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LULLE La Lumière des Mercures.


Raymond Lulle (1232-1316)

La Lumière des Mercures

Raymond Lulle


Ce petit Traité fut envoyé par Raymond Lulle au Roy de la Grande Bretagne, 
pour lui servir de lumière à entendre ce qu'il y avait de plus caché dans ses autres Livres.


Prenez, au nom de Dieu, de la matière que vous savez et la mettez en putréfaction au bain marie pendant vingt jours au moins, afin que les parties se trouvent mieux séparées. Ensuite vous en tirerez par la distillation au bain marie avec un feu très doux, l'eau ardente que vous rectifierez jusqu'à ce qu'il n'y ait plus de flegme et vous mettrez à part cette eau rectifiée et vous en ôterez encore une fois le flegme par la distillation sur les cendres jusqu'à ce qu'il vous paraisse au fond du vaisseau une matière comme de la poix fondue.

Mettez à part ce flegme et par une autre distillation sur les cendres vous ôterez encore le flegme de votre eau jusqu'à ce qu'il ne reste que de la matière au fond du vaisseau et sur cette matière vous y verserez du même flegme que vous avez gardé, jusqu'à quatre doigts au dessus. Après mettez-là circuler pendant deux jours au bain marie et ensuite un jour sur les cendres, en sorte qu'elle bouille doucement. Trous trouverez que votre flegme aura pris beaucoup de couleur, lequel vous verserez par inclination dans un autre vaisseau et vous mettrez encore du nouveau flegme qui sera resté de celui que vous aurez mis à part, que vous remettrez pendant deux jours au bain marie, et aussi pendant un jour sur les cendres et vous verserez encore par inclination ce flegme qui sera coloré avec le précédent et continuez à mettre du nouer flegme jusqu'à ce qu'il ne se colore plus. S'il vous manquait du flegme vous prendrez celui qui est coloré et vous en séparerez la moitié ou le tiers par la distillation au bain marie et de cette moitié que vous aurez tiré, vous vous en servirez comme du premier flegme Alors vous trouverez au fond de votre vaisseau la terre blanche et le flegme aura tiré avec lui toute l'huile. Si vous voulez les séparer, vous le pouvez faire par la distillation au baie marie Jusqu'à ce que tout votre flegme soif dans votre récipient et que l'huile demeure très rouge au fond du vaisseau que vous garderez pour rubéfier vos mercures.

Prenez donc de cette terre blanche et versez sur icelle de la première eau ardente que vous avez réservée, en sorte qu'il en ait deux doigts au dessus de la dite terre: et mettez la bouillir doucement pendant un jour sur des cendres et après vous séparerez l'eau et ladite terre en la distillant sur les cendres, laquelle vous réserverez. Rejetez encore d'autre eau ardente deux doigts au dessus de cette terre et mettez-là sur les cendres pendant un jour naturel et redistillez encore sur les cendres. Mettez cette eau avec la même que vous venez de mettre à part, et continuez à faire la même chose jusqu'à ce qu'il n'y ait plus d'esprit dans votre terre, et qu'il soit tout passé avec votre eau ardente. Ce que vous connaîtrez quand votre poudre sera impalpable, et en en mettant un peu sur une lame de fer rouge, qu'elle ne produise aucune fumée. Vous mettrez cette poudre en digestion à la lampe en sorte que le feu soit continuel pendant dix jours, et mettez dessus ladite poudre votre eau qui a tout tiré l'esprit, en sorte qu'il y ait un peu de cette eau au-dessus, et mettez en digestion à la lampe pendant un jour naturel. Et après vous tirerez par la distillation au bain cette eau qui aura laissé son esprit dans cette terre, et remettrez de cette première eau dans laquelle est l'esprit, un doigts au-dessus de cette terre, et séparerez ensuite par distillation au bain-marie cette terre qui demeurera sans esprit. Continuez ces digestions et distillations jusqu'à ce que la terre ait consommé tout son esprit, ce que vous connaîtrez en mettant cette terre sur une lame rougie qui fera dissiper presque toute cette terre en fumée, laquelle terre vous mettrez en digestion pendant six jours, à la lampe, après quoi vous augmenterez le feu, en sorte que cette terre se sublime et s'élève aux côtés du vaisseau où est le Mercure végétable : et ce qui sera demeuré au fond du vaisseau est la terre damnée et de nul usage dans votre vaisseau. Vous ramasserez promptement ce Mercure pendant qu'il est récent, et vous le mettrez en digestion avec ladite terre sur les cendres pendant 2 jours ; et il s'en fera une eau qui dissoudra tous les métaux sans corrompre leur forme, et c'est ce que nous appelons le Mercure végétal.

Prenez une once de ce menstrue, et mettez une demi-once de soleil en feuille ou poudre, et fermez exactement le vaisseau. Mettez-le en digestion au bain-marie pendant deux jours, et votre menstrue se teindra de la couleur du soleil ; mettez le encore sur les cendres pendant un jour naturel et vous verrez qu'il se colorera d'avantage, et ensuite vous retirerez par inclinaison ce menstrue dans un autre vaisseau que vous fermerez fort exactement ; vous remettrez de nouveau menstrue sur ledit soleil, et le mettez derechef pendant un jour à feu de lampe, et il se colorera. De plus vous le retirerez par inclinaison et le remettrez avec l'autre déjà coloré, en continuant à remettre de nouveau menstrue. Vous ferez la même chose jusqu'à ce qu'il ne se colore plus, et il vous demeurera dans le fond une terre du soleil sans couleur, qui pourra vous être utile pour les Opérations particulières, à cause de la séparation des éléments.

Nota, que pour une partie de Lune, il faut trois parties de menstrue, et que le temps de la digestion soit plus long d'une huitième partie.

Prenez donc ce menstrue coloré dans lequel est ce soufre du Soleil, et qui contient une grande partie du Mercure : mettez-le en circulation pendant trente jours sur les cendres dans deux vaisseaux de rencontre fait exprès, et qu'il y en ait dans chacun un égal poids, et à cause qu'il y a une plus grande partie de Mercure que de soufre, il se formera au fond de chacun vaisseau une pierre, et l'eau qui montait avec la couleur ne montera plus que toute blanche, et vous retirerez doucement par inclinaison ce menstrue dans un vaisseau, et vous mettrez doucement les deux pierres dans un autre vaisseau à col long. Prenez garde qu'elles ne prennent l'air, et que cela ne leur nuise, et mettez-le au bain-marie pendant trois jours, ces pierres se dissoudrons en une eau très rouge ; et vous retirerez le vaisseau que vous mettrez en digestion pendant cinq jours au feu de lampe, et cette matière se formera encore en pierre : vous la remettrez ensuite au bain-marie pendant un jour naturel, et elle se dissoudra encore en une eau très rouge et transparente comme un rubis, laquelle vous remettrez encore pendant deux jour au feu de lampe, et cette matière se résoudra comme la cire très fondante ; si vous en projetez une partie sur dix parties de Lune, elle se convertira en très bon Soleil, et si vous la faites encore dissoudre et coaguler tant qu'elle ne puisse plus se coaguler, une partie convertira trente parties de Lune en Soleil.

FIN