UNE ALLEGORIE SUBTILE
Concernant les Secrets d'Alchimie
Très utile à posséder
Et plaisante à lire
Michel Maier
1678
Les Secrets d'Alchimie
Après avoir passé la majeure partie de ma vie dans l'étude des arts libéraux et des sciences ainsi que dans la société d'hommes sages et de savants judicieux, j'ai été contraint, comme résultat de mon observation de l'humanité, de parvenir à la triste conclusion que les coeurs de la plupart des personnes sont occupés soit par des projets ambitieux et vaniteux, par des plaisirs sensuels, soit par l'accumulation de richesses par n'importe quels moyens possibles ; et que peu se préoccupent de Dieu ou de la vertu. Tout d'abord, je ne savais pas vraiment s'il fallait soit devenir un disciple du philosophe qui rit ou du philosophe qui pleure soit s'il fallait se joindre à l'exclamation du sage Prince d'Israël disant : « Tout est vanité. » Mais à la longue, la Bible et l'expérience m'ont appris à trouver refuge dans l'étude des secrets cachés de la Nature, soit à la maison au moyen des livres soit à l'étranger, dans le Grand Livre du Monde. A l'heure actuelle, je puis dire que plus j'ai bu à la source puissante de la connaissance et plus ma soif, comme celle de Tantale, s'est douloureusement accrue. J'avais entendu dire qu'il y avait un oiseau appelé Phénix, le seul de son espèce dans le monde entier, dont les plumes et la chair constituent la grande et glorieuse Médecine contre toute passion, douleur et tristesse ; qu'également, Hélène, après son retour de Troie, l'avait présentée sous la forme d'un courant d'air à Télémaque qui, sur ce, avait oublié toutes ses tristesses et ennuis. Je ne pouvais véritablement pas espérer obtenir cet oiseau en entier, mais je fus saisi d'un désir irrésistible d’entrer en possession d'au moins une de ses plus petites plumes ; et je me disposais à dépenser toute ma fortune, à voyager en long et en large et à endurer chaque difficulté pour ce privilège ineffable. Il y avait certes là bien de quoi me décourager. Certaines personnes niaient l'existence même de cet oiseau ; d'autres rirent de ma foi en ses vertus miraculeuses. Je fus ainsi amené à considérer pendant un certain temps que tout ce que Tacite, Pline et tous les autres auteurs avaient dit relevait de la fable et à me demander si, après tout, les différents narcotiques et opiacés n'étaient pas un meilleur remède à la colère et la douleur que les vertus supposées du Phoenix. De plus, j'avais entendu parler de la méthode élémentaire pour guérir ces affections mentales suggérée par un certain sage à Auguste auquel il ordonna de répéter les vingt-quatre lettres de l'alphabet chaque fois qu'il était en colère et cette suggestion sembla supplanter tous les autres remèdes. J'avais également lu les livres de ces moralistes qui promettent de prescrire un remède efficace contre chaque maladie de l'esprit. Cependant, après avoir accordé à ces spécifiques tant vantés un jugement équitable, je constatai avec désarroi qu'ils avaient peu d'utilisation pratique. Dans de nombreux cas, les causes de maladies mentales ont semblé être matérielles et consister dans un excès ou un défaut de bile ou d'une autre substance physique ; dans tous ces cas, un traitement médical semblait indiqué ; d'où Galien, ce prince parmi les médecins, fut amené à croire que le caractère dépend des humeurs de l'organisme. Tout comme un soldat peut perdre toute bravoure et force affamé et enfermé dans une prison , de même une personne bienveillante peut-elle céder à la colère, simplement par la faute d'une constitution vicieuse de l'organisme . Cette opinion est plus que raisonnable en soi et est soutenue, parmi d'autres choses, par le témoignage qui est donné par Arnaud de Villeneuve, dans un de ces livres où il expose les vertus de tous les médicaments au moyen des tables des quatre qualités : « Les médicaments qui mènent à l'excellence intellectuelle sont ceux qui renforcent la digestion et sustentent le cerveau ainsi que les principes vitaux, purgeant de toutes les superfluités, épurant le sang et prévenant la montée des vapeurs au cerveau ; il s’ensuit que vous constaterez que beaucoup d'auteurs médicaux parlent de leurs médicaments comme producteurs d'un effet direct sur l'esprit, quand c'est seulement au moyen de l'estomac, du cerveau, du sang, du foie, etc. qu'ils tendent à augmenter les facultés intellectuelles, en améliorant l'état de santé général du cerveau et en accélérant tous les processus de l'organisme, de telle sorte que vous pouvez dire qu'ils produisent de la joie, parce qu'ils ont tendance à renforcer les membres principaux, à purifier le sang et à produire la vivacité. D'autres médicaments « mènent au Paradis », puisque ils disposent le coeur à la charité et à toute bonne oeuvre par leur action sur le sang. Quelques herbes médicinales ont le pouvoir d'exciter l'amour, en augmentant et clarifiant le sang, accélérant ainsi l'instinct sexuel ; tandis que d'autres font des hommes chastes et religieux, en provoquant la pauvreté et la froideur du sang et en émoussant tout appétit sensuel. De la même manière, il est possible, au moyen de certaines drogues de rendre des hommes stupides et fous, comme les hommes sont rendus maussades et flegmatiques en buvant trop de vin. Vous pouvez aussi parfois remarquer qu'après avoir mangé un certain type de nourriture, les hommes deviennent insouciants, joyeux et enclins à danser et à chanter - quoiqu'ils soient ordinairement des personnes pondérées et graves - tandis que d'autres sortes d'alimentation ont un effet contraire sur eux. Ainsi, un médecin a-t-il le pouvoir de faire un prodigue d'un avare, d'une personne chaste une lascive, d'une personne timide une effrontée, simplement en changeant la complexion de ses sucs vitaux. Tels sont les merveilleux secrets de l'Art médical, bien qu'ils soient évidemment cachés à l'insensé et à l'ignorant. Il y a un grand nombre de personnes infatuées qui ne croiront pas que la médecine peut faire autre chose que soigner un mal de tête ; mais de telles personnes savent peu des ressources de cette science. Hippocrate interdit aux médecins auxquels il enseignait de révéler ces secrets ; et c'était une sage interdiction ». Un peu plus loin, le même auteur dit : <<Quel médicament peut produire plus grande chaleur que la colère ? Ou glacer le corps plus que la crainte ? Ou fortifier les nerfs plus à fond que la joie ? Ou entretenir et réconforter plus doucement que l'espoir ? Et quelle cause plus certaine de mort que le désespoir ?>> Tels sont les mots du philosophe et ils montrent que la médecine peut, par l'intermédiaire du corps, guérir l'esprit et fournir ainsi un remède à la colère aussi bien qu'aux autres perturbations mentales. Il est vrai que s'il y avait un remède à la colère, dans l'état présent du monde, il serait avec peine tenu en haute estime.. Quand bien même calmerait-il les passions des individus, d'autres personnes ne reconnaîtraient cependant pas sa valeur. Mais ce que les hommes ne se soucient pas d'avoir à présent, peut un jour être en grande demande. Telle est la vicissitude de toutes les choses humaines. Galien a dit autrefois que les sauvages d'Angleterre et d'Allemagne étaient aussi hostiles à la science de Médecine qu'ils en étaient ignorants. Mais maintenant les descendants des concitoyens de Galien ont sombré dans la barbarie, tandis que les Anglais et les Allemands sont les médecins les plus habiles au monde. Ainsi semble-t-il très probable que ce Remède puisse être un jour très recherché, particulièrement lorsque nous considérons son immense utilité et les innombrables maux que la colère apporte aux hommes.
Ce qui a été dit de la colère s'applique avec autant de force au chagrin ; car tandis que les symptômes de la colère sont plus ou moins mentaux, ceux du chagrin produisent un effet plus perceptible et durable sur le corps. Ce grand Remède à la colère et au chagrin serait ce qu'il y a de plus désirable à posséder, si nous pouvions seulement trouver le Phénix qui le permette. Où puis-je le chercher? Où dois-je m'enquérir de lui? A qui puis-je demander? J'ai décidé de partir à l'étranger et de le chercher jusqu'à ce que je l'ai trouvé. La fortune sourit aux audacieux mais ne vient jamais en aide à l'indolent et à l'oisif. Je quitterai mon pays natal bien aimé, tristement parce que mes amis me manqueront, et j'errerai de pays en pays jusqu'à ce que je sois capable de m'en retourner avec la Médecine ardemment convoitée. Tous les commencements sont difficiles : celui qui n'a jamais été triste, ne peut pas se réjouir ; celui qui n'a jamais erré, ne peut pas être remis sur le bon chemin ; et comme les Chimistes disent : «Il y a en Alchimie un certain corps noble, qui est passé du maître au maître, dont le commencement est misère et aigreur et dont la fin est douceur et joie.» Je me suis ainsi préparé à endurer des épreuves, à passer par d'amères expériences, mais je me suis aussi préparé à les couronner des délices du succès. Je n'avais aucun doute de l'existence du Phénix, ce sans quoi je n'aurais pas pu le rechercher. C'est assez pour moi de voir le Soleil et ses rayons même si je ne peux pas le toucher ; et c'est peut-être aussi bien pour nous que nous ne puissions nous rapprocher tellement du Soleil. Cependant, concernant cette Médecine que je cherche, comment puis-je en avoir une connaissance parfaite avant que je ne la voie et ne la touche ? Comment puis-je devenir Maître avant d'avoir été étudiant ? Les produits de tous les pays ne sont pas les mêmes ; et je peux peut-être apprendre dans une partie du monde ce que je ne peux pas parvenir à savoir dans une autre. De plus, je me suis posé la question : la vie d'un pèlerin peut-elle nuire à quelqu'un? Ne sommes nous pas tous ici-bas des pèlerins en route pour ce pays où le Christ Sauveur est parti précédemment? Et l'exemple de la pérégrination ne nous est-il pas fourni par l'hirondelle, messagère du printemps, la grue, la cigogne et d'autres oiseaux de passage? Le monde entier ne s'étend-il pas devant l'homme tout comme l'air est partout accessible aux oiseaux? Même le Grand Phébus , Dieu du Soleil, voyage jour après jour à travers toute l'étendue du ciel. Le coeur de l'homme bat et palpite dans sa poitrine de la première à la dernière heure de sa vie ; et étant entouré de tous ces modèles et exemples, il est naturel pour l'homme de mener la vie d'un pèlerin, particulièrement si ce pèlerinage est dirigé vers un certain but. Le marchand voyage sur la terre et la mer pour acheter les produits alimentaires de climats éloignés ; mais la science et la connaissance sont de loin de bien plus nobles marchandises, étant les marchandises de l'esprit. Celui qui reste chez lui y enfouira ses talents et parviendra à connaître peu des secrets de l'univers. De plus, il est à la fois plaisant de voyager et honorable d'être toujours en avance sur le Soleil de plusieurs heures par voyage. Ce qui est le plus spirituel est le plus vif dans ses mouvements, tandis que seule la terre inanimée est immobile. Les trois autres éléments sont dans le mouvement perpétuel : l'air avance rapidement sur la terre sous forme de vents, ouragans et tempêtes ; le feu dévore tout sur son passage lorsqu'il se rue en avant dans l'incendie d'une grande ville ; l'eau s'écoule en rivières et en courants puissants et se hâte pour atteindre la mer. Elevons aussi nos regards et contemplons le firmament se mouvant dans sa gloire. Les étoiles, le soleil et la lune connaissent les temps et les saisons de leur lever et de leur coucher. Un boulet de canon, projeté d'une de nos armes à feu les plus puissantes, mettrait plus de huit jours à accomplir le tour de la terre (qui est de plus de 25,000 milles) ; cependant, le Soleil, malgré sa taille énorme, accomplit la même distance en 24 heures. Cela nous tournerait la tête si nous nous efforcions de prendre conscience de la vitesse avec laquelle Saturne se déplace autour du Soleil et celle avec laquelle le firmament tourne autour de son propre axe. Mais encore plus grande et bien plus merveilleuse est la vitesse de la pensée humaine qui en un instant voyage d'un bout à l'autre du firmament. Nous pouvons croire que les anges, en tant qu'êtres spirituels, se déplacent à la vitesse de ce qui est spirituel en l'homme, c'est-à-dire la pensée. Dieu seul ne se déplace pas, car Il est partout. Pour toutes ces raisons, j'ai considéré qu'il serait à la fois intéressant, plaisant, honorable, et éminemment profitable pour moi de suivre l'exemple du monde entier et d'entreprendre un pèlerinage dans le but de découvrir ce merveilleux oiseau qu'est le Phénix. J'ai ainsi fortifié mon âme pour un long périple, déterminé à voyager. D'abord, à travers tous les pays d'Europe, ensuite, si nécessaire, en Amérique, de là en Asie et enfin passer en Afrique. Si, après avoir soigneusement cherché le Phénix dans toutes ces parties du monde, je n'ai pas réussi à le trouver ou à en entendre parler, je pourrais raisonnablement renoncer à tout espoir de poser jamais un oeil dessus. Le plan de mon voyage a été décidé par la qualité relative des éléments que les parties différentes du monde représentent, c'est-à-dire que l'Europe représente la terre, l'Amérique l'eau, l'Asie l'air et l'Afrique le feu ; et ni la terre ne peut devenir air sauf par l'intermédiaire de l'eau ni l'eau ne peut devenir feu sauf par l'intermédiaire de l'air. Je me suis alors déterminé à aller d'abord en Europe, qui représente le plus grossier et en dernier en Afrique, qui représente l'élément le plus subtil. Mais mes raisons seront exposées plus clairement tandis que j'en viendrai à parler des différentes parties du monde.
L'EUROPE : LA TERRE
J'ai quitté ma ville natale le jour de l'équinoxe vernal, quand la Lune et le Soleil étaient tous les deux dans le signe du Bélier, avec l'intention de voyager d'abord à travers l'Europe et de m'enquérir partout du Phénix. J'ai pris l'Europe pour représenter l'élément Terre, parce que la terre forme la base de tous les éléments de l'éther et se détache au-dessus de l'eau, ainsi l'Europe est-elle la mère du monde entier et quoique plus petite que d'autres continents, leur est énormément supérieure par le courage, l'énergie et la force mentale de ses habitants. Certains disent qu'une poignée de terre donne dix poignées d'eau, cent poignées d'air et mille poignées de feu ; et c’est en raison de l'importance relative des différents continents que l'Europe correspond à la terre. L'Europe a produit les guerriers les plus courageux et les conquérants les plus remarquables ; et quoiqu'elle ait soumis d'autres continents, elle n'a jamais été assujettie par eux. Parmi les quatre grands empires mondiaux, un seul a été fondé par un prince Asiatique ; les empire macédonien, romain et teutonique, ont tous eu leur centre en Europe. Alexandre le Grand et Jules César étaient parmi leurs fils. Si nous regardons une carte de l'Europe nous pouvons facilement percevoir que cette partie du monde ressemble de forme à une vierge ; mais son coeur est celui d'un lion. Pour ces raisons, je décidai de voyager d'abord par cette Vierge-Lion, parce qu'elle correspond clairement à l'élément fondamental : la terre.
L'Europe est une Vierge à cause de sa beauté et de sa pureté immaculée ; un Lion parce qu'elle a vaincu les autres mais n'a jamais été vaincue. Parmi les corps célestes, le Soleil correspond à l'Europe et parmi les métaux à l'or. Quoiqu'elle produise peu d'or et que le soleil brille sur elle avec moins d'ardeur que sur l'Afrique, elle est cependant digne d'être comparée au Soleil et à l'or à cause de l'excellence de ses peuples, et quoique quelques lions réels soient même nés en Allemagne il y a quelques années, nous l'appelons cependant Lionne seulement à cause de sa vaillance de coeur. L'Europe est la Mère du Monde et l'Allemagne est son coeur.
Mais l'Europe n'est pas l'Europe sans ses merveilles. On rapporte qu'en Pannonie, les hommes vivent sous l'eau dans des maisons en pierre compacte. Les sources chaudes de Carlsbad, dit-on, sont durcies en pierres. Sur les côtes de Prusse, une pierre transparente, l'ambre, formée de sucs végétaux souterrains, est rejetée sur le rivage en grandes quantités. Je ne mentionne pas le corail de la mer de Sicile, qui, originellement une plante, se durcit hors de l'eau en un arbre de pierre blanc ou rouge , ou la terre plombifère de l'Allemagne et de la Silésie ... ainsi l'Europe est-elle la Terre-Lion. Cette expression est pour ceux qui entendent non seulement avec leurs oreilles, mais aussi avec leur intelligence, c'est la terre qui résiste au feu, comme l'or et n'est pas transformée en air. Comme le pilier de frontière des dieux des anciens, elle «ne cède à personne.» A partir de là, l'Europe (l'or de l'univers) m'a semblé le meilleur lieu où je devrais plus être à même d'entendre parler du Phénix et de ses médecines. Cependant, la majeure partie de ceux que je rencontrai a ri de ma quête et a dit que, comme Narcisse, j'étais tombé amoureux de l'ombre de mon propre esprit, l'écho de mes vaines et ambitieuses pensées, qui n'avaient aucune existence substantielle en dehors de ma propre folie. « Les mots des Alchimistes», dirent-ils, ressemblent aux nuages : ils peuvent signifier et représenter quoi que ce soit, selon la fantaisie de celui qui les entend. Et même s'il y avait une telle médecine, la vie humaine est trop brève pour sa recherche, tout ce qui fait que la vie vaut la peine de vivre devrait être négligé et écarter brusquement tandis que vous êtes engagé à le pourchasser. Tant mieux si nous pouvons prendre connaissance de ce secret fortuitement tout en nous consacrant à d'autres poursuites mais nous pouvons difficilement consacrer du temps à une recherche plus approfondie.» Ces objections (au moins la deuxième moitié d'entre elles), je les ai réfutées comme suit : «La recherche de cette Médecine exige les pleins pouvoirs du corps et de l'esprit d'un homme. Celui qui s'y engage seulement légèrement, ne peut pas même espérer pénétrer l'écorce extérieure de la connaissance. L'objet de notre quête est un secret profond et un homme qui n'est pas prêt à se consacrer entièrement à cette recherche eût mieux fait de s'en abstenir totalement. Je reconnais aisément que les pouvoirs de mon esprit ne sont pas de sorte à me prouver le bien fondé de la prévision du succès. Mais mon esprit me pousse à entreprendre cette quête ; et je suis persuadé que Dieu récompensera finalement ma patience et mon humble attente de Lui. Comme chaque Roi aime sa Reine, comme chaque fiancé est promis à sa future femme, je considère donc cette science comme plus belle et aimable que n'importe quoi d'autre au monde. Maintenant, les belles choses sont dures à gagner et la voie de tout ce qui est grand et glorieux est un dur labeur.» Ce fut là l'essentiel de ma réponse. J'avais maintenant déjà voyagé à travers une grande partie de l'Europe, lorsqu'il me vint à l'esprit que l'Italie et l'Espagne sont constamment mentionnés par les Anciens comme les principaux sièges de la connaissance secrète et j'y dirigeai donc mes pas. En Espagne, j'ai entendu dire que quelques Arabes (Geber, Avicenne et d'autres) y avaient vécu il y a longtemps et que ceux-ci avaient possédé la merveilleuse Médecine ; on m'a également largement entretenu d'Hercule et de son exploit concernant l'obtention des pommes d'or des Hespérides et aussi de la coupe d'or dans laquelle il reçut le médicament contre la colère et la douleur. Maintenant tous les hommes prudents ont décidé qu'il contenait une petite portion des plumes du Phénix. J'ai vu que Geryon aux trois corps était le thème des écrits du philosophe, qu'Hercule était un artiste laborieux, chercheur en quête de la Médecine. Mais personne ne fut capable de me fournir une quelconque information précise. Je ne voulus pas, cependant, quitter l'Europe sans visiter les Iles Canaries, lesquelles sont au nombre de sept et sont nommées : Lancerote, Fuerteventura, La Grande Canarie, Tenerife, Gomera, Hierro (île du fer) et Palma. Trois d'entre elles, Lancerotte, Gomera et Hierro, sont dirigées chacune par son Roi propre. Fer est naturellement privé de bonne eau potable, mais les habitants en obtiennent une provision de certains arbres feuillus qui distillent l'eau douce en quantités suffisantes pour l'île entière. Les étrangers et les pirates qui accostent dans l'île, étant ignorants de ce fait, sont empêchés de rester dans Fer très longtemps par le manque d'eau . Dans ces circonstances, le temps arriva où le Roi de Gomera mourut sans laisser d'héritier mâle et ses sujets refusèrent de reconnaître l'autorité de sa belle fille Blanche, à moins qu'elle n'acceptât la main d'un certain prétendant royal, disant qu'il était indigne d'hommes d'être gouvernés par une femme et que cela avait été conçu pour injurier la virilité du caractère national comme il a été démontré par l'expérience de ces peuples qui ont été sous l'emprise de femmes pour une quelconque durée. Pour cela que les femmes avaient assumé la place d'hommes, tandis que les hommes étaient dégradés dans la position des femmes et, en conséquence de quoi, suivirent les excès les plus sauvages de débauche et de lubricité. La jeune princesse royale fut donc convaincue de penser à accorder sa main en mariage. A ce moment-là, il y avait dans l'île un jeune homme de sang royal, nommé Brumazar (avec une belle chevelure sombre et un splendide habit d'or), lequel s'enamoura passionnément de la jeune princesse royale Blanche et fut aimé d'elle en retour. Il la courtisa et la conquit et le mariage fut célébré sous la condition qu'elle lui apporterait un diamant de grande valeur en dot, tandis qu'il lui ferait présent d'un splendide rubis splendide d'une valeur incalculable (i.e., un million de ducats) ; lui, comme son Roi et Seigneur, devait la protéger de tous les dangers et des voleurs qui fourmillaient dans le pays, tandis qu'elle, d'autre part, promettait humblement de lui obéir sans subterfuge et sans tergiversation. Après ces préliminaires, ils furent unis dans un mariage étroit et indissoluble, dans lequel ils vécurent longtemps et heureux ; il leur fut annoncé qu'un fils devrait leur naître, qui serait un puissant conquérant et qui porterait ses armes victorieuses aussi loin que les colonnes de Dionysos en Inde... Vous voyez donc que je fus incapable d'obtenir une quelconque information au sujet du Phénix au cours de mes errances à travers l'Europe. Je décidai de mettre la voile pour l'Amérique, dans l'espoir que je pourrai être plus fortuné parmi les sauvages de ce Continent car je me rappelai les mots du poète :
«L'Accident est un aide puissant ; laissez votre hameçon toujours amorcé, vous pourriez attraper votre poisson dans le fleuve le moins prometteur.»
L'AMÉRIQUE : L'EAU
De nos jours, alors que le commerce s'est ouvert une grand-route à travers les mers jusqu'en Amérique (ou Inde Occidentale), il n'y a aucune très grande difficulté pour atteindre ce continent mais fort différentes furent les circonstances dans lesquelles on l'a d'abord découvert. Après avoir quitté «les Îles des Bienheureux », je devins passager à bord d'un bateau qui avait un aigle pour figure de proue ; et, après avoir surmonté de nombreuses et sévères tempêtes et ouragans, nous finîmes par accoster au Brésil, une grande province de l'Amérique, entièrement recouverte de forêts. La surface du pays est seulement clairsemée ici et là de la ferme d'un colon ; il y a peu de villes et les habitants sont enfouis dans l'ignorance et inexpérimentés dans les arts de la civilisation. Comment, alors, pourrais-je espérer entendre quoi que ce soit du Phénix parmi des gens qui pourraient à peine lire ou écrire ? On trouve cependant dans ce pays beaucoup de rares et beaux oiseaux que l'on ne trouve nulle part ailleurs, bien que le Phénix, étant un oiseau miraculeux, ne doive pas être recherché parmi d'ordinaires volatiles. Les arbres de cette terre ont une riche couleur et un doux parfum et un jour où je savourais la beauté sauvage de la forêt et écoutais la musique naturelle des oiseaux, je trouvai une pomme d'une beauté inhabituelle et exquise qui, en la regardant de plus près, présentait l'inscription suivante :
A l'intérieur est ceci de qui, si vous le confiez à sa grand-mère, surgira un fils qui pourra enlacer sa mère dans une étreinte amoureuse. De cette union surgira en peu de temps un arbre noble qui fournira à l'époux une moisson d'or.
Après avoir beaucoup réfléchi, il m'est venu à l'esprit que la graine qui était dans le fruit devait être placée dans la terre (sa grand-mère, puisque l'arbre parental était sa mère). Je l'ai alors prise comme un don de Dieu, j'ai semé la graine et lorsque surgit un petit arbrisseau, je l'ai greffé à l'arbre parental (ayant d'abord scié cet arbre au ras du sol) et quand les deux eurent grandi ensemble, ils devinrent un arbre beaucoup plus glorieux qu'aucun d'entre eux n'avait été auparavant et le fruit était celui du scion qui avait été inséré dans l'arbre parental.... Il est dit qu'avant que les Espagnols n'atteignent le Brésil, il n'y avait aucun cheval dans ce pays, de telle sorte que les habitants du pays considéraient un soldat à cheval comme un monstre moitié homme et moitié bête ; cependant, lorsque chevaux et ânes furent introduits par les étrangers, on trouva fort désirable d'obtenir aussi quelques mules qui sont le fruit commun de ces deux animaux. A cette époque-là, il y avait un certain chef qui possédait un grand nombre des deux, d'ânes et des chevaux, et il portait un intérêt particulier à cette affaire. Il savait très bien comment reproduire des chevaux à partir de chevaux et des ânes à partir d'ânes mais il n'était pas au courant de la méthode pour donner naissance à des mules à partir des deux ; tandis qu'il était averti que toutes les expériences qui sont faites dans l'obscurité, c'est-à-dire, sans la lumière d'expérience précédente, sont tant dangereuses qu'incertaines. La conséquence fut que tous ses efforts pour obtenir une mule à partir d'un étalon et d'une ânesse furent condamnés à l'échec, sans doute parce que leurs graines ne furent pas mélangées en juste proportion. En fin de compte, un Sage qui passait par ce chemin-ci et dont la compréhension dans le travail du secret de la Nature était infiniment plus aiguë et plus complète que celle de ces gens ignorants, donna le conseil suivant à notre chef :
Si vous vouliez obtenir une mule ressemblant à l'Âne paternel
par la longueur d'oreille et la lenteur de la démarche,
vous devriez alimenter chacun des parents
avec une quantité de nourriture juste aussi grande que leur nature l'exige.
Voudriez-vous savoir quelle est cette proportion?
Donnez au mâle deux fois plus qu'à la femme,
ensuite une jument concevra une mule d'un âne.
Ce conseil fut suivi par le chef et, après plusieurs échecs, sa persévérance fut couronnée d'un succès complet. Il n'apparaît pas non plus contraire au plan général de la Nature que deux parents différents engendrent une progéniture qui diffère de tous les deux. Regardez le léopard que l'on dit être le résultat du croisement de la panthère mâle et de la lionne ; de la même manière, le loup et la chienne engendrent le lynx ; un scion inséré dans un bon arbre produit un fruit différent de ceux de la souche parentale - les nouvelles variétés de fleurs sont obtenues par un mélange judicieux du pollen ; et la poudre rouge appelée «notre Teinture », en étant mélangée avec le mercure sur le feu, produit de l'or qui est tout à fait différent et de l'un et de l'autre. Maintenant, ces Américains sont capables d'exécuter une expérience des plus singulières avec les métaux et particulièrement avec l'or. Ils ont une sorte d'eau dans laquelle l'or devient tendre comme de la cire et apte à être modelé manuellement en n'importe quelle forme qu'il leur plaît. Cette eau n'est pas corrosive, puisqu'elle ne brûle pas les doigts de ceux qui prennent l'or en mains. Mais nous n'avons pas besoin de douter que ce soit une certaine découverte chimique et qu'elle est obtenue par un processus de distillation... Comme je ne pouvais gagner aucune nouvelle information en Amérique, je me mis à penser à saisir la première opportunité de passer en Asie : je pris avec moi un morceau très lourd et de valeur d'une certaine espèce de bois, le plus précieux que je vis au Brésil et qui est remarquable pour sa couleur d'ébène brillante, car cette couleur noire semble appropriée en Amérique en raison des peupliers noirâtres et du sol teint de nuances diverses. La couleur de ce bois semble résulter de la chaleur du soleil et de la merveilleuse particularité du sol américain, duquel Monandez, ce savant médecin de Séville, écrit comme suit : «La variété de couleurs que présente le sol du Pérou est des plus remarquables. Si vous le regardez d'une certaine distance, il a l'apparence d'un édredon bigarré dispersé dans l'air au soleil : une partie est verte, une autre bleue, d'autres encore sont jaunes, blanches, noires et rouges. Dans ces circonstances, toutes celles-ci sont les différentes sortes de terre minérale : la terre noire, si elle est mélangée avec de l'eau ou du vin, fait une encre excellente, on dit que la terre rouge est le minerai de mercure et que les Indiens se peignent avec.» Satisfait, je pris mon bois, montai à bord d'un bateau ayant une licorne blanche comme figure de proue et mettant la voile pour l'Asie, j'arrivai bientôt dans le Golfe Persique.
L'ASIE : L'AIR
L'Asie est le troisième continent du monde, le continent qui s'applique à l'élément Air et son climat est plus tempéré que celui des autres continents, étant donné qu'il est autant éloigné du froid intense de l'Europe que de la chaleur intense de l'Afrique. Étant à la fois chaud et humide, il correspond plus admirablement à l'élément air ; sa chaleur est presque partout tempérée par les vapeurs qui montent de la mer. L'humidité - l'air chaud a le feu pour père et l'eau pour mère - conserve les qualités les plus actives de chacun de ses parents. Ainsi l'air est un médiateur entre les deux éléments hostiles et dans sa composition propre réconcilie leur lutte. De la même manière, l'Asie lie l'Europe (la terre) et l'Afrique (le feu) ensemble, le plus grossier et le plus subtil des éléments ; mais sans l'Asie (l'air) il n'y aurait pas d'union entre eux. Au moyen de l'air, le feu s'accroche volontiers à la terre et la nourrit ; mais sans air, le feu sort bientôt . C'est la prérogative et la marque distinctive de l'Asie d'être le centre du monde et de produire des fruits tels qu' un air doux et chaud l'exige, comme, par exemple, les dates, le baume, les épices de toutes sortes et l'or lui-même. L'Asie est le berceau de notre race, le siège de la première Monarchie, le lieu de naissance de notre Rédempteur. Du Golfe Persique, j'ai voyagé directement à travers le continent, jusqu'à ce que j'atteigne ces parties de l'Asie Mineure où il est dit que Jason a obtenu la toison d'or. Ainsi, étant fortement intéressé par ces événements d'antan, je partis un jour vers un lieu que l'on dit être le champ de Mars et le site du Palais d'Aetes, le descendant du Soleil ; là, j'ai rencontré un vieil homme d'aspect vénérable et d'un maintien autoritaire, qui me salua gracieusement et à qui, après avoir rendu son salut, j'adressai les mots suivants : « Maître, si je ne vous dérange pas trop, je vous prie d'éclairer mon ignorance, vu que je ne peux douter ni de votre capacité ni votre empressement à aider un étranger. » Lorsqu'il eut signifié son empressement à faire pour moi tout ce qui était en son pouvoir , je lui demandai si ces choses qui ont été rapportées dans l'histoire et la poésie concernant Jason et sa toison d'or, étaient des faits réels ou de simples fictions poétiques. Il sourit et fit à ma question la réponse suivante : « Je suis Jason en personne et plus apte que quiconque à vous donner des informations concernant ces choses qui me sont arrivées. Vous ne devez pas être effrayé car, de mon vivant, je n'étais l'ennemi d'aucun homme mais venais à tous en aide, comme un bon médecin ; et maintenant que je n'appartiens plus à ce monde, je suis toujours aussi bien disposé envers mes frères mortels. En ce lieu se trouvait le siège royal de mon beau-père, Aiétès, dont le père était le Soleil ; non pas, certes, le corps céleste (ce qui serait incroyable) mais un lui ressemblant de nom , de visage et en dignité. J'ai obtenu la toison d'or du bélier, que Mercure avait transmutée et qu'Aiétès avait accrochée dans le bosquet de Mars de la façon suivante : Médée était ma conseillère en chef et elle m'a permis par son sage conseil de lutter avec succès contre les monstres féroces et venimeux. Le Dragon vigilant que j'ai stupéfié avec un narcotique que je jetai dans sa gueule et dont, tandis qu'il était dans cet état de faiblesse, je me suis empressé d'extraire les dents. Celles-ci durent être enterrées dans la terre d'abord préparée et labourée au moyen de taureaux vomissant du feu, lequel feu fut éteint par l'eau versée dans leurs bouches. Alors Médée me donna les images du Soleil et de la Lune, sans lesquelles, me dit-elle, rien ne pouvait être fait. » Je demandai où je pourrais trouver toutes ces choses. Il répondit qu'il les avait obtenues de Médée mais il ne pouvait pas me dire où l'on pouvait la trouver. « Quand elle m'a laissé dans sa folie, dit-il, elle devait se fiancer au vieil Egée de qui elle portait Médos ; Médos alla ensuite en Asie et il est devint le fondateur de la race Mède. » Je voulus poser à Jason beaucoup plus de questions, mais il s'excusa de ne pas y répondre et disparut devant mes yeux. Alors je vis qu'il avait parlé de la Médecine dont j'étais en quête et qu'il avait voilé sous la figure de la toison d'or étant donné que la crête du Phénix et ses plumes sont décrites par les hommes de savoir comme exhibant une splendeur dorée. Certes, je n'ai pas rencontré beaucoup d'hommes de la sorte en Asie mais je fus amplement satisfait d'avoir exploré cette «terre aérienne bénie », d'autant plus que la Syrie et la Terre Sainte (avec le fleuve d'Adonis et le Jourdain, dans lequel le lépreux Naaman fut purifié) en font partie. En Syrie, on relate qu'Adonis fut tué par un sanglier, traqué par Mars et que de ses blessures s'écoula un baume au moyen duquel les corps humains sont préservés de la décomposition. Sur ce continent se trouvait le Saint des Saints, dans lequel notre Grand Prêtre est entré lorsqu' Il fit expiation des péchés de toute la race humaine sur la Croix du Calvaire ; à Lui exprimons maintenant les plus ardents désirs de nos coeurs dans la prière suivante :
O grand et charitable Sauveur du monde, Jésus Christ, qui est Dieu de toute éternité, le second homme le plus fou de tous les temps, afin que, comme notre Médiateur, Tu puisses unir Dieu et l'homme, en satisfaisant le pouvoir éternel et infini de Dieu que le péché humain avait conduit à la colère, c'est-à-dire, Toi- Même, le Père et le Saint-Esprit. A cette fin, Tu es né dans ce monde, T'es occupé à accomplir le bien parmi les hommes et Tu as sanctifié cette terre par Tes miracles, la Passion, la Résurrection et l'Ascension. À Toi je prie du fond de mon coeur que, comme Tu as donné cette Médecine à l'usage des hommes par des moyens ordinaires et as Toi-même pendant ce temps guéri des maladies incurables par Ton pouvoir Divin, qui est l'art du Grand Médecin, ainsi Tu m'accordes le don de cette très précieuse Médecine, moi, le plus humble de tes serviteurs, qui pour l'amour de cette si sainte connaissance ai accepté un pèlerinage si éreintant et tant de labeurs et d'épreuves, comme Tu le sais bien afin que je puisse l'utiliser pour la gloire de Ton Nom et pour le soulagement de mes frères de souffrance. Toi qui es un scrutateur des coeurs, tu sais que je méprise toute la splendeur temporelle et que je désire te consacrer ma vie, si Tu veux bien mettre en action ma volonté et mon pouvoir d'exécution, octroie-moi le pouvoir d'exercer une charité sans bornes, de soulager toutes les souffrances tant physiques que mentales, bénis-moi par la grâce du don de Ta Médecine, qui est de seconde valeur par rapport à la paix intérieure et au bonheur éternel que Tu as obtenu pour nous, afin que sa vertu puisse être efficace dans le traitement de la douleur , la maladie et la souffrance humaines ; en louange perpétuelle de l'éternelle Sainte Trinité dans les siècles des siècles. Amen.
Lorsque j'eus proféré d'un seul trait cette prière au Dispensateur de tous biens, je me suis rappelé qu'en plus de la terre où coulait autrefois le lait et le miel, mais devenue maintenant, sous domination turque, tout à fait aride et stérile , il y avait aussi en Asie, le Paradis, qui avait été créé pour l'homme lorsqu'il était encore parfait. Sachant que ce jardin béni était situé près de Babylone, je voyageai en ce lieu, mais ne trouvai rien sauf le confluent de certains fleuves. De là, je voyageai jusqu'aux parties maritimes de l'Inde et trouvai une ville, appelée Ormuz, de laquelle un proverbe dit, que si le monde était un anneau, Ormuz serait sa gemme. Dans cette ville, il y avait une grande foule de visiteurs pressés de tout le voisinage ; et lorsque je demandai à l'un d'entre eux où il se hâtait, il dit : «Au paradis terrestre. » Je dis alors : « Quoi! j'ai été incapable de trouver l'antique jardin d'Eden et ces gens parlent d'un nouveau Paradis ». Mais l'homme me laissa là et poursuivit son voyage aussi rapidement qu'il put. Tandis que je me demandai si je devais ou non le suivre, il me vint à l'esprit que je ferais bien d'adopter le plan de Colomb, le découvreur de l'Amérique. Je me rendis alors aux différentes portes de la ville et décidai de la quitter par celle d'où me parvenaient à travers l'air les odeurs les plus douces et les plus parfumées. Ainsi ai-je fait et je me suis bientôt retrouvé sur une route où l'air était tel qu'il aurait bien pu venir d'un Paradis terrestre, cependant fréquentée par très peu de voyageurs. Ormuz étant située dans une île, nous dûmes aussitôt traverser une mer, où je vis des hommes repêcher des perles de la blancheur la plus pure. En ayant obtenu certaines par l'amour et l'argent, je ne doutai pas que j'entrai en possession d'une des substances les plus importantes de la Médecine, puisque la blancheur de ces perles était telle qu’elle défiait l'exagération. Après avoir poursuivi, pendant quelque temps, mon voyage sur le continent, au long d'un chemin très étroit, j’atteignis un point où deux routes se rencontraient et il y avait là une statue de Mercure, dont le corps était d'argent tandis que la tête était recouverte d'or. La main droite de cette statue pointait vers le Paradis Terrestre et lorsque j'eus suivi quelque temps la route qu'il indiquait, je parvins à un fleuve très large et profond, qu'il était impossible de traverser sans bateau , bien qu’il n'y eut aucun bateau en vue à l’horizon ; mais la beauté de l'autre rivage me convainquit que ce devait être le Paradis Terrestre. Les arbres qui poussaient là étaient couverts de feuilles couleur or, orange, jaune citron, pourpre et rouge vif. Il y avait des lauriers semper virens, des junipérus en pots et une vaste réserve de rameaux en fleurs de toutes les couleurs et au parfum le plus doux : tournesols, amarantes, lis, roses, jacinthes, etc. L'oreille était charmée par les chants et les cris des rossignols, des coucous, des perroquets, des alouettes, des grives et des centaines d'autres oiseaux connus et inconnus ; et là ne manquait pas non plus la musique douce d'instruments et d’orgues aux tons suaves ; les papilles étaient satisfaites, à ce qu’il semblait, par toutes sortes de fruits délicieux, et le parfum qui flottait dans l’air était comme enchanté rendant insensible les nerfs olfactifs de tous les gens qui vivaient aux alentours, de même que le bruit des cataractes du Nil devient inaudible à ceux qui y sont habitués. Mais en quoi la vue de toutes ces splendeurs m’était-elle profitable, à moi qui, par manque d’un simple petit bateau, était incapable de parvenir à elles? Alors, je m’en retournai, avec la ferme résolution de revenir, dès que je pourrais le faire avec un plus grand espoir de succès ; en attendant, j’avais davantage de chances de trouver le Phénix, dont j'étais à la recherche, si je traversais en Afrique sans délai. Je dirigeai alors mes pas vers la Mer Rouge et, de là, j’accostai en Afrique.
L'AFRIQUE : FEU
Quand j’atteignis l'Afrique, plus d'une année s'était écoulée depuis mon premier départ ; le Soleil était encore une fois entré dans le signe du Lion, la Lune était à sa hauteur dans la maison de Cancer. Tous ces faits étaient des circonstances qui m'inspirèrent de l'espoir. La chaleur intense du climat africain rend le continent entier torride, stérile et sec. Il possède peu de fleuves, mais beaucoup de bêtes sauvages, qui se rencontrent sur leurs rives et qui mettent ensemble bas des formes nouvelles et étranges, pour lesquelles l'Afrique est si célèbre. On dit que des satyres, des cynocéphales et des êtres à moitié humains vivent ici. Il y a les Montagnes de la Lune et l'Atlas qui supporte le ciel sur ses épaules et tous ceux-ci abondent en minéraux et en serpents. Là est aussi rassemblé le sang du Dragon que le Dragon a sucé de l'Éléphant ; mais quand l’éléphant tombe mort, le Dragon est broyé et le sang qu'il a bu en est exprimé. De nouveau, dans le voisinage de la Mer Rouge, un animal nommé Ortus a été observé, dont la couleur de la tête est rouge, avec des lignes d'or jusqu'au cou, tandis que ses yeux sont d‘un noir profond et ses pattes blanches, à savoir les pattes antérieures, mais les pattes de derrière sont noires, le visage blanc jusqu'aux yeux - une description qui correspond exactement à celle qu’Avicenne donne de notre Médecine. J’entendis ensuite dire qu’une prophétesse, nommée la Sibylle Erythréenne, vivait non loin de la Mer Rouge dans une caverne rocheuse ; et je pensai bien m’enquérir auprès d’elle du Phénix avant toute chose. C’est elle qui prophétisa et prévit l'arrivée du Fils de Dieu dans la chair ; cette affirmation a en effet été mise en doute par beaucoup d'auteurs, mais elle est soutenue par Eusèbe, le grand historien de l’Église Primitive et par Cicéron, le grand orateur, qui, comme c’est bien connu, a traduit cette prophétie en langue latine. Des preuves abondant dans ce sens peuvent être recueillies dans les œuvres de Virgile, le prince des poètes romains. Le passage de Cicéron qui est mentionné par Eusèbe, se trouve au deuxième livre de son traité, de Divinatione (De la Divination).... Lorsque je parvins à elle, je la trouvai assise dans sa caverne, qui était magnifiquement tapissée des rameaux épars d’un arbre vert et recouverte d’une verte pelouse. Je la saluai avec l'humilité la plus modeste et la plus déférente. Elle sembla d’abord quelque peu effrayée de ma soudaine apparition et recula à la hâte à l'intérieur de la caverne. Mais elle fut bientôt gagnée à ma cause par mes ferventes supplications et décidée à se montrer d’elle-même à l'entrée de son habitation. « Qui êtes-vous, étranger?, me demanda-t-elle, et que voulez-vous de moi ? Ne savez-vous pas qu'un homme ne peut pas s'approcher d'une vierge qui demeure dans la solitude?» «Ce n'est pas la hardiesse qui m'a amené ici, répondis-je, mais je suis venu après mûre délibération, parce que j'estime que c’est vous, et vous seule, qui pouvez résoudre certains doutes qui pèsent sur mon esprit. Si vous me montrez une telle bonté, je promets, pour ma part, de vous satisfaire, de vous servir et d’accomplir toutes vos volontés, autant qu’il est en mon pouvoir .» Lorsqu’elle eut entendu ces mots, l’expression de son visage s’éclaira et elle me demanda d’un ton plus bienveillant quelle était mon affaire . « Je ne peux pas, continua-t-elle, refuser quoi que ce soit aux hommes comme vous qui tenez beaucoup à apprendre.» «Il y a deux choses, répliquai-je, au sujet desquelles je vous supplie de me donner une indication claire et franche, à savoir, s'il fut et s’il est dans ces pays d'Arabie et d'Egypte un oiseau merveilleux nommé Phénix ; si sa chair et ses plumes sont vraiment un médicament efficace contre la colère et le chagrin ; et, s'il en est ainsi, où l'oiseau doit être trouvé?» «L'objet de votre recherche, répliqua-t-elle, est grand et glorieux ; le doute est la première étape de la connaissance et, également, vous êtes venu au bon endroit et auprès de la bonne personne. Puisque le pays dans lequel vous vous trouvez maintenant est l’Arabie Heureuse et que le Phoenix n’a jamais été trouvé nulle part ailleurs ; de plus, je suis probablement la seule personne qui puisse vous donner une quelconque information précise à ce sujet. Je vous apprendrai, et cette terre vous montrera , la vue enchanteresse dont je parle. Donc, écoutez mes paroles : l’Arabie Heureuse et l'Egypte se félicitent depuis longtemps d’être seuls en possession du Phénix, dont le cou est d'une teinte d'or, tandis que le reste de son corps est pourpre et que sa tête est couronnée par une crête magnifique. Il est consacré au Soleil, vit 660 ans et quand la dernière heure de sa vie approche, il construit un nid de séné et d'encens, le remplit d'épices parfumées, l'allume en agitant ses ailes vers le Soleil et est réduit en cendres avec cela. De ces cendres est produit un ver et du ver un jeune oiseau qui prend le nid avec les restes de son parent et le porte à Héliopolis (ou Thèbes), la ville sacrée du Soleil en Egypte. En fait, toute cette histoire, que vous trouvez dans les livres des Anciens, s’adresse plutôt à l’esprit qu’à l'oreille, est un récit mystique et, comme les hiéroglyphes des Egyptiens, devrait être mystiquement (non historiquement) comprise. Un auteur égyptien antique nous dit que le Phénix se réjouit du soleil et que cette prédilection est sa principale raison de venir en Egypte. Il relate également que ses concitoyens avaient l'habitude d'embaumer le Phénix s'il mourait avant son heure. Si vous considérez donc ce conte comme une allégorie, vous n'aurez pas vraiment tort ; et vous savez que la chair et les plumes de cet oiseau étaient depuis longtemps utilisés dans Héliopolis comme un remède à la colère et au chagrin.» Quand je l'entendis dire cela, je fus empli de joie et lui demandai si elle pouvait me dire comment entrer en possession de cet Oiseau Béni et de cette Médecine. Elle promit de ne pas m'abandonner et de faire tout ce qui était en son pouvoir pour m'aider à sortir de difficulté. «Néanmoins, continua-t-elle, la partie la plus importante de l'entreprise doit être accomplie de vos propres mains. Je ne peux pas vous décrire en termes exacts et indubitables l’endroit où vit le Phénix, cependant j'essayerai de vous le rendre aussi clair que possible. L'Egypte, vous savez, doit toute sa fertilité au Nil, dont les sources sont inconnues et non susceptibles d'être découvertes ; mais les embouchures par lesquelles il se déverse dans la mer, sont suffisamment évidentes pour tous. Le quatrième Fils du Nil est Mercure et c’est à lui que son père a conféré autorité pour vous montrer cet oiseau et sa Médecine. Vous pouvez vous attendre à trouver ce Mercure quelque part près des sept embouchures du Nil ; car il n'a aucune habitation fixe, mais peut être tantôt trouvé dans une de ces embouchures et tantôt dans une autre.» Je remerciai la Prophétesse Vierge le plus cordialement possible pour ses gracieuses informations et tournai immédiatement mon visage vers les embouchures du Nil, qui sont sept : la Canopique, la Bolbitique, la Sébennytique, la Pelusiaque, la Ténitique, la Phénetique et la Mendésique. La voie vers l’embouchure Canopique me conduisit à travers un cimetière chrétien antique, où un événement des plus miraculeux est observé chaque année un certain jour de mai. Ce jour-là, de l'aube à midi, les cadavres sortent progressivement de leurs tombes jusqu'à ce qu'ils soient complètement visibles au passant et, de midi au coucher du soleil, ils replongent de nouveau graduellement dans leurs tombeaux. Si cela est vrai, comme les témoins oculaires le certifient, c'est la preuve la plus certaine de la résurrection du corps humain et cela montre une profonde analogie avec la résurrection du Phénix mort... Quand j'atteignis l'île de Canopée, je me renseignai pour savoir où trouver le mercure. Mais les gens furent seulement désespérément rendus perplexes par mes questions. Certains dirent que, selon Hermès, l'Egypte reproduit l’image du ciel et que les sept embouchures du Nil (dont la Canopique est le plus considérable) correspondent aux sept planètes, que l’embouchure Canopique est appelée l'habitation de Saturne, le grand-père de Mercure, et que Mercure devait être domicilié dans une quelconque autre embouchure du fleuve. À l’embouchure Bolbitique, aucune des personnes auprès de qui je me renseignai ne savait rien de Mercure. Près de la troisième embouchure dite aussi Sébennytique, se tenait la ville de Sébennytos, dont les habitants étaient si sauvages et cruels envers les étrangers et si totalement privés de tous les arts et toutes les grâces de la civilisation, que je ne pus pas concevoir Mercure, Dieu de la culture et de la science, vivant dans leur milieu. De plus, un certain paysan à qui je demandai si la maison du Mercure se trouvait là, me dit qu'il avait une maison en ville, mais qu'il n'y avait jamais vécu. Je poursuivis donc immédiatement jusqu’à la quatrième embouchure de la liste, dite Pélusiaque. On prétend que la célèbre ville de Péluse avait été fondéé par Pélée, le père d'Achille. Elle sépare l'Asie et l'Arabie de l'Egypte et était autrefois une ville très opulente. Quand j'entendis parler de sa grandeur dans le commerce et l'industrie et des grandes quantités d'or arabe qui sont importées dans cette ville, un des centres commerciaux les plus riches d’Egypte, je me sentis assuré de trouver ici le logement de Mercure ; mais les habitants me dirent qu'il n'était pas venu là très souvent, quoiqu'il ait été reçu en ville comme le plus bienvenu des invités chaque fois qu'il l'avait visitée. Cette réponse me remplit d’inquiétude, en proportion des espoirs que j'avais conçus, mais je décidai de ne pas abandonner ma recherche avant que d’avoir visité les trois embouchures du fleuve restantes.
À l’embouchure Ténitique du Nil, j'appris exactement autant que j'avais appris partout ailleurs, à savoir, rien. Quand les gens qui vivaient là me dirent que Mercure n’était jamais du tout venu à eux , je commençai à regretter mon malheureux destin et les nombreux voyages stériles que j'avais entrepris ; et je vis alors qu’il aurait peut-être été plus sage d'avoir commencé par l'autre bout. Cependant, j'étais là ; et il restait seulement deux embouchures du fleuve ; et dans une d’elles Mercure serait trouvé, si en effet la Prophétesse avait parlé franchement. À l’embouchure Phénétique, une autre déception m'attendait. Mercure avait vécu là autrefois, mais avait depuis longtemps émigré autre part. À la septième embouchure, ou Mendésienne, on ne savait rien du tout de lui. On peut facilement imaginer que, après cette longue série de déceptions, je commençai très fortement à soupçonner la Sibylle de m'avoir envoyé là en pure perte, car j'avais désormais visité chacune des embouchures du Nil et n'avais cependant trouvé de trace de Mercure à aucune d'entre elles. Ou si les mots de la prophétesse avaient été vrais, il fallait que les diverses personnes auprès de qui je m'étais renseigné m’aient trompé avec de fausses informations. Cependant, après mûre considération des réponses qui avaient été faites à mes questions en différents endroits, je parvins à la conclusion que j'avais simplement mal compris leur signification. Je revins donc sur mes pas et réussis finalement à découvrir Mercure dans une des embouchures, là où les gens avaient d'abord paru ne rien savoir de lui. Il m’indiqua dans le détail où je devais chercher le Phénix et où je pourrais entrer en sa possession. Lorsque j'atteignis l’endroit où il m'avait dirigé, je constatai que le Phénix l'avait temporairement abandonné, s’étant trouvé élu arbitre entre le hibou et d'autres oiseaux qui le poursuivent, bataille de laquelle nous avons traité par ailleurs. On attendait son retour dans quelques semaines ; mais, comme je ne pouvais pas, à ce moment même, me permettre d'attendre si longtemps, je pensai que je pouvais être satisfait des informations que j'avais reçues et décidai d’achever ma recherche dans un temps futur. Ainsi, étant rentré dans mon pays natal, je composai les épigrammes suivantes en l'honneur de la Sibylle, de Mercure, du Phénix et de la Médecine.
ÉPIGRAMME
En Honneur de la Sibylle Erythréenne, nommée Herophyle
Je vous remercie, grande prophétesse dont l'inspiration ne vient pas du démon mais de l'Esprit de Dieu, de m’avoir dirigé sur mon chemin vers le fils du Nil qui devait me montrer l'oiseau Phénix. Pleine de la connaissance sacrée, vous avez vraiment prononcé vos oracles quand vous avez chanté au sujet de Dieu qui devait venir sous la forme d’un homme. Vous L'aimez vraiment, Lui qui, rendant les sentences de la justice la plus haute, sera le juge tout-puissant du monde entier, quoique l’on vous nomma Jeune Païenne et bien que les hommes dirent que vous ne connaissiez rien de Lui. La caverne près de la Mer Rouge ne peut pas vous retenir, votre grandeur, quand Christ vous revendique pour Lui-Même dans le Ciel.
ÉPIGRAMME
Consacré au Mercure des Sages.
Les latins vous appellent Mercure, le Messager des Dieux ; parmi les Grecs, votre nom est celui de grand Hermès. Vous êtes appelé Toth sur le sol de l'Egypte ; votre père est le Nil, qui enrichit ce sol et vous a légué l’indicible richesse. Vous avez dûment transmis aux peuples d'Egypte les lois que Vulcain, étant dans le secret avec vous, a donné. Toutes les nations du monde vous contemplent avec plaisir, cependant vous désirez être connu de très peu. De combien de secrets de Nature les clefs ont-elles été confiées à votre garde! Votre visage est rouge, votre cou est jaune, votre poitrine est plus blanche que la neige la plus pure. Vos pieds sont chaussés avec des sandales noires, une baguette magique avec un serpent double n'endommage aucunement votre main. C'est là l’habillement par lequel vous êtes connu de tous, O Hermès! C’est avec justesse que votre teint est de quatre nuances. Vous m'avez montré le glorieux oiseau Phénix par la bouche d'un interprète et je vous remercie pour votre amour de tout mon cœur ; quoique les mots soient légers, ils sont chargés de gratitude.
UNE ÉPIGRAMME
En Éloge du Phénix
O Merveille du Monde, prodige sans tache, unique Phénix qui vous livrez vous-même aux grands Sages! Vos plumes sont rouges et d'or les nuances de votre cou ; votre nid est construit de séné et d'encens saboéen. Quand votre vie tire à une fin, vous connaissez la voie secrète de Nature par laquelle vous êtes rétabli dans une nouvelle existence. D’où le fait que vous vous placiez volontiers vous-même sur l'autel de Thèbes, afin que Vulcain puisse vous donner un nouveau corps. La gloire d'or de vos plumes est appelée la Médecine de santé et le remède au chagrin humain. Vous avez le pouvoir de chasser la maladie et de faire le vieux jeune de nouveau. Vous, L'oiseau Béni, que je préférerais avoir à toute la richesse du monde et dont la connaissance fut un plaisir que j'ai cherché pendant de nombreuses années. Vous êtes caché dans la retraite de votre nid et si Pline écrit qu'il vous a vu à Rome, il se trompe vraiment énormément . Vous êtes en sécurité dans votre maison, à moins qu’un fou quelconque ne vous dérange : si vous donnez vraiment vos plumes à quelqu'un, je prie que vous le laissez être un Sage.
Sur la Médecine Hermétique du Phénix
Si toutes les montagnes étaient d'argent et d'or, en quoi profiteraient-elles à un homme qui vit dans la crainte constante de la mort? Il s’ensuit qu’il ne peut y avoir dans le monde entier rien de mieux que notre Médecine, qui a le pouvoir de guérir toutes les maladies de la chair. La fortune, la richesse et l’or, tous cèdent en prix à ta possession glorieuse : et quiconque ne pense pas ainsi, n'est pas un homme, mais une bête.
Si quelqu'un ne reconnaît pas la force de la raison, il doit avoir recours à l'autorité.