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COMTE DE SAINT-GERMAIN La Très Sainte Trinosophie.

 

Le Comte de Saint-Germain
Gravure de Nicolas Thomas (1783)


 LA TRÈS SAINTE TRINOSOPHIE


Attribuée au

Comte de Saint-Germain


XVIIIe siècle


Manuscrit  portant la cote 2400 à la Médiathèque du Grand Troyes

Restitué en français moderne par le Miroir Alchimique



Frontispice


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C’est dans l’asile des criminels, dans les cachots de l’Inquisition, que votre ami trace ces lignes qui doivent servir à votre instruction. En songeant aux avantages inappréciables que doit vous procurer cet écrit de l’amitié, je sens s’adoucir les horreurs d’une captivité aussi longue que peu méritée… j’ai du plaisir à penser qu’environné de gardes, chargé de fers, un esclave peut encore élever son ami au-dessus des puissants, des monarques qui gouvernent ce lieu d’exil.

Vous allez pénétrer mon cher Philochale dans le sanctuaire des sciences sublimes, ma main va lever pour vous le voile impénétrable qui dérobe aux yeux du vulgaire le tabernacle, le sanctuaire ou l’éternel déposa les secrets de la nature, secrets qu’il réserve pour quelques êtres privilégiés, pour les Élus que sa toute puissance créa pour VOIR, pour planer à sa suite dans l’immensité de sa Gloire, et détourner sur l’espèce humaine un des Rayons qui brillent autour de son Trône d’or.

Puisse l’exemple de votre ami être pour vous une leçon salutaire et je bénirai les longues années d’épreuves que les méchants m’ont fait subir.

Deux écueils également dangereux se présenteront sans cesse sur vos pas, l’un outragerait les droits sacrés de chaque individu, c’est l’Abus du pouvoir que DIEU vous aurait confié, l’autre causerait votre perte, c’est l’Indiscrétion… tous deux sont nés d’une même mère, tous deux doivent l’existence à l’Orgueil, la faiblesse humaine les allaita, ils sont aveugles, leur mère les conduit. Par son secours, ces deux Monstres vont porter leur souffle impur jusque dans les coeurs des Elus du Très Haut. Malheur à celui qui abuserait des dons du ciel pour servir ses passions la main toute-puissante qui lui soumit les Eléments, le briserait comme un faible Roseau, une éternité de tourments pourrait à peine expier son crime. Les Esprits Infernaux souriraient avec dédain aux pleurs de l’être dont la voix menaçante les fit si souvent trembler au sein de leurs abîmes de feu.

Ce n’est pas pour vous Philochale que j'esquisse ce tableau effrayant, l’ami de l’humanité ne deviendra jamais son persécuteur mais l’Indiscrétion mon fils, ce besoin impérieux d’inspirer l’étonnement, l’admiration, voilà le précipice que je redoute pour vous. Dieu laisse aux hommes le soin de punir le ministre imprudent qui permet à l’oeil du Profane de pénétrer dans le sanctuaire mystérieux ; ô Philochale que mes malheurs soient sans cesse présents à votre esprit, & moi aussi j’ai connu le bonheur, comblé des bienfaits du ciel entouré d’une puissance telle que l’entendement humain ne peut la concevoir, commandant aux génies qui dirigent le monde, heureux du bonheur que je faisais naître, je goûtais au sein d’une famille adorée la félicité que l’Éternel accorde à ses enfants chéris. Un instant a tout détruit, j’ai parlé et tout s’est évanoui comme un nuage, ô mon fils ne suivez pas mes traces... qu’un vain désir de briller aux yeux du monde ne cause pas aussi votre perte... pensez à moi, c’est dans un cachot, le corps brisé par les tortures que votre ami vous écrit ; Philocale, réfléchissez que la main qui trace ces caractères porte l’empreinte des fers qui l’accablent... Dieu m’a puni, mais qu’ai-je fait aux hommes cruels qui me persécutent ? Quel droit ont-ils pour interroger le ministre de l’Éternel ? ils me demandent quelles sont les preuves de ma mission, mes témoins sont des prodiges, mes défenseurs mes vertus, une vie intacte, un coeur pur, que dis-je, ai-je encore le droit de me plaindre, j’ai parlé, le Très Haut m’a livré sans force et sans puissance aux fureurs de l'avare fanatisme, le bras qui jadis pouvait renverser une armée, peut à peine aujourd’hui soulever les chaînes qui l’appesantissent.

Je m'égare, je dois rendre grâce à l’éternelle Justice… le Dieu vengeur à pardonné à son enfant repentant, un esprit Aérien a franchi les murs qui me séparent du monde ; resplendissant de lumière, il s’est présenté devant moi, il a fixé le terme de ma captivité, dans deux ans mes malheurs finiront. Mes bourreaux en entrant dans mon cachot le trouveront désert et bientôt purifié par les 4 éléments. Pur comme le génie du feu, je reprendrai le rang glorieux où la bonté Divine m’a élevé. Mais combien ce terme est encore éloigné, combien deux années paraissent longues à celui qui les passe dans les souffrances, dans les humiliations. Non contents de me faire souffrir les supplices les plus horribles, mes persécuteurs ont employé pour me tourmenter des moyens plus sûrs, plus odieux encore, ils ont appelé l’infamie sur ma tête, ils ont fait de mon nom un objet d’opprobre, les enfants des hommes reculent avec effroi quand le hasard les a fait approcher des murs de ma prison, ils craignent qu’une vapeur mortelle ne s’échappe par l'ouverture étroite qui laisse passer, comme a regret, un rayon de lumière dans mon cachot. Ô Philocale c’est là le coup le plus cruel dont ils pouvaient m’accabler…

J'ignore encore si je pourrai vous faire parvenir cet ouvrage. Je juge des difficultés que j'éprouverai pour le faire sortir de ce lieu de tourments, par celles qu’il a fallu vaincre pour le terminer, privé de tout secours. J'ai moi-même composé les agents qui m’étaient nécessaires. Le feu de ma lampe quelques pièces de monnaie et peu de substances chimiques échappées aux regards scrutateurs de mes bourreaux ont produit les couleurs qui ornent ce fruit des loisirs d’un prisonnier.

Profitez des instructions de votre malheureux ami. Elles sont tellement claires, qu’il serait à craindre que cet écrit tombât en d'autres mains que les vôtres… souvenez vous seulement que tout doit vous servir. Une ligne mal expliquée, un caractère oublié, vous empêcheraient de lever le voile que la main du Créateur a posé sur le Sphinx.

Adieu, Philocale ne me plaignez pas, la clémence de l’Éternel égale sa justice. A la première assemblée mystérieuse vous reverrez votre ami. Je vous salue en Dieu, bientôt, je donnerai le baiser de paix à mon frère.



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Gravure 1


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Il était nuit, la lune cachée par des nuages sombres ne jetait qu’une lueur incertaine sur les blocs de lave qui environnent la Solfatara. La tête couverte du voile de Lin, tenant dans mes mains le rameau d’or, je m’avançais sans crainte vers le lieu où j'avais reçu l’ordre de passer la nuit. Errant sur un sable brûlant, je le sentais à chaque instant s’affaisser sous mes pas, les nuages s’amoncelaient sur ma tête, l’éclair sillonnait la nue, et donnait une teinte sanglante aux flammes du volcan. Enfin j’arrive, je trouve un autel de fer, j’y place le rameau mystérieux… Je prononce les mots redoutables… à l’instant la terre tremble sous mes pieds le tonnerre éclate les mugissements du Vésuve répondent à ces coups redoublés, ses feux se joignent aux feux de la foudre… les coeurs des Génies s’élèvent dans les airs et font répéter aux échos les louanges du Créateur… la branche consacrée que j'avais placée sur l’autel triangulaire s’enflamme, tout à coup une épaisse fumée m’environne, je cesse de voir, plongé dans les ténèbres. 

Je crus descendre dans un abîme. J'ignore combien de temps je restai dans cette situation mais en ouvrant les yeux je cherchai vainement les objets qui m’entouraient quelque temps auparavant ; l’autel, le Vésuve, la campagne de Naples avaient fui loin de mes yeux, j’étais dans un vaste souterrain, seul, éloigné du monde entier… près de moi était une robe longue, blanche, son tissu délié me sembla composé de fil de lin, sur une masse de granit était posée une lampe de cuivre, au-dessus une table noire chargée de caractères grecs m’indiquait la route que je devais suivre. Je pris la lampe et après avoir revêtu la robe, je m’engageai dans un chemin étroit dont les parois étaient revêtues de marbre noir… Il avait trois mille de longueur, mes pas retentissaient d’une manière effrayante sous ces voûtes silencieuses, enfin je trouvai une porte, elle conduisait à des degrés, je les descendis. Après avoir marché longtemps, je crus apercevoir une lueur errante devant moi. Je cachai ma lampe je fixai mes yeux sur l’objet que j’entrevoyais, il se dissipa, s’évanouit comme une ombre.

Sans reproches sur le passé, sans crainte sur l’avenir, je continuai ma route, elle devenait de plus en plus pénible… toujours engagé dans des galeries composées de quartiers de pierres noires… je n’osais fixer le terme de mon voyage souterrain. Enfin, après une marche immense, j’arrivai à une place carrée : une porte s'ouvrait au milieu de chacune de ses quatre faces, elles étaient de couleur différente et placées chacune à l’un des quatre points cardinaux. J'entrai par celle du septentrion, elle était noire, celle qui me faisait face était rouge, la porte de l’orient était bleue, celle qui lui était opposée était d’une blancheur éclatante… au centre de cette salle était une masse carrée, une étoile de cristal brillait sur son milieu. On voyait une peinture sur la face septentrionale, elle représentait une femme nue jusqu’à la ceinture, une draperie noire lui tombait sur les genoux, deux bandes d’argent ornaient son vêtement. Dans sa main. était une baguette, elle la posait sur le front d’un homme placé vis-à-vis d’elle. Une table terminée par un seul pied était entre eux deux, sur la table était une coupe et un fer de lance. Une flamme soudaine s’élevait de terre, et semblait se diriger sur l’homme. Une inscription expliquait le sujet de cette peinture. Une autre m’indiquait les moyens que je devais employer pour sortir de cette salle.

Je voulus me retirer après avoir considéré le tableau et l’étoile. J'allais entrer dans la porte rouge quand, tournant sur ses gonds avec un bruit épouvantable, elle se referma devant moi. Je voulais tenter la même épreuve sur celle que décorait la couleur du ciel, elle ne se ferma point mais un bruit soudain me fit détourner la tête, je vis l’étoile s’agiter, elle se détache, roule, et se plonge rapidement dans l’ouverture de la porte blanche. Je la suivis aussitôt.



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Gravure 2


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Un vent impétueux s’éleva et j'eus peine à conserver ma lampe allumée. Enfin un perron de marbre blanc s’offrit à ma vue, j'y montai par neuf marches. Arrivé à la dernière, j’aperçus une immense étendue d’eau ; des torrents impétueux se faisaient entendre à ma droite, à gauche une pluie froide mêlée de masses de grêle tombait près de moi. Je considérais cette scène majestueuse quand l’étoile qui m’avait guidé sur le perron et qui se balançait lentement sur ma tête se plongea dans le gouffre. Je crus lire les ordres du Très Haut, je me précipitai au milieu des vagues, une main invisible saisit ma lampe et la posa sur le sommet de ma tête. Je fendis l’onde écumeuse et m’efforçai de gagner le point opposé à celui dont j’étais parti, enfin je vis à l’horizon une faible clarté, je me hâtai, j'étais au milieu des eaux et la sueur couvrait mon visage, je m'épuisais en vains efforts, la rive que je pouvais à peine apercevoir semblait fuir devant moi à mesure que j’avançais, mes forces m’abandonnaient, je ne craignais pas de mourir, mais de mourir sans être illuminé… je perdis courage et levant vers la voûte mes yeux baignés de pleurs, je m’écriai : « Judica judicium meum et redime me, propter eloquium tuum vivifica me, » à peine pouvais-je agiter mes membres fatigués, j’enfonçais de plus en plus quand j’aperçus près de moi une barque, un homme couvert de riches habits la conduisait. Je remarquai que la proue était tournée vers la rive que j’avais quittée. Il s’approcha, une couronne d’or brillait sur son front, « vade me cum, me dit-il, me cum principium in terris, instruam te in via hac quâ gradueris". Je lui répondis à l’instant bonum est sperare in domino quam confidere in principibua… à l’instant, la barque, et le monarque s’abîmèrent dans le fleuve, une force nouvelle sembla couler dans mes veines, je parvins à gagner le but de mes fatigues, je me trouvai sur un rivage semé de sable vert. Un mur d’argent était devant moi, deux lames de marbre rouge étaient incrustées dans son épaisseur, j’approchai, l’une était chargée de caractères sacrés, sur l’autre était gravée une ligne de lettres grecques. Entre les deux lames était un cercle de fer. Deux lions, l’un rouge et l’autre noir, reposaient sur des nuages et semblaient garder une couronne d’or placée au dessus deux. On voyait encore près du cercle un arc et deux flèches. Je lus quelques caractères écrits sur les flancs d’un des lions. A peine avais-je observé ces différents emblèmes qu’ils disparurent avec la muraille qui les contenait.



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Gravure 3


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A sa place un lac de feu se présenta devant moi, le soufre et le bitume roulaient leurs flots enflammés, je frémis, une voix éclatante m’ordonna de traverser ces flammes, j’obéis, et les flammes semblèrent avoir perdu leur activité. Longtemps, je marchai au milieu de l’incendie. Arrivé dans un espace circulaire, je contemplai le pompeux spectacle dont la bonté du ciel daignait me faire jouir.

Quarante colonnes de feu décoraient la salle dans laquelle je me trouvais. Un côté des colonnes brillait d’un feu blanc et vif, l’autre semblait dans l’ombre, une flamme noirâtre le couvrait ; au centre de ce lieu s'élevait un autel en forme de serpent, un or vert embellissait son écaille diaprée, sur laquelle se reflétaient les flammes qui l’environnaient. Ses yeux semblaient des rubis, une inscription argentée était posée près de lui. Une riche épée était plantée en terre près du serpent, une coupe reposait sur sa tête. J’entendis le coeur des esprits célestes, une voix me dit : "le terme de tes travaux approche, prends le glaive, frappe le serpent". 

Je tirai l’épée de son fourreau et m’approchant de l’autel, je pris la coupe d’une main et de l’autre, je portai un coup terrible sur le col du serpent, l’épée rebondit, le coup résonna comme si j’avais frappé une cloche d’airain. A peine avais-je obéi à la voix que l’autel disparut les colonnes se perdirent dans l’immensité, le son que j’avais entendu en frappant l’autel se répéta comme si mille coups étaient frappés en même temps, une main me saisit par les cheveux et m'éleva vers la voûte, elle s'ouvrit pour me livrer passage, des vains fantômes se présentèrent devant moi, des Hydres, des Lamies m’entourèrent de serpents, la vue de l’épée que je tenais à la main écarta cette foule immonde comme les premiers rayons du jour dissipent les songes, frêles enfants de la nuit. Après être monté par une ligne perpendiculaire à travers les différentes couches qui composent les parois du globe, je revis la lumière du jour.



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Gravure 4


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A peine étais-je parvenu à la surface de la terre, que mon conducteur invisible m’entraîna plus rapidement encore, la vélocité avec laquelle nous parcourions les espaces aériens ne peut être comparée a rien qu’a elle même ; en un instant, j’eus perdu de vue les plaines sur lesquelles je dominais. J’avais observé avec étonnement que j’étais sorti du sein de la terre, loin des campagnes de Naples. Une plaine déserte, quelques masses triangulaires étaient les seuls objets que j’eusse aperçus. Bientôt, malgré les épreuves que j’avais subies, une nouvelle terreur vint m’assaillir, la terre ne me semblait plus qu’un nuage confus, j’étais élevé à une hauteur immense. Mon guide invisible m’abandonna ; je redescendis pendant un assez long temps. Je roulai dans l’espace ; déjà la terre se déployait à mes regards troublés… je pouvais calculer combien de minutes se passeraient avant que j’aille me briser contre un rocher. Bientôt, prompt comme la pensée, mon conducteur se précipite après moi il me reprend, m’enlève encore une fois, il me laisse retomber, enfin il m’élève avec lui à une distance incommensurable, je voyais des globes rouler autour de moi, des terres graviter a mes pieds tout à coup, le génie qui me portait me touche les yeux, je perdis le sentiment.

J’ignore combien de temps je passai en cet état. A mon réveil, je me trouvai couché sur un riche coussin, des fleurs, des aromates, embaumaient l’air que je respirais… Une robe bleue semée d’étoiles d’or avait remplacé le vêtement de lin. Vis-à-vis de moi était un autel jaune. Un feu pur s’en exhalait sans qu’aucune autre substance que l’autel même l’alimentât. Des caractères noirs étaient gravés sur sa base. Auprès était un flambeau allumé qui brillait comme le soleil, au dessus était un oiseau dont les pieds étaient noirs, le corps d’argent, la tête rouge, les ailes noires et le col d’or. Il s’agitait sans cesse, mais sans faire usage de ses ailes. Il ne pouvait voler que lorsqu’il se trouvait au milieu des flammes. Dans son bec était une branche verte, son nom est Hâkim ("sage"), celui de l’autel est Hallâj ("le cardeur de laine ou le tisserand"), l’autel, l’oiseau et le flambeau sont le symbole de tout, rien ne peut être fait sans eux, eux-mêmes sont tout ce qui est bon et grand. Le flambeau se nomme Majûsi (référence à la religion des adorateurs du Feu).

Quatre inscriptions entouraient ces différents emblèmes.



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Gravure 5


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Je me détournai et j’aperçus un palais immense, sa base reposait sur des nuages, des marbres composaient sa masse ; sa forme était triangulaire, quatre étages de colonnes s’élevaient les uns sur les autres. Une boule dorée terminait cet édifice. Le premier rang de colonne était blanc, le second noir, le troisième vert, le dernier était d’un rouge brillant. Je voulus, après avoir admiré cet ouvrage des artistes éternels, retourner au lieu où étaient l’autel, l’Oiseau et le flambeau, je voulais encore les observer. Ils étaient disparus, je les cherchais des yeux quand les portes du palais s’ouvrirent, un vieillard vénérable en sortit, sa robe était semblable à la mienne excepté qu’un soleil doré brillait sur sa poitrine, sa main droite tenait une branche verte, l’autre soutenait un encensoir, une chaîne de bois était attachée à son col. Une tiare pointue comme celle de Zoroastre couvrait sa tête blanchie, il s’approcha de moi, le sourire de la bienveillance errait sur ses lèvres. 

"Adore Dieu", me dit-il, en langue persane, "c’est lui qui ta soutenu dans les épreuves, son esprit était avec toi, mon fils tu as laissé fuir l’occasion, tu pouvais à l’instant saisir l’oiseau Hâkim, le flambeau Majûsi et l’autel Hallâj. Tu serais devenu à la fois Autel, Oiseau et Flambeau. Il faut à présent pour parvenir au lieu le plus secret du Palais des sciences sublimes que tu en parcoures tous les détours. Viens… Je dois avant tout te présenter à mes frères." 

Il me prit la main et m’introduisit dans une vaste salle. 

Des yeux vulgaires ne peuvent concevoir la forme et la richesse des ornements qui l’embellissaient, trois cent soixante colonnes l’entouraient de toutes parts, au plafond était une croix rouge, blanche, bleue et noire. Un anneau d’or la soutenait. Au centre de la salle était un autel triangulaire composé des quatre éléments, sur ses trois points étaient posés l’oiseau, l’autel et le flambeau. "Ils ont changé de nom", me dit mon guide, "ici on nomme l’oiseau Aspirna ("diligemment" en hébreu), l’autel Kahena ("le prêtre" en chaldéen) et le flambeau Nephrît (déesse égyptienne). La salle est appelée Hajalah ("chambre nuptiale" en arabe), l’autel triangulaire Athanor." 

Autour de l’autel étaient placés quatre-vingt-un Trônes ; on montait à chacun par neuf marches de hauteur inégale ; des housses rouges les couvraient.

Pendant que j’examinais les trônes, le son d’une trompette se fit entendre : a ce bruit les portes de la salle Hajalah s’ouvrirent pour laisser passer soixante-dix-neuf personnes, toutes vêtues comme mon conducteur.

Elles s’approchèrent lentement et s’assirent sur les trônes, mon guide se tint de bout auprès de moi. Un vieillard distingué de ses frères par un manteau de pourpre dont les bords étaient chargés de caractères en broderies, se leva, et mon guide prenant la parole en langue sacrée : "Voilà" dit-il "un de nos enfants que Dieu veut rendre aussi grand que ses pères."

"Que la volonté du seigneur s’accomplisse" répondit le vieillard.

"Mon fils" ajouta-t-il, en s’adressant à moi, "votre temps d’épreuves physiques est accompli… Il vous reste à faire de grands voyages, désormais vous vous appellerez El-Taâm ("la nourriture") avant de parcourir cet édifice, huit de mes frères et moi, allons vous faire chacun un présent."

Il vint à moi et me donna avec le baiser de paix un cube de terre grise, on le nomme Humam ("cendre" ou "lave"); le second, trois cylindres de pierre noire appelée Qenka ("ton nid"); le troisième, un morceau de cristal arrondi, on l’appelle (?); le quatrième, une aigrette de plumes bleues nommée Ashqûshaq; le cinquième y joignit un vase d’argent qui porte le nom de Ghesem ("pluie" ou "corps"); le sixième une grappe de raisin connue parmi les sages sous le nom de Marah-recha ("amertume" et "tête"); le septième me présenta une figure d’oiseau semblable pour la forme à Ieve (ou Evei) mais il n’avait pas ses brillantes couleurs, il était d’argent, "il porte le même nom", me dit-il, "c’est à toi a lui donner les mêmes vertus". Le huitième me donna un petit autel ressemblant aussi à l’autel Nephrîth.  

Enfin mon conducteur me mit dans la main un flambeau composé comme Marah ("amertume") de particules brillantes, mais il était éteint. 

"C’est à toi", ajouta-t-il comme ceux qui l’avaient précédé, "à lui donner les mêmes vertus. "Réfléchis sur ces dons", me dit ensuite le chef des sages, "tous tendent également à la perfection, mais nul n’est parfait par lui même, c’est de leur mélange que doit sortir l’ouvrage divin. Sache encore que tous sont nuls si tu ne les emploies suivant l’ordre dans lequel ils t’ont été donné. Le second qui sert a employer le premier ne serait qu’une matière brute sans chaleur : sans utilité sans le secours de celui qui vient après lui, garde soigneusement les présents que tu as reçus, et commence tes voyages après avoir bu dans la coupe de vie." 

Il me présenta dans une coupe de cristal, une liqueur brillante et safranée. Son goût était délicieux, un parfum exquis s’en exhalait. Je voulus rendre la coupe après avoir trempé mes lèvres dans la liqueur. 

"Achève" me dit le vieillard, "ce breuvage sera la seule nourriture que tu prendras pendant le temps de tes voyages." 

J’obéis et je sentis un feu divin parcourir tous les fibres de mon corps, j’étais plus fort, plus courageux, mes facultés même intellectuelles, semblaient être doublées.

Je me hâtai de donner le salut des sages à l’auguste assemblée que j’allais quitter, et par les ordres de mon conducteur, je m’enfonçai dans une longue galerie qui se trouvait à ma droite.


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Gravure 6


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A l’entrée de la galerie dans laquelle je me trouvais était posée une cuve d’acier. A mon approche, elle se remplit d’une eau pure comme le cristal, qui vint s’épurer sur un sable blanc et fin. La cuve était ovale ; elle était soutenue sur trois pieds d’airain. une lame noire incrustée sur le côté qui regardait la porte renfermait quelques caractères. Près de la cuve était un voile de lin. Au dessus d’elle, deux colonnes de marbre vert supportaient une plaque de marbre arrondie.

On voyait, entourée de deux inscriptions, la figure du cachet sacré, formée d’une croix de quatre couleurs, attachée à une traverse d’or qui soutient deux cercles qu’entourent deux autres cercles concentriques, le plus grand noir, l’autre rouge. A l’une des colonnes était attachée une hache d’argent dont la hampe était bleue, elle s’appelle Qalqanthûm ("calchante", ou "sulfate de cuivre"). Après avoir lu les inscriptions, je m’approchai de la cuve et je m’y lavai, en commençant par les mains, et je finis par m’y plonger tout entier. J’y restai trois jours, et en sortant de l’eau, je m’aperçus qu’elle avait perdu sa transparence. Son sable était devenu grisâtre, des particules couleur de rouille s’agitaient dans le fluide. Je voulus me sécher avec le secours du voile de lin, mais de nouvelles gouttes d’eau remplaçaient sans cesse celles dont le linge s’imbibait. Je renonçai à me sécher avec le voile et me tenant à l’ombre j’y restai immobile pendant six jours entiers ; au bout de ce temps, la source de ces eaux fut tarie je me trouvai sec et plus léger quoique mes forces me parussent augmentées. Après m’être promené quelque temps, je retournai à la Cuve, l’eau quelle contenait était épuisée, à sa place était une liqueur rougeâtre, le sable était gris et métallique. Je m’y baignai de nouveau, en observant cependant de n’y rester que quelques instants. En me retirant je vis que j’avais absorbé une partie du liquide. Cette fois je ne tentai pas de tarir avec le linge la liqueur dont j’étais imprégné, elle l’aurait détruit à l’instant tant elle était forte et corrosive. Je fus à l’autre bout de la galerie m’étendre sur un lit de sable chaud, j’y passai sept jours. Au bout de ce temps, je revins à la cuve, l’eau était semblable à la première, je m’y replongeai et en ressortis après m’être lavé avec soin. Cette fois je parvins sans peine à m’essuyer, enfin, après m’être purifié selon les instructions que j’avais reçues, je me disposai à sortir de cette galerie après y être resté seize jours.




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Gravure 7


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Je quittai la galerie par une porte basse et étroite et j’entrai dans un appartement circulaire ; ses lambris étaient de bois de frêne et de santal. Au fond de l’appartement, sur un socle composé de seps de vigne, reposait une masse de sel blanc et brillant, au-dessus était un tableau, il représentait un lion blanc couronné et une grappe de raisin, ils etaient posés sur un même plateau, que la fumée d’un brasier allumé élevait dans les airs. A ma droite et à ma gauche s'ouvraient deux portes, l’une donnait sur une plaine aride. Un vent sec et brûlant y régnait en tout temps. L’autre porte s'ouvrait sur un lac, à l’extrémité duquel on apercevait une façade de marbre noir.

Je m’approchai près de l’autel et pris dans mes mains du sel blanc et brillant que les sages appellent Marah-resha ("amertume" et "tête"). Je m’en frottai tout le corps… je m’en pénétrai et après avoir lu les hieroglyphes qui accompagnaient le tableau, je m’apprêtai à quitter cette salle. Mon premier dessein était de sortir par la porte qui donnait sur la plaine, mais une vapeur brûlante s’en exhalait. Je préférai le chemin opposé, j’avais la liberté de choisir, avec la condition cependant de ne pas quitter celui que j’aurais pris… Je me décidai à passer le lac, ses eaux étaient sombres et dormantes, j’apercevais bien à une certaine distance un pont nommé Bâs ("courage"), mais je préférai traverser le lac à la longue route que j’aurais été obligé de faire pour atteindre le pont, en suivant les sinuosités d’un rivage semé de rochers. J’entrai dans l’eau, elle était épaisse comme du ciment. Je m’aperçus qu’il m’étit inutile de nager, partout mes pieds rencontrèrent le sol. Je marchai dans le lac pendant treize jours. Enfin je parvins à l’autre bord.




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Gravure 8


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La terre était d’une couleur foncée comme l’eau dans laquelle j’avais voyagé, une pente insensible me conduisit au pied de l’édifice que j'avais aperçu de loin. Sa forme était un carré long, sur le fronton étaient gravés quelques caractères, semblables à ceux qu’employaient les Prêtres des anciens Persans. L’édifice entier était bâti de Basalte noir dépoli : les portes étaient de bois de cyprès. Elles s’ouvrirent pour me laisser passer ; un vent chaud et humide s’élevant tout à coup me poussa rapidement jusqu’au milieu de la salle et en même temps referma les portes sur moi… Je me trouvai dans l’obscurité, peu à peu mes yeux s’accoutumèrent au peu de lumière qui régnait dans cette enceinte, et je pus distinguer les objets qui m’entouraient. La voûte, les parois, le plancher de la salle étaient noirs comme l’ébène, deux tableaux peints sur la muraille fixèrent mon attention, l’un représentait un cheval tel que les poètes nous peignent celui qui causa la ruine de Troie. De ses flancs entr’ouverts sortait un cadavre humain. L’autre peinture offrait l’image d’un homme mort depuis longtemps, les vils insectes enfants de la putréfaction s’agitaient sur son visage et dévoraient la substance qui les avait fait naître, un des bras décharnés de la figure morte, laissait déjà apercevoir les os ; placé près du cadavre, un homme vêtu de rouge s’efforçait de le relever, une étoile brillait sur son front, des brodequins noirs couvraient ses jambes, trois lames noires chargées de caractères d’argent étaient posées au dessus, entre et au dessous des tableaux. Je les lus et m’occupai à parcourir la salle où je devais passer neuf jours.

Dans un coin plus obscur se trouvait un monceau de terre noire, grasse et saturée de particules animales; je voulus en prendre, une voix éclatante comme le son d’une trompette me le défendit, "il n’y a que quatre-vingt sept ans que cette terre est posée dans cette salle", me dit-elle, "quand treize autres années seront écoulées, toi et les autres enfants de Dieu pourront en user." La voix se tut, mais les derniers sons vibrèrent longtemps dans ce temple du silence et de la mort. Après y être resté le temps prescrit, je sortis par la porte opposée à celle par laquelle j'étais entré. Je revis la lumière, mais elle n’était pas assez vive autour de la salle noire, pour fatiguer mes yeux habitués à l’obscurité.

Je vis avec étonnement qu’il me fallait pour joindre les autres édifices traverser un lac plus large que le premier. Je marchai dans l’eau pendant dix huit jours. Je me souvins que dans la première traversée les eaux du lac devenaient plus noires et plus épaisses à mesure que j’avançais, au contraire dans celle ici plus j’approchais de la rive, et plus les eaux s’éclaircissaient. Ma robe qui dans le palais était devenue noire comme les murailles me parut alors d’une teinte grisâtre, elle reprit peu à peu ses couleurs, cependant elle n’était pas entièrement bleue, mais approchant d’un beau vert.

Après dix-huit jours je montai sur le rivage par un perron de marbre blanc ; la salle noire est nommée Tsahn ("assiette" ou "cuvette"); le premier lac Tsahn rosh ("cuvette de la tête"); le second Tsahn aharith ("cuvette de l'extrémité postérieure")




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A quelque distance du rivage, un palais somptueux élevait dans les airs ses colonnes d’albâtre, ses différentes parties étaient jointes par des portiques couleur de feu, tous l’édifice était d’une architecture légère et aérienne. Je m’approchai des portes, sur le fronton était représenté un papillon. Les portes étaient ouvertes… J’entrai, le palais entier ne formait qu’une seule salle… trois rangs de colonnes l’entouraient, chaque rang était composé de vingt sept colonnes d’albâtre. Au centre de l’édifice était une figure d’homme, elle sortait d’un tombeau, sa main appuyée sur une lance frappait la pierre qui la renfermait autrefois, une draperie verte ceignait ses reins, l’or brillait au bas de son vêtement, sur sa poitrine était une table carrée sur laquelle je distinguai quelques lettres. Au dessus de la figure était suspendue une couronne d’or, elle semblait s’élever dans les airs pour la saisir. Au dessus de la couronne était une table de pierre jaune, sur la qu’elle étaient gravés quelques emblèmes. Je les expliquai par le secours de l’inscription que j’aperçus sur le tombeau, et par celle que j’avais vue sur la poitrine de l’homme.

Je restai dans cette salle appelée Balsân [...?] le temps nécessaire pour en contempler tous les détours et j’en sortis bientôt dans l’intention de me rendre, à travers une vaste plaine, à une tour que j’aperçus à une assez grande distance.




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A peine j’avais quitté les marches du palais que j’aperçus voltiger devant moi un oiseau semblable à Aspirna mais celui ci avait deux ailes de papillon outre les siennes. Une voix sortant d’un nuage m’ordonna de le saisir et de l’attacher. Je m’élançai après lui, il ne volait pas, mais il se servait de ses ailes pour courir avec la plus grande rapidité. Je le poursuivis, il fuyait devant moi, et me fit plusieurs fois parcourir la plaine dans toute son étendue. Je le suivis sans m’arrêter. Enfin après neuf jours de course, je le contraignis d’entrer dans la tour que j’avais vue de loin en sortant de Tsahn. Les murailles de cet édifice étaient de fer.. trente-six piliers de même métal les soutenaient, l’intérieur était de même matière, incrusté d’acier brillant. Les fondements de la tour étaient construits de telle manière que sa hauteur était doublée sous terre. A peine l’oiseau fut-il entré dans cette enceinte qu’un froid glacial sembla s’emparer de lui. Il fit de vains efforts pour mouvoir ses ailes engourdies. Il s’agitait encore, essayait de fuir, mais si faiblement que je l’atteignis avec la plus grande facilité.

Je le saisis et lui passai un clou d’acier Marah nebush ("amertume d'acier") à travers les ailes. Je l’attachai sur le plancher de la tour à l’aide d’un marteau appellé Shîtraj. A peine avais-je fini que l’oiseau reprit de nouvelles forces, il ne s’agita plus, mais ses yeux devinrent brillants comme des topazes. J’étais occupé à l’examiner quand un groupe placé au centre de la salle attira mon attention, il représentait un bel homme dans la fleur de l’âge, il tenait à la main une verge qu’entouraient deux serpents entrelacés, et s’efforçait de s’échapper des mains d’un autre homme grand et vigoureux, armé d’une ceinture et d’un casque de fer sur lequel flottait une aigrette rouge ; une épée était près de lui, elle était appuyée sur un bouclier chargé d’hiéroglyphes ; l’homme armé tenait dans ses mains une forte chaîne, il en liait les pieds et le corps de l’adolescent qui cherchait vainement à fuir son terrible adversaire ; deux tables rouges renfermaient des caractères.

Je quittai la tour et ouvrant une porte qui se trouvait entre deux piliers, je me trouvai dans une vaste salle.




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La salle dans laquelle je venais d’entrer était exactement ronde, elle ressemblait à l’intérieur d’une boule, composée d’une matière dure et diaphane comme le cristal, elle recevait du jour par toutes ses parties. La partie inférieure était posée sur un vaste bassin rempli de sable rouge, une chaleur douce et égale régnait dans cette enceinte circulaire. Les sages nomment cette salle Zelûph [...?], le bassin de sable qui la soutient porte le nom de Asha hôlith ("feu de sable"). Je considérais avec étonnement ce globe de cristal quand un phénomène nouveau excita mon admiration : du plancher de la salle s’éleva une vapeur douce, moite et safranée, elle m’environna, me souleva doucement, et dans l’espace de trente six jours me porta jusqu’à la partie supérieure du globe. Après ce temps la vapeur s’affaiblit, je descendis peu à peu, enfin, je me retrouvai sur le plancher. Ma robe changea de couleur, elle était verte lorsque j’entrai dans la salle, elle devint alors d’une couleur rouge éclatante. Par un effet contraire, le sable sur lequel reposait le globe, quitta sa couleur rouge et devint noir par degrés. Je demeurai encore trois jours dans la salle après la fin de mon ascension.

Après ce temps j’en sortis pour entrer dans une vaste place environnée de colonnades et de portiques dorés. Au milieu de la place était un piédestal de bronze, il supportait un groupe qui représentait l’image d’un homme grand et fort, sa tête majestueuse était couverte d’un casque couronné ; à travers les mailles de son armure d’or, sortait un vêtement bleu ; il tenait d’une main un bâton blanc, chargé de caractères, et tendait l’autre à une belle femme ; aucun vêtement ne couvrait sa compagne, un soleil brillait sur son sein, sa main droite supportait trois globes joints par des anneaux d’or ; une couronne de fleurs rouges ceignait ses beaux cheveux. Elle s’élançait dans les airs, et semblait y élever avec elle le guerrier qui l’accompagnait ; tous les deux étaient portés sur des nuages autour du groupe, sur les chapiteaux de quatre colonnes de marbre blanc étaient posées quatre statues de bronze ; elles avaient des ailes et paraissaient sonner de la trompette.

Je traversai la place, et montant un perron de marbre qui se trouvait devant moi, je vis avec étonnement que je rentrais dans la salle des trônes (la première où je m’étais trouvé en arrivant au palais de la sagesse), l’autel triangulaire était toujours au centre de cette salle mais l’oiseau, l’autel et le flambeau étaient réunis et ne formaient plus qu’un corps. Près d’eux était posé un soleil d’or, l'épée que j’avais apportée de la salle de feu reposait à quelques pas de là sur le coussin d’un des trônes. Je pris l’épée, et frappant le soleil, je le réduisis en poussière ; je le touchai ensuite et chaque molécule devint un soleil d’or semblable à celui que j’avais brisé. "L’oeuvre est parfait" s’écria, à l’instant, une voix forte et mélodieuse. A ce cri les enfants de la lumière s’empressèrent de venir me joindre, les portes de l’immortalité me furent ouvertes, le nuage qui couvre les yeux des mortels se dissipa, Je VIS, et les esprits qui président aux éléments me reconnurent pour leur maître.




FIN


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