MEDULLA ARTIS
Christophle le Parisien
XVe siècle
(Suivi d'une version manuscrite de 1569)
In Dei nomine intemerataque Virginis Maria
Ci commence le livre de Mr Christophle le Parisien
qui est appelé Medulla Artis
Mon très cher frère, considérant le dire des très sages
Philosophes, que entre les sciences, il y a la partie
théoricalle, laquelle est nommée par eux Divine, et entres
ces Divines il y en a une appelée Alchimie, et qu'ils disent
être plus que Divine, et laquelle ils ont tâché de cacher sous
le voile de diverses figures et paroles exquises, afin que le
profane vulgaire ne découvrît ce qu'il est indigne de savoir,
et aussi afin que les autres que les très sages enfants de
sagesse, n'usassent point du tant excellent, et occulte
magistère de nature. Considérant donc que tu es un de
ceux-là, à cette fin que ton esprit ne soit pas offusqué par les
parlers divers des Philosophes. Je suis content de
brièvement déclarer tout le contenu de la vérité. Et pour ce
que, selon les Philosophes, il ne se peut engendrer aucune
chose sans la corruption entière d'une autre, et sans que la
subtile forme soit introduite en la première matière, et que
ceci s'entend en trois manières, à savoir végétable, animal, et
minéral, et que le végétable est premièrement nécessaire :
nous te donnerons la manière de celui-ci, et encore de faire
toutes les branches de son premier et second ordre, et puis
après nous te parlerons du troisième ordre, clairement et
diffusément, encore que le coeur me tremble de déclarer ce
si haut et occulte magistère.
Prends donc de la première liqueur appelée par les
Philosophes cahos, et en distilles l'esprit et l'élément de
l'eau, en un vaisseau convenable comme je te l'enseignerai
en son lieu, jusqu'à ce que le corps te demeure au fond du
vaisseau, en manière de poix fondue, laquelle tu laveras de
son élément aquatique par dix distillations, puis prends son
esprit, et le mets dessus, tant qu'il la surmonte de quatre
doigts et les mène bien à cette fin que la matière soit bien
unie. Mets la en un vaisseau distillatoire sans aucune
respiration, comme il est coutume ; et le mets à putréfier par
six jours en un vaisseau compétant, et puis le distille par les
cendres. Après prends l'autre esprit, et mets le par dessus, et
le fait putréfier par six jours comme ci-devant. Et ainsi
réitères l'ouvrage jusqu'à ce que tu voies que l'esprit aura
enlevé son âme. Et le signe infaillible de cela, est que tu
verras que sa terre sera endurcie et sèche ; alors tu sera
certain que le corps est mort pour son salut : lequel tu peux
vivifier et faire incorruptible, et il ne craindra plus en ce
monde ni la mort et ni la corruption.
Prends ce corps et le pèse, et le mets en son vaisseau
compétant, et mets dessus son esprit qui a sa propre âme, la
huitième partie. Et étoupes nostre vaisseau, comme tu sais, et
le mets en feu digestif, comme nous te le déclarerons ci-dessous,
et continue le feu jusqu'à temps que tu aies vu la
tête morte et ait bu sa liqueur. Alors ouvre le vaisseau, et
mets dessus son alambic, recueillant si peu de liqueur qu'il y
sera, qui sera en manière d'eau tiède sans aucun goût.
Imbibe la matière pour la seconde fois avec la septième
partie du susdit esprit, qui a l'âme avec soi, faisant
semblable régime que ci-dessus. Après imbibe la
troisièmement avec la sixième partie, la quatrièmement avec
la cinquième, la cinquièmement avec la quatrième, et ne
multiplie plus le poids du susdit esprit, mais continue faisant le régime du susdit ouvrage, jusqu'à ce que la
matière soit blanche, laquelle aura repris son esprit par le
moyen duquel elle sera liée avec son âme. Prends la susdite
terre, et la broie subtilement en un mortier de verre, puis
mets la en un vaisseau sublimatoire compétant, luté par
dessus autant que monte la matière, et fais sublimer la pure
partie de l'impure, par le moyen de ce que tu sais, et ainsi tu
auras sublimé nostre mercure, lequel sera clair et
resplendissant comme un diamant. Les Philosophes le
nomment par diverses métaphores, première matière, sel
armoniac, nostre mercure, nostre soufre de nature, et toutefois
le tout est une même chose.
Prends donc de l'autre esprit très simple que tu as tiré du
cahos, lequel n'aura pas bu son âme, et rends le subtil en
cette manière.
Prends de la première matière végétable que tu as faite, une
livre, et mets la dans un vaisseau compétant. Et mets ce
vaisseau dans le vaisseau du Bain Marin (sic), et la laisse jusqu'à
temps que la matière soit dissoute, puis mets la chape par
dessus, et en tire l'aquosité superflue. Après, jette trois
livres de l'esprit simple susdit, et étoupe ce vaisseau avec
son antinotoire, et le mets à putréfier par un jour naturel en
cette manière, à savoir : ais un vaisseau de cuivre large
d'une quarte et long deux quartes et demie, et vers la
bouche, lui soit adjoint une solare de cuivre buxate, dessus
mets un couvercle qui rentre dedans, et serre, qu'il y ait un
ou deux bux, selon les vaisseaux que vous mettrez dedans,
et ces vaisseaux soient couverts avec leurs antinotoires,
lequel couvercle du vaisseau de cuivre soient haut d'une
quarte, et dans ce vaisseau putréfactoire soit mise de l'eau,
puis l'agence sur son fourneau compétant, avec un feu
honnête : par la vigueur duquel feu les fumées de l'eau
monteront, et échaufferont le vaisseau, en lequel est la
matière qui se doit putréfier et digérer. Et par ce moyen se
doit digérer et putréfier avec ordre parfait de digestion et de
putréfaction, tout oeuvre de nostre excellent et royal
magistère. Après, distille sur les cendres, à la chaleur du
Soleil afin que tire tout son suc. En après, dissous la
matière, et mets dessus sa proportion du susdit esprit très
simple, tant qu'il y ait trois parties de plus, que n'est la
matière susdite qui est demeurée, et de laquelle tu as tiré le
suc susdit. Et ainsi réitère le magistère quatre fois, faisant
en tout et pour tout comme ci dessus. Et ainsi tu auras
l'esprit du cahos, lequel les Philosophes appellent feu
dépuré, amené de puissance à effet, avec la vertu de la
matière végétable.
Prends un vaisseau de la teneur d'un grand seau (16
pintes), qui soit de verre équilibré, et net, et qui soit long de
tête, que le col soit long d'un quart et demi de seau, et qu'il
ait un antinotoire au dessus, qui tienne. Et en ce vaisseau
ainsi ordonné, soient mises à circuler quatre livres, et non
plus, de l'esprit ou feu dépuré, que tu as amené de puissance
à effet avec la vertu de la matière végétable, par la manière
que je t'ai enseigné ci-dessus. Et puis mets le au bain, ou au
fumier, et laisse le circuler par l'espace de 60 jours. Et
quand la conversion de l'esprit susdit, mené de puissance à
effet, la Quintessence sera faite. Il se saura en ce que au
fond du vaisseau sera une hypostase, ou résidence de fèces,
semblable à celle que fait l'urine d'un homme sain. Et tu
verras la Quintessence plus claire et resplendissante que le
diamant, qui surmonte en clarté, la clarté des étoiles, ce qui
ne pourra s'affirmer, ni avec l'oeil faire jugement, si elle est
au vaisseau ou non. Laquelle tu sépareras de son hypostase
par inclinaison, et la gardes bien étoupée en un lieu frais.
Ô admirable mystère de cette Divine et céleste vertu. Celle-ci
est celle que laquelle les Philosophes envieux, quelque
sages qu'il aient été, ont tâchés de cacher sous diverses
figures de diverses métamorphoses, infinis et très déguisés
et exquis noms, l'un l'appelant l'esprit vif, l'autre eau
d'argent vif, l'autre eau céleste, l'autre étoile de Diane,
l'autre âme du menstruel végétable, l'autre fumée de vent,
l'autre nostre ciel, l'autre sang menstruel, l'autre urine
sublimée, l'autre nostre menstruel, l'autre eau de nostre
soufre, l'autre nostre Pierre benoîte, et infinis noms, lesquels
je laisse afin de n'être point prolixe, et aussi c'est que par
expérience, nous avons vu et compris, le tout n'être qu'une
même chose.
Or jusqu'ici nous avons brièvement dit le moyen de faire
nostre première matière végétable, et de subtiliser nostre
esprit igné, semblablement de composer nostre ciel.
Maintenant, nous te donnerons la manière de faire nostre
première matière métallique, sans laquelle ne peut se faire
ni composer la médecine du premier, ni du second, ni du
troisième ordre. Et parce que celle du premier et du second
est plus simple que celle du troisième, nous t'enseignerons
cette première, puis celle du deuxième, puis après celle du
troisième ordre diffusément et au long, avec toutes ses
circonstances. Par quoi, sache qu'il te sera besoin de bien
aiguiser ton esprit, pour la pouvoir comprendre. Fais donc
celle du premier et du second en cette manière.
Prends du sel armoniac que tu as premièrement fait, et de
la chaux d'un des deux luminaires, lequel tu voudras soit or
soit argent. Et l'imbibe en un mortier de verre, peu à peu,
avec une longue trituration. Après le mettant en un vaisseau
compétant, et lavant le mortier avec du vinaigre distillé trois
fois au bain, et mettant la lavure sur la chaux et faisant
sécher à petit feu, en manière de chaleur de Soleil. Après
broie le avec nostre susdit mercure, faisant le susdit régime
en tout et partout comme si dessus, et toujours réitérant
avec nostre susdit soufre, jusqu'à ce que le corps ait retenu et
pris trois parties de plus qu'il ne pèse, de la substance de
nostre soufre. Puis mets le au bain à la manière que je t'ai dis
ci-dessus, et la plus grande partie se dissoudra. Et ce qui
sera dissous, mets et garde à part avec un grand soin, et
diligemment, et dessèche la partie qui n'est pas dissoute en
son vaisseau, et la broie avec du nouveau soufre, comme tu
as fait ci-devant, jusqu'à ce que le corps ait acquis trois
parties, davantage qu'il n'est, du nouveau soufre susdit.
Dissous et putréfie, en la manière susdite au bain dans le
vaisseau de cuivre, et ainsi réitère l'ouvrage, jusqu'à ce que
tout le corps soit dissous. Et ceci est la solution simple du
premier et second ordre.
Prends ce corps ainsi dissous et digéré en la manière que je
t'ai donnée, et évapore toute l'aquosité par le bain, et
demeurera au fond du vaisseau une matière en manière de
miel. Prends de celle-ci une partie, et de la quintessence que
tu as gardée, trois parties, et mets les en un vaisseau
compétant, et ferme le avec son antinotoire, et mets le au
bain par douze heures, puis le mets à digérer dans nostre
vaisseau de cuivre, en la manière susdite, par un jour
naturel, puis mets le aux cendres à chaleur honnête, et
distille tout ce qui pourra distiller ; puis mets sur la matière
trois parties de plus que n'est la matière qui est demeurée,
de nouvelle quintessence, et mets au bain comme ci-dessus.
Après, mets à digérer au vaisseau de cuivre, et après fais la
distillation sur les cendres comme ci-dessus, jusqu'à ce tu ait
tiré toute la substance que tu pourras. Et ainsi réitère cet
ouvrage en tout et pour tout, jusqu'à ce que tu ait toute la
substance du métal, ou bien, la substance mercuriale du
métal soit passée par l'alambic avec la quintessence. Toutes
les distillations que tu as distillées, mets les ensemble dans
un vaisseau compétant avec sa chape, et mets à distiller au
bain. Et au fond du vaisseau demeurera une liqueur sereine
aucunement grossière, laquelle est appelée par les Sages
Philosophes, âme du mercure des métaux. Garde la jusqu'à
son lieu.
Puis après, prends la terre qui t'est demeurée, de laquelle
tu as tiré l'âme du mercure du métal, laquelle on voudra, et
la prépare en cette manière. Prends une partie de son eau,
laquelle tu as tirée par le bain de dessus l'âme du mercure
du métal, et de celle-ci abreuves la terre susdite, lui donnant
premièrement la huitième partie de cette eau, secondement
la septième partie, troisièmement la sixième partie,
quatrièmement la cinquième partie, cinquièmement la
quatrième partie de l'eau susdite. Et ainsi ne multiplie plus
la proportion de ladite eau, mais toujours poursuis avec la
quatrième partie, jusqu'à ce que la terre soit bien préparée,
faisant ce magistère en dissolvant au bain, putréfiant au
vaisseau susdit par huit jours, plus ou moins selon la nature
de la terre, qui sera plus apte l'une que l'autre, et plus prête
que l'autre, ou moins prête à recevoir l'âme de son mercure
propre de métal, que tu as fait ci-dessus. Et note que
chaque fois que tu prépareras la terre en tirant son aquosité
par les cendres, viendra sa liqueur : garde la, car elle sera
bonne pour incérer les médecines du premier, second, et
troisième ordre, et est appelé par les philosophes nostre
trésor physique, et est suffisant de soi-même seul pour
retenir le mercure. Et par cela aucun ne se trompe. Mais
dans ce passage bien connu, la terre retenant ou ayant son
mercure, vous devez passer par tous ces magistères. Et
quand ladite terre sera préparée, tu le connaîtras en cette
manière : prends une lamine d'argent fin, et fais la rougir au
feu, et mets dessus un peu de la susdite terre, et celle-ci
fluera sans aucune fumée, alors est faite la due préparation,
et donc elle sera digne de recevoir l'âme de son propre
mercure métallique. Et si elle fume, réitère le susdit
ouvrage, en tout et par tout, jusqu'à ce quelle soit faite. Puis
après prends de cette terre ainsi préparée de Soleil ou de
Lune, et mets la en en vaisseau compétant, l'abreuvant avec
l'âme de son mercure métallique, dont je t'ai montré la façon
ci-dessus, lequel nostre Duc Raymond appelle le mercure
que tu sais, premièrement lui donnant la huitième partie de
la dite âme du susdit mercure, secondement la septième,
tiercement la sixième, quatrièmement la cinquième,
cinquièmement la quatrième partie du susdit mercure. Et ici
ne multiplie plus cette proportion, en sa propre âme de son
propre mercure. Et tu feras ceci au bain attrempé, dissolvant
et digérant au vaisseau de cuivre, comme ci-dessus par huit
jours, plus ou moins selon que la nature de la terre sera
apte à ravir plus ou moins promptement sa propre âme de
son propre mercure métallique. Et quand la terre
t'apparaîtra sèche, ouvre le vaisseau, et fais évaporer le
superflu sur des cendres légères, et attrempées. Et ainsi
continue ton royal magistère, à la manière susdite, à savoir,
abreuvant, digérant, et desséchant, jusqu'à ce que l'esprit
soit fixe en la terre sulfurée. Laquelle est appelée par les
Sages, crapaud, venin très méchant, parce que sa sécheresse
est suffisante pour convertir son propre et naturel mercure
métallique en pur soufre. Et ayant achevé l'oeuvre de ce
royal magistère, tu verras la terre s'affermir et se rendre
apaisée en une seule couleur blanche pâle, sans faire
changement de diverses couleurs. Et alors elle sera volatile
et spirituelle : parce que en la mettant sur une lamine
rougie, la plus grande part s'envolera en fumée. Et advenant
que non, réitère ce magistère avec la quatrième partie de sa
propre âme de son propre mercure susdit, jusqu'à ce que tu
ais atteint ce susdit signe. Puis sublime le avec un fort feu,
comme tu le sais. Et il s'attachera la première matière
métallique aux côtés du vaisseau, laissant au fond de celui-ci
une terrestréité noire, qui est appelée par Raymond terre
damnée, superflue, vitupérée, et n'entre point en nostre
oeuvre.
Premier particulier
Prends de cette première matière métallique que tu as
fait une once, et de la quintessence que tu as ci-avant
réservée 6 onces et mets les ensemble à circuler au bain par
vingt jours et tout se fixera. Garde le jusqu'à ton besoin.
Prends une once de la susdite médecine et mets la avec 100
onces de mercure vulgaire en un vase compétant, appelé la
nassa, et donne lui le feu de lampe, ou de cendres doux,
pendant quinze jours, et après, tu l'affines en forte cendrée
avec dix livres de saturne, qui soit bien chaud, et tu auras 80
onces de métal parfait.
Second particulier
En une autre manière et plus simple, tu pourras
pratiquer. Prends une once de nostre mercure, que tu
as premièrement fait avec une once de la matière
métallique, et pile les en un mortier de verre, après dissous
le au bain, puis digère le en vaisseau de cuivre en un jour
naturel, comme ci-dessus. Puis fais le circuler par vingt
jours au Bain, et par vingt autres jour aux cendres, comme ci-dessus,
et le tout se fixera. Mets en une once avec cent onces
de mercure vulgaire, au vaisseau susdit, c'est à dire à la
nassa, et donne lui un feu de lampe, comme ci-dessus, par
quinze jours, et puis le réduis par forte cendrée, comme ci-dessus,
et tu auras 80 onces de métal parfait.
Troisième branche du premier ordre
En autre manière pourras tu encore pratiquer. Prends
la première matière métallique tant que tu voudras, et
fais en la séparation simple des éléments en cette manière.
Pends la matière métallique susdite et la mets à dissoudre
au bain, et la fait digérer au vaisseau de cuivre, comme ci-dessus
par un jour. Puis la retournes au bain susdit et mets
la chape sur le vaisseau, et fais distiller toute son eau au
bain. Et après, mets sur la matière qui est demeurée au fond
du vaisseau, autant de son eau propre, que tu as tirée,
qu'elle monte de quatre doigts par dessus, et couvre le
vaisseau avec son antinotoire, et le mets au susdit bain
honnête par trois jours. Et après distille le par les cendres
légères, selon la manière accoutumée de ci-dessus. Et quand
la matière aura distillé toute son humeur, tu augmenteras le
feu, jusqu'à temps que l'air en sorte, et entre en son eau
distillée. Donc laisse refroidir le vaisseau, et mets sur la
matière qui t'est demeurée, autant de sa propre eau, que tu
as tirée par le bain, qu'elle surmonte de quatre doigts,
réservant toutefois ce que tu as tiré par les cendres, où est
l'air. Puis le mets à digérer au bain susdit par trois jours
comme ci-dessus, et digérant au vaisseau comme ci-dessus,
puis distillant par les cendres légères comme ci-dessus, et
mettant cette seconde distillation où est cet air, avec la
première qui a l'air. Et ainsi réitère l'ouvrage jusqu'à dix
fois, l'abreuvant, dissolvant, digérant, et distillant, par feu
de cendres léger comme ci-dessus, et assemblant en un
toutes les distillations. Et si d'aventure l'eau instrumentale
te défaillait, prends toutes les susdites distillations, que tu as
mises ensemble, et mets les à distiller en le bain, dans un
urinal, et de l'eau qui en sortira, tu oeuvreras en tes
opérations jusqu'à dix fois. Et ce qui te resteras en l'urinal
quand tu auras tiré l'eau de dessus les susdites distillations
qui étaient ensemble, est l'air, que tu garderas bien étoupé,
parce que c'est air est huile et est bon pour incérer la
médecine du premier et second ordre. Et celle-ci est la
simple séparations des éléments, du premier et du second
ordre. Et après prépare la terre qui t'est demeurée avec sa
propre eau, en la manière que je t'ai dit ci-dessus, en la
préparation des terres métalliques, jusqu'à ce qu'elle flue sur
une lamine chauffée, comme la cire ainsi que ci-dessus.
Ainsi prends cette terre ainsi préparée, une once, et une
once de chaux de Lune, ou de Soleil, selon que sera la terre
dont tu as tiré l'air, et les broie en un mortier de verre,
après mets le en un urinal à feu de cendres léger, avec
autant de son eau propre avec laquelle tu as préparé la terre,
tant que pourra être la moitié de la matière. Et après fais la
préparation Philosophale comme ci-dessus, desséchant, et
abreuvant, jusqu'à ce que le ferment soit conjoint avec la
terre. Le signe infaillible sera, quand tu feras la dissolution
avec sa propre eau, les décoctions deviendront aucunement
verdâtres, ou azurées, et la plus grande partie de la matière
se dissoudra. Alors la susdite terre mercuriale aura reçu son
ferment. Et après, coagule la matière, et la fixe avec son
air, que tu as tiré ci-dessus, lui donnant la cinquième partie
du susdit air, incérant, abreuvant, et desséchant comme ci-dessus,
toujours avec la cinquième partie de ladite huile,
jusqu'à ce qu'elle soit fixe. Et cet abreuvement, et
dessèchement, tu le feras au feu de lampe, après le dissous
au bain, puis le fait circuler par vingt jours, et aux cendres
par vingt autres jours, et il se fixera comme ci-dessus. Et tu
feras projection de cette médecine d'une partie sur 100.
Particulier du second ordre sur Saturne
Prends de la chaux de Saturne tant que tu voudras, et la
dissous en l'esprit igné fait caché, et amené de
puissance en effet avec la vertu de la puissance de nostre sel
armoniac, ou bien matière végétale, qui est celle que tu as
fait ci-dessus, et quand elle sera bien dissoute, prends la, et
mets la à putréfier par huit jours au vaisseau d'airain, puis
sépare de celle-ci les éléments, à savoir, l'eau et l'air
seulement, comme tu as fait ci-dessus, quand tu les as
séparés de la matière métallique de l'or ou et l'argent. Après
prépare la terre dudit Saturne, comme tu as fait de celle de
l'argent et de l'or, jusqu'à ce qu'elle flue comme la cire,
comme j'ai dit ci-dessus. Après prends la et l'abreuve de
son air, en la manière que tu as fait quand tu as tiré nostre
soufre ou bien matière végétable, de sa propre terre, c'est à
savoir, abreuvant, desséchant, sublimant, et tirant à soi son
sel armoniac, et ainsi tu auras la première matière de Saturne, en sel admirable. Prends la et incère avec l'huile de
la Lune, lequel tu as fait simplement de la matière
métallique de la Lune, à savoir, en séparant de la susdite
matière métallique, l'élément de l'air, en la manière que j'ai
dit ci-dessus, à savoir en mettant par dessus ledit soufre de
saturne, la douzième partie de ladite huile, et le mets au feu
de lampe en un urinal, jusqu'à ce que le soufre susdit soit
essuyé et sec. Puis l'incère pour la seconde fois avec la
douzième partie de ladite huile, et avec le même feu de
lampe, jusqu'à ce que ledit soufre soit desséché. Et ainsi
réitère le susdit ouvrage, l'abreuvant toujours avec la
douzième partie de ladite huile, jusqu'à ce que ledit soufre
de saturne soit fixe, et ne sublime point. Et après mets cette
médecine une partie sur cent de mercure vulgaire, ou bien
sur saturne, et tu auras du métal parfait. Si tu veux le faire à
l'or, incère avec l'huile d'or, faisant le susdit régime, et
faisant la même projection, tu auras de l'or parfait.
Second particulier de l'ordre second sur Jupiter
Si tu veux oeuvrer sur Jupiter, fait le susdit magistère en
tout et par tout, à savoir en tirant le soufre dudit
jupiter, comme tu as fait de saturne, et l'incérant avec l'huile
simple de le Lune ou du Soleil, et fais la même projection
sur du mercure vulgaire, ou sur jupiter.
Troisième particulier du second ordre sur Vénus
Si tu veux oeuvrer sur vénus, fais en la manière de ci-dessus,
à savoir en tirant le soufre de Vénus, l'incérant
et le fixant, avec l'huile de la Lune ou du Soleil, comme tu as
fait ci-dessus, et faisant la même projection sur mercure, ou
vénus.
Quatrième particulier du second ordre sur Mars
Si tu veux oeuvrer sur mars, fais le susdit régime en tout
et par tout, comme tu as fait de saturne, jupiter, et
vénus, mais la projection se fait d'une partie sur 200 de
mercure ou de mars.
Cinquième particulier sur tous les corps
imparfaits
Il est une autre manière plus brève de faire une autre
médecine qui aille sur tous les corps imparfaits. Et celle-ci
est nommée par nostre duc Raymond, la cinquième
branche matrimoniale. Prends une livre de vitriol romain,
une livre de sel nitre, six onces d'alun de roche calciné, et
trois onces de cinabre, et fais en l'eau forte en la manière
accoutumée, de laquelle tu prendras quatre parties, de sel
nitre une partie, et la rectifie sur celui-ci, par tant de fois
(lui ajoutant toujours la quatrième partie de sel nitre) qu'elle
dissolve les deux luminaires parfaits. Puis prends deux
parties de la décoction de la Lune, et une partie de celle du
Soleil, et les accompagne ensemble. Et incontinent les eaux
feront agrégation, distille par le bain jusqu'à ce toute l'eau
soit sortie, et la matière demeurera au fond sèche, argileuse,
et ainsi tu auras deux corps parfaitement calcinés. Prends
cette chaux et dissous la avec nostre mercure, que tu as tiré
de la terre de l'esprit igné, à savoir, l'amalgamant et la
broyant dans un mortier de verre comme ci-dessus, puis en
suivant l'ouvrage qui s'est fait, en faisant la première
matière végétable, à savoir tirant le soufre de ces deux
corps, comme tu as fait de chacun des autres à part soi. Et
ainsi tu auras la première matière végétale de ces deux
luminaires réunis en un genre. Prend la et mets la en son
urinal, et l'incère avec la quintessence de l'huile simple de
la Lune, comme tu as fait ci-dessus, jusqu'à ce qu'elle soit
desséchée, et ainsi poursuis l'ouvrage, à savoir, incérant,
abreuvant, et desséchant, toujours avec la cinquième partie
de la susdite huile de la Lune, jusqu'à ce que la matière sera
unie en une pierre cristalline, aucunement verte. Elle
transmuera tout métal imparfait en vraie Lune, à savoir, une
partie sur 100. Si tu le veux à rouge, prends cette pierre et
l'incère avec la moitié de son poids, de l'huile de l'or
simple, et dessèches au bain. Et puis mets la matière dans
un urinal, l'incérant avec la cinquième partie de l'huile de
l'or simple, et desséchant au feu de lampe, comme tu as fait
ci-dessus, et ainsi incère toujours avec la cinquième partie
de l'huile de l'or simple, et dessèche comme ci-dessus,
jusqu'à temps que tu voies la matière rouge comme un
rubis. Celle-ci te transmuera tout corps imparfait en vrai
Soleil.
Or jusqu'ici, je t'ai dit la manière de faire les médecine
du premier et du second ordre, et la dissolution
simple des corps avec nostre mercure, maintenant nous te
donnerons celle du troisième ordre, laquelle se fait en cette
manière.
Prends les deux métaux parfaits, et mets chacun à part dans un vaisseau dissolutoire compétant, et mets par dessus de l'esprit igné fait aigü que tu l'ait réduit de puissance à effet avec la vertu de la matière végétable, en telle quantité qu'elle surmonte la chaux de quatre doigts, et fais bouillir au feu de cendre, ou en bain, un jour naturel, et ôte très sagement ce qui sera dissout, et mets en en un autre vaisseau, et l'étoupe bien, et garde le au bain léger. Et puis imbibe la chaux comme ci-dessus avec l'esprit aigu, et le mets à bouillir aux cendres, ou au bain, par un jour naturel, comme ci-dessus, et ce qui se dissoudra, tu le garderas avec celui que tu gardes au bain léger. Et ainsi réitère cet oeuvre jusqu'à ce que ces deux corps soient dissous, chacun à part, ou la partie mercuriale de ceux-ci. Note toutefois que tu dois putréfier, et digérer en la manière que je t'ai dit ci-dessus, en vaisseau de cuivre. Note encore que, comme tu auras dissous la chaux de la Lune et du Soleil, chacun à part avec l'esprit aigu, et tiré sa substance, dissolvant, digérant et desséchant, comme j'ai dit et donné le moyen ci-dessus. Si tu prends alors la solution du Soleil, et la fait circuler au bain par quarante jours, et puis tu évacues son aquosité, tu auras l'or potable, lequel est appelé par les Philosophes, simple résurrection des corps humains. Si tu veux faire la médecine métallique, selon le magistère du troisième ordre, il ne t'est pas besoin de circuler, mais prends le corps que tu as dissous, et digéré avec l'esprit aigu, en la manière susdite, et fais évaporer toute son aquosité par le bain, et te demeurera au fond de chacun, une matière en forme de miel. Prends de chacun d'eux une partie, et de la quintessence dont je t'ai montré la fabrication ci-dessus, trois parties, à savoir sur chaque partie de ces deux corps, tu mettras trois parties de la susdite quintessence, chacun à part. Et étoupe les vaisseaux avec leurs antinotoires, puis mets les au bain par douze heures, puis mets les à digérer au vaisseau d'airain par un jour, et chacun à part. Puis mets sur chacune des parties des susdites matières, qui sont demeurées après la distillation, trois parties de ladite quintessence, à savoir sur chaque part des dites terres, trois parties de la quintessence distinctement. Puis mets au bain comme ci-dessus, digère comme ci-dessus, distille par les cendres comme ci-dessus. Et ainsi réitère cet ouvrage jusqu'à temps que toutes les substances de ces deux métaux, c'est à savoir leur partie mercurielle, soient passés ensemble par l'alambic, avec la partie de ladite quintessence. Lesquelles distillations de chacun de ces deux corps, tu mettras à distiller au bain, chacun à part, et au fond de chaque vaisseau il te demeurera une liqueur très claire, aucunement gommeuse, laquelle je t'ai dit s'appeler l'âme du mercure du métal.
Prends les deux métaux parfaits, et mets chacun à part dans un vaisseau dissolutoire compétant, et mets par dessus de l'esprit igné fait aigü que tu l'ait réduit de puissance à effet avec la vertu de la matière végétable, en telle quantité qu'elle surmonte la chaux de quatre doigts, et fais bouillir au feu de cendre, ou en bain, un jour naturel, et ôte très sagement ce qui sera dissout, et mets en en un autre vaisseau, et l'étoupe bien, et garde le au bain léger. Et puis imbibe la chaux comme ci-dessus avec l'esprit aigu, et le mets à bouillir aux cendres, ou au bain, par un jour naturel, comme ci-dessus, et ce qui se dissoudra, tu le garderas avec celui que tu gardes au bain léger. Et ainsi réitère cet oeuvre jusqu'à ce que ces deux corps soient dissous, chacun à part, ou la partie mercuriale de ceux-ci. Note toutefois que tu dois putréfier, et digérer en la manière que je t'ai dit ci-dessus, en vaisseau de cuivre. Note encore que, comme tu auras dissous la chaux de la Lune et du Soleil, chacun à part avec l'esprit aigu, et tiré sa substance, dissolvant, digérant et desséchant, comme j'ai dit et donné le moyen ci-dessus. Si tu prends alors la solution du Soleil, et la fait circuler au bain par quarante jours, et puis tu évacues son aquosité, tu auras l'or potable, lequel est appelé par les Philosophes, simple résurrection des corps humains. Si tu veux faire la médecine métallique, selon le magistère du troisième ordre, il ne t'est pas besoin de circuler, mais prends le corps que tu as dissous, et digéré avec l'esprit aigu, en la manière susdite, et fais évaporer toute son aquosité par le bain, et te demeurera au fond de chacun, une matière en forme de miel. Prends de chacun d'eux une partie, et de la quintessence dont je t'ai montré la fabrication ci-dessus, trois parties, à savoir sur chaque partie de ces deux corps, tu mettras trois parties de la susdite quintessence, chacun à part. Et étoupe les vaisseaux avec leurs antinotoires, puis mets les au bain par douze heures, puis mets les à digérer au vaisseau d'airain par un jour, et chacun à part. Puis mets sur chacune des parties des susdites matières, qui sont demeurées après la distillation, trois parties de ladite quintessence, à savoir sur chaque part des dites terres, trois parties de la quintessence distinctement. Puis mets au bain comme ci-dessus, digère comme ci-dessus, distille par les cendres comme ci-dessus. Et ainsi réitère cet ouvrage jusqu'à temps que toutes les substances de ces deux métaux, c'est à savoir leur partie mercurielle, soient passés ensemble par l'alambic, avec la partie de ladite quintessence. Lesquelles distillations de chacun de ces deux corps, tu mettras à distiller au bain, chacun à part, et au fond de chaque vaisseau il te demeurera une liqueur très claire, aucunement gommeuse, laquelle je t'ai dit s'appeler l'âme du mercure du métal.
Prends après les terres dont tu as tiré l'âme du mercure du
métal, et les prépare toutes deux chacune à part, en la
manière que je t'ai dit ci-dessus, jusqu'à ce qu'elles fluent
comme de la cire, et soient dignes de recevoir leurs
mercures. Prends les après les avoir ainsi préparées, et mets
les dans leurs vaisseaux compétant, chacune à part, avec
leur propre âme de leur propre mercure métallique, tenant
la propre manière que tu as tenue, en faisant la matière
métallique du premier et du second ordre, que tu as fait du
corps dissous par la voie de l'amalgame de nostre mercure
avec la chaux, au mortier de verre. Et ainsi tu auras la
matière métallique des dits deux corps, par la voie de la
meilleure dissolution.
Maintenant prends chacune à part, prenant premièrement
la Lune, séparant ses éléments par la manière donnée ci-dessus,
quand nous t'avons montré comment faire l'huile
d'incération des médecines du premier, et du second ordre,
observes toutes choses, chacune en son lieu. Après prends
de la matière métallique de l'or, et fais la séparation des
éléments en la même manière, jusqu'à la séparation de l'air.
Puis sépare le feu avec le propre air de la matière
métallique de l'or, faisant le même moyen et régime que tu
as fait en séparant son air, à savoir, avec les mêmes
imbibitions, et digestions, distillations et semblables
préparations, et semblables termes de feu, sauf qu'en
distillant au feu de cendres, se doit croître le feu un autre
point par dessus, et réitérer par 15 fois le susdit ouvrage en
tout et par tout. Puis prends toutes les distillations faites par
les cendres en ce second ouvrage, et mets les à distiller par
le bain, et quand toute l'eau sera distillée, prends l'air que tu
as réservé, et mets le sur le feu qui t'est demeuré dans
l'urinal, et tous deux conjoints ensemble, mets les en une
cornue, et distille par un feu de cendres très attrempé, et
quand tu verras la matière gommeuse au fond, en manière
de miel, tu ne distilleras plus. Mais le meilleur signe est que,
quand tu verras que les cinq parties en seront distillées les
trois, alors cesse ta distillation, et garde avec grande
diligence ton air premier, le distillant six ou sept fois. Et
après, continue ta distillation sur le feu, qui t'est demeuré
en manière de miel, comme je t'ai dit, et continue par si
long temps ton feu honnête, jusqu'à ce que tu verras au fond
de la cornue le feu congelé. Alors cesse la distillation ; et la
liqueur que tu auras tirée, jusqu'à ce que le feu soit congelé,
c'est le second air, appelé par les Philosophes, nostre huile
Philosophique, et nostre trésor physique. Et incère d'elle la
médecine du troisième ordre. Parce que cette huile physique
participe beaucoup de la substance Philosophique ( c'est à
savoir du corps) rectifie le sept fois, le distillant de par soi,
et garde le avec grande diligence, et les terres que feront lesdits premier et second air, quand tu les distilleras, chacun à
part, mets les avec le feu susdit. Puis prends l'eau qui t'est
demeurée, et la distille par le bain sept fois à part. Et la
terre ou fèces des dites sept distillations de l'eau au bain de
part soi, mets les avec la terre qui t'est demeurée desdits
éléments, ou bien de leur matière métallique, quand tu as
séparé d'elles l'eau, l'air, et le feu. Puis prends le susdit feu
que tu as séparé, et calcine le en cette manière. Mets le dans
un vaisseau distillatoire, et mets par dessus cinq parties de
sa propre eau, que tu as préparée, et distillée au bain sept
fois à part soi, de laquelle tu as tiré la terre, ou bien les fèces
que tu as mises avec la susdite terre des éléments, et digère la au vaisseau d'airain comme ci-dessus, et distille la de
dessus ; et fais ainsi sept fois ce magistère, en tout et pour
tout, toujours lui donnant la cinquième partie de son eau
susdite comme ci-dessus. Et en semblable manière tu
calcineras la terre de leurs éléments susdits, et avec cette
même eau. Et ceci est parce que cette terre susdite, et ce feu
conviennent ensemble en nature, car l'un et l'autre sont sec.
Et quand les terres seront calcinées, elles seront disposées à
recevoir leur esprit. Tu le connaîtras en l'éprouvant sur une
lamine comme je t'ai dit ci-dessus. Et après tu prendras la
terre que tu as séparée des éléments de la Lune, et tu la
prépareras en semblable manière que tu as fait des éléments
de l'or. Puis prends de chacune terre préparée une once, et
mets ensemble ladite eau de la Lune, à la manière que tu a
fait en préparant chacune à part soi, par la voie d'imbibition,
digestion, et dessiccation. La préparation de ces deux terres
ensemble, doit se faire par le bain. Et note que tu dois faire
la préparation de la susdite eau de Lune, premièrement avec
la huitième partie, secondement avec la septième,
troisièmement avec la sixième, quatrièmement avec la
cinquième, cinquièmement avec la quatrième, comme tu as
fait ci-devant, quand tu auras préparé chacune à part soi au
bain marie par 8 jours, avec l'eau de son métal comme ci-dessus.
Et par ainsi tu auras la première matière végétable,
ou bien soufre, des deux luminaires conjoints et unis
ensemble.
Composition de la médecine du tiers ordre
Composes la médecine du tiers ordre en cette manière.
Prends du feu que tu as séparé, et le dissous en son
propre mercure, ou bien en sa propre âme. Et le dissous en
la même manière que tu as dissous l'or avec l'esprit aiguisé,
avec nostre mercure ; c'est à savoir, dissolvant, digérant et
distillant. Après prends de la première matière végétable,
que tu as faite des deux luminaires, laquelle que tu voudras,
et incère la avec autant du susdit feu, que tu as dissous
avec son âme propre, selon l'ordre de l'incération faite ci-devant,
et ainsi réitère, lui donnant la proportion, jusqu'à
ce que le soufre soit fixe et rouge en manière de rubis,
donnes lui son ferment en cette manière.
Prends le premier élément de l'or, à savoir l'eau, et aiguise le temps que tu pourras avec la première matière végétable
des deux luminaires, que tu as faite ci-devant, en la même
manière que tu as fait quand tu as aiguisé le feu avec sa
propre âme de son propre métal, et garde la, puis prends
de l'or calciné tant que tu voudras, et fais en l'amalgame
avec le vulgaire fugitif, et l'étreint par le cuir, tant qu'il
demeure seulement trois parties plus dudit vulgaire fugitif,
que de l'or. Prends douze onces dudit amalgame et six
onces dudit soufre, que tu as rubéfié ci-dessus avec le feu, et
les triture ensemble longuement en un mortier de verre,
puis mets tout en un urinal, et l'imbibe avec l'huile de l'or,
c'est à dire avec l'élément de l'air, imbibant, digérant, et
desséchant comme ci-dessus. Et ainsi réitère l'ouvrage par 7
fois, et se qui se sublimera toutes les fois, broie le au mortier
avec ce qui sera au fond du vaisseau, et poursuis ton oeuvre
de sept ou huit fois.
Prends l'eau que tu as ci-dessus aiguisée avec la matière
végétable des deux luminaires, et la dissous au bain très
simplement, et imbibe et dessèche avec elle la matière qui
est au vaisseau, 7 ou 8 fois comme tu as fait avec l'air susdit,
jusqu'à ce que tout se fixe. Puis incère le avec l'huile
physique, lui donnant sa proportion, comme ci-dessus, et
faisant selon la manière accoutumée des incérations
données ci-dessus, sur les matières étant de l'argent et de
l'or, et par ce second magistère le tout se fixera parfaitement,
en l'union de son soufre, et sera une matière légère, luisante,
et par dedans en aucun lieu en manière de rubis, n'étant pas
beaucoup chargée de couleur. Alors est art en le feu que tu
as aiguisé avec sa propre eau d'or, et l'aiguise une autre
fois avec l'âme de son propre mercure de son propre or, en
la manière que tu sais quand tu l'as aiguisé avec sa propre
âme d'or, et avec elle incère la médecine susdite en la
manière que tu as fait avec l'huile physique, et elle sera en
manière de rubis, et transmuera une partie sur 1000 de
mercure.
Encore, souviens toi que tu peux conduire toutes les
pierres précieuses à multiplication, en semblable manière
que j'ai conduit cette médecine du tiers ordre et
composition. Et loue Dieu, et te souvienne des pauvres.
Or jusqu'ici je t'ai dit et donné le moyen de faire toutes sortes de médecines, du premier, second, et tiers ordre, mais parce que en nostre magistère est requise la calcination des métaux, à cette fin, que tu ne m'accuses de négligence, je les mettrais distinctement chacune à part.
Or jusqu'ici je t'ai dit et donné le moyen de faire toutes sortes de médecines, du premier, second, et tiers ordre, mais parce que en nostre magistère est requise la calcination des métaux, à cette fin, que tu ne m'accuses de négligence, je les mettrais distinctement chacune à part.
Prends donc de l'or et le calcine en cette manière. Amalgame le avec mercure, jusqu'à ce que la masse
devienne épaisse en manière de beurre. Puis mets le en un
vaisseau, et mets par dessus de l'eau forte commune,
réitérant tant de fois que tu verras la chaux du mercure
séparée de tous côtés, lave la avec de l'eau chaude
commune en un mortier de verre, tant que l'eau en sorte
douce et claire. Sèche la chaux petit à petit, et la broie en un
mortier, et la mets en l'urinal à petit feu avec une partie
d'eau ardente, et essuie la.
Secondement, prends la Lune bien coupellée, et limée, et
dissous la en eau de départ rectifiée avec autre argent, puis
mets dessus trois ou quatre parties de sel commun dissout
en eau chaude, et incontinent elle tombera au fond. Lave et
adoucis comme ci-dessus.
Calcines le jupiter et saturne, avec mercure et sel, en la
manière accoutumée.
Calcine vénus avec eau forte, l'essuyant et desséchant
bien.
Calcine mars avec soufre et vinaigre.
Fin du livre de Mr Christophle le Parisien,
intitulé Medulla Artis
Laus Deo
*
Edition manuscrite de 1569