Agar et l'Ange (Rembrandt - 1655) |
TRAITÉ DE LA POUDRE DE PROJECTION
DIVISÉ EN DEUX LETTRES
Analyse tirée de l'écriture sainte
Moyens pour parvenir à
la poudre de projection
Par l'humide
substantiel premier principe
D.L.B. (Sieur de La Borde)
XVIIème siècle
PREMIÈRE LETTRE
Monsieur,
Étant convaincu du premier principe de l'unique substance,
dont tous les êtres sont formés, par les différents degrés des quatre qualités
accidentelles, je vous ferai seulement remarquer comme elles en dérivent, en
vous expliquant ce que Moïse nous en dit, sous une belle similitude (Gen. Chap.2
vers.10) où il est marqué : Il sortait de la Terre un fleuve qui
arrosait le Paradis, qui de là se divise en quatre canaux.
Le premier est nommé
Physon, et c'est celui qui coule tout autour de la Terre d'Hévila, où il vient
de l'or, et l'or de cette Terre est excellent, là aussi se trouve Bdélion et la
pierre d'onyx.
Le second fleuve est
Géhon qui entoure toute la terre d'Éthiopie.
Le troisième est le Tigre
qui va vers l’Assyrie.
Le quatrième est
l'Euphrate.
Le fleuve qui sortait de ce lieu de volupté est l'unique
principe. Il arrosait le Jardin, qui nous représente le monde, et ce qui était
dans le Jardin, tous les êtres.
Le fleuve se séparait en quatre chefs, qui sont les quatre
qualités contenues dans l'unique principe, comme les quatre chefs l'étaient dans
le fleuve, dont ils dérivaient, et de même ils n'étaient que fleuves
accidentellement, aussi les qualités ne sont qu'accidentelles.
Les différentes matrices où croissent les métaux parfaits
nous sont aussi représentées par la situation différente des lieux que ses branches
de fleuve environnaient, comme on peut le voir par ces mots. Le premier est nommé Physon, qui environne
la Terre d'Hevilat, là où croît l'or etc. Il est seulement fait mention du
métal le plus parfait, qui doit nous faire entendre les moins parfaits, par les
dispositions et situations différentes des Terres où les métaux croissent par
le même principe, puisque les quatre chefs des fleuves venaient de la même source,
lesquels non seulement contribuaient à la production des métaux, mais aussi des
plantes et des autres êtres, par leur humide dans les Terres qu'ils
parcouraient, c'est une remarque, Monsieur, que je vous prie de faire pour vous
détromper des faux principes des écrivains non philosophes, qui bornent leurs
pensées à dire : In auro invenitur semen
auri in argento argenti etc. Que dans l'or est la semence de l'or, dans
l'argent celle de l'argent etc. Niant après cela que la semence des métaux ne
peut se trouver dans aucun autre sujet.
Opinion détestable et erronée comme je veux vous faire voir
par raisonnement en attendant que vous l'appreniez par expérience.
Je soutiens que dans les métaux il n'y a point de semence
séminale lorsqu'ils ont reçu la forme métallique, parce que les métaux ne sont qu'un
humide condensé de la circonférence au centre de la Terre ; au lieu que tous
les êtres qui ont la vertu séminale pour être mis en acte, sont formés de
l'humide premier principe du centre à la circonférence, laquelle semence
produit et multiplie son espèce par corruption de laquelle se forme un germe
qui croît et augmente par addition du principe humide, mais d'une seule
semence, tous les métaux sont formés différemment seulement par la différente disposition
des Matrices sans vertus séminales.
Et je dis que dans la destruction de la forme métallique, il
ne se trouve qu'un humide incorruptible, et par conséquent qui n'est point séminal,
parce qu'il n'a point de germe végétatif, ni qui puisse prendre croissance,
ainsi il est mieux de dire : in Auro non
est semen Auri etc. que dans l'or il n'y a point la semence de l'or, ni
dans l'argent non plus, mais qu'il est très certain que l'humide dont l'or et l'argent
sont composés, se trouve l'un dans l'autre, non pas comme semence qui puisse
multiplier son espèce. En voici la raison.
C'est que toute semence doit produire un germe par
corruption, le germe croît par addition d'humide qui s'incorpore dans le germe
du commencement, et le germe se dilate dans l'addition de l'humide qui s'augmente
petit à petit par succession du temps, jusqu'à ce que le germe et addition
germée, ayant reçu la forme parfaite que la semence contenait en puissance
avant sa corruption pendant laquelle cette puissance a passé dans un nouveau
composé du germe où elle s'est fortifiée, s'étant dilatée dans le germe par
l'addition des quatre qualités survenues avec l'humide augmentatif, son
principe multiplie cette puissance jusqu'à ce qu'elle ait reçu la forme
parfaite à laquelle elle était destinée dans la semence, dont les accidents
l'ont fait sortir par le mouvement, de sorte que cette puissance séminale,
ayant une fois agi pour acquérir sa forme parfaite, se perd dans la perfection
de sa forme, à moins que le principe humide ne donne une nouvelle semence au
composé, dans laquelle le composé est contenu en puissance, sans que cette
semence soit de l'essence du composé, ce qui ne se trouve point dans les
métaux, puisqu'on ne peut rien séparer d'eaux sans détruire leur forme parfaite
et leur composé.
Disons plutôt, Monsieur, que l'or est dans sa semence et
l'argent dans la sienne, et ainsi des autres métaux. Les livres sont des
trompeurs qui donnent le change, marquant l'effet pour la cause, et la cause
pour l'effet : faisant chercher la matière dans la forme, et cependant la forme
est contenue dans la matière.
Vous auriez raison, Monsieur, de dire que les philosophes
n'ont pas écrit la vérité, ainsi je veux vous prouver l'erreur qui est dans
leurs écrits quand ils disent impunément que la semence des métaux ne peut se trouver
que dans les métaux, et non dans les autres sujets ; et moi au contraire je
leur prouverai par raisonnement solide et par expérience que cette semence
métallique se trouve dans les autres sujets et non pas dans les métaux.
Les philosophes ne peuvent pas disconvenir que la semence
des métaux provienne de l'humide premier principe substantiel qui la forme dans
la Terre, humide qui lui sert de sujet et de matrice par laquelle cet humide
principe est reçu avec les influences des astres qui lui donne le nom d'esprit
universel qui fait germer et produire toutes choses de différente forme selon
qu'il est reçu différemment par la différente disposition des sujets sur
lesquels cet esprit universel premier principe influe, portant avec soi les
quatre qualités accidentelles, qui doivent agir naturellement dans le germe
séminal tant métallique végétatif que sensitif des êtres de la nature, où tout est
composé d'humide substantiel premier principe.
Ce qui nous fait voir que les formes proviennent aussi de
cet humide par les différentes dispositions des matrices ou sujet dans lesquels
les quatre qualités du premier principe agissent plus ou moins
accidentellement, ce qui seul fait la différence des êtres dont la substance
dérive de l'unique principe.
D'où je conclue, sont humides faites d'un même principe
substantiel et qu'elles ne sont déterminées à différents germes que par les différentes
dispositions des matrices de différents sujets, où les qualités accidentelles
agissent différemment pour donner différentes formes, ainsi il ne faut que
disposer un sujet de la manière qu'est disposée la Terre, dans les quatre
qualités agissent la même chose, et où l'on trouvera la semence métallique dans
ce sujet, de même qu'elle est formée naturellement dans la Terre. Mais Monsieur,
ce n'est pas la semence métallique que les enfants de la science doivent
chercher dans l'art philosophique, leurs soins et leurs travaux sont pour quelque
chose de plus parfait que la nature des métaux les plus parfaits, puisqu'un peu
de poudre parfaite doit perfectionner les métaux imparfaits, que les accidents
ont privés de la perfection métallique, parce que les quatre qualités de la
substance premier principe n'ont pas agi parfaitement.
Je ne sais Monsieur si vous avez trouvé dans les livres des
philosophes la vérité que je vous dis sans emblème et sans énigme, me faisant
un devoir de vous parler à coeur ouvert, en attendant que vous puissiez parvenir
à l'exécution d'un ouvrage si curieux, sachant que vous êtes né pour la science
et pour les grandes choses.
La connaissance de la nature est la plus excellente, il n'y
a que les véritables enfants d'Hermès qui la possèdent. Vous serez, Monsieur,
un de ses plus illustres, votre sublime génie permettant facilement tous les points
difficiles des opérations momentanées, où les bâtards hermétiques, ne peuvent
parvenir. Ce qui a fait dire à plusieurs que la chose était impossible,
nonobstant qu'ils fussent dans le bon chemin ; le nombre en est fort petit à
proportion de celui de ces diseurs de grands mots qui soutiennent la chose sur
de faux principes, ne disant la vérité lorsqu'ils assurent que l'art doit
imiter la nature, et au lieu de l'imiter ils la détruisent par leurs
compositions opposées à la nature, quand même elle seraient bonnes. Leur
manière de travailler les rendrait inutiles et les empêcherait d'opérer, parce qu'il
courent après ce qu'il n'est pas besoin sans se soucier du nécessaire, qui
consiste seulement dans la matière dénuée de sa première forme pour lui en
donner une plus parfaite, renfermant en soi toutes les qualités du premier
principe substantiel au plus haut degré de la perfection et de tous les êtres
des composés, il n'y a que la poudre de projection qui les possède
parfaitement.
Cette matière doit avoir une consistance pour recevoir la
perfection de la qualité de la substance dans laquelle elles doivent
s'incorporer, et il faut aussi que cette matière ait la vertu de les retenir et
conserver à mesure qu'elles influent. Ce qui ne peut se faire qu'autant que la matière
participe de la substance du premier principe et par conséquent de ses
qualités.
Le premier principe substantiel est humide, sec, chaud et
froid, substantiellement, la matière aussi doit l'être par nature à un certain point,
ce qui fait la sympathie de l'ascendant et du descendant, d'autant que les
qualités de la matière inaltérée dans le dénuement de sa première forme,
montent à sa superficie pour recevoir celles que le principe substantiel leur
influe jusqu'au centre, lesquelles qualités se confondent ensemble, et restant
dans cette matière qui les contient par nature, par que celles de la matière
sont comme la semence séminale qui croît par addition des nouvelles qui
viennent se joindre, et par le mouvement de leur incorporation, se forme un germe
croissitif des qualités, qui se multiplie jusqu'à la dernière perfection.
Cette matière est capable de recevoir, ce dont le composé
devient avec le temps tout germe parfait, qui communique parfaitement sa perfection
aux formes imparfaites avec lesquelles on les joint. Voilà ce qui s'appelle, la
poudre de projection.
Cette matière, Monsieur, est moins hétérogène dans les
simples que dans tous les autres êtres, parce que l'humide principe substantiel
et ses qualités y sont plus abondamment, et d'une manière plus pure et plus parfaite,
et il est très facile de leur faire prendre leur première forme sans altérer
leur matière, qui doit incessamment conserver ses qualités sans être altérée
elle-même. L'expérience m'a fait connaître la vérité telle que je vous
l'expose, je puis vous assurer qu'il n'est point nécessaire, pour faire la
poudre de projection, ni de sel, ni de soufre, ni de mercure, tel qu'on nous le
décrit, qui ne sont que des noms qu'on a donné aux qualités de la substance du
premier principe.
Le sel nous représentant le sec,
le soufre, le chaud, le mercure, le froid et l'humide de l'unique substance des
êtres, ce qui se trouve à un degré éminent dans les simples, tant dans leur
forme, que quand on leur a fait perdre par une douce distillation qui sépare
l'humide du sec, sans que les esprits s'évaporent. Il faut conserver l'un et
l'autre bien précieusement pour les incorporer à propos, quand il est nécessaire,
et augmentant le sec au sec et l'humide à l'humide dans le composé qu'on en
fait, afin qu'ils sympathisent mieux avec les qualités du principe substantiel
dont l'un et l'autre sont dérivés dans leur production.
Voilà tout le mystère : Je vais vous apprendre aussi ce qui
nous est décrit dans la Genèse depuis le commencement jusqu'à la fin de l'ouvrage,
ce que vous n'auriez jamais cru ; mais j'espère par la suite d'avoir le plaisir
et l'honneur de vous en convaincre.
Avant de vous développer l'obscur et les secrets les plus
cachés, je vous dirai que dès ma tendre jeunesse, quoique j'ai eu beaucoup de malheurs,
poursuivi de la mauvaise fortune, j'ai toujours été curieux de savoir comment
pouvait se faire la construction de tout ce que je voyais, sans songer à la
poudre de projection, dont je n'ai entendu parler que depuis quelques années
comme de l'être le plus parfait de la nature, l'emportant même sur la nature, et
pour en apprendre le composé, j'ai lu les plus célèbres auteurs qui croient
faussement écrire la vérité de ce qu'une faible expérience leur a appris, soit
par révélation, ou par le moyen d'un ami ou d'un aventurier. Si l'on veut croire
leur dire, il faut être à un degré de la plus haute sainteté pour faire cet
ouvrage précieux, qui ne doit être destiné qu'à de œuvres saintes.
Leurs premières paroles sont véritables et les dernières
justes, mais les autres sont fausses. Je conviens avec eux que l'on ne peut
savoir la chose que par révélation de Dieu, ou par un ami, et n'en faire usage
que pour de bonnes oeuvres ; mais qu'en la faisant on soit saint, je le nie
formellement parce que je me flatterais de parvenir à ce secret, n'ayant
d'autre sainteté que le souvenir d'une vie passée et libertine, ayant été élevé
richement et dans les honneurs. J'ai commencé avec un morceau de toile taillé à
mon col en petit collet, ensuite ne prenant pas dégout à cet état, a succédé
l'envie de savoir l'analyse des simples, des mixtes, du corps humain, et par
tous les degrés par ou je suis passé, je n'ai pu parvenir encore à la sanctification,
et si je n'ai rien épargné pour tout apprendre.
J'ose vous dire, Monsieur, que si
leur expérience ne leur a appris que la vérité
qu'ils ont écrit, c'est une vérité bien fausse, puisqu'ils conviennent que
l'art dit imiter la nature, et cependant la nature est détruite par l'art, la
lecture de tels livres m'a appris l'un et l'expérience l'autre.
Cependant, étant convaincu de la possibilité sans savoir les
principes de cet être accidentel inconnu, je me suis attaché à découvrir les principes
de tous les autre êtres visibles contenus dans l'écriture sainte remplie
d'énigmes et de paraboles mystérieuses, où les vérités des plus grands mystères
y sont renfermés. Et après une longue étude, le hasard et l'état où mes parents
m'ont réduit, m'ont fait connaître dans mes voyages un homme mystérieux, avec
lequel je me suis entretenu des saints mystères, qui dans la suite m'a fait
voir la réalité de la poudre de projection, et m'a voulu apprendre les opérations
sans me donner aucun principe de l'oeuvre.
J'ai découvert moi-même tous les principes les plus mystérieux
dans la Genèse, que je vais vous expliquer, pour vous apprendre sans énigme,
par ces principes, la vérité de cette poudre dont les auteurs traitent
mystérieusement, et qu'ils n'entendent point, convaincu qu'ils n'ont jamais
connu ce mystère qu'en idée, et s'ils ont fait la projection, ce n'a été que
par le travail d'un autre, qui ne leur a point appris la manière de composer la
poudre dont voici l'explication énigmatique, sa première forme, son composé,
les opérations, sa perfection et ses effets prodigieux.
De tous les hommes du
monde, Dieu a choisi Abram et Saraï et Lot pour les faire passer en la Terre de
Chanaan.
C'est la poudre de projection qui est le terrestre le plus
parfait de l'univers comme la Terre de Chanaan était la plus désirable.
Terah, Abram, Saraï et
Lot étaient sortis de Chaldée.
La Terre des Chaldéens représente le champ ou croissent les simples,
Terah la nature simpliste, Abraham le simple solaire, Saraï le lunaire et Lot
celui qui tient des deux, parce qu'il était le neveu d'Abraham et allié de
Saraï.
Le Seigneur dit à
Abram : sortez de votre Terre et de
votre parenté et de la maison de votre père, et venez en la Terre que je vous
montrerai, je ferai sortir de vous un grand peuple, je vous bénirai et je
rendrai votre nom célèbre et vous serez bénits (Genèse, chap. 12). Abram, Saraï
et Lot sortirent avec tous les biens qu'ils avaient possédé et tout ce qui leur
était né à Haram pour aller en la Terre de Chanaan.
Le Seigneur représente l'artiste qui fait sortir les simples
de leur Terre naturelle, en les travaillant les éloignant de leur parenté, et
les fait passer dans une autre Terre, pour qu'ils multiplient en vertu de manière
qu'ils sont magnifiés dans la suite, comme Abram le fut dans la Terre de
Chanaan.
Les biens qu'Abram, Saraï et Lot emportèrent d'Haram nous représentent
les vertus et les qualités, que les simples ont tiré de leur Terre naturelle :
leur voyage d'Haram jusqu'à Chanaan, la distillation qui les fait changer de
forme comme ces trois personnes changèrent d'habitation.
Abram, Saraï et Lot
emportèrent d'Haram les biens qu'ils avaient possédé et ce qui leur était né.
Dans ce nouveau pays il faut aussi que les simples
conservent leur vertus naturelles dans la nouvelle forme que l'artiste leur
donne, qui doit être terrestre, parce qu'il est dit au verset 5 qu'Abram, Saraï
et Lot parvinrent en la Terre de Chanaan.
Abram passa au travers
de ce pays jusqu'au lieu appelé Sichem jusqu'à la vallée illustre, et le
Seigneur lui dit : je donnerai cette Terre à votre postérité.
Sur quoi il faut remarquer qu'il n'est parlé que d'Abram,
non de Saraï, ni de Lot. Pour montrer que les trois sortes de simples étant réduits
en Terre, il faut en faire un composé dont le plus noble porte le nom, tout
ainsi qu'Abram passa au travers la Terre jusqu'à Sichem, vallée illustre, parce
qu'elle produisait le pain et le vin que Melchisédech, roi de Sichem, offrait
au Seigneur.
De même il est nécessaire que les simples réduits en Terre,
qui sont notre composé, soient mis dans un vaisseau plat, représenté par la Terre
de Sichem et la vallée illustre, et qu'il soit substanté par le vin et la
nourriture qui doit être dans ce vaisseau, c'est à dire, par un composé
d'humide substantiel produit de cette Terre.
Abram étant passé par
là vers la montagne qui est à l'orient de Béthel, il tendit sa tente et dressa
encore en ce lieu un autel au Seigneur, il invoqua son nom.
Le composé de nos poudres étant arrosé devient en masse
comme une montagne, il faut l'exposer à la rosée pendant un certain temps ; la
consistance et le temps qu'il faut que les poudres restent, sont signifiées par
la montagne et par ces paroles, il tendit sa tente : Comme la rosée à l'orient
de Béthel.
Abram alla encore plus
loin marchant toujours et s'avançant vers le midi.
Quand la poudre a reçu la rosée elle s'enfle et s'élève
comme Abram s'avançait, il faut aussi l'exposer au Soleil qui nous est signifié
par le midi.
Mais la famine étant
survenue en ce pays-là, Abram descendit en Égypte pour y passer quelque temps,
parce que la famine était grande à cette contrée. Ibid.
Après ces opérations la poudre étant devenue spiritueuse par
les influences du Soleil et de la rosée, il faut lui donner de la nourriture en
la mêlant avec le sel ammoniac, l'alun de roche, la poudre de sang, le cinabre et
le sel de mercure, qui lui servent de Terre étrangère comme l'Égypte à Abram, et
par la trituration, notre composé qui est en masse en forme de montagne,
descend et se mêle avec les autres poudres.
Lorsqu'il était prêt
d'entrer en Égypte, il dit à Saraï sa femme, je sais que vous êtes belle, et
lorsque les Égyptiens vous auront vue, ils diront, c'est la femme de cet homme-là,
ils me tueront, vous réserveront pour eux, dites donc je vous supplie, que vous
êtes ma soeur, afin qu'ils me traitent bien à cause de vous, et me sauvent la
vie en votre considération. Ibid.
Ces poudres étrangères qui nous sont signifiées par les
Égyptiens, gâteraient la Solaire sans la Lunaire avec laquelle les autres ont
le plus de rapport, de même que l'homme entre dans la femme, que l'or se resserre
dans l'argent, aussi la poudre du simple Solaire s'englobe dans la Lunaire et
paraissent mari et femme, parce qu'elles n'ont rien produit. La Lunaire est
dite soeur de la Solaire, et Saraï sœur d'Abram, d'autant qu'elle n'avait
encore engendré d'enfant.
Abram étant ensuite
entré en Égypte, les Égyptiens virent que cette femme était parfaitement belle,
et les premières personnes d'Égypte en ayant donné avis à Pharaon, et l'ayant
fort louée devant lui, elle fut menée au palais du roi, ils traitèrent bien
Abram à cause d'elle, il eut un grand nombre de brebis, de boeufs, d'ânes, de
serviteurs, de servantes, et de chameaux. Ibid.
Les mixions de ces poudres avec les simples est l'arrivée
d'Abram en Egypte, le sel ammoniac, l'alun de roche et la poudre de sang sont les
Egyptiens, le cinabre, les princes de Pharaon, le sel de mercure est Pharaon,
ces poudres sympathisent avec la Lunaire comme les Égyptiens trouvèrent Saraï
belle, Saraï fut menée au palais de Pharaon, la Lunaire s'unit avec le sel de
mercure, qui préside sur les autres poudres et communique sa vertu et augmente
celle de la Solaire par le moyen de la Lunaire, de même que Pharaon donna du bien
et des richesses à Abram en considération de Saraï.
Mais le Seigneur
frappa Pharaon de grandes plaies et toute sa maison, à cause de Saraï femme
d'Abram. Ibid.
L'artiste doit triturer le composé pour dégager la poudre
Lunaire d'avec le sel de mercure et des autres après qu'elle en a tiré la substance,
et les arroser afin que le sel de mercure et les poudres étrangères n'agissent
avec puissance sur celle des simples.
Pharaon ayant fait
venir Abram, lui dit, pourquoi m'avez-vous traité de cette sorte, que ne vous
m'avez averti quelle était votre femme ? D'où vient m'avez-vous dit quelle
était votre soeur pour me donner lieu de la prendre pour ma femme, puisque cela
est ainsi, voilà votre femme que je vous rends, prenez-la et vous en allez.
Pharaon ayant donné ordre à ses gens, ils allèrent reconduire Abram, sa femme et
tout ce qu'il possédait.
Le composé étant trituré, on l'expose au Soleil, et les
poudres des simples s'élèvent au-dessus des autres par sublimation, après en
avoir tiré ses qualités. La Lunaire s'incorporant avec la Solaire et celle qui tient
des deux, se séparent du terrestre et des autres qui ne subliment point, ainsi
on prend les poudres sublimées et on garde les terrestres de celles qui
demeurent.
Abram, donc, étant
sorti d'Egypte avec sa femme et tout ce qu'il possédait, Lot avec lui, alla du
côté du midi. Chap. 13
Le composé de poudre de trois sortes de simples représenté
par Abram, Saraï, Lot, doit faire la même chose dans sa sublimation aux rayons
du Soleil, qui nous est représenté par le midi, tout ce qui sublime est bon,
ainsi il ne faudrait pas s'étonner s'il ne restait que peu de choses sans
sublimer, des poudres étrangères, dont la substance se serait changée en celle
des simples qui les attirait avec elles, ce qui nous est signifié par ces mots.
Abram, Saraï et Lot étant sortis d'Egypte et tout ce qu'il possédait, ainsi
qu'il est écrit au singulier, si tout sublimait tout serait parfait.
Abram était
extrêmement riche et avait beaucoup d'or et d'argent.
Mais il faut remarquer qu'il n'avait que de brebis, des
boeufs, des ânes, et des chameaux.
Après cette sublimation notre poudre a les qualités de l'or et
de l'argent, comme Abram avait l'équivalent, ce qui ne suffit pas encore.
Il revint par le même
chemin qu'il était venu du midi jusqu'à Béthel, jusqu'au lieu où il avait
auparavant dressé sa tente, entre Béthel et Haï où était l'autel qu'il avait
bâti, il invoqua en ce lieu le nom du Seigneur.
Il est important de remarquer que le lieu où Abram retourna
est la montagne de la vallée illustre de Sichem en Chanaan où Abram fut naturalisé,
par la promesse que Dieu lui fit de lui donner cette Terre, car il était de la
race de Sem fils ainé de Noé, natif d'Ur des Chaldéens, d'où il sorti avec son
père Terah, et habita quelque temps en Haram.
Notre composé qui a suivi Abram sans son voyage doit le
suivre aussi dans son retour, c'est-à-dire revenir en masse en forme de montagne
qui soit dure comme dans l'opération signifiée par le verset 8 chap. 12, mais
par une autre manière que la première fois qu'on l'avait exposée à la rosée,
signifiée par l'orient de Béthel, au lieu que présentement notre poudre doit
prendre consistance aux rayons du Soleil. Ainsi qu'il est marqué par ces mots :
Abram s'en retourna par son chemin vers
le midi, qui signifie le Soleil. Et il est dit qu'il invoqua le nom du
Seigneur pour nous faire comprendre que le composé à besoin des mains de
l'artiste.
Lot qui était avec
Abraham avait aussi de troupeaux, de brebis, des boeufs et des tentes.
La poudre simple qui tient du Solaire et du Lunaire que Lot
nous représente, augmente en vertu dans les opérations, de même que Lot reçut
des dons et des bienfaits de Pharaon avec Abram, par le moyen de Saraï.
La terre ne leur
suffisait pas pour demeurer l'un avec l'autre, parce que leurs biens étaient
fort grands et ils ne pouvaient demeurer ensemble.
Les qualités de notre composé sont si grandes qu'il faut remettre
ce qu'on a gardé de terrestre dans la sublimation précédente, signifiée au
chap. 12 v. 18 19 et 20 qui sont tous expliqués dans un article, afin qu'elle
se dilate, il faut triturer, arroser et remettre en masse au Soleil.
C'est pourquoi il
s'excita une querelle entre les pasteurs d'Abram et ceux de Lot, en ce temps-là
les Cananéens et le Phérésiens habitaient en cette Terre.
Notre composé est cette Terre, le sel ammoniac et l'alun de
roche sont les Cananéens et les Phérésiens ; les qualités des simples les pasteurs
d'Abram et de Lot. Leurs troupeaux, et le débat des pasteurs, c'est l'agitation
que ces sels donnent aux poudres des simples qui ont augmenté en vertus
différentes, les unes étant pour l'or et les autres pour l'argent, qu'il faut
séparer nécessairement.
Abram dit donc à Lot :
Je vous prie qu'il n'y ait point de dispute entre vous et moi, ni entre vos
pasteurs et les miens, car nous sommes frères. Vous voyez devant vous toute la
Terre, retirez-vous, je vous prie d'auprès de moi. Si vous choisissez la
gauche, je prendrai la droite. Si vous prenez la droite, je prendrai la gauche.
Voilà la séparation qu'il faut faire du composé en masse,
afin que l'influant ne se confonde dans la différence des sujets de notre poudre,
qui ne se déterminerait ni pour l'or, ni pour l'argent, si elle restait
ensemble.
Et pour que vous preniez Monsieur la poudre Solaire pour
elle-même et non la Lunaire pour la Solaire, je veux vous faire connaître l'une
et l'autre. Afin qu'on ne se méprenne pas.
Le composé doit être en masse comme un gâteau élevé,
représenté par la montagne de Béthel. Tout ce qui sera blanc au-dessus de ce gâteau,
c'est la poudre Lunaire qu'il faut gratter avec un couteau : car la Solaire est
de couleur grisâtre tirant sur le rouge, quoi qu'il ait un peu de l'une parmi
l'autre, n'importe parce que naturellement dans l'or il se trouve de l'argent, et
dans l'argent de l'or. Il vaut mieux pourtant qu'il y ait de la Solaire dans la
Lunaire, que s'il restait de la Lunaire dans la Solaire. La séparation faite
vous les triturez chacun en particulier et travaillez comme il suit.
Lot donc, leva les
yeux et considéra tout le pays situé le long du Jourdain, qui avant que Dieu
détruisît Sodome et Gomorrhe, s'étendait de ce lieu jusqu'à ce qu'on vienne à
Ségor, et paraissait un pays très agréable tout arrosé d'eau comme un jardin de
délices, et comme l'Égypte qui est arrosée des eaux du Nil, et il choisit sa
demeure le long du Jourdain en se retirant de l'orient. Ainsi les deux frères
se séparèrent l'un de l'autre. Abram demeura dans la Terre de Chanaan, et Lot
dans les villes qui étaient aux environs du Jourdain, et il habita dans Sodome.
Il est bon de remarquer que lorsque Lot éleva les yeux, il
était sur la montagne, notre composé est en masse quand on fait la séparation, de
même que Lot éleva les yeux, la poudre Lunaire s'élève au-dessus du composé,
l'or et l'argent étant fondus ensemble, comme j'ai dit ci-devant, l'argent
paraît au-dessus du lingot et l'or reste caché dans le centre.
Il est remarqué que Lot choisit la plaine du Jourdain, qui
était tout abreuvée comme un jardin de délices, et comme la Terre d'Égypte, et s'en
alla d'orient, vint demeurer aux villes qui étaient vers le Jourdain, pour nous
marquer aussi qu'il faut étendre notre poudre pour l'argent et la bien arroser
comme était la plaine du Jourdain, qui signifie l'arrosement et l'humide,
laquelle poudre il ne faut exposer ensuite au Soleil qu'après huit ou neuf
heures du matin quand il est bien chaud, et la retirer une heure avant qu'il se
couche, nous étant ordonné par ces mots et
s'en alla d'orient : c'est-à-dire qu'il faut éviter la froideur du matin et
lui faire ressentir la chaleur qui nous est signifiée par la Terre d'Égypte.
Voici les accidents de la poudre Lunaire qu'il faut
travailler d'une manière toute différente que la Solaire.
En ce temps-là
Amraphel roi de Sennaar, Arioch roi du pont, Chodorlahomor roi Elamite, Thadal
roi des Gentils, firent la guerre contre Bersa roi de Gomerrhe, contre Senaab
roi d'Adama, contre Semeber roi de Seboin et contre le roi de Bala qui fut
depuis appelée Ségor. Tous ces rois s'assemblèrent dans la vallée des Bois (Siddin)
qui est maintenant la Mer Salée. Ces rois avaient été assujettis à Chodorlahomor
pendant douze ans et la treizième année ils se retirèrent de sa domination.
Ainsi l'an quatorzième Chodorlahomor vint avec les rois qui s'étaient joints à
lui et ils défirent les Raphaïtes dans Astaroth Carnaim, les Suzites qui
étaient avec eux, les Emites dans Save Carthaim et les Chorréens dans les montagnes
de Séir jusqu'aux campagnes de Pharan, qui est dans la solitude. Etant retourné,
ils vinrent à la fontaine de Misphat près de la ville de Cades, et ils
ravagèrent tout le pays des Amalectites et des Amorrhéens qui habitaient dans
Afasonthamar.
Les quatre rois nous représentent le froid, le chaud, le sec
et l'humide, les cinq la poudre des simples Ch. *** Im... An… l'alun de roche,
la poudre de sang, le sel ammoniac et le cinabre du composé pour l'argent.
Ces quatre rois livrèrent bataille contre les cinq dans la
vallée des Bois, où il y avait plusieurs puits de bitume qui signifie les
vaisseaux et les fourneaux des philosophes sophistes dénommés par la vallée des
Bois et la bataille, par l'agitation où ils mettent le composé de la poudre.
Mais les rois de
Sodome et Gomorrhe furent mis en fuite et leurs gens taillés en pièces, et ceux
qui échappèrent s'enfuirent sur une montagne.
Le roi de Sodome représente l'animation de notre poudre, et
le roi de Gomorrhe ses vertus qui sont détruites dans l'agitation qu'on leur donne
dans leurs vaisseaux, et ceux qui s'enfuirent dans la montagne c'est le
terrestre des poudres.
Les vainqueurs ayant
pris tout ce qu'il y avait de richesses et de vivres dans Sodome et dans
Gomorrhe, se retirèrent et emmenèrent parmi le butin, Lot fils du frère
d'Abram, qui demeurait dans Sodome et tout ce qui était à lui.
Voilà ce qui arrive à notre poudre sur le feu, non seulement
elle perd ses qualités et sa substance, mais aussi les accidents détruisent sa nature
comme il est marqué par ces mots : ils se
retirèrent et emmenèrent aussi Lot.
En même temps, un
homme qui s'était sauvé vint en donner avis à Abram Hébreu qui demeurait dans
la vallée de Manbré Amorréen frère de Scol et d'Aner qui tous trois avaient
fait alliance avec Abram.
Ce qui reste quelquefois dans nos vaisseaux du composé pour l'argent
représenté par Lot contient encore quelque vertu, ainsi qu'il est porté par ces
paroles : un homme qui s'était sauvé.
Lorsque cela arrive on peut y remédier par le moyen de la poudre pour l'or, comme
je le ferai voir par la suite en ce traité, où je veux suivre point à point
l'ordre de Moïse, sans m'écarter du chapitre treizième, que je reprends pour
vous enseigner comment il faut travailler le composé pour l'or d'une autre
manière que pour l'argent.
Je vous dirai donc Monsieur comment on perfectionne le
composé de la poudre qui doit projeter l'or, et pour cela faire il faut
remonter au Chap. 13 de la Genèse vers. 12 où il est marqué que les frères se séparèrent
et que Lot choisit pour sa demeure Sodome vers la plaine du Jourdain, et Abram
habitait la Terre de Chanaan, qui veut dire meilleure Terre, Terre de désir.
Alors le Seigneur dit
à Abram, après que Lot fut séparé d'avec lui : Levez vos yeux et regardez du lieu où vous
êtes au septentrion, au midi, à l'orient et à l'occident, toute cette Terre que
vous voyez, je vous la donnerai à vous et à votre postérité pour jamais, je
multiplierai votre race comme la poussière de la Terre, si quelqu'un peut
compter la poussière de la Terre, il comptera aussi la suite de vos descendants,
parcourez présentement toute l'étendue de la Terre dans sa longueur et dans sa
largeur, parce que je vous la donnerai.
Comme le Seigneur fit lever les yeux à Abram de même que
l'artiste par son travail fasse lever la Terre en lui donnant une augmentation des
quatre qualités du premier principe par un composé naturel qui se trouve dans
les simples que je vous ai dénommés à un degré éminent, lesquelles quatre
qualités nous sont marquées par le septentrion, le midi, l'orient et l'occident
que le Seigneur dit à Abram de regarder.
Cette opération est très difficile parce qu'elle doit se
faire in pondere numero et mensura
avec poids et mesure. Elle est aussi très importante, puisqu'elle donne la
puissance à notre composé d'agir sur toutes choses, comme l'on voit par ces
mots : toute cette Terre que vous voyez, je la donnerai à vous etc.
Cette opération étant faite comme il faut, notre composé
reçoit la puissance séminale, multiplicative et la vertu d'agir sur tout dans
la suite de sa perfection, chaque grain devenant un germe multiplicatif, ainsi
qu'il est marqué par les paroles je
multiplierai etc.
La poudre des simples ayant reçu à propos les quatre
qualités, par les soins de l'artiste se répand dans tous les composés d'une
manière plus parfaite et avec plus de puissance qu'elle n'avait fait
auparavant, de même qu'Abram se promena parmi la Terre en sa longueur et en sa
largeur, au lieu qu'il n'avait fait que passer en certains endroits jusqu'alors,
dans son premier voyage il était arrivé dans la vallée illustre en la montagne
de Béthel par l'orient, et au retour d'Égypte par le midi, où il avait tendu
son pavillon, qui nous représente la consistance de notre composé après la
première fois seulement par la rosée, et la seconde par le Soleil, c'est-à-dire
par l'humide tempéré chaud. Mais dans cette troisième opération, il faut que
notre poudre prenne consistance par un humide tempéré des quatre qualités in pondere et mensura.
Abram donc levant sa
tente vint demeurer près de la vallée de Manbré qui est aux environs d'Hebron,
il dressa là un autel au Seigneur.
Après la culture ci-dessus, l'artiste doit étendre la
poudre, non en gâteau élevé, mais plat, ainsi qu'il nous est représenté par la
plaine de Manbré, elle doit prendre consistance, comme il est dit qu'Abram dressa
un autel au Seigneur.
Abram habitait en la
plaine de Manbré Amorrhéen frère de Scol et frère d'Aner, qui tous trois
avaient fait alliance avec Abram.
Dans la culture précédente, il faut que l'artiste mêle avec
notre poudre, le sel de mercure signifié par Manbré Amorrhéen et deux liqueurs
représentées par Scol et Aner ses frères alliés d'Abram, parce que dans
l'opération le tout s'incorpore dans le composé de la poudre et c'est le sel de
mercure, et les deux liqueurs qui lui donnent les qualités susdites
représentées par le septentrion, le midi, l'orient et l'occident qu'Abram avait
regardé avant de parcourir la Terre en sa longueur et largeur.
Après cela, le
Seigneur parla à Abram dans une vision, et lui dit, ne craignez point, je suis
votre protecteur, et votre récompense sera infiniment grande, Abram lui
répondit Seigneur mon Dieu je mourrai sans enfants, et Eliezer intendant de ma
maison, a un fils qui est ce Damascus, pour moi ajoute-il, vous ne m'avez point
donné d'enfants, ainsi le fils de mon serviteur sera mon héritier. Chap. 15
v. 1
Notre poudre étant parvenue jusqu'ici a bien les qualités et
la vertu de germer les semences des métaux, mais non pas de les former ni de
les multiplier, lesquels germes que notre poudre produirait se détermineraient
plutôt en la forme des métaux imparfaits, que des parfaits, les uns et les
autres ne provenant que d'un même germe auxquels les accidents et les
différentes dispositions des matrices, où ce germe métallique est produit donne
différentes formes, comme la disposition de la matrice de la femme donne au
germe produit de la semence humaine, la forme d'un mâle ou d'une femelle, c'est
pourquoi Abram lui répondit, Seigneur mon
Dieu je mourrai sans enfants et Eliezer intendant de ma maison a un fils qui
est ce Damascus qui nous représente le hasard des accidents dans notre
composé.
Il est à propos de remarquer qu'Abram dit aussi, vous ne m'avez point donné d'enfants, ainsi
le fils de mon serviteur sera mon héritier.
Ce qui signifie que notre poudre qui peut produire le germe métallique
avec toutes ses vertus et qualités ne peut pas former l'or pour lequel elle est
destinée, comme Abram de pouvait avoir d'héritier légitime, le germe de notre
poudre pouvant se déterminer dans cet état en des métaux imparfaits, ainsi que
la semence d'Abram pouvait engendrer des bâtards. Abram craint que le serviteur
né dans sa maison ne soit son héritier si le Seigneur n'accomplit sa promesse.
Notre poudre ne projetterait que des métaux imparfaits si
elle n'augmentait en qualité par les soins de l'artiste, l'or étant le maître des
autres métaux représentés par les serviteurs d'Abram. Lorsqu'Abram dit que le
Seigneur ne lui avait point donné de semence, cela doit s'entendre de semence
productive d'un légitime héritier, car Abram avait la puissance d'engendrer
comme notre poudre a celle de germer, mais non pas de former l'or qui est en puissance
dans son germe, comme le légitime héritier d'Abram était dans sa semence.
Le Seigneur lui répondit
aussitôt, ce ne sera point celui-là qui sera votre héritier, mais votre
héritier sera celui qui naîtra de vous.
Il faut aussi que l'artiste sache le moyen de perfectionner
notre poudre pour produire l'or, comme le Seigneur donna un légitime héritier à
Abram.
Après l'avoir fait
sortir hors, il lui dit : levez les yeux aux ciel et comptez les étoiles si
vous pouvez, c'est ainsi ajouta-il, que votre race se multipliera. Gen. Chap.
15
De même que le Seigneur fit sortir Abram hors de sa tente,
l'artiste doit détruire la consistance du composé pour le faire sublimer, ainsi
qu'il est marqué par ces paroles, levez
les yeux au ciel et comptez les étoiles, pour nous montrer qu'il faut mette
la poudre au serein quand il fait beau, et la faire sublimer au Soleil.
Et Abram crut au
Seigneur et sa foi fut imputée à justice.
Le composé obéit à l'artiste et devient parfait, la justice
d'Abram nous signifie la perfection de la poudre, et la foi son obéissance à l'artiste,
mais il faut que la science soit juste comme la promesse de Dieu était
véritable.
Le Seigneur lui dit,
je suis celui qui vous a tiré d'Ur en Chaldée, pour vous donner cette Terre,
afin que vous la possédiez. Abram lui répondit, Seigneur mon Dieu à quoi connaitrai-je
que je la possèderai ? Chap 15
Si l'artiste veut voir alors à quel degré de qualité est le
composé avant de passer outre, quand il a atteint la perfection ci-dessus.
Voici comme il doit faire l'expérience qui sera inutile sur tous les métaux, sinon
sur le mercure.
Le Seigneur lui répondit,
prenez une vache de trois ans avec une chèvre de trois ans, et un bélier de
trois ans avec une tourterelle et une colombe. Abram prenant donc tous ces
animaux les divisa par moitié, et mis les deux parties qu'il avait coupé vis à
vis l'une de l'autre, mais il ne divisa point la tourterelle ni la colombe.
Chap. 15 v. 10
La vache nous signifie le cuivre par sa couleur jaunâtre, la
chèvre l'étain ou le plomb, le bélier le fer, la tourterelle et la colombe le mercure
qui est volatil. Il est dit qu'Abram partagea tous les animaux par le milieu, et
qu'il chaque partie l'une à l'opposite de l'autre, mais qu'il ne divisa point
les oiseaux.
Cela veut dire qu'il faut mettre en pièces tout l'étain, le
plomb, le cuivre et le fer, chacun en particulier, ce qu'on ne saurait faire du
mercure représenté par les oiseaux, car quand on le sépare il se rejoint,
lesquelles pièces des métaux, on met infuser dans un dissolvant avec la poudre
du composé, comme il est marqué ci-après.
Comme les animaux qui représentent les métaux furent séparés
ainsi qu'il est marqué verset 10 que les oiseaux de proie venaient fondre sur
le corps des bêtes mortes et qu'Abram les chassait. v. 11
L'action qu'Abram faisait nous signifie le dissolvant qui
doit agir sur les parties des métaux représentés par le corps des animaux,
comme la poudre de notre composé par le mot vallée,
c'est-à-dire pincée ou poignée de Terre.
Lorsque le Soleil se
couchait, Abram fut surpris d'un profond sommeil, il se trouva comme dans les
ténèbres saisi d'un grand effroi.
Le sommeil d'Abram nous représente le temps de l'infusion
des métaux avec le dissolvant et la poudre et les ténèbres qui tombent sur lui,
l'effet de l'expérience inutile qui s'en va en fumée.
Alors il lui dit,
sachez dès maintenant que votre postérité passera dans une Terre étrangère et
qu'elle sera réduite en servitude et accablée de maux pendant quatre cent ans.
Disons de même de la poudre qu'on a mis sur les métaux en infusion,
pour faire cette expérience elle sera réduite dans une autre Terre, et les
métaux détruiront ces qualités pour toujours, ce qui nous est marqué en ces
termes : votre postérité passera dans une Terre étrangère et elle sera réduite
en servitude, accablée de maux pendant quatre cent ans, c'est-à-dire pour
toujours à l'égard de la poudre.
Mais j'exercerai mes
jugements sur le peuple auquel ils seront assujettis et ils sortiront ensuite
de ce pays avec de grandes richesses. Pour vous, vous irez en paix avec vos
pères dans une heureuse vieillesse.
Cette épreuve fera connaître à l'artiste que la poudre n'a
pas encore assez de vertu pour projeter les métaux, de même que les Israélites sortis
de la semence D'Abram qui furent menés en captivité pour s'être séparés du
culte du vrai Dieu et servirent en Égypte comme esclaves, où ils moururent
tous, aussi si on mettait toute la poudre à des épreuves sur les métaux, elle
périrait dans la suite. Les Israélites sortirent triomphants du pays d'Égypte
avec de grands biens, mais ce ne fut que ceux qui suivirent les commandements
du Seigneur, ainsi la poudre qui sera travaillée selon les règles, tirera de
grands biens des métaux qui ont détruit celle de l'expérience précédente, tout
de même qu'Abram prospéra sur la Terre de Chanaan, et que sa semence s'y
multiplie à l'infini dans la suite.
Ainsi arrivera-t-il à notre composé s'il est cultivé comme
je vous le montrerai dans la suite, mais achevons de suivre l'effet de l'expérience
contenue en ce chapitre et expliquons ces mots : pour vous, vous irez en paix
avec vos pères dans une heureuse vieillesse.
C'est-à-dire que notre composé représenté par Abram,
deviendra parfait comme le principe qui lui a donné la vie dans sa nouvelle forme,
qui est l'unique substance, et notre composé ayant atteint cette perfection etc.
multipliera dans tous les êtres, comme fait le premier principe, et dureront
autant l'un comme l'autre, puisque notre poudre se multiplie tant qu’elle
trouve des sujets à pouvoir communiquer sa vertu à un certain point, de même
qu'un morceau de levain par addition proportionnée changerait tout l'univers en
pâte si l'univers était farine.
Vos descendants
viendront en ce pays-ci après la quatrième génération, parce que la mesure des
iniquités des Amorrhéens n'est pas encore remplie. Ibid.
Il faudrait aussi tout recommencer l'ouvrage si on avait mis
toute la poudre du composé à cette expérience et travailler davantage, c'est-à-dire
jusqu'à sa perfection pour agir sur semblables métaux, de même que ceux qui
sortirent de la captivité d'Égypte, avaient reçu l'être longtemps après ceux
qu'on avait amené et avaient en le coeur une plus parfaite connaissance de
Dieu, qui nous représente la plus grande vertu que doit avoir notre poudre pour
pouvoir projeter sur des métaux semblables à ceux de l'épreuve.
Après le Soleil couché
il se forma une obscurité ténébreuse, il parut un four d'où sortait une grande
fumée et l'on vit une lampe ardente qui passait au travers des bêtes divisées.
C'est la fin de l'expérience, le four fumant représente le
fourneau, et le creuset nous est marqué par la lampe ardente, la flamme sont
les étincelles provenant du salpêtre et du borax qu'on jette pour faire fondre
le métal. Voilà pourquoi il est dit qu'une lampe de feu passait au travers des
bêtes divisées, et la grande obscurité qu'il y eut, c'est la fumée de l'opération
du dissolvant et de la poudre du composé, n'étant resté qu'un métal tout
obscur, c'est-à-dire imparfait.
En ce jour-là le
Seigneur fit alliance avec Abram disant, je donnerai cette Terre à votre race
depuis le fleuve d'Égypte jusqu'au grand fleuve d'Euphrates, tout ce que
possèdent les Cinéens et les Cénézéens, le Monéens et les Hétéens, les Phérésiens
et aussi les Raphaïtes et les Amorrhéens, les Cananéens et les Jebuzéens.
L'alliance que le Seigneur fit avec Abram nous montre qu'il
faut que l'artiste travaille sur notre composé pour acquérir la perfection de projeter
sur semblables métaux, comme il est marqué par la promesse que Dieu fait de lui
donner la Terre depuis le fleuve d'Égypte jusqu'à l'Euphrate. La poudre doit
agir avec puissance sur tous les métaux représentés par le nom des peuples
ci-dessus, comme firent les Israélites sur ces nations dont ils détruisirent
les sectes, ainsi que notre composé de poudre changera les espèces des métaux quand
elle sera parfaite.
Or Saraï femme d'Abram
ne lui avait point encore donné d'enfants, mais ayant une servante Égyptienne
nommée Agar, elle dit à son mari, voyez que le Seigneur m'a mis en état de
n'avoir point d'enfants, prenez, je vous prie, ma servante afin que je puisse
avoir des enfants par elle et Abram se rendit à la prière.
Saraï signifie la poudre, Abram le composé. Saraï était
femme d'Abram, l'homme et la femme ne font qu'un, parce que la femme est formée
et l'homme est enfanté par la femme.
Vous ne serez peut-être pas fâché Monsieur que je fasse ici
une petite digression curieuse en vous priant de faire attention que la nature humaine
ou le genre humain a reçu l'être de quatre différentes manières, à savoir, sans
l'homme et sans la femme, c'est Adam. D'un homme sans femme, c'est Ève. D'une
femme sans homme, tel fut Jésus Christ. De l'homme et de la femme, c'est le
reste des mortels. Je reviens Monsieur à l'explication du symbole énigmatique et
je dis que l'homme et la femme n'étant qu'un, notre poudre signifiée par Saraï et
le composé par Abram notre poudre est contenue dans notre composé et notre
composé est notre poudre, il est dit que Saraï n'avait pas encore donné
d'enfants.
Saraï signifie que la poudre qu'on mettrait à faire une
expérience sur les métaux dénommés dans la Genèse Ch. 15 v. 9-10 ne produirait rien,
comme nous avons vu dans la suite où il n'est parlé que des bêtes divisées, qui
signifie les métaux susdits.
Saraï dit à Abram de
prendre Agar sa servante Égyptienne pour voir si elle pouvait avoir des enfants
par son moyen.
C'est une autre épreuve que l'artiste peut faire de notre
poudre non pas sur ces métaux, mais sur le mercure représenté par Agar Égyptienne,
comme aussi par la colombe et la tourterelle qu'Abram n'avait pas divisé, par
le fourneau fumant et la lampe de feu qui n'avait passé qu'au travers des bêtes
divisées, et de même que Saraï était maîtresse d'Agar sa servante, notre poudre
dominera sur le mercure représenté par Agar si on en met dessus, ainsi qu'Abram
connut Agar.
Alors Saraï prit Agar
sa servante qui était Egyptienne et la donna pour femme à son mari, après
qu'ils eurent habité dix ans en la Terre de Chanaan, Abram obéit à Saraï. Agar
voyant qu'elle avait conçu commença à mépriser sa maîtresse. Ch. 16
Il y avait dix ans qu'ils étaient en Chanaan quand elle conçut,
ce qui signifie que notre poudre doit avoir dix mois pour pouvoir projeter,
ainsi si l'artiste mêle la poudre de notre composé avec du mercure avant même
qu'elle soit entièrement parfaite, il trouvera du métal au lieu de mercure qui
ne sera ni or ni argent, comme nous allons voir pour l'enfantement d'Agar qui
méprise sa maîtresse, cela veut dire que ce qui reste dans le creuset est un
métal brillant et beau sans lequel le reste du composé de notre poudre ne peut
plus agir qu'il n'ait augmenté en qualité.
Il arrive aussi que dans le mercure il n'est formé qu'un
germe métallique qui se fixe seulement sans avoir la forme d'aucun métal sans
que notre poudre puisse se déterminer davantage, mais en fondant le mercure
fixé avec de l'or, augmente l'or. Si c'est avec de l'argent il augmente
l'argent, avec le fer le fer, et de même avec les autres métaux.
Alors Saraï dit à
Abram, vous ne me faites pas justice, je vous ai donné une servante pour être
votre femme et voyant qu'elle est enceinte elle me méprise, que le Seigneur
soit juge entre vous et moi. Abram répondit, votre servante est entre vos mains
usez-en avec elle comme il vous plaira, Saraï donc la traita mal, et Agar s'enfuit.
La plainte de Saraï nous fait connaître le mystère parce que
nous avons remarqué ci-devant que Saraï représentait le simple Lunaire qui
prenait la substance et la qualité du mercure et les communiquait à la Solaire
pour augmenter ses vertus, lesquelles fixent dans cette opération le mercure en
un argent apparent par addition des qualités du premier principe, voilà
pourquoi il est dit, je vous ai donné ma servante.
Le mot de servante de Saraï qui
représente la Lune, nous montre que le mercure est dominé et formé par la Lune,
mais voyant qu'elle a conçu, elle la méprise. Que le Seigneur soit juge entre vous et moi, ce métal produit par
la poudre a une apparence de bonté et un bel oeil comme l'argent, dans lequel
aussi il paraît quelque jaune approchant de l'or, mais la connaissance de
l'artiste doit juger de l'un et de l'autre, et pour cela il est dit à Saraï
qu'elle avait Agar entre les mains et qu'elle en pouvait faire comme bon lui
semblerait, l'artiste aussi doit éprouver ce métal pour voir s'il est bon ou
non.
Et comme Saraï la maltraitait elle s'enfuit. Cette forme de
métal qui ne contient véritablement que le germe métallique, se consomme, se détruit
dans le creuset et à la coupelle et le mercure fixé s'enfuit comme Agar fit.
L'ange du Seigneur
l'ayant trouvé dans le désert auprès de la fontaine qui est sur le chemin de
Seir lui dit : Agar servante de
Saraï, d'où venez-vous et où allez-vous ? Agar lui répondit : je fuis devant Saraï ma maitresse. L'ange du Seigneur
lui répartit : retournez à votre
maitresse et humiliez-vous sous sa main, et il ajouta : je vous
donnerai une si grande postérité qu'elle sera innombrable vous avez conçu comme
vous voyez vous enfanterez un fils que vous appellerez Ismaël, parce que le
Seigneur a entendu votre voix dans votre affliction, ce sera un homme fier et
sauvage, il lèvera la main contre tous et tous lèveront la main contre lui et
il dressera ses pavillons aux yeux de tous ses frères.
L'ange trouva Agar enceinte dans un désert près d'une
fontaine et il lui dit de retourner à sa maitresse et de s'humilier sous sa
main et qu'il multiplierait sa postérité à l'infini.
Moïse nous décrit dans ses paroles le lieu où se trouve le
mercure qui est une terre stérile et humide où il n'y a que le germe
métallique, lequel recevant l'influence des astres représentés par la fontaine,
reçoit la forme de fer par la disposition de la matrice de la Terre.
Ces paroles, retournez
à votre maitresse, veulent seulement nous faire voir que pour que le
mercure ait la forme métallique il doit être dans la Terre sa mère et par
conséquent sa maitresse et humiliez- vous sous sa main, c'est-à-dire qu'il
reçoit l'influence qui est aussi maitresse de lui donner la forme qu'elle
voudra de concert avec la Terre, n'étant parlé ici que d'un lieu désert après
avoir parlé de la Terre de Chanaan comme la plus fertile, arrosée par de grands
fleuves.
Moïse traite des métaux plus ou moins parfaits par les
Terres plus ou moins fertiles et par les grandes et moindres influences
représentées par les fleuves, et par une seule fontaine, pour nous montrer que
tous les métaux ne proviennent que d'un seul principe et d'un seul germe, et
que leurs différentes formes et qualités ne sont plus ou moins parfaites que
par rapport aux différentes dispositions des lieux et des matrices qui
reçoivent différemment les influences.
Cela nous est marqué aussi par la personne d'Agar, servante
de basse condition, qui nous montre la disposition de la matrice et le lieu du
désert, la stérilité de la Terre, nonobstant que la matrice d'Agar eût reçu une
semence noble comme celle d'Abram, elle enfanta Ismael qui fut archer.
Dans notre sujet la semence d'Abram dans la matrice d'Agar et
la condition d'Ismael, nous signifie la production des métaux naturellement
plus ou moins précieux selon les lieux où la nature les fait croître, chaque
mine contenant le germe cressitif de son espèce ; ainsi que nous voyons que
l'ange dit à Agar mère d'Ismael qui nous représente le fer par ces paroles : ce sera un homme fier et sauvage et lèvera
la main contre tous, et tous contre lui et dressera ses pavillons aux yeux de
tous ses frères.
Comme il est vrai qu'on se sert du fer pour tous les travaux
qu'on fait, duquel il est dit, je multiplierai tellement ta semence quelle ne
se pourra nombrer.
Alors Agar invoqua le
non du Seigneur en lui disant : Vous êtes le Dieu qui m'avez vu, car il est
certain, ajouta-t-elle, que j'ai vu ici par derrière celui qui me voit, c'est
pourquoi elle appela le puits, le puits de celui qui est vivant et qui voit,
c'est le puits qui est entre Cades et Barad.
Moïse veut montrer que Dieu prend soin de toutes choses et
n'abandonne point les affligés. Ainsi Monsieur, le sens du sujet que nous traitons, est que notre poudre a puissance
sur toutes choses quand elle est parfaite. De même que Dieu a fait toutes
choses parfaites dans leur différente espèce, c'est ainsi que l'unique
substance premier principe forme et multiplie tous les êtres, aussi notre
composé perfectionnera les choses les plus imparfaites dans tous les métaux.
Agar enfanta un fils à
Abram qui le nomma Ismaël. Abram avait quatre cent six ans lorsqu'Agar lui
enfanta Ismaël.
Abram nous représente le germe métallique, Ismaël la forme
du fer, et Agar la matrice de la Terre vile où le fer se forme. L'âge d'Abram
nous apprend que le germe métallique demeure quatre-vingt- six ans avant qu'il
puisse recevoir la forme de fer dans la Terre en recevant les influences qui
déterminent ce germe en une forme vile.
Voilà Monsieur en peu de mots la manière de parvenir à la
grande oeuvre signifiée et marquée par tous les versets que je vous ai cité. Ainsi
je finis, le temps ne me permettant pas de vous en dire davantage en attendant
que les réflexions que vous ferez, suppléent à ce qui ne m'est pas permis de
découvrir et que j'aie l'honneur de vous écrire une seconde lettre, où je vous
expliquerai clairement tout ce que je vous ai avancé. Je suis avec un profond
respect,
Monsieur,
Votre très humble et très obéissant serviteur
D.L.B.
SECONDE LETTRE
Preuves sur les moyens de parvenir à la poudre de projection par
l'humide substantiel premier principe
Monsieur,
Le court entretient que j'eus l'honneur d'avoir avec vous,
m'oblige aujourd'hui de rappeler toutes mes idées pour vous faire connaître que
les faux philosophes avaient abusé de votre bonté et trop grande crédulité, en
vous exposant des principes contraires à la vérité de l'oeuvre, la surprise où
vous fûtes de mes discours m'étonna fort peu, quoiqu'ils vous paraissent bien
opposés aux livres qui vous ont occupé jusqu'à présent.
Je vous avoue Monsieur, que votre étonnement me fit plaisir,
persuadé que les effets de la réalité que j'espère vous faire voir, vous
désabuseront entièrement des sophistes qui ont voulu vous surprendre. Je sais
le canal dont plusieurs personnes se sont servi pour vous tromper, qui
parlaient bien en apparence sans savoir ce qu'ils disaient, ne répétant que ce
qu'ils avaient appris par coeur dans les livres pleins d'énigmes, que peu de
gens sont capables de pénétrer : quoique tout le monde se flatte de les
expliquer clairement, mais quand il s'agit d'une expérience, ces diseurs de
grands mots sont connus pour des vendeurs de Mithridate.
Un honnête homme doit être sûr de son fait et en état de
prouver ce qu'il avance, surtout à des personnes que Dieu à doué d'un
discernement égal à votre naissance et à votre mérite : l'un et l'autre
devraient imposer à l'audace de ces affronteurs, qui ont eu la témérité de vous
faire occuper et donner tout votre temps à des choses qui tendaient à la
destruction de ce qu'ils prétendaient faire, convaincus qu'ils ne les feraient
jamais, ignorant l'unique principe du composé sans lequel rien ne peut être,
puisque dans la production tout vient de lui et dans la destruction du composé
tout se réduit à ce principe.
Les plus grands homme se sont perdus et se perdent dans la
recherche, confondant son unique substance avec les accidents, qu'ils
qualifient de substance, et les font indépendantes de ce seul principe, comme
le feu, l'air, la terre, qu'ils appellent élément
substantiel, sans pénétrer que ces trois accidents ne sont que des composés
qui nous représentent le chaud, le froid et le sec de l'unique substance de
l'eau qui est le seul principe dont tous les êtres sont composés, qui a pour
quatrième qualité l'humide. Et pour jeter de la poudre aux yeux ils placent ces
trois prétendues substances dans des régions où elles ne pourraient pas
subsister sans détruire la nature, mettant l'élément du feu au-dessus de l'air,
celui de l'air au-dessus de l'eau, et l'eau au- dessus de la terre.
Sur quoi je dis ainsi qu'ils conviennent tous que les
productions de la nature se font sur terre, et que dans tous les composés les
quatre qualités s'y trouvant, elles ne proviennent que de leur principe.
Comment veulent-ils donc que la chaleur du feu pénètre le froid de l'air qui
est son contraire pour venir se joindre à l'humide et au sec qui ne peut pas
monter dans la région du feu, parce que l'air s'y opposerait aussi bien que la
nature qui est présente, comme celle du feu légère et par conséquent l'une ne
pourrait pas monter, ni l'autre descendre pour former le composé, puisque le
propre de la légèreté est de monter et du pesant de descendre. D'autres
philosophes qui connaissant cette incongruité sont tombés dans une plus grande
erreur, veulent que le feu élémentaire soit dans le centre de la terre. Si cela
était la terre serait d'abord consommée, sans que le froid ni l'humide puissent
y remédier, que dans la surface qui leur serait plus prochaine que le centre
souffrirait, et la flamme que nous voyons descendrait pour aller se joindre à
son élément plutôt qu'elle monte. Et il serait vrai de dire que plus on
creuserait dans la terre et plus on en tirerait le chaud, ce qui nous
obligerait à lever nos glacières vers la froide région de l'air au lieu de
faire ce que l'expérience nous apprend et que tout le monde pratique.
Les différents sentiments de la région du feu nous font
comprendre qu'il n'y a point de feu élémentaire, et le nombre infini de
substance m'a convaincu, qu'il n'y avait qu'une substance et que tout le reste
n'était qu'accidents provenant d'un seul principe, et l'expérience m'a fait
voir que tout retournait à lui.
Aristote, Platon, Trismégiste, et autres l'ont défini sans
le connaître, ils ont parlé savamment de ses effets sans en avoir pénétrer à
fond la cause ; si quelques-uns ont réussi dans l'oeuvre, comme ils disent dans
leurs livres, j'ose vous assurer Monsieur que s'est par le hasard, ou bien ils
n'ont pas écrit la vérité, j'ai lu les plus célèbres sans ajouter foi à leur
dire qui est entièrement opposé à la production du fait, le volume ne traitant
que de la matière première de l'esprit universel, des quatre éléments qui en
produisent un cinquième qu'ils nomment quintessence, qu'Aristote appelle le
lion qui fait germer toutes choses ici-bas ; Trismégiste la désigne verte bienheureuse sans expliquer en
quoi elle consiste, et quel est son principe, ni ce qu'il faut faire pour
trouver cette quintessence qui doit fournir et servir de nourriture à l'enfant,
étant le vin philosophique.
Le Cosmopolite dit que la matière se trouve dans le sein
d'Aries, elle y est effectivement. Mais Aries signifie le bélier, le mois de
mars, mars la tension. Cette énigme est presque impénétrable. Vous m'avez avoué
de bonne foi Monsieur que les philosophes n'avaient pas accusé juste (je suis
avec raison de votre sentiment) aussi bien que les plus habiles gens qui ont
perdu leur temps à suivre les rêveries des auteurs qui font la descriptions
d'entonnoirs, de fourneaux, de feux de lampes, de sables, de charbons et de
mille autres sottises qui n'aboutissent qu'à faire dépenser de l'argent pour
avoir de la cendre pour toute réalité et
de la fumée pour la récompense des travaux.
La raison est plausible : c'est qu'ils ne connaissent pas le
principe de l'unique substance qui fait la production des composés. Sans énigme
j'aurai l'honneur de satisfaire à vos désirs en continuant de vous expliquer le
premier chapitre de la Genèse qui m'a conduit heureusement, et comme par hasard
à la connaissance de ce principe dont Dieu s'est servi pour créer toutes
choses.
Je vous montrerai visiblement les productions de la nature et
l'erreur de tous les souffleurs.
Au commencement Dieu
créa le Ciel et la Terre, qui étaient sans forme : Spiritus Dei ferebatur super
aquas.
Voilà le principe et la matière dont Dieu a créé toutes choses,
mais non pas par la forme que Dieu leur a donnée avec le pouvoir de produire et
de multiplier selon leurs êtres et leurs substances qui sont diverses par
accident, quoique substantiellement elles ne soient créées par un seul principe
auquel elles se réduisent dans leur destruction qui est l'unique substance
substantielle qui subsiste sans altération en son centre élémentaire, contenant
les quatre qualités que les philosophes ont pris sottement pour diverses
substances, n'étant qu'accidents, que nous ne connaissons que dans les composés
accidentellement contenus dans l'unique principe incommencé dans la matière et
la forme Spiritus Dei ferabarur super
aquas, l'esprit de Dieu était porté sur les eaux avant le commencement du
monde. Il fallait donc que les eaux fussent avant la création des autres êtres,
et qu'elles aient été le principe et la matière pour former toutes choses qui
ne se détruisent que lorsque l'humide radical se corrompt ou s'évapore par
quelque accident. Au contraire elles subsistent, croissent et multiplient tant
que cet humide radical croît et subsiste en elles à proportion des accident
dont la multiplication de l'un et de l'autre change même les formes de toutes
choses par l'accroissement de l'unique principe qui se trouve en tout, sans
lequel rien n'est permanent, lui seul contenant en puissance le froid, le
chaud, l'humide et le sec, puisque dans l'acte ces quatre qualités que nous
croyons dans leurs êtres ne sont produites que de lui.
Par exemple la génération de l'homme ne se fait que par le
sperme humide qui s'échauffe par le mouvement du sang et de l'acte générique,
de ce sperme se forme un embryon dans la matrice de la femme, de cet embryon se
forme un enfant dans la matrice de la femme, qui croît de jour en jour par
addition de flux des mois qui sont nécessaires à la femme, de cet embryon se
forme un enfant, de cet enfant un homme par la nourriture humide qu'il prend, et
cet homme subsiste tant que la substance radicale est en lui ; mais aussitôt
qu'elle est détruite par corruption ou par quelque autre accident, l'homme
cesse de vivre et retourne dans son principe corruptible par corruption. Je ne
prétends point parler ici de l'âme. C'est le corps qui devient en terre, la
terre en eau corrompue, cette eau en air, et cet air en eau incorruptible qui
avait composé en tout cet homme par la multiplication de son humide, dont une
partie était changée par condensation en os, l'autre en nerfs, l'autre avait
composé les yeux, l'autre la chair, l'autre la peau, les ongles, les cheveux et
tout le corps humain.
Voilà Monsieur comme Dieu a créé toutes choses au
commencement du monde, avant lequel son esprit était porté sur les eaux qui
composaient le chaos. D'une partie il en a formé les cieux, de l'autre la
terre, de l'autre le Soleil, la Lune et les étoiles, les poissons, les oiseaux et
généralement tous les animaux, les arbres, les plantes, les racines, les métaux
et tous les êtres qui sont au milieu des eaux. Spiritus Dei ferebatur super aquas (Genèse 1) Dieu fit le firmament
pour séparer les eaux avec les eaux separavit
aquas ab aquis.
Le coeur de l'homme représente le firmament, le coeur étant
au milieu des eaux, la volonté la lumière, les yeux le Soleil et la Lune, les
étoiles la chair, la terre le ventre, la mer, les rivières et les ruisseaux les
veines. Les poissons, les oiseaux et les animaux, les vers que nous avons. Les
rochers, les pierres et les métaux, les os. Les arbres, les plantes, les
racines de la terre, les cheveux, poils et les ongles. Les montagnes les articulations. Il est constant
que l'homme parfait est le vrai modèle du monde, tant sublunaire
qu'élémentaire, puisque tout ce qui se trouve dans l'un on le voit pareillement
dans l'autre.
Ce n'est pas assez de pénétrer ce grand point qui ne fait
qu'établir mon unique principe et détruire avec raison la multiplicité des
prétendues substances élémentaires qui ne furent jamais, puisqu'on l'on ne
saurait trouver un centre sans les faire agir contre nature.
Il faut aussi que les enfants de la science philosophique
sachent comment un arbre produit ses fruits, par quel ressort une pomme, une
poire, un abricot, une pêche, une noix, une grenade, un raisin, une rose, un
jasmin, un oeillet ou quelque autre fruit se forment au bout de leurs tiges.
Il est absolument nécessaire qu'ils conçoivent de quelle
manière une partie de cet humide se change en écorce, l'autre en bois, l'autre
en sève, l'autre en feuilles, en bouton, en fleur, en fruit, noyau, en pépin et
comment dans ce noyau se forme une amande, et dans ce pépin est contenu en
puissance l'arbre et la tige, le bois, et les feuilles et les fleurs et les
fruits substantiellement, et par quel moyen ce même principe qui les a composés
leur donne l'être par l'acte.
Lorsqu'ils sont parvenus à cette connaissance, ils ne seront
pas longtemps à découvrir la production des métaux, qui dérivant du même
principe, servent de matière à tous les êtres du monde, qui ne diffèrent que
dans la forme, par la raréfaction ou la condensation qui dit se faire pondere et mensura, avec poids et mesure,
tel qui convient au sujet qu'on veut construire, la matière étant d'elle-même
disposée à recevoir quelle forme on veut lui donner, quand elle est reprise
dans son principe ou qu'on le sait rendre indéterminée, c'est-à-dire lui faire
quitter une forme pour lui en donner une autre, et qui doit se faire en un
instant. Car étant déterminée, elle ne saurait recevoir une autre forme, que
celle du sujet déterminé, ainsi que vous me l'avez objecté fort à propos.
Cette opération doit se faire sans violence par un moyen qui
détruise seulement la forme sans altérer ni absorber la matière, pour imiter la
nature en la destruction des composés, qui se fait par corruption et
dilatation, lesquelles désunissent les parties en séparant la matière de la
forme de gré à gré, par l'évaporation de cet unique principe substantiel, qui
s'en retournerait à son centre incorruptible après avoir été corrompu, si l'art
ou les accidents ne l'arrêtaient pour lui faire prendre une nouvelle forme soit
métallique ou autre, par l'accroissement ou diminution de cet humide, qui vient
de quitter la forme où il était déterminé, en se déterminant facilement par
condensation ou raréfaction, à la forme qu'on veut lui donner.
Cette destruction de la forme sans altérer la matière ne
peut se faire que par un moyen qui soit de la nature de la matière,
c'est-à-dire qu'il renferme en son composé l'humide et le chaud, afin que
l'humide du médium reçoive l'humide du composé, que la chaleur du médium
détruit par la jonction et l'accroissement de ces deux humides, qui se trouvent
dominants, parce que les formes du composé et du médium sont détruites par la
dilatation et la chaleur. Vous trouverez ces deux humides du premier principe,
qui sont la matière première indéterminée, disposée à recevoir toutes les formes
par une poudre siccative qui doit se joindre à ces deux humides et le tout ne
faire qu'un composé nouveau par cessation de la forme du premier.
La chaleur de ce médium en détruisant la forme du composé
pour rendre son principe indéterminé, qui devient tout humide, perd sa force
par la froideur de l'humidité supérieure, et le froid de l'humide condense les
pores du premier principe, qui devient pesant et par conséquent plus solide et
en moins de volume par cette condensation de l'humide.
Par exemple le mercure est un composé d'humide visqueux par
condensation liquide et coulante, qui étant séparée se rejoint par la viscosité
qui se rend indéterminée dans les autre formes métalliques, quoiqu'il soit de
leur nature, et qu'il en ait la pesanteur, il faut dilater par un médium la
viscosité de sa nature, séparer ses parties condensées et coulantes par leur
humidité pour le réduire en son premier principe humide, ce que l'on ne saurait
faire qu'en le réduisant en eau par un médium chaud et humide et une poudre
siccative, laquelle étant jointe avec l'humide froid du médium et du principe
qui composait auparavant le mercure, ôte la viscosité, et son humide liquide se
trouve condensé dans un instant, et ainsi fixé il est changé en métal Solaire
ou Lunaire, ce qui dépend uniquement de la composition de la poudre qui doit
être faite de la matière de cet unique principe, de laquelle poudre je parlerai
ci-après.
Ce n'est donc pas le feu accidentel comme celui de charbon
ou de lampe qui peut détruire les formes sans altérer la matière des composés, et
rendre cet unique principe indéterminé et propre à recevoir une autre forme en
produisant un nouveau composé. Puisque le feu accidentel est destructif de la
matière, ne pouvant la séparer ni la disjoindre de la forme, qu'en consommant
l'une et l'autre par violence, étant l'ennemi et l'opposé de l'humide principe
de tous les êtres, qui véritablement renferme en lui le chaud et le sec par
température du froid contenu dans son humidité, son unique substance.
Ces quatre qualités étaient en puissance dans le premier
principe, c'est-à-dire dans la matière sans forme ou indéterminée avant le
commencement du monde. Mais Dieu ayant entièrement déterminé cette première
matière par la diversité des formes de tant de différents êtres, qu'il a créés,
en mettant cette puissance du premier principe en acte, cette première matière
ne peut plus être sans forme, la destruction d'un composé faisant dans le même
instant la production d'un autre, corruptio
unius fit generatio alterius. La destruction d'un composé se fait en deux
manières sans altération de la matière par la trop grande abondance de
l'humide, ou par son évaporation, tant dans les choses animées qu'inanimées,
végétales, que métalliques, mais la production de l'une et des autres ne peut
se faire que par addition d'humide condensé ou raréfié plus ou moins.
Lorsque cet humide principe est raréfié à un certain point
il devient air, plus ou moins froid, sec ou humide, suivant qu'il est agité en
haut il est plus ou moins chaud, lorsque ce même principe humide est condensé,
il est appelé terre plus ou moins sèche, humide ou froide, à proportion du
mouvement où elle se trouve, n'y ayant que le seul mouvement accidentel, qui
puisse augmenter ou diminuer l'une ou l'autre des quatre qualités de la
substance de ce premier principe dont tous les êtres sont composés, laquelle
augmentation ou diminution des quatre qualités du premier principe ne provient
que de la différence du mouvement, selon la situation ou se trouve le composé.
Sur ces principes incontestables, il faut Monsieur que les
enfants de la science, pour pouvoir réussir à la production des métaux et des
autres composés, sachent parfaitement après avoir connu ce premier principe, à
quel degré les quatre qualités doivent être dans le composé qu'ils veulent
faire, à quel point ce principe qui les contient doit être condensé ou raréfié,
pour rendre leur composé parfait sans s'écarter des règles de la nature, que
l'art ne peut qu'imiter dans la construction et destruction des formes plus
parfaites aux composés imparfaits, et d'abréger le temps que la nature met à
les produire, dont voici Monsieur la manière infaillible et la véritable
composition de la poudre de projection et comment il faut la projeter.
Premièrement il faut avoir un composé qui serve de sujet à
la projection qui consiste seulement à donner une forme plus parfaite au
composé imparfait, ce qui ne peut se faire que par un composé plus parfait, que
l'on joint au moins parfait, et par l'union de ces deux composés il s'en forme
un troisième qui est moins parfait que le plus parfait, et plus parfait que le
moins parfait.
Ce composé plus parfait qui doit donner une forme plus
parfaite au composé moins parfait, est ce que nous appelons poudre de
projection, qui renferme en elle les quatre qualités du troisième composé, que
nous voulons faire à un degré plus éminent qu'elle ne se trouve après l'union
qui s'est faite avec le composé moins parfait, qui est devenu plus parfait par
addition des quatre qualités parfaites du composé plus parfait, qui devient
moins parfait dans la forme du nouveau composé plus parfait que l'était le
moins parfait, et moins parfait que le plus parfait.
Pour faire cette union du composé parfait avec le moins
parfait, il faut nécessairement que ce soit par un agent qui dilate les pores
du composé moins parfait, afin que les qualités du plus parfait les pénètre
pour leurs communiquer leurs perfections.
Cet agent ne doit dilater que le composé imparfait sans
altérer la matière de ce composé, qui ne se peut faire que par un agent qui
contient l'humidité à un degré de perfection du premier principe, dont tous les
êtres sont composés, et par le degré de perfection, du premier principe cet
agent agit sur tous les êtres condensant les pores dilatés, et dilatant ceux
qui sont condensés à proportion que l'artiste le met en mouvement, ce même
agent aussi se pétrifie ou devient liquide toujours par addition de son composé
premier principe, selon le mouvement qui lui est donné, et par conséquent il
est de la nature de tous les composés, avec les humides il est froid par
l'inaction, et avec les chauds il est sec par le mouvement, sans qu'il altère
sa matière ni celle des êtres sur lequel il agit, parce que toutes les qualités
de la nature des êtres se trouvent dans son composé entièrement parfaites,
quand l'artiste sait les séparer les unes des autres, et mettre à part l'humide
de cet agent, pour ajouter à l'humide du
composé s'il est nécessaire d'augmenter l'humidité, le froid au froid, le chaud
au chaud, et le sec au sec ; au contraire il faut se servir de l'humide de cet
agent pour diminuer le sec, et du froid pour abattre ou tempérer la chaleur du
composé imparfait s'il est nécessaire, pour lui donner une forme plus parfaite.
C'est pourquoi Monsieur, je vous ferai remarquer qu'il est
d'une nécessité absolue que les enfants de la science sachent les degrés des
quatre qualités qui doivent être dans le composé qu'ils veulent faire. Sans
cela ils travailleraient à l'aventure, quand même ils auraient en leur possession
la matière première indéterminée, comme elle était avant la création du monde,
ce qui est du tout impossible, parce que cette matière pour être indéterminée,
telle que les philosophes sophistes prétendent trouver, devrait être sans
forme. Mais il est constant que depuis la création du monde il n'y a jamais eu
de matière sans forme, la destruction d'un composé faisant la construction d'un
autre. Corruptio unius fit generatio
alteris.
Il n'y a que l'unique degré des quatre qualités du premier
principe qui doit faire la différence
des formes de tous les composés à proportion que ce degré est différent dans
les êtres.
Voilà Monsieur en quoi consiste la science philosophique qui
est dans la seule connaissance des degrés des quatre qualités dans chaque composé,
tout le reste est très facile, le poids et la mesure fait la multiplication et
l'augmentation du composé quand on est parvenu à la connaissance des différents
degrés des qualités. La composition est un jeu d'enfant, il n'y a que la
mixtion à faire et la joindre au composé imparfait avec le médium ou agent dont
j'ai parlé, et le composé imparfait prend ainsi une forme plus parfaite de
lui-même. La mixtion du degré des qualités doit se faire avec poids et mesure, c’est
ce que nous appelons poudre de projection.
Le médium ou agent qui dilate et condense les pores du
composé imparfait, c'est un dissolvant que les philosophes appellent le vin
philosophique qui n'est point corrosif, et par conséquent n'altère jamais la
matière du premier principe.
Ce dissolvant se tire de trois sortes de simples, comme j'ai
eu l'honneur Monsieur de vous les nommer ci-devant, l'une est Solaire, l'autre
est Lunaire et la troisième tient des deux. L'humide de ces simples renfermant
en soi le soufre, le sel et le mercure, sans être séparé de l'un ou de l'autre
humide, qu'il faut extraire en pressant chaque simple en particulier, ces trois
humides étant mêlés ensemble in pondere
et mensura, avec poids et mesure pour en faire un seul humide composé, en
trente-six heures réduit toutes sortes de métaux en eau métallique qui est la
matière de ce premier principe, on mêle une poudre, qui renferme les degrés des
quatre qualités, qui doit se trouver dans le composé métallique qu'on veut
faire et par le seul mouvement que l'on donne avec une spatule, pour faire
incorporer la poudre dans cette eau métallique, elle se condense et devient en
grumeaux qui se tiennent ensemble dans un creuset qu'on met sur un feu lent
pour évaporer l'humide du dissolvant, et ce qui était d'impur dans le métal
imparfait, ensuite faisant fondre ce qu'il reste, vous trouverez lez composé
parfait selon les degrés des qualités de la poudre qu'on a mêlé dans l'eau
métallique.
Cette poudre doit être faite de l'humide principe de tous
les êtres, sa composition est le sel des simples, ou Lunaire ou Solaire,
cueillis dans la saison qu'il faut et suivant les constellations qui leurs
donnent des influences productives desdits sels qui se trouvent plus
abondamment dans lesdits simples au Printemps ou pendant l'Automne.
Les sels doivent être arrosés de l'eau du premier principe
qui se tire des simples et exposer le tout au Soleil, qui fait croître et
augmenter les effets des sels réduits en poudre, tant par addition de l'humide
des eaux, que par les rayons du Soleil, qui donne ses influences pour condenser
l'humide de ces eaux avec la siccité desdits sels en poudre, qui deviennent un
composé solide, qu'il faut triturer dans toutes les cultures avant de les
arroser ; cette opération doit se faire jusqu'à ce que ces poudres aient
atteint la perfection du degré des quatre qualités, qui doivent donner la forme
parfaite au composé moins parfait.
Cette poudre composée des sels des végétaux, dans sa
première opération est semblable à l'embryon formé dans la matrice de la femme par
l'humide spermatique qui s'augmente par l'addition du flux des mois pour former
un enfant, qui est la seconde opération de la nature.
Il faut aussi arroser cette poudre dans la seconde opération
d'une eau distillée, du sang d'un certain animal qui a une chaleur au suprême
degré quoiqu'il soit toujours dans le froid : laquelle eau renferme ces deux
qualités dans tous les degrés par addition du flegme qu'on sépare dudit sang et
qu'on mêle avec poids et mesure avec cette même eau sanguine dont on fait un
composé humide avec les eaux tirées des simples pour arroser lesdites poudres
dans les cultures de la seconde opération, où elles doivent changer de couleur,
sur cette eau de sang que les philosophes ont appelé sang innocent (comme il
est vrai) car l'animal est des plus innocents, certains sophistes ont eu la
cruauté d'égorger de jeunes enfants par un effet de leur ignorance ; la qualité
du sang humain n'a pas celle qu'il faut pour l'oeuvre.
De même que l'enfant croît et prend des forces par la
nourriture du flux des mois jusque à sa naissance : de même aussi fait la poudre dans cette
seconde opération quand on l'arrose, il faut seulement prendre garde de ne pas
la noyer par la trop grande quantité et de lui en donner assez de peur qu'elle
ne languisse.
L'enfant étant né, on le nourrit de lait et à mesure qu'il
croit on lui donne de la bouillie, et dans la suite, des aliments plus
substantiels, il faut faire la même chose à notre poudre, en augmentant la dose
des eaux tirées des simples et non du sang, dans lesquelles eaux des simples on
met à tremper du bois de F.... et de B... desquels les eaux tirent la
substance, qui est très forte, qui se communique aux dites poudres dans les
cultures pendant la troisième opération qui représente l'enfance, et l'adolescence
dans lequel il faut lui donner pour nourriture le sel de mercure, en faisant la
culture après les avoir triturés dans cette troisième opération, elle change
encore de couleur.
La quatrième opération est semblable à la troisième, hormis
qu'il faut augmenter la dose de sel de mercure, et des eaux, ce qui nécessaire
de faire dans toutes les cultures jusqu'à ce que les poudres soient
parfaitement rouges.
Les poudre dans leurs principe végétal des simples sont
vertes et grisâtres, quand elles sont en forme de sel et qu'on les mêle pour en
faire un composé, elles sont obscures ; dans les premières cultures de la
première opération elles deviennent noires par l'arrosement. Dans la seconde
opération elles blanchissent peu à peu. Dans la troisième elles sont
rougeâtres, et dans la quatrième elles deviennent tout à fait rouges.
Il faut dans toutes les cultures des quatre opérations mêler
un peu d'eau commune bien nette et tant soit peu d'esprit de vin dans les eaux
composées, desquelles on veut arroser lesdites poudres dans les cultures, et
qui doit se faire par aspersion.
Dans toutes les cultures la matière augmente, mais
principalement dans la quatrième après la seconde culture, si la poudre n'a pas
langui dans les opérations précédentes.
Le vent leur est fort contraire, le mauvais air, et si la
femme en approche dans certains temps, elle les corrompt, surtout quand on leur
a donné la culture.
Il faut toujours les tenir au Soleil ou à l'air dans le beau
temps, quand il pleut, elles doivent être dans un lieu sec et chaud, ne les
arroser jamais ni les triturer quand il fait beau et point de vent, il n'y a
que deux jours dans chaque mois pour leur donner leur culture, s'il fait
mauvais temps, il vaut mieux les laisser à moins d'avoir un endroit bien fermé
où la chaleur soit à quarante-quatre degrés, ou du moins à trente-huit, dans
ces cas-là on peut les triturer et les arroser, toujours par aspersion.
On connaît quand la quatrième culture est parfaite, lorsque
les poudres subliment, on peut prendre les sublimées et s'en servir comme
ci-dessus. Si on les garde, il faut que ce soit dans une bouteille bien bouchée
afin qu'elles ne s'éventent, et leur donner de temps en temps du mercure bien
lavé, qu'elles dévorent comme l'aimant le fait de la limaille de fer. Vous
prendrez garde qu'elles soient dans un lieu sec et qu'elles ne souffrent pas le
froid ni l'humide.
Ces poudres dans ces opérations, après avoir été triturées et
passées dans un tamis de soie, on les arrose, et à mesure qu'elles sèchent
elles deviennent dures, en masse comme une pierre, c'est pour cela qu'on
appelle l'oeuvre pierre philosophale, mais quand elles sont parfaites et
qu'elles ont sublimé, elles sont toujours poudres, ne formant que des petits
grumeaux qui en les maniant se réduisent en poudre.
On peut aussi projeter en cette manière. Mettre tremper
cette poudre dans l'huile d'or rectifiée, dilater le mercure par le dissolvant
ci-dessus, et mêler quelque goutte de cette huile d'or, dans laquelle poudre se
dissout avec ledit mercure, onze gouttes projettent une livre dudit mercure.
Vous devez Monsieur être content de ce que vous avez exigé
de moi, j'ai tâché de profiter des leçons que l'on m'a fait. J'ai donné toute
mon application pour obéir à vos ordres, quoique j'ai rappelé dans mes idées
tout ce que j'ai pu apprendre, soit par la lecture ou par expérience, je
confesserai hardiment In vanum laboraverunt
qui quaesirunt eam dormierunt somnum suum et nihil juvenerunt in manibus suis.
Je compte autant sur l'honneur de votre estime que sur tous les trésors
chimiques, étant avec beaucoup de respect,
Monsieur,
Votre très humble et très obéissant serviteur
D.L.B.