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SCHWEIGHARDT Le Miroir de la Sagesse (1618)




Speculum sophicum rhodostauroticum

LE MIROIR DE LA SAGESSE

Theophilus Schweighardt (Daniel Mogling)

1618
  
Par la médiation des Elohim
Moi, Theophilus Schweighardt Centralleanicus, béni de cette époque, héraut de la Philosophie Universelle - Triple - Chimique - Physique - Magique - Divine par la grâce de Dieu, révélée aux indignes, je souhaite, à tous ceux à qui il fut accordé par Dieu de considérer mon “Sophia speculum oculis intelligentiae” (Miroir de Sagesse pour les yeux de l’intelligence), paix, joie et prospérité éternelle du glorieux Père des Lumières qui règne à travers les générations.
Chers frères et compagnons de travail en Dieu, c’est toujours un sujet de grand étonnement de voir à quel point la majorité des créatures humaines se retrouvent en un inéluctable désespoir suite à des opinions merveilleusement contraires quoique aimées du monde. Car ils ne peuvent reconnaître le salut qui passe devant leurs yeux et la correction définitive de leurs erreurs, mais ils résistent à toute la grâce et toute la miséricorde divine. Regardez, observez ce temps qui s’achève, considérez les multiples affaires de l’humanité, pour la plupart vaines et de peu d’importance, sans compter l’infamie et la calomnie publique, Dieu les prenne en pitié, de haut et de bas étage.
Tout cela a tellement pris le dessus qu’au lieu d’être puni cela est tenu en plus grande estime que les vertus divines et les actes héroïques. Oh, vanité des vanités. Oh, nature humaine dépravée! Mon cœur saigne chaque fois que je contemple cette condition misérable qui passe pour du bonheur; et bien que je me sache beaucoup trop faible et insuffisant pour éviter ce mal par moi-même, je ne peux ignorer mon prochain, par amour chrétien (charité chrétienne) et m’empêcher de publier mon “Pandoram” par figures que j’ai publiées pour la même raison; et de révéler le Collège, la Loge, ou la Demeure tant recherché de la Fraternité Rhodostaurotique (Rose-Croix) et leur véritable philosophie, le “fidelibus, pansoiphiae, studiosis” a telle fin que l’humanité soit éveillée de son sommeil de mort (de pêché) , et le(s) cœur(s) ouvert(s), la tête découverte et les pieds nus, aille joyeusement vers le soleil levant, et salutifero Heliae. C’est pourquoi frères aimants en Dieu, nature et sagesse, recevez et considérez ceci comme ma fidèle instruction, lisez la et examinez la avec soin, et vous trouverez ce que bien des milliers ont désiré depuis le début mais que peu ont trouvé.
Donc soyez pieux, craignez Dieu, miséricordieux, silencieux et bienveillant, ou bien la sagesse qui est ici rendue publique, étalée devant vos yeux, d’une manière on ne peut plus évidente, ne fera pas seulement que fermer ses trésors mais se transformera en ridicule, honte et mépris. Mais toi, frère et ami qui aime Dieu, qui fut désigné dans le titre quelque peu obscurément, tu te reconnaîtras, à travers les multiples expériences et promesses faites à toi, qui me parvinrent par d’autres biais, tu considéreras ce “Speculum Sophicum” Chrétien, divin et de politique naturelle comme ton propre cadeau et à ton honneur comme un amoureux de son contenu et quelqu’un de dévoué au salut des fidèles. Et cela d’autant plus que les deux années passées, tu t’es montré à moi, l’indigne, de telle façon en me confiant tes secrets particuliers de sorte que je ne peux qu’y penser avec étonnement et l’affection fraternelle correspondante. Car toi, O frère, t’offrais à écouter ma pansophie, tu m’as montré le chemin dans mon travail, tu étais, est et seras dans l’éternité l’auteur et le refuge de mes pensées.
Et bien que la génération théonique de vipères a osé mettre des obstacles sur le chemin de certaines de nos sociétés et fraternités, par des moyens inattendus , et les ont défaits dans l’intention maudite de préserver les apparences, j’espère néanmoins et ai foi que ton humanité et ta compréhension supérieure me prescrira plus de foi et de confiance, quand je parle d’un esprit ouvert et candide, que d’autres “Zoili” avec leurs calomnies méprisables.
Si tu fais cela, tu peux t’attendre à quelque chose de plus grand et de plus de valeur dans l’année qui vient. En attendant, contente toi de ce présent écrit, qui, comme je l’ai dit, est en ton honneur, ton amitié et en toute fraternité, avec la prière à Dieu tout-puissant qu’il l’unira à toi avec la “Pansophica studia in centro Sacratissmae Alethiae”.
Donné le 1er Mars 1617 du Musaeum Centralleanicum.

Speculi sophici universalis


Chapitre 1

Brève description, quoique complète, du Collège de la Fraternité de la Rose-Croix, hautement illuminée par Dieu.
Ton grand désir, et cependant ton vain espoir de connaître le Collège, la Loge, et la Demeure de la Fraternité si renommée de la Rose-Croix, en demandant à des personnes de haut rang ou non, ne me sont pas inconnus, lecteur au cœur véridique.. Car il ne se passe pas un jour à Francfort, Leipzich, et d’autres lieux connus,plus particulièrement la ville de Prague, sans que dix, douze ou même vingt personnes différentes essaient de s’informer auprès de vendeurs d’art, de libraires et de graveurs, etc...sans parler d’autres personnes haut placées qui cherchent avec zèle et sincérité le Collège susdit, et sont cependant tellement trompés et égarés par de faux frères qu’il serait préférable de rester silencieux plutôt que d’amener les gens à moquerie et dommage dans leurs affaires publiques. Afin de prévenir tels maux et malheurs qui s’ensuivent, j’ai résolu de placer le Collège si souvent mentionné et ses statuts devant le monde entier et devant tous les yeux en diverses langues, en espérant empêcher ces erreurs terribles. Sache donc, frère qui aime Dieu et l’art, que selon l’annonce des frères, bien que les réunions de tous les Rose-Croix n’aient pas lieu en un lieu précis, cependant un homme sérieux et dévoué peut facilement et sans grandes difficultés parvenir à parler avec un des frères; je dis un homme sérieux et dévoué, mais pas un Thraso grossier et “qui salue bien bas”, un Ardelio avide d’or, ou un Autophile sage de la sagesse du monde. Et maintenant que tu le demandes, comment y parviendrai-je? Attache-toi à ce que Iulianus de Campsis dit dans son épître : J’errais à travers de nombreux royaumes, principautés, domaines et provinces;je me tournais vers le soleil levant, le midi et l’occident et finalement la mi-nuit etc...” Ces mots t’expliqueront suffisamment clairement le Collège et cela ne sert qu’à peu de chose que tu erres à travers tous les royaumes et les ports de mer et ne soit pas trouvé digne d’être reçu.
Étudie mes figures, le Serpentaire et le Cygne t’ont montré le chemin vers l’Esprit Saint il y a treize ans et le videa mini béni ne t’a-t-il pas appelé vers les frères? A quoi cela te servira-t-il si tu viens avec des mains impures et un désir vénal? Le son de la cloche et le retentissement de la trompette ne peuvent que t’être de peu d’utilité, et même si tu vois les portes grandes ouvertes devant toi tu ne pourras entrer, car ton nom ne seras pas écrit là, car il est écrit : “Venez vous qui en êtes dignes.
Cependant vous devez être un Christophile indigne bien que vous soyez un Christophile.” C’est pourquoi la fraternité se référera à Jéhovah , son, guide, plutôt que de te répondre. Nous en émeuvront nous ? Quand bien même, cela serait mauvais signe. Si cela t’arrivait, soit tu manquerais certainement le Collège, soit si tu ne te satisfaisait pas de cela et voulait grimper plus haut contre toute volonté, tu chanterais pénitence dans la boue. C’est pourquoi hâte-toi lentement. Prie, travaille, et espère. S’il plaît à Dieu, en bien des distinctions entre les choses. Enfin. Tu vois que le Collège dans l’air , où Dieu le veut, il peut le diriger. Il est muable et immuable, constant et inconstant, il s’appuie sur ses ailes et ses roues, et par les frères sonne le “venite” avec de douces trompettes, Iulianus de Campûs s’y tient avec l’épée, et tu dois subir son examen, donc prend garde. Si tu ne franchis pas cet examen avec succès et que ta conscience t’accuse, ni pont ni corde ne te seront d’aucun secours. Si tu parviens à une grande hauteur, tu tomberas de haut, et tu devras mourir et pourrir dans l’abîme des erreurs et des opinions. Suis mon exemple, imite les oiseaux comme dans ma figure, élève toi dans l’air libre, paisiblement. Le danger ne réside pas dans la lenteur, mais dans la hâte. Que la colombe s’envole de ton arche et cherche la terre. Si elle te rapporte une branche d’olivier, sois sûr que Dieu t’a aidé (que tu as trouvé grâce auprès de Dieu), et tu devrais à ton tour aider les pauvres . Mais si la colombe reste au loin sans donner signe de vie, alors va dans ton jardin d’herbes et nourris toi en attendant de la douce herbe “patience” (dans la mesure où elle a été plantée dans ton jardin ), mais, prend garde, si tu aimes ton âme, à la mauvaise herbe” désespoir”, car bien que Iulianus dise: “ Celui qui n’est pas prêt aujourd’hui le sera encore moins demain”, ce qui doit s’appliquer aux têtes présomptueuses qui voudraient pénétrer par effraction dans les domaines de la sagesse contre les lois de Dieu et de la nature-puisse le dé jeté tomber! Je dis ceci : marche avec une canne, marche avec une canne, car toi qui n'est pas prêt aujourd'hui le sera un jour, car le soir n'est pas toute la journée, et ce qu'on ne peut espérer pour aujourd'hui arrivera cependant. Ne fais que ce que tu peux (comme le dit le sus­mentionné Campanus) et tu sera au moment propice délivré du flot de l'ignorance. Une demeure existe, une demeure spacieuse sans portes ni fenêtres, un lieu princier, impérial même, visible de partout, mais caché aux yeux des hommes, orné de toutes sortes de choses divines et naturelle, dont la contemplation, théoriquement et pratiquement, est accordé à tous librement et gratuitement, mais que peu remarquent, car cette demeure ne paye pas de mine, apparemment sans valeur, vieille et banale aux yeux de la populace toujours inattentive et à la recherche de l'insolite; mais la demeure elle­ même est si précieuse, si délicate, artistique et merveilleuse dans sa construction qu' ont ne peut trouver aucune richesse, ni or, ni bijoux, ni argent, ni biens ni honneur, ni autorité ni réputation dans le monde entier, qu'on ne puisse trouver en grande quantité dans ce palais de si bon aloi. Il est lui-même si puissamment fortifié par Dieu et par la nature, et protégé des attaques des ignorants, que même si toutes les mines, tous les canons, béliers et pétards et autres in ventions militaires récentes étaient utilisées contre lui, tous ces efforts humains laborieux seraient vains et sans effet. Voici le collège ad S.S. de la Fraternité de la Rose-Croix, voici le palais royal, non, le palais impérial dont les frères font mention en leur "Fama", c'est là que sont cachés les trésors et les richesses d'une valeur inexprimable - que cela soit donc un rapport suffisamment clair. Oh combien d'hommes en parcourent toutes les salles, tous les lieux cachés de ce palais, sans voir, sans connaissance ni compréhension, pire que des aveugles, ou, comme le dit le dicton, comme un âne sur une cornemuse, parce qu'ils n'y ont pas été suffisamment préparés, ni n'en ont été rendus dignes. Que ce celui qui a des oreilles entende. Il n'est pas possible de parler plus clairement, mais ce qui est possible, et malheureusement c'est plus que courant, c'est de trahir le sens des mots. Essayez, à vos risques et périls. Par le salut de mon âme, je vous en fais le serment ( le promets), ce que j'écris et décris ici ne part pas d'une intention présomptueuse ou trompeuse, mais cœur fraternel vrai et bien intentionné. Mais il y a peu de temps je fus emmené par une personne de haut rang dans une cité impériale, qui avait écrit en bonne part sur la Fraternité, et fut entendu par les juges, non sans dépit pour ma propre personne; et il n'en sortit rien d'autre qu'un exposé philosophique et une invention (création) des imprimeurs juste pour le bénéfice et les soucis des rats de bibliothèques, donc vous voyez en quelle façon de telles sociétés sont mises au jour et disparaissent de nouveau de façon inattendue de sorte qu'on n'entend plus parler d'elles à l'instar des gens au premier Avril. O homme sans compréhension, "phy tibi tuisque?" Tu penses que les frères n'ont rien d'autre à faire que de te relancer par des écrits, en t’exhortant en te suppliant? Non, Si tu ne veux pas te préparer et te conformer aux indications favorables déjà données, tu ferais mieux d’abandonner - donc fais usage de tes esprits. Je te le dis, en vérité, alors qu’il fut un temps où la fraternité n’en était encore qu’à un stade de naissance et de croissance, elle existe maintenant bel et bien, et elle comprend un tel nombre de “collegarii” (Dieu en soit loué) qu’ils n’ont pas besoin de toi ni de tes semblables qui calomnient, reste derrière le poële de peur que la “philosophia” coupeuse de cheveux en quatre tranche ta raison vacillante, et que tu ne voie pas là autre chose que bouffonnerie, orgue de barbarie, chansons de bas-étage et telles autres honteuses versifications, qui ne servent qu'à remplir la bourse des libraires.
Néanmoins tous ceux qui jusque là se sont occupés des écrits des frères (comme ils le reconnaissent eux-mêmes) n’en ont encouru que bien peu de dommage, ce qui ne remît en rien en question leur autorité essentielle, intrinsèque et innée, mais n’arrive que par accident; et en cela gît caché un autre bienfait qu’un homme à l’ intellect et à la perception mal dégrossis peut en retirer, mais je vais trop loin.
En ce qui concerne le Collège, je ne sais rien d’autre que ceci: Regarde autour de toi et prie sincèrement Dieu et tu le trouveras certainement. Les frères sont plus près de toi que tu ne le penses, qui que tu sois où que tu sois, près ou loin, bon ou mauvais, élevé ou bas, pauvre ou riche, près ou loin, et cependant ils n’ont pas le don de l’ubiquité, ni ne sont des artistes du diable, mais des Théosophes. Je t’en prie, pour l’amour de Dieu, ton propre salut et avantage, suit seulement, tu ne le regretteras pas, car c’est ainsi, s’il m’est permis de mettre en lumière le Collège en quelques mots, pour l’avantage et le profit de bien des gens qui errent, je supplie ces mêmes personnes de tout mon cœur de cesser leur quête, ils le chercheront en vain s’ils n’en sont pas dignes, comme je l’ai déjà dit cela ne leur servira à rien, ni de sonner le cor, ni de sonner la cloche, ni de hurler et de frapper, ni d’écrire ni de voyager, car il doit en être ainsi. De plus il n’est pas nécessaire que tu te hasardes en grand danger, car cela doit être un lieu étroit où aucun frère ne soit présenté en l’espace de quatre semaines (considère ma roue dans la figure), le même frère sait et reconnaît les pensées mieux que tu ne peux les lui montrer, par conséquent contente toi de rester tranquille et paisible, place ton espoir en Dieu, prie le sans te lasser, lit sa parole et prête lui l’oreille avec zèle, contemple là en ton cœur. Je parle avec mon cœur : rentre en toi-même, laisse derrière toi toute chose mondaine (du monde), médite les deux travaux théosophiques de que Thomas a Kempis écrivit il y a 150 ans, suis leurs préceptes, en eux tu trouves l’art tout entier décrit de façon si digne et belle qu’il vaudrait la peine de les écrire en lettre d’argent, d’or et de pierres précieuses, et de les garder comme ton trésor le plus cher. Si tu le peux et que tu le fais, tu es déjà Rosicrucien plus qu’à moitié, et bientôt le “Magnalia macro et microcosmica” sera découvert; et je t’assure qu’un frère t’apparaîtra en personne. Cela te semble absolument incroyable, mais je t’en prie, si tu aimes ton âme et ton salut, suit ces deux sus-mentionnés plus que de petits livres coûteux autant que tu le peux, et contemple et étudie de plus avec diligence le Parergon, et je t’assure, tu trouveras l’Art et le Collège, et c’est l’unique chemin, autrement il ne te sert de rien de chercher le palais, car, il est et cependant n’est pas. Ne cherche pas, en vain est tout ton effort. Prends garde maintenant à ce dont je t’informe ici. Si tu le fais, et suis mon enseignement,
Un frère te rejoindra bientôt.
N’écris pas, tu auras alors fait tes preuves. Par la prière tu as été admis dans l’école.
Chapitre II
Ergon et Parergon Fraternitatis typice
(Le grand œuvre et l’œuvre annexe de la Fraternité­
Dans la Figure) Grandes lignes


Maintenant que nous, d’un cœur sincère, avons rendu public le Collège, et grâce à l’aide divine, tellement claire que nous l’espérons les mêmes puissent apporter à beaucoup qui travaillent profit et avantage et non des moindres, maintenant, dans la mesure où cela nous est permis, pousser le sujet plus avant et révéler fidèlement les Axiomata et Conones breviter de l’ordre de la Rose-Croix ci­-dessus mentionné. Mais ici le lecteur bien intentionné, désireux de l’art, saura si bien comment se comporter qu’au lieu de procéder d’une manière Rhodostautorosophique (comme il le devrait) évitera de survoler sans comprendre les écrits, tout à trac, et sans discrimination, des péripatéticiens, stoïciens, Ramistes, Lullianistes, Paracelsistes, et quoi d’autre encore de cette clique, et de poser au monarque de cet empire littéraire (dans lequel on peut trouver tant de telles têtes antisophiques); mais il fera attention à ce que l’intention de la très louable fraternité est entièrement et totalement dédiée à -comme les écrits sus-mentionnés et d’autres auteurs doivent être légèrement (j’ai bien dit légèrement) corrigés - maintenir les concordances les unes contre les autres et à les amener au centre de la vérité dans un globe pansophique. Afin que cela puisse être mené à bien, il est impératif que tout d’abord tu vides ton cœur devant Dieu, ton créateur, comme St Paul te l’enjoins, que tu examines toutes tes affaires humaines, plus particulièrement tes propres possessions, et rejette complètement toute maudite philautie (amour de soi), et rentre en toi-même avec tes pensées, dans l’homme intérieur, et contemple les étincelles restantes de la grâce divine : à Dieu ton Père Miséricordieux ( en qui toute sagesse a sa source) fais appel avec ferveur implorant sa grâce et son soutien ; afin qu’il puisse t’être secourable dans le difficile travail que tu as entrepris, et sache toi trop faible et petit pour cela , et considère cela dès que tu te confies à tes propres forces et faculté que tu poses le pas sur le juste chemin pansophique général.
Je sais maintenant que beaucoup qui lisent ceci, mon admonestation fraternelle et le “Pandoram” récemment publié retiendrons cela contre moi; pensant en eux-mêmes :
“Tu as promis auparavant dans ton “Speculo pandoram ante publicata” d’expliquer clairement (à fond), mais tout ce que tu fais c’est d’aller chanter la même ritournelle “connais-toi toi­ même et Dieu avec”
A celui-là je donne cette réponse: Si seulement tu savais, cher frère, à quel point le travail des frères ne s’adresse pas seulement à toi en tant que philosophe, mais à tous sans exception, tu ne prendrais pas mal de telles répétitions, ici je ne peux utiliser d’autres mots, si ce n’est le “Parergon”, comme tu en entendras plus amplement parler.”
L’Ecriture Sainte est la fontaine et le fondement de la fraternité, rien de ce que construiras dessus ne s’écroulera : oui, ils amèneront l’humanité au soutien de la vie, mais les Théosophes préfèrent entendre, soignant l’âme avant le corps. Imprime bien cela dans ton esprit, ou bien tout effort est en vain, tu perdras travail et récompense si tu perds Dieu. Considère ton propre salut et fasse que cet Ergon te soit acceptable et alors dans les parergi qui s’ensuivent tu progresseras d’autant plus heureusement en compréhension. Je ne peux en dire plus sur ce chapitre, mais si tu désires plus d’information concernant ce fondement et ce travail préparatoire, tu en trouvera plus dans les livres sus­mentionnés de Thomas a Kempis, car l’auteur dans le même livre ne fait rien d’autre que de t’enseigner à pratiquer ce travail de la juste manière, et donc on peut l’appeler son ouvre d’or, en vérité une fontaine et origine de l’enseignement Rhodostaurotique. Hoc de priori.
Maintenant en descendant des hauteurs, mêle toi aux créatures et Magnalia de Dieu pour servir ton prochain. En ceci toute la sagesse apprise et la philosophie, qui a donc été pratiquée par bien des centaines de gens et bien peu comprise, est amenée à une heureuse conclusion. Ce Parergon est il général ou spécial? Plus il est pratiqué largement, meilleur est son effet et nous allons donc bientôt en parler. Tu verras sa théorie dans la figure sur la page : le Soleil en est le père, la Lune en est la mère, il porta le vent dans son ventre, sa nourrice en est la terre. C’est la matière et le sujet de notre philosophie ou de notre physiologie générale que le temps et les circonstances propices produisent, non l’argent. Pour cela tu n’as besoin que de temps et de lieu. Contemple ma figure correctement et de la bonne manière, ce qu’il y a de plus important y est caché et on ne peut l’exprimer plus clairement. Aucun père ne le placerait plus clairement devant les yeux de son fils que je ne l’ai fait devant toi, c’est pourquoi je t’en conjure ( à moins que tu ne veuilles y trouver quelque chose de plus utile et de plus profitable) : que cette figure te soit très hautement recommandable, observe la, contemple la, examine la, pas une fois mais souvent, car il n’y a rien qui y soit placé en vain, qui ne soit visible de tes yeux ouverts, afin que tu puisses croirez en confiance, car je ne suis pas là en trompeur mais en frère et ami, par conséquent je n’ai pas mâché mes mots mais j’ai parlé de tout librement, de façon ouverte et franche, contre la volonté et la bonne opinion de beaucoup.
Le sujet est double. Un aspect est du ciel, l’autre est de la terre. Comme tu sembles faible et petit aux enfants des hommes, et précieux cependant à celui qui comprend. Rend t’en bien compte, je t’en ai dit assez, je n’en peux dire plus, même si j’en ai grand désir, retire toi O Harpocrate. Si Dieu t’as assisté jusque là, n’en doute pas, bien que cela puisse avancer doucement, la nature t’obéira (mais sur le bonheur de ton âme, prend garde et n’en use que comme d’un Parergon, ou autrement il aurait été mieux pour toi d’avoir une pierre au cou et d’être précipité au fond de la mer) et t’ouvrira son art aimable et sa maison aux trésors. En ce qui concerne l’Opération et la Pratique, car aussi bien le nouveau et l’ancien y sont clairs et distincts, ils sont redits sans problème dans ce “Methodicum speculum”. Utilise la figure comme une aide, et que le trésor tant désiré tombe immédiatement en tes bras et en ton pouvoir ou non, prend toujours bien garde à ceci : O Jéhovah qui a donné, puisse tu être glorifié (loué sois-tu). Et ici nous devrions parler de la Physiologia generalis de laquelle découle la specialis. Mais, du fait qu’à l’heure actuelle le risque d’un dangereux abus semblerait déconseiller sa publication, si tu devais être touché par ma sincère requête en ce qui concerne la figure en question, lecteur amoureux de l’art, puisse-tu t’en satisfaire jusqu’à ce que soit de vive voix soit d’autre manière de plus amples instructions te parviennent. Physauculo in quos incidimus annos
Chapitre III
Miroir de l’Art et de la nature - tam naturantis, quam naturatae
 La science entière de la Fraternité.
Jusque là nous avons plus particulièrement traité du Collège, du grand œuvre et de l’œuvre annexe (l’Ergon et le Parergon) de la Fraternité de la Rose-Croix si digne d’éloge. Mais afin que le Philopansophus au cœur sincère puisse avoir quelques renseignements, et ne puisse se plaindre du travail de l’auteur, il nous a semblé bon de traiter de ce qui a déjà été mentionné dans le travail précédent, mais qui n’a pas été exposé en détail. C’est pourquoi nous allons nous répéter dans ce troisième chapitre comme en un bref compendium. Puisses-tu, O lecteur désireux de l’art, accorder ton attention à la figure suivante, car en elle sont cachées de nombreuses choses utiles et hautement nécessaires, ainsi serviras-tu Dieu et par conséquent tu ne pourras suffisamment remercier l’auteur dans la mesure où tu considères ton avantage et ton salut, et ne désires faire mauvais usage d’un tel divin Magnalia. Sache cependant, O homme qui aime Dieu, ami et frère en Christ, que ce que moi, l’auteur de ce petit tract, j’ai de bonne foi révélé ici et fait connaître, ne va ni contre Dieu ni contre la nature, mais au contraire est tellement en faveur auprès d’eux que tous les efforts humains seraient trop mesquins pour le “renverser”. Ce n’est pas qu’une vaine broutille humaine, de ma propre et facile invention, mais la vérité philosophique éternelle et unique dévoilée, que Dieu, créateur tout-puissant de toutes choses a implanté dans la nature depuis le commencement et que, jusqu’à ces temps qui sont nôtres a été préservé chez tous ceux qui aiment Christ de merveilleuse façon: les plus grandes choses, bien que cachées à l’examen et à l’intelligence humaine peuvent , par l’omnipotence de la bonté du Créateur être ressuscitées dans l’âme rationnelle en étincelles et flammes divines. Quand tu appréhendes bien cela comme en un miroir prends y garde et crois fermement que tu atteindras avec bonheur le point le plus élevé de la connaissance en cette vie, et auras satisfait ton esprit si désireux de l’art. Le signe de ton érudition sera une conscience calme et paisible, le mépris de tout orgueil et amour-propre (philautos), la compassion pour les pauvres, l’amour de Dieu et de ton prochain, la haine du monde, l’aspiration à la vie éternelle, et toutes sorte de vertus divines analogues. Mais aussi longtemps que tu permettras à une de leur contrepartie de demeurer en toi, ne crois pas que la Vierge Sophia te prendra en pitié et te permettra d’entrer à temps dans son jardin d’agrément; de la même façon moi-même,(comme tu peux bien t’en douter) je ne suis personnellement en aucune façon parfait, et la fragilité humaine et plus particulièrement l’amour-propre diabolique me donne bien trop de mal et d’empêchement. Mais je dois remercier Dieu, mon Père miséricordieux, de ce que par sa grâce et son esprit Saint j’aie pu grimper si haut dans mes études pansophiques que je ne souhaiterais pas échanger cela contre les plus grandes richesses et tous les trésors du monde, et j’espère aussi n’être pas trop loin du but ( je veux parler ici de l’Ergon, non du Parergon, car le reste ne m’est rien)et puisse Dieu m’accorder sa grâce bientôt. Afin que je je n’aie pas à te déranger trop longtemps, gracieux lecteur, au nom de Dieu sois bien attentif, et imagine toi qu’il ne s’agit de rien d’autre qu e de la parole de ton propre père, car mon âme est garante que je ne te souhaite aucun mal. Prie Dieu le Père tout-puissant Père de toute sagesse, qu’il t’accorde sa grâce et son soutien en ces choses, afin que tu puisses progresser par l’aide visible de Dieu (car en cela la force humaine n’est que de bien peu de valeur). Avec moi tombe donc à genoux (ne te moque pas) et appelles-en au créateur de toutes choses,laissant toutes les affaires humaines, toute la frivolité, et les pensées vaines derrière toi, en ces mots: “ Seigneur Père de toute sagesse, accorde ta grâce au pauvre pêcheur que je suis, illumine mon cour afin que je contemple tes merveilles, et retire de moi toute faiblesse, afin que je puisse te connaître de même que tes Magnalia en foi et confiance(certitude) véritable, afin que je puisse comprendre les étincelles de ta bonté que tu m’auras accordées, que puisse être utile à mon prochain et lui manifester de la compréhension, par Jesus-Christ ton fils unique, qui règne, vit et régit avec toi et l’Esprit Saint dès maintenant jusque dans l’éternité. Amen. Amen. Amen.
Quod igitur foelix faustumque esse velit TER - MAX :Mundi MONARCHIA
Ici commence sous des auspices favorables:
La pansophie Rhodo-staurotique
Par Dieu le Tout-puissant établie de toute éternité dans le monde, et gracieusement réservée aux fils de la génération bénie.

Dresse, dresse tes oreilles
Celui qui a des oreilles pour entendre, qu’il entende
 Celui qui a des yeux pour voir, qu’il voie
Celui qui a une langue pour parler, qu’il parle Et proclame la toute-puissance du Très Haut
“Au commencement était la parole, et la parole était en Dieu et la Parole était Dieu., et elle était avec Dieu. Toutes choses ont été faites par lui; et sans lui rien de ce qui a été crée ne le fut. En lui était la vie; et la vie était la lumière des hommes. Et la lumière luit dans les ténèbres; et les ténèbres ne l’ont pas compris” Jean I
Cette Parole est la première qui fut ici-bas de l’éternité et demeureras de nouveau dans l’éternité, sans commencement ni fin, sans rien avant ni après elle, toutes choses provenant d’elle et d’elle seule. C’est le Soleil, l’éternel, la triade parfaite, sacratissima monas triade ligata dans la sphère supérieure: d’elle est la vie, l’art de la lumière et la connaissance de toutes choses tant qu’il est accordé à l’homme en cette vie de l’explorer, en bref c’est le Dieu Jéhovah hautement béni, le premier créateur, commencement, source et origine de toutes créatures et Magnalia, tel que l’être humain peut souhaiter de et penser à lui; de lui seul viennent les richesses, l’honneur, la faveur, l’autorité, le talent, la sagesse, la santé, la force et la vie éternelle. Quiconque a cela a tout en lui, car lui Jéhovah notre Dieu est tout-puissant et est une source intarissable de tout ce qui est bien. Quiconque lui a obéi avant la chute n’a pas besoin de s’inquiéter de sagesse, à l’instar d’Adam qui ne souffrait d’aucun manque et était libre de doute; et à nous, ses descendants, il aurait été donné la même forme si les Philauti diaboliques et maudits ( que nos ancêtres appelèrent les rets du diable) ne s’étaient dressés derrière nous, et n’avaient tant obscurci l’éclat de la lumière divine éternelle (hélas Dieu aie pitié) que de ces flammes richement brillantes à peine quelques petites étincelles demeurent jusqu’à ce dernier temps qui tire à sa fin. Grâce à elles le déploiement du Saint Évangile si longtemps attendu, qui seul apporte le bonheur, et la révélation du Fils de Dieu dispersera finalement cette obscurité, les rayons de la sagesse divine rayonneront de plus en plus, et allumeront bientôt le dernier feu qui consumera le monde sans dieu et avec lui les cœurs têtus de ceux qui errent dans l’erreur et le labyrinthe dangereux, qui ont souvent vu le Parergon, et du fait de cette même obscurité n’ont pas souhaité comprendre l’éclat de la lumière divine éternelle; Nous, cependant, qui voyons maintenant la grâce de Dieu si proche, devrions ouvrir nos cours et amender notre vie et nos façons de faire, recevant la bonne parole avec joie, et avancer vers le soleil qui luit avec éclat avec une conscience calme et des pensées de Dieu (non pas des pensées d’or). Nous, je le dis, devrions rechercher la petite étincelle d’omnipotence divine qui a été cachée si longtemps, et les Concordances Pansophiques qui ont été dissimulées pendant tant de centaines d’années jusqu’à nos jours, avec sincérité et zèle sincère, et ne pas rester liés tout le temps à des opinions humaines emprisonnantes qui sont pour la plus grande partie totalement erronées.
Prends bien garde, cher fils, à la nature de notre étude, et j’irais un peu plus avant. Va aux universités, académies, gymnase, partout où tu le voudras, tu ne trouveras rien d’autre que querelles inutiles et vaines, questions peu nécessaires sur la signification de tel ou tel texte Aristotélien, Platonicien ou autre, des centaines de disputes sur des choses douteuses, d’où tu ne sortiras pas plus savant, et où tu trouveras rarement un point véritablement élucidé jusqu’au bout. Là ils n’entrent pas dans l’expérience naturelle ni dans le raisonnement de l’esprit et des sens, mais en grande part c’est ce que l’un ou l’autre a dit qui est considéré comme juste et doit le rester même si cela va contre la nature - que les professeurs et docteurs me pardonnent, je ne parle pas d’eux tous mais de la majorité - bien qu’ils nieraient qu’ils font cela pour obtenir la gloire. Que cela te serve de leçon. Je n’interdis pas Aristote, Hippocrate, Ramus, Paracelse, ou leurs pareils, mais seulement là où ils se trompent je n’approuve pas, mais corrige de telles erreurs avec la lumière de la nature grâce à l’aide de Dieu: c’est là que l’on trouve le premier fondement de la sagesse pansophique. Tu demandera, qui m’inspire de telles corrections? Je livre l’avis des gens sincères et bien intentionnés, alors lis notre Pansophie Rhodo-staurotique brièvement esquissée souvent et diligemment qui déclare ainsi:
Dieu tout-puissant, après avoir, comme précédemment déclaré, crée au commencement le ciel, la terre et toutes les créature, mit tout cela sous la direction de l’homme (en tant que son image), projetant pour lui comme pour l’univers entier une perfection future, et ainsi implanta en chaque créature une force divine cachée, par laquelle toutes les créatures pourraient être dynamisées en leur être et en leur croissance. Cela est appelé la Nature, une règle et un guide pour tout art, une servante Dieu et maîtresse de tous les artifices humains, une mère” pour tous les animaux, végétaux, et minéraux, éclat brillant des flammes divines. Cette Nature est comprise par la raison humaine (qui est directement et uniquement inspirée par le Créateur) (car les esprits et les intelligences ne seront pas communiqués ici pour certaines raisons). Toutes les choses que la Nature opère et fait arrivent et sont commandées par quatre des mêmes servantes ou plutôt quatre types de matière qui sont et sont appelées les quatre éléments de toutes choses, le feu, l’air, l’eau et la terre (en ce qui concerne le ciel et les étoiles nous ne seront liés à aucun). Par un mélange approprié et une actualisation toutes choses ont leur seconde origine ou selon qu’il plaît à Dieu leur continuation indéfinie. Cela ne doit cependant pas être compris comme directement et immédiatement, comme beaucoup le croient, mais par germe et sol (médium)selon les douze petits tracts chymiques qui constituent un prélude non négligeable à mes études pansophiques: ainsi les quatre éléments donnent naissance d’eux-mêmes par l’impulsion du sperme ou des graines de la nature qui sont jetés au centre de la terre et là élaborés et transformés en différentes sortes d’adaptations, et ce sperme est le Soleil, la triade parfaite unique, la monade la plus précieuse triplement liée, dans la sphère sublunaire, d’où secondairement toute chose tire son origine, dans laquelle la santé, la force, la richesse, les trésors, le talent et les biens du monde entier sont dépendants; et la Physiologie générale, qui a déjà été mentionnée, traite de ceux-ci. Celui qui connaît cela saisira bientôt les particularités. Dans la figure précédente cela est si clairement et ouvertement montré qu’il est impossible de l’écrire plus clairement.
Cette semence divise ses créatures en trois règnes principaux, le règne animal, végétal et minéral et est trouvée en chacun bien que toi et d’autres puissent lire autre chose dans les écrits des philosophes, mais remarque que tout ce que tu as vu jusque là et contemplé se rassemble en toi même comme en un centre et image de Dieu, car toute chose sont de l’un et retournent à l’un, d’où le “Connais toi toi-même”, “Connais toi toi-même”, dis-je, et ainsi parviendras tu à la perfection pansophique, qui (afin que tu en sois informé en vérité) procède comme suit:
L’homme est composé de deux parties, le corps visible éphémère et l’âme invisible, impérissable. plus cette derrière se rapproche-t-elle d’une nature divine, glorieuse et précieuse, plus sa perfection doit-elle être considérée comme grande et élevée, et ainsi nous libérons-nous de notre nature et fragilité humaine, et sommes heureusement réunis avec notre archétype, Dieu le tout-puissant, nous mourons à ce monde mauvais et sans dieu et sommes renés en la Bienheureuse Jérusalem céleste. Cela est l’art le plus parfait et le plus heureux que la compréhension humaine puisse appréhender. De lui Boetius écrit : c’est un grand crime que nous n’aimions pas le meilleur - et il dit très justement et en vérité - le meilleur devrait être le plus chéri, et cet amour ne devrait prendre en compte ni profit ni manque de profit, ni accroissement ni dommage, ni gain ni perte, ni louange ni blâme, ni dépit, ni aucune de ces choses (comme le dit notre Thomas a Kempis), mais ce qui en vérité est le plus noble et le meilleur qui doit nous être le plus cher, et cela sans autre raison qu’il est le plus noble e le meilleur.Le meilleur, cependant, es t la perfection de l’âme qui survient quand nous reconnaissons l’homme intérieur, et contemplons son péché et son impuissance, prêtons attention à la puissance et à la miséricorde de Dieu, laissons derrière nous toute pensée humaine, nous recommandant à lui en toute chose, obéissons à sa volonté, louons son nom, le prions, l’ adorons, faisons appel à lui et le glorifions sans cesse. Ceci est l’Ergon, l’œuvre préliminaire, l’art et la science préalables et les plus grands non seulement des frères de la Rose-Croix mais aussi de les hommes aimant Christ. Aux yeux des sages de ce monde cela semble léger, mais ils trouveront avec Ruth combien glorieux et précieux est ce trésor, qui n’est autre que le trésor parfait duquel parle St Paul (I Corinthien 13) . Quand viendra le parfait, le partiel disparaîtra. Ce parfait est un état d’être qui contient et comprend tout en lui et en son être, sans lequel et hors duquel il n’est rien de constant, où toutes choses trouvent leur existence, car c’est l’être de toutes choses et il est en lui­même immuable, , et cependant transforme et mue toutes choses (Actes 13). Mais le partiel ou l’imparfait est ce qui provient du parfait, et en lequel il a son origine et surgit comme une splendeur et un flot brillant du soleil ou une lumière, et est formé en quoi que ce soit , et est appelé créature ou imparfait et parmi ces choses imparfaites il n’y a rien de parfait. Et il faut ici noter que l’âme crée de l’homme a deux yeux spirituels; l’œil droit peut sonder l’éternité et l’œil gauche peut sonder le temps et les créatures. Pour reconnaître la différence entre ce qui est meilleur ou moindre, et ce qui donnera au corps humain vie et perpétuation, il y a le Parergon. Maintenant prêtes-y attention, dans la même mesure où l’âme (comme déjà indiqué) est plus glorieuse que le corps, ainsi l’Ergon est plus glorieux que son corollaire le Parergon, et sache et tiens en compte, si tu devais échouer dans le premier, tu ne parviendrais jamais au second. Remarque aussi ce que notre cher frère a Kempis rajoute; Ces deux yeux de l’être humain ne peuvent accomplir leur travail simultanément , mais quand l’âme entrevoit l’éternité de l’œil droit, le gauche doit s’abstenir d’œuvrer et ne pas regarder les créatures, mais se garde comme mort; mais si l’œil gauche accomplit son travail en regardant dan le temps et en s’occupant des créatures alors l’œil droit est freiné dans sa contemplation (de l’homme s’entend) et dans son expérience Rhodostaurotosophique, au­dessus de laquelle il n’est rien de plus heureux dans le monde, en l’espèce.
Regarde d’abord de l’œil droit dans l’éternité, connaît Dieu ton créateur et toi-même, implore son aide pleine de grâce et le pardon de tes péchés, - cela est l’unique chose d’importance - et garde ton œil gauche fermé pendant ce temps. Puis redescend de la montagne et regarde de ton œil gauche ( tout en maintenant la préséance de l’œil droit) dans le temps et les créatures. Regarde d’abord la Nature en ce qui est possible pour elle ( et cela tu peux l’apprendre aussi bien par expérience et par tes propres yeux que des écrits bons et sans erreurs qui en partie été publiés), puis les éléments et comment ils opèrent par elle , la semence, et puis les trois différents règnes de la nature, le minéral, le végétal, et l’animal, et puis finalement de nouveau toi-même, d’où tu remontes à Dieu le Tout-puissant, ton créateur, contemple sa miséricorde et demeure ainsi dans le globe de la vérité, contemplant avec joie intérieure Dieu et ses créatures, tout en cependant ne jetant ton œil gauche pas plus loin que les besoins de ton corps et les obligations de ton prochain (tes obligations sociales) ne l’exigent. Prends-y garde, cher Chrétien, ceci est la Pansophie Rhodo-Staurotique, ceci est la plus haute perfection du monde, en quoi (comme déjà noté) tout trésor, richesse et talent sont cachés, en dehors de laquelle et sans laquelle il n’y a rien sur la surface de la terre. Toute l’acumen et la spiritualité théologique, toute justice de la loi, toute guérison médicale, toute subtilité mathématique, toute éthique, politique, pratique économique, toute métaphysique, logique, rhétorique et finesse grammaticale, en bref tout ce qu’un homme peut dire et penser est contenu en elle. Comment, de quelle façon, point n’est besoin ici de le dépeindre, offrant ici à toute personne mal disposée les instructions et l’occasion d’en abuser au mépris de l’honneur.
Mais à celui qui est bien intentionné et est Chrétien, et chez qui l’Ergon vient du cœur, je donne ici un conseil sincère. Qu’il ne fasse pas des économies de bout de chandelles, mais qu’il achète chez le libraire le petit livre si souvent mentionné de Thomas a Kempis, qu’il le lise et le relise souvent et ordonne sa vie autant qu’il est humainement possible selon lui, et s’il le fait de tout son cœur, un frère ou quelqu’un d’analogue se présentera en personne (comme il l’a été déclaré au premier chapitre), soit par écrit, soit oralement avec le Parergon. En attendant qu’il ne se lasse pas, mais qu’il attende patiemment, plein d’espoir et de silence tranquille. Loué soit Dieu la fraternité contre toute attente s’avance puissamment, et je ne crois pas qu’il y ait un endroit en Europe où au moins un frère, sinon plus, n’est caché, mais il n’est pas encore temps de le proclamer et d’écrire à ce sujet publiquement du fait de certains motifs et de certaines causes. Mais si tu prends mes écrits tels qu’ils doivent l’être, tu procéderas heureusement jusqu’au Parergon, car je t’ai donné autant d’instruction qu’il m’appartient de le faire; je ne peux en faire plus, ni n’y suis autorisé, oui j’ai bien réfléchi avant de révéler cela, et sinon cela ne serait jamais sorti, prend le donc en vérité et bonté et considère que tu as un petit écrit mais une grande œuvre devant toi. Pour plus d’information concernant cela (car plus je ne puis dire avant quelque temps) consulte la figure attachée dont la vérité vaut bien plus que tout l’or du monde.
A cela appartient la figure de la coupe.
Suite à l’arbre de la Pansophie.
Résolution pour le Lecteur aimant Dieu et l’Art.
Prends y garde maintenant, gracieux lecteur, je ne t’écris qu’un bien faible partie de ce que tu recevras et de ce que tu peux attendre de la Fraternité, mais si tu comprends cela alors tu comprends plus que si tu avais imaginé que tu avais tous les écrits des philosophes (sans exception) au bout des doigts. Quels jugement merveilleux seront faits de mes écrits je le sais et le comprend par avance, mais ne m’en soucie guère. “ Que chacun écrive ce qu’il veut, mon œuvre n’en est pas affectée; et qu’elle soit tenue en peu de ou en haute estime, ce que j’ai écrit je ne m’en dédis point”.
Néanmoins j’ai souvent été en grand danger et harcelé du fait de ma Pansophie bien-aimée, mais ma recherche est démontrée par mes écrits. Que celui qui ne veut être instruit reste tel qu’il est, car je demeure tel que je suis; et que le noble symbole de Théophraste te soit hautement recommandé quand il écrit : qu’il n’appartienne pas à un autre celui qui peut être à lui-même (qui est libre). En vérité, en vérité, considère ceci comme un avertissement fraternel : ne commence pas plus haut qu’il n’est en ton pouvoir. Je me souviens du temps où je me pensais fortuné quand j’étais en haute estime et autorité, mais je le renie, oui, je le renie. Non, non, je ne le désire plus (ainsi parle l’innocent studiosus et peut me contenter entre temps de bien mins; Depuis la jeunesse jusqu’à maintenant je fus plein de pensées pansophiques ( bien que ceux qui me veulent du mal disent que j’ai des rêves du diable) et j’ai par l’aide de Dieu progressé non jusqu’au bout, mais bien loin, et j’espère servir mon prochain et moi-même à temps avec ceci, mais loin de moi l’idée de me vanter, car je ne peux me vanter de rien que de ma propre faiblesse et connaissance de Dieu - et un bon vin n’a besoin ni de label ni de certificat - car il parle de lui-­même, ni n’est-il nécessaire de crier les préceptes et méthodes pansophiques sur les toits. Si tu comprends et que tu t’y dévoues, tu n’as pas besoin de beaucoup d’incitations. Pourquoi ne serai-je pas content de ne pas avoir de gain particulier pour cela, mais ce que je fais, je le fait pour le bien commun et par amour Chrétien. Dieu le vrai Père de toute sagesse accorde sa grâce et son Esprit Saint par Jesus Christ le vrai et juste Frère de la Croix, et puisse-t-il heureusement continuer la réformation qui a en vérité commencé.
Amen. Amen. Amen.




SCHWAEBLE Alchimie simplifiée





ALCHIMIE SIMPLIFIÉE

Cours pratique à la portée de tous


Par René SCHWAEBLE



COURS PRATIQUE D'ALCHIMIE

AVANT-PROPOS

A mon Maître vénéré J. K. HUYSMANS

Tous les dictionnaires définissent ainsi, ou à peu près, l'alchimie : « Science chimérique recherchant la Pierre philosophale et la Panacée universelle ». Les dictionnaires devraient, dès lors, définir la médecine : « Science chimérique recherchant la guérison des cors aux pieds » ; car, en Alchimie, la Pierre philosophale ne tient pas plus de place que les cors aux pieds en médecine.

L'Alchimie est la Science de la Vie, de la Vie dans les trois règnes (l), elle a pour but de séparer le principe actif de la matière inerte ; c'est la métaphysique de la chimie organique et de la chimie inorganique (2), comme l'Astrologie est la métaphysique de l'astronomie. Elle étudie les causes et principes, la loi Universelle et éternelle de l'Evolution qui change insensiblement le plomb en or, et perfectionne l'Homme malgré lui.

Avec le règne animal, l'alchimie devient thérapeutique, médecine, elle veut obtenir la subtile quintessence des  produits, leur véritable concentration vitale, elle rêve de distribuer la Vie,d.'enfanter Ï'homunule, prolonger l'existence grâce à la Panacée ; avec le règne végétal, elle devient agriculture, elle greffe, elle rêve de ressusciter, d'arriver, à la palingénésie; avec le règne minéral, elle devient chimie, elle rêve de transmuter les métaux et les métalloïdes. Enfin, avec le règne divin, l'alchimie devient herméneutique, elle enseigne à convertir le pain et le vin au Corps et au Sang. (La vie devrait être présente dans le sacrifice de la Messe : ce fut le Concile de Nicée qui décida de se contenter du simulacre de la présence).

On le voit, toujours l'alchimie s'occupe de transvaser la Vie.

Il n'y a point de magie en alchimie, l'Homme n'ordonne pas au mercure de se transformer en or, il peut uniquement tirer d'un corps la Vie pour en réveiller un autre. Médecine est seulement aydante à la nature, car si naturee n'y est elle n'a d'effet. Nature seule crée les spermes.

Et le pieux alchimiste (3) ne dessèche point devant ses fourneaux à la recherche de l'or. Philosophe savant, il aspire à la solution du problème de l'Unité (Unité de Vie, Unité de Matière), solution qu'il ne doit pas atteindre, sous peine d'anéantissement — car il ne peut égaler Dieu, il ne peut créer, il ne doit être qu'un instrument — et, sachant que tout s'enchaîne, que ce qui est en Bas est comme ce qui est en Haut, que l'Harmonie règne sur la Terre et dans le Monde, il avance dans la connaissance de l'Absolu.

Et, maintenant, à ceux qui sourient au mot « alchimie » je conseille de lire L'Alchimie et les Alchimistes de Figuier : ils y trouveront le récit de transmutations inexplicables. Au reste, nos savants officiels ne nient pas ; celui-ci a écrit dans ce livre : L'état présent de la chimie empêche de considérer comme impossible le fait de la transmutation des métaux; Dumas dans ses Leçons sur la philosophie chimique : L'Expérience n'est point en opposition jusqu'ici avec la possibilité de la transmutation des corps simples ; Berthelot : Des considérations tirées d'ordres très divers viennent à l'appui de ces vues sur la décomposition possible des corps réputés simples.

En somme, la question ne paraît pas beaucoup plus avancée qu'à ses débuts. Aujourd'hui, le brave Tiffereau (4), âgé de quatre-vingt-dix ans, raconte avoir fait de l'or au Mexique ; M. Jollivet-Castelot (5), le très érudit et très aimable directeur du groupe de Douai lequel sans négliger les traditions moyenâgeuses ne dédaigne pas les derniers progrès de la chimie officielle, prétend avoir reçu d'un adepte la clé du Grand Œuvre ; un Américain, Edward Brice, obtient de l'or et de l'argent en formant d'abord un sulfite d'antimoine, puis un sulfite de fer, enfin un sulfite de plomb ; Strindberg, l'illustre homme de lettres suédois, fabrique un peu d'or en opérant sur du sulfate de fer, du chromate de potasse et du permanganate de potasse dont les poids atomiques sont précisément ceux de l'or ; Le Brun de Vilroy disait arriver à un accroissement (6) de cuivre de 90 à 100 % en traitant du phosphate de soude, du chlorure de sodium, du sulfate de cuivre et du sulfure de potassium ; un autre Américain, Emmens, s'enrichit à vendre l'or sorti des dollars mexicains soumis à un battage puissant dans des conditions frigorifiques telles que les chocs répétés ne puissent produire même une élévation momentanée de température ; M. de Rochas prépare de l'argent allotropique. Et l'on trouvera aux Arts-et-Métiers plusieurs brevets pour la fabrication des métaux précieux (Voir, entre autres, celui pris, il y a une trentaine d'années, par M. Frantz et le docteur Favre), procédés consistant à combiner divers éléments métalliques avec le  silicate de soude (7).

(Aussi bien, il existe sûrement à Paris un peu de Pierre philosophale ! Dans l'un des piliers du chœur de Notre-Dame (8) , Guillaume de Paris, évêque, auteur de plusieurs sculptures du portail, a scellé une provision de Pierre : pour trouver ce pilier il suffit de suivre le regard d'un corbeau ornant l'une des trois portes : le regard fixe le point où est cachée la Pierre.)
Ce n'est pas ici la place d'une liste des alchimistes de ce mystérieux et attirant Moyen Age ni de leurs traités ; Albert le Grand, Roger Bacon. Saint Thomas d'Aquin, Raymond Lulle, Arnauld de Villeneuve, Basile Valentin, Paracelse... Le Livre des Lumières, Le Composé des Composés, Miroir d'Alchimie, La Clavicule, la Fleur des Fleurs, Nouvelle Lumière, Moëlle d'Alchimie, Char du triomphe de l'Antimoine, L'entrée ouverte au palais fermé du Roi... Hoefer, dans son Histoire de la Chimie, en a dressé une fort complète.

Mais quelle est la cause de l'obscurité du style alchimique, pourquoi Ripley, par exemple» expose-t-il la recette de la. Pierre en ces termes : II faut commencer au soleil couchant, lorsque le mari Rouge et l'épouse Blanche s'unissent dans l'esprit de vie pour vivre dans l'amour et dans la tranquillité, dans la proportion exacte d'eau et de terre. De l'Occident avance-toi à travers les ténèbres, vers le Septentrion ; altère et dissous le mari et la femme entre l'hiver et le printemps ? Faut-il attribuer cette obscurité à la peur qu'avaient nos gens de passer pour sorciers et d'être brûlés comme tels? Mais) rien ne pouvait mieux les accuser de sorcellerie que ce style bizarre ! Faut-il l'attribuer au désir de né pas bouleverser le monde en indiquant la recette de la Pierre philosophale? Alors, pourquoi écrire tant de livres ! A la volonté de n'être compris que des leurs ? Mais, les leurs n'arrivent pas à les comprendre ! A l'intention de ne pas désobéir à Dieu qui leur a dévoilé le secret (9) ? Mais, ils s'efforcent de le dévoiler!

Je crois, moi, que parmi ceux qui se mêlèrent d'ouvrer des traités d'alchimie il y eut pas mal de « fumistes », (la race n'en est pas disparue : Quelques ouvrages d'Eliphas Lévi valent la fameuse Table d'Hermès), pas mal de charlatans, pas mal d'escrocs. Mais, il importe de ne point trop rire de certaines expressions, de « lion (10) dévorant » par exemple pour « acide » ; les infortunés alchimistes ne connaissaient pas le terme élégant de « Tetramethylméla-phenylènediamine » ! J'ai en passant, on le verra, expliqué bon nombre de ces expressions qui disent les pensées les plus profondes avec une naïveté si charmante. Qu'on lise le Livre des figures de Flamel, Le Livre de la Philosophie naturelle des Métaux de M. Bernard Allemand, Comte de La Marche Trévisane, surnommé le bon Trévisan, L'opuscule très excellent de la Vraye Philosophie naturelle des Métaux avec un advertissement d'éviter les folles dépenses qui se font par faute de vraye Science, de Maître Denis Zacaire, gentilhomme guiennois, on trouvera, en vérité, des pages adorables ; "le bonhomme Flanel se félicite de savoir sa chère femme Pernelle discrette et secrette, Zacaire assure que il ne passait jour, mêmement les fêtes et dimanches, que les alchimistes ne s'assemblassent ou au logis de l'un d'eux ou à notre-Dame-la-Grande qui est l'église la plus fréquentée de Paris pour parlementer des besognes qui s'étaient passées 'aux jours précédents, il avoue sans honte ses mésaventures pécuniaires : Si c'était profit Dieu le sait, et moi aussi gui dépensai des écus plus de trente... Tout l'augment que j'en reçus ce fut à la façon de la livre diminuée... Qu'on lise ce passage d'Alexandre de la Tourrette : Nous voyons aussi comment ce très excellent alchimiste notre bon Dieu a basty son four (qui est le corps de l'homme) d'une si belle et propre structure qu'il n'y a rien à redire : avec ses soupiraux et registres nécessaires, comme sont la bouche, le nez, les oreilles, les yeux; afin de conserver en ce four une chaleur tempérée et son feu continuel, aéré, clair et bien réglé pour y faire toutes les opérations alchmistiques.

I

LA MATIÈRE EST UNE, ELLE ÉVOLUE —  PREUVES DE CETTE UNITÉ ET DE CETTE ÉVOLUTION — CREATION DU SOUFRE, DU NICKEL, DE L'AZOTE.

La matière est une, la matière évolue. Unité de matière, unité de vie.

Sur un plat de verre étendre du verre pulvérisé en une couche égale, semer quelques grammes, cinq par exemple, de graines de cresson, les arroser d'eau distillée, et les alimenter d'air soigneusement filtré. Incinérer la récolte obtenue : dans cette cendre végétale on trouve de la potasse, de l'huile, du soufre, et des oxydes de fer et de manganèse. Prendre, maintenant, cinq grammes de graines pareilles à celles qu'on a semées, les calciner et les analyser : on y trouve beaucoup moins de fer que dans les résidus produits par l'incinération de la récolte. C'est une véritable transmutation de la silice.

Des plantes, cultivées dans un sol privé de fer et alimenté d'air soigneusement filtré, finissent par contenir des quantités notables de sels de fer. Le fer s'est bien formé par la combinaison des gaz de l'air et de l'eau avec les matières du sol.

Le blé, semé dans un sable stérile, produit des grains assez abondants en phosphate, alors que ni l'air ni le sol ne contiennent des traces d'acide phosphorique.

Au Mexique, les chercheurs d'or disent : « La chose n'est pas mûre », ce qui signifie crue le minerai sur lequel tombe leur pioche est en voie de préparation Les mines d'argent peuvent contenir de l'or à l'état natif ; elles peuvent en contenir aussi à l'état naissant : dans ce cas, l'or est encore dans le ventre de sa mère. (Allotropie, voir Chap. II). Une mine d'argent s'accroît, se transforme en or ; une mine d'or ne s'accroît pas, l'or étant un corps mort (l1), c'est-à-dire mûr, adulte, le dernier degré de l'évolution métallique, un corps qui en se putréfiant redonnera du fer. (Le platine, qui a toutes les propriétés chimiques de l'or, n'est que de l'or blanc, de l'or dont la couleur est repliée à l'intérieur. Voir Chapitre V).

Prendre du sulfhydrate d'ammoniaque ; pour précipiter le soufre sans dégagement gazeux d'hydrogène sulfuré, employer l'acide oxalique ordinaire en dissolution, l'ajouter goutte par goutte afin d'éviter la réaction acide. Le soufre précipité pèse toujours 10 à 15% de plus que le soufre contenu à l'état primitif dans le sulfhydrate d'ammoniaque. D'où vient ce soufre en excédent ?

Prendre de l'huile d'olive fine, pas rance, et du cuivre rouge porphyrisé (poudre de bronze) ; mettre 10 grammes de ce cuivre dans un matras à fond plat, et dessus verser 70 grammes de cette huile. Fermer hermétiquement le matras, l'exposer au soleil et l'agiter chaque jour. Le cuivre se dissout, donnant une liqueur verte, l'oléate de cuivre. Si l'on veut reprendre le cuivre à l'état métallique, le plus simple sera (non d'y ajouter de l'ammoniaque, de l'acide ou autre chose) de faire résinifier l'oléate de cuivre et de le mettre en fusion. A l'analyse, il donne du cuivre et du nickel. D'où vient ce nickel ?

Prendre un bocal de verre à large ouverture muni d'un bouchon également de verre et une capsule d'une capacité de 20 à 25 centimètre cube. Mettre dans la capsule 10 centimètres cubes d'eau distillée et 4,7 à 4,6 milligrammes d'acide sulfurique SO3, (quantité suffisante pour saturer 20 milligrammes d'ammoniaque AzO3). Introduire la capsule et son contenu dans le bocal et fermer hermétiquement. Exposer le tout à des insolations régulières pendant une quinzaine de jours, dans les mois où le soleil s'élève le plus au-dessus de l'horizon. Rentrer l'appareil le soir ; il ne doit point voir le soleil levant. Les insolations subies, retirer la capsule, la mettre sous une cloche dans une chambre noire et dessécher par l'acide sulfurique. Cela fait, on trouve autour de la capsule une couronne de sulfate d'ammoniaque cristallisé AzH4 O, SO3 , et au fond de la capsule de petites boules liquides à l'état sphéroïdal AzO4d'un rouge brun. Ces boules donneront un poids de 26 milligrammes et le sulfate d'ammoniaque de 79 milligrammes. Total : 105 milligrammes. Les 79 milligrammes de sulfate d'ammoniaque contiennent 16,7 milligrammes d'azote, et les 26 milligrammes d'acide hypoazotique 7,9 milligrammes d'azote. En tout : 24,6 milligrammmes d'azote. D'où vient cet azote?

II

CONSTITUTION MOLÉCULAIRE — ISOMÉRIE, ALLOTROPIE, PROGRESSION DE MENDELEJEFF  — LES QUATRE ÉLÉMENTS ATOMIQUES.
LA GENÈSE — CE QUE SONT LE SOUFRE, LE MERCURE ET LE SEL PHILOSOPHIQUES.  

La matière est une, tous les corps sont formés de la même substance matérielle. Tous les composés d'une masse sont simples, ou, si l'on préfère, tous les corps sont composés — composés de mêmes atomes diversement groupés. La matière vit, évolue ; plongez un cristal d'alun incomplet dans un bain approprié, il réparera par phénomène d'hérédité ce qui lui aura été enlevé et s'accroîtra régulièrement. Tous les matériaux se transforment dans la terre, ' la grande cornue, donnant naissance à des métaux, à de la houille et d'autres corps plus ou moins parfaits suivant le temps de cuisson (l2) (Groupements atomistiques). Toutes les modalités de la matière proviennent des groupements moléculaires.

Comme les autres corps, les divers métaux dérivent du même atome et s'accroissent selon des lois déterminées. Ils évoluent.

Les propriétés des métaux et autres matériaux résultent de la constitution moléculaire. Beaucoup de composés, suivant qu'ils cristallisent dans un système ou dans un autre, acquièrent des propriétés différentes sans que leur composition s'altère ou change. Le soufre possède des propriétés très différentes suivant la température à laquelle on , l'expose et la forme cristalline qu'on lui fait prendre. Et le fameux mot isomérie n'explique rien. On nomme isomères les corps qui, ayant une composition identique, jouissent de propriétés différentes. Quand l'isomérie se présente dans les corps, réputés simples, elle devient l'allotropie. Toute molécule étant formée par un groupe d'atomes, ceux-ci peuvent différer non seulement par là qualité et le nombre, mais encore par la manière dont ils sont juxtaposés dans la molécule; AMOR et ROMA s'écrivent avec les mêmes lettres et n'ont pas le même sens. L'acide fulminique a la même composition (carbone, oxygène, azote) que l'acide cyanique: le premier soumis à la plus faible élévation de température détone avec violence, l'autre résiste à la chaleur rouge. Voilà deux corps isomères.         
               
Le zinc, cassant à la température ordinaire, est-il le même métal que le zinc ductile et malléable entre 100 et 150° ? N'est-il pas plutôt un corps allotropique de celui-ci? (l3)
Tous les corps sont des modifications polymériques d'un seul et même élément, des modifications de durée plus ou moins longue.

Mendelejeff a rangé sur une spirale les corps simples suivant la progression de leurs poids atomiques, les séparant par des distances proportionnelles à l'écart de ces poids. Plusieurs des cases réservées par Mendelejeff à des corps inconnus ont été remplies par des éléments récemment découverts, comme Neptune s'est rencontré à l'endroit du ciel où l'attendait.

Le Verrier. En considérant les rayons de cette toile; d'araignée un voit que les corps ayant mêmes propriétés, c'est-à-dire constituant même famille chimique, ont des poids atomiques multiples- les uns des autres. Ils sont donc formés de la polymérisation du plus léger d'entre eux.
Certaines propriétés ont donné, le groupe des métaux.

Si sous une pression considérable et continue, à une température constante et relativement élevée, avec l'action d'une eau chargée de sels métalliques l'on carbonisait du bois, on obtiendrait de la houille. De même, l'on peut fabriquer de l'or.

En somme, pour passer de la théorie à la pratique, ü s'agit d'accomplir en peu de temps ce que la Nature fait dans un intervalle beaucoup plus long. La Pierre philosophale est un agent qui, jeté au sein d'un métal, produit une transformation atomistique semblable à celle que les matières organiques subissent lorsqu'une levure les fait fermenter. Transmuter le plomb, par exemple, en or, c'est augmenter sa densité et sa couleur par un. nouvel arrangement atomistique.

Les corps simples — comme les composés — peuvent se ramener à quatre éléments atomiques (L'élément atomique est chose pondérable, l'élément atomistique, l'énergie, est impondérable; un atome d'H est constitué par trois formes de dynamisme, chaleur, électricité, magnétisme ; à l'état libre, il redevient matière interplanétaire, le mouvement) : hydrogène, oxygène, azote, carbone, lesquels, bien entendu, peuvent se ramener à la substance unique mue par la lumière astrale — qu'il, n'est d'ailleurs nullement nécessaire de savoir manier puisque la lumière obscure qui compose les atomes peut devenir elle-même, à l'aide de notre feu matériel, l'agent mutatif. Les métaux sont donc composés dans des proportions variables d'H, d'O, de C et d'Az (atomes matérialisés), matériaux qui, ainsi que l'ont fort justement fait remarquer les anciens alchimistes, se trouvent partout.

Ceux-là prétendaient que les métaux (l4) sont formés de Soufre, de Mercure et de Sel (qu'il ne faut pas confondre avec le soufre, le mercure et le sel ordinaires ni avec le Soufre, le Mercure et le Sel philosophiques, mais qu'on peut rendre philosophiques, c'est-à-dire vivants, protéiques), ou, si l'on préfère, de Soufre ou C (atome secondaire) qui leur donne la densification, qui les rend fixes, de Mercure ou H (atome primitif) qui leur donne la volatilisation, et de Sel ou O (atome primitif) qui résout le Soufre et le Mercure et les ramène à l'état de terre inanalysable (au moins pour nos chimistes officiels), à l'état de « Corps simples » ; l'Az n'est qu'un agent, le ferment.

Les atomes primitifs HO fixés sous la forme métalloïque (On appelle état métalloïque la condensation dynamique de l'H, la captation de la lumière astrale, de la vie, de l'AZOTH. Un corps à l'état métalloïque n'est ni mâle ni femelle, à l'analyse il ne révélera aucune substance cataloguée officiellement. L'état métalloïque c'est le passage du pondérable à l'impondérable ; un oxyde métallique suroxygéné jusqu'à contenir 7 éléments d'O pour un de métal — ce qui est possible — se résoudra sous la forme d'une eau volatile), les atomes primitifs HO fixés sous la forme métalloïque, disons-nous, donnent le Mercure universel, le grand menstrue qui nourrit l'univers, qui dissout sans cesse, amalgame, triture les matériaux de notre planète. Les deux atomes secondaires, Az et C, fixés également à l'état métalloïque, donnent la Terre primi(ive ou adamique ou limon dont on extrait le Sel philosophique.

Il est écrit : La terre était informe et nue, et les eaux l'entouraient de toutes parts, et l'esprit de Dieu flottait sur les eaux, et les ténèbres couvraient la face de l'abîme.

Eh bien, au fiai lux l'Az et le C se séparent du grand HO. L'Eternel n'avait pas encore donné à la matière première sa forme et sa fonction. Ce grand HO c'est l'énergie cosmique dans laquelle baignent les planètes, c'est la vie universelle, la lumière obscure, le Pantogène. C'est l'Etre, c'est Tout (l5). Au fiat lux le Mercure universel se dissocie donnant l'O (la terre) et l'H (l'atmosphère). Sur cette terre l'O se transforma en Az et l'H en C; d'où la chlorophylle, les végétaux. Des végétaux naquirent l'iode, le chlore, le brome, le fluor, le bore. Puis, vinrent les métaux de nature animale, l'ammonium et le phosphore. De la putréfaction des eaux sortit le soufre. Enfin, arrivèrent les métaux hydrocarbonés et les métaux dérivant de la silice.

Qu'est-ce que le Soufre philosophique ? le Mercure philosophique ? le Sel philosophique ?

 Au temps de la conception de l'enfant, le sperme est le véhicule du Soufre, le père, et l'ovule le réceptacle du Mercure, la mère ; le placenta dans lequel ils se réunissent, c'est l'Œuf philosophique, les eaux font fonction de Sel, le ventre maternel représente l'Athanor, et la circulation artérielle et veineuse le grand agent calorique, la lumière obscure. Il faut donc, pour obtenir un accroissement métallique, pour faine évoluer un métal, le placer dans certaines conditions avec le nutriment nécessaire, » rappelant que, suivant la prédominance du Soufre (16) ou du Mercure, les matériaux sont négatifs ou positifs ; l'or, par exemple, est mâle, positif, l'argent négatif, femelle. (Les expressions vulgaires « or mâle, or femelle » ne veulent rien dire. De même « or jaune, or rouge » ; il n'y a qu'un or, l'or jaune ; l'or rouge est un alliage).

Peu importent les noms des corps ! Considérons seulement leur constitution atomistique et leur système de cristallisation.

III

EXPÉRIENCES POUR LA CRÉATION DE L'OR — LE FIXE, LE VOLATIL — CORPS DÉCOMPOSABLES ET INDÉCOMPOSABLES — FIXATION ET MUTATION DES ÉLÉMENTS.

Prendre du cuivre rouge en limaille (ces procédés ne sont que des expériences de laboratoire : ne pas croire qu'ils enrichiront), le mélanger avec des grains de poivre concassé et de girofle, mettre le tout dans un creuset brasqué et à bonne fonte ; quand le cuivre est liquide, réajouter les mêmes condiments jusqu'à ce qu'il devienne jaune. Puis, lingoter. Le cuivre est alors inoxydable, mais il ne supporte pas la coupelle. Il a les qualités chimiques de l'or, non les qualités physiques. L'acide azotique ne l'attaque pas. C'est de l'or non mûr, de l'or naissant.
C'est un cuivre allotropique. Reste à fixer cette allotropie. Pour cela (l7) il faudra fournir des éléments atomistiques d'O qui rendront le cuivre nias dense, et enlever des éléments d'H. L'Az sera l'agent de la mutation.

Autre expérience :

Prendre 100 grammes d'argent en limaille et 100 grammes de soufre. Mélanger le tout, le mettre dans un têt à rôtir qu'on introduira dans un fourneau à moufle. Chauffer d'abord légèrement, agiter fréquemment la matière pour l'empêcher de s'attacher, et, lorsque le Soufre s'enflammera, faire attention à ce que la matière ne s'attache pas au fond du têt. Laisser refroidir. Prendre la masse restant, peser son poids de soufre, pulvériser le tout au mortier. Remettre dans le têt et rôtir à nouveau. Recommencer cette opération au moins huit fois. A la dernière, chauffer jusqu'au rouge sombre pour enlever l'excès de soufre.

Prendre cette matière, la fondre dans un creuset avec les réducteurs ordinaires. Prendre le lingot, le passer au départ. Le lingot dissous, retirer la poudre brune restant au fond de la capsule, bien la laver. La poudre sèche, prendre une coupelle, y mettre de plomb le poids double de celui de la poudre, coupeller. Il reste sur la coupelle un bouton jaune inattaquable par l'eau régale et les autres acides. C'est de l'or ayant dépassé la limite de l'oxydabilité de l'or ordinaire mais conservant son  poids spécifique. C'est de l'or meilleur que l'or vulgaire, de l'or à 24 carats.

Le Fixe est un corps dont le dynamisme calorique est à l'étal pondérable. Si l'on prend ce nondérable et si on le rend volatil, la substance elle-même devient volatile (dissociation) sans qu'on puisse retrouver les éléments primitifs. Un fulminate d'or ou d'argent « taquiné » trop brusquement devient explosif (chaleur lumineuse, puissance balistique. La lumière ! la vie Cristallisée ! l'explosif ! Dans les opérations alchimiques on arrive à des dissociations brusques, et, si l'on ne sait pas fixer les éléments à leur état naissant, on entre dans la série des explosifs. Tout explosif est composé de H, O, Az et C) ; après l'explosion on ne retrouve aucune trace des éléments composant la matière d'or ou d'argent : tout est devenu volatil, pas de résidu, pas de fixe.

Le fulminate d'or (pondérable, fixe) comporte du calorique à un état de condensation physique qui, sous l'effort d'un mouvement brusque, libère cette chaleur et volatilise les éléments constitutifs de l'or. Mettons dans une cuiller de fer un peu de fulminate d'or et exposons le tout à un foyer : quand la température détermine le départ de la chaleur constitutive du fulminate, une explosion a lieu, la cuiller est percée. L'explosion a eu lieu verticalement de haut en bas, le volatil est tombé par terre. — Quant au fulminate d'argent, il explose latéralement.

Voici un exemple qui fera comprendre le changement d'état physico-chimique des corps volatils :

Le soufre vulgaire, corps volatil, n'est qu'une résine métallique dont la composition atomistique est C4 H8, la densité 2 et le poids atomique 32. Si l'on extrait de ce soufre 4 éléments d'H, la densité arrive à 4 et l'on a le sélénium dont le poids atomique est 79. Si, au contraire, on introduit dans le soufre 8 éléments de C et 16 d'H on a le tellure dont la densité est 6.258, la composition atomistique C12 H24 et le poids atomique 129, Ces deux métaux ne sont que des hydrocarbures minéraux de nature volatile (comme l'arsenic et l'antimoine qui dérivent d'ailleurs aussi du soufre) et non fixe comme celle du Soufre philosophique. De ces hydrocarbures on peut extraire une huile physique et volatile.

Pour comprendre l'isomorphie de ces hydrocarbures minéraux qui sont tous volatils, prenons du  plomb et du sélénium en poids égaux — ou du tellure ou de l'arsenic ou de l'antimoine ; ces corps fondus donneront un sulfure métallique isomorphe des sulfures métalliques obtenus avec le soufre vulgaire. Donc, ces sulfures métalliques ont la propriété de volatiliser le Fixe et d'en changer les Qualités physiques et chimiques.

Toute substance métallique contient en elle : 1° le soufre vulgaire, volatil, métalloïde; 2° un soufre fixe, mélalloïque, lequel est un état intermédiaire entre le soufre vulgaire et le Soufre philosophique (il peut devenir Soufre philosophique) ; les alchimistes l'appelaient androgyne.

(Ce Soufre philosophique n'est lui-même qu'un carbone à l'état métalloïque, c'est-à-dire vivant, c'est le soufre vulgaire rendu fixe au feu, capable de teindre. Le Mercure philosophique est un hydrogenium fixe, et le Sel philosophique un oxygenium fixe. Ces trois substances réunies dans les proportions voulus donnent un composé vivant, la Pierre philosophale fixe devant nos conditions barométriques, le point critique de dissociation n'existant plus).

La densité des métaux dépend de la quantité de C et d'O, et le poids atomique n'en est que la conséquence. Plus un métal est oxygéné et carburé, plus il est dense ; plus il est hydrogéné, plus il est léger. Le mercure (dont la composition atomistique ( C12 H24 O16 ) étant très hydrogéné est très volatil, se distille facilement — comme l'eau. Pour qu'un métal devienne plus lourd, il doit absorber de l'O et le garder à l'état constitutif (fixe, chaleur obscure), non susceptible de muer. Pour qu'un métal s'oxyde, il doit perdre de son volatil, de ses éléments d'H, il doit avoir des éléments d'H disponibles (l8).

Si dans un corps décomposable on enlève un ou des éléments atomistiques constituant l'H, l'O ou autres — suivant ce nue l'on veut obtenir — le résidu sera un corps indécomposable ou « corps simple » (chimie inorganique) ; si à un corps indécomposable on ajoute un ou des éléments atomistiques d'H, d'O ou autres, on obtiendra un corps décomposable, volatil (chimie organique). Il ne doit se produire dans ces réactions ni dégagement gazeux ni période calorique; autrement, les éléments volatils qu'on aurait voulu ajouter s'en iraient sous forme gazeuse d'hydrogène, d'ammoniaque ou d'acide carbonique - Prenons, par exemple, du plomb — dont la composition atomistique est C16 H7 O13 ; si l'on enlève 3 éléments atomistiques d'H, on aura le tallium , (C16 H4 O13), métal plus dense que le plomb et dont les chlorures, en se comportant comme les chlorures d'argent, ne violacent pas à la lumière. On aura ainsi enlevé une partie du volatil et on l'aura remplacée par une quantité de C à l'état métallique.

L'élément le plus vulgaire susceptible de muer étant le C pur, prenons du C et le volatil (ou H), Jetons les en présence dans de telles conditions qu'ils ne puissent s'échapper, et employons la chaleur lumineuse amenant l'AZOTH universel, lequel ne se fixe pas, mais rend l'H et le C pondérables (graphitoïde). Voici le fixe et le volatil fixé, le ciel et la terre conjoints, voilà un corps pondérable, indécomposable, un hydrocarbone particulier, non volatil, se présentant sous la forme métalloïque et indestructible par les éléments atmosphériques. C'est donc un corps simple, et le premier des corps simples, c'est une eau congelée, chaotique, l'eau régénérée des anciens alchimistes.

Si on dissout, par exemple, du soufre ordinaire, corps « simple, indécomposable », volatil, dans le carbone, corps fixe, on aura une huile volatile, le sulfure de carbone. Quand on laisse évaporer lentement ce sulfure de carbone, le soufre cristallise en octaèdres, et on a le carbone gazeux, volatil — en sens inverse puisqu'il tombe, étant plus lourd que l'air ; le fixe est devenu volatil. Ce carbone gazeux se comporte comme l'hydrogène, brûle avec une flamme rouge et bleue et redonne du charbon amorphe. Si l'on réduit ce carbone amorphe, on produit un métal de couleur jaune s'oxydant rapidement à l'air. Voilà la mutation des éléments.
Le soufre vulgaire joue dans la mutation des éléments le rôle de l'oxygène, à poids égal au point de vue des équivalents atomiques.

En somme, dans la fixation des alchimistes il faut par voie de substitution déplacer ou extraire des éléments atomistiques (additionner, soustraire, équilibrer. fixer LE volatil, VOLATILISER LE fixe) (l9) .

IV

LA PIERRE PHILOSOPHALB. — VOIE HUMIDE. — CONFECTION DU SOUFRE, DU MERCURE ET DU SEL PHILOSOPHIQUES.

La Pierre philosophale n'accroît pas la matière métallique : c'est un réducteur puissant, un agent protéïque, agissant par voie de substitution d'atomes hydrogénés, laissant un résidu fixe, l'or vulgaire, corps mort (mort puisqu'on lui a enlevé une partie de son H pour le remplacer par autant d'équivalents de C).

Tous les métaux contiennent le Soufre, le Mercure, le Sel non mûrs ; la Pierre contient le Soufre, le Mercure, le Sel évolués. Passons à la confection de la Pierre. Il y a deux voies, la voie humide et la voie sèche.

voie humide. — II faut pour obtenir le Soufre fixe dont nous allons avoir besoin employer l'or qui est le métal en contenant le plus. H s'agit de tirer de l'or son Soufre fixe et d'obtenir un Mercure métallique auquel le conjoindre.

Il s'agit, en somme, d'extraire le principe vital du mâle et de le conjoindre avec celui de la femelle. D'abord, réduire l'or en chaux : pour cela, prendre de l'or en feuilles, le dissoudre dans du mercure vulgaire, laver et pétrir jusqu'à ce que l'amalgame soit dur et que l'eau sorte claire. Mettre dans une capsule de porcelaine cet amalgame et l'acide obtenu de la façon suivante : prendre 1 kilo d'acide azotique à 40°, y ajouter 300 grammes de matière animale sans éléments graisseux (du mou, par exemple) ; chauffer jusqu'à dissolution complète de la matière organique, et filtrer sur l'amiante. C'est un acide oxalique dont la composition atomique est C4 H2 O9 (alors que l'acide oxalique ordinaire a pour composition C2 H2 O4 ). Cet acide, tout en ne dissolvant pas l'or, fait disparaître le mercure.

Filtrer sur l'amiante. Ainsi, on a ouvert l'or (20). C'est la calcination par voie humide. Il ne reste que le Fixe.

Cette chaux (la terre primitive) de couleur blanche, c'est la Magnésie, la Terre vierge, le Pélican qui va se percer les flancs pour donner le Soufre, menstrue, nourriture de l'Universel Pondérable.

Prenons cette chaux blanche aurifère bien lavée, mettons-la dans un matras de forme ovale à long col, versons sur cette terre une huile soufreuse (et non sulfureuse), de nature minérale, car nature s'esjouist de sa nature..., l'huile sidérale, l'huile de pierre, le pétrole (21), le VITRIOL, l'huile du verre (Vitrioleum). Cette huile appliquée aux métaux vulgaires, lorsqu'ils ont été ouverts, les fait évoluer, changer d'états atomistique, chimique et physique. Elle les accroît. C'est l'opération de Basile Valentin. — Voir Le Char triomphal de l'antimoine (22).

Après avoir étiré l'extrémité du col du matras afin d'obtenir un long tube capillaire qui servira de soupape, plaçons le tout dans un bain de sable à une température ne dépassant pas 80° (feu de digestion) et commençant par 30°. Ne remplir qu'aux deux tiers, la matière se gonflant. Le pélican se perce les flancs, un sang vermeil s'en échappe. L'huile suffisamment rouge, remettre de l'huile soufreuse, recommencer l'opération précédente jusqu'à ce que l'huile ne se teigne plus. (Dans le matras, la matière doit atteindre la couleur voulue en moins d'un mois).

Maintenant, il faut procéder à la Sublimation ou Séparation du pur et de l'impur contenus dans la chaux aurifère (laquelle ne comprend que du Fixe ou chaleur obscure absolue). Ouvrir l'œuf, en retirer la matière, la joindre à l'huile colorée et distiller plusieurs fois au filtre ordinaire. Laver le résidu en versant de la nouvelle huile jusqu'à ce qu'elle ne se colore plus. Alors, placer la liqueur pourpre dans une capsule de porcelaine, et procéder jusqu'à consistance résineuse à l'évaporation lente (température ne dépassant pas 30°). On a ainsi extrait le Soufre ou la virtualité du corps métallique, c'est-à-dire son alcaloïde (23). La composition atomistique du Soufre philosophique, de cette gomme résineuse est C8 H16. La confection du Soufre telle que nous venons de l'indiquer demande quarante jours au moins, quatre mois au plus.

Au reste, nous avons dit que tous les matériaux de notre planète- — et particulièrement la magnésie ordinaire, le kaolin, le talc, la terre à foulon, le beurre des montagnes ou base du ferment de Basile Valentin — contiennent en proportions variant avec leur spécificité un Soufre qu'on peut rendre philosophique. Le Soufre philosophique n'est point le ferment de tel ou tel métal ; le Soufre philosophique c'est la vie animique arrivée à maturité.

Le Soufre obtenu, il faut le conjointe au Mercure philosophique.

Ce Mercure doit posséder une chaleur obscure mais pourtant radiante puisque toute chaleur obscure mise en action devient phosphorescente et qu'il faudra mettre en action le Mercure pour qu'il se conjoigne au Soufre. Le Mercure doit constituer le Volatil dans l'Œuf philosophique (le Volatil qui, nous venons de le dire, contiendra du Fixe, de la chaleur obscure — chaleur de constitution).

Comment obtenir le Mercure philosophique? Les anciens recommandaient de l'extraire de l'argent ; mais l'opération est délicate et peu productive. Nous procéderons donc autrement. On prend 100 grammes de bismuth à l'état métallique et porphyrisé, et 300 grammes de bichlorure de mercure, on mélange le tout, on l'écrase sur un marbre de verre avec la molette de verre en arrosant avec de l'alcool. On transforme la pâte obtenue en trochisques que l'on fait sécher lentement à l'étuve sur une plaque de marbre. (L'on fera bien de mettre des gants de caoutchouc et de s'emplir les narines de coton cardé). Puis, on place ces trochisques dans une cornue de porcelaine dont le chapiteau s'enlève à volonté, et au col de laquelle on ajoute un vaisseau de rencontre muni d'un matras trempant dans un mélange réfrigérant. Les jointures lutées, l'on chauffe progressivement jusqu'à ce qu'une perle de mercure descende dans le vaisseau de rencontre. Quand il ne passe plus de mercure, on chauffe jusqu'à 500° afin d'en faire disparaître le reste. Alors, on démonte l'appareil, et l'on aperçoit en haut du chapiteau des fleurs argentines cristallisées que l'on retire. Dans la Danse de la cornue on trouve un caput mortuum que l'on pulvérise avec le mercure du matras en y ajoutant 100 gr de bichlorure de mercure. On redistille jusqu'à ce qu'il n'y ait plus de fleurs argentines. On introduit les eaux provenant des deux distillations et les fleurs argentines dans un matras de forme ronde à long col, et l'on met le tout au bain de sable, commençant par une température de 50 à 60° pour finir par 100°. Chaque jour on fait faire un demi-tour au matras pendant 15 à 18 jours jusqu'à ce que l'on obtienne une eau limpide à reflets métalliques, brillant comme le mercure vulgaire (de même densité mais de propriétés différentes). C'est notre Mercure philosophique dont la composition atomistique est C16 H28. Voilà le vif argent transformé en argent vif. On a ainsi rendu ce qui était fixe volatil sous la forme d'une eau pesante ; c'est donc l'opération opposée à celle qui donne le Soufre philosophique. Ce Mercure n'est nullement vénéneux, sa partie arsenicale, l'impur, étant disparue. La confection du Mercure, telle que nous venons de l'indiquer, demande deux mois. Il s'agit, maintenant, d'opérer la Conjonction, c'est-à-dire de conjoindre notre Soufre, notre Mercure et le Sel philosophique.

Mais comment obtenir ce Sel Philosophique? Ce Sel ne doit pas contenir de matière volatile, ce doit être une matière morte, une eau, qui amènera la putréfaction, qui sera un ferment. Il ne doit donc plus contenir de chlore qui est volatil. Faire décrépiter un kilo de sel marin naturel, l'introduire dans un creuset, et mettre le tout à un feu de fonte. Quand la matière est liquide, on la coule dans une bassine, et l'on couvre — vivement pour éviter la volatilisation du sel. Le produit fondu et refroidi, on le dissout dans l'eau et l'on filtre. Et on évapore jusqu'à siccité. On recommence ces opérations jusqu'à ce que le sel, ayant perdu son eau de constitution, soit fusible comme la cire vierge, à une température de 30°. On obtient ainsi le Sel philosophique, nitre, et non vulgaire azotate de potasse, d'ammoniaque ou de soude. Sa composition atomistique est C6 H9 O15, sa densité 4, son poids atomique 59. Voilà donc de l'oxygène à l'état métalloïque. La confection du Sel telle que nous venons de l'indiquer demande trois mois au plus. Pour le Sel avoir des matras de cristal ; car ce Sel dissout la silice.

Ce Sel va servir de nourriture au Soufre et au Mercure dans la confection de la Pierre.

Le Soufre philosophique a les reflets métalliques du scarabée et par transparence apparaît rouge pourpre ; il ressemble étrangement à l'aniline et à ses dérivés. Le Mercure philosophique, limpide, d'aspect métallique, donne dans l'obscurité une lumière mauve ; il est fluorescent et le matras qui le contient semble un tube de Crooks ; ses rayons fluorescents ont une action sur le chlorure d'argent et modifient singulièrement divers oxydes métalliques. Le Sel philosophique est de couleur blanche argentine, il forme de petits cristaux réfringents : c'est la Terre fouillée des Sages, le Talc philosophique, l'Alun de Plume de Basile Valentin.

V

VARIATION ATOMISTIQUES ÉTRANGES — TEINTURE.
LES QUATRE MODALITÉS DE L'ÉNERGIE — L'ATHANOR. — CHALEUR OBSCURE, CHALEUR LUMINEUSE — L'ŒUF PHILOSOPHIQUE.

Le Soufre, le Mercure et le Sel obtenus, arrivons à la Conjonction, à la Fixation des éléments, c'est-à-dire à l'opération qui les rend fixes, non volatils, au feu, incomburables par l'O.                     Il serait inutile, en effet, de projeter directement soufre philosophique sur de l'argent, par exemple, en fusion: l'on n'obtiendrait .qu'une variation des poids atomistique et spécifique, le lingot n'aurait pas la couleur d'or. Toutefois attaqué par 1'acide azotique étendu d'eau, il prendrait une belle couleur jaune et la conserverait jusqu'à son entière dissolution. Et si l'on faisait repasser l'argent à l'état métallique et le refondait sans y ajouter de Soufre le phénomène se reproduirait. Lazarus Erken a dit : Quand tu auras joint le soufre métallique au métal ; vulgaire ne crois point que la teinture soit extérieure; la matière demeure comme un métal non mûr. Basile Valentin prétendait qu'en prenant un certain Soufre non mûr provenant des sulfures d'antimoine l'on obtiendrait une teinture non visible, intérieure (elle serait dans l'atome, ne le colorerait pas), et que pour le 'rendre visible il faudrait y ajouter de l'or ouvert qui augmenterait sa puissance colorante et la rendrait fixe au feu.

Mettre 100 grammes de soufre en fleur, 100 gr. de potasse pure non carbonatée et 100 gr. d'acide

Azotique dans un vase de grès ou de porcelaine, recouvrir ce vase d'une plaque de verre et l'exposer au jour; au bout de huit jour la matière se gonfle et rend visible ce qui était invisible, elle devient rouge, se liquéfie. Continuer cette putréfaction, en remuant de temps en temps avec un agitateur de verre, jusqu'à ce qu'apparaissent des efflorescences de carbonate de potasse et de soude et à la surface une croûte grise d'hyposulfite. Dessécher la substance, la mettre au creuset, fondre. Sortir la matière du creuset, verser sur cette matière de l'alcool pur, faire digérera feu lent de 80 à 85°. L'alcool se teint en rouge. Décanter. Prendre une pièce d'argent, la tremper brusquement dans le liquide et la laver dans l'eau fraîche : la pièce est teinte superficiellement.

Evaporer l'alcool jusqu'à ce qu'il reste une résine, la projeter sur de l'argent en fusion (après l'avoir entourée de cire), donner un bon feu de fonte, retirer le creuset du feu. Quand il est froid, enlever le culot d'argent. Ce culot est teint intérieurement et pas extérieurement: si on le passe à l'acide azotique, il apparaît jaune.

II faut pour opérer la Conjonction avoir recours à l'Athanor ou fourneau philosophique; il faut connaître le Sec (ce qui est en bas, la terre, le solide ; le type du Sec est le C pur cristallisé sous forme de silicate hyalin — diamant — ou des composés divers), l'Humide (ce qui est en haut, l'air, le gaz, l'H), le Chaud (l'O, le comburant universel, le feu, la matière radiante), le Froid (l'Az, l'agent, l'eau, le liquide), les quatre modalités de l'énergie, pour amener les matériaux à une maturité qu'ils n'acquièrent naturellement que grâce à un grand nombre de siècles et aux divers événements cosmogoniques et géologiques.

L'athanor est un fourneau à réverbères composé de quatre parties indépendantes les unes des autres et pouvant se superposer. La partie supérieure figure une coupole ; elle est munie d'un thermomètre maintenu par un bouchon de liège. Dans la deuxième partie, cylindre parfait; quatre ouvertures circulaires, garnies de vitres, sont percées, qui permettent de surveiller l'opération; c'est dans cette partie que loge le têt contenant du sable fin sur lequel reposera l'Œuf philosophique (avoir soin d'enfoncer doucement l'Œuf jusqu'à ce que la surface de la matière qu'il renferme coïncide avec celle du sable). Le vase contenant le sable est ou supporté par une légère grille placée horizontalement entre la seconde et la troisième parties de l'athanor ou maintenu par des agrafes. La troisième partie forme, à l'intérieur, un cône tronqué de façon à présenter en haut une ouverture de même diamètre que le têt placé au-dessus.

La quatrième partie comporte à l'intérieur un cône renversé et plein, situé immédiatement au-dessus du foyer, maintenu par des agrafes et laissant autour de lui un vide circulaire qui, en montant, se réduit à l'épaisseur d'un doigt.

L'intérieur de l'athanor doit être émaillé en blanc vif ou enduit d'une couche de carbonate de magnésie délayé dans un peu d'eau gélatineuse.

Il faut se servir d'une lampe ayant une couronne de matière radiante, de zirconium ou de magnésie, fournissant des rayons chimiques à température basse. Une lampe ordinaire ne donnerait pas de chaleur lumineuse puisque sa chaleur serait étouffée par le support de l'Œuf, ne pouvant, comme la chaleur radiante du zirconium, traverser les corps opaques. C'est le feu clibanique dont parle Glauber.

Dans la lampe on met l'huile suivante : Prendre un kilo d'huile d'olive faite à froid, un kilo de sel marin décrépité, mettre le tout dans une cornue, mettre à la digestion pendant 4 ou 5 jours à 100° maximum. Distiller à feu doux : il sort une huile blanche transparente comme de l'eau. Lorsque des veinules rouges montent en haut de la chape de la cornue arrêter la distillation. Cette huile blanche brûle à flamme bleue, elle a besoin de très peu d'O, elle dure la moitié de temps plus que l'huile d'olive ordinaire.

Pour confectionner la lampe à zirconium (voir La Chimie métallurgique de Daubrey, au chapitre des métaux rares), prendre une mèche de coton de 7 à 8 brins, la tremper dans une solution de zirconium (zirconium et acide acétique), laisser sécher, préparer la couronne, calciner légèrement au feu bleu du gaz comme l'on fait pour les becs Auer. Il est bon d'avoir plusieurs lampes afin de pouvoir les changer quand il le faut ; quant à la couronne, une seule suffit.

La mèche est supportée par des fils inoxydables de nickel ou de maillechort.

Bien entendu, l'athanor repose sur trois briques afin de permettre à l'air d'y pénétrer.

La chaleur obscure est la chaleur de constitution des corps (24) ; la chaleur lumineuse est la chaleur de combinaison, elle a pour but de capter l'AZOTH universel, la Vie. L'œuf de la poule contient la vie à l'état latent — chaleur obscure, chaleur de constitution ; pour que cette vie se manifeste, il faut appliquer une nouvelle force extérieure, la chaleur lumineuse produite par la poule ou là couveuse artificielle. (Au reste, la chaleur de la poule est réellement un peu lumineuse ainsi qu'on peut l'observer par les temps secs).

La chaleur lumineuse pénètre jusqu'au centre de la terre en tant que fonction chimique — et non en tant que matière radiante ou réflexible : les rayons qui traversent la terre sont les rayons violet, ultraviolet et noir. Je signale ce point à ceux qui s'occupent d'astrologie (25).

Chaleur obscure et chaleur lumineuse représentent les deux dragons de Nicolas Flamel, la chaleur obscure (dragon rouge) étant contenue dans le Fixe, et la Chaleur lumineuse (dragon bleu) dans le Volatil.

L'athanor installé, il faut prendre 30 grammes de Soufre philosophique, les porphyriser dans un mortier de verre, y ajouter 60 grammes de Mercure philosophique et procéder par imbibition en continuant la porphyrisation. On obtient une pâte épaisse, opaque. Puis, on ajoute 90 grammes de Sel philosophique. On introduit le tout réduit en poudre subtile dans un matras de verre, l'Œuf philosophique (d'un verre dur et ne contenant pas de plomb — qui pourrait le faire crever. On obtient ce verre en prenant du quartz non alumineux et en le fondant dans un creuset de chaux vive) (26). L'Œuf fermé hermétiquement (au préalable on y aura fait le vide, en le faisant chauffer une demi-heure dans de l'eau à 100°, et en fermant, ensuite, à la lampe), on le place dans l'athanor de façon à ce qu'il reçoive la chaleur lumineuse par réflexion ; sans quoi l'AZOTH ne pourrait y pénétrer.

On commence par une température de 40°. Cette chaleur ne sert qu'à inciter la chaleur obscure du composé. La Salamandre vit du feu et s'en engrosse.

Au bout du troisième jour, des nuages .sombres montent et descendent ou se résolvent en pluie. C'est l'aile de corbeau, c'est la mort, c'est la Putréfaction au cours de laquelle s'opère la Conjonction.

A ce moment il faut bien surveiller la température : l'Œuf pourrait éclater en créant des vapeurs vénéneuses.

On apercevra une phosphorescence plus ou moins vive, toute putréfaction étant accompagnée de phosphorescence.

La putréfaction — qui rend la chaleur obscure lumineuse, le fixe volatil — réveille le côté sporadique des métaux (27).

La matière minérale possède infiniment moins de chaleur obscure rayonnante que les matières végétale et animale — ce qui fait que son évolution demande infiniment plus de temps.

VI

LE PETIT ŒUVRE — L'ÉLIXIR DE VIE — POUDRE DE PROJECTION

Dans l'Œuf philosophique le calme renaît, la vie revient.

Au bout d'un mois, la matière devient gris cendre. On augmente le feu de 10°. Des pustules apparaissent, colorées comme le scarabée. C'est le régime de la fermentation, c'est le paon- indiquant que l'union du mâle et de la femelle est consommée (28), c'est l'arrivée de la chlorophylle métallique.

La matière s'éclaircit, blanchit; c'est le Lait virginal, la Vierge immaculée, la Lune droite des Sages, la Pierre Philosophale au blanc, pas absolument fixe.

Si l'on ne veut transmuer les métaux qu'en argent, métal encore oxydable, si l'on ne veut accomplir gué le Petit Œuvre, on peut ouvrir l'Œuf. Il ne reste plus, alors, qu'à mêler la Pierre ainsi obtenue à de l'argent dans les conditions et proportions indiquées ci-après pour l'or.

Pour avoir la Pierre au rouge, la Pierre absolument fixe, pousser la chaleur à 58° ; au bout d'une vingtaine de jours, la matière devient faune citron. Pousser à 80°; au bout d'une quinzaine, la matière devient rouge. Encore un mois et elle devient d'un rouge brillant, transparent. Bientôt, elle s'affaisse et passe à l'état de pierre ou sel. Ce sel, soluble dans l'alcool, constitue ce que les anciens appelaient l'Elixir de vie pour les trois règnes.

Ne pas croire toutefois que la panacée universelle guérisse les jambes cassées, les organes détruits, etc. Contenant la vie, laquelle est la même pour les trois règnes, elle ne fait que communiquer un peu de cette vie aux malades qui en ont besoin; elle introduit simplement dans l'économie une activité solaire oui redonné de l'énergie à la masse cérébrale, organe régulateur de la vie physique et chimique ; ce n'est qu'un tonique, un tonique puissant.

Ce sel dissous dans l'alcool apporte la vie aux trois règnes : 1° au règne minéral. Prendre un gramme de la liqueur, le mettre sur une terre ferrugineuse ou sesqui-oxyde de fer. Procédant par voie de coction ne dépassant pas 30°, l'on verra naître dans ce sesqui-oxyde un métal différent du fer. 2° au règne végétal. Mettre l gramme de la liqueur sur 8 à 10 grammes de terre ordinaire (terre prise dans les champs) calcinée sans fusion, l'on verra naître des végétaux (d'abord mousses, puis fougères, puis graminées). La terre ayant été calcinée ne pouvait contenir de germes. — Les fakirs enferment une graine de blé ou autre dans leurs mains : au bout d'un certain temps de coction, la plante croît; une fois sortie des mains elle meurt. Au préalable les mains ou la graine ont été trempées dans la liqueur. 3° au règne animal. Prendre de la terre ordinaire et préparée comme ci-dessus, la porphyriser au mortier, l'arroser d'une nouvelle quantité de liqueur : on voit apparaître le ver, la mouche, le papillon.

Revenons à la Pierre Philosophale. L'Œuf ouvert, mettre en un creuset brasqué au charbon de l'or chimiquement pur; lorsqu'il est en fusion, ajouter de la Pierre philosophale la tierce partie du poids de l'or, et couvrir le creuset. Cette opération a pour but d'amener l'or à l'état de ferment ou levain de tous les métaux. Dans le creuset l'or sur lequel on a mis la Pierre s'enfle, puis se réduit en poudre rouge pourpre.

C'est la poudre de projection (laquelle est inanalysable puisqu'elle tue, amène à maturité toutes les substances), c'est l'or devenu ferment de l'or.

Dans cet état elle n'a d'action que de l sur 1.000 ; l kilo de métal, plomb ou autre, ne donnerait qu'un gramme d'or quelle que fût la quantité de poudre employée. Pour multiplier sa puissance, reprendre la poudre, la remettre au foyer avec de l'or comme ci-dessus ; ajouter de la Pierre toujours comme ci-, dessus ; la poudre ainsi obtenue a une action de 10 sur 1.000. A la troisième opération l'action sera de 100 sur 1.000, et à la quatrième de 1.000 sur 1.000.
La poudre qui contient les éléments fixes et lies éléments volatils (chaleur obscure et chaleur lumineuse) — le tout inséparable maintenant — amène à l'état lumineux, fixe au feu la chaleur obscure du métal sur lequel on l'aura projetée.

Pour faire la projection, enrober de cette poudre la valeur d'un grain de millet dans une petite feuille de cire vierge (laquelle empêche l'atmosphère de l'oxyder), jeter sur un métal en fusion cette boulette ; aussitôt, le métal brille et semble doué d'un mouvement de rotation sur lui-même. Couvrir le creuset, fermer le fourneau, élever la température, laisser refroidir. Le culot a diminué en volume.

VII

ALCHIMISTES ET ALCHIMIE.

A Paris existent encore la rue Nicolas-Flamel et la rue Pernelle. (Il y a, aussi, la place Maubert — c'est-à-dire Maître Albert) près la Tour Saint-Jacques, et le Conseil municipal ne songe nullement à les débaptiser, plus respectueux, probablement, de la charmante légende de Flamel et de sa femme que des services qu'ils rendirent à la science.

Nicolas Flamel, écrivain d'abord au Charnier des Innocents, puis à l'Eglise Saint-Jacques, acheta un jour pour deux florins un livre doré fort vieux et beaucoup large, fait de déliées écorces, avec une couverture toute gravée de figures étranges. Le livre contenait trois fois sept feuillets, le septième sans écriture, mais montrant peints une verge, des serpents se combattant, un autre serpent crucifié, des déserts, des fontaines. Et, au premier feuillet, il y avait écrit en grosses lettres : « Abraham le Juif, prince, prestre lévite, astrologue, et philosophe, à la gent des Juifs par l'ire de Dieu dispersée aux Gaules. Salut. D. I. »

L'auteur enseignait la transmutation métallique en paroles communes, avertissait die tout sauf du premier agent qu'il avait peint en figuré par très grand artifice.

Ayant chez lui ce beau livre, Flamel ne fit nuit et jour qu'y étudier, entendant très bien toutes les opérations qu'il démontrait, mais ne sachant avec quelle matière commencer. Et quand sa femme Pernelle vit le livre elle en fut autant amoureuse, prenant un extrême plaisir de contempler ces belles  gravures d'images et portraits fit peindre toutes ces figures et les montra à, plusieurs grands clercs qui n'y entendirent jamais plus que lui. L'un cependant, maître Anseaulme, dit que véritablement le premier agent y était indiqué, le vif argent, qu'il, fallait fixer par longue décoction dans un sang très pur de jeunes enfants.  Cela fut cause que, durant le long espace de vingt un ans, Flamel fit mille brouilleries, non toutefois avec le sang, ce qui est méchant et vilain. Enfin ayant perdu espérance de jamais comprendre ces figures, il fit un vœu à Dieu et à M. Saint-Jacaques de Gallice pour demander leur intervention. Donc avec le consentement de Pernelle, portant sur lui l'extrait d'icelles, ayant pris l'habit et le bourdon, il se mit en chemin, et tant fit qu'il arriva à Montjoye, et puis à Saint-Jacques (Santiago en Espagne) où avec une grande dévotion il accomplit son vœu. Cela fait, dan Léons au retour, il rencontra un médecin juif de nation, et alors chrétien, lequel était fort savant en sciences sublimes, appelé Maître Cauches. Quand Flamel lui eut montré les figures de son extrait, il lui demanda incontinent, ravi de grand étonnement et joie, s'il savait nouvelle du livre duquel elles étaient tirées (livre que les cabalisles croyaient à jamais perdu). Et notre pèlerin lui ayant répondu qu'il avait espérance d'en avoir de bonnes nouvelles si quelqu'un déchiffrait ces énigmes, tout à instant. Maître Gauches commença de les déchiffrer.

Tant il y a que par la grâce de Dieu et intercession de la bienheureuse Sainte Vierge et benoîts Sainte Jacques et Jean, Flamel sut ce qu'il désirait, c'est-à-dire les premier principes, non toutefois leur première préparation qui est une chose très difficile sur toutes celles du monde. Mais il l'eut à la fin après les longues erreurs de trois ans ou environ durant lequel temps il ne fit qu'étudier et travailler.

Finalement il trouva ce qu'il désirait. La première fois qu'il fit la projection, ce fut sur du mercure dont il converti demi-livre en pur argent, meilleur que celui de la minière. Ce fut le 17 de janvier un lundi environ midi, en sa maison présente Pernelle seule l'an de la restitution de l'humain mil trois cent quatre vingt deux.

Flamel et sa femme fondèrent et rentèrent plus de quatorze hôpitaux dans la ville de Paris, bâtirent tout de neuf trois chapelles, décorèrent de grand dons, et bonnes rentes sept églises  avec  plusieurs réparations en leurs cimetières, outre ce qu'ils firent à Boulogne qui n'est guère moins. Puis Flamel fit peindre sur la quatrième arche du cimetière de innocents, entrant par la grande porte de la rue Saint-Denis et prenant la main droite, les plus vraies et essentielles marques de l'art, sous néanmoins des voiles et couvertures hiéroglyphiques, peur représenter deux choses selon la capacité, premièrement les mystères de notre résurrection futur au jour du jugement du bon Jésus, et encore toute les principales et nécessaires opérations du magistère de la philosophie naturelle.

Voilà l'histoire véridique. Maintenant, que Flamel soit né à Pontoise ou à Boulogne, en 1330 ou 1331, peu importe ; retenons seulement ceci : Nicolas Flamel apprit d'un manuscrit le moyen de faire de l'or. A ceux qui souriraient je conseillerai de lire l'interprétation que lui-même à donné de ses symboles alchimiques.    
        
Paracelse n'est pas moins connu que Flamel encore qu'il n'eut pas même été comme lui « souffleur ». Paracelse, malgré ses affirmations, n'a jamais travaillé dans le laboratoire, il ne connaît que la théorie, plus philosophe, plus penseur que chimiste. Il tire plutôt sa renommée de sa parole que des quelques préparations pharmaceutiques auxquelles son nom demeure attaché.

Le premier, il comprit que chaque chose contient une âme, un principe actif, ce que nous appelons caloïde, il enseigna qu'il faut séparer le pur de l'impur, Obtenir la subtile quintessence des produits, leur stable concentration vitale, que l'Alchimie est la Science de la Vie dans les trois règnes, et que la Médecine n'existe pas sans 1'Alchimie et l'Astrologie laquelle montre que chaque astre signe chaque animal, chaque végétal, chaque minéral de son sceau spécial, et que tout s'enchaîne, se correspond. Philippe Bombast naît en 1491 ou 1493, au village  de Maria Einsiedeln (Notre-Dame des Ermites — d'où surnom d'Ermite qu'Erasme appliquera à Paracelse — dans le canton de Schwitz). Son père, Guillaume de Hobenheim, homme curieux de science et possédant une belle bibliothèque, exerce la médecine dans ce village, et, comme tout le monde, s'occupe alchimie. Il surnomme l'enfant « Auréolus. » Agé de deux ans, Auroélus s'amusait, devant la maison paternelle, à tirer la queue d'un gros porc : celui-ci, furieux, se retourna, et lui coupa les deux testicules. De là, peut-être, le mépris, que, plus tard, Paracelse affiche pour les femmes. Instruit en alchimie et magie par son père, par le fameux Trithemius, abbé de Spanheim, par Scheyt, évêque de Sergach, par Mathieu Schlacht, Philippe s'en va, à la façon des Bohémiens, par les villes et par les campagnes, tirant des horoscopes, lisant dans les lignes de la main, vendant le secret de la Pierre philosophale, évoquant les morts, chantant des psaumes interrogeant médecins, bateleurs, bourreaux, barbiers, vieilles femmes, sorciers. Il marche au hasard, prétend avoir visité toute l'Europe, avoir été, en Russie, pris par les Tartanes et conduit par eux à Constantinople, après avoir poussé jusqu'en Egypte, à seule fin de se mieux connaître à la science hermétique ! Mais, Théophraste Paracelse (ainsi se surnomme-t-il lui-même : à cette époque, déjà, un médecin pour réussir devait étonner la galerie) n'a point quitté l'Allemagne, cela se voit aux descriptions fantaisistes qu'il donne des autres pays ! Car, il ment, il ment atrocement (et pourtant il accuse Ariatofe de mentir selon les habitudes des Grecs, lesquels ne considèrent pas le mensonge comme un mal !). Il invente les histoires les plus folles.

Il demeure longtemps aux mines de Bohème, où Sigismond Fueger de Schwartz lui enseigne la minéralogie et la métallurgie. Il suit l'armée en qualité de chirurgien.

Les médecins redoutent le mercure et l'opium : lui les recommande — heureusement, d'ailleurs, puisque, grâce à ces substances, il guérit lèpre, maladies vénériennes, gale, hydropisies légères, douleurs aiguës ! Il vante Hippocrate, et maudit les Arabes et les docteurs scolastiques. « Parlez-moi plutôt, s'écrie-t-il, des médecins spagyriques. Ceux-là, do moins, ne sont pas paresseux comme les autres; ils ne sont pas habillés de beau velours, soie ou taffetas ; ils ne portent pas de bagues d'or aux doigts, ni de gants blancs. Les médecins spagyriques attendent avec patience, jour et nuit, le résultat de leurs travaux. Ils ne fréquentent pas les lieux publics; ils passent leur temps dans le laboratoire. Ils portent des culottes de peau, avec un tablier de peau pour s'essuyer les mains. Ils mettent leurs doigts dans les charbons et dans les ordures. Ils sont noirs et enfumés comme des forgerons et des charbonniers.

Ils parlent peu et ne vantent pas leurs médicaments, sachant bien que c'est à l'œuvre que l'on reconnaît l'ouvrier, ils travaillent sans cesse dans le feu pour apprendre les différents degrés de l'art alchimique... » Paracelse jure de guérir toutes les maladies, assure avoir rendu la santé à dix-huit princes sur le point de périr entre les mains des médecins galénistes, il promet le possible et l'impossible. An demeurant, peut-être moins menteur que hâbleur: il se persuade que ce qu'il dit est vrai, s'emporte furieusement contre ceux qui osent sourire. Car, il n'a pas toujours expérimenté ce qu'il prône, il prend pour argent comptant les racontars, se les assimile instantanément ! II n'a pas même lu, il ne lit même pas : ignorant Geber, il se proclame l'inventeur du Sel philosophique ! Il raconte ce qui lui passe par la tête, mélangeant empirisme, superstition, routine, disant choses idiotes et choses sublimes. Et il faut qu'on l'écoute, qu'on l'approuve, qu'on l'admire pour ne pas recevoir de grosses injures.

Il guérit Erasme et Æcolampade. Ce dernier, en 1527, lui fait obtenir une chaire de professeur de médecine et de philosophie à l'Université de Bâle. A sa première leçon, il met en tas tous les livres de médecine qu'il trouve dans l'amphithéâtre et les brûle, s'écriant : « Oui, je vous le dis, le poil follet de ma nuque en sait plus long que vous et vos auteurs ; les cordons de mes souliers sont plus savants que votre Galien et votre Avienne, et ma barbe a plus d'expérience que vos universités.  Suivez-moi donc, marchez derrière moi, suivez-moi tous, je suis votre roi !»

Ses idées subversives lui amenèrent nombre d'admirateurs — et nombre d'ennemis.

En 1529, il guérit, grâce à son laudanum, le noble chamoine Liechtenfessins de violentes douleurs d'estomac, lui réclame cent louis d'or d'honoraires, prix convenu, ne peut les obtenir, le cite en justice ; il perd son procès, injurie les juges, doit (quitter précipitamment la ville.

Et le voici qui recommence ses pérégrinations, visitant Colmar, Nuremberg, Saint-Gall, Augsbourg, Salzbourg, où, le 24 septembre 1541, il meurt à l'hôpital Saint-Etienne, laissant pour toute bibliothèque la Bible, la Concordance de la Bible, le Nouveau-Testament et les Commentaires de Saint-Jérôme sur les Evangiles.

Je ne puis m'empêcher en écrivant ces monographies de penser aux deux alchimistes que je connais (j'entends par « alchimiste » celui qui ne recule pas devant le titre, qui a le courage d'en assumer la traditionnelle bizarrerie), l'un, Tiffereau, dont j'ai parlé à l'Avant-propos, l'autre, le docteur Jobert.

Les voyages orageux de Paracelse ne rappellent-ils pas l'existence mouvementée de Tiffereau, de ce brave vieillard luttant toujours pour la défense sa découverte, pour cet or dont il a réussi à fabriquer au Mexique quelques parcelles et qu'il ne peut retrouver ?

Et l'existence légèrement mystérieuse de Flamel ne rappelle-t-elle pas celle du docteur Jobert qui, il y a quelques années, dans son petit laboratoire de la rue de Vaugirard, voulut bien, par deux fois, la première en présence de Victorin de Joncière, l'illustre et regretté compositeur, la seconde en présence de Léon Champrenaud, le directeur de La Voie, une des revues d'occultisme les plus sérieuses et les plus transcendantes,  faire de l'argent ?

VIII

LA TRANSMUTATION — OU L'ACCRISSEMENT — FAIT INDENIABLE.

Nous avions apporté nous-mêmes le creuset et le plomb. Au plomb le docteur ajouta un certain poids d'une poudre de sa composition, et le lingot obtenu donna à l'analyse d'un essayeur officiel un poids d'argent supérieur au poids de la poudre.

Et pourtant, à quelque temps de là, une polémique—fort courtoise, d'ailleurs— s'éleva entre le docteur Jobert et M. Jules Delassus, le très savant collaborateur de la revue L'Hyper chimie, au sujet d'une expérience effectuée en présence de ce dernier.

A la vérité, l'expérience avait eu lieu sur. des quantités minimes de métal, trop minimes-pour que l'analyse décelât un appréciable résultat. Et nous sommes persuadé que le jour où le docteur Jobert emploiera de plus importantes quantités M. Jules Delassus pourra reconnaître la véracité de la transmutation ou de l'accroissement.

En attendant, voici une recette du Dr Jobert, que nous avons essayée et dont nous garantissons le résultat.

Transformation du cuivre en argent.

Prendre 100 grammes de sulfate de cuivre pur, 60 grammes de phosphate de soude, 60 grammes de chlorure de sodium.

Faire dissoudre à chaud le sulfate de cuivre dans un litre d'eau. Ajouter le chlorure de sodium. Puis, ajouter goutte à goutte, en agitant le tout, le phosphate de soude dissous au préalable dans deux fois son poids d'eau. Filtrer. Prendre cette liqueur, y ajouter 150 grammes de sulfure de potassium au préalable dissous et filtré. Faire bouillir et évaporer jusqu'à ce qu'il ne reste plus que la moitié de la liqueur. Filtrer à nouveau. Prendre la liqueur et la mettre dans un vase de verre assez haut. Prendre deux lames de cuivre rouge bien décapé, les relier à un générateur d'électricité quelconque d'une puissance de 8 volts. Mettre les deux lames ainsi reliées dans la liqueur en les maintenant éloignées l'une de l'autre de 5 centimètres environ. Faire passer le courant jusqu'à ce que la liqueur soit décolorée. De rouge, elle doit devenir blanche. Retirer les lames de cuivre. La négative sera chargée d'un enduit blanc. La mettre dans un bon creuset et la faire fondre. Retirer le culot du creuset, le mettre à dissoudre sur un feu doux dans de l'acide azotique dédoublé de la moitié de son poids d'eau. Au fond de la capsule, il s'est formé un résidu. Filtrer. Ajouter peu à peu dans cette liqueur une dissolution de chlorure de sodium. L'eau devient laiteuse. La laisser reposer, réajouter dans la liqueur claire, un peu de dissolution de chlorure de sodium jusqu'à' ce qu'il ne se forme plus de précipité. Laisser reposer au moins 4 ou 5 jours, car la précipitation est très longue à se faire. Décanter, filtrer. Mettre à sécher le résidu, et y ajouter trois fois son poids de plomb pauvre. Mettre dans un creuset, faire fondre en ajoutant borax, salpêtre et charbon jusqu'à ce que la scorie soit bien liquide. Laisser refroidir le creuset, et passer à la coupelle le bouton.

Ce n'est évidemment qu'une expérience de laboratoire qui n'enrichira pas. Mais elle pose le problème, et nous voudrions qu'elle encourageât les curieux, curieux de science et curieux de littérature.

FIN

(l) L'on commence à s'apercevoir que les trois règnes vivent, évoluent. L'énergie que dégage le radium est une manifestation de sa vie. (Ne pas croire que le radium ne s'use pas, ne meurt pas). Tout vit et dégage de l'énergie perceptible sous forme lumineuse : Nicolas Flamel appelait Dragon rouge la chaleur obscure ou chaleur de constitution pouvant devenir radiante. Le corps humain émet des rayons ; Paracelse, en son traité de l'Essence de la nature, l'a dit quelques années avant M. Charpentier!

(2) II n'y a point de chimie inorganique puisque les trois règnes vivent.

(3) J'ai même quelque tendresse pour le vulgaire « souffleur » uniquement préoccupé des richesses. Le souffleur évoque le Moyen Age, son lacis de ruelles noires zigzaguant au hasard, de venelles aux fenêtres bardées, aux étages débordant les uns au-dessus des autres comme tiroirs » moitié tirés... Le souffleur cherche la Pierre dans les sel commun, sel ammoniac, sel de pin, sel sarracin, sel métallique alun de roche, alun. de glace, alun de plume, marcassite, lait des Vierges, matières herbales, animales, végétales, plantables, pierres minérales, eaux-fortes, coperose, œufs ; par séparation, des éléments en athanor et par alambic et pellican, par circulation, décoction, réverbération, ascension et descension, fusion, ignition, rectification, évaporation, conjonction, élévation, sublimation et commixtion, sublimation, calcination, congélation d'argent vif par herbes, pierres, huyles, fumiers, feu et vaisseaux très étranges, etc., etc. Le souffleur essaie de retirer des serpents, des vers, des crapauds la Vie parce qu'il pense que chez eux elle est plus intense. Et le bon souffleur qui cherche à créer la Vie cherche aussi à la détruire, il cherche les poisons, il cherche les microbes, les ferments.

(4) Tiffereau a écrit : L'or et la transmutation des métaux, Mes voyages au Mexique, L'art de faire de l'or. Les métaux sont des corps composés. L'accroissement de la matière minérale, etc.

(5) M. Jollivet-Castelot, président de la Société hermétique de France, a écrit : Comment on devient, alchimiste, La vie et l'âme de la matière, Lhylozoïsme, Les chimistes unitaires. La science alchimique, etc. Il a dirigé une revue L'hyperchimie (Rosa-Alchemica).

(6) Dans ce pseudo accroissement de la matière métallique l'on peut, obtenir un accroissement, mais on ne l'obtient qu'à l'état pyrophorique. C'est évidemment un résultat, c'est le métal ouvert, c'est le premier pas. Mais pour que cet accroissement fût pondérable il faudrait pouvoir lingoter le métal. Et ça...

(7) L'Opuscule très excellent de la vraie philosophie naturelle des métaux de Denis Zacaire. (Edition de 1612. A. Lyon chez Pierre Ringaud, en rue Mercière, à l'enseigne de la Fortune) porte en sous-titre ces mots Traictant de l'augmentation d'iceux.

(8) Notre-Dame (portail St-Marcel), la tour St-Jacques (sculptures) et la Sainte-Chapelle (vitraux) constituent les derniers monuments alchimiques de Paris. Voir aussi, 51 rue de Montmorency, la maison ayant appartenu à Nicolas Flamel, jadis appelée Maison du Grand Pignon : le pignon a été remplacé par un étage, mais on lit encore sur In. façade: Nous hommes et femmes laboureurs demourans au porche de ceste maison qui fut faite en l'an de grâce mil quatre cens et sept, sommes tenus chascun en droit soy dire tous les jours une pate nostre et un ave Maria, en priant Dieu que sa grâce face pardon aus povres pêcheurs trespassez. Amen.

(9) Celui qui révèle ce secret est maudit (Arnauld de Villeneuve). Je te jure sur non âme que si tu dévoiles ceci tu seras damné (Raymond Lulle).

(10) « Lion » signifiait aussi « Soufre philosophique»

(l1) Ce qui est mort est mûr. Dans (se qui est mûr on trouve la semence, la graine.

(l2) Le temps est Un des grands secrets de la nature. Or, les chimistes modernes ne veulent point des longues expériences. Tandis que les alchimistes ne redoutaient point celles qui duraient plusieurs année.

(l3) La densité d'un corps ne, varia donc pas plus que son poids; seul le volume varie, et le poids atomique change. Il faut considérer le zinc ductile comme un corps différent du zinc cassant, comme un corps de densité différente.

(14) Le métal c'est la matière fixée sons une forme cristalline; le métalloïde n'est pas fixe.

(15) L'eau est composée de deux métaux, l'hydrogenium et l'oxygemium. L'air est composé de deux métalloïdes.

(l6) Le soufre philosophique a reçu collection de noms : Soleil, roi, mâle, lion, etc., etc De même, le Mercure philosophique : Lune blanche, reine, femelle, bain de roi, etc., etc.

(l7) Voici comment l'on opérera : Le cuivre étant laminé en feuilles minces, prendre urne brique bien cuite, la pulvériser finement, ajouter à cette poudre de brique le tiers du poids de chlorhydrate d'ammoniaque, bien mélanger le tout. Mettre au fond du creuset un peu de cette poudre, une lame du cuivre obtenu précédemment, et superposer ainsi plusieurs couches (cémentation) de 5 millimètres d'épaisseur chacune, Jusqu'à remplir le creuset aux 2/3. Prendre du sable fin ou du verre pilé, en ajouter sur le tout une couche d'un centimètre d'épaisseur. Mettre le creuset au four de verrier. Commencer par un petit feu pendant une heure, le hausser successivement jusqu'à fusion du tout, chauffer jusqu'à ce que du couvercle du creuset il ne s'échappe plus de vapeurs vertes. Le chlore a disparu. L'ammonium a fait alliage. ( Captation de l'AZOTH. Fixation de l'azote). Laisser refroidir le creuset, le casser. Reprendre les lamines de cuivre, qui sont friables comme du verre et de couleur blanche : c'est la marcassite, des anciens. Pulvériser ces lamines, en mettre trois fois le poids de l'argent, et fondre. Procéder par la méthode du départ. L'on voit l'or tomber l'état de poudre noire, poudre que l'on met à la coupelle avec du plomb. Une partie du cuivre s'est transformée en or.

(l8) Plus un corps est oxygéné et carburé, plus il est coloré, plus il approche de la couleur jaune (exemple : l'or) ; plus il est hydrogéné, plus il approche de la couleur blanche (exemple : le mercure, l'antimoine). Quelle est la véritable couleur de l'argent ?

(l9) La façon de quoi nature besogne sous terre en la procréation des métaux n'est autre que par décoction continuelle de la vraie matière d'iceux, laquelle décoction sépare te monde de l'immonde, le pur de l'impur, le parfait de l'imparfait, par évaporation continuelle. Es mines où il se trouve diversité de métaux et de matières, les unes grossières, les autres subtiles et pures, ces dernières sont volontiers élevées au plus haut. Notre science doit donc commencer par sublimation pour purifier la matière.
Les philosophes ont appelé la seconde opération conjonction w dissolution : à la naissance de l'œuvre la partie volatile emporte avec elle le fixe; il faut donc que le fixe retienne le volatil, que le volatil devienne fixe et le fixe volatil. — Zacaire.

(20) Ouvrir, fermer: haine, amour; solve, coagula; répulsion, attraction; voilà fout le Grand Œuvre.

(21) A propos du pétrole, du vulgaire pétrole, voici une expérience bien simple : Mélanger 500 grammes d'acide sulfurique et 250 grammes d'acide azotique, verser doucement ce mélange dans un matras contenant un kilo de pétrole (placer au préalable le matras dans un baquet d'eau afin de prévenir réchauffement). Dans la liqueur ainsi obtenue faire dissoudre une pièce d'argent. Impossible ensuite de reprendre l'argent, un nouveau métal s'est formé.

(22) Le mélange de cette huile de pierre et de l'or ouvert produit une substance grasse, onctueuse qui rend le verre malléable.

On donne au verre selon les oxydes métalliques qu'on ajoute à ce mélange les différentes couleurs des pierres précieuses dont on lui donne également la pureté par la coction.

(23) Ce qui reste sur le filtre on le mettra à sécher et l'on aura une terre noire, la terre damnée, laquelle terre ne peut être ramenée à l'état de corps métallique. C'est un poison violent, c'est le fameux arsenic des anciens — qu'il ne faut pas confondre avec notre arsenic vulgaire.

(24) Le radium est analogue au Mercure des Philosophes auquel Basile Valentin attribue des propriétés détruisant les matières organiques qui l'avoisinant ; dissolvent les métaux ouverts et les amenant à maturité. Le radium fait fonction de feu froid.

(25) Certain alchimistes (Artéfius, Basile Valentm, Paracelse, le Cosmopolite, etc.) ont assimilé les métaux aux planètes, expliquant les propriétés de ceux-là par les propriétés de celles-ci, employant la phraséologie astrologique.. Voir le Dictionnaire mytho-hermétiqiue de Pernety au mot « Zodiaque ». Voir, aussi, le quatrième livre des Archidoxes magiques de Paracelse.

(26) On trouvera ce verre à Paris, chez Poulencq.

(27) Tout corps qui se putréfie absorbe de l'O. Un métal  auquel on fournit de l'O s'oxyde, se ronge, disparaît peu à a: peu par combustion, par chaleur sèche, se résout sur lui-même; c'est une véritable putréfaction, c'est la dissociation  des éléments atomiques.

(28) Là, un lion rouge, hardi prétendant, était marié, dans un bain tiède, avec la fleur de lis. (Faust. – Goethe

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