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RIPLEY La Vision.




La Vision de George Ripley

Chanoine de Bridlington

Cette vision, que je décris icy, apparut à ma veüe troublée, estant une  certaine nuit occupé à mes livres.

Je vis un Crapaud roux, boire le jus de grappes avec beaucoup d’avidité, si fortement jusqu’à être surchargé de cette liqueur, et qu’il en crève.

Et de son corps empoisonné, il jeta un venin mortel ; la douleur qu’il ressentait fit qu’il commença à s’enfler dans toutes les parties de son corps.

Il s’approcha de sa secrète caverne, tout dégouttant d’une sueur infecte ; et des vapeurs puantes et fumantes de son haleine, empoisonna toute sa tanière.

Desquelles vapeurs il se forma une humeur dorée, après quelques temps, dans l’espace de ce lieu ; qui dégouttant du haut de la voûte, tachait la terre d’une rosée de couleur rousse.

Lorsque son corps commença à prendre des forces, l’haleine vitale lui manqua.

Et ce mourant Crapaud devint d’abord semblable à du charbon (à cause de sa couleur noire) ; étant ainsi submergé dans le déluge empoisonné de ses propres veines, pendant l’espace de 80 jours il demeura à rôtir.

Je voulus essayer de chasser ce venin, et pour cette effet je mis sa carcasse sur un feu doux ; ce qui produisit une chose à voir, mais encore plus à raconter.

Ce crapaud était pénétré de toutes parts de couleurs rares, et quand toute cette diversité de couleurs fut passé le blanc apparut.

S’étant ensuite teint de couleur rouge, il demeura toujours en cet état.

Je fis ensuite une Médecine, de ce venin ainsi préparé ; de ce venin dis-je, qui tue, et qui guérit celui qui se hasarde d’en prendre.

Gloire soit à celui qui donne ces Secrets, honneur et louanges éternelles, avec actions de grâces.

Ainsy soit-il