-là qu'Hercule y des­cendit pour enlever le chien Cerbère, et en ramena son ami Thésée. Voyez enfer.

Ténèbres. Les Philosophes compa­rent presque toujours leur matière en putréfaction aux ténèbres de la nuit, à celles de l'Egypte, et à celles qui enveloppaient la masse confuse du chaos avant la manifestation de la lumière. C'est pourquoi ils ont quel­quefois donné le nom de Ténèbres à leur matière au noir.
ténèbres cymmériennes. Matière de l'œuvre en putréfaction, appelée aussi le Noir plus noir que le Noir même.

Terengibil. Manne.

Tereniabin. Manne.

Terme. Dieu des champs et des bor­nes. Il était représenté sous la forme d'une colonne, d'un tronc d'arbre, etc. Il était censé borner tout, sans être borné lui-même.

Terpsichore. Nom d'une des Muses, dont voyez l'article.

Terre. Matière pesante et poreuse, qui compose avec l'eau le globe que nous habitons.
Le vulgaire prend communément pour la vraie terre, ce qui paraît à nos yeux, c'est-à-dire, l'excrément de la terre et des autres éléments qui entre dans la composition de tous les mixtes sujets à la mort ou à la cor­ruption. Mais dans ces excréments il y a un noyau, une vraie terre prin­cipe, qui ne se détruit point, qui fait la base des corps, et qui les conserve dans leur manière d'être jusqu'à ce que quel qu'accident dissipe le lien qui unit cette vraie terre avec ses excréments. Cette terre se trouve dans tous les mixtes, plus abondam­ment dans les uns que dans les au­tres; c'est ce principe que tant de Sophistes cherchent en vain, et qu'ils trouveraient sans peine s'ils connais­saient la Nature. Cette terre est la terre vierge des Philosophes, et ce que l'on doit entendre par l'élément de la Terre.
Les Philosophes Hermétiques don­nent le nom de terre à la minière qui renferme la matière d'où ils extraient leur mercure; et ensuite, dans les opérations, à la matière même d'où ce mercure a été extrait. Ils donnent encore ce même nom de terre à leur mercure fixé; et c'est dans ce dernier sens qu'il faut entendre Hermès lors­qu'il dit, dans sa Table d'Emeraude :
il aura la force des forces lorsqu'il sera réduit en terre. ils le nomment alors Eau qui ne mouille point les mains; parce que cette terre était pre­mièrement eau, et redeviendra liquide toutes les fois qu'on la mêlera avec l'eau de laquelle elle était composée.
terre adamique ou adamite. C'est la matière de laquelle il faut extraire le mercure Hermétique.
terre blanche feuillée. Matière de l'œuvre parvenue à la blancheur.
terre céleste. Lune des Sages.
terre damnée. Terre inutile, fèces d'une matière qu'on a purifiée. On donne aussi le nom de Terre damnée à ce qui reste au fond du vase après qu'on en a tiré le plus subtil par la distillation ou la sublimation.
terre des feuilles. Hermès a donné ce nom à la matière de l'œuvre en putréfaction; mais son nom pro­pre, dit Flamel, est le Laton ou Laton qu'on doit blanchir.
terre d'Espagne. Vitriol.
terre des philosophes. C'est leur soufre.
terre d'or. Litharge d'or.
terre féconde ou terre fer­tile. Pierre parvenue au blanc.
terre fétide. Soufre sublimé. En termes de Science Hermétique, c'est le soufre des Sages en putréfac­tion.
terre feuillée. Simplement dite, signifie la matière au noir.
terre fidele. Lune des Philoso­phes.
terre fidele. Argent philosophi­que.
terre fructueuse. Magistère au blanc.
terre glaise. Gomme des Sages.
terre grasse. Voyez. matiere.
terre mercurielle. Matière de laquelle les Philosophes extraient leur mercure. Cette terre n'est pas le ci­nabre naturel ou artificiel; mais cepen­dant, une terre minérale et métallique.
terre noire. Voyez poudre noire.
terre potentielle. Magistère au blanc.
terre puante. Voyez. terre fé­tide.
terre restante. Matière de l'œu­vre fixée à la couleur blanche.
terre rouge. Soufre rouge des Sages. Ce nom a été donné au bol armene, et à l'orpiment.
terre sainte. Antimoine vitrifié.
terre samienne. Argent-vif subli­mé avec le talc.
terre sarrazine. Email. Planiscampi.
terre solaire. Matière de l'œuvre fixée au rouge, appelée aussi Soleil des Sages, ou mine de l'or. Quelques-uns ont appelé Terre solaire le lapis lazuli.
terre sulfureuse. Matière des Sages en putréfaction.
terre vierge. Ce terme se dit du mercure des Sages fixé en terre par la cuisson philosophique, et de la matière de laquelle doit s'extraire ce mercure lui-même, appelé pour cela Eau sèche, qui ne mouille pas les mains, et qui ne s'attache qu'à ce qui est de sa propre nature. Il y a dans le centre de la terre une terre vierge, de laquelle nous faisons notre mercure. Raym. Lulle.

Tersa. Moutarde.

Tête du Corbeau. Matière de l'œuvre en putréfaction.
tête du dragon. C'est l'esprit mercuriel de la matière, ou la partie vola­tile qui dissout la fixe; c'est pourquoi les Philosophes ont dit que le Dragon dévore sa queue.
tête morte. Ce sont les fèces qui demeurent au fond de la cucurbite, ou de la retorte, après la distillation ou la sublimation des esprits.
tête rouge. Les Philosophes ont dit, que ce qui a les pieds noirs, le corps blanc, et la tête rouge, est le ma­gistère. C'est-à-dire que l'Œuvre com­mence par la couleur noire, passe en­suite à la blanche, et finit par la rouge. Dans chaque opération le rouge qui marque la perfection du soufre, de la pierre et de l'élixir, a engagé les Phi­losophes à dire d'Apollon et des autres personnages feints des fables, qui sont les symboles de ce soufre, de cette pierre ou de cet élixir, qu'ils avaient les cheveux roux ou blonds dorés, tels que Pyrrhus, fils d'Achille, etc., ou qu'ils étaient habillés de couleur de pourpre, comme Apollon quand il chanta la victoire de Jupiter sur les Géants. Avicenne a tourné cette énigme de la tête rouge, d'une autre manière. La chose, dit-il, qui a la tête rouge, les yeux noirs et les pieds blancs est le magistère. Quelques Philosophes pa­raissent avoir voulu expliquer cette tête rouge de la matière même de la­quelle on fait le magistère, sur ce que d'autres ont dit qu'il faut extraire le mercure du serviteur rouge, et que l'usage est d'appeler tête le commen­cement d'une chose; alors il faudrait dire qu'Avicenne n'aurait eu en vue que l'œuvre au blanc.

Téthys. Fille du Ciel et de Vesta sœur de Saturne, femme de Neptune, mère de toutes les Nymphes et des fleuves, suivant Hésiode. D'autres la disent fille du Ciel et de la Terre, et femme de l'Océan. Jupiter ayant été lié et gar­rotté par les autres Dieux, Téthys, avec l'aide d'Egeon, le remit en li­berté. Téthys est l'eau mercurielle des Philosophes, qui délie en dissolvant, et met en liberté en volatilisant le Ju­piter des Sages, dont voyez l'article.

Tetrapharmacum. Médicament com­posé de quatre ingrédients, comme l'on­guent Basilicum.

Tetrobolon. Poids de quatre dragmes.

Teucrium. Plante connue sous le nom de Chamcedis ou Petit chêne.

Tevos. Matière de l'œuvre poussée au blanc.

Thabritis. Jupiter des Philosophes.

Thalie. Ce nom a été donné à l'une des Grâces, à la Nymphe mère des Dieux Palices, et à une des neuf Muses.

Thamar. Fruit du palmier. Blanchard.

Thaumas. Père d'Iris, messagère de Junon.

Thaut. Voyez Thot.

Théja ou Thea. Mère du Soleil et de la Lune, ne signifie que la matière de laquelle on fait le soufre blanc ou le soufre rouge des Philosophes. V. latone.

Thélesphore. Un des Dieux de la Mé­decine, fils d'Esculape, et frère de Pa­nacée, de Jaso et d'Higyea. Voyez, Es-culape.

Thelima. Pierre au rouge parfait.

Thelypteris. Fougère.

Themianthus. Or.

Théodamas. Père d'Hylas, fut vaincu par Hercule, qui emmena son fils. V. hylas.

Théreniabin. Voyez. téreniabin.

Thériaque. (Science Herm.) Quelques Philosophes ont donné ce nom au corps fixe du magistère, par opposition au nom de Venin que d'autres ont donné à ce même corps; parce que s'il n'est pas uni au mercure volatil à l'heure propre de la naissance de l'eau mercurielle, ce corps gâte tout l'œu­vre, et que s'il y est joint à propos, il le parfait. Mais le sens le plus usité dans lequel il faut prendre le terme de Thériaque, est que les Philosophes ont ainsi nommé leur magistère parfait, parce qu'il est le remède le plus excellent de la Nature et de l'Art, pour guérir tant les venins que les autres maladies du corps humain et des métaux.

Therion minéral.

Thermanticum. Médicament qui échauffe.

Therme. Bain. Les Philosophes ont donné le nom de Therme à leur eau mercurielle, parce qu'ils disent qu'elle est le bain où se baignent leur Roi et leur Reine.

Thermomètre Philosophique. Cha­leur naturelle des mixtes.
Thésée. Fils d'Egée et d'Ethra, eut le bonheur de se préserver du poison que Médée sa belle-mère voulut lui faire prendre. Les Athéniens, obligés par traité fait avec Minos, Roi de Crète, de lui envoyer tous les ans sept jeunes Athéniens pour combattre le Minotaure enfermé dans le labyrin­the, décidaient par le sort quels se­raient les sept qu'on enverrait. Le sort tomba sur Thésée. Avant que de partir Egée lui recommanda de mettre des voiles blanches à son retour, en cas qu'il revînt victorieux, au lieu des voi­les noires que l'on mettait en partant. Thésée le promit, s'embarqua, et abor­da dans l'île de Crète. Il y gagna les bonnes grâces d'Ariadne, fille de Mi­nos. Elle demanda à Dédale le moyen de sortir du labyrinthe, et il lui donna un peloton de fil, qu'elle remit à Thésée. Muni de ce peloton, Thésée entra dans le labyrinthe, combattit le Minotaure et le tua. Il avait défilé son peloton dès l'entrée, et n'eut que la peine de suivre son fil et de refaire son peloton pour en sortir. Ariadne, char­mée de le revoir, consentit à partir avec lui, et Thésée l'emmena. Il l'abandonna ensuite dans l'île de Naxo. Voyez. ariadne.
Egée voyant approcher le temps du retour du vaisseau qui avait transporté les sept Athéniens à Crète, avait été l'attendre sur le bord de la mer. Thésée avait oublié de changer ses voiles, suivant la promesse qu'il en avait faite à son père. Egée les voyant noires, crut son fils péri, et de dé­sespoir se jeta dans la mer.
Thésée se proposa Hercule pour modèle, et lia une étroite amitié avec ce Héros. Il brava, comme lui, toutes sortes de dangers, et eut part à beau­coup de ses exploits. Il tua d'abord le taureau de Gère dans la plaine de Marathon, défit un sanglier furieux qui ravageait les campagnes, purgea le pays d'une infinité de voleurs et de brigands, fit la guerre aux Amazones, emmena leur Reine Hippolite, qu'il épousa, et en eut un fils du même nom; prit le parti des Lapithes contre les Centaures, et descendit enfin aux Enfers avec Pyrithoûs pour enlever Proserpine. Hercule, son ami, y étant aussi allé pour prendre Cerbère, y trouva Thésée et le ramena dans le séjour des vivants. Quelques-uns met­tent Thésée au nombre des Argo­nautes. Les uns disent qu'il fut tué par Lycomede, d'autres qu'il mourut d'une chute.
Thésée représente le mercure des Philosophes, appelé pour cette raison le bon ami d'Hercule, symbole de l'Ar­tiste. Toutes les expéditions qu'on lui attribue sont les effets du mercure pen­dant le cours des opérations requises pour la perfection de l'œuvre. Il fallait par conséquent le mettre au nombre des Argonautes, et même des princi­paux. Il mourut en effet par les mains de Lycomede, et perdit aussi la vie par une chute; mais dans deux circons­tances différentes de l'œuvre. La pre­mière est celle de la dissolution, appe­lée Mort, Tombeau, Sépulcre. La se­conde est celle de la fixation; parce que la volatilisation étant nommée Vie, la fixation qui marque le repos, est aussi appelée Mort. Voyez les Fables Egypt. et Grecques dévoilées, liv. 3, chap. 14, § 5 et le liv. 5, chap. 22.

Thesmophore. Surnom de Cérès.

Thespiades. Surnom des Muses.

Thespius. Fils d'Erichteus, Roi d'Athènes, avait cinquante filles, dont Hercule encore enfant jouit en une seule nuit, et en eut cinquante fils. Les Alchymistes entendent par Thespius la matière crue et indigeste des Philoso­phes, dont cinquante parties, regar­dées comme ses filles, mêlées dans le vase avec une seule partie de mercure Philosophique préparé, produisent cha­cune un mâle, c'est-à-dire, acquièrent par l'opération du mercure sur elles, une vertu multiplicative capable de perfectionner chacune un égal poids d'autre matière. Ceci regarde la mul­tiplication de la Pierre Philosophale.

Thesprotie. Contrée de l'Epire, que les Mythologues ont quelquefois prise pour les Enfers.

Thétis ou Thétys. Fille de Nérée Dieu marin, et de Doris. Jupiter l'aima pas­sionnément; mais il n'en approcha pas, parce qu'il avait appris que si elle voyait un Dieu, le fils qui en naîtrait serait plus vaillant et plus puissant que son père. Jupiter la maria en con­séquence à Pelée, et invita toute la Cour céleste aux noces qui s'en firent. La Discorde seule n'y fut point appe­lée,. et la ruine de l'Empire Troyen fut une suite de sa vengeance, comme on peut le voir dans les articles de Paris et d'Achille; et plus au long dans le 6e livre des Fables Egypt. et Grecq. dévoilées.

Thimi Venetiani. Absynthe.

Thion. Soufre des Philosophes au rouge.

Thisma. Filon de mine.

Thita. Magistère des Sages dans sa fixation en couleur de pourpre.

Thoarch. Voyez. thion.

Thoas. Fils d'Ariadne et de Bacchus, devint Roi de l'île de Lemnos, et eut pour fille Hypsiphile. Les femmes de cette île ayant conspiré ensemble pour en faire périr tous les hommes, parce qu'elles s'en voyaient méprisées, Hyp­siphile fut la seule qui n'exécuta pas cet affreux projet : elle sauva son père. Voyez hypsiphile, et le second liv., chap. 1 des Fables Egyptiennes et Grecques dévoilées.

Thon. Médecin Egyptien, dont l'épou­se nommée Polydamna, fit présent à Hélène d'un remède entre autres qui avait la propriété de faire oublier toute espèce de chagrin. Homère, Odyssée, liv. 4.

Thot ou Thaut. Dieu des Egyptiens, n'est autre que Mercure, ou Hermès, c'est-à-dire le mercure des Philosophes Hermétiques. Un Philosophe du même nom prit le surnom de Trismégiste, et inventa toutes les Fables Egyptiennes, desquelles furent imitées toutes les an­ciennes fictions des Grecs. Voyez, hermès, mercure.

Thyeste. Fils de Pélops et d'Hippo-damie, père d'Egisthe, et frère d'Atrée. Voyez atrée, oreste, egisthe.

Thyoné. Nom de Sémélé, lorsqu'elle fut mise au nombre des Déesses.

Thyrse. Espèce d'armure que por­taient Bacchus et les Bacchantes.

Ticalibar. Ecume de mer. C'est l'écu­me de la mer rouge, dont parle Flamel, pour indiquer énigmatiquement la ma­tière de l'Œuvre.

Tiercelet. Composition chymique des Charlatans qui se disent savants dans l'Art hermétique, avec laquelle ils dupent ceux qui sont assez crédules pour leur confier leur bourse.

Tifacum, ou tifacoum. Mercure des Philosophes.

Tifarum,

Tifasum, Soufre Hermétique.

Tifatum.

Tiffarom. Argent-vif.

Tiffatam ou Timpabar. Soufre vif.

Tin. Soufre.

Tincar ou Tinckar. Mercure des Sa­ges cuit et digéré au blanc. Tinckar signifie aussi du borax et du vert-de-gris.

Tingent. Propriété requise à la pierre des Philosophes, ou à leur poudre de projection. Elle doit être tingente, c'est-à-dire propre à donner aux mé­taux imparfaits la couleur et la tein­ture fixe et permanente de l'or ou de l'argent, suivant le degré de perfec­tion auquel on l'a poussée.

Tirésias. Devin célèbre, fils d'Evore et de Cariclo. Hésiode raconte que Tirérias avait changé de sexe pour avoir tué un serpent femelle qui venait de s'accoupler sur le Mont Cyllene, ou le Mont de Mercure, parce que ce Dieu y était venu au monde. Le même Au­teur ajoute qu'il redevint homme au bout de sept ans, après avoir frappé de sa baguette un serpent mâle qui sortait aussi de l'accouplement. Tirésias devint ensuite aveugle, pour avoir regardé Diane nue dans le bain, d'au­tres disent parce qu'il avait décidé pour le sentiment de Jupiter contre Junon, qui étaient en différend pour savoir qui de l'homme ou de la femme trouvait plus de plaisir dans le ma­riage. Jupiter, pour le dédommager de la perte de ses yeux corporels, lui donna la connaissance du présent et de l'avenir.
Tirésias ne signifie autre chose que la matière de l'œuvre changée en eau mercurielle, que les Philosophes ap­pellent leur femelle; ce qui se fait après l'union de deux serpents, tels que ceux du caducée de Mercure. Il faut sept opérations de l'œuvre, pour de cette eau mercurielle faire le soufre appelé mâle; c'est Tirésias qui reprend sa première forme. L'aveuglement qui lui survient pour avoir vu Diane nue dans le bain, est la couleur noire qui survient à la matière en putréfaction dans le second œuvre; car c'est le même aveuglement que celui de Phinée, dont voyez l'article. L'un et l'au­tre prédisaient l'avenir, parce que la couleur noire est la première couleur et le premier signe démonstratif de l'Œuvre, qui annonce qu'on a bien opéré, qu'on est dans la véritable voie qui conduit à la perfection de l'œuvre, et en prédit l'heureux succès. Il n'était pas possible que Tirésias ne vît Diane nue dans le bain, puisqu'il est lui-même ce bain. Heureux et mille fois heu­reux, dit un Philosophe, celui qui a vu Diane nue dans le bain; c'est-à-dire, qui est parvenu à donner par la cuis­son, la couleur blanche à la matière renfermée dans le vase. Voy. diane. Lorsque Homère dit qu'Ulysse invo­qua l'ombre de Tirésias, c'est que l'Odyssée n'est qu'une description des erreurs des mauvais Artistes, qui pren­nent l'ombre pour la réalité, malgré les bonnes instructions que leur donnent les Philosophes dans leurs livres, telles que celles de Circé à Ulysse, aussi lui disait-elle de sacrifier un bélier noir à Tirésias en particulier, et une bonne vache à tous les autres en général. La vache ou le taureau, et le bélier, sont précisément les deux animaux hiéro­glyphiques des ingrédients qui doivent composer l'œuvre, et le bélier est en particulier le symbole du mercure, comme le taureau l'était d'Osiris, sous les noms d'Apis et de Sérapis. Il serait trop long de déduire ici toutes ces ins­tructions; il suffira de dire que Circé recommanda particulièrement à Ulysse de ne point aborder dans l'île du So­leil avant que d'avoir descendu aux Enfers, le ténébreux séjour de Pluton, ce qui revient parfaitement à ce que disent les Philosophes, que celui qui ne voit pas la couleur noire sur­venir la première à la matière dans le vase, doit croire qu'il est dans l'erreur, qu'il a trop poussé le feu, et brûlé les fleurs du compost; ce qui est indiqué plus spécialement par la couleur rouge, livrée du soleil philosophique.

Tirfiat ou Tirsiat. Sel armoniac.

Tisiphone. Une des trois Furies infer­nales. Voyez furies.

Titaia. Voyez titée.

Titan. Fils du Ciel et de la Terre, ou de Vesta, et frère aîné de Saturne, céda à celui-ci son droit sur l'Empire, à condition qu'il n'élèverait aucun des enfants mâles que lui donnerait Ops ou Rhée sa sœur et son épouse, afin que la Couronne revînt à ses enfants. Titan ayant appris que Rhée avait soustrait Jupiter à la dent meurtrière de Saturne, il lui déclara la guerre, et le garda en prison jusqu'à ce que Ju­piter devenu grand, l'en retira, et défit entièrement Titan et ses fils. Voyez jupiter, saturne, et les Fables Egyp­tiennes et Grecques dévoilées, liv. 3, ch. 3 et 4.

Titanos. Plâtre brûlé. Titar. Borax.

Titée. Femme d'Uranus ou du Ciel, devint mère des Titans. C'est propre­ment la terre Philosophique, réduite en boue par la dissolution. Voyez. terre.

Tithon. Fils de Laomédon, Roi de Troye, était d'une beauté si parfaite, qu'Aurore en devint amoureuse, l'en­leva, et en eut un fils nommé Memnon, qui amena des troupes au secours de Priam, pendant que les Grecs faisaient le siège de la ville de Troye, capitale de son Royaume. Voyez memnon.
Tithye. Fils de Jupiter et de la Nym­phe Elare, devint un Géant d'une pro­digieuse grandeur. Jupiter, pour sous­traire sa mère enceinte de lui, aux poursuites de la jalouse Junon, la cacha dans la terre, dans les entrailles de laquelle elle mit au monde Tithye. Elle périt dans l'enfantement, et la Terre prit soin du nouveau né. Devenu grand, il eut la témérité d'attenter à l'honneur de Latone. Apollon et Diane ses enfants vengèrent l'affront qu'il avait voulu faire à leur mère, et le firent mourir à coups de flèches, et précipiter aux Enfers, où il fut con­damné à être sans cesse dévoré par un vautour. La masse de son corps était si énorme, qu'étant couché il couvrait environ neuf arpents de terre.

Tiépoleme. Fils d'Hercule et d'Astioche, se joignit aux Grecs contre les Troyens. Il mena neuf vaisseaux avec lui, et périt de la main de Sarpédon pendant le siège d'Ilium.

Tmeticum. Médicament atténuant.

Tmole. Fils du Dieu Mars et de la Nymphe Théogene, était passionné pour la chasse. Pendant qu'il était dans cet exercice, il aperçut une des. com­pagnes de Diane, qui se nommait Arriphé. La grande beauté de cette Nym­phe fit impression sur le cœur de Tmole; il en devint amoureux, et ne tarda pas à lui faire connaître sa pas­sion. Arriphé, pour ne pas tomber en­tre les mains de Tmole, prit le parti de se sauver dans le Temple de Diane, où Tmole la suivit, et lui fit violence. Arriphé ne pouvant survivre à cet affront, se donna la mort.
Apollon ayant accepté le défi de Pan, qui croyait mieux jouer de la flûte qu'Apollon de sa lyre, Tmole et Midas furent choisis pour juges :
Tmole décida pour Apollon, et Midas adjugea la victoire à Pan. Les Dieux vengèrent ensuite sur Tmole l'insulte faite à Arriphé; ils suscitèrent un tau­reau, qui enleva Tmole, le jeta sur des pieux, dont les pointes le firent ex­pirer dans les douleurs les plus cui­santes. Il fut enterré sur la montagne qui depuis porta son nom. De cette montagne sortait le fleuve Pactole, dont les eaux roulaient des paillettes d'or, depuis que Midas, en s'y bai­gnant, y laissa la funeste propriété qu'il avait reçue de Bacchus, de changer en or tout ce qu'il toucherait. Voyez les Fables Egyptiennes et Grecques dé­voilées, liv. 2, ch. 5 et Liv. 3, ch. 12.

Toison d'Or. La Fable raconte que Jason avec les Argonautes s'exposèrent à une infinité de dangers, pour se met­tre en possession d'une Toison d'or que Phrixus consacra à Mercure, et qu'il suspendit dans la forêt de Mars, près de la ville de Colchos, où Aères, fils du Soleil, régnait. Médée, fille de ce Roi, favorisa Jason dans son entre­prise, et lui enseigna les moyens de surmonter tous les obstacles qui s'op­posaient à l'exécution de son dessein. Comme toute cette Fable est expli­quée très au long dans le chapitre premier du second Livre des Fables Egypt. et Grecques dévoilées, j'y ren­voie le Lecteur. Je dirai seulement que cette toison est le symbole de la ma­tière du Grand Œuvre; les travaux de Jason sont une allégorie des opérations et des signes requis pour arriver à sa perfection, et que la Toison d'or con­quise est la poudre de projection, et la médecine universelle, de laquelle Mé­dée fit usage pour rajeunir Eson, père de Jason, son amant.

Tombeau. Les Philosophes ont sou­vent employé les tombeaux pour former des allégories sur la putréfaction de la matière de l'œuvre. Ils ont dit en conséquence, qu'il fallait prendre la terre des tombeaux, qu'il faut mettre le Roi au tombeau, pour le réduire en cendres, et le faire ressusciter. Flamel et Basile Valentin y ont fait allu­sion plus d'une fois Ils ont aussi pris le tombeau pour le vase. Voyez sé­pulcre.

Topaze. Pierre précieuse de couleur jaune doré; ce qui a fait donner le nom de topaze à la matière de l'Œuvre Hermétique parvenue à la couleur safranée.

Tophus. Matière gypseuse et blanche, ressemblant à la chaux éteinte, et qui se forme particulièrement dans les jointures des os du corps de ceux qui sont sujets à de violentes attaques de goutte.

Topique. Médicament appliqué sur la peau, tel que les emplâtres.

Tordylîum. Seseli de Crète.

Tori. Loupe, excroissance contre na­ture, qui survient aux plantes et aux arbres.

Torréfaction. Voyez digestion.

Tortue. Les Philosophes Hermétiques ont employé la tortue pour symbole de la matière de l'Art, parce qu'elle est cachée sous une écaille fort dure, dont il faut la tirer pour en faire usage. Un d'entre eux a fait représenter Basile Valentin faisant une sauce avec du jus de raisin sur une tortue, pour signifier la manière d'extraire le mercure des Sages de sa mine, et leur grain aurifique qui doit animer ce mercure. C'est pour cela que la Fable attribue à ce Dieu ailé l'invention de l'instrument de Musique appelé Tortue. La ma­nière dont Mercure s'y prit, l'endroit où il trouva cet animal, et les choses qu'il y employa, sont très remarquables. Mercure, dit Homère (Hymne en l'honneur de ce Dieu) Mercure cher­chait les bœufs d'Apollon; en passant sur le bord escarpé d'un antre, il y trouva une tortue, qui lui procura des richesses infinies. Elle mangeait de l'herbe, et marchait très lentement. Mercure, ce fils très utile de Jupiter, ne put contenir sa joie en la voyant, et dit : je me garderai bien de mépriser un signe, un symbole si utile pour moi. Je te salue, aimable nature, tu es pour moi d'un si heureux présage. Comment, étant de la race des co­quillages, vis-tu sur ces montagnes ? Je te porterai chez moi, et tu m'y se­ras très nécessaire. Il vaut mieux que je fasse quelque chose de bon de toi, que si tu restais dehors pour nuire à quelqu'un, car tu es par toi-même un poison très dangereux pendant que tu vis, et tu deviendras quelque chose de bon après ta mort.
Mercure emporta donc la tortue chez lui; et après l'avoir fait périr par le fer, il chercha dans son esprit com­ment il la mettrait en usage, puisque avec elle il devait avoir des riches­ses infinies. Il couvrit l'écaillé avec du cuir de bœuf, après avoir étendu et attaché la peau de la tortue avec des roseaux; il y ajusta sept cordes faites de boyaux de brebis. Il trouva ensuite le moyen de voler les bœufs des Dieux, et les emmena en les faisant marcher à reculons, afin qu'on ne pût savoir le chemin qu'il avait pris.
Le mal que Mercure dit de la tor­tue avant qu'elle soit morte et prépa­rée, et l'utilité dont elle doit être après sa préparation, s'accordent très bien avec ce que disent les Philosophes de leur matière. Elle est un des grands poisons avant sa préparation, et le plus excellent remède après qu'elle est pré­parée, dit Morien. Avec elle Mercure se procura des richesses infinies, tel­les que sont celles que donne la Pierre Philosophais. Le cuir de bœuf et les intestins de brebis ne sont-ils pas les matières desquelles se tire le mercure des Philosophes, puisque le Cosmopo­lite dit qu'il se tire des rayons du So­leil et de la Lune, au moyen de l'ai­mant des Sages, qui se trouve dans le ventre d'Aries. Avec ce mercure il est aisé de voler les bœufs du Soleil. Plusieurs Philosophes orientaux di­saient que la tortue portait le signe caractéristique de Saturne; et si peu qu'on ait lu les livres des Chymistes Hermétiques, il n'est point de Lecteur qui n'en conclue qu'il faut prendre une matière de race de Saturne, pour première matière de l'œuvre.

Toruscula. Résine. Tosarthrus. Voyez esculape.

Tour. Quelques Philosophes ont don­né le nom de Tour à leur fourneau. La Fable dit que Danaé fut enfermée par son père Acrise dans une tour d'airain, pour la soustraire aux pour­suites de ceux qui la rechercheraient en mariage parce qu'il avait appris de l'Oracle que l'enfant qui naîtrait de sa fille, le ferait périr. Jupiter se changea en pluie d'or, et s'étant glissé par le toit dans la tour, obtint les faveurs de Danaé, qui en conçut Persée. Voyez danaé.
tour diaphane. Vase de verre dans lequel on renferme la matière pour faire l'œuvre.

Tourner en rond. C'est faire circuler la matière dans le vase.

Toutes choses. Nom que Basile Valentin a donné à l'œuvre de la pierre des Sages. Elle apporte, dit-il, aux hommes divins toute sagesse et tout bonheur, et de son propre nom on l'appelle Toutes choses. Or celui qui sera curieux de savoir ce que c'est que toutes choses dans toutes choses, qu'il fasse à la terre de grandes ailes, et la presse tellement qu'elle monte en haut, et vole par dessus toutes les monta­gnes, jusqu'au firmament, et alors qu'il lui coupe les ailes à force de feu, afin qu'elle tombe dans la mer rouge, et s'y noie. Ensuite qu'il fasse calciner la mer, et dessèche ses eaux par feu et par air, afin que la terre renaisse; alors en vérité il aura toutes choses dans toutes choses.

Toxicum. Poison, venin. C'est un des noms donnés à la matière du Grand Œuvre, parce qu'en effet elle est un poison très dangereux avant sa prépa­ration, et devient un remède à tous les maux après qu'elle est préparée. Ils ont aussi appelé toxicum leur eau mercurielle, parce qu'elle dissout les mé­taux Philosophiques, et les réduit à leur première matière, ce qu'ils appel­lent tuer, mettre au tombeau.

Trachilium. Gantelée.

Trachsar. Métal encore dans sa mine.

Tragium. Fraxinelle.

Tragoceros. Aloès.

Transmutation. (Phys.) Changement ou altération de la forme d'un corps, de manière qu'elle ne ressemble plus à celle qu'il avait auparavant, et qu'il ait acquis une autre manière d'être tant intérieure qu'extérieure : une au­tre couleur, une autre vertu, une autre propriété, comme lorsque le métal est devenu verre par la force du feu; le bois, charbon; l'argile, brique; la peau, colle; le linge, papier, etc. Toute transmutation se fait par degrés; on en compte communément sept, et les autres que les Chymistes y ont ajoutées, se réduisent à ces sept, qui sont la calcination, sublimation, solu­tion, putréfaction, distillation, coagula­tion et teinture. Paracelse. Ceux qui nient la transmutation métallique, et qui la regardent même comme impossible, sont ou de mauvais Physiciens, ou ne font guère attention à ce que la nature opère à chaque instant sous leurs yeux, et dans eux-mêmes. La na­ture trouvera-t-elle donc plus d'impos­sibilité à faire de l'argent ou de l'or avec une matière qui était auparavant plomb ou mercure, qu'elle en trouvera à former le froment, une rosé, un fruit, avec une matière, qui auparavant était foin, herbe, ou simplement eau de pluie ? ou à former des os, des mus­cles, des nerfs dans un animal, avec une matière qui, avant d'être telle, avait été froment, raisin, herbe ou au­tre aliment ?
La transmutation métallique souf­fre bien moins de difficultés. Les par­ties des métaux, quels qu'ils soient, sont bien plus homogènes entre elles, que ne le sont celles des animaux avec celles des végétaux. Les prin­cipes constituants des métaux étant les mêmes dans tous, il ne s'agit, pour faire de l'or avec du plomb, que de lier les parties principes du plomb avec le même lien qui unit celles de l'or, en séparant les impures. Ce lien existe; la nature aidée de l'Art le manifeste, et l'on ne doit pas juger que la transmutation des métaux im­parfaits en or est impossible ou igno­rée, parce que de faux Chymistes ne font que des transmutations sophis­tiques. La Métempsycose des anciens Philosophes n'était autre que les trans­mutations de la nature, prises dans leur vrai sens physique.

Transudation. Terme de Chymie, qui se dit des eaux ou esprits, quand dans la distillation Us tombent gout­tes à gouttes dans le récipient. Les Philosophes y ont fait allusion, en employant ce terme pour exprimer les vapeurs qui s'élèvent de la ma­tière au haut du vase, et retombent en gouttes sur la terre qui est au fond. Voyez rosée.

Transverse. Qui ne va pas droit. Quelques Chymistes Hermétiques ont employé ce terme dans ce sens-là, lorsqu'ils ont dit que les mauvais Ar­tistes, qu'ils appellent trompeurs, sophistiqueurs, ne sont pas dans la vraie voie des Sages; que les leurs sont transverses, c'est-à-dire erronées, et ils expriment ainsi pour marquer la différence de celle qu'ils suivent dans les opérations de l'œuvre, et qu'ils) appellent pour cela linéaire, droite.

Traumatica. Vulnéraires.

Treizième. Soufre des Sages au rouge.

Trépied. Cercle posé sur trois pieds pour soutenir quelque vase. Les Phi­losophes Hermétiques disent qu'il faut poser sur un trépied le vase qui con­tient la matière de l'œuvre, afin qu'il soit à une distance de la chaleur et de la flamme, suffisante pour la res­sentir sans en être frappé. On prend communément ces expressions dans le sens littéral; mais a-t-on raison? ne serait ce pas une allégorie prise des trois principes qui composent la ma­tière de l'Œuvre, comme de trois pieds, sur lesquels ces trois principes réduits en un seul tout, forment le cercle qui y est appuyé ? On a droit de le conclure, de ce que plusieurs Philosophes appellent ce trépied, no­tre trépied, trépied mystérieux. Un d'entre eux semble même vouloir l'ex­pliquer, lorsqu'il dit : nos trois prin­cipes, soufre, sel et mercure, sont la base de notre œuvre, sur laquelle elle est appuyée comme sur un trépied.
Jason, avant de partir pour la con­quête de la Toison d'or, se munit d'un trépied, dont il fit présent à un Triton qui apparut à lui lorsqu'il se trouva engagé dans le Lac Tritonide. Ce Tri­ton déposa le trépied dans un temple. J'ai expliqué ce que pouvait être ce trépied dans le chap. premier du second livre des Fables Egyptiennes et Grecques dévoilées.
11 est à propos de remarquer ici que l'on voyait peu de temples où i) n'y eût un trépied, surtout dans ceux d'Apollon. Les Mythologues n'en voyant pas précisément l'usage, ont eu raison de ne pas, les mettre au nombre des instruments dont on se servait dans les sacrifices. Ils se sont contentés de dire qu'ils servaient sans doute quelquefois à soutenir des vases sacrés. Il y avait même des trépieds votifs, que des Princes ou des parti­culiers consacraient dans les temples d'Apollon. Hérodote parle dans son livre 9. d'un trépied d'or, que les Grecs victorieux des Perses envoyè­rent à Delphes : « Avant que de faire le partage des dépouilles des ennemis, dit cet Auteur, les Grecs séquestrèrent l'argent et l'or, en prirent un dixième pour le Dieu qu'on révérait à Delphes, et ils en firent un trépied d'or, qu'ils lui consacrèrent, et qu'on voit encore sur un serpent d'airain à trois têtes. » II paraît, par ces dernières paroles, que ce trépied d'or était soutenu sur une autre espèce de trépied, formé par ces trois têtes de serpent. Pausanias dit aussi (in Phoc.) que ce même trépied était soutenu par un dragon d'airain. Pouvait-on mieux in­diquer les trois principes qui sont la base de l'or, ou de l'Apollon Philo­sophique, à qui on les consacrait ?
On trouve une quantité de ces trépieds antiques dans les cabinets des Curieux; on en voit de toutes sortes de figures, et même d'assez singu­liers; la plupart sont d'airain ou de bronze. L'affectation de donner aux pieds la forme de serpents, semble faire une allusion plus particulière­ment indicative des principes de l'Œu­vre, auxquels les Philosophes don­nent pour l'ordinaire les noms de serpents et de dragons. Comme les Dieux d'Homère étaient des Dieux Hermétiques, il n'est pas surprenant qu'il parle de trépieds qui allaient tout seuls à l'assemblée des Dieux;
aussi étaient-ils l'ouvrage de Vulcain.

Trésor Incomparable. C'est la pou­dre de projection, source de tous biens, puisqu'elle procure des riches­ses infinies, et une vie longue sans infirmités, pour en jouir. Quelques Philosophes ont appelé le magistère au blanc trésor incomparable, de même que le soufre parfait au rouge. Le pf6mier, parce que l'Artiste qui a pu parvenir à pousser l'œuvre au blanc, ne peut plus se tromper, et qu'il est assuré de réussir. Blanchis­sez le laton, et déchirez, vos livres, disent les Adeptes, afin que vos cœurs ne soient plus tyrannisés par des in­quiétudes et des chagrins. D'Espagnet dit que celui qui a trouvé le soufre rouge, leur minière de feu céleste, a en sa possession un trésor inestimable, qu'il doit conserver bien précieuse­ment.

Triangle philosophique. C'est la ma­tière de l'œuvre pendant le cours des opérations de l'élixir. Elle est nommée Triangle, parce qu'elle est composée de trois principes, sel, soufre et mer­cure, qui ne font qu'une seule ma­tière et un seul corps homogène, comme les trois angles d'un triangle ne font qu'une figure. Les Sages di­sent que ce triangle est triple. Lei premier est celui qui est composé des trois principes susdits; le second l'est d'une âme, qui est le soufre d'un esprit, ou le mercure, et d'un corps, qui est le sel. Le troisième est fait du soleil, de la lune et du mercure des Sages. Ce triangle travaillé et pré­paré philosophiquement, forme le cercle ou l'or des Sages, dont le carac­tère est le cercle. C'est pourquoi les Chymistes Hermétiques disent que le Grand Œuvre est la quadrature du cercle.

Tricalilîbar. Ecume de la mer, ou matière de la pierre des Philosophes.

Triceps. Surnom de Mercure. Les Poètes l'ont nommé Mercure à trois têtes, parce qu'ils parlaient d'après les Philosophes Hermétiques, qui di­sent que Mercure est composé de trois principes, soufre, sel et mercure; ce qui forme le mercure des Sages.

Triceum. Miel sauvage ou d'au­tomne.

Tricor. Or.

Trident. Les Mythologues ont été fort embarrassés pour trouver la rai­son qui a fait donner le trident à Neptune. Les uns ont dit que comme il était le Dieu des eaux, c'était pour distinguer celles de la mes, l'eau douée, et celle des étangs, qui parti­cipe des deux autres. M. l'Abbé Banier, pour trancher court, a mieux aimé dire simplement que le trident était le sceptre de la plupart des Rois. S'ils avaient fait attention que la Fable dit que Mercure encore en­fant vola le trident de Neptune, les premiers auraient très mal rencontré dans leur explication, et le second n'aurait pas osé avancer la sienne, puisque Mercure ne naquit ni ne fut élevé dans les Etats que M. l'Abbé Banier assigne à Neptune. Les Phi­losophes Hermétiques disent que ce trident est le symbole des trois prin­cipes de l'œuvre, qui se trouvent réu­nis dans le mercure des Sages dès sa naissance même. C'est pour la même raison que la Fable dit aussi que ce petit Dieu ailé et voleur déroba les outils de Vulcain, les flèches d'Apollon, et la ceinture de Venus. Voyez les Fables Egyptiennes et Grecques dévoilées, liv. 3, ch. 7 et ch. 14, § 1.

Trions. Poids de quatre onces.

Triéterides. Fêtes en l'honneur de Bacchus. Voyez les Fables Egyptien­nes et Grecques, liv. 4, chap. 1.

Trigias. Tartre, fèces du vin.

Triobolam. Poids d'une demi-dragme.

Tripater. Matière des Sages, com­posée de trois principes.

Tripolium. Espargoute de mer.

Triptolême. Fils d'Eleusis, naquit précisément dans le temps que son père reçut chez lui Cérès qui cherchait sa fille Proserpine enlevée par Pluton. Elle s'offrit pour être sa nourrice; Eleusis l'accepta, Cérès le nourrissait d'ambroisie pendant le jour, et le ca­chait sous le feu pendant la nuit, sans que le père en eut connaissance. Eleusis, voyant que son fils faisait des progrès surprenants, voulut en décou­vrir la cause; il épia Cérès, et la prit sur le fait. Cette Déesse irritée fit mourir le père; et après avoir ins­truit Triptolême de tout es qui con­cerne l'art de l'Agriculture, elle le fit monter sur un char attelé de deux dragons, et l'envoya par toute la terre apprendre l'art de la cultiver à ses habitants. Voyez les Fables Egypt. et Grecq. dévoilées, liv. 4, ch; 2.

Trismégiste. Surnom de Mercure ou d'Hermès, qui signifie trois fois grand; parce qu'il fut grand Philoso­phe, grand Prêtre, et grand Roi, di­sent les Historiens et les Mythologues;
mais bien plutôt, comme il le dit lui-même dans sa Table d'émeraude, parce qu'il avait les trois parties de la sagesse ou Philosophie du monde universel. Voyez hermès.

Triton. Dieu marin, fils de Neptune et d'Amphitrite, ou de la Nymphe Salacie, ou enfin, selon d'autres, d'Océan et de Téthis. Les Poètes ont feint qu'il accompagnait toujours Nep­tune, avec une espèce de trompette formée d'une conque marine. Il était aussi de la suite de Vénus quand elle naquit de l'écume de la mer, et qu'elle fut portée dans l'île où elle fut dans la suite si révérée. C'est à Triton que Jason fit présent d'un trépied d'airain, pour que ce Dieu marin lui indiquât les moyens de se débarrasser du Lac Tritonide, dans lequel il s'était engagé. Voyez les Fa­bles Egyptiennes et Grecques dévoi­lées, liv. 2, ch; 1.

Trituration. Action par laquelle on réduit un corps en poudre.
trituration. (Science herm.) Lors­que les Philosophes disent qu'il faut triturer les corps, ils n'entendent pas d'une trituration faite dans un, mor­tier ou sur le marbre, mais d'une dis­solution des parties de la matière du magistère, qui se fait d'elle-même dans le vase, avec l'aide du feu, et par la putréfaction. Voyez-en la raison dans l'article composé.

Triturer. Voyez broyer.

Troïle. Fils de Priam. Une des fata­lités de Troye était que cette ville ne serait point prise tant que Troue serait en vie. Il eut la témérité de se mesurer avec Achille, qui le mit à mort. Voyez les Fables Egyptiennes et Grecques dévoilées, liv. 6, ch. 5, Fatalité 6.

Troisième. Soufre des Philosophes digéré et cuit jusqu'à la couleur rouge. On le nomme troisième, parce que le rouge est la troisième des cou­leurs principales que prend la matière de l'œuvre pendant le cours des opé­rations.

Tronus et Tronosia. Noms que quelques Naturalistes ont donné à une espèce de manne qui se trouve au printemps et en été sur les feuilles des arbres. Elle est Manche, douée, gluante, et de bonne odeur; les feuil­les du rosier blanc en sont quelque­fois toutes couvertes.

Tros. Roi de Troye, fils d'Erichto-nius, eut pour fils Ilus, Ganimede et Assaracus. Tros donna son nom à la ville de Troye, qui s'appelait aupa­ravant Dardanie, du nom de son fon­dateur Dardanus. Voyez le livre 6 des Fables Egyptiennes et Grecques dévoilées.

Troye. Ville célèbre de la Phrygie, fondée par Dardanus, et bâtie par Apollon, Vulcain et Neptune, du temps de Laomédon. Priam qui suc­céda à Laomédon, eut un fils nommé Paris, qui ayant été établi par les Dieux arbitre du différend survenu entre Junon, Minerve et Vénus, à l'occasion de la pomme d'or jetée par la Discorde sur la table du festin des noces de Pelée et de Thétis, adjugea cette pomme à Vénus, et encourut par-là la disgrâce des deux autres Déesses. Vénus, pour récompense, lui procura la belle Hélène, femme de Ménelas, que Paris enleva. Ce rapt fut la cause de la guerre que les Grecs firent à Priam, et du siège célè­bre que la ville de Troye soutint pen­dant près de dix ans avant que de se rendre. Ce siège est une allégorie] toute pure des opérations de l'Œuvre Hermétique, comme on peut le voir par les explications que nous en avons données dans le livre sixième des Fa­bles Egyptiennes et Grecques dévoi­lées. Basile Valentin s'est servi de la même allégorie dans son Traité du vitriol; il y parle d'Hector, d'Achille, etc.

Trunoibin. Manne. Tuberosa. Hyacinthe orientale.

Tuer. A deux significations chez les Philosophes hermétiques; il se prend pour dissoudre, et faire tomber en putréfaction. C'est ainsi qu'Hercule' et Thésée tuaient les prétendus mons­tres et les brigands de la Fable. On l'entend aussi de la fixation du vola­til, parce que tuer, lier et fixer, sont une même chose. Flamel a employé le terme tuer dans ces deux sens, lorsqu'il a supposé deux dragons, l'un ailé, c'est-à-dire la partie volatile, et l'autre sans aile, ou le fixe, qui se tuent mutuellement. Le volatil com­mence par dissoudre le fixe, et le fixe à son tour tue le volatil, en le fixant avec lui.

Tumbaba. Soufre vif. Tumbil. Terre.

Turbith Minéral. Est une précipi­tation jaune de Mercure.
Turiones. Pousse nouvelle des. ar­bres.

Turrita, Turritis. Espèce de cres­son. Blanchard.

Tursies. Sel armoniac.

Tusiasi. Soufre vif.

Tydée. Père de Diomede, et fils d'Œnée, mourut à Thèbes. Voyez diomede.

Typha. Roseau, masse de jonc.
Typhon ou Typhœe. Etait fils) du Tartare et de la Terre, selon Hésiode, et de Junon seule, suivant Homère. Cette Déesse, dit ce dernier, indignée de ce que Jupiter avait enfanté Mi­nerve sans connaître de femme, assem­bla les Dieux, et leur en témoigna son chagrin. Elle frappa ensuite la terre de sa main; et ayant ramassé les va­peurs dangereuses et nuisibles qui s'en élevèrent, elle donna l'existence, à Typhon. Sa taille était si démesu­rée, que d'une main il touchait l'Orient, et de l'autre l'Occident; ses pieds étant appuyés sur la terre, sa tête touchait aux étoiles, ses yeux étaient des charbons ardents, et il vomissait des flammes par la bouche et les narines; son corps était couvert de plumes entremêlées de serpents, et ses pieds avaient la forme de la queue d'un dragon. Il se joignit aux autres Géants, pour combattre et détrôner les Dieux, et leur imprima une telle terreur, qu'ils prirent le parti de s'en­fuir en Egypte, où, pour éviter de tomber entre ses mains, ils lui donnè­rent le change, en prenant chacun la forme d'un animal. Mais enfin Apollon lui décocha un si grand nom­bre de flèches, qu'après avoir épuisé toutes celles de son carquois, il vint à bout de lui ôter la vie. Ce Typhon est le même que Python.
En Egypte on disait que Typhon était frère d'Osiris, qu'au retour du voyage que celui-ci fit dans les Indes, Typhon lui tendit des embûches, et le massacra; qu'Isis ramassa les mem­bres épars de son époux, et qu'avec l'aide d'Horus leur fils, elle vengea sa mort par celle de Typhon, et ré­gna en paix. Voyez les Fables Egypt. et Grecq. dévoilées, liv. 1, chap. 3 et 6; liv. 3, chap. 12.

Tyriaque. Voyez thériaque.

Tyrienne (couleur). C'est la couleur de pourpre, ainsi appelée de ce que le coquillage avec lequel on la faisait autrefois, se péchait près de Tyr, ville très ancienne de la Phénicie. Les Adeptes appellent le magistère au rouge, Couleur Tyrienne.

Tyro. Fille de Salmonée, eut deux enfants de Neptune, l'un nommé Pélias, l'autre Nélée, dont voyez les articles.


U

Uffituffe. Odeur du mercure des Sages, aussi forte et aussi désagréable que celle des sépulcres et des tom­beaux.

Ulissipona. Plante connue sous le nom de Serpentaire.

Ulrach. Sang de dragon.

Ulva. Feuille de mer.

Ulysse. Roi des isles d'Ithaque et de Dulichie, fils de Laerte et d'Antichie, était un Prince éloquent, fin, rusé, artificieux, prudent et plein de science.
Il contribua plus que tout autre à la prise de Troye. Il épousa Pénélope, et en eut un fils nommé Télémaque. Ulysse aimait si passionnément Péné­lope, qu'il contrefit l'insensé pour ne pas se séparer d'elle quand il fut in­vité par les Grecs à les accompagner au siège de Troye. Palamede découvrit sa feinte, et l'obligea de partir avec les autres. Ulysse se vengea de Palamede, en lui supposant des intrigues avec les Troyens, et le fit lapider. Voyez pala­mede. Ulysse commença par décou­vrir Achille déguisé sous l'habit de femme, et caché à la Cour de Lycomede, il l'emmena avec lui. Voyez achille. Il engagea Philoctete à ve­nir au siège et à y apporter les flèches d'Hercule, desquelles on ne pouvait se passer. Il tua Rhésus et prit ses che­vaux, il enleva le Palladium avec Diomede, et les cendres de Laomédon, et fit plusieurs autres actions remarqua­bles dont on voit le détail dans la ha­rangue qu'il prononça devant tous les Chefs de l'armée des Grecs, pour que les armes d'Achille lui fussent adju­gées preférablement à Ajax.
Après la prise de Troye, Ulysse tua Orsiloque, fils d'Idomenée, et fit im­moler Polixene aux mânes d'Achille, et il fut cause qu'on précipita Astianax du haut d'une tour.
Ulysse se sépara ensuite des autres Princes Grecs, et se mit en mer pour retourner à Ithaque; une tempête le jeta vers les côtes de Sicile, où Polypheme lui dévora six de ses Soldats. Ulysse trouva le moyen de l'approcher pendant son sommeil, et lui creva l'œil avec un tison ardent. Dé-là après avoir usé de toute son adresse pour sortir de la caverne de ce fameux Cyclope, il fut voir Eole, Roi des vents, qui lui fit présent d'une outre où tous les vents étaient renfermés, excepté le Zéphyre. Ulysse n'en fut donc point battu, jusqu'à ce que ses compagnons eussent l'imprudence d'ouvrir l'outre; les vents en liberté soufflèrent si rude­ment, qu'ils repoussèrent son vaisseau jusqu'à l'île d'Eole, qui refusa de réi­térer la même faveur. En poursuivant sa route, il aborda au port des Listrigons, peuples inhumains qui dévorè­rent plusieurs de ses compagnons. Ulysse en partit bien vite et dirigea sa route vers l'île où Circé faisait son séjour. Cette Enchanteresse transforma en cochons plusieurs de ceux qui ac­compagnaient notre Héros. Ulysse eut recours à Mercure, qui lui donna un remède pour obliger Circé à rendre la forme humaine à ceux qu'elle avait métamorphosés.
Circé accorda ses faveurs à Ulysse, qui en eut deux enfants. Là il consulta Tirésias, et pour cela descendit aux Enfers en prenant les conseils et les moyens que lui indiqua Circé. Voyez circé.
Ulysse, selon Homère, aborda aussi chez Calypso, fille de l'Océan et de Téthys. Calypso régnait dans l'île d'Ogygie, et reçut parfaitement bien ce Héros : elle le retint pendant sept ans et en eut plusieurs enfants. Mercure s'était mêlé de cette affaire, comme il faisait ordinairement de tous les amours des Dieux. La description qu'Homère fait de Mercure à cette oc­casion mérite d'être rapportée.
Jupiter, dit cet Auteur, parla à Mer­cure et l'envoya à Calypso, à la solli­citation de Minerve, pour engager cette Nymphe Déesse à faire un bon accueil à Ulysse, et qu'il pût retourner sain et sauf dans son pays. Mercure fit ce message avec plaisir. Il attacha à ses souliers ses talonnières d'or, au moyen desquelles il volait sur terre et sur mer avec le vent. Il prit aussi son caducée avec lequel il tourne l'es­prit des hommes comme il veut, et les endort ou les réveille à sa fantaisie. Du ciel il descendit sur la mer en te­nant sa baguette à la main, et y était porté sur les vagues très à son aise.
Mercure aborda enfin dans l'île de Calypso, et se rendit à la caverne que cette Nymphe habitait. Il l'y trouva, et un grand feu allumé dans son foyer. Elle y travaillait à la toile, en chantant mélodieusement, et entremêlait de l'or dans la toile qu'elle tressait. Les envi­rons de cette caverne étaient charmants par l'abondance des arbres toujours verts, des fleurs dont les prairies étaient émaillées, et des vignes char­gées de raisins.
La description de ce séjour en­chanté est comparable à celui de Nysa, dont voyez l'article. Les discours et la conversation que Mercure et Calypso tinrent ensemble seraient trop longs, on peut les voir dans le liv. 5, de l'Odyssée.
Au sortir de l'île de Calypso, Ulysse arriva au pays des Phéaciens qui habitaient l'île de Corcyre, et rencontra Nausicaa, fille d'Alcinoiis, Roi de cette île; elle était venue voir laver la lessive; elle accueillit très bien Ulysse et l'introduisit chez son père. Ses Sujets vivaient dans le luxe et l'abondance; la danse, la musique et la joie accom­pagnaient tous les festins. Les jardins d'Alcinoiis étaient superbes, et tout dans le palais était d'une magnificence sans égale. Ce lieu de délices lui était ce semble réservé pour lui faire oublier tous les dangers qu'il avait courus par la rencontre des Sirènes et des écueils de Scylla et de Carybde. Il en partit sur un vaisseau que lui fournit Alcinoiis, et arriva enfin à Ithaque, où s'étant caché chez Eumée, un de ses domesti­ques, il prit des mesures pour se dé­faire de ceux qui courtisaient avec importunité Pénélope, sa fidèle épouse, et qui dissipaient tout son bien malgré elle. Il se défit de tous, et régnait pai­siblement, lorsque Télegone son fils, qu'il avait eu de Circé, arriva à Itha­que. Ignorant qui il était, Ulysse s'op­posa à sa descente, et Télegone en se défendant, lui donna un coup de lance, dont il mourut suivant la prédiction de Tirésias.
J'ai passé beaucoup de traits de l'histoire de ce Héros : on peut les voir dans l'Odyssée d'Homère. J'en ai expliqué les principales circonstances dans le liv. 6 des Fables, ch. 5, fat. 1; on peut y avoir recours. Je dirai seule­ment qu'Ulysse est le symbole de l'Ar­tiste Philosophe dans la description de la guerre de Troye, et le symbole de ceux qui cherchent la pierre sans être Adeptes, dans l'Odyssée.

Umbilicus Marini. Fève. de mer.

Umbilicus Terrse. Cyclamen.

Umo. Etain.

Unedo. Néflier.
Unicorni Mineralis. Terre sigillée rouge.

Union. Volatilisation du corps et coa­gulation de l'esprit; ce qui se fait par la même opération. Les Philosophes l'ont appelée Union de la terre et de l'eau. Cette opération se fait par la putréfaction. Alors les éléments sont confondus, l'eau contient l'air, et la terre contient le feu, les deux ne font qu'un tout appelé Hylé ou Chaos. Cette union de la terre et de l'eau se fait aussi dans la fixation du volatil.
union des esprits. C'est l'eau sèche.
union des ennemis. C'est la fixa­tion de l'eau mercurielle volatile avec le soufre fixe des Philosophes.

Unique. Mercure des Sages.

Unir les Elémens. C'est cuire la ma­tière.

Unquasi. Argent-vif.

Uranns. Voyez cœlus, ciel.

Urina Taxi. Eau de tartre, ou tartre dissous.
Urina Vini. Vinaigre.

Urinai. (Se. Herm.) Fourneau secret des Philosophes, que Flamel dit qu'il n'aurait jamais pu trouver, si Abraham Juif ne l'eût peint avec son feu proportionné, dans lequel consiste une grande partie du secret.

Urinalis Herba. Linaire.

Urine du Méricarde. Eau renfermée dans le péricarde.
urines DES JEUNES colériques.
Mercure des Philosophes, selon Artéphius.
urine ou urine d'enfans. Un grand nombre de Chymistes pensant que l'urine humaine était la vraie ma­tière dont les Adeptes font leur mer­cure, ont travaillé chymiquement l'urine, et l'ont fait passer par toutes les opérations de l'Art. C'est dé-là que nous sont venus l'invention du sel armoniac artificiel, l'esprit volatil d'urine, et le phosphore urineux. Raymond Lulle n'a pas peu contribué à cette erreur, par la recette d'une opération sur l'urine insérée dans ses recettes secrètes, de même que Géber et plu­sieurs autres Philosophes qui ont sou­vent parlé d'urine et d'urine d'enfants, quand ils ont traité de leur matière. Mais Philalèthe a fixé l'idée qu'on de­vait appliquer à ces expressions, lors­qu'il dit qu'elles ne signifient autre chose que leur magistère pariait au blanc, comme on peut le voir dans son Traité De vera confections Lapidis Philosophici.
urine est aussi une mesure des Anciens. Elle contenait quarante livres de vin, ou trente-cinq livres d'huile.

Uritur. Cinabre. Rullandus.

Usfida. Scories d'or.

Ueifer,
Soufre.
Usifur.

Usrub. Plomb, Saturne.


V


Vaccaria. Plante appelée Percefeuille, nommée aussi Vaccaria, de ce que les vaches l'aiment beaucoup.

Vaisseau. Les Philosophes ont sou­vent donné le nom de vaisseau à leur dissolvant, et l'ont aussi appelé vase des Sages.
vaisseau de la nature. On l'en­tend premièrement de l'air, qui reçoit le feu, et le transmet à l'eau; secon­dement, l'eau qui est le réceptacle des semences, et les porte dans la terre; troisièmement, la terre, qui est la matrice dans laquelle se corporifient et se développent les semences. Quand il s'agit de la formation pro­pre des métaux, le vaisseau ou la matrice est le rocher. Mais quand il est question de l'Œuvre, le vaisseau s'entend quelquefois de la matière qui contient le mercure, quelquefois du mercure même.
vaisseau d'hermès. C'est la terre des Philosophes, qui renferme et cache leur feu. Marie, la Prophétesse, dit dans son Dialogue avec Aros que le vaisseau d'Hermès n'est autre que la mesure du feu Philosophique.
vaisseau. Navire. Celui des Ar­gonautes fut composé des chênes parlants de la forêt de Dodone. On disait celui de Thésée immortel ou incor­ruptible. Homère donne l'épithète de noir presqu'à tous les vaisseaux des Grecs, et distingue celui d'Ulysse de tous les autres. Voyez l'explication de ce qui regarde ces vaisseaux dans le liv. 2, ch. 1 ; liv. 5, ch. 22 et le liv. 6 des Fables Egyptiennes et Grecques dévoilées.
vaisseau double. C'est celui de l'art, et celui de la nature. Voyez vase.
vaisseau triple. C'est le fourneau secret des Philosophes. Quelques-uns l'ont interprété du fourneau qui con­tient le vase, qu'ils disent être triple en' prenant Flamel à la lettre, da même que le Trévisan. Ce dernier, en. parlant de la fontaine où le Roi vient se baigner, attiré par l'eau, dit qu'elle est close et enfermée de trois enceintes, afin que les animaux ne puissent pas en approcher. Mais tout cela est allégorique, et le triple vais­seau ne doit pas s'expliquer du four­neau garde-froidure du Trévisan, puis­qu'ils disent tous qu'il ne faut qu'une matière, un vaisseau et un régime de feu.

Vapeur. Les Philosophes disent que la première matière des métaux est une vapeur qui se corporifie et se spécifie en métal, par l'action du soufre auquel elle s'unit dans les en­trailles de la terre. Et comme ils ont appelé le magistère au blanc pre­mière matière de leurs métaux, ils lui ont aussi donné le nom de vapeur. Par ce même terme ils entendent quel­quefois leur mercure dans le tems de la volatilisation, parce qu'il se sublime alors en vapeurs, pour re­tomber en forme de rosée ou de pluie sur la terre qui est au fond du vase, tant pour la blanchir que pour la fé­conder.

Vas Diploma. Vaisseau de verre dou­ble, ou bien épais.
vas fictile. Vaisseau de terre, sans vernis.

Vase. Vaisseau dans lequel on met la matière de l'œuvre, pour qu'elle s'y cuise, s'y digère, et s'y perfec­tionne. Ce vase doit être de verre, comme la matière la plus propre à retenir les esprits subtils, volatils et métalliques du compost philosophique. Ce n'est pas de ce vase-là dont les Chymistes Hermétiques ont fait un mystère, et qu'ils ont enveloppé sous le voile des allégories, des fables et des énigmes. Le vase secret des Phi­losophes est leur eau, ou mercure, et non le vase de verre qui contient la matière. C'est pourquoi ils disent que si les Philosophes avaient ignoré la qualité et la quantité du vase, ils ne seraient jamais venus à bout de l'Œuvre. Notre eau, dit Philalèthe, est notre feu; dans elle consiste tout le secret de notre vase, et la structure de notre fourneau secret est fondée sur la, composition de cette eau. Dans sa connaissance sont cachés nos feux, nos poids et nos régimes.
vase. Philalèthe et plusieurs autres en distinguent deux; l'un contenant, et l'autre contenu, et celui-ci est aussi contenant. Ce dernier est proprement le vase Philosophique; ils l'appellent aludel non verni, mais de terre. Ce vase est le réceptacle de toutes les teintures, et, eu égard à la pierre, il doit contenir vingt-quatre pleins verres de Florence, ni plus ni moins. Philalèthe ajoute que ce nombre de vingt-quatre doit être divisé en deux, c'est-à-dire douze après le mariage. Tous les Philosophes ont bien recommandé à leurs élevés, ou enfants de la science, comme ils les appellent, d'étudier et de connaître la nature de ce vase, parce qu'il est la racine et le principe de tout le magistère. Il faut donc le distinguer du fourneau et du vase contenant, parce que Albert le Grand dit que le contenant engendre le contenu. Hali dit en parlant de ce vase contenu : prenez notre œuf, frappez-le avec une épée de feu, recevez son âme, c'est là son lut. Et Avicenne dit : notre pierre, ou mercure, doit être mise dans deux vases connus.
Les Brahmanes des Indes firent voir à Apollonius de Thyanne un vase rempli d'une flamme couleur de plomb, et cette flamme ne passait point les bords du vase. Voyez le Traité Hermétique à la tête des Fa­bles Egyptiennes et Grecques dévoi­lées.

Vaatier. Safran. Vau. Soufre rouge des Sages.

Vautour. Oiseau de proie très vorace, tenant de la nature de l'aigle. Les Anciens avaient consacré le vautour à Mars et à Junon. Apollon fut appelé Vulturius, ou Apollon aux vautours. La Fable nous représente Prométhée attaché à un rocher du Mont Caucase, et déchiré par un vau­tour, pour avoir volé le feu du ciel. Ces allégories font allusion à l'eau mercurielle ignée, chaude et volatile, qui en dissolvant le fixe, appelé mine de feu céleste par quelques Philoso­phes, semble le dévorer. Voyez pro­méthée. Hermès a fait la même allu­sion, lorsqu'il a dit : je suis le vau­tour perché au haut de la montagne, qui crie sans cesse; aide-moi, je t'ai­derai. Le même Auteur ajoute : Je suis le blanc du noir, le citrin du blanc, et le rouge du citrin, pour indiquer les couleurs successives de l'œuvre.
vautour volant sans ailes. Mer­cure des Philosophes.
Le vautour qui vole dans les airs, et le crapaud qui marche sur la terre, sont le volatil et le fixe, desquels on fait la pierre des Sages.

Ubidrugal. Matière dans une putré­faction parfaite.

Végétable. Lorsque les Philosophes se servent de ce terme, ils n'ont pas in­tention de parler de quelque plante ou autre matière végétale; et il ne faut pas confondre une matière végé­tale ou qui végète, avec une matière végétable, ou qui a une vertu végé­tative. C'est pourquoi ils ne disent pas que leur saturnie est végétale, mais végétable, et ils l'appellent ainsi, suivant l'explication de plusieurs d'en­tre eux, parce qu'elle a une âme végé­tative, qui la cuit, la digère, et la conduit à la perfection désirée. Ils recommandent même tous de ne rien prendre dé végétal pour faire l'œuvre. Ainsi les plantes appelées lunaires ne sont pas celles dont il est fait mention dans les Livres Hermétiques. Il sem­ble qu'ils ont seulement fait allusion aux végétaux, à cause de la verdeur ou couleur verte qui survient en cer­tain temps à la matière de l'œuvre; ce qui l'a aussi fait nommer Lion vert, c'est l'explication de Riplée.
Raymond Lulle dit cependant qu'il faut acuer, ou rendre plus actif, plus pénétrant, leur mercure avec les vé­gétaux; il en nomme même plusieurs tels que la chélidoine, etc. Mais il faut se donner de garde de l'entendre à la lettre, puisqu'il dit dans la Théorie de son Testament ancien : lorsque vous aurez, extrait votre matière de la terre, n'y mêlez aucune poudre, au­cune eau, ni aucune chose étrangère, et qui ne. serait pas de sa nature. Or tout le monde sait que les végétaux ne sont pas de nature minérale et métal­lique. Les Philosophes ont cependant quelquefois donné au vin le nom de grand végétable; mais le vin blanc et le vin rouge de Raymond Lulle sont le menstrue des Sages, et non les vins blancs et rouges vulgaires.

Veine. Pierre au rouge ou soufre des Sages.
veine de vénus. Verveine.

Vener. Mercure.
Venin. Les Philosophes Hermétiques disent que leur pierre est un venin mortel et un poison. Ce qu'il ne faut pas entendre de la pierre, parfaite, puisqu'ils prétendent au contraire que c'est la médecine universelle; mais ils parlent ainsi de la matière qui sert à faire la pierre, et lorsqu'elle est par­venue au noir, parce qu'alors elle est putréfiée, que toute corruption, de ma­tière est un poison mortel.
Plusieurs Philosophes ont aussi donné le nom de Venin à leur mer­cure, parce qu'il dissout tous les corps, avec lesquels on le met en digestion. Ils disent aussi qu'il est un poison mortel avant sa préparation, et qu'il devient thériaque ou contrepoison à tous les maux après qu'il est préparé.
venin est aussi le nom donné au corps dé la matière des Philosophes, qu'il faut joindre avec l'eau mercu­rielle à la propre heure de sa nais­sance. Voyez levain.
Ce nom de venin lui a été donné, premièrement, parce que si, comme dit Zachaire, nous ne le joignons pas à son eau mercurielle au moment de sa naissance, il fera dans le magistère ce que le venin fait dans nos corps, et rendra toute l'opération inutile. Se­condement, parce qu'il ôte à l'eau mercurielle la vie, c'est-à-dire, sa vo­latilité, et que le mercure ne se fixe que par son moyen. Ce qui explique ces termes de Flamel : quand notre matière est parvenue à son terme, elle est jointe avec son venin mortifère. Rofinus dit que ce venin est de grand prix. Haly, Morien et les autres en parlent dans le même sens.
venin des vivans. Mercure des Sages, ainsi nommé de ce qu'il tue et réduit en putréfaction les métaux des Philosophes, appelés vivons, pour les distinguer, des métaux vulgaires.
venin des teinturiers. Poudre de projection, ainsi appelée de ce qu'elle fixe et teint en or les métaux volatils.
venin igné. Mercure en putréfac­tion.

Vent. Air agité. Hermès a dit que le vent l'a porté dans son ventre; Ray­mond Lulle l'a expliqué du soufre contenu dans l'argent-vif. Il a par conséquent pris le vent pour le mer­cure des Sages.
vent blanc. Argent-vif et animé des Philosophes.
vent du ventre. Quelques Chymistes l'ont expliqué de la matière en putréfaction; d'autres du soufre, par la raison apportée dans l'article Vent.
vent citrin. Soufre.
vent d'orient. Pierre au rouge.
vent rouge. Orpiment.
vent double. Basile Valentin (sixième Clef) l'appelle Vulturnus, ou du Sud-sud-est, et dit qu'on a d'abord besoin de ce double vent, et puis d'un vent simple qui se nomme Eurus ou Vent d'Orient, qu'il nomme aussi du Midi. Après qu'ils auront soufflé, l'air se convertira en eau. Tout cela indi­que la volatilisation de la matière qui monte en vapeurs au haut du vase, où elles se condensent, et retombent en pluie. Ce qui l'a fait appeler Vent du Midi, c'est parce que le vent qui souffle de ce côté-là nous donne pres­que toujours la pluie.
vent du nord (le) est contraire à l'extraction du menstrue universel. Ces expressions font allusion à la rosée de mai et de septembre, qui ne tombe pas lorsque le vent du nord souffle. Les Philosophes entendent par ces expressions, que le froid serait contraire aux opérations, ce qui a engagé le Trévisan à donner au four­neau le nom de Garde-froidure. Flamel nous a conservé les figures embléma­tiques d'Abraham Juif, parmi les­quelles on voit un rosier planté au pied d'un chêne, et violemment agité par l'aquilon. On sait en général que la fermentation excite une dilatation de Pair renfermé dans le vase, et cette dilatation occasionne un vent violent, qui fait souvent casser les vaisseaux et les bouteilles. La bière et le vin de Champagne en sont des exemples bien sensibles. Le mélange de certains mi­néraux ou métaux produit le même effet.

Ventre. Les Alchymistes disent qu'il faut nourrir l'enfant Philosophique dans le ventre de sa mère. Par le ventre, ils entendent tantôt le vase ou œuf Philosophique, et tantôt le mer­cure qui a absorbé le soufre, ou le soufre qui a absorbé le mercure; car l'un étant supposé le mâle et l'autre la femelle, quand ils ont été conjoints dans l'œuf, il se fait une corruption, d'où naît une génération métaphori­que d'un enfant qu'il faut nourrir;
non pas en y ajoutant de la matière, ce qui perdrait l'œuvre; mais en don­nant au feu le régime requis.
Les Philosophes disent aussi qu';7 faut remettre ou faire rentrer l'enfant dans le ventre de sa mère, c'est-à-dire, faire dissoudre le fixe dans le volatil, duquel il a pris naissance.
Le vent l'a porté dans son ventre, est une expression qui signifie que le grain fixe, le soufre, était d'abord con­tenu dans le volatil ou le mercure, appelé vent à cause de sa volatilité.
ventre d'aries. Les uns l'interprè­tent du fer, et pensent en conséquence que le fer ou l'acier est la matière du Grand Œuvre; les autres s'imaginent que le ventre d'Aries est le commen­cement du mois d'avril, et qu'il faut prendre pour matière de l'œuvre la rosée ramassée dans ce ventre d'Aries. Mais le Cosmopolite qui en a parlé presque le premier, dit que leur matière est un aimant qui se trouve dans le ventre d'Aries, au moyen duquel ai­mant on extrait l'eau pontique des rayons du Soleil et de la Lune. Il dit, dans un autre endroit, que le nom de cet aimant est acier, que ces deux noms ne signifient qu'une même chose; mais (il y a un autre acier, ajoute-t-il, qui ressemble au premier, que la na­ture elle-même a créé. Celui qui saura le tirer des rayons du soleil par un artifice admirable, aura le premier principe et le commencement de notre œuvre, que tant de gens cherchent.
ventre du cheval. Les Chymistes vulgaires entendent ces termes du fumier chaud de cheval, qui donne une chaleur douée et propre aux diges­tions et aux putréfactions; mais les Chymistes Hermétiques le disent de la matière même de leur Art, pendant qu'elle est au noir ou en putréfaction. Comme cette couleur noire est la première de l'œuvre, ils ont dit que la chaleur du ventre du cheval est le premier feu, ou le premier degré de feu requis pour l'œuvre.

Vénus. Déesse des plaisirs et mère de l'Amour, était fille, selon Homère, de Jupiter et de Dioné; et, suivant l'opi­nion la plus commune, elle naquit des parties mutilées de Cœlus, mêlées avec l'écume de la mer. Une conque marine lui servit de berceau, et les Zéphyrs la transportèrent dans l'île de Chypre, où elle fut élevée par les Nymphes. Quoique la plus belle des Déesses, et toujours accompagnée par les Grâces, elle fut mariée à Vulcain, le plus laid des Dieux; mais aussi s'en plaignait-elle amèrement, et lui fit beaucoup d'infidélités.
Mars la courtisa, et Vulcain, infor­mé par le Soleil, de la bonne intel­ligence qui régnait entre son épouse et le Dieu de la guerre, fabriqua une chaîne imperceptible de fer, dont il n'était pas possible de se débarrasser quand on y était pris; il retendit sur le lit de Vénus, et quand Mars voulut en approcher, ils s'y trouvèrent saisis.
Vulcain qui se tenait caché aux aguets, les ayant découverts, cria si fort, qu'il fit assembler tous les Dieux à ses cris dans sa maison d'airain, et exposa les deux captifs à leur risée. Je les retien­drai ainsi liés, disait Vulcain, jusqu'à ce que le père me rende tout ce que je lui ai donné pour avoir son effron­tée de fille. Neptune qui excite les tremblements de terre, y vint; Mercure, ce Dieu si utile, s'y trouva; de même qu'Apollon, ce Roi qui darde si bien une flèche. La pudeur empêcha les Déesses de s'y rendre; mais tous les Dieux qui donnent les richesses aux hommes, se tenaient à l'entrée, et admiraient l'ouvrage de Vulcain. Un d'entre eux dit alors : tôt ou tard on est pris quand on fait mal; qui aurait cru que Vulcain, ce boiteux qui mar­che si lentement, eût atteint et pris Mars, le plus habile de l'Olympe ? Apollon de son côté disait à Mercure :
Mercure, fils de Jupiter, Messager des Dieux, source des richesses, vous ne seriez pas fâché de vous voir ainsi pris auprès de Vénus la dorée. Non vraiment, répondit Mercure, quand même tous les Dieux et les Déesses devraient m'y voir et en rire. C'est ainsi que raillaient tous les Dieux immortels, et Neptune même; mais il sollicitait cependant auprès de Vul­cain la délivrance de Mars, et promit de payer pour lui, en cas qu'il prît la fuite sans le faire. Vulcain se rendit donc à sa prière, et ayant rompu le filet enchanté. Mars se sauva dans la Thrace, et Vénus à Paphos dans l'île de Chypre. Homère, Odys. liv. 8.
De ce commerce naquit Antéros ou le Contre-amour, quelques-uns disent Cupidon.
Vénus eut aussi affaire à Mercure, il en vint Hermaphrodite. Elle aima aussi passionnément Adonis et Anchyse. De ce dernier elle eut Enée. Dans le différend survenu entre Junon, Pallas et Vénus, au sujet de la pomme d'or jetée par la Discorde au milieu du festin des noces de Pelée et de Thétys, Paris choisi pour arbitre, ad­jugea la pomme à Vénus, qui lui fournit les moyens d'enlever Hélène, femme de Ménélas, reconnue pour la plus belle de son sexe. Cet enlève­ment occasionna la guerre de Troye, dans laquelle Vénus prit parti pour les Troyens, et fut blessée par Diomede, dans le même combat où il blessa aussi Mars. Les Egyptiens comptaient Vénus au nombre de leurs grands Dieux. Parmi les fleurs, la rosé était consacrée particulièrement à Vénus, parce que cette fleur avait été teinte du sang de cette Déesse, qu'une de ses épines avait blessée, lorsqu'elle accourait au secours d'Adonis. Le myrte lui était aussi dédié, parce que cet arbrisseau se plaît sur le bord des eaux. Les colombes lui étaient particulièrement consacrées, et on les appelle communément les oiseaux de Vénus; elles étaient attachées à son char.
Le Père Hardouin a donné de l'adultère de Vénus et de Mars une explication aussi spirituelle que sin­gulière, (Apol. d'Hom. p. 200). M. l'Abbé Banier s'en moque, comme de celle de Paléphate. Pour le faire avec raison, il aurait dû en donner une meilleure; mais dans son système il n'était pas possible. Lui ni les autres Mythologues ne sauraient réus­sir tant qu'ils n'auront pas recours à la source des fables, c'est-à-dire à la Philosophie Hermétique. Les Chymistes mêmes vulgaires savent que Vénus est unie avec un feu qui se trouve aussi dans Mars, et qu'ils ont tant d'analogie de nature, que du Mars on peut faire Vénus; il n'est donc pas surprenant qu'il y ait entre eux un amour mutuel, c'est même ce feu ou Vulcain qui les unit et qui forme le lien ou la chaîne dans laquelle il les embarrassa. Le Soleil ou l'or décou­vrit leur commerce; parce que ce feu, ce grain fixe qui se trouve dans Mars et Vénus, est de la nature même du Soleil. Et si Mercure ambitionne le sort de Mars, c'est qu'il lui manque ce dont abonde ce Dieu guerrier; voilà la vraie raison qui a engagé Homère à introduire Apollon ou l'or des Philosophes, comme faisant ce reproche à Mercure. Mars et Vénus ne sauraient être déliés qu'à la prière de Neptune, ou de l'eau, parce que cette séparation ne peut se faire que par la dissolution en eau, par le moyen du même feu interne appelé Vulcain. Les épithètes qu'Homère donne aux Dieux acteurs et spectateurs sont suffisantes pour prouver la vérité de mon expli­cation. Il dit de Mars qu'il se servait d'un frein d'or; il appelle Vénus dorée, Mercure, source des richesses et Nep­tune, celui qui excite les tremblements de terre. Le tremblement de terre qu'il excite n'est autre que la fermen­tation. Homère fait plus; il désigne la cause de l'alliance de Vulcain avec Vénus, en disant que sa maison, celle même où les Dieux s'assemblèrent, celle où Vénus fit affront à son époux, était une maison d'airain. On trouve l'explication des autres traits de la fable de Vénus dans le liv. 3, chap. 8, des Fables Egypt. et Grecq. dévoilées.

Vera Lilium. Mélange de Mercure sublimé avec le régule.

Vergilies. Nom des Pléiades. On donne aussi ce nom aux plantes nou­velles du printems.

Vérité. Les Anciens regardaient la Vérité comme une Déesse, fille de Saturne. Philostrate dans l'image d'Amphiaraûs, représente la Vérité comme une jeune Vierge, couverte d'un habit dont la blancheur est celle de la neige. Démocrite disait que la Vérité était cachée dans le fond d'un puits. Les. Philosophes Hermétiques expliquent ce puits des allégories, des fables et des énigmes dans lesquelles la vérité de la science Hermétique et ses opérations sont ensevelies comme dans l'obscurité d'un puits très pro­fond, duquel il est très difficile de pouvoir la tirer.

Verre. Matière dure, sèche, cassante, transparente, formée de l'humide radical incorruptible des mixtes, par la violence du feu, qui en sépare les parties hétérogènes et combustibles.
Plusieurs se sont imaginés que le verre ou la matière dont on le fait, était celle que les Philosophes emploient pour faire leur pierre; parce que le verre est une matière très fixe, et que tout se réduit en verre par une longue et violente action du feu. Ce n'est cependant pas l'idée qu'il faut appli­quer au terme de verre, lorsqu'on le trouve dans les ouvrages des Philo­sophes; quoique Raymond Lulle inter­rogé sur ce qu'était un Philo­sophe, répondit : c'est celui qui sait faire le verre. Ce savant homme en­tendait, comme les autres Adeptes, leur magistère au blanc, qui est une matière claire, luisante, et ayant l'éclat du verre. C'est l'interprétation de Philalèthe dans son Traité qui a pour titre : Enarratio methodica trium Medicinarum Gebri, pag. 39.
verre de pharaon, ou verre malléable. Les Sages ont souvent dit qu'ils avaient le secret de rendre le verre malléable, au moyen de leur élixir. L'histoire nous apprend qu'un homme fut puni de mort pour en avoir présenté un vase à un Empereur Ro­main. Les Philosophes ne s'exposeront pas à un danger semblable. D'ailleurs il faut les expliquer de leur pierre au blanc. Quelques-uns l'entendent de la poudre même de projection, parce qu'elle est incorruptible, et qu'elle résiste comme le verre à l'action du feu le plus vif, sans en être altérée, ni volatilisée.
verre des philosophes. S'entend quelquefois du vase dans lequel se fait l'œuvre.
verre philosophique qui a pou­voir sur toutes choses. C'est la poudre de projection, qui change tous les métaux en sa nature, et fait des im­pressions sur tous les individus des trois règnes, en les guérissant de leurs infirmités. Elle s'allie avec tout, se dissout dans toutes sortes de liqueurs, et pénètre les corps les plus durs et les plus compactes. Comme petit monde, elle agit sur les astres mêmes;
et comme aimant universel, elle en pompe les influences les plus pures, pour les communiquer aux corps avec lesquels on la mêle. Elle agit jusque sur les esprits, dont elle développe les facultés, et les rend capables de péné­trer dans les secrets les plus cachés du sanctuaire de la Nature. Raym. Lulle.

Verseau. Signe du Zodiaque. Les Chymistes Hermétiques le prennent pour symbole de la dissolution et de la distillation. Voyez. zodiaque.

Verto. Poids pesant un quarteron, ou la quatrième partie d'une livre.

Vertu du Ciel. Feu implanté et insé­parable de la matière de l'œuvre, qui mis en action par un autre feu, pro­duit le soufre des Philosophes, appelé Minière de feu céleste.
vertu premiere. Les Chymistes Hermétiques ont donné ce nom à leur mercure, et non au mercure vulgaire;
parce que le leur renferme les vertus et propriétés des choses supérieures et inférieures, et qu'il en est la base st le principe.

Vesica AEnea. Cucurbite de cuivre.

Vesaicaria Distillaloria. Voyez l'ar­ticle précédent.

Vesta. Etait fille de Saturne, selon Homère, qui par des raisons connues aux Philosophes, l'a réunie avec Mer­cure dans une Hymne commune. Cette Déesse était, comme Vulcain, le sym­bole personnifié du feu. Pour indiquer que le feu qu'elle représentait, était perpétuel et inextinguible, on établit des Vestales chargées d'entretenir un feu pur dans le temple de la Déesse. Ces Vestales devaient, pour cette rai­son, être vierges, et les Romains fai­saient enterrer toutes vives celles qui par négligence avaient laissé éteindre le feu sacré confié à leurs soins, ou qui avaient laissé donner atteinte à leur virginité. Voyez les Fables Egypt. et Grecq. dévoilées, liv. 3, ch. 4 et liv. 4, ch. 5.

Vestales. Jeunes filles vierges, établies à Rome, et consacrées au service du temple de la Déesse Vesta. Voyez vesta.
Veste Ténébreuse. Matière de l'œuvre au noir.

Vésuve. Montagne du Royaume de Naples. Elle vomit du feu de temps en temps, et il en sort perpétuellement de la fumée. Les Philosophes ont donné les noms de Vésuve et d'Etna, autre volcan, à la matière de leur œuvre, parce qu'elle contient un feu naturel, qui se manifeste quand on sait le développer et le mettre en état d'agir.

Vêtir le pourpoint de pourpre, le man­teau royal, la chemise blanche, la veste ténébreuse, sont des expressions qui ne signifient que cuire, digérer la ma­tière de l'œuvre jusqu'à ce qu'elle prenne les couleurs dont parlent les Philosophes. La veste ténébreuse est la couleur noire, la chemise blanche est la couleur blanche, le manteau royal et le pourpoint de pourpre sont la couleur rouge. Ce dernier est celui que prit Apollon pour chanter la vic­toire remportée par les Dieux sur les Géants. Voyez, la neuvième Clef de Basile Valentin.

Viande du Cœur, Mercure des Phi­losophes, principe des métaux et qui leur sert de nourriture. Il est particu­lièrement celle des métaux Herméti­ques, parce qu'il les nourrit dans le vase, les fortifie et les conduit à la perfection.
viande des morts qui les fait ressusciter. C'est le mercure des Sages, qui tue les vivants, et donne la vie aux morts; c'est-à-dire qui dissout et fait tomber en putréfaction les métaux Philosophiques, appelés vivons pour les distinguer de ceux du vulgaire, et rend ceux du vulgaire métaux des Phi­losophes, par conséquent métaux vivants.

Victoire (Remporter la). C'est cuire la matière de l'œuvre jusqu'à ce qu'elle ait acquis la couleur blanche. Telle est la victoire que Jupiter remporta sur les Géants. Mais chanter la victoire, c'est pousser la cuisson jusqu'à la cou­leur de pourpre. Voyez pourpre.

Vicunirae. Bézoart.

Vie. Les Philosophes disent que leurs métaux ont vie, et que ceux du vul­gaire sont morts. Ils appellent aussi Vie et Résurrection, la couleur blan­che qui survient à la matière après la couleur noire. Ils donnent aussi la vie à leur mercure, et disent qu'il faut unir la vie avec la mort, pour que le mort tue le vivant, et qu'ils ressusci­tent ensemble. Les Philosophes ajou­tent aussi qu'il faut joindre la vie à la vie, c'est-à-dire, des deux substan­ces mercurielles du Trévisan, n'en faire qu'une pour composer le mer­cure double.
Rappeler les morts à la vie, c'est volatiliser le fixe; et ôter la vie aux vivons, c'est fixer le volatil. La Fable donnait ces propriétés à Mercure. Ainsi la vie est le mercure, et la mort est le soufre des Sages. Voyez Avicennœ declaratio lapidis Physici, filio suo Aboadi.

Vieillard des Philosophes. Ces ter­mes ont deux sens. On prend ce Vieillard communément pour le sou­fre des Sages; mais quand on con­sidère le mercure comme le principe des métaux, on le nomme le Vieillard.
Le Vieillard rajeuni est le soufre ou l'or des Philosophes réincrudé et ré­duit à sa première matière, ou en mercure duquel il a été fait. V. res­susciter, esculape. C'est dans ce sens-là qu'il faut entendre les Philo­sophes, quand ils parlent du rajeunis­sement que produisait l'eau de la fon­taine de Jouvence, et les fables lors­qu'il y est question de ce que fit Médée pour redonner à Eson toute la vigueur d'un jeune homme.

Vierge. Lune ou eau mercurielle des Philosophes après qu'elle a été puri­fiée des soufres impurs et arsenicaux auxquels elle avait été mariée dans sa mine. Avant cette purification, elle est nommée la Femme prostituée. Les Adeptes ont donné à cette Vierge le nom de Beja; et l'Auteur de l'Œuvre secret de la Philosophie Hermétique dit, que sans donner atteinte à sa virginité, elle a pu contracter un amour spirituel avant que de s'unir par un mariage avec son frère Gabritius, parce que cet amour spirituel ne l'a rendue que plus blanche, plus pure, plus vive et plus propre à l'objet du mariage. Prenez donc, ajoute-t-il (Can. 58), une vierge ailée, très pure et très nette, pénétrée et animée de la semence spi­rituelle du premier mâle, et néan­moins vierge quoiqu'elle ait conçu;
vous la connaîtrez à ses joues ver­meilles; joignez-la à un second mâle, sans crainte d'adultère; elle concevra de nouveau par la semence corporelle du second, et mettra enfin au monde un enfant Hermaphrodite, qui sera la source d'une race de Rois très puissants.
Ils ont encore appelé Aigle cette vierge ailée, et le second mâle Lion. Voyez ces deux articles.
vierge est aussi le nom d'un des signes du Zodiaque. Voyez zodiaque.

Vigne des Sages. Matière de laquelle les Chymistes Hermétiques extraient leur mercure.

Vin. Raymond Lulle, Jean de Roquetaillade, connu sous le nom de De Rupe Scissa, ont beaucoup parlé du vin rouge et du vin blanc comme prin­cipe et matière de la quintessence Philosophique. Il ne faut cependant pas les prendre à la lettre; car quoi­qu'on puisse tirer une très bonne quin­tessence du vin ou du tartre, inutile­ment les travaillerait-on pour en ex­traire le dissolvant des Philosophes, Ils n'en ont ainsi parlé que par simi­litude; et Paracelse dit que ceux qui ne peuvent trouver l'alkaest des Phi­losophes ou leur mercure, n'ont qu'à travailler à volatiliser le tartre, et qu'ils trouveront au moins quelque chose d'utile. Plusieurs expliquent ce que je viens de rapporter de Paracelse, de son grand ou petit circulé. Le vin des Sages est leur menstrue ou dissol­vant universel, et la vigne de laquelle il se tire, est une vigne qui n'a qu'une racine, mais plusieurs rejetons qui en sortent; et de même qu'un sep a plu­sieurs branches qui produisent des rai­sins, mais dont les uns par accident n'acquièrent pas une maturité aussi parfaite que les autres, le sep, qui pro­duit les raisins Philosophiques est sujet à des accidents qui empêchent Ta maturité de quelques-uns et les laissent en verjus. Ils ont tous la même racine pour nourrice, mais la sève n'a pu se digérer également. Et de même qu'avec un mélange de bon vin fer­menté et du verjus en ferait une 'espèce de vinaigre dissolvant de beau­coup de mixtes de la nature, de même avec le verjus et le bon vin des Phi­losophes on fait leur vinaigre dissol­vant, ou vinaigre très aigre.

Vinaigre. Eau mercurielle des Sages, ou leur dissolvant universel, leur lait de vierge, leur eau pontique; c'est le vinaigre de la nature, mais composé de différentes choses sorties d'une même racine.
vinaigre antimonial saturnien. Matière du magistère préparée pour être mise dans le vase, et digérée sui­vant le régime philosophique. Prends, dit Artéphius, de l'or crud, battu en feuilles, ou en lames, ou qu'il soit calciné par le mercure, et le mets en notre vinaigre antimonial saturnien, et du sel armoniac, et mets le tout dans un vase de verre.
vinaigre des montagnes. Le mê­me que vinaigre simplement dit, mais appelé vinaigre des montagnes, parce que les Chymistes Hermétiques don­nent le nom de montagne aux métaux. Voyez montagne.
vinaigre TRÈS-AIGRE OU vinaigre
rectifié. Est, selon les Chymistes, du vinaigre distillé plusieurs fois et cohobé à chaque fois sur ses fèces. Il de­vient si violent et d'une nature si ignée, que quelques-uns ont prétendu qu'il dissolvait les pierres et les mé­taux; mais ce n'est pas une dissolution radicale comme celle du mercure des Philosophes; elle est de la nature de celle des eaux-fortes, qui ne produi­sent qu'une division des parties, et qui ne réduisent pas les métaux à leur pre­mier principe; ce que fait le vinaigre très aigre des Philosophes, c'est-à-dire leur mercure.

Vingt-Un. Il faut être Adepte pour savoir la raison que les Philosophes ont eue de donner le nom de vingt-un à leur magistère au blanc; et l'expliquer ici, ce serait violer une partie du se­cret qui leur est si fort recommandé;
aussi n'en disent-ils rien dans leurs ou­vrages, et Philalèthe s'est contenté de nous dire, comme par grâce, que les Philosophes entendent par vingt-un la même chose que soufre, et une racine do l'Art, ou le sel des métaux; ce qui revient à leur matière cuite et digérée au blanc pariait.

Vinum Contractum,

Vinum Correctum,
Esprit de vin rectifié
Vinum Essencificatum,

Vinum Aiccolisatum.

Vinum Caprinum. Urine de chèvre.

Vinum Easatum. Vin dans lequel on a fait digérer, infuser et macérer des plantes, tels que le vin d'absinthe, etc.

Vinum Cos. C'est du vin excellent, et qui a toutes les qualités suivantes qu'exige l'Ecole de Saleme.
Vina probantur odore, sapore, nito-re, colore.

Vinum Hippocraticum. Vin dans le­quel on a mêlé du sucre et des aro­mates.

Vinum Medicatum. Vin dans lequel on a fait infuser des drogues médici­nales, tel que le vin de quinquina.

Vipère. Matière des Philosophes en putréfaction, ainsi nommée parce qu'elle est alors un des plus violents et des plus actifs poisons qu'il y ait; c'est pour cela que les Philosophes disent que leur matière est un grand poison avant sa préparation, et un souverain remède après qu'elle est préparée, de même que la vipère. Philalèthe recom­mande aussi très expressément de se tenir sur ses gardes, quand on tra­vaille cette matière, et d'en préserver ses yeux, son nez et ses oreilles.
vipere de rexa. Matière de l'œuvre parvenue à la couleur noire. Prends la Vipère de Rexa, coupe-lui la tête; c'est-à-dire, ajoute Flamel, ôte-lui sa noirceur.

Virago. Voyez. eve.

Viriditas Solis. Les Chymistes vulgai­res donnent ce nom à l'huile de sel;
et les Philosophes à la matière de la­quelle ils extraient leur eau céleste.

Visite des choses cachées. Dissolvant des Sages, qui pénètre les corps les plus durs, et en extrait la teinture qu'ils cachent et renferment.

Visqualens. Guy, espèce d'arbuste qui croît sur les arbres.

Vitrification. Cuisson de la pierre au rouge.

Vitriol. Il est peu de matière qui ait tant exercé les Chymistes que le vitriol commun. Ils l'ont pris pour la matière du magistère des Philosophes; et il faut avouer que rien n'était plus propre à tromper ceux qui prennent les pa­roles des Sages à la lettre. Ils se sont d'ailleurs tant répandus en éloges sur ce sel minéral, qu'il est bien difficile de ne pas donner dans le piège qu'ils tendent aux ignorants, au moins en ap­parence, puisqu'ils avertissent tous qu'il ne faut pas s'arrêter aux mots, mais au sens qu'ils cachent. Ils ont en conséquence proposé l'énigme suivan­te, dont les lettres initiales de chaque mot réunies sont Vïtriolum. Visitabis interiora terrœ, rectificando inventes occultum lapidem, veram medicinam. Quelques-uns, au lieu d'occultum la­pidem ont mis oleum Umpidum. Tout l'œuvre et sa matière sont, disent-ils, contenus dans ces paroles. Mais com­me ce terme de vitriol est équivoque, et qu'il peut s'entendre de tous les vitriols tant naturels qu'artificiels, ex­traits des pyrites, des minéraux, des eaux vitrioliques ou des métaux, les Chymistes ont eu tort de l'appliquer en particulier au vitriol Romain, ou à celui de Hongrie, dont le premier participe de Mars, et le second de Vénus. Il est vrai que Rupe Scissa dit qu'il faut prendre le Romain; mais s'il avait fallu en faire usage comme étant la matière de la pierre, l'aurait-il nommé par son nom propre ? Quand on sait qu'ils cachent le nom propre de la matière presque avec plus de soin que tout le reste, on se tient sur ses gardes contre l'ingénuité apparente de ces Auteurs.
Planiscampi a expliqué cette espèce de logogriphe Visitabis, etc., du vitriol de l'or fait avec l'huile de Saturne; d'autres l'ont entendu du vitriol de l'argent fait par le même moyen. Le premier, dit cet Auteur, sert à tra­vailler au rouge, et le second au blanc. Si à ces deux vitriols joints ensemble par due proportion, on ajoute le mer­cure de l'or, et le tout passé par le feu des vrais Chymistes, on le rendra, dit-il, semblable en vertu, en puissance et richesse à ce magnifique Prince que plusieurs cherchent et que peu trou­vent.
En parlant des cristaux d'étain ou vitriol de Jupiter, Planiscampi observe qu'étant mêlés avec celui du mercure et réduits en huile, cette huile rend le soufre solaire végétal. Roger Bacon qui avait observé la même chose, en fut si étonné, qu'il commença son Traité qui a pour titre, Miroir des sept chapitres, par le nom de Jupiter, et chaque chapitre a pour commence­ment une des lettres de ce nom mis en logogriphe comme celui de Vitriolum. Les voici : In Verbis Prœsentibus Inverties Terminum Exquisitum Rei. On n'en aurait pas moins de tort de regarder cette préparation comme un acheminement à l'œuvre des Philoso­phes; quoique les dernières lettres de chaque mot qui finit chaque chapitre, étant réunies, composent le mot Stannum : favor, projectromS, deleT, totA, tameN, bitumeN, nutU, œtrnuM. Bacon avait en vue tout autre Jupiter que l'étain commun.
Il ne faut donc pas s'amuser à tous ces pièges que les Philosophes tendent aux ignorants, et à ceux que l'amour des richesses tyrannise assez pour leur faire risquer les biens réels dont ils sont en possession, pour courir après des monts d'or qu'on leur promet. Ceux qui voudront pénétrer dans le sens caché de ces paroles, Visitabis, etc., doivent étudier la Nature et ses procédés, les combiner avec ce que disent les Auteurs Hermétiques, et voir ensuite si ce qu'ils disent de la matière de l'œuvre peut convenir à ce que la Nature emploie pour semence des métaux, non pas précisément comme semence éloignée, mais pro­chaine, et de quelle matière on doit l'extraire. Etre ensuite bien convaincu, tant par l'expérience journalière, que par ce que disent les Philosophes, qu'on ne doit pas prendre les deux extrêmes, mais le milieu qui participe des deux. Comme pour faire un hom­me, on ne réussirait pas en prenant une tête, un bras et les autres mem­bres d'un homme parfait, ni la pre­mière semence éloignée qui se trouve dans les éléments, les plantes et les animaux qui servent à sa nourriture, mais la semence propre de l'homme travaillée dans lui-même par la nature. On réussirait aussi mal, si pour faire du pain on prenait du grain de fro­ment tel qu'il est, ou du pain déjà cuit et parfait. Ce n'est ni l'un ni l'autre, mais la farine, qui est faite du grain, et travaillée pour cet effet.
Les Philosophes assurent qu'on ne peut parler plus clairement de la ma­tière et des opérations de l'Œuvre que l'a fait Hermès dans sa Table d'Emeraude, en ces termes :
« Ceci est vrai, et sans mensonge, ce qui est dessous est semblable à ce qui est dessus. Par ceci on a et on fait les merveilles de l'œuvre d'une seule chose. Et comme tout se fait d'un par la médiation d'un, ainsi toutes choses se font par la conjonction. Le Soleil en est le père, et la Lune la mère. Le vent l'a porté dans son ventre. La Terre est sa nourrice, la mère de toute perfection. Sa puissance est parfaite, s'il est changé en terre. Séparez la terre du feu, et le subtil de l'épais avec prudence et sagesse. Il monte de la terre au ciel, et redescend du ciel en terre. Il reçoit par-là la vertu et l'efficacité des choses supérieures et inférieures. Par ce moyen vous aurez la gloire de tout. Vous chasserez les ténèbres, toute obscurité et tout aveuglement; car c'est la force des forces qui surmonte toutes forces, et qui pénètre les corps les plus durs et les plus solides. En cette façon le monde a été fait, et les conjonctions surprenantes et les effets admirables qu'il produit. Voilà le chemin et la voie pour faire toutes ces merveilles. C'est ce qui m'a fait donner le nom d'Hermès Trismégiste, ou trois fois » grand, ayant les trois parties de la sagesse ou philosophie du monde universel. Voilà tout ce que j'ai à dire de l'œuvre solaire. »
Pour accompagner cette Table d'Emeraude, on y a joint un emblème chymique enfermé dans un double cercle. Entre les deux circonférences sont écrites les paroles que j'ai rap­portées, Visitabis, etc. D'un côté on voit le Soleil, au-dessous le caractère de Mars, et au-dessous de Mars celui de Saturne. De l'autre côté est la Lune, au-dessous Vénus et puis Jupi­ter. Au milieu est une coupe dans la­quelle tombent un rayon du Soleil et un rayon de la Lune; et sous le pied de cette coupe est placé, comme pour soutien, le caractère astronomique de Mercure. Au-dessous de tous ces ca­ractères sont d'un côté un Lion et de l'autre une Aigle à double tête, comme celle des armes de l'Empire. L'un marque le fixe et l'autre le volatil. Les amateurs de cette Science pourront faire leurs réflexions là-dessus.
On peut dire en général que le Vi­triol vert des Philosophes est leur ma­tière crue, leur Vitriol blanc est leur magistère au blanc, et leur Vitriol rou­ge, ou leur Colcotar, est leur soufre parfait au rouge.

Vitriola Metallica. Sels des métaux.

Vitriolum Novum. Vitriol blanc.

Vitriolum Lîquefactum. Vitriol li­quide, ou eau vitriolique des mines qui ne peut se cristalliser. Planiscampi.

Vitrum Hyacinthinum. Verre d'anti­moine.

Vitrum Philosophorum. Alambic, ou le vase de verre qui contient la ma­tière de l'oeuvre.

Vittelum Poli. Alun.

Vivification. Volatilisation de la ma­tière fixe, à l'aide du mercure.

Vivifier. Donner la vie. Voyez vie.




Voarchadumie. Art libéral doué de la vertu de la Science occulte. C'est ce qu'on appelle autrement la Science ca­balistique des métaux. Jean-Augustin Pantheus, Prêtre Vénitien, en a fait un Traité, que l'on trouve dans le second volume du Théâtre Chymique. Il dit que cet Art n'a point l'avarice pour objet, qu'il est possible, vrai, néces­saire; mais qu'il ne doit être communi­qué qu'aux enfants des Sages. Il en donne trois définitions. Nous avons rapporté la première, voici les autres. Cet Art est comme un régime secret qui démontre et fait voir clairement la disposition, l'illumination, la conver­sion, la constriction, la rétention, la métallification, la purification, la mul­tiplication, et la proportion des corps naturels, et de cette espèce d'onctuo­sité inconnue au vulgaire, qui cause l'adhésion des différentes parties de ces corps entre elles : qui explique les liens invisibles de l'âme et du corps, le caché et la chose cachante, le dense et le rare, le divin et l'humain, la forme et la matière, le fixe et le volatil, les mé­taux et les pierres, le dur et le mou, le pur et l'impur, le simple et le mixte; le tout par un artifice institué par le Dieu tout-puissant, au moyen du feu, de l'air, de l'eau, de la terre, ou sous le grand Arcane des quatre lettres hé­braïques lamed, kuph, cadic et samech, qui signifient dans la Voarcha­dumie la même chose que zain, nun, mem et iod.
La troisième définition est telle. La Voarchadumie est un Art de veine d'or, qui fournit une substance pleine d'une vertu métallique extractive. Cet Art explique aussi quelle est la forme fixe intrinsèque, et la couleur jaune naturelle de l'or, ses parties hété­rogènes, combustibles, volatiles, que l'Art peut conduire à la perfection. Il définit ensuite la matière de cet œuvre, une substance pesante, corpo­relle, fixe, fusible, ductible, teinte, raréfiée et cachée de l'argent-vif ou mercure et d'un soufre incombustible métallique, réduite et transmuée en vrai or au moyen de la cémentation.
Notre Auteur dérive le terme Voarchadumia des langues chaldéenne et hébraïque, et le compose de Voarch, mot chaldéen qui en français signifie Or, et de Mea à adumot, mots hébraï­ques qui veulent dire de deux choses rouges; c'est-à-dire, de deux cémenta­tions parfaites.

Voiles, ou Voiles du vaisseau de Jason. La Fable dit que ces voiles étaient noires; et comme on explique communément cette fable des opéra­tions du Grand Œuvre, les Philosophes ont donné le nom de Voile à leur ma­tière au noir; parce qu'il n'est pas plus possible de réussir dans le magistère, si l'on ne fait d'abord passer la matière par la noirceur, ou si, comme dit Ray­mond Lulle, on ne la renvoie dans son pays natal, qui est l'Egypte, qu'il serait possible de traverser les mers avec un vaisseau qui n'aurait point de voiles.

Volans. Argent-vif.

Volatil. Qui vole, qui s'élève en haut. qui se sublime au haut du vase dans la distillation, ou qui s'évapore par l'action du feu commun, ou du feu inné dans la matière, cause de la fer­mentation. On dit volatil par comparai­son avec les oiseaux.
Les Philosophes appellent en géné­ral volatil leur mercure ou eau mercurielle au commencement de l'œuvre, par comparaison à la volatilité du mer­cure vulgaire. Cette volatilité leur a donné lieu de nommer ce mercure de tous les noms des choses volatiles, tels que ceux d'Aigle, de Vautour, de Dra­gon volant, d'Air, d'Eau, et d'une infi­nité d'autres noms qu'on trouve répan­dus dans ce Dictionnaire, particulière­ment dans l'article Matière.

Volatiles. Les volatiles nous apportent la matière de la pierre. Ces expressions des Philosophes ont trompé bien des Chymistes, qui prenant les termes à la lettre, ont cru que volatile signifiait oiseau; mais les Adeptes ne parient que par similitudes, et donnent le nom de volatiles aux navires qui nous ap­portent l'or des Indes. Michel Majer l'explique dans ce sens-là au liv. 6 des Symboles de sa Table d'Or, page 270. La vraie Pantaure, dit-il, contient la vertu séminale de l'or, qui est le père de l'œuvre, et le vrai or philosophique. Celui qui cherche cette pierre n'a que faire d'aller dans les Indes pour la chercher dans les creux des montagnes, les volatiles nous l'apportent de ce pays-là, non les petits oiseaux, mais les plus grands, et même les vaisseaux à qui les voiles servent d'ailes.

Volatilisation. Voyez sublimation.

Volatiliser. Rendre une chose volatile de fixe qu'elle était. Tout l'Art consiste à volatiliser le fixe, et à fixer le volatil.

Volonté. Soufre des Sages, ou leur or vif.

Vomissement. Matière des Philoso­phes au noir, parce qu'alors elle est en putréfaction, que la putréfaction dé­veloppe et sépare le bon du mauvais, qu'elle manifeste ce qui était caché, et enfin parce que la Fable dit que Saturne vomit la pierre qu'il avait dé­vorée au lieu de Jupiter, et que dans l'opération du magistère le noir est le plomb, ou le Saturne des Philosophes, auquel succède le gris blanchâtre qu'ils appellent Jupiter.

Voyageur. Mercure des Philosophes, ainsi nommé de ce que la Fable dit que Mercure était le Messager des Dieux.
Les Voyages d'Osiris, de Bacchus, de Néoptoleme, sont des symboles de l'œuvre Hermétique. Voyez les articles de ces Divinités, et les Fables Egypt. et Grecq. dévoilées.

Wamas. Vinaigre des Philosophes.

Vulcain. Fils de Jupiter et de Junon, eut à peine vu le jour que son père le jeta du ciel en terre, parce qu'il le trouva trop laid et trop difforme. Il tomba dans la mer, où Thétis aux pieds d'argent, fille du vieillard Nérée, le reçut, et confia son éducation à ses sœurs (Homère). Vulcain devenu grand, fit son séjour dans l'île de Lemnos. Il épousa Vénus, ou une des Grâces.
Cicéron compte plusieurs Vulcains. Le premier était, dit-il, fils du Ciel; le second du Nil; les Egyptiens qui le regardaient comme un de leurs grands Dieux, le premier d'entre eux, et leur Dieu tutélaire, le nommaient Opas; le troisième était fils de Jupiter et de Junon, ou de Junon seule, selon Hé­siode; le quatrième était fils de Ménalius.
Les Grecs regardaient Vulcain comme le Dieu des Forgerons, et For­geron lui-même. C'est l'idée qu'en donne Diodore de Sicile, lorsqu'il dit que ce Dieu est le premier Auteur des ouvrages de fer, d'airain et d'or, en un mot, de toutes les matières fusibles.
Tous les ouvrages de ce Dieu étaient des chefs-d'œuvre, tels que le palais du Soleil, la chaise d'or à ressort qu'il envoya à Junon pour se venger d'elle, et dans laquelle cette Déesse se trouva prise comme dans un trébuchet, la ceinture de Vénus, la chaîne imper­ceptible dans laquelle il arrêta cette Déesse dans le temps qu'elle était avec Mars, le collier d'Hermione, les armes d'Achille et celles d'Enée, la couronne d'Ariadne, le fameux chien d'airain que Jupiter donna à Europe; Pandore, cette femme qui a tant causé de maux à la terre; les cymbales d'airain dont il fit présent à Minerve, qui les donna à Hercule pour chasser les oiseaux du lac Stymphale; enfin sa propre maison d'airain.
Les Egyptiens sont ceux qui ont honoré ce Dieu avec plus de sentiments de grandeur et de magnificence. Ils lui élevèrent à Memphis un temple su­perbe, et une statue colossale haute de soixante-quinze pieds. Les Rois d'Egypte furent pris pendant longtemps du nombre des Prêtres qui des­servaient ce temple. Le bœuf Apis y était nourri avec beaucoup de soins. Voyez apis. Le lion lui était consacré.
Il n'est pas surprenant qu'on ait re­gardé Vulcain comme le Dieu de ceux qui travaillent aux métaux, puisqu'il est le feu même qui les forme dans les entrailles de la terre. Les chefs-d'œuvre qu'on lui attribue sont des ouvrages purement fabuleux qui indiquent les qualités de ce Dieu, et la façon même de le représenter avec un bonnet bleu est assez remarquable. Ne serait-ce pas pour la même raison qu'on donnait à Neptune une espèce de manteau bleu ? Vulcain est le feu des Philosophes Hermétiques; c'est pourquoi Hermès et les Egyptiens l'avaient en si grande vénération. Voyez l'explication des fables inventées à son sujet, dans les Fables Egyptiennes et Grecques dévoi­lées, liv. 1, sect. 3, ch. 1 et liv. 3, ch. 11.



X


X. On trouve l'X dans quelques Au­teurs pour désigner une once.

Xanthe. Reuve de la Troade, autre­ment appelé Scamandre. Les Anciens disaient que l'eau de ce fleuve avait la propriété de donner la couleur d'or à la toison des brebis qui en buvaient.

Xenechdon. Paracelse a donné ce nom à un préservatif contre la peste, qu'il composait d'arsenic, de dictame, de crapauds et de plusieurs simples. On le porte en amulette. Rullandus.

Xenexton. Voyez xenechdon.

Xeromirum. Onguent dessicatif.

Xiphidium. Glayeul.

Xiphium. Glayeul.

Xir. Matière de l'œuvre au noir, ou en putréfaction.

Xissium. Vinaigre.

Xistan. Vert-de-gris en poudre.

Xoloch Copalli. Gomme copal.

Xylagium. Bois saint.

Xyloaloes. Bois d'aloès.

Xylobalsamum. Bois de l'arbre qui porte le baume.

Xylocassia. Bois de cannelle.



Y


Yalos. Verre.

Yaria ou Jaria. Vert-de'-gris.

Yarim. Vert-de-gris.

Ycar. Médecine Philosophique.

Ydens. Mercure.

Ydricium. Argent-vif.

Ydroceum. Mercure des Sages.

Yeldie. Matière de l'Œuvre Herméti­que. Ce terme signifie aussi quelque­fois le mercure.

Yelion. Verre.

Yercia. Poix noire, ou la matière de l'œuvre en putréfaction.

Yesîr. Terre des Sages. Prenez garde de mettre trop de mercure sur la terre, lorsque vous l'imbiberez : faites en sorte qu'elle en soit seulement cou­verte, et ne faites pas surnager le mer­cure de deux ou trois doigts, comme disent quelques-uns, parce que la terre serait inondée et submergée; mais lorsqu'Yesir sera simplement imbibé, met­tez-le dans votre vase, que vous scelle­rez hermétiquement. Cl. Buccins.

Yeux. La Fable dit qu'Argus avait cent yeux, et que Junon les transporta sur la queue du paon, après que Mer­cure eut tué Argus par ordre de Jupi­ter, qui voulait se défaire de ce gar­dien importun, que Junon avait donné à Io. Ces yeux de la queue de paon sont les couleurs de l'Iris qui se mani­festent sur la matière de l'œuvre pen­dant le cours des opérations. Voyez. argus.
yeux de poisson. Les Philosophes comparent aux yeux de poisson certai­nes espèces de bulles sulfureuses qui s'élèvent au-dessus de la matière de l'œuvre; ce qui les a engagés à dire qu'il fallait tendre des filets, et pêcher le poisson Echéneis qui nage dans la mer philosophique. Quelques Adeptes ont dit que la matière ressemblait alors à du bouillon gras, sur lequel surna­gent des étoiles de graisse : ils ont en conséquence nommé la matière en cet état, Brodium saginatum.

Yfir. Mercure des Philosophes réduit en poudre impalpable, comme les ato­mes qui voltigent aux rayons du soleil.

Ygropissos. Bitume.

Yharit. Matière de l'œuvre parvenue à la couleur blanche, que les Philo­sophes appellent leur argent.

YIé. Voyez hylé.

Yliastrique. Voyez. cagastrum.

Yliastrum. Première matière de la­quelle le soufre, le sel et le mercure des Sages ont été faits.

Yn, Yomo, Vert-de-gris.

Yos.

Yridis. Orpiment.

Yris. Fer, Mars.

Ysir. Pierre des Sages, et le mercure duquel on la fait.



Z


Z. Signifiait autrefois une demi-once; mais quelques-uns l'employaient aussi pour un gros.

Zaaph. Pierre des Philosophes, ou leur soufre parvenu au rouge. Il est ainsi nommé à cause de sa qualité chaude et sèche.

Zaddah. Antimoine.

Zafaram. Limaille de fer brûlée dans un vase de cuivre.

Zaffram. Ocre, terre minérale qui par­ticipe du fer.

Zahau. Magistère au rouge.

Zaibac. Mercure.

Zaibar. Argent-vif. Paracelse.

Zaidir. Vénus, et son vert-de-gris.

Zambac. Jasmin.

Zancres. Orpiment.

Zandarith. Moyenne substance qui participe du corps et de l'esprit, c'est-à-dire, du volatil et du fixe. Artéphius l'explique du magistère au blanc, et dit que c'est la même chose que Corsufle et Cambar.

Zaras. Or.

Zarca. Jupiter, étain.
Zarfa. Etain.

Zarfrahor. Mercure des Philosophes.

Zame. Orpiment des Sages.

Zamec ou Zarneck. Soufre des Philo­sophes.

Zarnic. Orpiment.

Zarsrabar. Argent-vif.

Zatanea. Fleurs d'Agnus-castus.

Zaucre. Orpiment.

Zauhîron. Safran oriental.

Zazar. Sucre.

Zebd. Beurre.

Zebed. Excrément humain.

Zeblicium. Pierre Serpentine.

Zec. Gomme Adragant.

Zeco. Tragacanthe.

Zefr. Poix.

Zegi. Vitriol.

Zeherech Aickas. Vert-de-gris.

Zeida. Mercure.
Zelotum. Pierre mercurielle.

Zelus. Fils de Pallas et de Styx, fut retenu par Jupiter, en récompense de ce que sa mère avait secouru Jupiter contre les Géants. Ce Dieu rendit aussi de grands honneurs à cette Déesse, la combla de présens, et voulut que son nom fût employé dans le serment in­violable des Dieux.

Zemasarum. Cinabre.

Zemech. Pierre Lazul.

Zengifuer. Cinabre.

Zenic. Mercure des Philosophes.

Zéphyre. Vent enfant des Dieux. C'est la pierre au blanc.

Zerachar. Mercure.

Zerci. Vitriol.

Zericum. Arsenic.

Zerifari. Petit-lait.

Zerna. Mousse.

Zernic. Orpiment des Philosophes.

Zerobilem. Zodiaque.

Zerumbeth. Behen.

Zetès. Fils d'Antiope et de Jupiter, et frère d'Amphion. Voyez amphion.

Zethes ou Zethus. Fils de Borée et frère de Cajaïs, fut un des Argonau­tes, et travailla avec son frère à déli­vrer Phynée des Harpies qui le tour­mentaient sans relâche. Voyez les Fa­bles dévoilées, liv. 2, ch. 1.

Zibach. Magistère au blanc.

Zihutum. Mercure.

Zimar. Vert-de-gris.

Zimax. Vitriol vert d'Arabie, duquel on fait l'airain. Planiscampi.

Zimen. Vitriol.

Zinch. Voyez zink.

Zingar. Vert-de-gris.

Zingifur. Cinabre.

Ziniar. Vert-de-gris.

Ziniat. Levain, ferment.

Zink. Minéral métallique, ou mélan­ge de plusieurs métaux non mûrs, au nombre de quatre, mais qui ont l'ap­parence de cuivre. Planiscampi. Le zink vulgaire est une espèce d'anti­moine blanc, qui blanchit l'étain et jaunit le cuivre rouge. C'est avec lui qu'on fait le similor. Quelques-uns le font avec la tuthie. Plusieurs Chymistes ont travaillé sur le zink, parce qu'ils ont cru qu'il était la matière du Grand Œuvre. La Chymie dévoilée de Deloque et les ouvrages de Respour en sont une preuve. Ils se sont ima­ginés qu'il fallait réduire le zink en fleurs, puis en sel et en eau ardente, et le fixer avec le nitre. La Chymie a fait de très belles choses avec le zink.

Zipar. Rhubarbe.

Zit. Soufre rouge des Philosophes.

Zithum. Bière.

Ziva. Pierre des Sages au blanc.

Zizipha ou Zizypha. Jujube.

Ziziphus ou Zizyphus. Jujube.

Zodiaque. Cercle imaginé dans le Ciel, et qu'on suppose posé de biais entre les deux parties du monde. Il est coupé à angles obliques de vingt-trois degrés et demi par l'Equateur au commencement des signes du Bé­lier et de la Balance. Le Zodiaque partage le Monde obliquement à l'égard de l'Equateur, en deux parties égales, dont l'une est appelée septen­trionale, dans laquelle sont les signes septentrionaux; on nomme l'autre par­tie méridionale, et elle contient les signes méridionaux.
L'obliquité du Zodiaque et le cours biaisant du Soleil contribuent à pro­duire la diverse température des sai­sons. Ils servent à la génération des choses vivantes en montant vers no­tre Zénith, et à la corruption en des­cendant vers le Nadir.
On divise ordinairement le Zodia­que en douze parties égales qu'on appelle Signes, dont la suite se compte d'occident en. orient, en commen­çant par le point où le Soleil avan­çant de son mouvement propre, passe de la partie méridionale du globe à la partie septentrionale. C'est le pre­mier degré du premier signe du printemps appelle Aries ou le Bélier. Ces douze signes occupent les douze mois de l'année, et le Soleil entre tous les mois dans un de ces signes, dont les noms sont le Bélier ou Aries, le Tau­reau ou Taurus, les Gémeaux ou Gemini, l'Ecrevisse ou Cancer, le Lion ou Léo, la Vierge ou Virgo, la Ba­lance ou Bilance, le Scorpion ou Scorpius, le Sagittaire ou Sagittarius, le Capricorne ou Capricornus, le Ver­seau ou Aquarius.
Les trois premiers occupent les trois mois du printemps, les trois suivants ceux de l'été, la Balance, le Scorpion et le Sagittaire se trouvent dans l'automne, et les trois derniers dans l'hiver.
Les six premiers sont septentrio­naux, et les six derniers méridionaux. On appelle encore les six premiers ascendants, parce que le Soleil depuis le premier degré du Capricorne jus­qu'à la fin des Gémeaux, monte et s'approche de notre Zénith, ou point central; et les six autres descendons, parce que le Soleil, en y passant, s'éloigne de notre Zénith.
Les Astrologues disent que lors­qu'une planète se trouve dans cer­tains de ces signes, elle a plus de vertu, que ses influences sont plus efficaces, et ce signe est appelé exal­tation; le signe opposé se nomme déaction ou chute, comme si la planète y perdait quelque chose de sa vertu. Ainsi lorsque le Soleil se trouve dans le Bélier, il est dans son exaltation, et la Balance est sa déjection. Le Taureau est l'exaltation de la Lune, et le Scorpion sa chute. Le Lion est l'exaltation de Mercure, et le Ver­seau sa déjection : la Vierge est aussi l'exaltation de Mercure et les Poissons sa chute, parce qu'excepté le Soleil et la Lune, chaque planète a deux signes d'exaltation et deux de déjection, comme elles ont aussi deux mai­sons.
La maison propre du Soleil est le Lion, celle de la Lune est l'Ecre­visse. Celles de Mercure sont les Gé­meaux et la Vierge : le Capricorne et le Verseau sont celles de Saturne, dont la Balance et le Scorpion sont l'exaltation, et le Bélier et le Tau­reau la chute. Jupiter a pour maisons les Poissons et le Sagittaire, pour exaltation l'Ecrevisse, et pour déjec­tion le Capricorne. Les maisons de Mars sont le Scorpion et le Bélier, son exaltation est le Capricorne, et sa chute l'Ecrevisse. Vénus a pour maison le Taureau et la Balance, pour exaltation le Verseau et les Poissons, et pour déjection le Lion et la Vierge.
Ces signes ont aussi des qualités relatives à celles des éléments. Trois sont ignés ou chauds, savoir le Bé­lier, le Lion et le Sagittaire; trois aériens, les Gémeaux, la Balance et le Verseau; trois aqueux, le Cancer, le Scorpion et les Poissons; trois terrestres, le Taureau, la Vierge et le Capricorne.
On en compte aussi six masculins et diurnes, qui sont le Bélier, les Gé­meaux, le Lion, la Balance, le Sagit­taire et le Verseau; et six féminins nocturnes, savoir le Taureau, l'Ecre­visse, la Vierge, le Scorpion, le Ca­pricorne et les Poissons.
Les Egyptiens qui avaient observé les Astres et mesuré leur cours, par­tagèrent l'année en mois et en saisons, la réglant sur le cours du Soleil, et les mois sur celui de la Lune, et divi­sèrent le Ciel en douze parties, à cha­cune desquelles ils donnèrent le nom d'un animal. Lucien (Traité de l'As­trologie judiciaire) ajoute que les Egyptiens révéraient le bœuf Apis en mémoire du Taureau céleste, et que dans l'Oracle qui lui était consa­cré, on tirait les prédictions de la na­ture de ce signe, comme les Africains de celle du Bélier, en mémoire de Jupiter Ammon qu'ils adoraient sous cette figure.
Les Egyptiens crurent donc recon­naître quelques qualités semblables, quelque analogie dans ces signes et les animaux qui les représentaient; c'était sans doute ce qui leur avait aussi donné lieu d'inventer la fable dé la métamorphose des Dieux en animaux, pour éviter de tomber entre les mains de Typhon. . . Duxque gregis fit Jupiter,
unde, recurvis;
Nunc quoque formatur Libys
et cum Cornibus Ammon.
Diane avait pris la figure d'une chatte. Fêle soror Phœbii; Bacchus celle d'un bouc, Proies Semeleia ca-pro; Junon celle d'une vache blan­che, Niveâ Satumia vaccâ; Mercure se cacha sous celle de l'ibis, Cyllenius ibidis alis; Vénus sous celle d'un pois­son, Pisce Venus latuit, ou, comme dit Manilius (Astr. l. 4) : Inseruitque suos squammosis piscibus ignés.
Ces qualités chaudes, froides, aqueuses ou sèches furent donc les raisons qui engagèrent les Egyptiens à donner aux planètes et aux signes du Zodiaque des noms d'animaux, et appelèrent ces constellations maisons ou lieux dans lesquels les planètes faisaient leur séjour passager pendant leur cours.
Quand Hermès ou ses Disciples eurent observé la même analogie en­tre les Planètes et les signes, ou du moins qu'ils eurent imaginé les mêmes qualités dans Vénus et le Taureau, par exemple, ils assignèrent le Tau­reau pour maison à Vénus, Aries pour celle de Mars, Gemini pour celle de Mercure, le Lion pour celle du Soleil, le Cancer pour celle de la Lune, et ainsi des autres.
Les Philosophes Disciples d'Her­mès ont eu égard à toutes ces obser­vations, et s'y sont conformés dans leurs raisonnements sur les sept pla­nètes terrestres, ou les sept métaux. Ils les ont comparés aux planètes cé­lestes, et leur ont supposé un cours qui forme l'année philosophique.
Paracelse dit qu'il faut faire par­courir à Saturne toutes les sphères des autres. Basile Valentin dit dans la 6e Clef : « Remarque qu'il faut que tu soulevés la Balance céleste, et que tu mettes dans le côté gauche le Bélier, le Taureau, l'Ecrevisse, le Scorpion et le Capricorne, et dans le côté droit les Gémeaux, le Sagittaire, le Verseau, les Poissons et la Vierge; fais que le Lion porte or se jette dans le sein de la Vierge, et que ce côté-là de la Balance pesé plus que l'autre. Enfini que les douze signes du Lion Zodiaque faisant leurs constellations avec les sept Gouverneurs de l'Univers, se regardent tous de bon œil, et qu'après que toutes les couleurs seront passées, la vraie conjonction se fasse, et le mariage, afin que le plus haut soit rendu le plus bas, et le plus bas le plus haut. »
Plusieurs Chymistes Hermétiques ont dit qu'il fallait commencer l'Œuvre au printemps, par le cours du So­leil dans les signes du Bélier, du Tau­reau et de Gemini; d'autres en hiver, par le Capricorne, le Verseau et les Poissons. C'est que les uns en s'ex­primant ainsi, ont eu égard à la ma­tière qu'il faut prendre pour faire l'Œuvre, et les autres aux premières opérations. Le Cosmopolite dit que leur mercure se tire du ventre d'Aries, au moyen dé leur acier, que dans un autre endroit il appelle aimant; et ajoute qu'il y a un second acier sem­blable au premier, créé par la Na­ture même : celui qui saura l'extraire des rayons du Soleil et de la Lune, trouvera ce que tant de gens cher­chent.
Un de leurs hiéroglyphes repré­sente Aidas portant sur ses épaules la sphère du Monde, sur laquelle est marquée une partie du Zodiaque, qui renferme les six signes dont j'ai parlé plus haut, et la figure du Soleil entre les signes des Poissons et du Bélier, et la Lune s'y trouve placée entre le Verseau et les Poissons. Le Cosmo­polite, de concert avec les autres Phi­losophes et les Astrologues, placent les planètes différemment des Astronomes. Ceux-ci mettent Saturne le plus haut, ensuite Jupiter en descen­dant, puis Mars, le Soleil, Mercure, Vénus et la Lune. « Afin que vous puissiez mieux concevoir comment les métaux s'allient et donnent leur semence, observez le Ciel et les sphères des planètes, dit le Cosmopolite, (Tract. 9). Voyez que Saturne est le plus élevé, Jupiter lui succède, puis Mars, ensuite le Soleil, Vénus, Mercure et la Lune. Considérez que les vertus des Planètes ne montent pas, mais descendent; et l'expérience nous apprend que dé Vénus on ne fait pas Mars, mais bien de Mars Vénus, parce que celle-ci a sa sphère plus basse. De même on change aisément Jupiter en Mercure, parce que Jupiter est le second en descendant du Ciel, et Mercure le second en montant de la Terre; Saturne est le plus haut, et la Lune la plus basse. Le Soleil se trouvant au milieu, se mêle avec toutes les autres planètes, mais il ne saurait jamais être perfectionné par les inférieures. Sachez donc qu'il y a une grande correspondance entre Saturne et la Lune, au milieu desquels le Soleil se trouve placé; qu'il y a aussi beaucoup d'analogie entre Jupiter et Mercure, de même qu'entre Mars et Vénus, parce que le Soleil se trouve aussi entre ces planètes. »
L'Anonyme qui a joint une figure hiéroglyphique à la Table d'Emeraude d'Hermès, a placé les planètes un peu différemment; il n'a pas eu en vue de présenter leur cours, mais seule­ment leur position relative. Il a mis au haut et sur la même ligne le So­leil et la Lune; au-dessous du Soleil, Mars et Saturne; de l'autre côté sous la Lune, Vénus et puis Jupiter, et Mercure au milieu de toutes.
On voit par ce que nous avons dit jusqu'ici, que le Zodiaque des Philo­sophes n'est pas le même que le Zo­diaque céleste, quoique le premier ait un grand rapport par ses qualités avec le second. Les signes des Philosophes sont les opérations de l'œuvre qu'il faut parcourir pour parvenir à leur automne, dernière saison de leur année, parce qu'elle est celle où ils recueillent les fruits de leurs travaux. Voyez saisons. Ces qualités aérien­nes, aqueuses, chaudes et terrestres, sont les états différons où se trouve leur matière pendant le cours des opérations. L'aérienne marque la vo­latilisation, l'humide ou aqueuse la dissolution, la terrestre et l'ignée la fixation. La dissolution et la putré­faction de leur or est leur hiver; pen­dant ce temps-là leur Soleil cueilli au printemps, parcourt les signes du Ca­pricorne, du Verseau et des Poissons. Dé-là il passe dans les autres signes en rétrogradant toujours, dans cha­que saison, de manière qu'à la fin il se trouve dans le lieu de son exalta­tion d'où il était parti, et puis dans sa propre maison, qui est le Lion porte or, comme l'a dit Basile Valentin. C'est la raison pour laquelle cet Au­teur a dit qu'il fallait le mettre dans la Balance, et le jeter dans le sein de la Vierge, faisant en sorte que ce côté de la Balance pesé plus que l'autre, c'est-à-dire, que le fixe l'emporte sur le volatil. Tous les signes aériens et aqueux sont volatils, et les chauds de même que les terrestres sont fixes. L'air des Philosophes est caché dans leur eau, et leur feu dans leur terre. Celui qui veut étudier la Philosophie Hermétique, doit donc faire l'objet de ses méditations du Zodiaque des Phi­losophes, observer bien sérieusement les qualités relatives de leurs planètes et de leurs signes; voir en quoi ils différent et en quoi ils se ressem­blent, pourquoi l'une trouve son exal­tation dans un signe qui sert de mai­son à l'autre, et d'où cela peut pro­venir; pourquoi on a placé une pla­nète dans un signe plutôt que dans un autre, et enfin quel rapport ont ces signes avec les saisons Philoso­phiques, et la correspondance des planètes relativement à leur position, tant dans les signes, du Zodiaque, que dans le Ciel dont parle le Cosmo­polite.

Zopissa. Poix.

Zoraba. Vitriol.

Zorumbeth ou Zerubeth. Est une espèce de Zédoaire qui a la racine ronde.

Zoticon. Magistère des Philosophes poussé au blanc parfait.

Zub ou Zubd. Beurre.

Zuccaiar ou Zuccar. Fleurs d'Agnus-castus.

Zumec. Soufre des Philosophes au rouge.

Zumelazuli. Magistère parvenu à la rougeur de pavot.

Zunzifar. Cinabre.

Zuniter ou Zitter et Zuviter. Marcassite.

Zymar. Vert-de-gris.



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