L E L I V R E D E T H O T
Oswald Wirth
1889
Oswald Wirth est sans doute – avec René Guénon (bien que
leurs opinions fussent souvent divergentes) – l’un des acteurs principaux du « redressement
symbolique » de la Franc-Maçonnerie française au cours de la première
moitié du XXème siècle.
Dans le registre maçonnique, on connaît de Wirth « La
Franc-maçonnerie rendue intelligible à ses adeptes, en trois tomes (Apprenti-Compagnon-Maître) ».
En liaison avec le symbolisme maçonnique, Wirth traitera de
l’alchimie dans « Le symbolisme hermétique dans ses rapports avec
l'Alchimie et la Franc-maçonnerie ».
Il aborde l’alchimie d’une manière plus générale dans « Propos
sur l’alchimie », dans « Théories et symboles de la philosophie
hermétique », dans ses préfaces au « Serpent vert » de Goethe et
au « Grand livre de la Nature ou l’Apocalypse philosophique et hermétique »…
… Mais aussi dans son œuvre sans doute la plus connue, « Le
Tarot des Imagiers du Moyen-Age », où il étudie les aspects kabbalistique,
maçonnique, magique, astrologique, divinatoire bien sûr, et enfin alchimique,
des 22 lames majeures du tarot traditionnel.
Avec cette étude, parue en 1926, il nous livre, dessinée par
ses soins, une nouvelle version des 22 lames majeures du tarot. Ce « Tarot
de Wirth » connaîtra un succès important, tant pour ses qualités graphiques
que pour son contenu symbolique.
Les connaisseurs de ce « Tarot de Wirth »
apprendront peut-être ici que la version que l’on peut actuellement acquérir et
qui est en tout cas la plus répandue, a été revue en 1966 (23 ans après la mort
de Wirth) et est précédée de trois autres versions, datées de 1889, 1926 donc, et
1927 (voir annexes I, II et III).
Ce qui singularise ces différentes versions, ce sont leurs « différences ».
Le présent article a pour objet de présenter la version originale de 1889, dite
« Livre de Thot », éditée à cent exemplaires, dessinée par Wirth sous
les indications de Stanislas de Guaïta (dont il fut d’ailleurs le secrétaire et
le disciple),.
Le graphisme de cette première version de 1889 est moins
achevé que celui des versions ultérieures, mais ce qui en est surtout frappant,
ce sont les « différences » symboliques qu’elle présente par
rapport aux éditions ultérieures. En voici quelques exemples :
- Le Bateleur : trois deniers sur la table, dont l'un frappé du Sceau de Salomon, au lieu d’un seul denier dans la version contemporaine (et disparition du Sceau de Salomon)
- La Papesse : absence du Yin-Yang sur le livre tenu par la Papesse
- L’Amoureux : bandeau sur les yeux de l’angelot, supprimé dans les versions ultérieures
- Le Pendu : inversion des couleurs de l’habit du Pendu
- Le Diable : inversion des mentions Solve et Coagula sur les bras du Diable
- La Maison-Dieu : titre de la lame
- Etc.
Un grand nombre de ces différences se manifeste au niveau de
la distribution des couleurs, et principalement les couleurs des habits des
personnages.
On conçoit bien qu’en matière de symbolisme alchimique –
bien présent dans le tarot de Wirth-, des différences parfois importantes, des
inversions, d’une version à l’autre de l’œuvre réalisée par un même auteur,
sont intrigantes…
On trouvera ci-dessous les 22 lames du « Livre de Thot »,
dessinées en 1889 par Oswald Wirth. A leur suite, l'annexe II proposant la version de 1927 du Tarot de Wirth pourra être consultée pour comparaison.
L.A.T.
LE LIVRE DE THOT
Oswald Wirth
1889
ANNEXE I
Le Bateleur dans les quatre versions du Tarot de Wirth
Version de 1889 |
Version de 1926 |
Version de 1927 |
Version de 1966 |
ANNEXE II
Version de 1927 des lames majeures du Tarot de Wirth, attachées au « Tarot des Imagiers du Moyen-Age ».
Cette version est identique à la version de 1966 en ce qui concerne les symboles et les couleurs. Seule exception : l’encadrement des lames est constitué de symboles phéniciens qui disparaîtront dans la version de 1966.
Comparée à la version de 1889 du « Livre de Thot » présentée plus haut, elle permet d’observer l’évolution (les changements) du symbolisme et des couleurs.