Du Lundi 16 Août M. DC. LXXVII.
MUTUS LIBER, IN QUO TATEM TOTA
Philosophia Hermetica figuris hieroglyphicis depingitur, Aurore cujus nomen est Altus.
. Et se trouve à Paris chez Pierre le Petit et Estienne Michaller.
Tout le monde sait qu’Hermès est le premier qui a eu la Science de la Transmutation des Métaux, après laquelle on voit encore tant de gens inutilement occupés. L’Auteur de ce livre prétend montrer ici tout le mystère de cette haute Philosophie & tout le progrès de cet Art, par de seules figures hiéroglyphiques, sans aucun discours & sans nulle explication. C’est ce qui le fait appeler le Livre Muet, ne disant pas même le nom de celui à qui il doit le jour.
Ceux qui se plaisent à se ruiner à la recherche du grand œuvre ne seraient peut-être pas fâchés qu’on donnât ici l’âme & la parole à tant de figures muettes qui composent ce Livre. Je me contenterai d’en déchiffrer quelques- une, laissant à l’Auteur la liberté de leur donner tel autre sens qu’il lui plaira.
Un peu au-dessus du milieu de la deuxième planche on voit une Vessie de verre ou Œuf des Philosophes, dans lequel il paraît un Neptune, qui s’élève sur un Dauphin ayant sous ses bras deux figures humaines avec les caractères de l’or & de l’argent sur la tête. Il semble que l’Auteur veuille montrer par-là qu’il faut mettre ces deux nobles Métaux dans l’œuf des Philosophes pour s’y fermenter & s’ouvrir par le sel volatil du Nitre tiré du sel commun qui est très fixe, représenté par un Dauphin, duquel ce Neptune s’élève. Ce sel volatil nitreux qui est l’agent universel des Philosophes, et qui contient leur sel, leur soufre & leur mercure est excité par la douce & humide chaleur du Bain vaporeux à feu de lampe, comme on voit au bas de cette même Planche. Mais parce que ce sel nitre doit être parfaitement purifié, & tel qu’il se trouve partout dans l’air, séparé des soufres étrangers, de l’alun, & d’un sel fixe commun.
La quatrième Planche semble montrer que lorsque le Soleil est dans le Signe du Bélier ou du Taureau, il faut ramasser sur des linges bien nets la Rosée céleste imprégnée de ce feu fixe, & sel solaire, que l’air condensé par la fraîcheur de la nuit laisse tomber sur la terre, ainsi qu’une éponge pressée rend l’eau qu’elle contenait dans ses pores. Lorsque ce sel Solaire qui n’est autre chose qu’un Nitre très purifié est concentré & pétrifié par une adroite préparation, il imbibe la lumière & devient un petit Soleil artificiel. Peut-être est-ce ce feu perpétuel des Urnes des anciens si célèbre dans l’Antiquité, & si recherché par les modernes : & peut-être aussi les nouveaux Phosphores de M. Krafft [p. 190 : Liqueur de Terre Seiche de sa composition qui jettent continuellement de grands éclats de lumière] dont nous avons parlé dans le journal précédent, ne sont-ils autre chose qu’une préparation de ce même Nitre. Ce même sel étant dûment réduit en liqueur devient l’alcaest, ou dissolvant universel tant caché par les Maître de l’art : aussi l’expérience fait voir que le sel volatil de la Rosée de Mai dissout l’or aussi facilement que l’eau chaude dissout la glace.
On voit dans la huitième Planche ce mercure des Philosophes qui est le soleil & l’âme des plantes employé à ouvrir ces deux nobles Métaux à l’aide de la chaleur du Bain vaporeux, & par le moyen de deux substances qu’il contient, dont l’une est blanche & l’autre rouge. La blanche est la Lune des philosophes, & la rouge ou l’intérieure est leur Soleil ; & c’est de cette dernière que les Maîtres de l’Art tirent avec de l’esprit de vin une teinture qui est le véritable Or Potable des Philosophes, après que le Nitre étant refroidi a pris une couleur bleue en quittant la verte, qu’il avait acquise dans le Creuset par deux heures de cuisson. C’est aussi cette partie intérieure du Nitre, qui est le soufre homogène à celui de l’or, puisqu’il acquiert sa couleur par degrés, & qu’étant préparé d’une façon il donne un très belle teinture d’or au Régule d’antimoine.
Dans les quatre Planches qui suivent ce Sel Nitre ou menstrue universel est employé à disposer le mercure commun.
La treizième Planche contient la Projection, & la quatorzième semble enseigner la façon d’une minière artificielle & perpétuelle, dans laquelle l’or & l’argent croissent comme les Plantes sur la Terre : Puisque l’expérience fait voir qu’une once d’argent de coupelle dissout dans l’esprit de Nitre croît dans une fiole en arbre Métallique, si on y ajoute demi-livre d’eau de fontaine, & environ deux onces de bon Mercure commun. Enfin la quinzième & dernière Planche semble montrer que le Mercure commun qui était autrefois indomptable comme un Hercule, sous la figure duquel cet Auteur le représente, est enfin terrassé, & qu’après sa mort il s’en forme le Soleil & la Lune, c’est-à-dire l’or & l’argent artificiel des véritables Philosophes Hermétiques.
Ceux qui se plaisent à se ruiner à la recherche du grand œuvre ne seraient peut-être pas fâchés qu’on donnât ici l’âme & la parole à tant de figures muettes qui composent ce Livre. Je me contenterai d’en déchiffrer quelques- une, laissant à l’Auteur la liberté de leur donner tel autre sens qu’il lui plaira.
Un peu au-dessus du milieu de la deuxième planche on voit une Vessie de verre ou Œuf des Philosophes, dans lequel il paraît un Neptune, qui s’élève sur un Dauphin ayant sous ses bras deux figures humaines avec les caractères de l’or & de l’argent sur la tête. Il semble que l’Auteur veuille montrer par-là qu’il faut mettre ces deux nobles Métaux dans l’œuf des Philosophes pour s’y fermenter & s’ouvrir par le sel volatil du Nitre tiré du sel commun qui est très fixe, représenté par un Dauphin, duquel ce Neptune s’élève. Ce sel volatil nitreux qui est l’agent universel des Philosophes, et qui contient leur sel, leur soufre & leur mercure est excité par la douce & humide chaleur du Bain vaporeux à feu de lampe, comme on voit au bas de cette même Planche. Mais parce que ce sel nitre doit être parfaitement purifié, & tel qu’il se trouve partout dans l’air, séparé des soufres étrangers, de l’alun, & d’un sel fixe commun.
La quatrième Planche semble montrer que lorsque le Soleil est dans le Signe du Bélier ou du Taureau, il faut ramasser sur des linges bien nets la Rosée céleste imprégnée de ce feu fixe, & sel solaire, que l’air condensé par la fraîcheur de la nuit laisse tomber sur la terre, ainsi qu’une éponge pressée rend l’eau qu’elle contenait dans ses pores. Lorsque ce sel Solaire qui n’est autre chose qu’un Nitre très purifié est concentré & pétrifié par une adroite préparation, il imbibe la lumière & devient un petit Soleil artificiel. Peut-être est-ce ce feu perpétuel des Urnes des anciens si célèbre dans l’Antiquité, & si recherché par les modernes : & peut-être aussi les nouveaux Phosphores de M. Krafft [p. 190 : Liqueur de Terre Seiche de sa composition qui jettent continuellement de grands éclats de lumière] dont nous avons parlé dans le journal précédent, ne sont-ils autre chose qu’une préparation de ce même Nitre. Ce même sel étant dûment réduit en liqueur devient l’alcaest, ou dissolvant universel tant caché par les Maître de l’art : aussi l’expérience fait voir que le sel volatil de la Rosée de Mai dissout l’or aussi facilement que l’eau chaude dissout la glace.
On voit dans la huitième Planche ce mercure des Philosophes qui est le soleil & l’âme des plantes employé à ouvrir ces deux nobles Métaux à l’aide de la chaleur du Bain vaporeux, & par le moyen de deux substances qu’il contient, dont l’une est blanche & l’autre rouge. La blanche est la Lune des philosophes, & la rouge ou l’intérieure est leur Soleil ; & c’est de cette dernière que les Maîtres de l’Art tirent avec de l’esprit de vin une teinture qui est le véritable Or Potable des Philosophes, après que le Nitre étant refroidi a pris une couleur bleue en quittant la verte, qu’il avait acquise dans le Creuset par deux heures de cuisson. C’est aussi cette partie intérieure du Nitre, qui est le soufre homogène à celui de l’or, puisqu’il acquiert sa couleur par degrés, & qu’étant préparé d’une façon il donne un très belle teinture d’or au Régule d’antimoine.
Dans les quatre Planches qui suivent ce Sel Nitre ou menstrue universel est employé à disposer le mercure commun.
La treizième Planche contient la Projection, & la quatorzième semble enseigner la façon d’une minière artificielle & perpétuelle, dans laquelle l’or & l’argent croissent comme les Plantes sur la Terre : Puisque l’expérience fait voir qu’une once d’argent de coupelle dissout dans l’esprit de Nitre croît dans une fiole en arbre Métallique, si on y ajoute demi-livre d’eau de fontaine, & environ deux onces de bon Mercure commun. Enfin la quinzième & dernière Planche semble montrer que le Mercure commun qui était autrefois indomptable comme un Hercule, sous la figure duquel cet Auteur le représente, est enfin terrassé, & qu’après sa mort il s’en forme le Soleil & la Lune, c’est-à-dire l’or & l’argent artificiel des véritables Philosophes Hermétiques.