LA FONTAINE DE LA VERITE CHIMIQUE
EYRENEE PHILALETE (George Starkey)
Notre Magistère consiste en trois parties : la première est en rapport avec la composition essentielle et substantielle de notre Pierre ; la seconde décrit leur manière et combinaison ; la troisième la manière du procédé chimique. Nos substances sont un minerai rouge, ou Soufre naturel, et l’eau, Mercure non digéré ou minerai blanc. A ceux-ci on ajoute un vaisseau et un fourneau et un feu triple. En discourant leur manière de se combiner, nous devons considérer leur poids et leur régime. Le poids est de deux fois, et il en est de même pour le régime : entre eux ils produisent les opérations suivantes — Calcination, Dissolution, Séparation, Conjonction, Putréfaction, Distillation, Coagulation, Fixation, et Exaltation. Les deux premiers produisent la poudre noire visqueuse, au moyen du feu contre nature, un feu altérant, tempéré et qui ne brûle pas. Il y a alors un autre changement en notre minéral. Les trois opérations qui suivent sont le résultat du premier feu et du deuxième feu, à savoir, naturel et contre nature, et circule la substance jusqu’à ce que l’épais soit séparé du subtil, le tout est également tempéré, les éléments séparés étant alors recombinés, imprégné, et putréfiés.
Les cinq dernières opérations sont le résultat du feu naturel qui augmente et devient plus fort de jour en jour, purifiant la substance putréfiée de ses sédiments, par continuelle ascension et descension. Cette opération est de ce fait appelée distillation, volatilisation, ablution, imbibition, humectation de la terre, et est continuée jusqu’à ce que la sécheresse graduellement épaississe les substances, et que finalement sous l’influence de la coction ou sublimation continue, la fixation s’amorce, dont le point terminal est l’exaltation, exaltation qui n’est point locale, du fond à la surface, mais quantitative, de la bassesse à la plus haute excellence.
Ces opérations sont parfois appelées régimes ; mais il y a seulement deux types de feux, le naturel et le contre nature, le denier étant utilisé pour mettre en action le premier, la putréfaction précède la régénération, et est causée par la lutte de deux feux. Cette partie de l’œuvre qui est subséquente à la putréfaction et la conjonction, lorsque le Soufre et l’eau sont devenus un, et reçoivent la congélation, qui est effectuée par le feu naturel seul.
Les substances sont notre corps (communément appelé) et notre eau (notre véritable eau de pluie). Notre eau est la vie de toutes choses, et si vous pouvez l’obtenir par beaucoup de travail vous aurez l’or et l’argent. C’est l’eau ce Salpêtre qui ressemble extérieurement au Mercure, tandis qu’intérieurement en son cœur brûle le feu infernal le plus pur. Ne soyez point déçu avec le vif-argent commun, mais rassemblez ce Mercure que le retour du Soleil, dans le mois de Mars, diffuse partout, jusqu’au mois d’octobre, lorsqu’il est mûr.
Sachez que notre Mercure est devant les yeux de tous les hommes, mais est connu de peu. Lorsqu’il est préparé, sa splendeur est des plus admirable ; mais sa vue est accordée à peu, excepté aux fils du savoir. Ne le méprisez pas, par conséquent, lorsque vous le voyez dans son vêtement sordide ; car si vous le faites, vous n’accomplirez jamais notre Magistère — et si vous changez son aspect, la transformation sera glorieuse. Car notre eau est la vierge la plus pure, et est aimée de beaucoup, et rencontre tous ses prétendants habillée de haillons, afin de pouvoir distinguer les sincères des autres. Notre merveilleuse vierge abonde en grâces cachées en son intérieur ; différente de la femme impudique qui reçoit ses amoureux dans des habits splendides. Pour ceux qui ne méprisent pas son extérieur vil, elle apparaît dans sa beauté, et leur procure une dote infinie de richesses et de santé. Notre Reine est pure outre mesure, et sa splendeur semblable à celle d’un cristal — et ainsi est-t-elle appelée par les Sages, qui aussi la dénomme leur quintessence. Sa brillance est telle qu’elle confond l’imagination, et pour en avoir une idée, vous devez le voir de vos propres yeux. Notre eau est sereine, cristalline, pure et merveilleuse — bien qu’elle ne puisse recouvrir sa véritable forme que par l’aide de notre Art. En cette forme elle est notre mer, notre fontaine cachée, de laquelle l’or prend naissance par lignage naturel ; et elle est aussi forte que l’or, et le surmonte, d’où l’or lui est uni, et est lavé par elle, et tous deux grandissent et forment un grand héros, qui n’a pas de prix et que ni Pape ni Empereur ne peuvent acheter. Par conséquent vous devez avant toute chose, chercher cette eau, au moyen de laquelle (à par l’addition d’un corps parfait et pur) la Pierre peut être préparée.
Mais une profonde étude est requise pour avoir la connaissance de tous les secrets de notre mer et de son flux et reflux. Cela m’a pris dix huit mois, après que j’eusse découvert la source se notre eau, pour trouver la manière de la faire jaillir, car je ne connaissais pas le sens du fourneau ardent des Sages. Lorsque je le découvris, la vue qui s’offrit à moi me récompensa grandement de ma peine. Je fus alors soudainement, comme par un éclair d’inspiration, capable de comprendre tous les mots secrets et les énigmes des Sages. Notre eau est un feu, qui provoque à la fois la mort, et par la mort une vie plus glorieuse. Quiconque la découvre atteint l’automne de ce Magistère, car la Nature (lorsque le corps pur a été mis en son sein) effectue toutes les autres opérations et fait avancer la substance vers la perfection par tous les différents régimes. Cette eau n’est pas simple, mais est composée de deux choses : le vase et le feu des Sages, et le lien qui les maintiens ensemble. Aussi lorsque nous parlons de notre vaisseau et de notre feu, nous signifions par ces deux expressions, notre eau ; et de même notre fourneau n’est rien d’autre que notre eau. Il y a un vase, un fourneau, un feu, et tous ceux-ci font notre eau. Le feu digère, le vaisseau blanchit et pénètre, le fourneau est le lien qui les comprend et les enclos tous, et tous trois sont notre Mercure. Il y a plusieurs sortes de feux (et d’eau) dans notre Magistère, mais tous représentent seulement les différents aspects de notre Mercure.
Il n’y a qu’une chose au monde d’où l’on puisse tirer notre Mercure. Elle est comme l’or en essence, mais d’une différente substance, et si vous changez ses éléments, vous aurez ce que vous cherchez. Joignez les cieux à la terre dans le feu de l’amour, et vous verrez dans le milieu du firmament voler l’oiseau d’Hermès. Ne confondez pas les natures, mais séparez-les et recombinez-les, et vous régnerez dans votre vie honorablement.
Au sud-ouest il y a une haute montagne (très proche du Soleil), une parmi sept, et la deuxième en hauteur. Cette montagne est d’une température très chaude (car elle n’est pas éloignée du Soleil), et dans cette montagne est enfermée une vapeur ou esprit, dont les services sont indispensables pour notre travail. Mais il ne s’élève pas, avant d’avoir été vivifié, et n’est point vivifié à moins que vous ne creusiez le sommet de la montagne. Si vous faites cela, une exhalation subtile (ou esprit) s’élève, et est congelée par l’air en gouttes d’une eau merveilleuse et limpide — qui est notre eau, notre vaisseau, et notre fourneau ; non point le Mercure commun, mais un liquide humide et chaud d’un Sel le plus pur, que nous appelons Mercure, car en comparaison avec le Soleil, il est immature et froid. Si le Tout-puissant n’avait point créé ce Mercure, la transmutation des métaux serait impossible, car l’or ne teint pas à moins d’être lui-même teint en premier. Notre Mercure est l’épouse bien aimée de l’or, et change son corps en une pure substance spirituelle ; l’or l’aime tellement, que pour cet amour il meure, et revit par son épouse, et elle est imprégnée de lui, et conçoit et porte le plus merveilleux enfant royal. Toute la connaissance de notre Art consiste en la découverte de notre mer ; tout Alchimiste qui l’ignore dépense inutilement son argent. Notre mer vient de la montagne dont j’ai parlé précédemment. L’exhalaison ou fumée blanche qui s’en élève, accomplira notre Magistère. Il y a un autre secret qu’il vous faudra connaître si vous voulez voir vos espoirs s’accomplir, à savoir, comment allez-vous creuser un trou dans la montagne, alors que sa surface est impénétrable aux outils ordinaires, sa sécheresse étant telle qu’elle est devenue aussi dure que du silex. Mais aux endroits de Saturne, on trouve une petite herbe, appelée Saturnie, dont les brindilles semblent sèches mais dont les racines recèlent un jus abondant. Vous devez précautionneusement l’arracher avec les racines, et l’amener avec vous au pied de la montagne, et avec laide du feu, enterrez-la sous la montagne ; sa vertu pénétrera immédiatement la montagne, et ramollira la terre. Alors vous pourrez monter au sommet, et aisément creuser un trou jusqu’aux genoux, et y mettre dedans tellement d’eau sèche et visqueuse, qu’elle pénètre jusqu’où les herbes sont enterrées, alors faites-la s’élever en fumée, qui emporte avec elle l’esprit de la montagne. Cet esprit est la force du feu mélangée avec l’eau, et résidant en elle. L’esprit de Saturnie est la fumée blanchissante, la vapeur de la montagne est le feu, est toutes ces choses sont ignées. Donc vous obtenez Saturnia, la plante royale et l’herbe minérale, qui ensemble avec de la chair grasse fait une telle soupe qu’elle éclipse tous les banquets du monde. Voici une description énigmatique de notre eau, qui devrait au cours du temps devenir claire pour le chercheur diligent. Il y a le Roi (l’or), et l’eau qui est le Bain du Roi ; notre eau est le vaisseau, vu que notre Roi y est enfermé, et le fourneau, vu que notre feu y est enfermé, et notre feu, vu que la vertu de l’esprit de la montagne y réside, et la femme, vu qu'elle reçoit les vapeurs de la plante Saturnie ; et comme le cher ami du Soleil la pénètre, la blanchit, et l’adoucit, elle lui fait émettre son sperme. Alors la vertu ardente, qui est en l’eau, commence à agir sur notre corps, le consumant et le mortifiant, jusqu’à ce qu’à la fin la chaleur innée du Soleil commence son activité. Notre Pierre est appelée un petit monde, car elle contient en elle l’actif et le passif, le moteur et la chose qui bouge, le fixe et le volatil, le mûr et le crud — qui étant homogènes, s’aident et se parfont l’un l’autre. Nous avons déjà montré que notre but en ajoutant du Soufre mûr au Mercure crud, (la même chose à différents stages de développement) est de raccourcir et accélérer le processus naturel. L’or est un corps chaud et sec, l’argent un corps froid et humide, le Mercure les moyens de faire les teintures. Le corps du Soleil est plus hautement digéré, que celui de la Lune immature et imparfait, tandis que le Mercure est le lien qui unie ces deux contraires. Joignez la Lune au Mercure au moyen d’une chaleur appropriée, afin que les deux deviennent un Mercure qui retient le feu en son intérieur ; alors le Mercure sera libéré de toutes souillures et superfluités, et deviendra transparent comme les larmes que nous versons, bien que pas exactement aussi claire. Si vous unissez alors ce Mercure purifié à l’or, en lequel sont la Lune et le feu, le chaud et sec aimera le froid et humide, et ils s’uniront sur le lit de feu de l’amitié ; l’homme se dissoudra par la femme, et la femme se coagulera par l’homme, jusqu’à ce que l’esprit et le corps ne fassent plus qu’un par comixition. Continuez la même opération (laissez les cieux descendre sur la terre) jusqu’à ce que l’esprit domine le corps et que tous deux soient fixes ensembles. Alors notre Pierre aura obtenue sa royale vertu. Car le Mercure est l’eau de tous les métaux, et ils sont digérés en lui. Lorsque les légumes sont bouillis dans l’eau ordinaire, qui est naturellement froide et humide, elle partage leurs qualités, et cependant peut en être séparée ; ainsi le pur Mercure, qui est dans tous les métaux et minéraux, peut être parfaitement séparé des impuretés et matières étrangères qui sont mélangées avec lui, aussi les différents minéraux et métaux qualifient le Mercure de la même manière que l’eau est qualifiée par les légumes cuits en elle. Telles sont les deux différences entre le Mercure et l’eau, l’eau n’est pas coagulée et rendue fixe par les légumes, alors que notre eau l’est avec les métaux ; et tandis que la couleur de l’eau est changée par ce que l’on fait bouillir dedans, le Mercure garde sa même couleur et fluxibilité, bien que son essence soit qualifiée. Par conséquent, le Mercure est efficace dans la dissolution des métaux, et le métal dans la coagulation du Mercure ; de sorte que, dans la dissolution, la forme et la couleur du métal est cachée dans la forme et couleur du Mercure, et dans la coagulation, la forme et couleur du Mercure est cachée dans la forme et la couleur du métal ; ni même ne font que les qualités du métal dans la dissolution empêchent la fluxibilité du Mercure, ni les qualités du Mercure dans la coagulation la fixation du métal. Ne voyez-vous pas-là une merveilleuse harmonie entre le Mercure et les métaux ? Car leur amour est semblable à celui d’une mère pour son fils, sœur et frère, mâle et femelle. Alors ils sont estimés mutuellement pour se parfaire l’un l’autre, l’eau amenant au corps une nature spirituelle et volatile, tandis que le corps donne à l’eau une substance corporelle. La raison pour laquelle la couleur du Mercure n’est point changée dans la coction par le corps dissout, est que la terre et l’eau dans le Mercure sont homogènes, et si bien tempérés, qu’ils ne peuvent être séparés l’un de l’autre, et ils sont si bien mêlés que toute la substance montre (en même temps qu’une grande fluxibilité) une si grande consistance à cacher entièrement les couleurs — et les couleurs peuvent être vues seulement si une partie du Mercure est détruit ou mélangé avec quelques produits chimiques corrosifs et délétères. Les relations du Mercure en respect de la terre sont celles-ci : en respect avec l’eau il est fluxible et liquide, en respect avec la terre il ne mouille rien qui ne soit pas de la même essence que lui. Ces faits vous permettront de détecter toutes erreurs dans le traitement de votre Mercure. Quelques-uns obstruent et divisent son homogénéité en séchant indûment son eau ; d’autres corrompent la terre et la rendent diaphane en disproportionnant le mélange. Le Mercure est le sperme des métaux ; il contient en lui le Soufre par lequel seul il est digéré (par lequel la Nature l’aurait mûri en or avec le cours du temps) ; et il ne serai pas possible de convertir le Mercure en or sans lui. Ce Soufre mûr, alors est radicalement mélangé avec le Mercure, et le digère rapidement, tandis qu’il est lui-même putréfié par le Mercure, et il revit à nouveau, non pas commun, mais comme spirituel, pénétrant, et teignant l’or, et a le pouvoir de purifier les métaux de toutes leurs scories et les changer en sa propre nature. Donc vous voyez que rien du Mercure ne doit être détruit, ou traité avec violence ; tout ce que vous avez à faire c’est d’y ajouter un corps mûr jaillit de la même racine, et les mélanger dans leurs plus petites parties par le moyen de notre astucieuse conjonction (qui est effectuée non pas par un processus manuel, mais par un processus naturel, dont l’Artiste ne comprend même pas la cause). Nous devons distinguer cependant, entre notre transmutative conjonction et sorte de conjonction pratiquée par les sophistes qui est simplement la fusion de deux substances ensembles, qui les laisse exactement comme auparavant. Dans notre opération l’esprit de l’or s’infuse dans l’esprit du Mercure, et leur union devient inséparable comme celle de l’eau mélangée avec l’eau. La conjonction ne peut être faite que par la Lune ou corps imparfait et le feu ; et cette Lune est l’écume de l’eau de vie, qui est cachée dans le Mercure, et est remuée par le feu ; c’est un esprit qui entre dans le corps, et le contraint à retenir son âme. Nous ne parlons pas du Mercure commun (auquel manque l’esprit et le feu), mais de notre eau Mercurielle — bien que le Mercure commun puisse être fait semblable à elle par adjonction de ce qui lui manque. Notre conjonction est le grand secret de notre Art car la terre n’est pas inséparablement unie à l’eau, mais l’union de l’eau avec l’eau est indissoluble ; de ce fait notre conjonction ne peut se faire qu’après la dissolution, dissolution qui se fait par la Lune et le feu qui sont dans le Mercure. Car la Lune pénètre et blanchit, et le feu mortifie et ronge, tandis que l’eau combine ces deux propriétés, en accord avec le dicton philosophique : « Le feu que je vous ai montré est eau », et, « Si les corps ne sont subtilié par le feu et l’eau, rien ne peut être accompli dans notre Magistère ». Aussi, tout, du commencement à la fin, est accompli, non pas par des opérations sophistiques, mais par notre Mercure, qui à moins qu’il ne soi violemment empêché, demeure sur la bonne route par la nécessité d’arriver à un certain but.
Quelques Alchimistes ratent car ils mettent l’or (commun) avec le Mercure dans un flacon sur le feu, et de ce fait sème une bonne semence dans une terre stérile. Mais l’or n’est point la substance de notre Pierre dans toute son essence, ni même le Mercure. Ce que nous voulons pour notre travail de génération c’est la semence de l’or qui est profondément cachée dans notre métal. Cette semence doit être reçue dans sa propre matrice, et là, mêlée avec la semence féminine, pour qu'étant doucement entretenue par la chaleur, et nourrie de ses propres aliments, elle puisse devenir cette partie de l’or qui est d’usage abondant dans notre œuvre. Ce n’est pas l’homme entier qui génère l’enfant, mais seulement sa semence, qui est correctement mise dans la matrice convenable ; et ainsi seulement la semence de l’or (et non pas tout le métal) est utile pour notre opération métallique. L’Or est le Père de notre Pierre, la substance de notre Pierre est dans l’or, mais l’or n’est pas la substance de notre Pierre ; bien qu’il y ait cela en l’or (le sperme), qui par une manipulation correcte peut devenir notre Pierre. Nous extrayons de l’or, par un adroit procédé, ce qui est sa plus haute vertu mûre, et n’est appelé, non commun, mort, mais notre or vivant. La différence entre l’or commun et notre or, est celle qui existe entre un Père et sa semence ; l’or commun est mort et inutile, en ce qui concerne notre travail, jusqu’à ce qu’il émette sa semence vivante. Prenez le corps de l’or, et en extrayez doucement sa semence, et vous aurez la semence mâle vivante de notre Pierre, que nous n’appelons pas plus longtemps or, mais minerai, magnésie, plomb, etc. — car elle n’est plus un corps, comme l’or, mais un chaos, ou esprit qui ne peut retourner en sa forme corporelle. Aristote dit : « La première chose que vous devez faire est de sublimer le Mercure, puis vous devez mettre un corps pur dans le Mercure pur ». La sublimation du Mercure dont on fait référence ici, n’est pas artificielle, mais véritable et naturelle. C’est la « première préparation de la substance subtile », par laquelle l’éclipse causée par l’interposition de la Terre est enlevée de la Lune, lui permettant ainsi de recevoir la lumière du Soleil — ce qui arrive lorsque l’obscure sphère de Saturne (qui assombri tout l’horizon) est enlevée, et que Jupiter monte sur le trône ; alors s’élève vers le haut un brouillard d’une blancheur éblouissante, alors qu’il distille de la terre une douce, pure et odoriférante rosée, qui l’adoucit et fait s’élever de grands vents en son centre ; ces vents portent notre Pierre vers le haut où elle est dotée de vertus célestes, puis descendant encore une fois vers sa nourrice, la terre, est habillée d’une nature corporelle, et par ce reçoit la force à la fois des choses supérieures et des inférieures. Cet or vivant est « ce qui est et n’apparaît point avant qu’il ne plaise à l’Artiste, et dont la connaissance est le secret de toute perfection ». Le Mercure est notre champ, dans lequel le Soleil se lève et se couche ; faites que les deux soient inséparablement unis sur le lit de l’amour, jusqu’à ce que de ce Mercure (régénéré) sorte une vertu vivifiante, qui est capable de relever les morts. Alors apparaîtra l’enfant royal, dont le père est le Soleil, et dont la mère est la Lune… En plus de ces choses, nous avez besoin évidemment d’un fourneau d’argile, d’un vaisseau de verre, et d’un triple feu ; mais nous n’appelons pas ces trois notre vaisseau, ou notre feu, parce que les sophistes ordinaires emploient eux-mêmes ces choses aussi bien que le Sage ; lorsque nous parlons de notre vaisseau, notre fourneau et notre feu, les termes doivent en être interprété en accord avec les explications que j’ai donné ci-dessus. De ce feu un Sage pourrai bien dire: « Voyez, le feu, que je vous ai montré, est eau « ; ainsi que, « Le vaisseau des Sages est leur eau « . Un autre Sage dit, que toutes nos opérations se font dans notre feu humide, dans notre fourneau secret, et notre vaisseau caché, et par-là clairement montre qu’il doit y avoir un feu, un vaisseau et un fourneau, autres que ceux que l’Alchimiste ignorant possède en une plus grande perfection et abondance que nous même. Nos appareils font partie de la substance, et sont décrit par Sendivogius, par exemple, comme le « vaisseau de Nature » et le « feu de Nature » Cette pratique est suivie par Flamel, Artéphius, Lulle, et tous les autres Sages ; et je vous dis que ces trois appareils ne sont, après tout, que seulement un ; car la nature de notre substance est une. Notre feu est ce qui dissout et réchauffe les corps beaucoup plus efficacement que le feu ordinaire ; pour cela on l’appelle vin ardent et feu le plus fort, et les Sages nous ordonnent de brûler notre minerai avec notre feu le plus fort — mots qui sont faussement interprétés comme un feu ordinaire de charbon. De ce feu Jean de Mehung écrit : « Aucun feu artificiel ne peu infuser un si haut degré de chaleur que celui qui vient des cieux ».
FIN